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CRIMINOLOGIE Année universitaire 2007-2008 Nicolas Loué Les Les « violences « violences urbaines » urbaines »

Faculté de Droit et des Sciences Politiques de Nantes · Web viewE.Macé : Les violences dites « urbaines » et la ville, du désordre public au conflit dans l’espace public ,

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CRIMINOLOGIE

Année universitaire 2007-2008

Nicolas LouéHosny Rassoul

Jimmy Simonnot

Les « violences Les « violences urbaines »urbaines »

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«   VIOLENCES URBAINES   »

« La force de ces émeutes (novembre 2005), leur mérite « objectif », par delà toutes les critiques légitimes que l’on peut adresser à leurs auteurs au noms de ceux qui en furent victimes, tient en ceci : elles ont démontré qu’un problème que l’on avait cru sinon résolu, du moins remisé au second plan grâce à un traitement voulu plus vigoureux, n’avait fait que s’accroître. Pour le coup on peut dire que la nature du diagnostic autant que l’efficacité de la politique conduite jusqu'à présent font sérieusement problème. »1

Introduction

Comme toute construction intellectuelle, il est nécessaire avant de commencer toute étude de s'attacher aux définitions des termes, de manière isolée (violence ou urbain), puis combinée (violence et urbain), afin de baliser notre espace de réflexion.

Il est généralement admis l’existence de deux types de violences : la violence objective et la violence subjective. La violence objective est celle qui est reconnaissable de facto, quantifiable, de portée universelle. En l'occurrence, il peut s'agir d'une infraction définie dans le code pénal. Par contre, la violence subjective est la représentation personnelle de celui qui l'a subie ou qui l'a décrit.

L’interaction de la violence objective et subjective permet de distinguer différentes analyses:

approches institutionnelle, collective ou individuelle; produit d'un blocage, un dysfonctionnement des institutions; moyen en vue d'une fin (forme d’expression)

Concernant le terme « urbain », il est généralement entendu comme le faitd'une personne d'appartenir à la ville, id.est une zone concentrant une forte densité de population, mais également les communes centres, de banlieues et les villes isolées. Toutefois, il est nécessaire d'observer que ce terme est rarement utilisé de manière isolé. En l'occurrence, on parle souvent de pôle urbain, ou unité urbaine, ou zone urbaine sensible , ou encore de violences dites « urbaines ».

Originellement, le terme « violences urbaines » a été créée par le langage policier dans les années 80. Ensuite, ce terme a été accaparé par les médias et les politiciens afin de rendre compte de situations de violences exceptionnelles, telles que les émeutes. Les émeutes dans les cités commencèrent en 1981 à Lyon au quartier des Minguettes. Cet événement marquait l’émergence du problème des banlieues. La prise de conscience du problème s’est enclenché par la médiatisation de la fameuse marche des Beurs en décembre 1983. La réponse politique fut une valorisation de cette jeunesse, pour qu’elle prenne sa place dans une France dite black-blanc-beur. Dans ces quartiers, a donc commencé à apparaître un sentiment de désespoir et d’autodérision dont témoignent les récents événements de novembre 2005, et bien d'autres entre temps. Néanmoins, il est nécessaire de noter que les violences urbaines ne se limitent pas qu'à la seule représentation des émeutes, mais aussi aux dégradations de biens et bâtiments publics, voire certaines incivilités. Autrement dit, la notion a été grandement étendue aux atteintes aux biens. Par conséquent, aux regards de ces éléments, on peut arguer qu'il existe différentes approches de la notion de « violences urbaines », et qu'il n'y a pas a priori de définition objective, claire, nette et précise de ce que l'on entend par une telle 1 J. Donzelot, quand la ville se défait : quelle politique face à la crise des banlieues ? (seuil, Paris, 2006)

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terminologie. Malgré tout, il existe différentes approches subjectives de cette notion. Par exemple, selon S. Roché, il s'agit d'une « menace portée par des groupes à risques qu'il faut contenir »; alors que selon F. Bailleau et C. Gorgeon, elles sont la « conséquence des politiques de gestion urbaines (politiques de logement, éducation, emploi, jeunesse) ».

Face à ces éléments, un constat s'impose. Les contours et l'objet de la notion de « violences urbaines » sont extrêmement flous. Pourtant, de manière paradoxale, le terme suscite un engouement particulier et est admis par tous. Dès lors, la problématique qui se pose est de savoir ce que recouvre précisément ce terme et quels sont les usages qui en sont faits. En effet, victime d’un usage banalisé tant du point de vue médiatique que politique (I), on verra qu'il s’agit d'un « artifice »qui semble a posteriori être voué à la stigmatisation des quartiers sensibles (II).

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I] Violences urbaines : L’usage banalisé d’une notion floue

INTRODUCTION.................................................................1I. VIOLENCES URBAINES : L’USAGE BANALISÉ D’UNE NOTION FLOUE......................................................3

A. CONSTAT D’UNE BANALISATION POLITIQUE ET MÉDIATIQUE DES VIOLENCES URBAINES OU LE MÉPRIS SOCIAL ...................................................................................3

1. « Violences urbaines » politisées : un mouvement de fond sécuritaire ou « l’habilité de magiciens »...................32. « Violences urbaines » médiatisées : mise à jour d’un malaise social rendu banal..................................................4

a) Du malaise social à la violence urbaine........................4b) Un traitement banalisé, ciblé et amplifié des violences urbaines.............................................................................5

B. ESQUISSES DE DÉFINITION D’UNE NOTION FLOU : APPROCHES EXPLICATIVES DU PHÉNOMÈNE DE VIOLENCES URBAINES................................................................................6

II. UTILISATION D’UN TERME ARTIFICIEL VOUÉ À LA STIGMATISATION DES QUARTIERS SENSIBLES8

A. LE CONTENU « OFFICIEL» DES VIOLENCES URBAINES : UNE SÉLECTION ARBITRAIRE ET ÉVOLUTIVE..................................8B. LES « VIOLENCES URBAINES »: UN PARTICULARISME « APOCRYPHE » (AUTHENTICITÉ NON AVÉRÉE) ...................14C. LES « VIOLENCES URBAINES », UN OUTIL AMPLIFICATEUR DE STIGMATISATION DES « QUARTIERS SENSIBLES » PAR LE VECTEUR URBAIN..................................................................18

BIBLIOGRAPHIE..............................................................22

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I] Violences urbaines : L’usage banalisé d’une notion floue

I.Violences urbaines : l’usage banalisé d’une notion floueLa notion de « violences urbaines » ne peut s’appréhender sans partir d’un constat

politico-médiatique de faits sociaux banalisés. Cette vision minimaliste conduit à une appréhension simpliste du phénomène (A). Cependant l’absence de consensus traduit par différentes approches de spécialistes ne permet pas de faire émerger une définition homogène des « violences urbaines ». Dès lors la notion demeure floue (B).

