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Extrait de la publication

Extrait de la publication… · 2013. 11. 6. · dans la philosophie de Spinoza et Servitude et libert selon Spinoza ]. Le ons sur Descartes, La Table Ronde, Ç La Petite Vermillon

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  • Extrait de la publication

  • la petite vermillon

     

    Alquié-Philosophe2.fm  Page 1  Vendredi, 6. mars 2009  11:07 11

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  • Qu’est-ce que comprendreun philosophe

     

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    .

    Voir la liste des ouvrages de Ferdinand Alquié (

    infra

    ,page 92).

     

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    Extrait de la publication

  • Ferdinand Alquié

    QU’EST-CEQUE COMPRENDRE

    UN PHILOSOPHE

    La Table Ronde

    14, rue Séguier, Paris 6

    e

     

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    Extrait de la publication

  • © Éditions de La Table Ronde, 2005.ISBN 2-7103-2815-1.

    C’est au milieu des années cinquante que FerdinandAlquié a donné cette conférence que nous reprodui-sons ici d’après le polycopié du Centre de Documenta-tion Universitaire (1956).

     

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    Je voudrais vous parler, ce soir, d’unsujet fort général : qu’est-ce que com-prendre un philosophe ? Chaque genred’ouvrage de l’esprit demande unecompréhension particulière. Il est clair,par exemple, qu’on ne comprend pasun poème comme on comprend unesonate, qu’on ne comprend pas unesonate comme on comprend untableau, ou un théorème mathémati-que. Je me propose donc de présenter

     

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    quelques réflexions sur les caractèresspéciaux de la compréhension des phi-losophes.

    Il faut remarquer, tout d’abord,qu’une œuvre philosophique est uneœuvre de langage, et de langage expres-sif. Ceci peut paraître aller de soi, maisne va pas tellement de soi. Pensons, parexemple, qu’un poème n’a pas néces-sairement pour but de transmettre unevérité existant avant lui. On peut trèsbien admettre que le langage poétiquecrée, si je peux dire, dans l’âme du lec-teur, l’état qu’il inspire. Au contraire,nul ne le mettra en doute, si l’on écritune œuvre philosophique, c’est parceque l’on veut exprimer et transmettreau lecteur une certaine vérité, anté-

     

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    rieure à l’œuvre elle-même. Il est doncnécessaire, devant l’œuvre philosophi-que, d’aller de l’œuvre à la vérité, dedépasser l’œuvre vers cette vérité. Etc’est alors que notre problème se pose :quel genre de vérité va-t-on pouvoirtrouver, ou quel genre de vérité faut-ilchercher dans une œuvre philosophi-que, ou à partir d’une œuvre philoso-phique ?

    Je crois que cette question n’est passans importance. Très souvent, si l’onne parvient pas à comprendre certainesœuvres, c’est parce qu’on ne sedemande pas quel genre et quel type devérité elles prétendent transmettre ouévoquer. La poésie paraît, à cet égard,l’objet de contresens permanents. Les

     

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    gens qui, placés devant un poème, ne lecomprennent pas, ne savent pas le plussouvent ce qu’est un poème, ce qu’estle langage propre du poème, et ils cher-chent dans le langage poétique autrechose que ce qu’il contient. Ce qu’ilfaut, c’est ne pas faire un contresensanalogue en philosophie : il importedonc de savoir quel genre de vérité uneœuvre de philosophe prétend exprimer.

    Or, lorsque, ayant parlé àquelqu’un, et l’ayant entendu nousrépondre, nous lui disons : « Commevous m’avez bien compris », nous pou-vons signifier plusieurs choses, expri-mer plusieurs idées différentes. Il y a,par exemple, le « Vous m’avez biencompris » du savant, du mathémati-

     

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    cien. Celui-là signifie incontestable-ment : « Vous avez compris ce que j’aivoulu dire. » La compréhension porteici sur la vérité exprimée. Dire : « Vousm’avez compris », c’est dire : « Vousavez saisi la logique de la déduction,vous avez perçu l’exactitude de la loi. »Il y a aussi le « Vous m’avez compris »de la femme jusque-là incomprise. Jen’ai pas besoin de vous dire que ce n’estpas le même, puisque, là, ce qu’il fautcomprendre, ce n’est pas une véritéimpersonnelle, c’est l’être même qui esten jeu, son moi particulier, sa psycho-logie. Ce que l’on doit, par conséquent,se demander tout d’abord, c’est danslequel de ces deux sens (et nous verronsque ce n’est ni dans l’un ni dans

     

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    l’autre), il faut comprendre un philoso-phe, si c’est comme un mathématicien,ou si c’est comme un être humain vou-lant exprimer un état d’âme personnel.

