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Académie d’Orléans-Tours Université François Rabelais FACULTE DE MEDECINE DE TOURS Année 2015 Thèse Pour le DOCTORAT EN MEDECINE Diplôme d’Etat Par Vivien MORLEC Né le 25/09/1986 à Tours (37) Présentée et soutenue publiquement le 07 Octobre 2015 TITRE L’évaluation des plaintes en cognition sociale : étude des qualités psychométriques de l’échelle ACSo (Autoévaluation des troubles de la Cognition Sociale) Jury Président du Jury : Monsieur le Professeur Philippe GAILLARD Membres du Jury : Monsieur le professeur Vincent CAMUS Monsieur le professeur Wissam EL HAGE Monsieur le professeur Dominique DRAPIER Directeur de thèse : Monsieur le docteur Jérôme GRAUX

FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

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Page 1: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

Académie d’Orléans-Tours

Université François Rabelais

FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

Année 2015 N°

Thèse

Pour le

DOCTORAT EN MEDECINE

Diplôme d’Etat

Par

Vivien MORLEC

Né le 25/09/1986 à Tours (37)

Présentée et soutenue publiquement le 07 Octobre 2015

TITRE

L’évaluation des plaintes en cognition sociale : étude des qualités psychométriques de

l’échelle ACSo (Autoévaluation des troubles de la Cognition Sociale)

Jury

Président du Jury : Monsieur le Professeur Philippe GAILLARD

Membres du Jury : Monsieur le professeur Vincent CAMUS

Monsieur le professeur Wissam EL HAGE

Monsieur le professeur Dominique DRAPIER

Directeur de thèse : Monsieur le docteur Jérôme GRAUX

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Remerciements

À Monsieur le Professeur Philippe GAILLARD,

Professeur des Universités en Psychiatrie à la Faculté de Médecine de Tours,

Ancien Chef de pôle du département de psychiatrie au CHRU de Tours.

Je vous remercie d’avoir accepté d’être le Président du Jury de cette thèse.

Je vous remercie pour la richesse de votre enseignement dont j’ai pu bénéficier depuis le

début de mes études de médecine et qui a fortement orienté le choix de ma spécialité.

Je vous remercie également pour votre accompagnement au cours de mon internat.

Veuillez trouver ici, Monsieur le Professeur, le témoignage de mon respect et de ma

gratitude. À Monsieur le Professeur Vincent CAMUS, Professeur des Universités en Psychiatrie à la Faculté de Médecine de Tours,

Chef de service de la Clinique Psychiatrique Universitaire au CHRU de Tours.

Je vous remercie d’avoir accepté de juger ce travail.

Je vous remercie pour la qualité de votre enseignement dont j’ai pu bénéficier tout au long de

mes études médicales.

Je vous remercie également pour votre présence tout au long de ces quatre années de

spécialisation.

Recevez ici, Monsieur le Professeur, l’expression de mes sincères remerciements et de mon

profond respect.

Page 7: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  7  

À Monsieur le Professeur Wissam EL HAGE, Professeur des Universités en Psychiatrie à la Faculté de Médecine de Tours,

Praticien hospitalier à la Clinique Psychiatrique Universitaire au CHRU de Tours

Je vous remercie d’avoir accepté d’évaluer ce travail.

Je vous remercie pour la rigueur et la générosité de votre enseignement dont j’ai grandement

bénéficié tout au long de mes études médicales.

Je vous remercie également pour votre accompagnement et nos échanges tout au long de mon

internat.

Recevez ici, Monsieur le Professeur, l’expression de mes sincères remerciements et de mon

profond respect.

À Monsieur le Professeur Dominique DRAPIER,

Professeur des Université en Psychiatrie à la Faculté de Médecine de Rennes,

Chef de service au pôle hospitalo-universitaire de Psychiatrie adulte de Rennes

Je vous remercie d’avoir accepté de considérer mon travail malgré vos nombreuses

sollicitations.

Recevez ici, Monsieur le Professeur, l’expression de mes sincères remerciements et de mon

profond respect.

Page 8: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  8  

À Monsieur le Docteur Jérôme GRAUX,

Psychiatre, Praticien Hospitalier en psychiatrie, chef de service en psychiatrie D au CHRU de

Tours.

Je te remercie de m’avoir accordé ta confiance pour ce projet et d’avoir accepté de diriger ce

travail.

Je te remercie pour ta disponibilité, ton encadrement et ton soutien bienveillant.

Reçois ici l’expression de mon amicale reconnaissance et de mon plus profond respect.

Page 9: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  9  

Je tiens à adresser toute ma gratitude à Madame Sylvie ROUX pour son

investissement dans ce projet, sa disponibilité et l’étendue de ses connaissances. Ce projet

n’aurait jamais pu aboutir sans toi.

J’adresse mes remerciements aux Docteurs Charlotte ALEXANDRE, Elodie

PEYROUX, Zelda PROST, Celia MAM LAM FOOK, Baptiste GAUDELUS, Isabelle

CARTEAU-MARTIN et les équipes des services de la Clinique Psychiatrique Universitaire,

de Psychiatrie D et B ainsi que de l’hôpital de jour de la chevalerie qui ont participé à ce

travail. Je remercie également, pour leur aide précieuse, tous les internes et externes en

médecine qui ont contribué à ce projet.

Ma reconnaissance va également à tous les médecins qui m’ont accompagné et formé

tout au long de mon internat de psychiatrie et en particulier aux Docteurs Eric BOISSICAT,

Pierre-Alexandre DE METZ, Fabien HERMELIN, Hélène MONTMASSON, Fanny PUEL,

Marina BARDIN, Marie BRIGANT, Emilie LEGAY, Gérard GAILLARD, Carol JONAS,

Morgane GUILLOT, Marc FILLATRE, Robert COURTOIS, Thomas RUFIN, Jean-Yves

LEFOURN, Pascal LENOIR, Jérôme BACHELIER et Sandra HERVE.

Je remercie tous les internes côtoyés pendant ces quatre années d’internat et

notamment Xavier ANGIBAULT, Julie FRAMMERY et Charlotte VAN DEN DRIESCHE

qui m’ont guidé dans mes débuts en tant qu’interne de psychiatrie.

Je transmets également toute mon amitié aux équipes des services de psychiatrie

adulte de Blois, du Centre Médico-psychologique infanto-juvénile de Fleury-Les-Aubrais, du

Centre Hospitalier Intercommunal d’Amboise et Château-Renault, de Psychiatrie A, de la

Clinique Psychiatrique Universitaire, du Centre Oreste du CSAPA Port-Bretagne et des

urgences psychiatriques de Tours.

Enfin, je tiens à remercier tous les patients rencontrés au cours de mes études

médicales pour la confiance qu’ils m’ont accordé.

Page 10: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  10  

À mes proches,

À Cécile, qui m’accompagne depuis trois ans et je l’espère encore pour longtemps. Merci

pour ton soutien sans faille à travers cette épreuve. Avec tout mon amour.

À mes parents, merci pour votre affection, votre confiance et votre soutien inconditionnel tout

au long de ces années à mes côtés.

À Simon, mon frère, merci pour ta bienveillance et ton enthousiasme. Que notre

complémentarité continue d’être notre force. Je suis fier de toi.

À Michèle et Christian, merci pour l’affection que vous me portez. Merci à toi, Michèle, pour

ta précieuse aide orthographique et merci à toi, Christian, de me faire l’héritier de ton savoir

médical.

À Alex, merci pour ton amitié depuis toutes ces années. Merci pour ta sagesse, ta fidélité et ta

bonne humeur.

À Alexis, merci pour ton amitié et ta joyeuse camaraderie tout au long de nos études

médicales et bien plus...

À Clément, merci pour ton amitié, ta joie de vivre et merci d’avoir plusieurs fois tenté de

remettre en ordre ma grande carcasse.

À la joyeuse bande du Merisax Tours 2013 et des années suivantes : Thibaud, Sophie, Marie,

Papa Remy et Maman Emeline, Polo, Elodie, Clémence, William, Kekev, Titi et Claire. Merci

à vous les copains pour ces moments d’anthologie passés ensemble et à nos « p’tits coups de

chauff » passés, présents et futurs !!!

Et enfin, un grand merci à Don pour ton maniement de la langue de Shakespeare.

Page 11: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  11  

SERMENT  D’HIPPOCRATE    

En  présence  des  Maîtres  de  cette  Faculté,  de  mes  chers  condisciples  

et  selon  la  tradition  d’Hippocrate,  je  promets  et  je  jure  d’être  fidèle  aux  lois  de  l’honneur  

et  de  la  probité  dans  l’exercice  de  la  Médecine.    

Je  donnerai  mes  soins  gratuits  à  l’indigent,  et  n’exigerai  jamais  un  salaire  au-­‐‑dessus  de  mon  travail.  

 Admis  dans  l’intérieur  des  maisons,  mes  yeux    ne  verront  pas  ce  qui  s’y  passe,  ma  langue  taira    

les  secrets  qui  me  seront  confiés  et  mon  état  ne  servira  pas    

à  corrompre  les  mœurs  ni  à  favoriser  le  crime.    

Respectueux  et  reconnaissant  envers  mes  Maîtres,  je  rendrai  à  leurs  enfants  

l’instruction  que  j’ai  reçue  de  leurs  pères.    

Que  les  hommes  m’accordent  leur  estime  si  je  suis  fidèle  à  mes  promesses.  Que  je  sois  couvert  d’opprobre  et  méprisé  de  mes  confrères  

si  j’y  manque.  

Page 12: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  12  

L’évaluation des plaintes en cognition sociale : étude des qualités psychométriques de

l’échelle ACSo (Autoévaluation des troubles de la Cognition Sociale)

Introduction : La cognition sociale regroupe les processus mentaux qui sous-tendent les relations sociales. Des déficits impliquant ces processus impactent fréquemment le fonctionnement quotidien des patients souffrant de troubles psychiatriques. Ainsi, des batteries de tests évaluant objectivement les déficits en cognition sociale ont été développées. Cependant, il n’existe à ce jour aucune échelle d’évaluation subjective des plaintes des patients concernant leurs difficultés en cognition sociale et ce, alors que la réussite des programmes de remédiation dépend, en partie, de la conscience qu’ont les patients de leurs difficultés. Une équipe du Groupement De Recherche (GDR) 3557 a récemment élaboré l’ACSo (Autoévaluation des troubles de la Cognition Sociale), un auto-questionnaire de 20 items permettant aux patients d’évaluer leurs difficultés dans les 4 principaux domaines de la cognition sociale : la perception émotionnelle, la théorie de l’esprit, la perception sociale et les biais attributionnels. L’objectif de cette étude était d’évaluer les qualités psychométriques du questionnaire ACSo. Matériel et Méthode : 213 adultes pris en charge dans des centres de réhabilitation psychosociale et des hôpitaux psychiatriques de 3 villes françaises (Tours, Lyon, Paris) ont complété l’échelle ACSo et 3 autres auto-questionnaires : la Subjective Scale To Investigate Cognition in Schizophrenia (SSTICS), la Birshwood Insight Scale (BIS) et l’échelle d’anhédonie sociale révisée de Chapman. Les validités interne et externes ont été étudiées à l’aide d’analyses factorielle confirmatoire (AFC), en composantes principales (ACP) et de régression linéaire. La précision de la mesure a été analysée grâce à une étude test-retest réalisée sur 20 patients de la population d’étude. Résultats : L’AFC infirme le modèle à 4 domaines proposé par les auteurs de l’ACSo. L’ACP retient 2 dimensions expliquant 31,4% de la variance totale et ayant une assez bonne consistance interne (α de Cronbach : 0,76 et 0,66). La stabilité de la structure bidimensionnelle est correcte. Le 1er facteur regroupe 10 items et est expliqué principalement par la SSTICS. Le 2e facteur contient 4 items qui sont des items inversés. L’ACP effectuée chez 107 sujets schizophrènes est similaire à celle de la population totale, par contre l’ACP effectuée chez les 124 bacheliers retient 4 facteurs expliquant 48.7% de la variance totale. Enfin, l’étude de la fidélité test-retest montre que 13 items présentent une fidélité modérée ou bonne. Discussion : L’échelle ACSo montre des qualités psychométriques moyennes : peu de variance expliquée par les 2 dimensions décrites par l’analyse factorielle, un regroupement des items inversés au sein d’une même dimension et une fidélité test-retest moyenne. Malgré de probables biais liés à la formulation des items, qu’il sera nécessaire de corriger, l’échelle ACSo constitue une réelle avancée pour l’exploration des plaintes en cognition sociale.

