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Extrait de la publication… · Pouvoir d'achat,prix et salaires mouvement torrentiel et désordonné des prix, com-ment y voir clair, comment ordonner, au moins par la pensée, ce

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Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays.

© Éditions Gallimard, 1977.

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Introduction

« Les prix montent », « la vie est chère », « la vieest de plus en plus chère ». telles sont les phrasesque nous tous, Français moyens, répétons de plusen plus souvent. Nous avons tendance à les considé.

rer comme synonymes.

La hausse des prix est un phénomène endémiqueen France, et en bien d'autres pays, au moinsdepuis 1914. Depuis cette date en effet, la Francen'a connu qu'une seule période de «déflation»:1930 à 1935; le reste du temps, la hausse des prix aété incessante, parfois lente, parfois rapide (périodesd'inflation, dont la dernière a commencé en 1973).

C'est ainsi que l'indice du « coût de la vie»(indice raccordé I.N.S.E.E.), base 100 en 1914,valait 400 en 1925, 667 en 1938, 12000 en 1950,

48140 en 1975 (en maintenant les valeurs en

anciens francs). Cela veut dire que la moyenne desprix a, de 1914 à 1976, été multipliée par plus de5001 Nous verrons plus loin qu'il est possible dedonner d'autres estimations de la croissance du coût

de la vie. Cependant, l'ordre de grandeur est bientoujours de l'ordre de 500, chiffre qui évoque unehausse absurde. Comment prendre conscience de ce

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Pouvoir d'achat, prix et salaires

mouvement torrentiel et désordonné des prix, com-

ment y voir clair, comment ordonner, au moins parla pensée, ce désordre ininterrompu?

Car et c'est là l'objectif essentiel de ce livretous les prix ne montent pas dans la mêmeproportion. En fait, au cours de la récente inflation,tous les prix n'ont pas monté. Certains ont mêmebaissé, et quelques-uns beaucoup baissé. Unemachine à calculer électronique de poche, quicoûtait 1000 F en 1971, coûte, en 1976, 90 F. Le

fait est à peine croyable; il n'en est pas moinsprouvé par documents et tarifs.

La bicyclette la moins chère du catalogue de laManufacture de Saint-Étienne vaut 500 F en 1892;ses roues sont revêtues d'une bande de caoutchouc

plein; elle n'a qu'un seul frein, à action directe surle bandage avant. A partir de 1910, apparaissent lespneumatiques; la bicyclette coûte alors 135 F. En1967, elle est à 240 F (roue libre, deux freins,couvre-chaîne et garde-boue, porte-bagage, éclai-rage, catadioptre). En 1976, elle vaut 460 F. Le prixmonétaire est donc presque le même en 1892 et en1976 alors que les salaires sont passés de 0,29 F à9 Fi.

Les appareils de radio et de T.V., les réfrigéra-teurs, aspirateurs et autres appareils ménagers, lesampoules électriques, les glacesde grande dimen-sion et bien d'autres objets montrent des prix enbaisse par rapport à la moyenne. Par contre, le

1. Bien entendu, il s'agit de francs anciens en 1892 et de francsnouveaux en 1976, c'est-à-dire que le prix de la bicyclette a étémultiplié par 100 en francs anciens; mais nous venons de voir quela moyenne des indices I.N.S.E.E. donne plus de 500; et le salairea été multiplié de 0,29 à 900, soit de 1 à 2 600 (il s'agit ici desalaire direct).

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salaire horaire du manœuvre, la coupe de cheveux,l'hectare de bonne terre en Beauce, ont des prixqui montent beaucoup plus rapidement que l'en-semble des autres. Enfin, beaucoup de produits,surtout de type alimentaire, se tiennent dans lavariation moyenne fromage, farine, jambon.

Pour prendre conscience de ces événements, il est

commode de comparer les prix de 1974 (en francsnouveaux) avec ceux de -1925 (en francs anciens).En 1974, en effet, l'indice général des prix setrouve, avec l'unité monétaire nouvelle, avoir la

même valeur que cinquante ans plus tôt avecl'unité ancienne. Or, cette égalité des indices cachel'étonnante disparité des évolutions propres à

chaque élément de l'indice, disparité que le Tableau 1met en évidence.