A. Constat d’une banalisation politique et médiatique des violences urbaines ou le mépris social

« La banlieue excite les phantasmes les plus divers ainsi que les discours explicatifs grevés de lourds préjugés. La conjonction de la campagne électorale, de la colonisation du discours politique et médiatique par les grilles d’analyses policières, et du développement de nouvelles formes de violences urbaines en fournit l’illustration. Analysés suivant le seul prisme de l’insécurité, les quartiers populaires n’apparaissent plus tant comme un lieu de souffrances que comme un sanctuaire de comportements illégaux en attente de réponses pénales. »2

1.« Violences urbaines » politisées : un mouvement de fond sécuritaire ou « l’habilité de magiciens »

L’expression « violences urbaines », si usitée en France, qui appartient presque au vocabulaire courant à été inventée par la police. L’expression a tout d’abord été créée par la 10ème section des renseignements généraux de la préfecture de police de Paris (RGPP) en 1988. Elle sera ensuite popularisée par la direction centrale des renseignements généraux (DCRG), qui la diffusera en direction des médias.

Le terme « violence urbaine », avec d’autres tels que « sentiment d’insécurité » et « incivilité », tentent de restituer les contours contemporains de l’insécurité. Cependant, les systèmes judiciaire et policier sont retissant à employer de telles expressions qui ne font pas écho au code pénal. Ce n’est donc pas un hasard que se soit les RG, et non pas la police judiciaire, plus étroitement liée aux questions de procédure, qui aient apporté ces mots dans le vocabulaire policier.

La création de ces termes traduit un fait important : les qualifications juridiques préexistantes ne suffisent plus, pour analyser la dynamique générale de l’insécurité. Le droit se révèle inadapté comme outil de compréhension des faits sociaux.

L’expression « violences urbaines » est donc devenue une catégorie centrale du discours policier sur la délinquance au tournant des années 1980 et 1990. Au cours de la décennie suivante, cette expression va se banaliser progressivement dans l’ensemble de la société au point de devenir pratiquement quotidienne dans les médias, d’être reprise par les décideurs publics jusqu’à constituer une catégorie de l’action gouvernementale. « Rarement une notion consacrée d’abord par son usage policier aura connu un tel succès (politique) […]. La magie de ce succès n’a pas opérée par un mystérieux enchantement, elle a requis l’habileté de magiciens »3.

En effet, on a progressivement constaté que, dès les années 80, les politiques (élus locaux, membres du gouvernement) ont employé des discours « durs » sur l’insécurité locale. L’introduction et la reprise de termes tels que « ghetto », « zones de non-droit », « cités

2 P.Rimbert, « envahissants experts de la tolérance zéro » le monde diplomatique, février 20013 L. Mucchielli, « L’expertise policière des violences urbaines », revue « information sociale », n°92, p 14-83,2001

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interdites », personnes « irrécupérables », « sauvageons », ou encore « racailles » nourri les peurs des administrés, qu’elles soient fondées ou non. Le poids des mots, dans les rhétoriques politiques, parfois guerrières, prend alors tout son sens. En effet, les discours permettent aux politiques, d’une part, d’investir la scène publique en répondant aux attentes sécuritaires (provoquées), et d’autre part, de désigner sous l’étiquette sécuritaire quels sont les problèmes, et comment les résoudre.

Certains auteurs en arrivent même à parler de « populisme punitif »4 dans la mesure où les politiques se fondent sur l’exploitation de l’insécurité pour se forger un soutien populaire. Ils utilisent, par là, des discours simplificateurs et des solutions dites de « bon sens » envers des citoyens considérés comme victimes. Aussi, des responsables des insécurités sont désignés, et les politiques, en empruntant la thématique de « tolérance zéro », se proposent de restaurer l’ordre local et de réprimer systématiquement tous les signes de désordres.

Le terme de « violences urbaines » prend alors tous son sens politique à travers ce mouvement de fond sécuritaire. Les médias vont s’en faire le relais.

2.« Violences urbaines » médiatisées : mise à jour d’un malaise social rendu banal

a)Du malaise social à la violence urbaine

Le problème des « violences urbaines » a véritablement surgi en 1981 avec les rodéos des Minguettes, il est repris dans la presse comme un événement de surprise, d’inattendu, d’imprévisible, alors même que ce phénomène existait bien avant mais qu’il n’avait suscité aucune attention. Dans une première période allant jusqu’en 1992, cet intérêt retombe mais certains journaux continuent de faire du problème des banlieues leur sujet de prédilection (Figaro, France soir, Nouvel Observateur : « La guerre des pierres ou Intifada », L’Express : « Les casseurs des ghettos) en y associant immigration et violence, donnant la représentation d’un territoire social spécifique, ayant des règles de vie propre etc. Ce n’est qu’ensuite, à partir de 1995, et grâce à une conjoncture politique favorable, que l’inquiétude va gagner des journaux qui jusqu’alors restaient minimalistes et insistaient sur les problèmes sociaux de ces quartiers (Le Monde par exemple). Les « violences urbaines » gagnent alors en extension et en flou, englobant des comportements très divers.

« Commence ainsi à s’établir une sorte de constat dominant sur la brutalité dont font preuve à l’égard de la plupart des autorités, des enfants et adolescents mal ou pas socialisés aux normes de la vie en société et sur l’urgence qu’il y a à en arrêter le cours. Un consensus unissant tous les interprètes autorisés du malaise des banlieues est en train de se cristalliser sur le caractère radicalement nouveau et inédit des phénomènes observés et sur la nécessité de les réprimer pour empêcher la contagion de la violence. ».5

A partir de 1998, la « violence urbaine » va devenir un véritable enjeu politique et un problème d’état. Les initiatives gouvernementales vont donner lieu à des débats, critiques et commentaires. A cela va venir s’ajouter un réseau élargi d’expertises (administrations constituées en observatoire de la violence produisant des statistiques et analyses nourries de leur pratique : police, justice, écoles etc.) qui viendront consolider les points de vue adoptés par les journalistes par des visions toujours plus alarmistes mais travaillées, qui donnent un sens plus technique à cette lecture négationniste du problème. On a donc assisté à une reformulation du malaise des banlieues en un problème de violence. Le problème n’était donc 4 J. Ferret, C.Mouhanna, peur sur les villes, (Puf, Paris, 2005)5 ? Anne Collovald, Maître de conférences en sciences politique à l’Université Paris X Nanterre. Chapitre 1 Page 43 in F. Bailleau, C. Gorgeon « Prévention et sécurité : Vers un nouvel ordre social » (Div, Paris, 2000)

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plus d’ordre social, mais il devenait un problème d’ordre public, impliquant une réorientation des politiques mises en place.