Mots clés : Cognition sociale ; Théorie de l’esprit ; Perception émotionnelle ; Perception et connaissances sociales ; Style attributionnel ; Remédiation cognitive ; Schizophrénie ; Evaluation ; Questionnaire ; Psychométrie

Page 13: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  13  

The complaints in social cognition : study of the psychometric qualities of ACSo scale

(Self-evaluation of difficulties in social cognition)

Introduction : Social cognition merges the mental processes which underlie social relationships. Deficiencies related to these processes frequently have an impact on the daily lives of patients who suffer from psychiatric disorders. As a result, tests have been developed which allow us to objectively evaluate deficiencies in social cognition. Nevertheless, up to the present time, no scale has been developed which allows us to evaluate the subjective complaints of patients who have difficulties in social cognition inspite of the fact that the success of remedial programs is partially dependant on the awareness the patients have of their difficulties. A team of research group workers (GDR) 3557 has recently developed the ACSo (Self-evaluation of difficulties in Social Cognition), a questionnaire containing 20 items which allows patients to evaluate their difficulties in the four major areas of social cognition : emotional perception, theory of mind, social perception and attributional bias. The aim of this study was to evaluate the psychometric qualities of the ASCo questionnaire. Material and Method : The ACSo scale and three other self-administered questionnaires : the Subjective Scale to Investigate Cognition in Schizophrenia (SSTICS), The Birshwood Insight Scale (BIS) and the social anhedonia scale were administered to 213 adults followed in psychiatric rehabilitation centers and psychiatric hospitals of 3 French cities (Tours, Lyon and Paris). The internal and external validity was analyzed by using Confirmatory factor analyses (AFC), Principal Component Analyses (APC) and by linear regression. The precision of the measure was analyzed by using a test-retest study in 20 patients who were part of the study cohort. Results : The AFC was inconsistant with the model involving 4 areas suggested by the authors of the ACSo. The ACP uses 2 dimensions which explains the total variance of 31.4% and a reasonably good internal conistency (Cronbach's a : 0.76 and 0.66).The stability of the bi-dimentional structure is acceptable. The first factor merges 10 items and can be primarily explained by the SSTICS. The second factor contains 4 items which are inverted items. The results of the ACP administered to 107 schizophrenic patients was similar to those found in the total population whereas the results in the 124 subjects who had attained their baccalaureat found 4 factors, and explains the total variance of 48.7 %. Finally, the results of the concordance of the test-retest showed that 13 items had moderate to good concordance. Discussion : The ASCo scale showed moderate psychometric qualities : little variance explained by the 2 dimensions described by factorial analysis, the grouping of inverted items in the middle of a single dimension and moderate test-retest concordance. In spite of the likely biases related to the way the items were formulated, and which require correction, the ACSo scale constitutes a real advance for exploring patient complaints in social cognition.

Keywords : Social cognition ; Theory of Mind ; Emotional Perception ; Social perception ; Social knowledges ; Attributionnal style ; Cognitive Remediation ; Schizophrenia ; Evaluation ; Questionaire ; Psychometry

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  14  

TABLE DES MATIERES

I.   INTRODUCTION  ..................................................................................................................................  15  A.   CONTEXTE  .............................................................................................................................................................  15  B.   PRINCIPAUX DOMAINES DE LA COGNITION SOCIALE  ...............................................................................  18  

1.   Théorie de l’esprit  ...............................................................................................................................................  18  2.   Perception émotionnelle  ...................................................................................................................................  21  3.   Perception et connaissance sociale  .............................................................................................................  23  4.   Biais attributionnels  ...........................................................................................................................................  24  

C.   RETENTISSEMENT SOCIAL ET FONCTIONNEL  .............................................................................................  26  D.   REMEDIATION DE LA COGNITION SOCIALE  .................................................................................................  28  E.   EVALUATION DE LA COGNITION SOCIALE  ...................................................................................................  32  

II.   MATERIEL ET METHODES  ..........................................................................................................  35  A.   CONSTRUCTION DE L’ECHELLE ACSO  .........................................................................................................  35  

1.   Définition des caractéristiques de l’échelle  ..............................................................................................  35  2.   Constitution des items de l’échelle  ...............................................................................................................  38  3.   Présentation de l’échelle  ..................................................................................................................................  39  

B.   ETUDE DE VALIDATION DE L’ECHELLE ACSO  ...........................................................................................  41  1.   Aspects éthiques  ...................................................................................................................................................  41  2.   Définition de la population d’étude  .............................................................................................................  41  3.   Recrutement des sujets de l’étude et passation des échelles  ..............................................................  42  4.   Données recueillies  ............................................................................................................................................  43  5.   Analyses statistiques  ..........................................................................................................................................  44  

III.   RESULTATS  .......................................................................................................................................  50  A.   ANALYSE DESCRIPTIVE  .....................................................................................................................................  50  

1.   Description de la population d’étude  ..........................................................................................................  50  2.   Analyse des items de l’échelle ACSo  ...........................................................................................................  54  3.   Analyse des construits théoriques de l’ACSo  ...........................................................................................  59  4.   Analyse des variables complémentaires  .....................................................................................................  61  

B.   ETUDE DE LA VALIDITE INTERNE  ...................................................................................................................  65  1.   Approche confirmatoire  ....................................................................................................................................  65  2.   Approche exploratoire  ......................................................................................................................................  67  3.   Etude de la stabilité de la structure factorielle de l’échelle  ...............................................................  69  

C.   ETUDE DE LA VALIDITE EXTERNE  ..................................................................................................................  72  D.   ANALYSE TYPOLOGIQUE  ..................................................................................................................................  74  E.   ETUDE DE LA FIDELITE DE LA MESURE  .........................................................................................................  76  F.   ANALYSES COMPLEMENTAIRES :  ...................................................................................................................  77  

1.   Etude de la validité interne de l’ACSo chez les sujets souffrant de schizophrénie :  ................  77  2.   Etude de la validité interne de l’ACSo chez les sujets bacheliers (NF I+II+III) :  ....................  79  

IV.   DISCUSSION  .......................................................................................................................................  82  A.   ANALYSE DESCRIPTIVE  ......................................................................................................................................  83  B.   STRUCTURE INTERNE DE L’ECHELLE ACSO  ..............................................................................................  85  C.   VALIDITE EXTERNE DE L’ECHELLE ACSO  ..................................................................................................  89  D.   FIDELITE  .................................................................................................................................................................  90  E.   PERSPECTIVES ET CONCLUSION  ......................................................................................................................  91  

V.   REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES  ........................................................................................  92  VI.   ANNEXES  ..........................................................................................................................................  101    

Page 15: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  15  

I. Introduction

A. Contexte

Des difficultés de fonctionnement social sont fréquemment observées chez les patients

souffrant de pathologies psychiatriques. Et, bien que ces difficultés soient plus prononcées

dans certaines pathologies comme la schizophrénie ou l’autisme, il semble que la plupart des

troubles psychiatriques soient concernés par ce problème [1].

En outre, il arrive parfois que les difficultés de fonctionnement social précèdent

l’apparition du trouble psychiatrique. En effet, selon des études récentes sur la schizophrénie,

des difficultés de fonctionnement social seraient présentes avant même le premier épisode

psychotique [2,3], mais également chez les parents au premier degré des patients

schizophrènes [4].

Plusieurs études s’accordent pour dire que les difficultés de fonctionnement social des

patients ont un impact non négligeable sur leur qualité de vie [5]. Elles pourraient même

prédire, dans une certaine mesure, les rechutes, les évolutions délétères du trouble

psychiatrique ainsi que les situations de chômage [6-8].

Ces découvertes soulignent l’importance des troubles du fonctionnement social dans

l’évolution des pathologies psychiatriques et suggèrent que toute intervention, psychosociale

ou pharmacologique, qui affecterait le fonctionnement social pourrait avoir un impact crucial

à long terme sur la vie quotidienne des patients.

Dans une volonté de mieux comprendre les processus sous-tendant les difficultés de

fonctionnement social, une grande attention a été portée aux troubles cognitifs comme support

du fonctionnement social [11-12]. Le postulat de cette approche était que des compétences

cognitives adéquates supporteraient la fonctionnalité et faciliteraient l’acquisition des

compétences interpersonnelles [6]. Des revues de la littérature successives sur le sujet

abondent d’ailleurs dans le sens d’une association entre neurocognitions (mémoire, attention,

fonctions exécutives) et fonctionnement social [7,8,11] même si la force de l’association reste

modeste [11,12]. Fort de ce constat, plusieurs chercheurs ont alors tenté d’identifier les

processus cognitifs spécifiques, distincts des traditionnels domaines de la neurocognition,

sous-tendant uniquement le fonctionnement social. Un nouveau construit a alors vu le jour,

celui de « cognition sociale ».

Page 16: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  16  

Selon les auteurs qui l’ont défini, le concept de cognition sociale recouvre l’ensemble

des opérations mentales qui sous-tendent les interactions sociales [13,14]. En d’autres termes,

la cognition sociale regroupe un ensemble d'activités mentales de traitement d'informations

concernant le monde social, et par lesquelles le sujet se construit un mode de connaissance de

la réalité, basée sur des savoirs préalables, composés de valeurs et de croyances. Le sujet

organise ainsi sa perception d'autrui en simplifiant les informations à sa disposition, en les

schématisant, dans le but de rendre plus efficiente sa compréhension du monde social.

Actuellement, il existe de plus en plus de preuves de la relative indépendance

de la cognition sociale au sein des différents domaines de la cognition. Plusieurs études ont,

par exemple, montré que les individus atteints de lésions du cortex frontal ou préfrontal

présentaient des déficits de fonctionnement social malgré des capacités de mémoire et de

langage préservées [15,16].

Depuis 1990 et les travaux de Brothers, un système neuronal de la cognition sociale a

été proposé. Pour cet auteur et ses successeurs, un système comprenant le cortex préfrontal

médial, le sillon temporal supérieur, le gyrus fusiforme, l’amygdale et le cortex préfrontal

ventro-médial serait à la base des capacités de cognition sociale [17,18,19].

Mais le concept de cognition sociale n’est pas unitaire, il est composite. Sous ce

construit, se détachent plusieurs domaines cognitifs plus ou moins indépendants les uns des

autres [20] et faisant l’objet de consensus plus ou moins forts.

Dans leur rapport, paru en 2013, les coordonnateurs de l’étude américaine SCOPE

(Social Cognition Psychometric Evaluation) ont d’ailleurs fait état de « l’absence de

consensus sur les capacités définissant le construit de cognition sociale » et des larges

« recouvrements conceptuels liés aux mesures ».

Néanmoins, ces derniers s’accordent sur un relatif consensus autour de la notion de

cognition sociale et de quatre domaines la composant [14,21-23] : la perception émotionnelle

(PE), la théorie de l’esprit (ToM), les biais attributionnels (BA) et la perception et les

connaissances sociales (PS).

Les déficits touchant les différents domaines de la cognition sociale ont été

initialement et principalement étudiés dans la schizophrénie et l’autisme. Frith en 1990 a, par

exemple, postulé d’un déficit de théorie de l’esprit chez les patients schizophrènes [24].

Cependant, de récents travaux retrouvent des difficultés similaires dans d’autres

pathologies psychiatriques. Borg et collaborateurs ont ainsi mis en évidence des déficits de

Page 17: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  17  

perception émotionnelle et de théorie de l’esprit chez des patients bipolaires âgés non déments

[25].

D’autres auteurs ont montré des déficits de théorie de l’esprit et de perception sociale

chez des patients présentant un premier épisode dépressif majeur [26]. Une méta-analyse,

conduite en 2014 par Plana et collaborateurs, reprenant 40 études incluant plus de 1400

patients et autant de témoins, a également retrouvé des déficits significatifs de traitement

émotionnel et de théorie de l’esprit chez des patients souffrant de syndrome de stress post-

traumatique. Cette méta-analyse retrouvait, en outre, des biais attributionnels

significativement plus fréquents chez des patients souffrant de phobie sociale, de troubles

obsessionnels compulsifs (TOC), de trouble anxieux généralisé (TAG) ou de trouble panique

(TP) [27]. Enfin, plusieurs auteurs ont mis en évidence des troubles de la cognition sociale

chez des patients alcoolo-dépendants. Uekermann et Daum, dans une étude publiée en 2008,

ont par exemple retrouvé des déficits de perception émotionnelle et de théorie de l’esprit dans

cette population [28]. Dans leur étude, l’intensité des déficits retrouvés était, par ailleurs,

corrélée à la durée de l’alcoolo-dépendance et au nombre de verres consommés par jour. Des

résultats similaires ont été retrouvés dans une étude de Valmas publiée en 2014 [29].

