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Éditions Druide 1435, rue Saint-Alexandre, bureau 1040

Montréal (Québec) H3A 2G4

www.editionsdruide.com

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ÉCA RTS

Collection dirigée par Normand de Bellefeuille

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NOUVELLES DE CE RECUEIL DÉJÀ PARUES

« Les faits divers n’existent pas »Nouvelle parue dans Alibis, numéro 4, automne 2002

« La maison blonde »Mention spéciale du jury, Prix de la nouvelle Radio-Canada 2011-2012, parue dans Alibis, numéro 43, été 2012

« Le réveil »Nouvelle parue dans XYZ. La revue de la nouvelle, numéro 63, automne 2000

« Le Bill’s »Nouvelle parue dans Alibis, numéro 34, printemps 2010

« L’ange gardien »Nouvelle parue dans Stop (numéro virtuel), janvier 1999, et dans Alibis, numéro 16, automne 2005

« Le rendez-vous »Premier prix au concours de nouvelles Stop, septembre 1999

« Fin de soirée dans le métro »Nouvelle parue dans Alibis, numéro 22, printemps 2007

« Le graffiti »Nouvelle parue dans Alibis, numéro 27, été 2008

« La tombe attend »Nouvelle parue dans Alibis, numéro 13, hiver 2005

« Le commando »Nouvelle parue dans Alibis, numéro 19, été 2006

« Un voisin inoffensif »Nouvelle parue dans Alibis, numéro 7, été 2003

« La fugueuse »Nouvelle parue dans le recueil Samedi soir à Québec, éd. Botakap, 1997

« Le dormeur »Nouvelle parue dans XYZ. La revue de la nouvelle, numéro 59, automne 1999, et dans Alibis, numéro 29, hiver 2009

« Le passant »Nouvelle parue dans le recueil Les Plaines d’Abraham, éd. Botakap, 1998

« La rupture »Nouvelle parue dans Alibis, numéro 11, été 2004

« La confidence »Nouvelle écrite dans le cadre du colloque Réseau(x), mai 2001, sur invitation de l’Université Laval

« La veuve »Premier prix au concours d’écriture de nouvelles du CEULa, 1996

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L e s f a i t s d i v e r s n ’ e x i s t e n t p a s

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationalesdu Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Latulippe, Martine, 1971-Les faits divers n’existent pas : nouvelles(Écarts)

ISBN 978-2-89711-061-1I. Titre.

PS8573.A781F34 2013 C843’.54 C2013-941195-XPS9573.A781F34 2013

Direction littéraire : Normand de Bellefeuille Édition : Luc Roberge et Normand de Bellefeuille Révision linguistique : Diane Martin et Isabelle Chartrand-DelormeAssistance à la révision linguistique : Antidote 8 Maquette intérieure : Anne TremblayMise en pages et versions numériques : Studio C1C4Conception graphique de la couverture : www.annetremblay.comPhotographie en couverture : Julie BeaucheminPhotographie de l’auteur : Anaï GoufféDiffusion : Druide informatique Relations de presse : Mireille Bertrand

Les Éditions Druide remercient le Conseil des arts du Canada et la SODEC de leur soutien.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.

ISBN papier : 978-2-89711-061-1ISBN EPUB : 978-2-89711-062-8ISBN PDF : 978-2-89711-063-5

Éditions Druide inc.1435, rue Saint-Alexandre, bureau 1040Montréal (Québec) H3A 2G4Téléphone : 514-484-4998

Dépôt légal : 3e trimestre 2013Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Il est interdit de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

© 2013 Éditions Druide inc.www.editionsdruide.com

Imprimé au Canada

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L e s f a i t s d i v e r s n ’ e x i s t e n t p a s

Martine Latulippe

nouvel les

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Aux amis du Cercle, qui ont vu naître bon nombre de ces nouvelles :

Isabelle, Marc P., Marc S., Ricardo et Yanick

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L E S FA I T S DI V E R S N ’ E X IST E N T PA S

Si seulement, si seulement j’arrivais à détacher mes yeux de ton visage, un peu livide, c’est vrai, mais en-core si joli pourtant. Si jeune et déjà cadavre, je me répète, déjà cadavre, comme un titre un peu morbide, roman de ta vie, est-ce que ça te convient, dis-moi, ma jolie ? Déjà cadavre.

