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Extrait de la publication · 2018. 4. 12. · Cinéma d'hier, cinéma d'aujourd'hui Marcel L'Herbier. Lyrisme et naïveté. La Roue et l'es-prit romantique. Abel Gance. Othello. Les

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COLLECTION IDÉES

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Cinéma d'hier,

cinéma d'aujourd'hui

René Clair

de l'Académie française

mf

Gallimard

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Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays, y compris l'U. R. S. S.

© Éditions Gallimard, 1970.

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SOMMAIRE

Avant-propos. 11Le temps qui passe. Ceci n'est pas une Histoire.Un jouetscientifique. Laser et compagnie. Divagations.

En guise d'épigraphe. 23Le Théâtre des Champs-$lysées. Picabia et Satie. Unegrande première. Le plaisir d'inventer.

Un dialogue. 31Le cinéma est trop jeune. Le public à l'école. Apprendreà voir.

Uneenquête.39De Louis Aragon à Paul Valéry. Un moyen d'expressionautonome.Louis Feuillade.

Enfants du siècle. 45Une époque révoIutionnaire. Introduction à la magie noireet blanche. Une autre bataille d'Hernani. Léon Mous-

sinac. Albert Valentin. Paul Gilson. De la jeunesse.

Retour à 1900. 59

L'erreur du Film d'Art.Un manifeste. S. M. Eisenstein.-

Georges Sadoul.

Au commencement était l'image. 67Les Allemands et la film cérébral. Les Suédois et la probitéde l'image. Importance du scénario. Suggestion desbruits. Les symboles.Don Juan et Le Docteur Ox.

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Cinéma d'hier, cinéma d'aujourd'hui

Marcel L'Herbier. Lyrisme et naïveté. La Roue et l'es-prit romantique. Abel Gance. Othello. Les trois unités.Thomas de Quincey et le théâtre élisabéthain.Douglas Fair-banks et Victor Hugo. Sur les films comiques. LouisDelluc. Vanina est, parait-il, de Stendhal. Premier Amouret Charles Ray. Cœur fidèle. Solitude. Sous le signe dudésir Le chant du prisonnier. Sur la critique.

Trois maîtres. 123

Mack Sennett un fondateur oublié. Un méconnu Cha-

plin auteur. D. W. Griffith rencontre d'une ombre.

Cinéma pur et poésie. 145Essai d'une définition. Avant tout, une industrie. Les

images suffisent. Cinéma et surréalisme.– Une poésie popu-laire. La leçon des Ursulines.

Écrire en images. 157L'état de demi-rêve. Ainsi parlait Marcel Proust. Quiest l'auteur? Premières escarmouches.

Grandeur et servitudes. 167

Lesgens de cinéma >. Eric von Stroheim. Nos filmssont des essais. Une prophétie.L'avant-garde.-RobertBrasillach. Une Histoire du Cinéma.

Et le verbe vint. 187

Sa Majesté le Hasard. Ce qu'on pensait du sonore. Unesauvage invention.- Fallait-il désespérer?

Visite au monstre. 195

Musique et bruits. La Tour de Babel. Conventions duthéâtre.– Quelques réussites. Chateaubriand et le réalisme.Opposition des grands maîtres.Sur le montage.

Légitime défense. 219Le sens du cinéma. Jean-Paul Sartre et Pirandello.

Marcel Pagnol intervient. Des poètes et de Tristan Cor-.bière.Les auteurs. II faut des hommes nouveaux..

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Sommaire

Théâtre et cinéma. 233

Renouveau du Théâtre. Pour un véritable Conservatoire.-

Qu'est-ce qu'un bon film ? Production et fabrication.

Un premier bilan. 249

Regrets inutiles. Cinéma, Théâtre et Roman. Si le Théâ-tre n'avait pas existé. Différence des techniques.Laquerelle continue. Ce que veut le public. Condition del'auteur de films.

Vitesse et forme. 273

Le passé frénétique.Changement de format. Coup depoker.Un regret.