Face à l’augmentation et la transformation des faits constatés de « délinquance », de nouvelles catégories de comportement voient le jour : « violences urbaines » « incivilités » envahissent alors les discours des professionnels de la prévention et de la sécurité.

Les années 90 ont donc mis en évidence, un débat sur l’insécurité et les « violence urbaines » dont l’importance ne s’est pas démentie depuis. Le terme en tant que tel n’était pas vraiment nouveau, mais le débat public qu’il a suscité s’est considérablement renouvelé dans la période en question.

b)Un traitement banalisé, ciblé et amplifié des violences urbaines

Force est de constater que se posent aujourd’hui de sérieux problèmes relatifs aux répercutions du traitement journalistique des « violences urbaines ». Pour certains observateurs, il existerait, dans la retranscription de la réalité du phénomène, trois modes de traitement, trois logiques interprétatives de ces violences.

La première forme peut s’incarner dans un traitement « routinier » de l’information issu de la multiplication et de la répétition d’évènements de faible intensité. Un tel régime peut conduire à traiter les violences urbaines dans l’écueil d’une information banalisée, occultée. Le journaliste peut alors être tenté de se restreindre aux informations fournies par la police et le gouvernement pour témoigner des faits urbains. Dès lors, le travail journalistique semble être réservé aux seuls cas de « violences urbaines » d’une exceptionnel ampleur. Cela correspond au second mode de traitement de ces violences. Seuls sont sélectionnés les faits suffisamment choquants d’un point de vue moral, et d’une intensité particulière. Les scènes d’émeutes constituent alors la référence, notamment au sein de la presse télévisée. Il en résulte que le destinataire de ce type d’informations peut avoir une vision restreinte du phénomène de « violences urbaines » assimilée aux seules émeutes. Une troisième forme, procédant des régimes précédents de traitement, peut alors se dessiner : le régime d’amplification. Il semble constituer le principal danger dans le traitement de l’information journalistique puisqu’il ne rend pas compte de toute la « réalité » urbaine. Les concepteurs de cette division tripartite du traitement journalistique des violences urbaines scindent le régime d’amplification en deux composantes. D’une part, une amplification qui est issue d’un sur-traitement ciblé et dramatisé de certaines « violences urbaines ». D’autre part, une amplification qui incite certains destinataires à imiter les faits urbains retransmis, pour devenir eux-mêmes acteurs des violences urbaines dans une logique de revendication et de surenchère.6

En conséquence, le travail journalistique semble avoir banalisé, ciblé et amplifié les « violences urbaines ». Certains auteurs le dénoncent ouvertement en exposant le rôle des médias sur la production de ces actes.7 Il ne s’agit pas de dire que les journalistes sont des incitateurs directs à la réalisation de tels actes. Néanmoins, l’implication particulière des médias, dans ces faits urbains, traduit implicitement une forme de coproduction, déformation, stigmatisation du phénomène, à travers une logique de « provocation ».8

A travers cet état des lieux politique et médiatique des « faits urbains », on constate que la notion de « violence urbaine » est employée de manière simpliste au sein du débat public

6 A. Peralva, E. Macé « média et violences urbaines » (DF, Paris, 2002)7 S. Roché, « le frisson de l’émeute : violences urbaines et banlieues », (Seuil, Paris, 2006) chapitre 4, la contagion, 758 L. Mucchielli, Violences et insécurité : fantasmes et réalités dans le débat français, (La découverte, Paris, 2002) 18-21

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dans les questions de société que sont l’insécurité, la délinquance et l’urbanisme. Cependant, au delà de ce constat, que faut-il « entendre » par cette notion?

B.Esquisses de définition d’une notion flou : Approches explicatives du phénomène de violences urbaines

Les spécialistes des questions relatives à la sécurité, à la violence et à la crise sociale ont tentés d’approcher la notion et de la cadrer dans un contexte. On remarque aussitôt que les théories exposées diffèrent les unes aux autres dans cette tentative de délimitation. Cependant ces esquisses théoriques s’accordent au moins sur le fait que la notion de « violences urbaines », même si elle est constamment usitée, demeure difficile à appréhender. Dans le flou, ce concept devient un tout, vide de sens et de portée.

Selon S. Beaud, et M.. Pialoux, les « violences urbaines » sont caractérisées par un « retour des classes dangereuses ». les auteurs estiment que les violences urbaines s'expliqueraient par le manque d'éducation, l'oisiveté et l'errance noctambule, la consommation de cannabis, l'absence de normes provoquant le non-respect de la loi, de l'autorité, de la morale et de la politesse. Toutefois, comme le remarque F. Dubet, bien que repris à outrance dans le débat publique, ce discours simpliste est constitué de préjugés et clichés bourgeois traditionnels. En effet, comment des classes dangereuses peuvent être de retour, alors qu'elles n'ont jamais cessé d'exister?

Selon A. Bauer, les violences urbaines reflètent « une criminalité croissante et primitive ».  Il considère qu'il s'agit d'une catégorie cohérente, même si sa dénomination pénale est toujours inexistante. Cette violence s'exprimerait de manière brutale, discontinue, aux origines et causes connues: « les actes commis relèvent tous d'une criminalité primitive souvent brutale et pas toujours organisée. Au niveau basique des violences urbaines nulle sophistication mais une simple activité prédatrice, nulle froideur calculatrice, mais une succession de bouffées de violences, de crises entrecoupées de période de passivité, voire d'abattement. Ces violences ont des auteurs à l'âge et références sociales définie; elles se produisent enfin sur des territoires bien précis ».

En dépit d'éléments qui peuvent sembler probant, on ne peut que rester dubitatif face à une affirmation dénuée de toute authenticité.

