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Extrait distribué par JC Gawsewitch Editeur · Guillaume Musso, 7 ans après ... Alexandre Jardin, Quinze ans après 373 Lettre ouverte à monsieur Francis Lalanne, profession :

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POURQUOI TANT D’E. N. ?

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DU MÊME AUTEUR

Bulgares, photographies de Jacko Vassilev, Contrejour,1994.

Petit déjeuner chez Tyrannie (suivi de Le Crétinismealpin par Pierre Jourde), La Fosse aux ours, 2003, etLivre de Poche, 2004.

Le Jourde & Naulleau. Précis de littérature du XXIe siècle,en collaboration avec Pierre Jourde, Mots et Cie,2004, et Mango, 2008.

Au secours, Houellebecq revient !, Chiflet & Cie, 2005.

La Situation des esprits, en collaboration avec Jean-Philippe Domecq, La Martinière, 2006, et Pocket,2012.

Parkeromane, Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2010.

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Éric Naulleau

POURQUOITANT D’E. N. ?

Chroniques et polémiques1992-2012

Jean-Claude Gawsewitch Éditeur

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© Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2012130, rue de Rivoli

75001 Pariswww.jcgawsewitch.com

ISBN : 978-2-35013-383-6

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Sommaire

Avant-propos 13

I. LITTÉRATURE

1. Les années du Matricule des Anges.Quinze émerveillements et un énervement 21

Paul Gadenne, La Rue profonde 21Alexandre Grine, La Chaîne d’or 23Anton Dontchev, Les Cent Frères de Manol 26Iouri Olecha, Nouvelles et récits et Pas un jour

sans une ligne 28Joseph Bulov, Yossik… 30Dumitru Tsepeneag, Hôtel Europa 32Franz Marc, Lettres du front et Les Cent

Aphorismes. La seconde vue 34Varlam Chalamov, Récits de Kolyma 37Francesco Biamonti, Attente sur la mer 41Danilo Kis, Les Lions mécaniques 43Imre Kertész, Un autre. Chronique d’une

métamorphose 45Nicole Caligaris, Barnum des ombres 47Jens Christian Grøndahl, Bruits du cœur 48Nicolas Bokov, La Zone de réponse 57

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W. G. Sebald, De la destruction commeélément de l’histoire naturelle 62

Virginie Despentes, King Kong théorie 64

Les dossiers du Matricule des Anges 67Ismail Kadaré 67Jørn Riel 93Claudio Magris 117Péter Esterházy 151

2. De Chronic’art à Paris Match 185

Michel Polac, La Vie incertaine 185Jonathan Littell, Les Bienveillantes 187La rentrée littéraire 190État de la critique littéraire 195Tout le monde se couche 205Bernard Quiriny, Les Assoiffées 208Igor et Grichka Bogdanov, La Mémoire double 209Amélie Nothomb, Tuer le père 212Patrice Delbourg, Un soir d’aquarium 214Mario Vargas Llosa, Le Rêve du Celte 216Lydie Salvayre, Hymne 218Jean-Claude Pirotte, Place des Savanes 220Philip Roth, Le Rabaissement 222Charles Dantzig, Dans un avion pour Caracas 224Pierre Lamalattie, 121 curriculum vitae

pour un tombeau et Portraits 226François Gibault, Singe 228Daniel Pennac, Journal d’un corps 230Gary Shteyngart, Super triste histoire d’amour 232Philippe Renonçay, Le Défaut du ciel 234Guillaume Musso, 7 ans après… 236Angelo Rinaldi, Les souvenirs sont au comptoir 238

Pourquoi tant d’E. N. ?