Nous sommes ainsi mis en présence de la consta-tation fondamentale qui sera développée dans celivre: le. phénomène d'inflation existe, mais.lesvariations de prix sont dues également à unemultitude d'autres causes. L'on se trouve devant

une réalité complexe, multiforme. L'étude quisuivra tentera de donner les causes essentielles, et

ainsi de classer les produits selon le type d'évolution

de leur prix.On constatera qu'à long terme, la dispersion des

prix a pour cause prépondérante le progrès technique.Si, dans le tableau qui suit, la coupe de cheveux

pour hommes a un coefficient de variation égal à 3pendant que le récepteur de radio a le coefficient0,11, c'est qu'un important progrès technique estintervenu dans la fabrication des postes de radio,tandis que la coupe de cheveux pour hommes sefaisait pratiquement dans le même temps (15 à

TABLEAUI

DISPERSION DES PRIX DE 1925 A 1974

Coefficient 1925 1974

de francs francs

variation (1) anciens nouveaux

Indice I.N.S.E.E. du coût

de la vie. 1,00Salaire horaire total dumanœuvre 4,12 2,12 8,73

Salaire annuel total dumanœuvre (2) 3,42 5100 17460

Or (napoléon) 3,26 80(3) 260Un hectare de bonne terre

en Beauce. 3,30 6000 20000

Coupe de cheveux (hommes) 3,00 2,5 à 3 7 à 9Place de cinéma de « quar-

tier » 2,70 3 8Ticket de métro (2e classe) 2,05 0,39 0,80Bifteck (1 kg) 1,67 18,47 30,78Vin ordinaire (11) 1,69 1,34 2,26Petits pois (1 kg) 1,40 3,25 4,56Lait (1 iy 1,24 1,10 1,36Camembert 1,00 3,80 3,81Farine (1 kg) 1,00 2,27 2,27Crayons Conté (12) 1,00 5,00 5,00Merlans (1 kg) 0,94 6,38 5,96Jambon de Paris (1kg) 0,81 29,10 23,43Beurre laitier (1 kg) 0,73 18,54 13,52Bicyclette (4) 0,75 425 320Œufs (la douzaine) 0,65 8,37 5,45Confiture (5) 0,63 3,20 2,00kWh d'électricité (lre tran-

che) 0,48 1,00 0,48Ampoule électrique (100 W) 0,12 17,50 2,10Récepteur de radio (6) 0,11 2 700 300

(1) Rapport « Prix 1974 » (en francs nouveaux) sur « Prix 1925 (en francsanciens). Le coefficient 1,00 que l'on trouve sur la première ligne marque doncque la moyenne pondérée des prix des articles retenus dans l'indice a étémultipliée par 100 par l'inflation; mais elle s'est trouvée par ailleurs divisée,également par 100, par suite de l'institution du « franc nouveau », qui vaut100 francs anciens. De même pour toutes les lignes de ce tableau. Par ex. (der-nière ligne), le récepteur de radio, qui valait 2700 F de 1925 en 1925, a vu sonprix monter en 1974 à 300 FN (d'où le coefficient 0,11), ce qui fait 30 000 anciensfrancs (2 700 x 11).

(2) 2 400 heures de travail par an en 1924, 2 000 heures en 1974.(3) Marché libre (cours officiel 20 F).(4) La moins chère du catalogue Manufrance.(5) Pur fruit, pur sucre, cerises en 1925, abricots en 1974.(6) En 1925 5 lampes G.O., P.O.; en 1974 9 transistors, G.O., P.O., F.M.

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Introduction

20 minutes de travail de l'ouvrier coiffeur), en 1925

et en 1974. Il faut ajouter que le poste de radio de1974 rend un service bien supérieur à celui de 1925(qualité de son, F.M., possibilité de transport,légèreté.) alors que la coupe de cheveux reste unservice à peu près analogue. Donc à la baisserelative du prix du poste de radio s'ajoute un « effetqualité» accentuant le bénéfice de l'acheteur.

On verra qu'à long terme, l'influence du progrèstechnique est prépondérante par rapport à touteautre. A court terme, les effets qui apparaissentprimordiaux dans la théorie classique, c'est-à-direl'influence de la concurrence, de l'offre et de la

demande, jouent un rôle. Le but de ce livre n'estpas d'exposer la théorie classique, bien enseignéedans les « classes », mais de montrer que l'impact duprogrès technique efface à long terme les variationsde court terme et les rend négligeables. A longterme, et sauf exceptions en fait très rares, les prixde vente sont commandés par les prix de revient(coûts marginaux). C'est-à-dire que leur ordre degrandeur est déterminé par le nombre d'heures detravail totalL nécessaire pour fabriquer le produit ourendre le service. Le prix varie à l'inverse de laproductivité du travail de production.