Selon E.Macé, les violences urbaines seraient une euphémisation d'une violence sociale, symbolique qui trouve donc ni cadre, ni lieu d'expression. Autrement dit, le terme de « violences urbaines » serait inapproprié, car les problèmes de fond ne seraient pas simplement urbain, mais plus profondément d'ordre économique, social et politique, comme on le verra dans notre seconde partie.

Pour F. Bailleau, C. Gorgeon, C. Bahmann et N. Le Guennec ou encore J. Donzelot, les violences urbaines seraient les conséquences des politiques de gestion de la ville et de l'aménagement urbain, considérées comme les causes de la désorganisation sociale et de la désocialisation propice à la déviance, en particulier au sein des grands ensembles.

D'après S. Roché, le terme de «violences urbaines » est inadapté. En lieu et place, il préfère parler de « troubles péri-urbains ». Il argue que les violences urbaines ne désignent pas une catégorie juridique, mais un ensemble de phénomènes disparates: « il s'agit de menaces sporadiques portés par des groupes qu'il faut contenir ».Toutefois, l'auteur s'empresse de distinguer les violences urbaines des émeutes. En effet, il soutient qu'une émeute est « une conjonction dans le temps et dans l'espace de différents comportements qu'on nomme en France violences urbaines ». Autrement dit, la somme des violences urbaines peut constituer une émeute, ce qui est fort plausible.

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I] Violences urbaines : L’usage banalisé d’une notion floue

Enfin, selon L. Muchielli, les violences urbaines sont ni plus, ni moins que des émeutes. Il estime que les violences urbaines désignent des conduites clairement délictueuses. Toutefois, il ne s'agit pas d'une catégorie scientifique, du fait de son manque de cohérence avérée. Face à ce constat, il apporte sa contribution en essayant de déterminer les contours d'une possible définition reflétant l'aspect émeutier dominant des violences urbaines: « il s'agit de comportements de groupe (premier critère) auxquels les acteurs donnent le sens de manifestations légitimes de colère et de vengeance (deuxième de critère), dirigés contre un adversaire institutionnel (troisième critère).

Au vu de ces approches, on peut constater que les différents auteurs ne s’accordent pas sur l’existence et l’explication d’une telle notion. Cependant, L’approche la plus crédible semble être celle développée par Sébastian Roché. En effet, pour lui, les violences urbaines ne désignent pas une catégorie juridique mais un ensemble de phénomènes disparates. Toutefois, en dépit de ce brouillard intellectuel, la notion reste admise et usitée dans le débat public, ce qui conduit de facto à son acceptation.

Au delà de la question du discernement, alors même que sa définition crée des dissidences, que contient cette notion flou ? Comment les mesure-t-on? Dès lors, si l’appréhension du contenant « violences urbaines » ne nous a pas permis de faire émerger un concept clair et objectif, son contenu pourra t’il justifier l’usage ce terme. Tel est l'enjeu de notre seconde partie.

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II] Utilisation d’un terme artificiel voué à la stigmatisation des quartiers sensibles

II.Utilisation d’un terme artificiel voué à la stigmatisation des quartiers sensibles

A partir des mesures et des catégorisations existantes relatives aux « violences urbaines » (A), est-il possible de particulariser cet ensemble de phénomènes disparates à travers un dénominateur commun ? (B). Le contenu des « violences urbaines » viendrait-il justifier l’usage du contenant, ou ne serait-ce qu’un artifice voué à la stigmatisation des « quartiers sensibles »? (C).

A.Le contenu « officiel» des violences urbaines : une sélection arbitraire et évolutive

A titre préliminaire, il faut rappeler que le terme « violence urbaine » n’a ni qualification pénale, ni définition opératoire. On ne le trouve ni dans le Code pénal, ni dans l’état 4001, outil statistique sur les crimes et délits constatés par les services de police et les unités de gendarmerie. Autrement dit, aucun individu ne sera poursuivi ni traduit devant une juridiction pour avoir commis une ou des « violences urbaines ».

En 1991, la direction centrale des renseignements généraux (DCRG) crée un outil statistique dont la vocation est de mesurer l’évolution des violences urbaines. La méthode utilisée vise à analyser les violences urbaines à travers une grille de lecture spécifique dans près de 1 000 quartiers classés sensibles.

Le but est de dégager des indicateurs de la violence permettant à la section « ville et banlieues » de la DCRG, de construire une échelle de la violence en fonction de la gravité des faits constatés. Cet instrument de mesure se veut être le seul outil « statistique » dans l’établissement d’une cartographie des quartiers touchés par les violences urbaines.

Degrés Formes caractéristiques1 Vandalisme sans connotation anti-institutionnelle ; razzias dans les

commerces ; rodéos de voitures volées puis incendiées ; délinquance crapuleuse en bande contre des particuliers ; rixes, règlements de compte entre bandes

2Provocations collectives contre les vigiles ; injures verbales et gestuelles

contre les adultes, le voisinage, les porteurs d’uniforme, les enseignants ; petit vandalisme envers les institutions (écoles, postes de police, salles collectives municipales, etc.)

3 Agressions physiques anti-institutionnelles sur porteurs d’uniforme, agents publics (contrôleurs, pompiers, militaires) ou des enseignants

4 Attroupements menaçants envers les policiers ; lapidation des voitures de patrouille ; Attroupements lors d’interventions de police ; menaces téléphoniques aux policiers ; lapidations des voitures de patrouille ; manifestations devant les commissariats ; chasses aux dealers.

5 Attroupements vindicatifs freinant les interventions investissements des commissariats ; trafics divers visibles (recel, drogue)

6 Agressions physiques sur des policiers ; attaque ouverte des commissariats ; guet-apens contre les policiers ; « pare-chocages ».

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II] Utilisation d’un terme artificiel voué à la stigmatisation des quartiers sensibles

7 Vandalisme massif (saccage de vitrine, incendie de voitures, jet de cocktails molotov)

8 Saccages et pillages ; agressions de particuliers ; affrontements avec les forces de l’ordre ; guérillas; émeutes

Cette échelle, abandonné en 1999 car considérée comme développant une vision trop subjective, ne mesure pas véritablement les phénomènes de violences en général, mais principalement les tensions surgissant entre les jeunes et les représentants de l’État (policiers).