Sur Hollywood. 283

Pionniers et financiers. Robert Florey.-Cecil B. de Mille.–Un héros dans les studios. Orson Welles. Preston Stur-

ges. Un cinéma de guerre.-Une affaire de gouvernement.-La notion de plaisir.

Du cinéma international. 299

Les écrans envahis. Valeur spirituelle et commerciale.

Une révolution rétrospective. 303Le concept « anti ». S'exprimer. Recherche du génie.Rougir en bonne compagnie. L'avant-garde officielle.Maïakovski. Rencontres manquées.

Des mœurs de notre temps. 3171 En« maison ». Hardiesse commerciale.-A contre-courant.

De la comédie. 325

Qu'est-ce que le meilleur film?-Le tragique et le beau. Rireet liberté.

De la télévision. 331

Télévisiona directe» et film télévisé. Les frères Lumière

et la Télévision.La o spécificité ».

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Cinéma d'hier, cinéma d'aujourd'hui

Des génériques. 337

Pour la petite Histoire. Une bizarre coutume. Défensedes créateurs.

Le temps qui ne passe pas. 3431925 rit de 1910. Doit-on conserver les films? Le dépôtlégal. Un art voué an présent.

Un cinéma inanimé. 351

Les bandes dessinées. L'Iliade et Superman. Hommages.

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AVANT-PROPOS

Aux yeux d'un historien il n'est pas de docu-ment négligeable. C'est pour cette raison sansdoute qu'en 1950 Georges Sadoul, qui commençaità publier son Histoire générale du Cinéma, mepressa de réunir en un volume divers articles quej'avais écrits autrefois.

Ces articles, rédigés de 1922 à 1935 et dontje ne me souvenais guère, traitaient. des der-nières années du film silencieux et des premièresannées du film sonore. En les feuilletant, il m'ap-parut que les questions posées par le cinéma àcette époque capitale de son évolution n'avaientpas perdu toute leur portée mais il m'apparutaussi que mon sentiment à leur sujet avait variésur plus d'un point. Et au cours de ma lecture,blâmant ici, approuvant là, commentant ce quiappelait un commentaire, j'engageai avec l'auteurde ces écrits anciens une sorte de dialogue à traversles années.

C'est sous cette forme qu'en 1951 parut un livreintitulé Réflexion faite où étaient réunies diversesnotes pour servir à l'Histoire de l'art cinématogra-

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Cinéma d'hier, cinéma d'aujourd'hui

phique de 1920 à 1950 et dont les dernières pagescontenaient le passage qui suit

Avant d'envoyer ces notes à l'imprimeur, je viens de lesrelire. Que de propos s'y rencontrent dont l'objet ne pré-sente déjà plus qu'un intérêt historique ou tout au moinsrétrospectif En moins de trente ans, que de changementsdans un « art » dont l'évolution dépend si étroitement dela technique! On peut se demander ce qu'il restera danstrente ans de ce que nos contemporains appellent le Cinéma.Et dans trois cents ans, quand Corneille n'aura pas beau-coup plus de lecteurs que n'en compte aujourd'hui LaChanson de Roland, quand le nom de Charlie Chaplinne sera plus cité que par quelques érudits ?Sans doutenotre cinéma apparaîtra-t-il alors comme la forme primi-tive d'un moyen d'expression qu'il nous est difficile d'ima-giner; ou, peut-être, son souvenir ne sera-t-il qu'un desvestiges les plus étranges d'une civilisation disparue.

