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C.P. 550, Sudbury (Ontario)CANADA P3E 4R2
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Un jourJe suis tombée dans la mémoire de DieuJe ne sais pas comment j’ai fait çaJ’ai sûrement fait une fausse manœuvre d’être
humainVous savezIl faut faire attention lorsqu’on pilote un être
humainUn corpsÇa change facilement de directionSi le gouvernail est mal ajusté
SYLVIE MARIA FILION a publié plusieurs recueils de poésie, dont La nébuleuse du Celte et Mon temps d’éternité, deux recueils qui lui ont valu, coup sur coup, le prix de poésie LeDroit. En 2009, elle faisait paraître un premier court récit, Mary Jane la tueuse. Artiste multidisciplinaire, elle travaille aussi comme journaliste, paysagiste et rédactrice pigiste. Sylvie Maria Filion
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Extrait de la publication
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Extrait de la publication
Mon tempsd’éternité ii
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Extrait de la publication
De la même auteure
Mary Jane la tueuse, récit, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2009.La nébuleuse du Celte, poésie, Ottawa, Éditions du Vermillon,
coll. « Parole vivante », 2009, prix de poésie Le Droit.Mon temps d’éternité, poésie, Sudbury, Éditions Prise de parole,
2008, prix de poésie Le Droit.Les bonbons des horreurs et Petite chose à genoux, poésie, Ottawa,
Éditions du Vermillon, coll. « Parole vivante », 2004.Le musée des lèvres, poésie, Ottawa, Le Nordir, coll. « Résonance »,
2002.Métapholies, poésie, Sudbury, Éditions Prise de parole, 1998.
Cinquante exemplaires de cet ouvrage ont été numérotés et signés par l’auteure.
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Extrait de la publication
Sylvie Maria Filion
Mon tempsd’éternité ii
Poésie
Éditions Prise de parole Sudbury 2010
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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives CanadaFilion, Sylvie, 1970- Mon temps d’éternité II : poèmes / Sylvie Maria Filion.
ISBN 978-2-89423-237-8
I. Titre.
PS8561.I5334M662 2010 C841’.54 C2010-906798-3
Distribution au Québec : Prologue • 1650, boul. Lionel-Bertrand • Boisbriand (QC) J7H 1N7 • 450-434-0306
Ancrées dans le Nouvel-Ontario, les Éditions Prise de parole appuient les auteurs et les créateurs d’expression et de culture françaises au Canada, en privilégiant des œuvres de facture contemporaine.
La maison d’édition remercie le Conseil des Arts de l’Ontario, le Conseil des Arts du Canada, le Patrimoine canadien (pro-grammes Développement des communautés de langue officielle et Fonds du livre du Canada) et la Ville du Grand Sudbury de leur appui financier.
Œuvre en page de couverture : Tex Lecor, Les vieux amants, huile sur toile, 24 x 30, 2002Conception de la page de couverture et mise en pages : Olivier Lasser
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.Imprimé au Canada.Copyright © Ottawa, 2010Éditions Prise de paroleC.P. 550, Sudbury (Ontario) Canada P3E 4R2http://pdp.recf.ca
ISBN 978-2-89423-237-8ISBN 978-2-89423-339-9 (Numérique)
Extrait de la publication
« Que vous êtes belle ! »
« N’est-ce pas, répondit doucement la fleur. Et je suis née en même temps que le soleil... »
Antoine de Saint-ExupéryLe petit prince
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Extrait de la publication
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Début
Le débutEst toujours comme une finJe veux direJ’ai oublié mon recueilMais je n’ai pas oublié mon cœurEt puisSi jamais une fin s’oublieC’est parce qu’elle est prête
Parce que la beauté prend une éternité à être belle
Comme la rose du petit princeEt par belleJe veux direSimplementQu’il n’y a de contrariété pour la beauté que soiQui dit nonQuand un cœur se soumet à un mal d’origineLa chance ne grandit pas en même temps que le