Page 18: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  18  

B. Principaux domaines de la cognition sociale

Comme évoqué précédemment, le concept de cognition sociale est un processus

composite d’où se détachent plusieurs domaines cognitifs plus ou moins indépendants les uns

des autres [20]. Parmi ces domaines, quatre font actuellement l’objet d’un relatif consensus

[21].

1. Théorie de l’esprit Comprendre ce que l’autre pense et être en particulier capable d’appréhender ses

représentations et ses intentions lorsqu’elles sont différentes des nôtres constituent des

opérations indispensables à la communication humaine. Ces facultés sont désignées par

l’expression théorie de l’esprit (ToM). Cette dénomination a été employée pour la première

fois en 1978 par deux primatologues, David Premack et Guy Woorduff [30]. Ils ont défini ce

concept comme « la capacité de se représenter les états mentaux d’autrui et d’utiliser ces

représentations pour comprendre, prédire et juger leurs comportements ».

Plus spécifiquement, il s’agit d’un « ensemble de processus intégratifs et inférentiels

ayant en commun de faire appel à la représentation d’un état mental pour mettre en cohérence

les multiples indices sociaux (postures, gestes, émotions, paroles, …) perçus par l’individu et

qui sont majoritairement ambigus et polysémiques » [31] ; La mise en œuvre de ces processus

donnant ainsi sens aux actions et aux comportements d’autrui.

Après avoir défini le concept de théorie de l’esprit, D. Premack, G. Woorduff, puis

leurs successeurs, ont évalué cette composante dans le champ de la psychopathologie et ont

étudié l’impact d’un déficit de théorie de l’esprit sur le fonctionnement social des patients.

Pour caractériser le déficit de ToM chez les patients, les chercheurs ont utilisé

différents paradigmes expérimentaux dont certains célèbres comme les tâches de fausses

croyances [32-36] (ex : tâche de « Sally and Ann ») ou d’autres comme : les épreuves

d’inférences intentionnelles à l’aide notamment d’histoires illustrées [37-39] (ex : tâche d’

« attribution d’intentions de Sarfati »), les tests de compréhension du discours, et notamment

de compréhension des allusions [40], des maximes gricéennes [41] ou du discours implicite

[42], ainsi que d’autres procédures évaluant la capacité à attribuer des états mentaux à des

formes géométriques animées [43-45].

Page 19: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  19  

Les résultats de l’ensemble des études montrent que les personnes qui souffrent de

pathologies psychiatriques ont de moins bonnes performances dans les tâches qui requièrent

des capacités de ToM comparées aux individus contrôles sains [32,46,48].

Sur le plan anatomique, plusieurs aires cérébrales semblent participer aux capacités de

théorie de l’esprit (cf. Figure 1).

Figure 1 : Aires cérébrales impliquées dans la théorie de l’esprit

Le cortex préfrontal médian participerait à la réalisation de tâches cognitives

complexes, aux phénomènes d’anticipation, à la représentation explicite des buts de ses

propres actions ou des actions effectuées par autrui, au rappel de souvenirs autobiographiques,

à l’interprétation de métaphores et à la résolution de problèmes. Selon plusieurs auteurs, cette

structure permettrait ainsi la formation et le maintien de représentations mentales complexes

[49,50].

Le sillon temporal supérieur serait impliqué dans la perception automatique, implicite,

d’un comportement. Sa partie supérieure s’activerait devant toute perception sociale

significative, lors de la détection d’un comportement dirigé d’autrui ou lors de la

reconnaissance de paroles générées par autrui. Sa portion inférieure s’activerait lors de

l’observation de mouvements précis, réalistes, chargés de signification ou dirigés vers un but.

Quand à sa partie postérieure, elle s’activerait lors de la perception du regard d’autrui.

Enfin, le gyrus fusiforme antérieur et le précunéus pourraient également jouer un rôle

moins spécifique. Le gyrus fusiforme serait, par exemple, impliqué dans la détection et la

reconnaissance des visages [51].

Page 20: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  20  

Loin de vouloir cantonner les déficits de théorie de l’esprit à des troubles participant

exclusivement aux difficultés relationnelles des patients, certains auteurs ont également tenté

d’établir des liens entre déficits de théorie de l’esprit et symptômes psychiatriques.

Frith [24,52] a, par exemple, été le premier à rapprocher certains symptômes

caractéristiques de la schizophrénie ou de l’autisme avec des déficits de théorie de l’esprit. Il a

également développé un modèle cognitif de la schizophrénie. Dans ce modèle, Frith postule

que les symptômes négatifs (retrait social, émoussement des affects), la désorganisation et les

symptômes paranoïdes du sujet schizophrène seraient expliqués par des déficits en théorie de

l’esprit. Selon Frith, ces patients seraient conscients qu’autrui possède des états mentaux

différents des leurs, mais auraient des difficultés à utiliser les informations contextuelles et

feraient donc des inférences incorrectes concernant le contenu de ces états mentaux.

L’équipe de Marie-Christine Hardy-Baylé à Versailles rapproche, de son côté, le

déficit de ToM à la dimension de désorganisation [53-54]. Selon le modèle de Versailles, les

patients présentant les compétences les plus désorganisées en termes de pensée, de langage et

de communication auraient les performances les plus déficitaires dans les tâches requérant des

capacités de ToM. Ce lien reposerait sur des difficultés plus élémentaires de traitement des

informations contextuelles et de sélection de la réponse appropriée.

Enfin, une hypothèse divergente aux deux précédentes a été proposée par Abu-Akel

[55]. Cet auteur suggère qu’il pourrait exister, chez les personnes souffrant de schizophrénie

et présentant de manière prédominante des symptômes positifs, une « hyper ToM ».

Autrement dit, ces sujets attribueraient en excès leurs états mentaux à leur interlocuteur. Ils

supposeraient, par exemple, que celui-ci pourrait avoir accès à leurs intentions, dispositions,

connaissances [55]. Cette proposition théorique reste à ce jour la moins argumentée.

Jusqu’à présent, aucun de ces modèles n’a été validé. Selon les méta-analyses ciblant

spécifiquement les déficits de ToM dans la schizophrénie [32,46], les données concernant les

liens entre symptomatologie et ToM sont très hétérogènes. On observe néanmoins que les

patients présentant des signes comportementaux [35,56], une désorganisation de la pensée

[37,39], des syndromes négatifs [57,58], ou des symptômes paranoïdes [34,59,60] présentent

tous des difficultés de ToM.

Page 21: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  21  

2. Perception émotionnelle

La possibilité de comprendre l’état émotionnel d’autrui constitue un aspect central de

la cognition sociale. Sur le plan fonctionnel, cette capacité permet à chacun d’adapter ses

comportements en fonction des signaux et des réactions renvoyés par l’interlocuteur. Ceci est

rendu possible par la capacité d’un sujet à inférer des informations émotionnelles à partir des

expressions faciales d’autrui et de ses inflexions vocales (prosodie émotionnelle). Au

contraire, une mauvaise interprétation des émotions d’autrui ou une mauvaise communication

de son propre état émotionnel entraîne une altération des relations aux autres, avec pour

conséquences des difficultés d’intégration dans les groupes sociaux.

L’altération de la perception et de l’expression des émotions a été principalement

étudiée dans la schizophrénie et l’autisme [65-69]. Néanmoins, le déficit de reconnaissance

des émotions faciales n’est pas spécifique de ces pathologies même si sa fréquence et son

intensité semblent supérieures à celles retrouvées dans la plupart des autres troubles

psychiatriques [67].

Sur le plan anatomique, plusieurs revues de la littérature ont établi que des régions

cérébrales spécifiques seraient associées à la perception des émotions. Parmi ces régions, on

retrouve le gyrus fusiforme latéral, le sillon temporal supérieur et l’amygdale en interaction

avec le cortex préfrontal [17,19,70] (Figure 2 et Figure 3).

Un système composé de l’amygdale, de l’insula, du striatum ventral, des régions

ventrales du cortex cingulaire antérieur et du cortex préfrontal interviendrait dans l’évaluation

et l’identification (consciente ou inconsciente) de la signification émotionnelle d’un stimulus.

Un autre système composé de l’amygdale, du gyrus fusiforme latéral et de la partie

postérieure du sillon temporal supérieur (STS) serait dévolu à la perception des visages et

permettrait la lecture des émotions faciales. Le gyrus fusiforme latéral assurerait le traitement

des caractéristiques faciales invariables (ex : reconnaissance de l’identité) alors que la partie

postérieure du sillon temporal supérieur traiterait les caractéristiques faciales variables (ex :

expressions du visage) et permettrait d’évaluer l’état émotionnel d’autrui.

Enfin, l’hippocampe et les régions dorsales du cortex cingulaire antérieur et du cortex

pré-frontal participeraient elles, à la production et la régulation des états affectifs et des

comportements émotionnels.

Page 22: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  22  

Figure 2 : Principales structures impliquées dans la perception émotionnelle

Figure 3 : Système cérébral de traitement des émotions

L’existence de déficits globaux de reconnaissance des émotions dans certaines

pathologies psychiatriques (schizophrénie, autisme, …) fait actuellement l’objet d’un relatif

consensus. Néanmoins, la question de l’origine de ces difficultés est encore largement

ouverte.

De récents travaux ont montré que plusieurs pathologies psychiatriques seraient

associées à des déficits de l’ensemble des canaux permettant la perception et la

compréhension des émotions d’autrui ainsi que la communication de ses propres émotions,

alors même que l’expérience émotionnelle subjective de ces personnes ne semble pas altérée

[71].

Page 23: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  23  

D’autres travaux se sont intéressés à la façon dont les personnes souffrant de

schizophrénie et d’autisme explorent visuellement les visages. Ils ont mis en évidence des

patterns d’exploration visuelle réduits chez les patients souffrant de schizophrénie ou

d’autisme en comparaison à un échantillon de sujets sains [72,73]. Les personnes souffrant de

schizophrénie auraient tendance à réduire le temps consacré à observer les zones riches en

informations émotionnelles, alors que les sujets autistes exploreraient avec une moindre

préférence la région des yeux (zone à forte concentration d’indices émotionnels) que les sujets

témoins [74].

En parallèle, Demily et collaborateurs ont montré que les patients schizophrènes

avaient des difficultés à produire des émotions faciales et ont mis en évidence une corrélation

entre les déficits de reconnaissance des émotions faciales et les déficits d’expression des

émotions faciales [75,76].

Une méta-analyse récente démontre également que les personnes souffrant de

schizophrénie présenteraient des performances altérées dans la reconnaissance et dans la

production de la prosodie affective [77]. Ces résultats confirment les travaux menés par

Edwards [68], qui avaient déjà démontré qu’il existe une forte corrélation entre déficit de

reconnaissance des émotions faciales et déficit de traitement des éléments de prosodie chez un

même individu.

3. Perception et connaissance sociale

À l’inverse de la théorie de l’esprit et de la perception émotionnelle, la littérature est

assez peu fournie en ce qui concerne ce domaine composite qu’est « la perception et les

connaissances sociales ». Ses bases neuro-anatomiques sont également moins documentées.

Cette composante serait pourtant, selon plusieurs auteurs, fortement corrélée au

fonctionnement communautaire et à l’insertion socio-professionnelle des patients [78,79].

Selon les auteurs qui ont tenté de la définir, la perception sociale correspondrait à la

capacité d’un sujet à identifier les règles et les rôles sociaux et à tenir compte du contexte

dans la mise en place de ses comportements [80]. En d’autres termes, la perception sociale fait

référence à la capacité d’un individu de faire des inférences à propos des situations sociales,

en tenant compte des rôles, règles et buts qui caractérisent généralement les situations sociales

Page 24: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  24  

et guident les interactions sociales [81]. Elle est multimodale et suppose le décodage et

l’interprétation d’indices, non-verbaux, para-verbaux et verbaux, relatifs aux appartenances

sociales et culturelles des personnes mais également au contexte de la situation sociale dans

laquelle elles se trouvent [82]. C’est, par exemple, le fait de décoder puis de tenir compte : du

type de situation, de l’humeur de son interlocuteur, du type de relation ou de la véracité des

propos tenus par l’interlocuteur dans la perception d’une « scène » sociale.

La connaissance sociale est étroitement liée à la perception sociale [83]. Elle réfère à la

capacité d’un sujet à repérer les indices sociaux communs à une population, les rôles attribués

et définis, ainsi que les buts vers lesquels les individus semblent engagés. L’utilisation des ces

éléments permet une meilleure analyse du contenu et du contexte, permettant une réponse

adaptée aux interlocuteurs [84]. La connaissance sociale peut ainsi être comprise comme un

schéma social auquel sont appliqués les indices recueillis par le biais de la perception sociale

[85]. Elle s’appuie sur l’apprentissage des règles sociales et permet au sujet, de comprendre

les rôles, règles, et buts implicites afin de mettre en place des comportements appropriés dans

des situations données [81].

