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LA POPULATION CHINOISE : MYTHES ET REALITES

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Dans la même collection

HERBERT FINGARETTE,Confucius du profane au sacré

CHARLES LE BLANC,Le Wen zi : à la lumière de l'histoire et de l'archéologie

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JONATHAN D. SPENCE,La Chine imaginaire. Les Chinois vus par les Occidentaux

de Marco Polo à nos jours

JOANNA WALEY-COHEN,Les sextants de Pékin

SOCIÉTÉS

ET CULTURES DE IAsie

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JAMES Z. LEEWANG FENG

La population chinoise :mythes et réalités

Traduit par Charles Le Blanc

Les Presses de l'Université de Montréal

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Calligraphie Yu Xiaoyang

Cataîogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Lee, James Z , 1952-

La population chinoise mythes et réalités(Sociétés et cultures de l'Asie)Traduction de One quarter of humanityComprend des réf bibhogr

ISBN 2-7606-1968-0

i Démographie - Chine 2 Mariage - Chine3 Régulation des naissances - Chine 4 Infanticide - Chine5 Chine - Population 6 Chine - Conditions sociales7 Chine - Conditions économiquesI Feng, Wang II Titre III Collection

1163654 A3L414 2006 304 6095102006-940563-8

Dépôt légal 2e trimestre 2006Bibliothèque et Archives nationales du Québec

© Les Presses de l'Université de Montréal, 2006© Traduction par Charles Le Blanc© 1999 by thé Président and Fellows of Harvard Collège Published by arrangementwith Harvard Umversity PressTitre original One Quarter of Humanity Malthusian Mythologies and ChineseReahties, 1700-2000

Les Presses de l'Université de Montréal remercient de leur soutien financier leministère du Patrimoine canadien, le Conseil des Arts du Canada et la Société dedéveloppement des entreprises culturelles du Québec (SODEC)

Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération canadienne dessciences humaines de concert avec le Programme d'aide à l'édition savante, dont lesfonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada

IMPRIMÉ AU CANADA EN AVRIL 2OOÔ

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Préface

Le jeudi 9 mars 2006 naissait en Chine le i 300 ooo oooe citoyenchinois. En dépit du ralentissement phénoménal de la croissancedémographique en Chine dans la foulée des politiques d'Etat deplanification familiale depuis 198,0 — un enfant par couple dansles villes, deux enfants par couple à la campagne —, plus de10 ooo ooo de nouveau-nés voient le jour chaque année enChine ; il naît donc en Chine à peu près un Québec par an, unCanada tous les trois ans et une France tous les six ans. L'adoptiond'enfants chinois a sensibilisé de nombreux Québécois au phé-nomène démographique de la Chine; en effet, la moitié desenfants étrangers adoptés au Québec sont d'origine chinoise.Cependant, le phénomène de l'adoption internationale d'enfantsen provenance de Chine, qui représente (officiellement) environ10 ooo individus par an, soit une goutte d'eau dans l'océan, nemodifie en rien les enjeux démographiques de ce pays.

C'est plutôt dans le commerce international que l'ordre degrandeur de la population chinoise commence à se faire sentir.Depuis que la Chine est devenue membre de l'Organisationmondiale du commerce le 11 décembre 2001, nombre d'élémentsstructurels des échanges commerciaux ont été modifiés, d'abordpar l'inondation de certains secteurs de l'économie par les pro-duits chinois (vêtement, chaussure, accessoires ménagers etindustriels, vélo...) et, inversement, par la forte demande dematières premières de la part de la Chine (pétrole, métaux,bois...). D'une part, l'abondance d'une main d'œuvre qualifiée(souvent formée sur le tas) et à bon marché permet aux Chinois

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8 LA POPULATION CHINOISE : MYTHES ET REALITES

de produire à des coûts hautement concurrentiels, d'autant plusque dans nombre de cas, la production vise en même temps lemarché domestique et le marché étranger, réduisant d'autant lescoûts d'échelle. D'autre part, la hausse soutenue des revenus desindividus, des groupes et des entreprises permettent aux Chinoisde se procurer une multitude de biens et de produits dont lamatière première provient d'autres pays, surtout de l'Occident, etde faire grimper les taux internationaux de ces produits. Commele PIB chinois continue de croître d'environ 10 % par année, cesdeux phénomènes concomitants prendront sans doute de l'am-pleur au cours des prochaines années.