Fin 1999, la direction centrale de la sécurité publique, en partenariat avec la direction centrale des renseignements généraux, élabore sa propre base de données sur « violences urbaines » : le SAIVU (Système d'analyse informatique des violences urbaines). Ce dispositif s’appuie sur l’échelle déjà élaborée par la DCRG qui interprète « la nature du trouble social provoqué par le fait de violence urbaine ». Le SAIVU reprend donc le classement, en huit degrés de gravité, de « l’échelle Bui-Trong ». Il s’agit, en l’espèce, de recenser tous les faits de violences urbaines, qualifiés de :

« tout acte violent commis contre des biens, des personnes, ou des symboles des institutions par des individus jeunes, agissant ou soupçonnés d’avoir agi en groupes (au moins trois individus), structurés ou de circonstance, avec une volonté de maîtrise d’un territoire. Ces actes de violences peuvent aussi bien être spontanés, qu’en réponse à un évènement précis, ou être élaborés dans le cadre d’une volonté délibérée de provocation »9.

Selon le dispositif mis en oeuvre, le recueillement des données se faisait par le biais des rapports journaliers, les synthèses de permanence, les rapports des îlotiers, le registre de la main-courante, les contraventions des quatre premières classes relevées par les fonctionnaires de police et entrant dans le champ d’application de la définition des violences urbaines. Toutefois, il convient de préciser qu’il ne découlait pas nécessairement d’un dépôt de plainte.

Le SAIVU d’une extrême complexité, a également été abandonné à la fin de l’année 2002 car il donnait une image déformée de la réalité, tant sur le plan géographique, que sur le plan des faits puisque de très nombreux faits de délinquance (crimes, délits et contraventions) n’étaient pas systématiquement répertoriés ou étaient considérés comme des actes de violences urbaines sans nécessairement avoir le « caractère ».

Suite à l’abandon du SAIVU la direction centrale de la sécurité publique met en place en 2003, un nouvel outil de mesure. Cet outil était à l’usage exclusif de la sécurité publique et n’a jamais fait l’objet d’une validation de la direction générale de la police nationale.

Sont alors comptabilisés « faits de violences urbaines » tous les actes collectifs ayant troublé gravement l’ordre public avec la volonté de déstabiliser les institutions. La nomenclature ne comprend plus que 18 indicateurs :

Indicateurs Actes

1 Attroupement armé

9 Note Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP) 9 septembre 2004, adaptation à la française de la définition consacrée en 1995 par le Conseil de l’Europe

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II] Utilisation d’un terme artificiel voué à la stigmatisation des quartiers sensibles

2 Dégradation bâtiment public par action collective

3 Dégradation mobilier urbain par engin incendiaire

4 Destruction bâtiment public par action collective

5 Destruction mobilier urbain par engin incendiaire

6 Entraves aux secours et prise à partie collective

7 Guet-apens

8 Jet de projectiles

9 Jet d’engins incendiaires

10 Rébellion collective avec arme

11 Rébellion en réunion

12 Règlement de compte entre bandes

13 Véhicules incendiés de violence urbaine

14 Violences collectives

15 Violences collectives avec arme

16 Violences en réunion dans les transports publics

17 Vols, violences, réunion dans commerce

18 Autres faits

Début 2004, la section « villes et banlieues » de la DCRG (aujourd’hui renommée section « dérives urbaines ») a indiqué à l’observatoire national de la délinquance ne plus centraliser que les informations portant sur les émeutes, le nombre de décès suite à des actes qualifiés « violences urbaines » et les réactions dites « collectives à l'insécurité » (grèves des enseignants, des transporteurs, droit de retrait, etc.). La DCRG centralisait également le nombre de véhicules brûlés, considérant cette section comme un « bon indicateur des violences urbaines et jugé relativement fiable » :

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II] Utilisation d’un terme artificiel voué à la stigmatisation des quartiers sensibles

Les renseignements généraux raisonnaient également en terme de « quartiers » en rédigeant, pour chacun d’entre eux, des monographies. Ainsi, près de 615 quartiers étaient suivis par la DCRG à travers le prisme de l'échelle de la violence « Bui-Trong »

Début 2005, sur instruction du cabinet du ministre, la direction générale de la police nationale a piloté un groupe de travail chargé de construire un nouvel indicateur national intégrant les chiffres de la préfecture de police et de la gendarmerie nationale : l’indicateur national des violences urbaines (INVU). Il se présente sous la forme d’un tableau de bord mensuel type comprenant neuf index :

Index Actes

1 Incendies de véhicules

2 Incendies de biens publics

3 Incendies de poubelles

4 Violences collectives à l’encontre des services de sécurité de secours et de santé

5 Jets de projectiles

6 Occupations de halls d’immeubles

7 Dégradations de mobilier urbain

8 Affrontements entre bandes

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9 Rodéos automobiles

Indicateur National des VU et Direction générale de la Police Nationale (Indicateur officiel police), et Observatoire National de la délinquance début 2005 recense :

Les services de police et de gendarmerie ont enregistré au cours du premier semestre 2006 :

Interpellations d’auteurs 2166 dont 1886 gardés à vue

Faits entrant dans la grille de l’I.N.V.U. 51289

Incendies de véhicules (bus, voitures légères, motos, cyclomoteurs)

21013

Il faut remarquer que les véhicules ne sont pas incendiés volontairement que pour des motifs de « violences urbaines ». En effet, les justifications sont nombreuses:

- escroqueries à l’assurance,

- vengeance entre personnes,

- faire disparaître les traces et indices après le vol d’un véhicule.

- incendies accidentels dont la cause n’est pas immédiatement identifiée.

- propagation de l’incendie à d’autres véhicules du fait de leur proximité (exemple parkings)

Incendies de biens publics 2999

Feux de poubelles 13357

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II] Utilisation d’un terme artificiel voué à la stigmatisation des quartiers sensibles

Actes de violences collectives à l’encontre des services de sécurité

2882

Jets de projectiles et d’engins incendiaires 4167

Occupations des halls d’immeubles 188

Dégradations de mobilier urbain 3901

Affrontements entre bandes 113

Rodéos automobiles 2669

Enfin, face à la multitude des divers comportements catégorisés l’Observatoire National de la Délinquance, dans un souci de simplification et d’adaptation de la notion, a récemment exprimé la volonté de donner une nouvelle catégorisation de ces violences s’appuyant sur trois comportements infractionnels principaux :

1] des violences collectives non crapuleuses ayant pour objet l’intimidation ou l’agression de représentants identifiables des services publics,

2] la destruction de biens privés ou publics en vue de provoquer dans la population un fort retentissement émotionnel et avec pour objectif la déstabilisation de l’ordre public au sens large du terme,

3] les affrontements entre bandes et reposant sur la « défense d’un territoire » ou la protection d’un trafic.