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Didier van Cauwelaert, Double identité 240Muriel Barbery, L’Élégance du hérisson 242Philippe Lançon, Les Îles 246

II. BANDE DESSINÉE

Intégrale Ric Hochet / Tibet et A.-P. Duchâteau,L’Homme de glace. Ric Hochet 251

Taka Takata 257Libérez Tintin ! 262

III. FOOTBALL

Hugoaaaaaal ! 269Hors champ du cygne 270Transferts et transfuges 271Enfants de la balle 273La valse des entraîneurs 274Copie qu’on forme 275Les odieux du stade 276Pour l’éternité 278Pourquoi le Botswana ? 279Oracle, ô désespoir ! 280Gros poissons et menu fretin 281L’avenir du passé 282Hongrois rêver 283D’amour ou d’eau fraîche 285Tintin pour la montée… 286L’Évangile selon saint Paul 287Talons et talonnades 288Équipe type 290Alain Reynaud-Fourton, L’Intrus 292

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La France CFA 294Avant que le coq ne déchante 295

IV. POLITIQUE

La « déception » un peu facile des intellectuels 301Autocritique 304Communautarisme : toujours plus loin ! 306Bombinettes 308Madame chante le blues 310

V. RADIO ET TÉLÉ

Pourquoi pas moi ? d’Aillodi Foutassan 315Justice pour Séguéla ! 317Petit Dictionnaire des injures politiques

de Bruno Fuligni 320L’amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder 323Retour à Dallas 326Homo comicus, ou l’Intégrisme de la rigolade

de François L’Yvonnet 329Passé(e) de mode ? de Viviane Blassel 332Que sont nos héros devenus ? 334De la caricature en général et des caricatures

en particulier 336Frédéric Beigbeder, attrape-coeur,

attrape-Salinger, attrape-couillon 338Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?

de Michel Drucker 341Murakami, c’est pas Versailles ! 343Le Jour et la Nuit de Bernard-Henri Lévy 344Exposition Larry Clark 346

Pourquoi tant d’E. N. ?

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Documentaires de première importance 348Houellebecq, bête à Goncourt 349Potiche de François Ozon 351Engagés à dégager 352Les Petits de Christine Angot 354Des gens très bien d’Alexandre Jardin 355Films à voir, films invisibles 357Comic strip pour une autre fois 358Bouffons ! 360Espaces en voie de disparition 362L’Hiver de la culture de Jean Clair 364Proust contre la déchéance de Joseph Czapski 365Touriste professionnel de Vincent Noyoux 367Sommes-nous tous antisémites ? 368De mal en Py ! 370Un héros de notre temps 371Alexandre Jardin, Quinze ans après 373Lettre ouverte à monsieur Francis Lalanne,

profession : poète-poète 376

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Avant-propos

Quand on aime, on a toujours vingt ans ; quand onaime les livres, il arrive parfois qu’on ait vingt ans decritiques au compteur. Ce dont s’avisa l’ami Gawse-witch un jour que nous déjeunions ensemble, décou-verte bientôt suivie d’une suggestion : pourquoi ne pasrassembler en volume un choix de ces articles ?J’accueillis avec grand enthousiasme la proposition deJean-Claude. Du moins sur le moment. Le lendemain,devant ces centaines de textes accumulés au fil dutemps, ces centaines de papiers à relire et à classer, etpour beaucoup à écarter, faute de place – Pourquoi tantd’E. N. ? représente à peine un tiers de l’ensemble –, jecommençais à le maudire, lui et ses idées à la retourne(pour rester poli). Littérature, cinéma et musique.Football, bande dessinée et politique. Presse, radio ettélévision. Coups de cœur et coups de gueule. Chro-niques, recensions et textes au long cours, du Matri-cule des Anges à Paris Match, de France Inter à RTL,d’On n’est pas couché à Ça balance à Paris. À revoirle jour, s’effondreraient-ils en poussière ou repren-draient-ils vie ? On allait savoir. Tant de fragmentsexhumés formeraient-ils un tout, mieux même, unensemble cohérent ? Qu’on en juge. Si écrire sur lesautres, c’est aussi écrire sur soi, toutes ces lignes fini-raient peut-être par dessiner un autoportrait. Qui nevoudrait connaître son véritable visage ?