C'est dans ce contexte d'accélération de l'Histoire en Chine etde la présence ascendante de celle-ci sur la scène internationaleque l'ouvrage de James Z. Lee et Wang Feng prend tout son sens.Car cette étude pluridisciplinaire de l'évolution démographique,sociale et économique de la Chine de 1700 à 2000 établit — demanière presque prophétique — la base des développementsfulgurants, à la fois fascinants et redoutables, que nous connais-sons de nos jours. Mais le point de focalisation des auteurs n'estpas l'impact de ces développements sur les autres pays de la pla-nète ou sur le système économique mondial, mais bien sur lesindividus, les familles et les populations sectorielles de la Chineelle-même. En lisant cet ouvrage, les gens qui s'intéressent àl'histoire des sociétés, de leurs populations, institutions et cultu-res, pourront se pencher sur le cas de la Chine dont on peutsaisir l'évolution sur la longue durée, étayée par une remarquabledocumentation d'époque. L'histoire est ici au service du présent:les auteurs cherchent à comprendre la situation démographiqueactuelle à la lumière de développements sociaux, politiques, éco-nomiques et culturels étendus sur une période de trois siècles(1700-2000).

La référence systématique aux théories de Malthus permetd'apprécier sa contribution incontestable à la création de lascience démographique, mais aussi de reconnaître ses limites ; sesnombreux énoncés sur la Chine appellent des corrections parfoissubstantielles quant aux données empiriques sur lesquelles il

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Préface 9

s'appuie, à sa méthode et à ses conclusions. La critique construc-tive de Lee et de Wang s'étend à certaines écoles qui perpétuentles vues de Malthus et présentent une vision incomplète ou erro-née de l'histoire de la population chinoise. La connaissance appro-fondie des auteurs du champ des études démographiques nonseulement nord-américaines, mais aussi européennes et françai-ses, ouvre la voie à des comparaisons souvent étonnantes et permetde corriger des préjugés tenaces à l'endroit de la société chinoise :par exemple, si la presque totalité des femmes chinoises semariaient, alors que près de 20 % des femmes occidentales demeu-raient célibataires, en revanche, le taux de fécondité des femmeschinoises était beaucoup plus bas que celui des femmes occiden-tales — soit, en moyenne, 5,5 enfants comparé à 7,5 enfants ; deplus, la pauvreté en Chine n'était pas causée par le surpeuple-ment, comme le pensait Malthus et ses successeurs, mais étaitplutôt la conséquence de l'organisation sociopolitique; et onpourrait allonger la liste.

La qualité scientifique de l'ouvrage, sa critique constructive deMalthus, sa présentation revue et corrigée de la Chine à unmoment crucial de son développement aussi bien domestiquequ'international rendaient incontournable la traduction en fran-çais de ce livre pour le rendre enfin accessible à un public fran-cophone. Sa publication aux Presses de l'Université de Montréaldans la collection « Sociétés et cultures de l'Asie » nous a doncparu un passage obligé.

CHARLES LE BLANCDirecteur de la collection

« Sociétés et cultures de l'Asie »

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P R E M I E R E P A R T I E

Mythes

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CHAPITRE 1

Introduction

L'histoire des premières migrations et des premiers établissementsdes hommes, ainsi que des motifs qui les ont produits, jetterait ungrand jour sur notre sujet, et ferait voir d'une manière frappante,cette tendance continuelle de notre espèce à s'accroître au-delà deses moyens de subsistance.

Malthus, An Essay on thé Principle of Population,1826, p. 61 (trad. P. et G. Prévost, I, p. 133).

L'héritage malthusien

Au cours des 300 dernières années, la population mondiale adécuplé. En 1700, elle était inférieure à 700 ooo ooo d'habitants;aujourd'hui, elle se situe à plus de 6 ooo ooo ooo. Cet accroisse-ment dramatique est le résultat d'un déclin graduel de la morta-lité et d'une hausse de la fécondité qui ont commencé à la fin duxvme siècle. En conséquence, la population mondiale a doublépour atteindre 1250 ooo ooo d'individus vers 1850, puis 2 500 ooo ooovers 1950 et enfin 5 ooo ooo ooo vers 1985. Si les taux de crois-sance démographique ont récemment décliné à peu près partoutdans le monde en raison d'une réduction drastique de la fécon-dité, la population devrait doubler à nouveau, pour s'évaluer entre11 ooo ooo ooo et 12 ooo ooo ooo d'individus, avant de se stabiliservers 22001.