Sur le plan anatomique, il existerait un lien entre le cortex préfrontal ventro-médial et

les connaissances sociales. Une atteinte de cette structure rendrait le sujet inapte à intégrer

cognitivement des connaissances émotionnelles, donner des réponses émotionnelles

adéquates, avoir un raisonnement social et prendre des décisions concernant des situations

sociales. Une atteinte du cortex préfrontal entrainerait également une inaptitude à générer des

réponses appropriées à des situations sociales et résoudre des problèmes sociaux [18,86,87].

4. Biais attributionnels

Tout comme la perception et les connaissances sociales, le concept de biais

attributionnels a fait l’objet de peu d’études et ne bénéficie pas d’un consensus aussi clair que

la théorie de l’esprit et la perception émotionnelle. En effet les substrats organiques cérébraux

sont moins clairement identifiés et certains auteurs doutent de l’indépendance de ce construit.

Néanmoins, ce concept fait partie des 4 domaines retenus par le groupe d’expert du

National Institut of Mental Health (NIMH) qui a coordonné l’étude américaine SCOPE [21].

Selon Penn et collaborateurs, le style attributionnel se réfère aux explications données

par un sujet sur les causes positives ou négatives d’un événement. En d’autres termes, le style

Page 25: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  25  

attributionnel décrit les façons qu’ont les individus d’expliquer les causes ou de donner du

sens aux événements et interactions sociales. Le style attributionnel s’exprime en particulier

dans la manière qu’a une personne d’attribuer les mérites et les fautes à autrui ou à elle-

même. Le style attributionnel ne rend pas compte d’un processus de traitement de

l’information mais de l’interprétation finale qui est retenue une fois que l’ensemble des

mécanismes cognitifs sociaux ont agi pour donner du sens aux évènements [14].

Lorsque le style attributionnel d’un sujet est défaillant et entrave ses capacités

d’interactions sociales, on parle de biais d’attributions. Les principaux biais d’attributions

retrouvés sont les suivants [90] :

1°) l’excès d’attribution à soi-même (biais d’attributions internes)

2°) l’excès d’attribution à autrui (biais d’attributions externes)

3°) l’excès d’attribution aux circonstances (biais d’attributions situationnelles)

Sur le plan anatomique, les données sont encore minces concernant les bases

neuronales du style attributionnel. Néanmoins, une étude réalisée sur une population de

patients schizophrènes retrouve des hypoactivations du cortex frontal inférieur et du cortex

pré-moteur ventral lors de tâches d’attributions face à des stimuli sociaux positifs et, au

contraire, des hyperactivations du précunéus et du cortex cingulaire postérieur lors de tâches

d’attributions face à des stimuli sociaux négatifs [89].

Le style attributionnel a initialement été étudié en regard des symptômes paranoïdes

persécutifs de la schizophrénie. Il a ensuite fait l’objet de plusieurs études concernant des

pathologies psychiatriques comme la dépression, la phobie sociale, ...

Plusieurs auteurs notent, par exemple, que les sujets déprimés favoriseraient les

attributions internes (« les évènements qui m’arrivent viennent de moi »), stables (« ces

évènements vont durer ») et globales (« on peut tirer des conclusions générales sur ce que je

suis ») lorsqu’ils sont soumis à des évènements négatifs. Au contraire, ils auraient tendance à

favoriser les attributions externes lors d’évènements positifs [91].

Page 26: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  26  

C. Retentissement social et fonctionnel

La difficulté à interagir avec autrui est une plainte fréquente des personnes prises en

charge en psychiatrie. Ces difficultés d’interactions sociales participent à l’isolement des

patients, à leurs difficultés d’insertion socio-professionnelle et grèvent leur qualité de vie.

De plus, comme évoqué précédemment et formulé par Prouteau : « ces difficultés

sociales entravent profondément le processus de réhabilitation psychosociale, renforcent la

souffrance psychologique et pourraient même participer activement au maintien des

symptômes » [93].

Selon plusieurs auteurs, la cognition jouerait un rôle central dans le fonctionnement

social, professionnel et interpersonnel [94]. Mais, alors que pour certains, la part majeure du

pronostic fonctionnel pourrait dépendre des difficultés de cognition sociale [78,95], d’autres

relativisent le rôle de ces troubles dans le fonctionnement, même s’ils considèrent la cognition

sociale comme un élément clé pour appréhender les difficultés de ces patients [83].

Fett a abordé cette question dans une méta-analyse portant sur plusieurs dizaines

d’études réunissant les corrélations entre les performances cognitives et des mesures de

fonctionnement social ou communautaire chez des patients schizophrènes [23]. Il a mis en

évidence les liens prééminents, par rapport aux autres processus, qu’entretiennent la cognition

sociale et les capacités de fonctionnement dans la communauté [23]. En effet, selon lui, les

difficultés en cognition sociale seraient responsables de 16 % à 23% de la variance des

difficultés observées dans le champ du fonctionnement social, alors que seules 6 % seraient

expliquées par les capacités neurocognitives (dans une population de patients schizophrènes)

[23].

De plus, des études de modélisation ont confirmé l’hypothèse selon laquelle la

cognition sociale jouerait un rôle de médiateur clé entre les processus neurocognitifs et le

fonctionnement quotidien [96,98].

Plus précisément, différentes études ont cherché à identifier les liens entre les

principaux domaines de la cognition sociale et le fonctionnement social des sujets.

Couture, dans sa méta-analyse parue en 2006, retrouve une relation assez stable entre

les capacités de perception sociale et les capacités de résolution de problèmes sociaux, le

comportement social en vie quotidienne, les compétences sociales et le fonctionnement

communautaire [61]. Franck, de son côté, montre les conséquences des déficits de perception

sociale sur l’ajustement relationnel et l’insertion sociale des patients [88].

Page 27: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  27  

Couture identifie également une relation stable, mais modeste, entre les capacités de

perception émotionnelle et le fonctionnement communautaire, les compétences sociales et le

comportement social en vie quotidienne [61].

Il montre, par ailleurs, une relation stable et forte entre les capacités de théorie de

l’esprit (ToM) et les compétences sociales [61] et le fonctionnement quotidien [62]. Roncone

confirme ces résultats et montre que 15 % de la variance des difficultés rencontrées dans le

champ du fonctionnement social seraient expliquées par un déficit de ToM [63]. En parallèle,

Bora suggère qu’un déficit de ToM serait un indicateur majeur des difficultés sociales des

patients (27 % de la variance expliquée) [67]. Enfin, Brüne [64], de son côté, indique que les

déficits de ToM permettaient d’expliquer près d’un quart de la variance en rapport avec les

difficultés sociales comportementales, faisant de la ToM le principal prédicteur concernant

cette compétence.

Seulement deux études ont examiné la relation entre style attributionnel et

fonctionnement social. Leurs résultats suggèrent que le style attributionnel serait lié aux

capacités d’interactions sociales d’un sujet [92], au fonctionnement communautaire et au

comportement social. De plus, le fait de proposer des attributions causales stables à des

évènements de vie favoriserait une meilleure qualité de vie et des interactions sociales en

quantité plus élevée [92].

Enfin, plusieurs études ont mis en évidence que des déficits en perception

émotionnelle et perception sociale seraient fortement corrélés aux statuts professionnels et

sociaux [78,79].

Devant l’importance de l’impact en vie quotidienne des troubles de la cognition

sociale, des chercheurs ont développé, depuis une quinzaine d’années, des programmes de

remédiation de la cognition sociale basés sur les méthodes des programmes de remédiation

des neurocognitions. Ces programmes s’inscrivent généralement dans des protocoles plus

globaux de réhabilitation psychosociale toujours dans le but d’améliorer l’autonomie,

l’insertion sociale et la qualité de vie des patients.

Page 28: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  28  

D. Remédiation de la cognition sociale

Depuis une quinzaine d’années, les nombreuses études réalisées sur les cognitions

sociales ont permis de mieux comprendre les liens entre processus déficients,

symptomatologie et répercussions fonctionnelles. En parallèle, ces recherches ont abouti à la

conception d’outils thérapeutiques et notamment de programmes de remédiation cognitive.

Au cours de la dernière décennie, plusieurs programmes de remédiation cognitive ont

montré leur efficacité dans le traitement des déficits neurocognitifs et en particulier chez les

personnes souffrant de schizophrénie [99,100].

Après avoir développé des programmes de remédiation des neurocognitions (ou

cognitions de base), les chercheurs ont développé des programmes de remédiation de la

cognition sociale. Dans ce champ, plusieurs programmes ont peu à peu émergé sur la scène

internationale et ont progressivement fait la preuve de leur efficacité.

Selon Green : « ces interventions ont permis d’améliorer à la fois les performances des

patients aux tests de cognition sociale mais aussi dans leur vie quotidienne » [101]. De son

côté, Kurtz a rapporté, sur la base d’une méta-analyse d’un peu moins de vingt essais

randomisés et contrôlés, les effets significativement positifs des procédures d’entrainement de

la cognition sociale sur les mesures de cognition sociale (ToM, reconnaissance des émotions

faciales) ainsi que sur le niveau symptomatique global et le fonctionnement dans la

communauté ou les institutions [102].

Dans le domaine de la remédiation de la cognition sociale, il existe trois types

d’interventions distinctes, chacune reposant sur des bases théoriques spécifiques [103]. Les

programmes disponibles ont été, pour l’essentiel, initialement développés pour les patients

schizophrènes. Néanmoins, un certain nombre des programmes disponibles sont proposés à

des patients souffrant d’autres pathologies psychiatriques et présentant des troubles de la

cognition sociale.

Les premiers programmes développés dans le champ de la cognition sociale sont

qualifiés de « larges ». Ils reposent sur un modèle hiérarchique dans lequel on considère que

l’amélioration des aptitudes cognitives de base constitue le fondement sur lequel sont ensuite

développées les compétences sociales de plus haut niveau [104]. À cette catégorie se

Page 29: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  29  

rattachent des programmes tels que l’IPT (Integrated Psychological Therapy), l’INT

(Integrated Neurocognitive Therapy) et le CET (Cognitive Enhancement Therapy).

L’IPT [105] est l’un des plus utilisés dans ce type d’approche. C’est un programme

thérapeutique groupal, créé en 1992 et d’inspiration cognitivo-comportementale. Ce

programme est basé sur un modèle d’interactions en cercles vicieux entre les différents

niveaux de déficits neurocognitifs, de cognition sociale et de fonctionnement social [106]. Il

associe remédiation cognitive et entrainement aux compétences sociales. Le déroulement

général de la thérapie est réparti en cinq modules allant progressivement des compétences de

base vers les interactions sociales complexes et chargées affectivement. Le module consacré à

la cognition sociale a pour objectif global d’améliorer la compréhension des situations

sociales et la reconnaissance des émotions faciales, dans le but de favoriser le développement

des compétences relationnelles qui seront entraînées dans la suite du programme. L’IPT n’a

pas fait l’objet d’étude de validation portant spécifiquement sur la cognition sociale. Par

contre, son efficacité et le maintien des bénéfices à six mois sur la symptomatologie, le

fonctionnement neuropsychologique et le fonctionnement psycho-social ont été largement mis

en évidence par une méta-analyse récente portant sur 30 études et concernant 1393 patients

[105].

Plus récemment, des programmes dispensant des interventions dites « ciblées » ont été

développés. Ces programmes ont pour objectif d’améliorer spécifiquement certains processus

déficitaires en proposant une prise en charge relativement courte.

Dans ce cadre, on peut citer, par exemple, le programme TAR (Training of Affect

Recognition). Ce programme de remédiation cognitive, découpé en 3 phases, est centré sur les

processus de reconnaissance des émotions faciales [107,108]. Il comprend 12 séances d’une

heure étalées sur six semaines. Il est composé d’exercices assistés par ordinateur, d’exercices

« papier-crayon » et d’exercices à domicile. Deux patients travaillent en collaboration avec un

thérapeute. En termes de stratégies de remédiation cognitive, le TAR poursuit à la fois des

objectifs de restauration des processus déficitaires et de compensation, par l’utilisation de

stratégies utilisant d’autres canaux de l’expression émotionnelle que les seules expressions

faciales. TAR est, à l’heure actuelle, l’un des programmes qui a fait la meilleure preuve de

son efficacité. Il n’est par contre toujours pas disponible en langue française.