Et tout ça pourquoi ? Tout ça parce que tu as tou-jours voulu tout résoudre, c’est ce que je pense, ce que je crois, mais va savoir, au fond on ne se connaît pas. Je regarde ton corps, la plaie béante qui déchire ta peau, et dis-moi, pourquoi viser le cœur ? La tête, c’est bien plus efficace, c’est connu. Mais tu es restée si jolie que je crois que tout ça était intentionnel. Réfléchi. La tête, ça t’aurait abîmé tout le visage, et vraiment ç’aurait été dommage. J’aurais pu dire c’eût été, aussi, mais je ne suis pas un intello, moi, non mademoiselle, surtout pas un intello.

Juste un coup d’œil à ton cadavre jeune un peu re-croquevillé sous mes yeux, et tu sais ce que je pense ? Que tes amis ne se trompaient pas quand ils te sur-nommaient mère Teresa. Toujours voulu sauver le monde, hein, petite ? Tu étais en train de souper, ce

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12 L E S FA I T S DI V E R S N ’ E X I S T E N T PA S

soir-là, avec quatre amis. Et tu regardais le nombre de personnes assises autour de la table, et la tête qui se met à tourner : un, deux, trois, quatre, cinq… C’est qu’aux États-Unis, saviez-vous, une dame a noyé un à un ses cinq enfants, cinq petits corps vulnérables plongés dans l’eau du bain, comment est-ce possible, non mais dites-moi, quelqu’un comprend ? Et le visage baigné de larmes, et le regard plein de points d’interrogation, les mains qui tremblent. Autour de la table, on baisse les yeux, pourquoi encore gâcher ce souper, tu n’arrêtes donc jamais ? On s’amuse bien, on prend un verre, est-on vraiment obligés de sau-ver le monde, dis ? Tu te tais, tu baisses la tête, et tu comptes. Pas les moutons, non, pas pour dormir, pas du tout, tu comptes et tu souffres d’insomnie, tou-jours, avec tous ces chiffres dans ta tête. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq.

J’y suis, pas vrai ? Je regarde ton visage blanc qui refroidit lentement et il me semble le voir sourire un peu, petit sourire en coin qui n’est destiné qu’à moi, c’est visible, à moi qui n’arrive pas à en détacher les yeux. Un autre jour, tu marchais en forêt avec des amis, un orage éclate, et tu ne peux t’empêcher de leur dire, il faut que tu en parles, cette pauvre fille, on ne doit pas l’oublier, elle était si jeune encore, si enjouée, tout occupée à disputer une partie de volley quand la foudre a frappé, l’a frappée, elle, pourquoi elle plu-tôt qu’une autre, quelqu’un le sait ? Et de nouveau les soupirs, les reproches : mais arrête, enfin, laisse-nous vivre ! Tu devrais consulter, ou arrêter de lire les

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faits divers, ce n’est pas bon pour toi, avec une telle imagination.

Et personne pour leur dire que tu n’imagines rien, que tu n’as qu’à lire les journaux, que tu n’arrives pas à rester indifférente ; désolée, je voudrais bien, j’ai essayé, dites-moi comment vous vous y prenez. Mais tu sais qu’on aurait fini par ne plus t’inviter ? Tu vois, moi, j’ai compris. Un coup d’œil et j’ai tout compris. Nous aurions dû faire connaissance plus tôt, un cadavre pour dialoguer, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux, j’en conviens, mais je ne savais pas que tu exis-tais, que tu étais si près, je ne savais pas. Sans quoi nous aurions pu parler, des heures et des heures, je t’aurais écoutée, moi, j’aurais compris, moi, quand tu pleurais sur ce garçon que tu connaissais si peu, mais qui était si extraordinaire. Celui qui s’est éteint dans la chute glacée en finissant sa journée d’escalade. Je n’aurais pas soupiré, tu sais, ma belle, ne t’aurais rien reproché ; j’aurais fermé les yeux pour pleurer douce-ment avec toi. Et tu aurais continué, la tête sur mon épaule, parlant de celui qui est disparu ce printemps, qu’on n’a pas retrouvé encore, parlant de tes nuits d’insomnie passées à imaginer sa détresse, à essayer de comprendre, de deviner où il est passé, à t’alarmer sur l’état des parents, et qu’est-ce qu’on peut faire, qu’est-ce que je pourrais bien faire, dites-le-moi quelqu’un, qui le sait ? Je vous en prie…

Et enfin, résignée, désespérée, n’arrivant pas à trouver quoi faire pour alléger la détresse du monde, tu as renoncé. N’arrivant pas à maintenir en vie ces

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individus qui remplissent la colonne des faits divers malgré tous tes efforts pour en parler, pour garder leur souvenir vivant, mais qu’est-ce qu’on en a à faire, dis-nous ? demandaient tes amis. On ne le connaissait même pas, ce gars. On ne l’a jamais vue, cette fille. On ne les aurait jamais rencontrés, ces cinq enfants. Et personne ne voyait que quelqu’un avait existé, dans ce corps, sous cette mort affreuse, il y avait autre chose qu’un fait divers, quelqu’un que d’autres avaient connu, que d’autres avaient aimé.