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1992-2012 : un soupçon d’arbitraire affecte le choixde la première date retenue. Elle coïncide certes avecle début d’une collaboration régulière au bimestrielpuis mensuel Le Matricule des Anges, dirigé aujourd’huiencore par Philippe Savary et Thierry Guichard, deuxhéros montpelliérains de la cause écrite, au point quefeu Georges Frêche aurait été, selon moi, beaucoupmieux inspiré d’édifier des statues à leur effigie plutôtqu’à celle de Mao ou de Lénine sur la place du XXe-Siècle.Mais je donnerais cher pour retrouver l’article que jefis paraître vers 1977 sur Jean Giraud, alias Mœbius(il venait sous ce nom de faire paraître l’album inti-tulé L’Homme est-il bon ?). J’arrivai tout tremblant duhaut de mes seize ans devant cette légende vivante dela bande dessinée pour découvrir que j’avais oubliéchez moi les questions soigneusement rédigées à sonintention sur une feuille de papier quadrillé. Ma toutepremière interview débutait fort mal, même si l’artisterépondit avec beaucoup de gentillesse et en toutedécontraction à mes demandes improvisées, sans cesserde croquer à pleines dents une pomme verte, ce qui, lemoment venu, compliqua quelque peu la transcriptionde ses propos. Bien des années plus tard, à l’occasionde l’exposition « Mœbius transe forme » à la Fonda-tion Cartier, j’eus enfin l’occasion de raconter à JeanGiraud ces drôles de débuts dans la carrière – inutilede dire qu’il ne gardait aucun souvenir de l’épisode.À peine dix-huit mois plus tard, je ressentis la nouvellede sa mort comme un deuil personnel. Autre dispari-tion annoncée tandis que je commençais à rédiger cetavant-propos, celle de Michel Polac. Ressentie plusdurement encore, car je l’avais bien mieux connu queJean Giraud. Au long des hommages qui lui furentrendus, je regrette que l’animateur de Droit de réponse

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(émission restée fameuse pour son numéro du cendriervolant) ait trop souvent éclipsé l’amoureux de littéra-ture. Je ne ratais sous aucun prétexte sa chronique dansCharlie Hebdo, où il lui arriva de distinguer tel ou telouvrage édité par Sandrine Thévenet et moi-mêmeà l’enseigne de L’Esprit des péninsules (j’ai entre autresgardé en mémoire ses recensions enthousiastes duroman d’Alexeï Tolstoï Ibycus et du recueil denouvelles de Drago Jancar L’Élève de Joyce). J’eusensuite la chance de le côtoyer sur le plateau de Çabalance à Paris (à l’époque animé par Laurent Ruquier)et de le voir parfois en privé. Je reste aussi un grandamateur de ses propres ouvrages, à commencer par LaVie incertaine, roman de jeunesse dont on trouvera plusloin une brève critique, d’abord parue dans les pagesde Elle. J’en profite enfin pour préciser qu’au reboursde ce qu’il m’arrive de lire, je ne l’ai pas remplacé dansl’émission On n’est pas couché : on ne remplaçait pasM. Polac, on pouvait au mieux succéder à ce magni-fique lecteur, ce grand passeur de textes, qui nemarchandait ni ses admirations ni ses détestations (toutcomme, plus généralement, l’ambition d’un critique selimite à ne pas trop démériter de certains glorieuxaînés, comme Renaud Matignon, Angelo Rinaldi ouJérôme Garcin).