Depuis le xvme siècle, la population a été au centre de lathéorie sociale. Tous les économistes classiques — notammentAdam Smith, David Ricardo, Robert Malthus — se sont préoccu-pés des relations existant entre la population et le bien-être social.

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14 LA POPULATION CHINOISE : MYTHES ET RÉALITÉS

Leurs écrits ont beaucoup influencé notre pensée par rapport auxprocessus et aux conséquences du changement démographique.Nonobstant la transformation de la croissance économique à lafin du XXe siècle, l'inquiétude malthusienne au sujet des contraintesimposées à la croissance économique par le développementdémographique a persisté. Les inquiétudes économiques se sontmême muées en angoisse écologique2. Si les contraintes écono-miques nous paraissent aujourd'hui de plus en plus souples, nousconsidérons en revanche les contraintes environnementalescomme de plus en plus inexorables3.

L'héritage malthusien est tout aussi déterminant dans notrecompréhension du contrôle de la population. Dans ses célèbresessais sur la population, Malthus identifia deux types de restric-tion4: ou bien on contrôlait la croissance de la population enimposant des limites au mariage — ce que Malthus appelait l'« obs-tacle préventif», qu'il associait au monde occidental moderne —ou bien on laissait la population s'accroître sans contrainte jusqu'àce que la pauvreté généralisée aboutisse à des hausses de la mor-talité — ce que Malthus appelait l'« obstacle destructif» et qu'ilassocia avec le monde occidental non moderne et le monde nonoccidental. Pour Malthus, la planification familiale exigeait unsavoir-faire propre à l'Occident moderne qui permettait à ses habi-tants de calculer les coûts et les bénéfices d'avoir des enfants et dedécider de retarder ou d'annuler un mariage. Si la technologiecontraceptive ou abortive nous a permis de contrôler la fécondité,remplaçant l'obstacle préventif de jadis, notre compréhension desmécanismes de la population dans le monde prémoderne esttoujours fondamentalement malthusienne.

La science et la technologie modernes ont radicalement changéla dynamique de la population. Dans l'ensemble du monde, lafécondité et la mortalité ont récemment décliné à la suite desdécouvertes et de l'expansion de la médecine ainsi que des poli-tiques de santé publique. La séquence d'une baisse initiale de lamortalité suivie d'une augmentation de la population et d'undéclin prévisible de la fécondité est souvent conceptualisée sousle vocable de «transition démographique». Peu de changements

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Introduction !5

dans le comportement de la population furent aussi universels oueurent un effet aussi profond sur les individus que, d'une part, lahausse de l'espérance de vie au cours des derniers siècles et,d'autre part, le déclin du taux de natalité au cours du xxe siècle.En même temps, peu de processus démographiques eurent unimpact aussi global que la poussée vertigineuse que connut lapopulation.

La rapidité d'une telle diffusion, voire innovation technologique,semble fondamentalement liée à une disposition d'ordre culturelet à la formation sociale. Cette liaison est particulièrement forteen ce qui concerne la technologie de la reproduction. Le plan-ning familial est étroitement lié à notre plus grande capacité decalculer de manière délibérée les coûts et les bénéfices d'avoirdes enfants et de décider de notre propre chef du contrôle de lafécondité. De la même manière, le développement et la diffusionde la technologie médicale exigent une nouvelle compétence,celle, à la fois, de nous contrôler nous-mêmes et de contrôler lemonde naturel.

L'apparition d'une telle prise de conscience semble liée audéploiement de la prise de décision individuelle issue de l'appa-rition des petites familles, à une alphabétisation plus répandue, àl'émergence et à la diffusion de l'individualisme occidental et àla pénétration grandissante de l'économie de marché. Selon dessavants comme John Hajnal (1965; 1982) et Alan Macfarlane(1978; 1987), les origines européennes de la transition démogra-phique, de l'individualisme et même le développement du capi-talisme au xixe siècle sont étroitement liés à la famille et à laculture démographique européennes, qui ont favorisé de telschangements sociaux et économiques révolutionnaires. En défi-nissant les systèmes démographiques et en les associant aux systè-mes sociaux, économiques et culturels de manière plus expliciteet rigoureuse que Malthus ne l'avait fait lui-même, ces théoricienset d'autres théoriciens contemporains ont élevé le niveau du dis-cours malthusien et ont approfondi les implications théoriquesdes formulations malthusiennes (Goody, 1996).