On peut également citer le programme Gaïa [109], développé à Lyon, et qui fait

actuellement l’objet d’une étude de validation. Ce programme de remédiation de la perception

des émotions faciales propose un traitement individualisé durant 20 séances, réparties sur 10

Page 30: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  30  

semaines et découpé en 3 phases : verbalisation et apprentissage des émotions faciales (joie,

colère et tristesse), entrainement intensif à la reconnaissance de ces 3 émotions et

généralisation à d’autres émotions courantes. Il associe des exercices de photo, de jeux de

rôles, des exercices informatisés cherchant à placer le patient au plus près des situations

d’interactions sociales réelles, et des exercices à domicile, dans l’objectif de favoriser le

transfert des bénéfices de la remédiation cognitive à la vie quotidienne.

Concernant la théorie de l’esprit (ToM), on peut citer le programme ToMRemed

développé par l’équipe de Versailles et qui cible précisément les difficultés des personnes à

reconnaître et à comprendre les intentions d’autrui, grâce à l’utilisation de courts extraits de

films [110].

Ces outils ont mis en évidence la pertinence d’interventions hautement spécifiques

dans l’amélioration des processus composant la cognition sociale, néanmoins le maintien à

long terme des bénéfices apportés et leurs transferts dans les activités de la vie quotidienne

restent encore à démontrer [104].

Enfin, une troisième catégorie de programmes propose des interventions plus globales,

qui tiennent compte de l’ensemble des processus de la cognition sociale potentiellement

altérés. Ces programmes ont été développés récemment et s’appuient majoritairement sur les

études mettant en évidence l’influence des altérations de la cognition sociale sur les

compétences en jeu dans la vie quotidienne. Dans ce cadre, deux programmes peuvent être

cités : L’ETIT (Emotion and ToM Imitation training [111] et le SCIT (Social Cognition and

Interaction Training) [112,113]. L’ETIT consiste en une intervention groupale reposant

principalement sur l’observation et l’imitation et qui vise principalement à améliorer les

processus de ToM, mais aussi l’empathie. Le SCIT, dont une version française est

actuellement en cours de validation, cible prioritairement la perception des émotions, la ToM,

les jugements hâtifs et les biais d’attribution.

En France, alors que plusieurs interventions ciblées sont à l’heure actuelle utilisées

dans les services de réhabilitation, aucun programme global en langue française, tenant

compte de l’ensemble des composantes de la cognition sociale et favorisant le transfert aux

activités de la vie quotidienne, n’est encore disponible.

Le programme RC2S (Remédiation cognitive de la Cognition Sociale dans la

Schizophrénie) [114,115] a été développé à la suite de ce constat et est actuellement en cours

d’étude. Il s’appuie sur une prise en charge individuelle, et cherche à tenir compte des

Page 31: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  31  

spécificités de chaque patient ainsi que de son profil cognitif spécifique. Ce programme dit

« écologique » cherche à favoriser au mieux le transfert des compétences acquises à la vie

quotidienne, par l’utilisation de la technologie de la réalité virtuelle. Dans ce programme, le

patient doit aider un personnage virtuel dans les interactions sociales qu’il rencontre. Cette

technique permet de construire des environnements réalistes et sûrs où il est possible

d’interagir avec des avatars sociaux en limitant les frustrations émotionnelles ou le sentiment

d’échec.

En conclusion, l’ensemble des données recueillies au sujet de la prise en charge en

remédiation cognitive des troubles de la cognition sociale atteste que, malgré leur caractère

relativement récent et le faible nombre de travaux déjà réalisés, les résultats obtenus sont

prometteurs [116].

Page 32: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  32  

E. Evaluation de la cognition sociale

Comme évoqué précédemment, les troubles des interactions sociales occupent une

place importante dans de nombreuses pathologies psychiatriques et sont, dans un certain

nombre de cas, sous-tendus par des troubles de la cognition sociale. Lorsqu’est suspecté un

déficit dans ce domaine, il convient alors de procéder à une évaluation « objective » [117].

Cette évaluation permettra de définir une éventuelle indication à un programme de

remédiation, servira de base à l’évaluation des progrès du patient et permettra à celui-ci de

mieux comprendre les raisons de ses difficultés d’interactions sociales.

Pour réaliser une évaluation objective des troubles de la cognition sociale, différents

tests neuropsychologiques ont été développés. L’objectif de ces tests est de caractériser le plus

précisément possible les déficits des patients dans les différents processus de la cognition

sociale. Actuellement, les tests les plus cités dans la littérature évaluent de manière « ciblée »

la théorie de l’esprit, la perception émotionnelle, la perception sociale et les bais

attributionnels.

Les tests neuropsychologiques développés pour évaluer les capacités de théorie de

l’esprit sont nombreux et se distinguent selon le type d’état mental attribué et selon les

modalités verbales ou non-verbales mises en œuvres dans le matériel. Le premier test

d’évaluation des capacités de théorie de l’esprit est la célèbre tâche de Sally et Ann. Ce test,

conçu en 1983 par Wimmer et Perner, est basé sur le paradigme des fausses croyances. Il a

montré son efficacité dans l’identification des difficultés en ToM chez les enfants autistes.

Par la suite, d’autres tests, en langue anglaise, d’évaluation de la ToM, ont été

développés comme : le Reading the Mind in the Eyes Test [118] ou The Awareness of Social

Inference Test (TASIT) [119]. Le Movie for Assessment of Social Cognition (MASC),

développé en 2006 par Dziobek, bénéficie quant à lui d’une version française.

Les tests cherchant à évaluer le traitement émotionnel sont le plus souvent fondés sur

les émotions de base telles que la joie, la colère, la tristesse, la peur, le dégoût, introduites par

Paul Ekman et Wolfgang Friesen en 1976.

Parmi les tests les plus cités dans ce domaine, on retrouve : Le Penn Emotion

Discrimination Task (ER-40) [120], le Bell Lysaker Emotion Recognition (BLERT) [121]

Page 33: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  33  

ainsi que le Face Emotion Discrimination Test [122]. Le Test de Reconnaissance des

Emotions Faciales (TREF), développé et validé en langue française en 2014 par Gaudelus et

collaborateur, est actuellement l’un des plus utilisés dans l’hexagone.

Mais la perception émotionnelle concerne également la modalité auditive pour laquelle

le terme de prosodie qualifie l’expression transmise par le ton, l’intensité, le rythme de

prononciation. L’ensemble de ces éléments contribue à la compréhension de la parole. Les

tests les plus connus évaluant les capacités des patients à percevoir ces éléments prosodiques

sont probablement le Voice Emotion Identification test et le Voice Emotion Discrimination

Test [123]. L’usage de paradigmes de reconnaissance de la prosodie émotionnelle est pour le

moment largement réservé à la recherche et rares sont les matériels disponibles en langue

française.

Deux questionnaires portant sur le style attributionnel sont régulièrement cités dans la

littérature et font actuellement l’objet d’un relatif consensus : l’Ambiguous Intentions

Hostility Questionnaire (AIHQ) [124] qui évalue l’attribution spontanée d’intentions dans une

situation sociale, et l’Internal, Personal and Situational Attributions Questionnaire (IPSAQ)

[125].

Enfin, parmi les tests d’évaluation des perceptions sociales les plus cités dans la

littérature, on peut évoquer : l’Interpersonal Perception Task (IPT-15) de Costanzo et Archer

(1989) et le Half Profile Of Non verbal sensitivity (Half PONS) [126]. De plus, très

récemment (2014), une échelle en langue française nommée PERSO a été développée au sein

du groupe « cognition » de l’institut de psychiatrie (GDR 3557) et fait actuellement l’objet

d’un travail de validation.

Comme on peut le voir, la majorité des tests d’évaluation de la cognition sociale

évaluent de manière « ciblée » ses différents sous-domaines. Des « batteries » de test,

regroupant plusieurs d’entre eux, sont actuellement en cours de validation, (ex : batterie

ClaCoS du GDR 3557) dans le but de permettre une évaluation standardisée et globale de la

cognition sociale.

Comme évoqué précédemment, l’évaluation objective des difficultés en cognition

sociale représente une étape importante dans le processus de réhabilitation psychosociale de

Page 34: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  34  

nombreux patients souffrant de pathologies psychiatriques. Mais qu’en est-il du recueil des

plaintes « subjectives » des patients ?

En effet, alors qu’il est possible de caractériser précisément les déficits objectifs des

patients en cognition sociale, le recueil des plaintes « subjectives » ne repose actuellement

que sur l’entretien clinique. Il n’existe en effet, à ce jour, aucune échelle validée

d’autoévaluation des difficultés de cognition sociale.

Or, selon Vianin, l’usage d’échelles d’autoévaluation permet d’ « orienter les soins »

avant que les outils neuropsychologiques ne viennent « préciser les cibles thérapeutiques à

privilégier » [127]. De plus, selon Pomini : « l’autoévaluation permettrait d’augmenter

l’implication et la motivation du patient dans les soins, ce qui apparaît comme une condition

indispensable à la mise en place d’un réel partenariat thérapeutique » [117].

Le recueil des plaintes en cognition sociale d’un sujet permettrait donc, par

l’émergence d’une conscience des difficultés et de ses conséquences négatives, de majorer

son implication et sa motivation à intégrer un programme de remédiation cognitive souvent

long et fastidieux [128].

Dans ce contexte, une équipe de l’institut de psychiatrie GDR 3557 a élaboré, en 2014,

un auto-questionnaire, nommé ACSo (Autoévaluation des troubles de la Cognition Sociale)

dont l’objectif était de faciliter et de standardiser le recueil des plaintes des patients dans le

domaine de la cognition sociale.

L’objectif de cette étude était d’étudier les qualités psychométriques de l’échelle

ACSo dans une population de patients souffrant de troubles psychiatriques.

Page 35: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  35  

II. Matériel et méthodes

Comme évoqué dans l’introduction, l’échelle ACSO a été conçue dans le but de

faciliter le recueil des plaintes en cognition sociale des patients souffrant de troubles

psychiatriques.

Au cours de l’année 2014, le Dr Graux, Praticien Hospitalier au CHRU de Tours, m’a

offert l’opportunité de participer à une séance de travail de l’équipe du GDR 3557 sur la

conception de l’échelle ACSo. À cette occasion, il m’a proposé, dans le cadre de mon travail

de thèse, de réaliser une étude de validation de celle-ci.

Dans cette partie, nous expliquerons tout d’abord, la manière dont a été construite

l’échelle ACSo puis nous nous focaliserons sur l’étude de validation.

A. Construction de l’échelle ACSo

Les auteurs ont organisé leur travail de construction d’échelle selon deux séquences

successives. Pour commencer, ils ont défini les caractéristiques attendues de l’outil, c’est à

dire le cadre « général » avant de constituer une liste d’items dont nous donnerons le détail ci-

après.

1. Définition des caractéristiques de l’échelle

Pour définir les caractéristiques attendues du futur instrument, les auteurs ont établi un

« cahier des charges » renseignant : le concept à mesurer, l’objectif de l’instrument, la

population cible, la structure prévue de l’instrument, le mode de passation de l’échelle, ses

conditions d’utilisation, le choix du nombre d’items et le système de cotation. En voici le

détail :

Concept à mesurer :

Le concept à mesurer était la plainte subjective des patients concernant leurs

difficultés en cognition sociale.

Page 36: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  36  

Objectif de l’échelle :

L’objectif de l’échelle ACSo était de permettre aux patients une évaluation subjective

et quantitative de l’ensemble de leurs éventuelles difficultés en cognition sociale.

Population cible :

Les troubles de la cognition sociale touchent des sujets atteints de pathologies

psychiatriques très diverses. De ce fait, les auteurs de l’échelle ACSo ont cherché à construire

un outil utilisable quelle que soit la pathologie psychiatrique du patient.

De plus, les données de la littérature mettent en évidence la présence de troubles de la

cognition sociale dans des populations psychiatriques d’âge et de sexe différents. Ainsi, les

auteurs ont construit une échelle à destination des sujets adultes ou adolescents sans limite

maximum d’âge, hommes ou femmes et souffrant d’au moins une pathologie psychiatrique.

Structure prévue de l’instrument :

Selon les données de la littérature, la cognition sociale est un concept composite [20]

au sein duquel tous les domaines ne font pas l’unanimité. Néanmoins, quatre d’entre eux

bénéficient actuellement d’un relatif consensus : la Théorie de l’esprit (ToM), la perception

émotionnelle (PE), la perception et la connaissances sociales (PS) et les biais attributionnels

(BA).