destinEt ces morts qui hantent nos viesSont des jalons ou de simples larmes qui
tiennent debout et qui sont poussées quand on les a laissées aimer
Et la simplicitéUne petite fille qui vient porter des fleurs à la finDe tous les règnesSourit comme un calibre très rare de fusil
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Extrait de la publication
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La mort est cette petite filleQuiFrappe toujours au bout du plus long des souffles
Et puisAu débutComme à la finOn oublie toutEt j’oublieComme la sarclette passePour enlever les jours malheureux
Des squelettes en robe de chambre se promènent dans mes rêves
TraversentLes longs pansements qu’on a faits sur les mains
de mon enfanceComme le début était sablePlaisant à toucherEt pas sale du toutQuand on est enfantRien n’est saleEt tout est pont de roche
Et tout est juste assez proche pour qu’on s’en fasse un ami
La vieLa mortLa faimL’amourComme au début
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Et les crapets-soleilsDansent sur mes pieds nus tout au fond de la
crique claireEt il y a des ouaouarons que je chevauche à
travers les fèves des marais qui s’écossent dès l’automne
Et éclatentEt font de la neige qui s’éparpille prématurémentEt l’orge explose entièreEt les quenouilles s’exposent en plumeaux fiers et
gondolésIl y a ce jour qui persiste entre les branchesEt les bourgeonsEt mon manteau est fait de petites ombres des
forêts qui se sont accrochées à mon cœur
J’ai longuement réfléchi à ce dont pouvait avoir l’air
L’aubeSans nos yeuxSans les yeux des faons et des grenouillesEt des mouchesEt l’aubeAurait l’air d’un cœur sans amourQui bat pour croire qu’il existe
Je crois que l’aube aurait l’air d’une femme triste qui pleure
Elle se mettrait un voileEt attendrait le retour du regard de celui ou de
celle qui l’aime
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Sa beauté n’a pas de lèvres ni d’esprit ni d’âme ni de cri d’oiseau pour l’imprimer sur les siècles
Et la beautéElleResteÀ porter nos guenillesEn pensant qu’elles sont des vêtements de luxe
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La poésie
Un jourLa poésie s’adresse à moi en de drôles de motsJe ne sais pas si cette journée-là elle avait buOu fumé du crackÇa lui arriveParfoisÇa arrive
La poésie nous fait parfois ce coup-làEn tout cas, elle était toute drôleEt je n’ai jamais compris pourquoi
Je lui ai dit« Salut ! »« Long time no see ! », que je lui dis« Ça fait longtemps qu’on t’a pas vue dans
l’boute ! », que j’ajoute
Elle me répond : « Je fais rarement mon tour »« C’est rare que je viens ici », qu’elle me dit...
« C’est pas que j’aime pas ça, mais… Pourquoi que tu me demandes ça… », qu’elle me demande
« Ah, ben, je croyais que tu étais une habituée du coin… C’est juste ça… »
Elle me dit,« Pas du tout, c’est une coïncidence… »« Je ne me tiens pas beaucoup dans les livres ou
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dans les bars où les gens croient que je suis. Beaucoup, beaucoup de rumeurs sur mon compte, dans les journaux, les revues, bon. Ça n’a aucun fondement… M’enfin, puisque je vous dis que ce n’est pas mon genre… »
« C’est… », me dit-elle, « que je reste souvent chez nous…
Je ne suis pas sorteuseJ’ai pris l’avion quelques foisPas souvent !Je suis passée quelques fois dans des âmesEt puisJe suis repartie… »
« Mais… », que je continue
« Non, non, n’insiste pasJ’suis une fille d’intérieurJ’suis pas sorteuse ! »
Je la suis
« Cesse de me suivre… », qu’elle me dit« J’suis timide… »
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La poésie et la rue
J’ai cessé de suivre la poésie, im-mé-dia-te-mentSur-le-champSur-le-champ des champs
Mais, c’est elle qui m’a suivieAlors, je me suis sauvée dans la rueJ’ai failli me faire écraser par un couple de carpes
en vacancesJ’ai marché dans la rueEt, ébaubie, j’ai regardé la rueElle, à son tour, s’est mise à marcher toute seule,