Quiconque s'est penché sur les boîtes des, bouquinistesou a médité dans un grenier provincial sur la fragilitédes choses humaines sait que le hasard peut préserver dela destruction les livres les moins importants aussi bienque les plus considérables. En vertu de cette loi égalitaire,il n'est pas absolument impossible qu'un exemplaire duprésent livre existe encore dans cinq cents ans. Supposonsque cet exemplaire tombe alors entre les mains d'un cu-rieux qui, embarrassé de sa trouvaille, la montre à quelqueétudiant de sa connaissance. L'étudiant, ne comprenantpas de quoi traite ce grimoire rédigé dans une languearchaïque, le soumettra peut-être à l'examen d'un de sesprofesseurs. Ce dernier, une autorité en Histoire des mœursdu xxe et du xxie siècle, ouvre mon livre. « De quoi, sedemande-t-il, cet auteur inconnu veut-il parlerQu'ap-pelait-il un film P Quel était cet art cinématographi-que qui semblait tenir tant de place dans la vie des bonnesgens d'autrefois»»

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Avant-propos

Le Temps est un habile magicien. Il nous distraitsi bien que le tour est joué sans qu'on se rendecompte de ses trucs. Inutile de traverser les sièclespour en constater le résultat, quelques saisonssuffisent. Au moment où l'on se proposait derééditer Ré flexion faite, j'ouvris ce petit ouvrageet je m'aperçus que nombre de propos qui répon-daient à des réflexions de naguère, étaient touchéspar l'âge à leur tour. Sans doute le cinéma n'apas évolué de telle façon qu'il faille expliqueraujourd'hui ce qu'il était il y a vingt ans pourtantil ne m'a pas semblé inutile de faire à nouveaule point et, au dialogue intemporel que j'avaistenu avec moi-même, d'ajouter une troisième voixqui sera qu'on me pardonne encore unefois la mienne.

Je l'écrivais en 1950 et je dois le répéter aujour-d'hui afin d'éviter tout malentendu

Ceci n'est pas une Histoire du Cinéma. Je serais bienincapable d'en faire une. Aux pages qui sont rassembléesici on ne trouvera peut-être d'autre mérite qu'un manqued'objectivité des plus manifestes et qui ne conviendraitguère à un historien.

On trouvera peut-être aussi que j'ai donné tropd'attention à ceci ou que j'ai négligé cela et il esten effet nombre de choses intéressantes et plusd'un nom mémorable qui ne sont pas mentionnésdans ce livre. Mais je n'avais ni plan ni référenceset c'est bien souvent le hasard qui a fourni le sujetde ces réflexions. Loin de vouloir dresser un palma-rès, j'ai seulement réuni d'anciennes notes, es-

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Cinéma d'hier, cinéma d'aujourd'hui

quissé divers aperçus d'un métier qui est aussi unart et ravivé quelques images de son passé. Si jeparle moins du présent, c'est-à-dire du cinémacontemporain, ce n'est pas que je méconnaissel'importance de ses réussites. Mais les juger sansle recul nécessaire et avant que le temps en aitdécanté les apports, ce serait faire œuvre decritique. Et je ne suis pas plus critique qu'his-torien.

Encore un mot si les trois voix qui vont serépondre. ci-après ne sont pas toujours à l'unisson,je ne m'en soucie guère et je veux même espérerque leur discordance offre quelque intérêt. Queserait la liberté d'expression si elle n'avait pourgarant le droit imprescriptible de se contredire?

Pour commencer, contredisons la chronologieet, avant de retourner vers un passé proche, hasar-dons-nous à faire quelques pas dans un avenirplus ou moins lointain. Quand on dit, comme onle fait un peu partout aujourd'hui, que le cinématraverse une crise, le terme est inexact. A l'issued'une crise, la chose qui en fut affectée redevientplus ou moins ce qu'elle était auparavant. Or,en l'espèce, cela ne peut se produire. Ce dontsouffre le cinéma c'est de ne pas s'être adapté auxpossibilités d'une époque où tout change avec uneinconcevable rapidité. Moyen d'expression mo-derne il est resté paradoxalement attaché à sonpassé. Et ne sommes-nous pas tous en retard surnotre temps comme ces généraux qui préparaientune guerre précédente? Quand nous parlons defilm, nous faisons usage d'un mot qui sera bientôt

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Avant-propos

impropre à définir les formes d'expression audio-visuelles qui se préparent.