Résolue à ne plus entendre les gens te dire : « On en a déjà bien assez avec nos problèmes, nos petits problèmes », tu as griffonné une courte phrase toute simple sur un bout de papier, tu l’as écrite pour moi, me semble-t-il, pour moi seulement, pour que je comprenne tout ça. Tu as écrit lentement, d’une main tremblante, avant de te tirer une balle en plein cœur : « Les faits divers n’existent pas. » C’est tout. Que ça. Et j’ai tout compris ; quand on a déplié le papier, que j’ai vu les mots tracés sur la feuille, j’ai tout compris, en un instant, comme s’il fallait que je te rencontre, que je sache avant de faire ce qui m’attend.

Car il faut que je te dise, petite, à toi qui te de-mandes sûrement ce que je fais là à causer avec ton cadavre recroquevillé, il faut que je te dise que je suis sincèrement désolé. J’effectue un boulot terrible, tu sais, et j’ignore combien de temps je vais tenir, tout comme toi, je n’en sais rien, et si tu pouvais désor-mais me donner un petit coup de pouce de là-haut, ou enfin de là-bas, je ne sais pas, mais toi tu sais,

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maintenant, alors si tu pouvais m’aider un peu à être fort. Car je suis ici pour le boulot, le rédacteur en chef m’a envoyé, je dois écrire un papier pour ma chro-nique, et demain, demain matin, ta mort figurera dans le journal, juste entre la dernière allocution du maire et l’annonce de l’inauguration d’un nouveau centre d’exposition, je suis désolé, petite, c’est tout ce qu’on a décidé de te réserver comme espace, même si on a hé-sité, à cause du petit papier griffonné, tu sais, « Les faits divers n’existent pas ». On a bien failli te classer dans la chronique Un monde insolite à cause de ce papier, mais finalement c’est moi qui ai hérité du dossier, et demain, je te présenterai dans la chronique de faits divers que j’écris chaque jour, oh, pas grand-chose, presque rien, deux ou trois lignes sur toi, et tout le monde aura vite oublié, sauf que moi, moi je n’oublie pas, et tous les cas qui t’ont empêchée de dormir, je les connais, je les écris, je m’en souviens, je n’oublie pas, non, et voilà un cas de plus qui m’empêchera de dor-mir cette nuit, et les nuits suivantes, quand je compte-rai dans ma tête les petits corps avant de sombrer dans un sommeil agité. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq.

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M a r tin e L at U Lippe

Croyez-le ou non, je suis une personne résolument opti-

miste et foncièrement joyeuse. Je vous comprendrais

d’être sceptique après la lecture de ces nouvelles très

noires, et pourtant, c’est vrai, je vous l’assure ! L’humain

me fascine, la vie sous toutes ses formes me passionne,

dans ses côtés lumineux comme dans ses côtés sombres,

que je ne peux m’empêcher d’essayer de comprendre,

d’avoir envie d’explorer. À mes yeux, la nouvelle se prête à

merveille à cette exploration. J’aime étonner le lecteur par

un retournement final, créer des ambiances, illustrer des

états d’âme en quelques pages à peine. J’essaie de faire

en sorte que mes textes soient à l’image de chacun des

faits divers racontés : incisifs, parfois brutaux, mais sur-

tout profondément humains.

Un merci particulier à Jean Pettigrew, qui a travaillé

avec moi nombre de ces nouvelles lors de leur première

publication, et à Normand de Bellefeuille, qui leur redonne

vie aujourd’hui.

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J U Lie Be aU C H e M in

Fantasme de photographe.

Lorsque je prends une photo, j’espère que celui qui la

regardera aura envie de m’en raconter l’histoire.

Et que cette histoire sera meilleure que celle que j’avais

moi-même imaginée.

Avec talent, ce n’est pas une, mais vingt et une histoires

meilleures que Martine Latulippe a su me raconter.

Fantasme de photographe comblé.

: :

Cette photo est la 164e d’une série de 366 photos intitulée

« 2012. Une photo par jour ». Série qu’il est possible de voir à

l’adresse suivante : www.juliebeaucheminphotographe.com

Ou sur ma page Facebook : Julie Beauchemin Photographe

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