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l6 LA POPULATION CHINOISE : MYTHES ET RÉALITÉS

Dans une telle conception, le patriarcat, la formation sociale etles processus économiques non occidentaux ont tous été noyés dansun dualisme universel qui est, dans sa nature même, antimoderne.La Chine est avant tout visée comme la personnification de cet« autre », en raison de son importance et de son histoire mieuxdocumentée. Malthus considéra spécifiquement la Chine commeétant l'exemple choisi d'une société dominée'par l'obstacle des-tructif et pratiquement dépourvue d'obstacle préventif5. Demanière comparable, selon Hajnal (1982) et Roger Schofield(1989), si la famille occidentale se situait à un point extrême del'éventail social, la Chine, avec l'Inde, se trouvait à l'autre6.

Cette confluence et cette confusion proviennent, au moins enpartie, de notre manque de connaissances empiriques de lasociété et de la population chinoises. Il y a à peine deux décen-nies, on ne trouvait à peu près aucun démographe de la Chine etles données disponibles dans ce domaine étaient rares. La Chineétait à la fois la plus grande et la moins connue de toutes lespopulations humaines historiques et contemporaines7. En consé-quence, alors que la recherche sur l'histoire de la populationoccidentale a confirmé les observations de Malthus sur le com-portement de la population occidentale, notamment anglaise8,l'absence d'études comparables de l'histoire de la populationchinoise a facilité la perpétuation de l'opposition dualiste élaboréepar Malthus9. Des observations superficielles par des voyageurseuropéens du xvme siècle sont devenues des vérités consacrées etles hypothèses malthusiennes, des théories reçues.

Tout cela, cependant, commence à changer. Des recense-ments et des sondages ont éclairé l'histoire démographique duxxe siècle10. De la même manière, des données inédites et denouvelles méthodes ont commencé à mettre en lumière l'histoiredémographique des xviii6 et xixe siècles11. Une recherche préli-minaire a reconstruit l'histoire de la population de la presquetotalité des i 700 ooo ooo de Chinois vivant depuis 1950 et des500 ooo parmi les 3 ooo ooo ooo de Chinois vivant aux xviif etXIXe siècles ainsi qu'au début du xxe siècle12. Même si cette recher-che commence seulement à dévoiler les variations régionales du

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Introduction ij

comportement de la population chinoise, d'importants contrastesavec le comportement de la population occidentale et mêmemalthusienne sont déjà évidents.

En conséquence, nous pouvons mieux évaluer les implicationsdes populations historiques et contemporaines de la Chine.Troisième pays du monde en superficie, la Chine est le pays leplus peuplé13. On compte présentement i 200 ooo ooo de Chinois,soit un cinquième de la population mondiale. Cette proportionétait même plus grande dans le passé14. Le Graphique 1.1 compareles populations chinoise et mondiale au cours des deux derniersmillénaires, période pour laquelle nous avons des données démo-graphiques. Durant cette période, un individu sur trois ou quatreétait un Chinois.

Dans cet ouvrage, nous présentons une synthèse de notre com-préhension de la démographie chinoise et élaborons un modèle

GRAPHIQUE 1.1 Populations chinoise et mondiale, 0-2000

Sources. Durand (1974); McEvedy et Jones (1978); Zhan Wenhn et Xie (1988).

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l8 LA POPULATION CHINOISE : MYTHES ET RÉALITÉS

stylisé du comportement démographique chinois qui remet encause le modèle « idéal » proposé d'abord par Malthus et déve-loppé par d'autres sur la base du comportement de la populationeuropéenne, surtout anglaise. À la suite de la révision de notreconnaissance courante de la société et de l'économie chinoisesau cours des trois derniers siècles, le comportement démographi-que chinois nous apparaît comme un modèle alternatif par rap-port au modèle malthusien des obstacles préventif et destructif.Il révèle aussi que plusieurs différences dans le comportement dela population en Orient et en Occident sont le produit de diffé-rences régionales et historiques dans l'organisation sociale plutôtque de différences dans les divers obstacles à la natalité15.