Les créateurs de l’ACSo ont donc construit un auto-questionnaire, a priori,

quadridimensionnel évaluant les plaintes dans ces 4 domaines de la cognition sociale.

Mode de passation de l’échelle :

Pour évaluer les plaintes des patients, les auteurs ont dû choisir entre une échelle

d’auto-évaluation et une échelle d’hétéro-évaluation.

Les auteurs ont fait l’hypothèse que les patients seraient les « mieux placés » pour

évaluer leurs difficultés ressenties en cognition sociale. Ils ont donc choisi de construire un

auto-questionnaire.

Conditions d’utilisation de l’échelle :

La définition des conditions d’utilisation d’une échelle résulte d’un compromis entre la

précision et la fiabilité d’un outils aux conditions d’utilisation standardisées et l’accessibilité

et la facilité d’usage d’un instrument aux conditions d’utilisations plus souples [129].

Page 37: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  37  

Dans le cas de l’ACSo, les auteurs ont privilégié l’accessibilité et la facilité

d’utilisation de l’échelle. Ils n’ont donc donné aucune consigne particulière quant aux

conditions d’utilisation de celle-ci.

Le choix du nombre d’items :

Le choix du nombre d’items d’une échelle résulte d’un compromis entre l’exhaustivité

potentielle d’une échelle composée de nombreux items et la facilité d’utilisation d’une échelle

constituée de peu d’items.

Dans le cas de l’ACSo, les auteurs ont développé un instrument contenant 5 items par

domaine soit 20 items au total.

Système de cotation :

De la même façon, le choix d’un système de cotation découle d’un compromis entre le

caractère pratique et simple d’une cotation qualitative (« vrai »-« faux » ; « oui »-« non ») et

la précision d’une cotation quantitative.

La cognition sociale étant une dimension pour laquelle il n’est pas possible de définir

une frontière stricte entre « normal » et « pathologique » mais qui se définit davantage selon

un continuum, les auteurs ont choisi un système de cotation de type likert à 5 modalités.

Il a également été nécessaire de définir quelle caractéristique de la plainte devait être

évaluée. Dans la littérature, les deux caractéristiques les plus couramment utilisées pour

l’évaluation des difficultés ressenties par les patients sont l’intensité et la fréquence [130].

Pour l’ACSo, les auteurs ont décidé de proposer aux patients de coter la fréquence des

leurs difficultés ressenties selon les 5 modalités suivantes : « très souvent » (4), « souvent »

(3), « parfois » (2), « rarement » (1) et « jamais » (0).

Une fois le « cadre général » de l’échelle défini, les auteurs de l’échelle ACSo, ont

constitué une liste d’items avec l’objectif de permettre une évaluation facile mais également

la plus exhaustive possible.

Page 38: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  38  

2. Constitution des items de l’échelle

Dans un premier temps, les auteurs ont recherché tous les items susceptibles d’être

utilisés dans l’instrument.

Pour ce travail, les auteurs ont sollicité l’avis « d’experts » dans le domaine des

cognitions sociales et ont utilisé des échelles et batteries de tests évaluant les cognitions

sociales ou des domaines voisins.

Les principales échelles et tests utilisés pour la construction de l’échelle sont listés

dans le Tableau 1.

Tableau 1 : Echelles et tests utilisés pour la construction d’ACSo

Nom de l’échelle Type d’évaluation Domaines évalués

Echelle GEOPTE [131]

subjective Neurocognitions, cognitions et

fonctionnement social

Campbridge Friendship

Questionnaire [132]

subjective Habiletés sociales

Social Cue Recognition Test

(SCRT) [133]

Objective Perception sociale

Batterie d’évaluation des fonctions

socio-cognitives à destination des

patients atteints d’affections

neurologiques [134]

Objective Perception émotionnelle, Théorie

de l’esprit, normes sociales

Dans un deuxième temps, et une fois le pool d’items constitué, les auteurs ont

raccourci, reformulé et simplifié les énoncés des items de sorte qu’ils demandent un effort

cognitif et affectif minimum pour y répondre [129] ; ceci toujours dans le but de rendre

l’ACSo accessible au plus grand nombre.

Dans un troisième temps, les auteurs ont cherché à extraire un « noyau consensuel »

d’items [129]. Pour se faire, ils ont eu recours à la méthode dite du « panel d’expert ». Par

cette méthode, un groupe de 9 neuropsychologues, psychologues, psychiatres et chercheurs

experts de la cognition sociale et appartenant au GDR 3557 a été constitué. Lors d’une

réunion, ces derniers ont dégagé les items les plus pertinents et les plus en adéquation avec les

domaines explorés. Ils ont également retravaillé et simplifié à nouveau la formulation des

items. À l’issue de ce travail, 5 items par domaine ont été retenus pour former l’ACSo.

L’échelle a ensuite été présentée à des experts de la cognition sociale, n’ayant pas participé à

sa conception, qui ont ainsi vérifié que le contenu de l’ACSo semblait bien mesurer ce qu’elle

affirme mesurer, c’est-à-dire les plaintes dans 4 domaines de la cognition sociale.

Page 39: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  39  

3. Présentation de l’échelle

Comme écrit plus haut, l’échelle ACSo est composée de 20 items, organisés en 4

groupes de 5 items, évaluant les plaintes des patients dans les 4 principaux domaines de la

cognition sociale : La perception émotionnelle (PE), la perception sociale et la connaissance

sociale (PS), la théorie de l’esprit (ToM) et les biais attributionnels (BA)).

Pour chaque item, le patient cote la fréquence à laquelle il s’accorde avec l’affirmation

présentée. La cotation se fait selon une échelle de type Likert à 5 modalités allant de 0

(jamais) à 4 (très souvent). Un score compris entre 0 et 20 peut ainsi être calculé pour chacun

des 4 domaines.

Par ailleurs, afin de limiter d’éventuels biais de répétition, les items ont été présentés

dans le désordre (et non pas par domaine) et les formulations de 6 items ont été inversées

(items 1, 2, 5, 6, 16 et 18).

Page 40: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  40  

Figure 1 : Echelle ACSo (Autoévaluation des Troubles de la Cognition Sociale)

Page 41: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  41  

B. Etude de validation de l’échelle ACSo

Cette partie présente les différentes étapes de l’étude de validation de l’échelle ACSo.

1. Aspects éthiques

En préambule de l’étude, un protocole d’étude non interventionnel a été rédigé puis

soumis au groupement éthique d’aide à la recherche biomédicale du CHRU de Tours. Il a reçu

un avis favorable le 17/11/2014.

2. Définition de la population d’étude

L’étude des qualités psychométriques d’une échelle demande un nombre de sujets

suffisant. Sans que cela ne repose sur aucune simulation mathématique, les statisticiens

s’accordent généralement pour dire qu’il est nécessaire de recruter au moins 5 à 10 sujets par

items [129]. L’échelle ACSo étant composée de 20 items, il était donc nécessaire de recruter

au moins 100 patients. Afin d’assurer un recrutement suffisant pour l’étude de validation de

l’ACSo, nous avons inclus des patients adultes hospitalisés ou suivis en psychiatrie dans trois

villes françaises : Tours (37), Paris (75) et Lyon (69).

Au moment de l’inclusion, les patients étaient soit hospitalisés dans des centres de

réhabilitation psycho-sociale ou dans des unités d’hospitalisation temps plein, soit suivis dans

des hôpitaux de jour de secteur ou en consultations externes de secteur.

À Tours, les patients ont été recrutés dans différents services du CHRU : la Clinique

Psychiatrique Universitaire, les services de psychiatrie D et B et l’hôpital de jour

intersectoriel « La Chevalerie ». À Paris, les patients ont été recrutés au sein du Centre

Référent en Remédiation Cognitive et Réhabilitation Psychosociale de l’hôpital Sainte Anne

(C3RP). Enfin, à Lyon, les patients ont été recrutés au centre de réhabilition du Centre

Hospitalier « Le Vinatier ». Pour tous les centres, l’accord des responsables de service avait

été obtenu avant le début de l’étude.

Une lettre d’information sur l’étude a été remise à chaque patient avant l’inclusion.

Celle-ci précisait les objectifs de l’étude et indiquait que leur participation était libre.

Page 42: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  42  

Les patients étaient également informés du caractère confidentiel des informations recueillies

et de l’usage exclusif des résultats par les investigateurs de l’étude.

Les critères d’inclusion étaient :

- Etre majeur au moment de l’inclusion

- Etre francophone

- Avoir un niveau scolaire collège minimum

- Présenter une pathologie psychiatrique selon la classification CIM-10

Les critères de non-inclusion étaient :

- Ne pas être volontaire pour l’étude

- Avoir moins de 18 ans

3. Recrutement des sujets de l’étude et passation des échelles

Le recrutement des sujets de l’étude s’est déroulé entre décembre 2014 et mai 2015.

Il a été réalisé par les professionnels médicaux (médecin psychiatre ou interne de psychiatrie)

des services prenant en charge les patients recrutés. L’étude avait été préalablement présentée

aux professionnels médicaux des services concernés lors de réunions médicales.

Lors du recrutement, les médecins ou internes ont expliqué aux patients éligibles les

objectifs de l’étude et leur ont donné des informations écrites concernant l’étude (cf. Annexe

1). Ces derniers ont ensuite exprimé leur accord oral pour participer.

Une fois l’inclusion faite, chaque sujet a rempli un recueil de données personnelles (cf.

Annexe 2) et a répondu à l’autoquestionnaire ACSo et à trois auto-

questionnaires complémentaires évaluant des domaines considérés comme plus ou moins

proches du concept de plainte subjective en cognition sociale : la SSTICS (Subjective Scale

To Investigate Cognition in Schizophrenia) qui évalue les plaintes en neurocognition (cf.

Annexe 3), la BIS (Birshwood Insight Scale) qui évalue l’insight (cf. Annexe 4) et l’échelle

d’anhédonie sociale révisée de Chapman (cf. Annexe 5).

Enfin, un retest a été proposé aux patients tourangeaux suivis à l’hôpital de jour « La

chevalerie » afin de tester la fidélité de la mesure. L’intervalle entre test et retest ne devait pas

être trop court pour ne pas permettre aux sujets de se souvenir de leurs réponses ni trop long

pour que l’évolution clinique des sujets ne modifie pas leurs réponses. Dans ce contexte, les

retests ont été réalisés 2 mois après les tests par l’envoi d’un courrier à l’adresse postale des

Page 43: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  43  

sujets. Le courrier comportait une nouvelle note d’information (cf. Annexe 6), un

questionnaire ACSo et une enveloppe préaffranchie à l’adresse de l’hôpital de jour « La

chevalerie » du CHRU de Tours. Sur la note d’information, il était proposé aux sujets de

remplir le questionnaire puis de le poster grâce à l’enveloppe jointe ou de le rapporter à

l’équipe soignante de l’hôpital de jour « La chevalerie ».

4. Données recueillies

a) Données personnelles

Sur le recueil de données personnelles, les sujets inclus ont renseigné leurs nom, âge,

sexe, coordonnées, et niveau de formation.

Les diagnostics psychiatriques CIM-10 ont été renseignés par les cliniciens en charge

des patients au moment de la passation des questionnaires puis classés par les investigateurs

selon les catégories diagnostiques de la CIM-10.

De la même façon, les niveaux de formation ont été classés selon 5 catégories

s’inspirant des niveaux de formation définis par l’INSEE :

- Niveau de formation I (NF I) : > BAC + 2

- Niveau de formation II (NF II) : BAC + 1-2

- Niveau de formation III (NF III) : BAC

- Niveau de formation IV (NF IV) : CAP – BEP – Lycéens

- Niveau de formation V (NF V) : Collège – Brevet des collèges – Echec CAP-BEP

Les niveaux de formation I, II et III ont ensuite été regroupés dans la supercatégorie

« bacheliers » tandis que les niveaux de formations IV et V ont été regroupés dans la

supercatégorie « non-bacheliers ».

b) Echelles complémentaires

Trois échelles validées dans des domaines proches de notre domaine d’étude ont été

choisies par les auteurs pour l’étude de la validité externe de l’échelle ACSo :

1°) L’échelle SSTICS (Subjective Scale To Investigate Cognition in

Schizophrenia) [135], un auto-questionnaire évaluant les plaintes des patients dans le champ

des neurocognitions (=cognitions de bases). Il permet aux patients d’évaluer subjectivement

Page 44: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  44  

et quantitativement la fréquence de leurs difficultés cognitives (mémoire, attention, langage et

fonctions exécutives). Cette échelle de type Likert est constituée de 21 questions cotées de 0

(jamais) à 4 (très souvent), donnant ainsi un score total compris entre 0 et 84.