Si mon cœur d’adolescent s’emballait à l’idée derencontrer Jean Giraud, mon cœur d’adulte continuaitde battre un peu plus fort chaque fois qu’il s’agissaitd’aller rendre visite à un de mes héros littéraires (j’ail’admiration émotive, pourvu que ça dure !) : ClaudioMagris à Trieste, Péter Esterházy à Budapest ou, plussimplement, Jens Christian Grøndahl, Jørn Riel, sansoublier Ismail Kadaré, dans un appartement parisien– cinq auteurs « entretenus » dans les pages qui suivent,

Avant-propos

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cinq écrivains en forme de brillante constellation deslettres européennes, cinq œuvres majeures à découvrirsans plus tarder, si ce n’est déjà fait. J’aurais de mêmetant voulu faire figurer dans ces pages une conversationavec Paul Gadenne (1907-1956), romancier au capri-cieux destin posthume, dont les brèves apparitions surles radars de la postérité littéraire se payent ensuite delongues périodes d’oubli – en souvenir de l’éblouisse-ment causé par ma découverte dans les années 1980de La Plage de Scheveningen ou du Vent noir (au pointque, dans la foulée, je consacrai à son œuvre deuxmémoires universitaires), j’ai du moins souhaité que leprésent recueil s’ouvre par un texte sur l’un de ses plusbeaux romans : La Rue profonde. Les articles retenus àla suite de celui-ci éveillent pareillement l’écho d’unerencontre avec un livre – et du plaisir ou déplaisir quis’ensuivit. La Zone de réponse de l’étonnant NicolasBokov, passé de la dissidence en Union soviétique à lavie de clochard dans les rues de Paris, avant d’êtrefoudroyé par une révélation mystique, Barnum desombres de Nicole Caligaris, l’un de nos auteurs les plusoriginaux, l’une de nos plus brillantes stylistes, quidemeure pourtant encore méconnue du grand public,etc. Difficile de ne pas remarquer au passage untropisme est-européen dans la sélection finale (outreKadaré, Esterházy et Bokov, déjà cités : Grine, Olecha,Chalamov, Kis, Kertész…) – tandis que le musée deshorreurs expose plutôt des pièces made in France(Despentes, Salvayre, Dantzig, Pennac, Musso,Barbery…). Cette attirance pour l’Europe de l’Estremonte sans doute à la retransmission dans lesannées 1970 d’un match France-Bulgarie où, sur legrand tableau du stade de Sofia, je découvris avec unmélange de curiosité et d’indignation l’alphabet

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cyrillique (certains noms de joueurs de l’équipe deFrance se devinaient encore, d’autres en devenaientscandaleusement méconnaissables). Manière de direque je reste désespérément fidèle à mes émois dejeunesse : l’ancien « empire du mal », le football et labande dessinée, ces deux derniers domaines faisant icil’objet d’une bonne vingtaine de textes.

Que ce soit dans la République des lettres ou surun plateau de télévision, il demeure inusité, incongru,déplacé, voire imprudent (liste d’adjectifs à compléterpar le lecteur), d’exprimer sa véritable opinion sur lelivre du jour ou du soir. Dans la mesure où jem’obstinais dans cette étrange habitude, on me priarégulièrement de la justifier dans le cadre d’un entre-tien ou d’une tribune – on en trouvera ici égalementun échantillon représentatif. Ce qui nous ramène toutnaturellement à On n’est pas couché et à un paradoxe.Alors qu’il ne se passe pas un jour sans que l’onm’aborde dans la rue ou dans le métro pour évoquertelle ou telle péripétie de cette émission du temps oùj’y officiais avec le camarade Zemmour, le caractèreessentiellement improvisé de ces interventionsnocturnes rend malaisé de les restituer par écrit. Seulesexceptions en fin de volume : une lettre (imaginaire)que m’adressa un personnage (pas si imaginaire)d’Alexandre Jardin et le pastiche d’un poème deFrancis Lalanne, lequel, certains s’en souviennent, nefut guère du goût du pastiché.

Il est à présent temps de laisser le lecteur juger surpièces – à lui de trouver sa propre réponse à la ques-tion : pourquoi tant d’E. N. ?

Avant-propos

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I. LITTÉRATURE

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1.