Réalités chinoises

Le système démographique chinois

Quatre traits distinctifs du comportement démographique histo-rique des Chinois, toujours valables aujourd'hui, caractérisent lacompréhension malthusienne du comportement comparatif dela population en général et chinoise en particulier. Rassemblés,ces traits définissent ce que nous appelons le système démogra-phique chinois16.

La mortalité est le premier héritage de cette sorte. Si, selonMalthus, « les famines furent l'obstacle destructif le plus puissantet le plus fréquent à la population chinoise» (1826/1986, p. 109;trad. P. et G. Prévost, I, p. 228), des études historiques récentesdonnent à penser que l'infanticide féminin fut peut-être encoreplus important dans la Chine impériale tardive (Lavely et Wong,1998)17. Dans certaines populations chinoises, les familles prati-quaient régulièrement l'infanticide pour réguler le nombre et lesexe de leurs enfants, avec des taux enregistrés atteignant 40 % desnaissances féminines18. Même les garçons étaient menacés par detelles pratiques. Par contraste, l'infanticide fut en général rare-ment pratiqué dans la société occidentale — du moins depuis leXVIIe siècle19. Même si l'infanticide déclina de manière spectacu-

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Introduction 19

laire en Chine au début du XXe siècle, les rapports de préférencedans les naissances continuent de favoriser les garçons, ce quiimplique la persistance de l'infanticide et de la négligence, maiscette fois réduits considérablement par comparaison avec le passé.En conséquence, le nombre moyen d'enfants de sexe fémininsurvivants jusqu'à l'âge adulte fut beaucoup plus faible en Chinequ'en Occident (Lee et Campbell, 1997, p. 62 et 67).

La surmortalité anormale des nouveau-nés et des enfants desexe féminin fournit le deuxième trait distinctif du système démo-graphique chinois : un marché du mariage déséquilibré au pointde vue des sexes. Les femmes se mariaient universellement etprécocement; les hommes se mariaient tardivement ou pas dutout. La rareté des femmes mariables fut exacerbée par la pratiquede la polygynie et le découragement du remariage des femmes.Mais tandis que le mariage en Occident fut toujours restreint pourles deux sexes, le mariage en Chine, au moins pour les femmes,fut toujours universel20. Au xixe siècle, par exemple, moins de 60 %des femmes âgées de 15 à 50 ans en Europe occidentale étaientmariées (Coale et Treadway, 1986), comparativement à près de90% pour la même tranche d'âge en Chine. Si, au XXe siècle, lemariage devint de plus en plus courant en Europe, pas moins de5 à 10% de toutes les femmes demeuraient non mariées à l'âgede 45 ans. En Chine, la proportion correspondante de vieillesfilles était pratiquement o%21.

Cette nuptialité élevée et persistante n'augmenta cependantpas outre mesure la fécondité chinoise et cela, en raison du troi-sième aspect distinctif du système démographique chinois, àsavoir le faible niveau de fécondité à l'intérieur du mariage22. Lesfemmes mariées occidentales avaient un taux de fécondité con-jugale total (TFCT) (le nombre d'enfants qu'une femme mariéeporterait durant sa vie si elle connaissait à chaque âge les taux defécondité d'une année donnée) de 7,5 à 923 ; en comparaison, lesfemmes mariées chinoises avaient un TFCT de 6 ou moins. Cefaible taux de fécondité est l'un des traits les plus distinctifs dusystème démographique chinois. Contrairement aux vues deMalthus et de ses contemporains qui croyaient à une fécondité

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Table des matières

Préface

PREMIERE PARTIE

Mythes

1 Introduction

2 Mythes malthusiens

DEUXIÈME PARTIE

Réalités

3 La subsistance

4 La mortalité

5 Le mariage

6 La fécondité

TROISIÈME PARTIE

Implications

7 Le système

8 La société

9 La démographie, l'idéologie et le politique

ANNEXE

Les sources de la population chinoise 1700-2000

Bibliographie

*3

31

53

79111

!39

171

199

225

239

253

7

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MARQUIS

M E M B R E D U G R O U P E S C A B R I N I

Québec, Canada2006

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