Il résulte de ces classifications, que l’appréhension des « violences urbaines » par les autorités, se fait de manière arbitraire dans une évolution opaque de lisibilité, intégrant des comportements non violent (occupations des halls d’immeubles) ou même inqualifiable (attroupement armé). Dès lors « il conviendrait, avant toute chose, de déterminer une définition précise du fait, puis de savoir s’il est possible de le quantifier, et enfin d’envisager son utilité en terme d’analyse des évènements ou de descellement précoce. Alors cet outil pourrait avoir un sens ».10. En d’autre terme l’émergence d’un contenant clair apparaît indispensable pour appréhender son contenu sans dérives arbitraires.

La typologie classique des « violences urbaines » construite par les sources officielles ne semble donc pas adhérer en totalité au discours public relatif à ces violences. En effet, les classifications se réfère principalement aux atteintes portées contre les institutions (OND), alors que les médias et les politiques, utilisent un terme banalisé de manière plus étendu. Certains auteurs ont pu le constater à travers une « modification de la structure de la violence »11. Ainsi comme le relève Sébastian Roché : « Les « violences urbaines » françaises […] ne désigne pas spécifiquement des formes d’affrontement collectives mais couvre un grand éventail de comportements allant du tag à l’insulte, du petit feu de poubelle au petit jet de caillou »12. Il met en avant une conception élargie des violences urbaines comme le soutient également Alain Bauer : « les actes de violences urbaines recensés par la Police National : Racket, coups et blessures, rixes, règlements de comptes, « dépouilles », vols avec violence, razzias visant les commerces, incendies de biens publics et privés, dont véhicules, « rodéos » de voitures volées, violences à finalité criminelle liées aux bandes, dont guerres de gangs, violences collectives anti-policières, guet-apens visant tout représentant de l’autorité

10 Rapport OND mars 2006, in A. Bauer et C. Soulez, peut on mesurer les violences urbaines, 453, 45711 E. Renault : « Précarité sociales et violences urbaines. »12 S. Roché : « Le frisson de l’émeute, violences urbaines et banlieues »,(Seuil, Paris, 2006) 33

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ou « intrus » dans la cité, représailles visant à instaurer la loi du silence, etc. ; et reprise de la typologie des violences urbaines pour 2003 selon la Gendarmerie Nationale :  Violences contre les forces de l’ordre, Violences dans les transports, Violences scolaires, Violences contre les commerces, Violences contre les biens, dont incendies de voitures, Violences contre les personnes »

Force est de constater que le cumul des classifications institutionnelles et le discours politico-médiatique englobe, à travers la notion de violence urbaine, non plus seulement les atteintes aux institutions (violences portées contre des biens publiques) mais également d’atteintes à l’ordre social (violences physiques entre jeunes ou contre des habitants par exemple).

Dès lors, les contenus officiels ajoutés aux discours politico médiatique iraient dans le sens d’un particularisme de ces violences. Une délinquance commise dans le milieu urbain justifierait-il l’emploi du terme « violences urbaine » ? Cependant cela est-il pertinent ?

B.Les « violences urbaines »: un particularisme « apocryphe » (authenticité non avérée)

Comme nous avons pu le constater, il n’existerait pas de catégories d’actes spécifiques aux « violences urbaines ». Il s’agirait alors de voir dans ce phénomène un particularisme territorial. En effet, lorsque l’on observe les différents comportements recensé dans le contenant « violences urbaines », seul le vecteur urbain semble pouvoir englober et justifier un tel contenu. Ainsi, l’interprétation du contenu officiel, combiné avec les discours politico médiatique verrait dans l’urbain un espace de violences spécifiques, s’opposant en particulier au contexte rural. Cela s’expliquerait donc par la simple territorialisation d’une violence ordinaire issue des grands ensembles.

Or, dans un pays aussi urbanisé que la France (comme le constate les sources INSEE ci-dessous), les violences observées en milieu rural et urbain ne diffèrent pas, à un tel point que certains s’inquiètent de la montée des violences « urbaines » jusque dans les bourgs et les villages13.

Population urbaine et rurale en France métropolitaine           en millions    Population urbaine Population rurale Population urbaine en France1936 22,1 19,7 53%  1954 24,5 18,2 57%  1962 29,4 17,1 63%  1968 34,8 14,9 70%  1975 38,4 14,2 73%  1982 39,9 14,5 74%  1990 41,9 14,7 75%  1999 44,2 14,3 76%     Source : Insee, recensements de la population.        

13 L.Bui-Trong, Les violences urbaines à l’échelle des RG, état des lieux pour 1998, Cahiers de la sécurité intérieure, n°33, 1998, p. 215-224.

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DCRG, violences urbaines en nombre d’actes recensés en France métropolitaine (2001)(Note 1: Les RG mesurent les actes qu’ils assimilent aux « violences urbaines » à l’échelle de la France entière et non pas à partir des zones urbaines)(note2: on remarque que la montée des violences urbaines coïncident avec l’augmentation de la population urbaine en France métropolitaine (tableau de l'économie française et tableau de la DCRG)

Selon Macé, S’il existe une violence spécifique du milieu rural, c’est la violence dite « paysanne », mais qui se rapporte à un groupe socioprofessionnel plutôt qu’à un contexte territorial, et qui apparaît pour l’essentiel comme une violence instrumentale et directement politique, y compris dans ses dimensions délinquante et émeutières. Par ailleurs, il apparaît que certains crimes et délits violents commis plutôt en milieu urbain, comme le grand

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banditisme ou les règlements de comptes entre truands, ne sont pas considérés a priori comme faisant partie des violences « urbaines ».14

Ce que l’on appelait « violence urbaine » il y a quelques années, et qui regroupait alors des faits infractionnels commis en très grande majorité dans des lieux à forte densité d’habitants, n’est plus l’apanage des banlieues. De nombreuses communes rurales, situées en zone de compétence gendarmerie, ont aujourd’hui à connaître des phénomènes identiques à ceux se déroulant dans certains quartiers difficiles de l’hexagone. Certes, ils sont moins nombreux, d’une plus faible intensité et plus sporadiques, mais le terme urbain ne permet plus, à lui seul, de qualifier un phénomène qui touche de nombreuses zones aux caractéristiques urbanistiques ou sociodémographiques très différentes.15