Les années du Matricule des Anges.Quinze émerveillements

et un énervement

Paul Gadenne, La Rue profonde ; suivi dePoème à trois personnages, Le Dilettante,272 pages, 120 FF.

Septembre 1995

On notera tout d’abord avec plus ou moinsd’amusement qu’en chaque occasion où un petitéditeur attire à nouveau l’attention sur l’œuvre de PaulGadenne, les grandes maisons s’empressent opportuné-ment d’accompagner le mouvement. En cette matière,mention spéciale à Gallimard qui exhuma de son fondsL’Invitation chez les Stirl au moment précis où Le Toutsur le tout publiait La Rue profonde (1982), et quipropose aujourd’hui dans la collection « L’Imagi-naire »… L’Invitation chez les Stirl tandis que Le Dilet-tante édite à son tour… La Rue profonde. L’intérêt decette parution tient autant à la qualité du texte propre-ment dit qu’à l’addition en fin de volume d’uneversion inédite et antérieure d’une dizaine d’années deLa Rue profonde, intitulée Poème à trois personnages.Reynald Lahanque livra naguère dans la revue Sud une

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analyse comparée fort pertinente et quasi exhaustivedes deux variantes – depuis le choix des exerguesjusqu’aux références mythologiques : un cas d’écolepour chercheurs en critique génétique. Sur un canevassimilaire, nombre d’éléments de la fiction sont en effetsuccessivement affectés de valeurs différentes, voireopposées, et, plus singulièrement encore, le person-nage féminin principal du récit originel abandonne sonrôle dans La Rue profonde au profit de celle qui n’étaitqu’une figurante dans Poème à trois personnages.Imaginons une Madame Bovary bis où, par la volontéde Flaubert, Charles ne tomberait plus amoureuxd’Emma, mais d’une paysanne entrevue durant lascène des comices. Parue en 1948, La Rue profonde serattache aussi bien chronologiquement que thémati-quement à deux autres livres de Gadenne. Au Vent noir(1947) ce récit emprunte notamment un décor urbaind’apparence souvent panique – « sous les murs à demiécroulés, sous les façades aux fenêtres béantes, par où detemps à autre un arbre sort la tête pour me regarder oupasse son bras pour essayer de me prendre » –, quiconstitue moins une toile de fond qu’un protagonisteà part entière de l’intrigue. Et tout comme L’Avenue(1949), il se confond en partie avec une méditation surla création artistique, puisque le lecteur se trouve prisà témoin de la naissance puis de l’élaboration d’unpoème – « Il sera court. Une dizaine de vers tout au plus,étant donné que nous vivons dans les temps modernes »– et emprunte en compagnie du narrateur les voiestortueuses d’une inspiration parfois contrariée par laquête amoureuse menée parallèlement : « J’ai unennui : il se pourrait que tout cela retarde l’achèvementde mon poème. » Belle mise en abyme que ce poème àvenir dans un texte lui-même en chantier dont Poème à

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trois personnages révèle les fondations et les échafau-dages. Le passage d’un texte à l’autre permet en outrede saisir sur le vif le moment où Gadenne s’est dépêtréde certaines maladresses et naïvetés pour parvenir àmaturité. Dessertis de leur écrin romanesque – celuide Siloé ou des Hauts-Quartiers –, les grands thèmesgadenniens flottent ici dans l’atmosphère raréfiée d’unétat de grâce : « J’ai rendez-vous avec quantité de façadesdéchues, de cafés déserts, de fenêtres closes, de canauxobscurs et de ruelles insipides où personne ne m’attendmais où je suis pressé d’aller, pressé d’attendre, presséd’écouter le temps qui passe. »

E. N.

Alexandre Grine, La Chaîne d’or, traduitdu russe par Paul Lequesne, L’Âged’Homme, 160 pages, prix n. c.