deboutComme un miroir à l’envers où les objets partent
de très loin pour ne revenir jamais
Je me replace la bobinetteJe me secoue la varicelle et la cornetteEtJe me mire, cassée, dans le rétroviseur
Dans un temps qui n’est ni présent, ni passé, ni futur
Les objets semblent plus javelots qu’ils ne le sont
DerrièreVolentDes tubes à dentifricesEt, devant, les voitures me passent dessusComme sur un animal mort…
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Il n’y a pas de panneau jaune comme mes doigts exsangues
La poésieJ’ai sentiQu’elle a continué de me suivreParce queJe ne l’ai jamais revue depuis ce temps…Mais je savais que, dès que je me retournaisElle se cachait en poteau de téléphoneOu elle se collait en graffiti sur un murÇa arrive…
Elle se transformait en hiéroglyphe granitique du panthéon-marathon
Elle se faisait passer pour un passantPas bête, la p’titeElle croyait que je ne la voyais pasMais je savais qu’elle était là
Je savais où elle se tenaitQuelque part dans un salon mortuaire ou sur
quelque coin de ruelleAu creux d’une poitrine de prostituée…Je ne suis pas du genre à halluciner…Et ne m’enfermez pas parce que je suis certaine
qu’elle se déguise en pute, OK !
Mais la poésieElle est làSans devoir de rêvesSans même être dans mes mots
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Elle fait ce qu’elle veutElle a toujours fait ce qu’elle voulait
Elle a toujours été dans le cri d’un bébé qui appelle une jeune femme
C’est le ballon qui rebondit sur l’asphalteEt tous ces bruits qui te manquentQuand le divorce est passé
Quand ta maison n’est plus qu’un tombeauElle naît aprèsEt elle devientTon sexeQui n’a plus de sens après l’amour
Des fois nonDes foisElle est cette impression que la drogue est ce
chant plus beau que celui d’un oiseau
Elle est l’enfant crevé avant de naîtreQui flotte et pollue les rivièresOuQu’on respireParce que la fumée des fours crématoiresLes cendres des enfants crevésJe les respire
EtC’est aussiCet enfant qui m’a échappéEt
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C’est aussiCes enfances qui crèvent et ces hommes et ces
femmes de la pauvretéEt leur peau et leur chairQu’on remet sur le solComme une nappeCes enfances crevéesFondent dans leurs désertsEt mettent la plus belle des tables du mondePour recevoir le plus beau des invitésCalme qu’on ajoute à la violence
La poésie revient demain matinElle est làPetit miracle qui dépose sa main sur ton front
Grenoble, ToursTour à tourOn pense à casser l’effervescence
Puis il n’y a que nousNous tousDans un monde né du cœur d’un Grand PoèteLe Grand des grands poètesEt la poésie est son rire
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Achevé d’imprimeren novembre deux mille dix sur les presses
de l’Imprimerie Gauvin, à Gatineau (Québec).
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Extrait de la publication
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6,57 mm(0,2587
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Un jourJe suis tombée dans la mémoire de DieuJe ne sais pas comment j’ai fait çaJ’ai sûrement fait une fausse manœuvre d’être
humainVous savezIl faut faire attention lorsqu’on pilote un être
humainUn corpsÇa change facilement de directionSi le gouvernail est mal ajusté
SYLVIE MARIA FILION a publié plusieurs recueils de poésie, dont La nébuleuse du Celte et Mon temps d’éternité, deux recueils qui lui ont valu, coup sur coup, le prix de poésie Le Droit. En 2009, elle faisait paraître un premier court récit, Mary Jane la tueuse. Artiste multidisciplinaire, elle travaille aussi comme journaliste, paysagiste et rédactrice pigiste. Sylvie Maria Filion
Mon temps d’éternité ii
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Mon temps d’éternité ii
Mon
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Extrait de la publication