(On constate à partir de ces tableaux et graphique, que les mêmes actes sont commis aussi bien dans le milieu urbain que rural de manière quasi proportionnel à la taille de la population)

14 E.Macé : Les violences dites « urbaines » et la ville, du désordre public au conflit dans l’espace public , Les 83-84 (1999) Annales de la Recherche Urbaine, 59-6415 Rapport OND mars 2006, in A. Bauer et C. Soulez, peut on mesurer les violences urbaines

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On remarque à partir de ces graphiques qu’il n’y a qu’une partie des violences dites « urbaines » recensés dans les sources officielles. De prime abord, on serait tenté de dire qu’une telle absence confirmerait la thèse d’un particularisme effectif quand à la caractérisation urbaine de ces violences. Or, ce que l’on se doit de garder à l’esprit c’est que dans le cadre d’une comparaison entre l’urbain et le rural, le caractère cantonné de ce type de violence à la ville, devrait être mis à l’épreuve. Malheureusement, il n’y a eu aucunes recherches, aucun travail statistique quand à la portée du terme des « violences urbaines » au niveau rural. En effet, si dans le nouvel indicateur national des violences urbaines certaines infractions choisies au sein des neuf index paraissent pertinents, d’autres semblent encore imprécises, voire même inutilisées dans d’autres comparaisons statistiques. Autrement dit, ce qui appert en fait, c’est que le particularisme des violences urbaines perd tout son sens et sa portée dans une comparaison urbain/rural, car ce qui est mis en valeur n’est autre qu’une délinquance basique commune. De ce fait, comment peut-on avancer que les catégories utilisées par les sources officielles sont spécifiquement urbaines alors que l’on n’a pas recherché à déterminer si de tels actes peuvent être également commis dans le milieu rural.

Il ne s’agirait donc pas d’actes spécifiques au milieu urbain puisque rien ne le démontre. Le vecteur urbain de ces actes avancé par les sources officielles pour quantifier (et justifier) les « violences urbaines » ne serait alors qu’un artifice.

On peut donc penser qu’il s’agit d’une délinquance classique qui est stigmatisée par ces sources officielles par le fait que celle-ci se réalise dans le milieu urbain, c’est à dire les grands ensembles, où se concentrent de nombreux problèmes sociaux, une forte masse de population multiethnique, et un grand nombre de « jeunes » touchés par un malaise social.

C.Les « violences urbaines », un outil amplificateur de stigmatisation des « quartiers sensibles » par le vecteur urbain

Comme nous venons de le démontrer, « l’expression de violences urbaines ne va pas de soi, d’autant qu’elle apparaît typiquement française. Il est certes question de délinquance, de criminalité, d’insécurité, voire d’émeute, dans la plupart des pays riches. Mais, là où les autres sociétés nationales (Exemple : Grande Bretagne) désignent un problème économique, social, psychopathologique, ethnique ou juvénile, les français qualifient ce problème d’urbain. Or, ce qualificatif est problématique. Si « urbain » renvoie à l’espace concret de la ville, ce qualificatif est inapproprié parce que trop vague. L’usage du terme « urbain » pour qualifier certaines formes de violences semble alors une euphémisation de rapports sociaux et culturels de domination dont le territoire urbain est la scène plutôt que la cause. La dimension urbaine renvoie donc à un espace public et politique conflictuel de cette violence. »

Autrement dit, la notion « violences urbaines » est un simulacre terminologique venant masquer des problèmes sociaux divers et variés.

« L’implicite de l’expression française « violences urbaines » est donc le suivant : sont ainsi désignés des conduites violentes, collectives de jeunes de sexe masculin, souvent issus de l’immigration et vivant dans des quartiers populaires périphériques (les « banlieues ») ; ces conduites présentant à la fois des dimensions inciviles (infra-pénale), délinquantes et anti-institutionnelles. Cette implicite des violences « urbaines » à la française s’incarne dans la figure de jeunes, souvent originaires d’Afrique noire ou du Maghreb, qui imposent leurs conduites violentes aux autres jeunes et aux adultes de ces quartiers, qui brûlent les voitures privées, dégradent et détruisent les équipements publics et qui agressent ou affrontent tous les représentants de l’autorité et du service public, dans un crescendo pouvant aller jusqu’à

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l’émeute, mais ne donnant lieu qu’exceptionnellement à des violences graves entraînant la mort. »16.

En d’autres termes, l’usage ciblé de cette notion floue mène à la stigmatisation d’une population et des zones d’habitations déterminées.

« Dès lors, il s’agit de désigner certains comportements d’une partie de la jeunesse, ceux que l’on appelle généralement les « jeunes des cités » ou les « jeunes des banlieues ». Ces comportements correspondent en partie à le délinquance juvénile classique, (mais on considère d’ordinaire qu’ils prennent aussi des formes nouvelles d’irrespect des personnes et des biens, privés et surtout publics) […].

Il convient d’observer que cette stigmatisation est renforcée par le mutisme des autorités publiques : Par exemple, « Avec Nicolas Sarkozy un pas supplémentaire est franchi dans la dévalorisation de l’intelligence des situations : « Chercher à comprendre, c’est déjà vouloir excuser » » 17

Toutefois, comme le souligne Muchielli 

« La vérité est que l’on ne comprend pas les comportements d’une partie de la jeunesse. C’est pour dissimuler cette incompréhension que l’on se tourne vers les stéréotypes les plus éculés pour tenter de délivrer un discours cohérent […] » Ainsi, il existerait « […] un mur de préjugés et d’incompréhensions qui se dresse[rait] entre la jeunesse et ceux qui prétendent parler au nom des citoyens »18.

Dès lors, en refusant de reconnaître la moindre légitimité dans ces comportements, on se contente de les stigmatiser, reproduisant sous une nouvelle forme la violence du mépris social témoigné aux habitants des banlieues, alors qu’il faudrait commencer par en analyser les formes et les effets tout en en dénonçant la logique :

« Une étiquette devient vite infamante simplement parce qu’elle particularise, parce qu’elle permet au centre de renforcer son identité par rapport à la périphérie. L’encerclement des banlieues par des dispositifs stigmatisant contribue paradoxalement à encrer ces quartiers dans un monde à part, à reléguer leurs habitants en particulier les jeunes de ces cités. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire mais les actions horizontales [politiques de la ville] doivent être un élan pour les politiques de droit commun, pas un substitut. »19

Cette stigmatisation est visible dans le cadre de certaines enquêtes menées par des groupes de chercheurs dans des lieux où les émeutes ont eu un écho retentissant. En l’occurrence, on peut citer celle menée par Galland et Kokoreff en 2006, à Aulnay sous Bois et à St Denis, à la suite des évènements de novembre 2005.