Lesquelles? Me promenant l'autre jour sur uneplage, je pensais que si Vénus Astarté sortait del'onde amère, son pied divin serait aujourd'huisouillé par les résidus de mazout qui échouentsur nos rivages. Pourquoi utilisons-nous encorel'huile immonde appelée pétrole que nous tironsà grand-peine des entrailles de la Terre où uneNature prudente l'avait placée hors de nos at-teintes ? N'est-il pas étonnant qu'après tantd'années, l'automobile s'en tienne au moteur àexplosion de ses débuts?Est-il vrai qu'on n'aitpas trouvé d'autre moyen de faire marcher nosvéhicules? A l'époque où les nacelles des astro-nautes glissent dans les « espaces infinis » nouscontinuons sur terre à fabriquer de grossièresmécaniques dont le bruit ébranle les cerveauxpendant que leurs fumées rongent les poumonscomme le feuillage des arbres.

En quoi, est en droit de dire le lecteur, cepropos concerne-t-il le cinéma?

Il n'est pas que l'automobile dont le prin-cipe soit demeuré immuable depuis ses premiersjours. La chose cinématographique qui a le mêmeâge n'a pas évolué davantage. Après quatre-vingts ans, ou peu s'en faut, et quand des trésorsfabuleux ont été fournis à ces deux industries!

L'une avec son pétrole en est restée aux beauxjours du marquis de Dion, l'autre avec sa pelli-cule à ceux des frères Lumière.

Et la couleur, le son, l'écran large?Bagatelles Pour l'essentiel, rien n'est changé

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Cinéma d'hier, cinéma d'aujourd'hui

un ruban transparent qu'entraîne un rouage, unelampe derrière, une toile blanche devant nousen sommes toujours au même point. Si vousvoulez parler de technique nouvelle, voyez cequ'accomplit la télévision! Au moment où unévénement se passe, disons au Japon, l'image enest transmise par les États-Unis et, relayée parquelque satellite, rejoint sur les écrans d'Europele son qui est acheminé par le Canada ou quelqueautre voie circumterrestre. En un temps où detels miracles se produisent, la technique du cinémasemble ridiculement primitive.

Soyons justes. Des progrès ont été accomplis.La sensibilité du film s'est accrue, le matérield'enregistrement s'est considérablement allégé et.

Ces progrès ont favorisé l'avènement d'undifférent style de prises de vues. Mais ce n'est pasencore le « nouveau cinéma », dont on parle plusqu'on ne le voit. C'est de la technique que l'onpeut attendre un complet renouvellement. Demême que l'avènement du son a bouleversé ladramaturgie du spectacle filmé, c'est l'évolutionde la technique qui donnera à cette dramaturgieses nouvelles formes.

Si le théâtre n'a pas subi de transformationscapitales depuis deux mille ans, c'est que sonexistence matérielle ne dépendait pas de la tech-nique. Du théâtre grec aux mystères du MoyenAge et aux drames contemporains, que la scènesoit élisabéthaine, chinoise ou italienne, le prin-cipe est le même un tréteau et une passion, a-t-onpu dire. Peu importe que ce tréteau soit de boisou de marbre et comporte ou non un plateau

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Avant-propos

tournant et des ascenseurs. Le soleil d'Athènes

valait tous nos projecteurs et l'acoustique d'Épi-daure rend inutiles les haut-parleurs.

Le cinéma, lui, est toujours le « jouet scienti-fique » de ses inventeurs et continue à dépendrede la science, corps et âme. C'est pourquoi aprèsplus d'un demi-siècle d'immobilisme, il est à laveille d'étonnantes métamorphoses. Voyez ce quis'est passé pour la radio à ses débuts les récep-teurs se présentaient sous forme d'énormes caissesreliées à de longues antennes. Aujourd'hui lesvoix du monde entier sortent d'un boîtier minus-

cule, bientôt d'un dé à coudre. Il n'est pas insenséde prévoir qu'avant peu la prise de vues et de sons'effectuera avec un appareil minuscule et d'autrepart que les images portées par les ondes appa-raîtront dans un cadre semblable à celui d'une

montre-bracelet 1.