Mars 1995

Si l’œuvre d’Alexandre Grine (1880-1932) demeureaujourd’hui encore malaisément rattachable à un genreprécis dans son pays d’origine, les aspects qu’en décou-vrent peu à peu les lecteurs français – à la faveur ducourageux travail de redécouverte entrepris par L’Âged’Homme – dévoilent un spectre littéraire susceptiblede restituer les plus subtiles nuances de l’onirisme.Les nouvelles de Chercheur d’aventure évoquent ainsiles proses maladives d’Edgar Poe, rêves d’encre pois-seux dont le lecteur peine à se désengluer, tel un

Littérature

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insomniaque empêtré dans ses draps moites. L’Automo-bile grise (écrite en 1923) n’est pas sans rappeler leprocédé que Robert Wiene avait appliqué quatreannées auparavant au cinéma avec Le Cabinet duDr Caligari, où les dehors grotesques du monde exté-rieur ne sont que la diffraction de celui-ci dans l’espritdérangé du personnage principal. Les Aventures deGinch s’attachent aux escapades d’un double nocturne(et presque homonyme) de Grine dans l’envers clan-destin de Pétersbourg, alors que L’Attrapeur de rats etL’Écuyère des vagues s’attirèrent un temps les foudresdes censeurs soviétiques dans la mesure où ces fictionsse présentaient aussi comme des interprétationscauchemardesques de l’utopie totalitaire. Mais le plusbeau livre de cet autodidacte aux cent et trois profes-sions reste peut-être Le Monde étincelant, ou les péré-grinations d’un individu capable de voler encompagnie des oiseaux, et même un peu plus haut,roman en rupture de toutes les pesanteurs et qui, tousfilins au vent, n’a pas fini de glisser dans les cieux denotre imaginaire. Dans cette perspective, La Chaîned’or paraît jouer d’un onirisme apaisé. Arraché à samorne existence d’apprenti matelot, Sandy Puel accèdede plain-pied au domaine de la fantaisie en acceptantde mener deux inconnus vers certaine île dominée parle palais d’un mystérieux millionnaire. Noyés dans unclair-obscur permanent – le nouveau venu ne sait riendes habitants et des rites de cet univers parallèle, et necomprend pas davantage les complots qui s’y tramentpour la possession d’un trésor inappréciable –, lesépisodes se lient les uns aux autres par des fondusenchaînés aux subtils dégradés, séquences d’un songeparfois haletant mais jamais véritablement oppressantcar empreint d’« un sublime sentiment de demi-terreur

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[dont] nous donnerons à la deuxième moitié le nom dejubilation ». Les divers rebondissements semblentrépondre aux vœux secrets du narrateur selon un prin-cipe qu’il énonce lui-même : « Je n’avais fait quedeviner ce que j’espérais », aussi bien qu’à ceux dulecteur, ce dont Alexandre Grine joue avec une francheironie lorsqu’il qualifie la fabuleuse demeure de« maison de cinéma bâtie pour la conspiration ». Récitinitiatique où les émois sexuels de l’adolescence sonttransposés en scènes hautement symboliques, depuisles réclusions dans une armoire ou dans la « longuefaille » d’un couloir souterrain jusqu’au travestisse-ment en femme du jeune protagoniste. Ce derniervivra et éprouvera par procuration les amoursembrouillées du richissime neurasthénique avant deparvenir à maturité, non sans que le roman multiplieau passage les fausses sorties, à la manière d’undormeur qui ne veut décidément pas se réveiller etinterrompre un si beau rêve.

E. N.

Littérature

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Anton Dontchev, Les Cent Frères deManol, traduit du bulgare par Ivan Evsta-tiev Obbov, Actes Sud, 480 pages,168 FF.

Juin 1995

Islamisées au fil du yatagan, les montagnes béniesdes dieux en vinrent à abriter une vallée de larmes.Les Cent Frères de Manol d’Anton Dontchev.