2°) L’échelle BIS (Echelle d’insight de Birshwood) [136], un questionnaire

d’autoévaluation de l’insight, c’est-à-dire du niveau de conscience de la maladie. Cette

échelle de type Likert est composée de 8 items côtés de 0 à 2. Son score total, compris entre 0

et 12 est calculé selon la formule suivante : (items 1+8) + (2+7) + ((3+4+5+6)/2) = score

total. Un score supérieur ou égal à 9 correspond à un bon insight. Elle permet également de

donner 3 sous scores renseignant le niveau de conscience des symptômes (items 1+8), le

niveau de conscience de la maladie (items 2+7) et le besoin ressenti d’un traitement ((items

3+4+5+6)/2).

3°) L’échelle Révisée d’Anhédonie Sociale de Chapman [137] étudie la dimension

« sociale » de l’anhédonie, c’est-à-dire le manque de plaisir et d’intérêt ressenti, par le sujet,

dans les interactions sociales. Cet auto-questionnaire, composé de 40 affirmations auxquelles

le sujet doit répondre par « vrai » ou « faux », donne un score total compris entre 0 et 40.

5. Analyses statistiques

Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide des logiciels STATISTICA v10

(StatSoft, Inc.) et XL STAT 2015

a) Analyse descriptive

Préalablement à toute étude des qualités psychométriques de l’échelle ACSo, une

analyse descriptive a été réalisée. Cette analyse visait à décrire puis comparer : la population

d’analyse, les items de l’échelle, les 4 construits théoriques à l’origine de l’ACSo ainsi que les

variables complémentaires (âge, échelles SSTICS, BIS et Chapman) selon différentes

variables (sexe, diagnostic psychiatrique et niveau de formation).

Des tests non-paramétriques ont été utilisés (test de Mann-Whitney, test de Kruskal-

Wallis) pour les analyses portant sur les items d’ACSo (cotation des items sur 5 niveaux entre

0 et 4). Dans les autres cas, des tests paramétriques ont été utilisés (test T de Student,

ANOVA,...).

Page 45: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  45  

b) Etude de la validité de l’échelle ACSo

Le concept de validité d’un instrument d’évaluation recouvre en réalité plusieurs

notions, qui visent toutes, par des procédés différents, à confirmer que l’outil mesure bien ce

pour quoi il a été conçu.

(1) Validité interne :

La validité interne ou validité de structure a, tout d’abord, été étudiée selon une

approche confirmatoire, à l’aide d’une Analyse Factorielle Confirmatoire puis, selon une

approche exploratoire, à l’aide d’une Analyse en Composantes Principales (ACP).

A/ L’Analyse Factorielle Confirmatoire (AFC) est, en théorie, la réponse statistique

spécifiquement adaptée au problème de la confirmation d’une structure. Il s’agit de tester

statiquement la qualité de l’ajustement de l’échelle à un modèle théorique défini a priori, c’est

à dire déterminer si la structure de l’échelle est « raisonnablement compatible » avec l’idée

que les auteurs s’en font [138].

Dans notre cas, l’échelle ACSo a été développée autour de 4 construits théoriques ou

variables latentes (avec 5 items ou indicateurs par construit). Ce modèle à 4 construits peut

être testé par une AFC et, dans ce cas, les relations possibles entre les différentes variables

peuvent être représentées très schématiquement de la façon suivante (Figure 5) :

Figure 5 : Items et modèle à 4 construits de l’échelle ACSo

Page 46: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  46  

L’objectif de l’Analyse Factorielle Confirmatoire (AFC) est ici de venir tester la

validité de ces relations définies a priori.

Pour cela, l’analyse a suivi les étapes suivantes :

1°) Etude de l’ajustement du modèle global :

Trois familles d’indices d’ajustement ont été testées :

a) des indices d’ajustement absolu (teste si le modèle théorique, posé a priori,

reproduit correctement les données recueillies) : test du Chi2, GFI de Joreskog (doit être

>0,90) ;

b) des indices d’ajustement incrémental (test l’évaluation du modèle par rapport à un

modèle de base, le modèle nul) : indices de Bentler et Bonett d’ajustement normé NFI et

d’ajustement non normé NNFI (doivent être >0,90), indice d’ajustement comparatif de

Bentler CFI (doit être >0,90) ;

c) et des indices d’ajustement parcimonieux (test le surajustement ou le sous-

ajustement du modèle) : AGFI de Joreskog (doit être >0,90), indice du Chi² normé (doit être

le plus petit possible : entre 1 et 2-3).

2°) Etude de l’ajustement du modèle de mesure :

a) Estimation de la significativité du lien (c’est-à-dire la contribution factorielle) entre

la variable latente et chacun de ses indicateurs (c’est à dire la force du lien entre

chaque item et son construit).

b) Analyse de la fiabilité de chaque construit c’est-à-dire le fait que les indicateurs

retenus représentent bien chaque construit (suffisante si l’indice est ≥ 0,70).

c) Analyse de la validité de chaque construit

- L’analyse de la validité convergente c’est-à-dire la mesure de la part de

variance expliquée par chaque variable latente (ou construit). Si plus de 50%

de la variance des indicateurs (ou items) est expliquée par le construit, alors le

construit a une bonne validité convergente.

- L’analyse de la validité discriminante c’est-à-dire la mesure de la spécificité

de chaque variable latente. Si la variance partagée entre les variables latentes

est inférieure à la variance partagée entre les variables latentes et leurs

indicateurs, alors la validité discriminante est bonne.

Page 47: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  47  

B/ Une Analyse en Composantes Principales (ACP) a aussi été réalisée. Le but de

l’ACP est d’explorer, sans a priori, la structure de l’échelle et de tenter de définir le nombre

de dimensions (ou facteurs) mesurées par l’échelle.

Une fois l’ACP réalisée, le nombre de facteurs à retenir est défini par les étapes

suivantes :

1°) Ne sont retenues que les valeurs propres supérieures à 1.

2°) Un test de l’éboulis est réalisé sur le diagramme des valeurs propres, c’est-à-dire

que ne sont retenues que les valeurs propres (supérieures à 1) placées au-dessus de la rupture

de pente observée sur le diagramme.

3°) Plusieurs jeux de données aléatoires sont simulés (comme si les items n’avaient

aucun lien logique ou particulier entre eux) et des ACP sont réalisées à partir de ses données.

Les valeurs propres obtenues à partir des jeux de données aléatoires forment alors plusieurs

droites superposées sur le diagramme des valeurs propres. Ne sont alors conservée que les

valeurs propres situées au-dessus des courbes de valeurs propres obtenues avec les jeux de

données aléatoires.

Ces 3 étapes permettent ainsi de connaître le nombre de facteurs (ou dimensions)

présents au sein de l’échelle pour un échantillon donné.

En utilisant le nombre de facteurs (ou dimensions) retenus par l’étape précédente, une

analyse factorielle avec rotation Varimax a ensuite été menée. Cette analyse permet de

connaître les poids factoriels de chaque item pour chacun des facteurs et par conséquent

d’identifier le contenu de chaque facteur. Chaque item contribue au facteur pour lequel son

poids factoriel est le plus élevé. Les items pour lesquels les poids factoriels sont trop faibles

(<0,40) ou quasi-identiques pour plusieurs facteurs (différence <0,10) ne sont rattachés à

aucun facteur.

La consistance interne de chaque dimension a été évaluée par le calcul du coefficient α

de Cronbach qui mesure le degré d’homogénéité des items censés mesurer une même

dimension [139].

Enfin la stabilité de la structure factorielle de l’échelle a été évaluée grâce à la

réalisation de plusieurs ACP sur des échantillons de la population totale d’étude définis selon

une méthode pseudo-aléatoire (sujets pairs versus sujets impairs par exemple). Cette méthode

permet de savoir si le nombre de dimensions (ou facteurs) retenues et les pourcentages de

Page 48: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  48  

variance expliqués par les dimensions se modifient lorsqu’on ne considère qu’une partie de

l’échantillon d’étude. Si les résultats des ACP, réalisées sur les échantillons de la population

d’étude, restent proches de ceux de la population totale, cela va dans le sens d’une bonne

stabilité de la structure factorielle de l’échelle.

(2) Validité externe :

La validité externe de l'échelle ACSo a ensuite été étudiée. Il s'agissait de vérifier que

les mesures faites avec l'échelle concordaient bien avec des mesures de concepts similaires

(validité convergente) et ne concordaient pas avec des concepts éloignés (validité divergente).

Cette étape cherchait à valider et à interpréter le contenu des dimensions mises en

évidence lors de l'étude de la validité interne.

Les validités convergente et divergente ont été étudiées, respectivement, par la mise en

relation des dimensions de l’ACSo, identifiées par l’ACP, avec l’échelle SSTICS et avec les

échelles BIS et Chapman. Nous avons également mis en relation les dimensions de l’ACSo et

l’âge afin de nous assurer que les relations mesurées entre les dimensions de l’ACSo et les

échelles explicatives ne soient pas dépendantes de l’âge. Ces mesures ont été réalisées à l’aide

d’analyses de corrélation de Pearson et de régression linéaire multiple en utilisant le score

total de chaque dimension de l’ACSo, c’est-à-dire la somme des valeurs des items

caractérisant chaque dimension [140].

c) Précision de la mesure : étude de la fidélité au cours du temps

Tester la précision de la mesure permet de connaître l'erreur de mesure faite pour

chaque item et par conséquent de vérifier la reproductibilité d’une mesure. « L'erreur de

mesure peut provenir de fluctuations temporelles, de divergences d'évaluation (entre

utilisateurs de l'échelle) voire de fluctuations d'échantillonnage (choix des items) » [129]. Une

bonne précision « facilite l'interprétation et la comparaison des résultats et améliore la

puissance des études » [129].

Dans le cas d’une échelle d’auto-évaluation, le sujet étant son propre témoin, l’étude

de la précision de la mesure ne peut se faire que grâce à la réalisation d’un test-retest sur un

échantillon de la population d’étude.

Page 49: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  49  

Dans le cas de l’ACSo, l’étude de la fidélité test-retest a été effectuée sur un

échantillon de 20 patients de la population totale et sur les 20 items de l’échelle ACSo pris

indépendamment.

Sur le plan statistique, la précision de la mesure de l’échelle ACSo a été étudiée par le

calcul du coefficient kappa pondéré Kw entre les scores des items aux tests et aux retests

(pondération linéaire (Kw L.) et pondération quadratique (Kw Q.).

d) Analyse typologique

En complément des analyses factorielles et toujours dans le but d’étudier la structure

interne de l’échelle ACSo, une classification ascendante hiérarchique (CAH) a été réalisée.

Cette méthode automatique de classement de données permet de répartir des variables

dans un certain nombre de classes. Elle a pour objectif de réaliser des groupes plus

homogènes de variables ou d’individus caractérisés par des profils d’expression différents.

Pour ce type d’analyse, la méthode de Ward et la distance Euclidienne au carré sont utilisées.

Dans le cas de l’ACSo, une CAH a été réalisée sur les items de l’échelle. L’objectif

était de voir comment les items se regroupaient afin de mieux comprendre des liens qu’ils

entretiennent entre-eux.

Page 50: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  50  

III. RESULTATS

A. Analyse descriptive

Préalablement à toute étude de validité de l’échelle ACSo, nous avons réalisé une

analyse descriptive de la population d’étude, des items de l’ACSo, de ses construits

théoriques, et des différentes variables complémentaires recueillies au cours de l’étude

(échelles SSTICS, BIS, Chapman et âge). Nous avons ensuite comparé ces variables selon le

sexe, le diagnostic et le niveau de formation.

1. Description de la population d’étude

Dans le cadre de l’étude multicentrique, les données de 215 sujets ont été

recueillies (124 tourangeaux, 60 lyonnais et 31 parisiens). 2 sujets tourangeaux ont été exclus

de l’étude du fait de leur niveau scolaire insuffisant (un individu avec un niveau scolaire CE2

et un sujet avec un niveau scolaire CM1). Les cotations de 213 sujets ont ainsi pu être

analysées.

L’échantillon d’étude est constitué de 63,4% d’hommes (n=135) et de 36,6% de

femmes (n=78) soit un sex-ratio de 1,7 : 1 (cf. Tableau 2). Les sujets de la population d’étude

sont âgés de 18 à 77 ans. La moyenne d’âge est de 38,0 ± 13,9 ans (cf. Tableau 2) et 89,2% des

sujets ont moins de 50 ans.

La Figure 6 présente la distribution des âges de la population d’étude.