Ce livre résume une trentaine d'années de

recherches sur les prix. Les règles de notre travailont été les suivantes

Raisonner le moins possible, car le raisonne-ment n'est pas une preuve; il ne sert qu'à stimulerla recherche et à faciliter la mémoire des faits. Il ne

suffit pas qu'un raisonnement soit rationnel pourqu'il soit vérifié par les faits observés. Mais, il nesuffit pas non plus qu'un raisonnement soit ration-

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nel pour qu'il soit en opposition avec le monde réel.Un raisonnement à la fois rationnel et vérifié parl'expérience est le propre de l'esprit scientifiqueexpérimental. C'est la confrontation du raisonne-ment avec l'expérience, avec l'observation du réelsensible, avec les statistiques numériques, qui seuleassure que le raisonnement a pris en considérationtous les facteurs qui se manifestent dans la réalité, etqu'il a assigné à chacun de ces facteurs le rôle qu'ila effectivement dans cette réalité.

ne s'agit pas de raisonner sur des idées, maissur des faits. En l'occurrence, les faits sont des prixobservés, enregistrés par des statisticiens ou relevéssur des catalogues ou des documents comptablesprésentant un caractère objectif. Les données noussont extérieures et s'imposent à nous d'une manièreindépendante de toute hypothèse et de toutethéorie préconçue. Si un catalogue de 1900 indiquequ'une bicyclette est vendue 375 F, telle est laréalité à décrire. Nous avons à expliquer ce fait, ce

chiffre, à nous former une rationalité qui en rendecompte (et non à récuser le fait observé, ou àl'ignorer, au nom d'une rationalité préconçue).

En conséquence, notre objectif n'est pas de.confronter nos idées à d'autres théories écono-

miques. Nous exposons seulement ce qui nousparaît utile pour expliquer les faits observés, tels qued'autres que nous les ont inscrits dans des cata-logues, dans des mercuriales, sur des quittances etdans des annuaires statistiques, en France et

partout dans le monde.

Rejeter l'abstraction autant qu'il est possiblene pas étudier les « prix» en général, encore moins

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la « valeur »; mais, successivement et concrètement,

le prix de telle marchandise, à telle date.Prendre conscience de l'évolution, et tenter de

l'expliquer. Le phénomène saisi de façon statique àun instant t n'a pas plus de chances de pouvoir êtreexpliqué que la millième image d'un film dontl'observateur n'aurait jamais vu les neuf centquatre-vingt-dix-neuf premières. C'est l'évolutionqui seule peut révéler le véritable sens d'un phéno-mène.

Il n'y a pas de science hors de l'espace. Lescomparaisons internationales nous apparaissentcomme un facteur puissant d'analyse. Elles révèlentles problèmes auxquels on ne penserait pas sanselles; des questions fécondes se posent. Par exem-ple pourquoi les services domestiques sont-ils pluschers aux États-Unis qu'en France, alors que lesréfrigérateurs y sont meilleur marché? Ainsi pour-rait-on parler d'économie géographique autant qued'économie politique.

Faire apparaitre les faits prépondérants, expli-quer la situation présente; aider à la prévision del'avenir.

Depuis une trentaine d'années, le « groupe derecherches sur l'évolution des prix » de l'Écolepratique des Hautes Études, puis le « Laboratoired'économétrie » du Conservatoire national des Arts

et Métiers, ont entrepris, sous notre direction etdans l'esprit qui vient d'être décrit, des recherchessur les prix.

Le but premier a été de connaître le plus grand

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nombre possible de prix, et ceci sur une périodeaussi longue que possible. Les étudiants de l'Écolepratique des Hautes Études ont réuni, selon leursgoûts et leurs possibilités, un grand nombre deséries de prix (environ 3000), la plupart remontantau moins au début du siècle. Certains d'entre eux

ont réalisé des monographies, concernant despériodes plus anciennes (le blé, les céréales, lethéâtre.), ou des produits particulièrement délicatsà suivre (les timbres-poste, les rails du chemin de

fer, les tableaux de maîtres.). Depuis quelquesannées, des recherches particulières ont été entre-

prises pour suivre des articles représentatifs d'uneconsommation courante les 213 articles choisis parl'I.N.S.E.E. pour son indice base 1949 ont étéretenus; les prix de ces 213 articles ont été recher-chés au plus loin possible dans le temps (pour laplupart jusqu'à 1910, mais pour un certain nombre,bien antérieurement), et prolongés autant quepossible jusqu'en 1976.