D'un point de vue méthodologique, l'enquête est basée sur cinquante entretiens, faits auprès de divers acteurs sociaux des villes (élus, responsables de services municipaux, policiers, acteurs de terrain, militants, différents groupes de jeunes....). Pour les chercheurs, l'explication des émeutes urbaines de 2005, ne peut se comprendre au sens d’une démarche sociologique, sans croiser les regards sur les faits et les acteurs sociaux, mixtes de représentations et de réalités.

16 E.Macé : Les violences dites « urbaines » et la ville, du désordre public au conflit dans l’espace public, Les 83-84 (1999) Annales de la Recherche Urbaine, 59-6417 S. Roché : « Le frisson de l’émeute, violences urbaines et banlieues », (Seuil, Paris, 2006) 18418 L.Mucchielli : Violences et insécurité, (ed. La Découverte, 2002)19 D.Duprez,  Le model français de prévention de la délinquance, la recherche d’un second souffle, in P.Hebberecht et F. Sack, la prévention de la délinquance en Europe : nouvelles stratégies (Larmathan : Gern, Paris 1997) 82

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Du point de vue des résultats, la contribution de l'enquête ne peut être déniée. Effectivement, il appert une diversité des interprétations, et des justifications quant aux émeutes de novembre 2005 par les acteurs sociaux:

Conséquence de la concentration de la pauvreté Conséquences de la discrimination policière Effets pervers de l'Etat-providence Effets d'une délinquance de masse

Selon Galland et Kokoreff, cette diversité d'interprétation témoigne d'un rejet des institutions républicaines, justifié par le manque de reconnaissance de leur malaise social.

« Le motif le plus général largement exprimé et partagé par les interviewés relève d’une thématique de la reconnaissance. Il s’agit pour eux de se montrer dans l’espace public, de « s’exprimer » et plus encore de « se faire entendre ». Ces jeunes de quartiers défavorisés estiment, en effet, que leur parole n’est pas prise en compte dans l’espace public ; plus encore, certains témoignent même d’un fort sentiment d’abandon. Dans ce contexte, la violence est présentée à la fois comme la seule forme d’expression disponible pour ces jeunes mais aussi le seul moyen efficace de se faire comprendre » (p46)

Autrement dit, il est clair qu’au regard de cette enquête, on serait en présence d’une violence d’expression, plus précisément une demande de reconnaissance de leur malaise social, qui se traduit regrettablement par une hausse des comportements déviants et déraisonnables. Malheureusement, cette violence n’est point reconnue comme une revendication politique et collective, n'est créditée d'aucune signification, et est souvent présentée comme gratuite ou simplement ludique. Or, lorsque des agriculteurs mettent à sac une préfecture ou même (comme en janvier 1999) un ministère, leur violence est reconnue par tous comme politique et est analysée comme une forme de protestation collective, et des négociations sont entreprises afin de rétablir l'ordre.

Dès lors, selon nous, un constat s’impose : dans ce flou, la terminologie « violences urbaines », n’est qu’un artifice, un tout, vide de sens et de portée, qui masque des échecs politiques en matière sociale, culturelle, linguistique et institutionnelle,20 d’une France autiste. Malheureusement, en lieu et place, le choix a été porté sur un renforcement d’une logique sécuritaire vouée à la stigmatisation, la relégation, l'incompréhension et à la ségrégation. Ce malaise social est alors repris et dénoncé, notamment par les groupes de rap, comme en témoigne l’illustration d’une chanson du groupe « NTM » :

20 R. Draï, JF Mattéï, la république brûle t elle : essai sur les violences urbaines françaises, (Michalon, Paris, 2006)

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Introduction

Quelle chance, quelle chanceD'habiter la France

Dommage que tant de gens fassent preuve d'incompétence

Dans l'insouciance généraleLes fléaux s'installent - normalDans mon quartier la violence

devient un acte trop banalAlors va faire un tour dans les

banlieuesRegarde ta jeunesse dans les yeux

Toi qui commande en haut lieuMon appel est sérieux

Non ne prend pas ça comme un jeuCar les jeunes changent

Voilà ce qui dérangePlus question de rester passif en

attendant que ça s'arrangeJe ne suis pas un leader

Simplement le haut-parleurD'une génération révoltée

Prête à tout ébranlerMême le système

Qui nous pousse à l'extrêmeMais NTM Suprême ne lâchera pas

les rênesEpaulé par toute la jeunesse

défavoriséeSeule vérité engagée:

Le droit à l'égalité

Je ne te demande pas de comprendre

Mais de résoudreLes problèmes qui habitent

La banlieue qui s'agiteToujours plus vite

Sans limiteAdmet qu'il y a un point critique

A ne pas dépasserEn tant qu'informateur

Je me sens obligé de dévoiler la vérité

Car le silence ne sera plus jamaisPlus jamais toléré

Oh oui c'est triste à direMais tu n'as pas compris

Pourquoi les jeunes de mon quartier vivent dans cet état d'esprit

La délinquance avanceEt tout ceci a un sens

Car la violence coule dans les veines

De celui qui a la haineOK je reprend les rênes

Pour faire évoluer ton espritPri-Prisonnier d'un systèmeOù les règles ne sont pas les

mêmes[…]

Extrait du titre : Le Monde De Demain

Interprété par : NTM Année : 1991

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Bibliographie

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Raphaël Draï et Jean Francois Mattëi, « La république brûle t’elle ?, Essai sur les violences urbaines françaises »,ed. Michalon, 2006

Sébastian Roché, « Le frisson de l’émeute, violences urbaines et banlieues », Seuil, 2005

Jacques Donzelot, « Quand la ville se défait, quelle politique face à la crise des banlieues », Seuil, 2006

Laurent Mucchelli, « Violences et insécurité: fantasmes et réalités dans le débat français », La Découverte, 2002

Angelina Peralva et Eric Macé, « Médias et violences urbaines. Débats politiques et construction journalistique », La Documentation Française 2002

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