Déjà la plus petite des caméras de télévisiontransmettant des images par radio et par fil estde la dimension d'une lampe de poche ordinaire.Et un comité du Sénat américain, au cours d'uneenquête sur. l'espionnage industriel, a fait desdécouvertes déconcertantes. Notamment, lorsd'une présentation de haute couture, on trouva,paraît-il, deux caméras de télévision dans le soutien-gorge d'une visiteuse.

Cela semble relever de la science-fiction mais,entre la fiction et la science, la marge s'amenuise

1. La taille des« composants » de tout appareil électronique a,parait-il, été réduite de 100 000 fois entre 1948 et 1970.

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Cinéma d'hier, cinéma d'aujourd'hui

chaque jour. Dans son livre Automation et huma-nisme Georges Elgozy écrit

Le temps qui sépare une découverte fondamentale deses applications techniques rétrécit d'année en année. Decent ans pour la photographie, il passe à cinquante pourle téléphone, à quatorze pour l'avion, à sept pour la télé-vision, à six pour l'utilisation pacifique de l'énergieatomique, à cinq pour l'emploi des satellites de commu-nication.

Jadis les moines continuaient à faire des copiesmanuscrites alors que l'imprimerie était inventée.Par une semblable survivance d'un usage ana-chronique, les copies d'un film sont transportéesd'une ville à l'autre alors qu'un seul émetteur detélévision pourrait diffuser ce film par ondes oupar câbles dans mille théâtres au même moment.C'est ce qui se fera quelque jour et il est à prévoirqu'après cette diffusion massive, une autre chaînede télévision présentera le même spectacle à do-micile pour ceux qui préféreront le voir sans sortirde chez eux. Enfin les films seront édités en format

réduit et vendus, comme les microsillons, auxamateurs qui désireront constituer une cinéma-thèque personnelle. Quand ces modes variésd'exploitation seront utilisés on s'apercevra quece que l'on nommait crise du cinéma n'était qu'unedes phases de son évolution.

Et tout cela ne serait encore qu'une variante,qu'un développement de ce que nous connaissons.Les arts cinétiques sont dans leur premier âgeet leur avenir nous est aussi peu connu que celuide la photographie l'était sous Louis XIII. Dans

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Avant-propos

un petit roman publié il y a bien longtemps 1,l'auteur avait conçu l'idée d'un film gigantesqueprojeté sur le ciel. Il n'est pas certain que cette'chimère ne prenne pas un jour forme réelle.

Déjà l'on parle de la projection sans écran,d'images virtuelles qui n'auraient d'existence quedans notre regard. Pour les ignorants que noussommes, cela ne semble guère plus mystérieuxque le simple enregistrement magnétique dontl'inscription reste invisible sur la bande qui lerecèle. Ne dit-on pas d'autre part que le laserpermet d'obtenir une image dont chaque fragmentcontient en puissance l'image tout entière, quecette image peut représenter aussi bien la faced'un objet que ce qui se trouve derrière cet objetet caché par lui? Que l'on peut diviser en deuxle faisceau du laser et former une image en reliefpar l'interférence de deux trains d'ondes, quel'hologramme aidé par l'ordinateur donne nais-sance au Kinoforme et que grâce à ce nouveauvenu une simple idée, ne correspondant à aucunefigure réelle, peut devenir une forme concrète.

Je serais bien embarrassé si j'avais à expliquerces merveilles et comme je ne les comprendraispas moi-même si on me les expliquait, j'aimemieux croire les spécialistes sur parole. Mais il estpermis d'en rêver. Le passé nous enseigne que cequi est possible pour des images fixes le devienttôt ou tard pour des images animées. Voilà sansdoute la voie par laquelle nous obtiendrons lerelief, ce vieux problème qui n'a encore reçu

1. R. C. Adams (Grasset, 192C).

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