La difficulté principale d'une telle recherche estde réussir à assurer la continuité des séries. Nous

reviendrons sur ce problème. Notons dès mainte-nant que nous avons cherché à assurer la continuitéde la statistique à l'aide de la continuité dessources; la plus féconde pour nous a été la collectioncomplète des catalogues Manu france; certains prixrelevés par l'I.N.S.E.E. présentent également unremarquable caractère de continuité; nous regret-tons que ce ne soit pas le cas pour un nombreimportant d'autres.

Citons, parmi les sources des prix antérieurs à1875, le grand ouvrage de l'abbé Hanauer, Étudeséconomiques sur l'Alsace ancienne et moderne; pour

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le xvme siècle, les études de M. Labrousse ont été

précieuses. Pour les époques antérieures à 1700,nous avons de plus pratiqué quelques sondagesprudents à l'aide des -ouvrages de l'abbé Hanauer,de d'Avenel, de Mantellier, d'Yvonne Bezard, deRazeau. Une bibliographie est donnée en fin de

volume; les sources propres à chaque série sontindiquées dans le corps de l'ouvrage.

Notre objectif essentiel était de réunir des prix,de les connaître autant que possible sur une longuepériode. En général, nous publions le prix observé,tel qu'il est donné par la source où nous l'avonstrouvé, c'est-à-dire le prix constaté par l'observa-.teur en un lieu donné et à une date donnée, enmonnaie de l'époque, sans aucune conversion moné-taire, sans « manipulation » par quelque coefficientque ce soit. Ainsi, le lecteur pourra remontercommodément à la source pour contrôler notretravail. A ce prix observé, sont ajoutés soit le prixsalarial (prix « réel », voir chapitre Ier), soit unindice simple base 1914 ou 1949. Le lecteur pourraainsi, ensuite et surtout, suivre d'une manière

critique les confrontations et les calculs que nousavons faits à partir de ces sources.

Notre objectif était en effet, après avoir constituéautant de séries de prix qu'il serait possible,d'élaborer une « typologie » de ces séries, parclassement des prix selon le comportement quicaractérise leur évolution à long terme.

Cet ouvrage est donc ordonné selon la typologieque nous avons lentement élaborée. A long terme, leprix de revient et par conséquent le progrèstechnique sont prépondérants nous expliqueronscomment l'usage du prix salarial peut mettre ce

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facteur en évidence, puis nous passerons en revueun certain nombre de séries de prix, typiques destrois comportements « primaire », « secondaire» et« tertiaire ». Un chapitre à part sera consacré auxprix qui ne rentrent pas dans cette typologie.

La fin de l'ouvrage sera consacrée aux indicessynthétiques de prix, avec les réserves qui peuventleur être faites sur le plan théorique; quelquesindices seront néanmoins proposés, pour résumernos séries à long terme, comme représentant gros-sièrement mais efficacement la réalité observée.

LA THÉORIE DES PRIX.

Une théorie scientifique est un ensemble deprincipes, de « concepts », articulés « rationnelle-ment », capables de rendre possible au cerveauhumain une connaissance approximative mais effi-cace de la réalité observable par les sens. Lorsque lathéorie a fait ses preuves, elle permet au cerveau

qui l'utilise de deviner, de prévoir la réalité avantmême de l'avoir observée; elle économise donc

l'observation empirique, dans une mesure et avecune sûreté parfois énormes (ainsi, je puis, sansl'avoir observé effectivement, être sûr que le soleils'est couché à Paris le 12 juillet 1410 et qu'il selèvera le 12 juillet 1989 aux heures que donnent lescalendriers astronomiques, etc.).

Cela étant, nous résumons sommairement ainsi la

théorie de l'évolution des prix que nous exposons,développons et précisons dans le présent livre.

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Introduction

1. Les prix de vente des produits sont la récupéra-tion par les vendeurs des prix de revient, c'est-à-diredes unités monétaires qu'ils ont déboursées pour seprocurer eux-mêmes le produit et les élémentsconstitutifs de ce produit, pour rémunérer le travailqui a été nécessaire à sa production, pour payer lestaxes imposées par l'État et la Sécurité sociale,pour payer les investissements, machines, outils et

installations diverses, nécessaires à cette produc-tion.