    Je viens de vous le dire, ce n’est évi-demment ni dans un sens ni dansl’autre. Tout d’abord, ce n’est pas dansle sens où l’on comprend un mathéma-ticien. Certes, pour comprendre unphilosophe, il faut d’abord comprendrece qu’il veut dire, je ne veux point niercela ; mais une vérité philosophique n’apas, assurément, le caractère imperson-nel d’une vérité mathématique. Et pournous en persuader, je crois qu’il suffiraque nous pensions à ce que nous avonstous dans l’esprit quand nous disonsque nous comprenons Euclide, par

     

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    exemple. Quand je comprends uneproposition de la géométrie eucli-dienne, je n’ai pas l’impression que jecomprends Euclide, mais que je com-prends la géométrie. Si je parle de lagéométrie d’Euclide, c’est soit, par unsouvenir pieux, pour me référer à celuiqui a découvert ou mis en forme lesvérités que je comprends, soit, depuisque nous savons qu’il y a d’autres géo-métries que celle d’Euclide, celle deRiemann, par exemple, pour dire que jeme place dans un certain système deréférences, de postulats, qui formentprécisément la géométrie d’Euclide.Mais on pourrait très bien désigner cesystème par une lettre, et dire géomé-trie A, ou géométrie B ou C ; cela

     

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    reviendrait au même. La compréhen-sion des sciences, et des vérités de lascience, n’est pas la compréhension dessavants qui ont découvert ces vérités, etc’est pourquoi l’histoire des sciencesn’est pas nécessaire à la science ; on peuttrès bien faire de la science sans faire del’histoire des sciences, et, si on fait del’histoire des sciences, on fait assuré-ment autre chose que de la science. Onaborde même, en réalité, une disciplinephilosophique, puisqu’on cherche com-ment l’esprit du savant s’est élevé verstelle ou telle vérité. Au contraire, pourcomprendre la philosophie de Descartesou la philosophie de Kant, il faut incon-testablement comprendre Descartes etcomprendre Kant.

     

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    Je crois que cet exemple montre suf-fisamment qu’en comprenant Euclideet en comprenant Descartes on ne faitpas appel au même genre de compré-hension. Est-ce à dire qu’il faut revenirau second sens du mot

    comprendre

    , etaffirmer qu’il faut comprendre Descar-tes comme individu, comme unhomme qui a vécu à tel moment, a eutelle ou telle particularité psychologi-que ? Je crois qu’une semblable étuden’est assurément pas vaine, qu’à biendes égards elle est même extrêmementintéressante, et je vais vous citer un oudeux exemples de cet intérêt. Mais cen’est pas encore cette étude qui nousfera comprendre un philosophe, qui

     

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    nous permettra de comprendre Des-cartes comme philosophe.

    Certes, je crois très difficile de sépa-rer l’expérience philosophique d’unDescartes, d’un Kant ou d’un Spinozade leur expérience affective, et de leurexpérience totale. Spinoza, vous lesavez, n’hésite pas, au commencementdu

    De intellectus emendatione

    , à nousdire que, s’il est devenu philosophe,c’est parce qu’il s’est trouvé dans unevéritable détresse morale ; il nous expli-que par des difficultés vécues l’originede sa philosophie. Descartes n’hésitepas non plus à nous retracer l’histoirede son esprit ; et s’il nous raconte cettehistoire, c’est sans doute qu’il estimequ’elle peut projeter sur sa philosophie

     

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    même une très grande lumière. Mais iln’en reste pas moins que la compréhen-sion d’une philosophie dépasse tou-jours la psychologie de son auteur.

    Il ne me paraît pas douteux que lapeur d’être trompé, et d’être trompépar une autre personne, est fondamen-tale chez Descartes. Mais que peut-onexpliquer par là ? Cette peur expliqueque, dans la

    Méditation première

    , Des-cartes nous parle des sens comme detrompeurs affectifs. Et il est assezcurieux qu’il nous parle des sens, nonpas comme de facultés incertaines, cequi serait normal, mais comme d’êtresqui risquent de l’induire en erreur.Voilà pourquoi, par la suite, à la fin dela

    Méditation première

    , le mauvais génie

     

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    peut assumer, si je peux dire, ce carac-tère trompeur des sens, comme unevéritable personne. La nature person-nelle de la tromperie redoutée expliqueaussi que Descartes ait recours à lavéracité divine : il ne sort tout à fait deson doute qu’en rétablissant un rapportintersubjectif, un rapport entre sa pro-pre conscience et la conscience deDieu, qui lui parle un langage qui nesaurait mentir.

    Mais, tout cela étant dit, et cescaractères étant psychologiquementexpliqués (car on peut, si l’on veutchercher les raisons de la nature de cesthèmes, les découvrir dans l’enfance deDescartes, dans une peur qu’il auraiteue d’être trompé, dans une déception,

     

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  • La philosophie des sciences, La Table Ronde, « La PetiteVermillon », 2002 [reprise d’un chapitre du vol. IIde Leçons de philosophie].

    Leçons sur Spinoza, La Table Ronde, « La PetiteVermillon », 2003 [rééd. des cours Nature et véritédans la philosophie de Spinoza et Servitude et libertéselon Spinoza].

    Leçons sur Descartes, La Table Ronde, « La PetiteVermillon », 2005 [rééd. du cours Science et méta-physique chez Descartes].

    Leçons sur Kant, La Table Ronde, « La PetiteVermillon », 2005 [rééd. du cours La morale deKant].

    Qu’est-ce que comprendre un philosophe, rééd. La TableRonde, « La Petite Vermillon », 2005.

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  • Cet ouvrage a été achevé d’imprimerpar l’Imprimerie Darantiere (Quetigny)

    en septembre 2005 pour le compte desÉditions de La Table Ronde.

    Dépôt légal : octobre 2005.No d’édition : 138425.No d’impression : ????.

    Imprimé en France.

    Alquié-Philosophe2.fm  Page 96  Vendredi, 6. mars 2009  11:07 11

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