Une petite partie du public français découvrit toutd’abord ce roman historique écrit en 1960 au traversde son adaptation cinématographique, une superpro-duction bulgare présentée en 1988 au Festival deCannes sous un nom approximativement traduit dutitre original : Temps de violence (Vreme razdelno).Adaptation fort contestable d’un point de vue artis-tique – la profondeur et l’humanisme de l’œuvred’Anton Dontchev y laissaient place à un grossier sché-matisme –, et plus encore d’un point de vue idéolo-gique, puisque le tragique épisode historique qui sertd’argument au récit (l’islamisation forcée d’une valléebulgare au XVIIe siècle) fut localement utilisé commejustification a posteriori de la campagne de bulgarisa-tion des noms turcs menée à partir de 1984 par lerégime communiste. La parution des Cents Frères deManol permet donc enfin d’apprécier la juste et hautevaleur de ce livre qui revêt à la noire lueur du génocidebosniaque un surcroît d’actualité. Comment, en effet,ne pas établir un parallèle entre les sinistres théoriesdes purificateurs ethniques actuellement à l’œuvre enex-Yougoslavie et le dogmatisme d’un pacha résolu soit

Pourquoi tant d’E. N. ?

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à convertir par la violence, soit à exterminer toute unepopulation, rompant ainsi un équilibre précaire entredifférentes communautés : Bulgares orthodoxes,Pomaks (Bulgares de religion musulmane), Yürüks(bergers turcs établis en Bulgarie), sous l’autoritéproblématique d’un aga (seigneur), descendant desboyards de l’ancien royaume bulgare, et ouvrant letemps de toutes les ruptures, le cycle sans fin desviolences et contre-violences ? Même litanie demassacres, de viols et de pillages, même cynisme destyrans qui s’efforcent de détourner les critiques àl’encontre de leur dictature par l’expansionnisme et lasurenchère nationaliste, principe énoncé en ces termespar l’un des personnages : « Combats à l’extérieur pourne pas avoir à combattre à l’intérieur. » Le drame histo-rique que constituèrent l’assujettissement de laBulgarie à l’Empire ottoman et la fracture – plus tardconfirmée et aggravée par les partitions de la guerrefroide – qui s’ensuivit avec son environnement naturel,celui de l’Europe méditerranéenne, se trouve fréquem-ment exprimé de manière directe : « Souvenez-vous quele Rhodope domine le littoral de la Méditerranée, et quenul ne peut être maître de la mer si le littoral ne luiappartient pas. » Ou allégorique : « Le vent souffla dusud et nous tournâmes nos visages contre lui. Par tempsclair on aperçoit au sud le mont Ipsarion sur l’île deThasos, la citadelle vénitienne de Kavalla et le montAthos. On perçoit même parfois le scintillement de la merÉgée […]. À présent les incendies coupaient le Rhodopede la plaine égéenne et de la mer. » De même, le choixd’une narration organisée autour des fragments croisésde deux manuscrits, l’un rédigé par un moine bulgare,l’autre par le comte français passé de la cour deLouis XIV à celle du spahi Karaïbrahim après sa

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capture durant le siège de Candie, entend rappelerqu’un autre fil historique se rompt durablement encette fatale année 1668, celui qui unit deux des plusanciens pays d’Europe et qu’attesta plusieurs sièclesauparavant la commune inspiration du catharismeoccitan et du bogomilisme bulgare. Tout à la foisroman historique, déclaration d’amour à l’une des plusbelles régions de Bulgarie – le massif du Rhodope – etœuvre métonymique où le destin d’une nation vautpour celui de l’ensemble des Balkans, ce roman-fleuven’évoque rien de moins que Capétan Michel de NíkosKazantzákis.

E. N.

Iouri Olecha, Nouvelles et récits et Pas unjour sans une ligne, traduits du russe parPaul Lequesne, L’Âge d’Homme, 248 et282 pages, 120 et 130 FF.