2. Le prix de vente d'un bien ou d'un servicepeut donc être supérieur au prix de revient, mais ilne peut lui être inférieur que dans des cas excep-tionnels. A long terme, l'État seulement disposed'une puissance politique et financière suffisantepour désolidariser prix de vente et prix de revient.

a) Une entreprise privée, société ou personnephysique, ne peut vendre au-dessous de son prix derevient que si l'une au moins des trois conditionssuivantes est acquise

l'entreprise peut financer son déficit à l'aidede sa fortune propre et accepte de le faire;

l'entreprise reçoit des crédits pour comblerson déficit;

l'entreprise reçoit des subventions de l'État.Il est clair que seule la troisième de ces situations

peut être durable. Par exemple, l'État français alongtemps subventionné les compagnies privées dechemin de fer pour assurer l'extension de ce serviced'intérêt général à des régions de faible densitédémographique, et pour maintenir l'ensemble destarifs à des taux inférieurs au coût de revient. Par

exemple encore, aujourd'hui, l'État français sub-ventionne les établissements privés d'enseignement

Pouvoir d'achat, prix et salaires

à cause de la surcharge des établissements publicset dans l'intention de permettre la subsistance d'unenseignement « libre ». Mais il est clair que laréduction des prix de vente ainsi obtenue doit êtrefinancée par le budget de l'État, c'est-à-dire parl'impôt. Le coût qui n'est pas payé par lesacheteurs, consommateurs et usagers, doit l'être parles contribuables.

Dans les deux premiers cas, le déficit n'étantcomblé que par des moyens privés, la situation n'esttolérable que pendant des délais courts (crise

passagère, réorganisation en cours, « dumping »,délai avant cessation d'activité.).

b) Une entreprise publique peut par contre vendredurablement au-dessous de son prix de revient, si legouvernement accepte de financer indéfiniment sondéficit par le budget de l'État, c'est-à-dire parl'impôt.

Disposant de la puissance politique, l'État estalors le maître absolu du prix de vente. Il peut

même le rendre nul (enseignement public). Il peut àl'inverse réaliser de très forts bénéfices, par l'inter-diction de toute concurrence (tabacs).

3. Dans le cas général, en effet, la concurrencevient limiter les profits, c'est-à-dire maintenir lesprix de vente assez près des prix de revient de ceuxdes producteurs marginaux (les producteurs ditsmarginaux sont ceux dont les prix de revient sontles plus élevés, mais dont la disparition entraîneraitune chute de la production nationale au-dessous dela consommation nationale).

Le concept de concurrence est décrié par la modeintellectuelle d'aujourd'hui. L'observation prouvecependant que cette notion est nécessaire à la

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Introduction

connaissance du réel. Il n'est pas question de penserque cette concurrence est « parfaite »; mais il esttrompeur de croire qu'elle n'existe pas. La concur-rence est imparfaite, mais elle a cependant deseffets très réels.

Sur les centaines de milliers de prix que nousavons observés, les quatre-vingt-dix-neuf centièmesont révélé le poids prépondérant du prix de revientsur le prix de vente. Le profit reste, pour les grandsproduits de consommation courante, d'un ordre de

grandeur négligeable à long terme, par rapport auprix de revient les prix de vente sont, dans la réalitéobservée, du même ordre de grandeur que les prix derevient.

Par exemple; si le prix du kilo de pain en Franceest passé de 3 heures de salaire de manœuvre au

XVIIIe siècle, à 0,3 aujourd'hui, ce n'est pas parceque les profits étaient de 2,7 en 1750 et ont été

réduits de 2,7 en 1750 à zéro aujourd'hui; c'estparce que le prix de revient marginal est tombéd'environ 2,7 à environ 0,3.

De même, si le kilo de pain vaut un salairehoraire de manœuvre aujourd'hui à Prague, ce n'estpas parce que les profits y sont énormes; c'est parceque les prix de revient y sont encore ce qu'ilsétaient en France vers 1900.

4. Le prix de revient étant solidaire du prix devente ne peut, sauf manipulation fiscale, baisser

sérieusement et durablement que si le prix derevient baisse, c'est-à-dire si l'efficacité, la producti-vité du travail de production s'élève (si l'entreprisede production obtient plus de produit avec unedépense fixe). Inversement, tout accroissement

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