Septembre 1995

Tout comme les carottes géologiques dévoilent lepassé de la Terre au moyen d’échantillons superposés,l’organisation chronologique des Nouvelles et récits deIouri Olecha (1899-1960) rappelle en coupe les gelset dégels de la littérature soviétique, les péripéties d’uncombat inégal entre quelques-uns des plus grands écri-vains de ce siècle et les idéologues staliniens. Toutefois,nulle nécessité en la circonstance de posséder undiplôme en paléontologie ou d’effectuer des tests aucarbone 14, tant il apparaît avec évidence que les

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choses se gâtent à partir de 1932. Avant cette date, lestextes de Iouri Olecha se répartissent entre des récitsempreints d’un sens de l’absurde dévastateur (L’Amour,Le Noyau de cerise), qui rappelle Daniil Harms parendroits, et des évocations fondées sur ses souvenirs depetit garçon (La Chaîne, Je regarde dans le passé), oùl’auteur excelle à traduire le langage muet d’un flaconpharmaceutique, les palabres inouïes entre une armoireet une horloge, bref, ces voix secrètes que tous lesenfants distinguent et dont quelques écrivains sesouviennent. Dans cette dernière veine, le texted’ouverture (Liompa) tient du fulgurant chef-d’œuvre.Après 1932, si les figures imposées à la gloire du paysdes Soviets alternent avec les exercices de style poussifs,il serait cependant dommage de passer outre, carquelque éclair vient avec bonheur de temps à autretrouer la grisaille, tandis que le discours prononcé en1934 devant le premier Congrès des écrivains sovié-tiques et le scénario d’un film intitulé Le Jeune Hommesévère (écrit la même année) constituent des docu-ments passionnants sur les contradictions psycholo-giques et artistiques que s’efforçaient vainement desurmonter les auteurs de l’époque.

En introduction à Pas de jour sans une ligne, IouriOlecha avance que la forme courte correspondrait auxtemps modernes dans la mesure où il ne serait plusguère possible de lire que « dans le métro, sinon mêmedans les escalators ». Malgré tout, les fragments icirassemblés – qu’il rédigea quotidiennement à partir de1930 et qui ne furent organisés que plusieurs annéesaprès sa mort par Victor Chklovski selon quelquesthèmes principaux (l’enfance, Odessa, Moscou…) –évoquent moins un éloge de la vitesse que les tentativesproustiennes de retrouver le temps perdu, voire, plus

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près de nous, les expériences d’André Hardellet pouréprouver physiquement les sensations perdues del’enfance : « Mon Dieu, voilà, je vais tendre le bras, lecarton va se retrouver à nouveau dans ma main… etl’instant va revivre ! » Chacun de ces éclats de prosesuscite une émotion différente et leur combinaisonéquivaut à un enchantement ininterrompu. Tantôt ilsemble que Iouri Olecha trace ces lignes dans la pous-sière de craie en suspension pour l’éternité dans unesalle de classe d’Odessa, tantôt ce sont les yeux « incom-parables » de Maïakovski qui vous fixent au détourd’une page. De manière un peu inattendue, les annéesde vieillesse coïncident avec les plus inoubliablesmorceaux d’anthologie, lorsque l’auteur compare sontalent littéraire à une « statue qui se retourne lourdementdans [son] corps » ou quand les souvenirs des enfants etdes petits-enfants qu’il n’a pourtant jamais eus vien-nent parasiter sa mémoire. Ce livre d’une vie pourraitbien être celui de l’année.

E. N.

Joseph Bulov, Yossik…, traduit du yiddishpar Batia Baum, Phébus, 464 pages,149 FF.

Juin 1996

Tout le monde n’a pas eu la chance de vivre uneenfance misérable… Ainsi pourrait s’énoncer la devisede celui que l’on connaissait jusqu’alors comme ledéfunt animateur du Théâtre juif de New York.

Pourquoi tant d’E. N. ?

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