Figure 6 : Nombre de sujets par classe d’âge dans la population d’étude

0  

5  

10  

15  

20  

25  

30  

35  

16-­‐20  21-­‐25  26-­‐30  31-­‐35  36-­‐40  41-­‐45  46-­‐50  51-­‐55  56-­‐60  61-­‐65  66-­‐70  71-­‐75  76-­‐80  

Page 51: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  51  

La Figure 7 présente les diagnostics CIM-10 au sein de la population d’étude :

Figure 7 : Répartition des diagnostics psychiatriques dans la population d’étude

83,1% des sujets de la population d’étude sont porteurs d’un des 3 diagnostics CIM-

10 suivants : F20-F29, F30-F39 et F80-F89.

N.B. : Afin de faciliter la compréhension des résultats, nous parlerons désormais de

« schizophrénie » pour les sujets diagnostiqués F20-F29, de « trouble de l’humeur » pour les

sujets F30-F39 et « d’autisme » pour les sujets F80-F89.

La population des patients souffrant de schizophrénie compte 76,6% d’hommes et

23,4% de femmes soit un sex-ratio de 3,3 : 1. La population atteinte de troubles de l’humeur

compte 57% d’hommes et 43% de femmes soit un sex-ratio de 1,3 : 1. La population souffrant

d’autisme compte 46% d’hommes et 54% de femmes soit un sex-ratio de 0,9 : 1.

1  

5  

107  46  

12  3   14  

1  24  

F00-­‐F09  :  Troubles  mentaux  organiques,  y  compris  les  troubles  symptomatiques  (CIM-­‐10)  

F10-­‐F19  :  Troubles  mentaux  et  des  comportements  liés  à  l'utilisation  de  substances  psycho-­‐actives  (CIM-­‐10)  F20-­‐F29  :  Schizophrénie,  trouble  schizotypique  et  troubles  délirants  (CIM-­‐10)  

F30-­‐F39  :  Troubles  de  l'humeur  (CIM-­‐10)  

F40-­‐F49  :  Troubles  névrotiques,  troubles  liés  à  des  facteurs  de  stress  et  troubles  somatoformes  (CIM-­‐10)  F50-­‐F59  :  Syndromes  comportementaux  associés  à  des  perturbations  physiologiques  et  à  des  facteurs  physiques  (CIM-­‐10)  F60-­‐F69  :  Troubles  de  la  personnalité  et  du  comportement  de  l'adulte  (CIM-­‐10)  

F70-­‐F79  :  Retard  mental  (CIM-­‐10)  

F80-­‐F89  :  Troubles  du  développement  psychologique  (CIM-­‐10)  

Page 52: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  52  

Enfin, 35 patients ont un niveau de formation I (> Baccalauréat +2), 40 patients ont un

niveau de formation II (Baccalauréat +1-2), 49 patients ont un niveau de formation III

(Baccalauréat), 79 patients ont un niveau de formation IV (Lycée, CAP-BEP) et 10 patients

ont un niveau de formation V (collège, échec CAP-BEP) (cf. Tableau 2). Ainsi, 58,2% des

sujets sont bacheliers (NF I+II+III) et 41,8% sont non bacheliers (soit un ratio de 1,4 : 1).

Les caractéristiques diagnostiques et sociodémographiques de la population d’étude

sont résumées dans le Tableau 2.

Tableau 2 : Résumé des caractéristiques diagnostiques et

sociodémographiques de la population d’étude

Variables n m ± ET ou %

Sexe :

- Femmes 78 36,6%

- Hommes 135 63,4%

Age (années) : 213 38 ± 13,9

Diagnostic CIM-10 :

- F00-F09 1 0,5%

- F10-F19 5 2,3%

- F20-F29 107 50,2%

- F30-F39 46 21,6%

- F40-F49 12 5,6%

- F50-F59 3 1,4%

- F60-F69 14 6,6%

- F70-F79 1 0,5%

- F80-F89 24 11,3%

Niveau de formation :

- NF I 35 16,4%

- NF II 40 18,8%

- NF III 49 23,0%

- NF IV 79 37,1%

- NF V 10 4,7%

- Bacheliers (NF I+II+III) 124 58,2%

- Non Bacheliers (NF IV+V) 89 41,8%

m : moyenne ; ET : écart type ; NF : Niveau de Formation

Page 53: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  53  

- L’échantillon d’étude est constitué de 213 sujets.

- Le sex-ratio est de 1,7 homme pour une femme.

- La moyenne d’âge de la population d’étude est de 38,0 ± 13,9 ans et 89,2% des sujets ont

moins de 50 ans.

- 83,1% des sujets portent l’un des 3 diagnostics suivants : schizophrénie, trouble de

l’humeur ou autisme.

- 76,6% des sujets souffrant de schizophrénie de la population d’étude sont des hommes.

- 58,2% des sujets sont titulaires d’un baccalauréat.

Page 54: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  54  

2. Analyse des items de l’échelle ACSo

Le Tableau 3 présente les scores moyens des 20 items de l’échelle ACSo pour la

population totale (PT) et selon le sexe, le diagnostic et le niveau de formation des sujets. Les

cases en bleu indiquent les items ayant obtenus les scores moyens les plus bas dans les

différentes populations d’intérêt. Les cases en rose indiquent les items ayant obtenus les

scores moyens les plus hauts dans les différentes populations d’intérêt.

Tableau 3 : Scores moyens et écarts-type des 20 items de l’ACSo pour la population totale, selon le sexe, le diagnostic et le niveau de

formation

item PT (n=213) F

(n=78)

H (n=135) SCZ

(n=107)

T. Hum

(n=46)

Autistes

(n=24)

BAC

(n=124)

N. BAC

(n=89)

1 1,1 ± 1,0 1,1 ± 1,0 1,2 ± 1,0 1,2 ± 1,0 0,8 ± 0,8 1,5 ± 1,1 1,1 ± 0,9 1,1 ± 1,0

2 1,3 ± 1,1 1,3 ± 1,1 1,3 ± 1,1 1,4 ± 1,0 1,2 ± 1,1 1,6 ± 1,1 1,4 ± 1,1 1,2 ± 1,1

3 1,7 ± 1,1 1,8 ± 1,2 1,6 ± 1,1 1,7 ± 1,1 1,6 ± 1,0 2,2 ± 1,3 1,6 ± 1,1 1,8 ± 1,1

4 1,4 ± 1,3 1,5 ± 1,3 1,4 ± 1,2 1,4 ±1,3 1,4 ± 1,4 1,6 ± 1,2 1,3 ± 1,2 1,5 ± 1,3

5 1,4 ± 1,1 1,4 ± 1,2 1,3 ± 1,1 1,4 ± 1,0 1,2 ± 1,2 1,8 ± 1,2 1,4 ± 1,0 1,4 ± 1,2

6 1,2 ± 1,1 1,3 ± 1,1 1,1 ± 1,0 1,3 ± 1,1 0,8 ± 0,8 1,6 ± 1,1 1,2 ± 1,1 1,2 ± 1,1

7 1,8 ± 1,2 1,9 ± 1,3 1,7 ± 1,1 1,6 ± 1,1 1,8 ± 1,2 2,5 ± 1,2 1,8 ± 1,2 1,7 ± 1,2

8 1,8 ± 1,3 2,1 ± 1,3 1,6 ± 1,2 1,6 ± 1,2 2,1 ± 1,2 2,0 ± 1,5 1,8 ± 1,3 1,8 ± 1,3

9 1,7 ± 1,2 1,7 ± 1,2 1,7 ± 1,1 1,6 ± 1,1 1,7 ± 1,1 2,2 ± 1,3 1,6 ± 1,1 1,8 ± 1,2

10 1,6 ± 1,2 1,2 ± 1,2 1,8 ± 1,1 1,6 ± 1,0 1,8 ± 1,3 1,3 ± 1,1 1,5 ± 1,1 1,6 ± 1,3

11 1,8 ± 1,1 1,8 ± 1,2 1,8 ± 1,1 1,7 ± 1,1 2,0 ± 0,8 1,8 ± 1,4 1,8 ± 1,1 1,8 ± 1,1

12 1,8 ± 1,2 2,0 ± 1,4 1,8 ± 1,1 1,8 ± 1,2 1,7 ± 1,2 1,8 ± 1,1 1,8 ± 1,2 2,0 ± 1,3

13 1,5 ± 1,2 1,6 ± 1,4 1,4 ± 1,2 1,4 ± 1,3 1,4 ± 1,3 0,9 ± 0,8 1,4 ± 1,2 1,6 ± 1,3

14 1,4 ± 1,1 1,4 ± 1,1 1,3 ± 1,1 1,4 ± 1,2 1,4 ± 0,9 1,3 ± 1,1 1,3 ± 1,0 1,5 ± 1,2

15 1,6 ± 1,3 1,7 ± 1,3 1,6 ± 1,2 1,6 ± 1,2 1,4 ± 1,2 2,3 ± 1,4 1,6 ± 1,3 1,6 ± 1,3

16 2,2 ± 1,2 2,4 ± 1,2 2,1 ± 1,2 2,1 ± 1,1 2,2 ± 1 ,2 2,0 ± 1,3 2,1 ± 1,2 2,3 ± 1,2

17 1,2 ± 1,1 1,4 ± 1,2 1,1 ± 1,0 1,2 ± 1,0 1,0 ± 1,1 1,5 ± 1,3 1,1 ± 1,0 1,3 ± 1,2

18 1,3 ± 1,1 1,4 ± 1,1 1,2 ± 1,1 1,3 ± 1,1 1,0 ± 1,1 1,5 ± 0,9 1,2 ± 1,0 1,4 ± 1,2

19 1,6 ± 1,1 1,4 ± 1,2 1,7 ± 1,1 1,7 ± 1,0 1,4 ± 1,0 1,6 ± 1,3 1,6 ± 1,0 1,7 ± 1, 2

20 1,0 ± 1,1 1,0 ± 1,1 1,0 ± 1,0 1,0 ± 1,0 0,9 ± 1,0 1,3 ± 1,3 1,0 ± 1,0 1,0 ± 1,1

Jaune : Perception Emotionnelle ; Vert : Perception sociale ; Orange : Théorie de l’Esprit ; Violet : Biais attributionnels ; Bleu : score

moyen minimum ; Rose : score moyen maximum ; PT : Population Totale ; F : Femmes ; H : Hommes ; BAC : Bacheliers (NF I+II+III) ; N.

BAC : Non Bacheliers (NF IV-V) ; SCZ : schizophrénie ; T. Hum : Trouble de l’humeur

Page 55: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  55  

La Figure 8 présente la distribution des scores moyens des 20 items de l’ACSo et leurs

écarts-types pour la population totale.

Rouge : Cotation moyenne maximum ; Bleu : Cotation moyenne minimum

Figure 8 : Scores moyens et écart-types des 20 items de l’ACSo dans la population totale

Nous avons ensuite comparé, à l’aide de tests non-paramétriques, les scores moyens

des items en fonction du sexe, du diagnostic et du niveau de formation.

(1) Comparaisons selon le sexe :

Deux items de « biais attributionnels » diffèrent significativement en fonction du sexe :

- Les femmes ont un score moyen significativement supérieur pour l’item 8 (test U de

Mann-Whitney ; z=-2,63, p=0,009)

- Les hommes ont un score moyen significativement supérieur pour l’item 10 (test U de

Mann-Whitney ; z=3,50, p=0,0005)

0  

0,5  

1  

1,5  

2  

2,5  

1   2   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12   13   14   15   16   17   18   19   20  

Page 56: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  56  

La Figure 9 présente les scores moyens des 20 items de l’ACSo pour chacun des sexes.

* : différences statistiquement significatives

Figure 9 : Scores moyens des 20 items de l’ACSo selon le sexe

(2) Comparaisons selon le diagnostic :

Quatre items diffèrent significativement entre les 3 catégories diagnostiques les plus

représentées :

- L’item 1 (test de Kruskal-Wallis ; H=7,43 ; p=0,024) : les sujets souffrant de trouble de

l’humeur ont des scores significativement moins élevés que les sujets autistes (test post-

hoc, p=0,03).

- L’item 6 (H=10,22 ; p=0,006) : les sujets porteurs d’un trouble de l’humeur ont des scores

significativement moins élevés que les sujets souffrant d’autisme ou de schizophrénie (test

post-hoc, p=0,02).

- L’item 7 (H=9,94 ; p=0,007) : les sujets schizophrènes ont des scores significativement

moins élevés que les sujets autistes (test post-hoc, p=0,008).

- L’item 15 (H=6,89, p=0,032) : les patients souffrant d’un trouble de l’humeur ont des

scores significativement moins élevés que les patients porteurs d’un diagnostic d’autisme

(test post-hoc, p=0.03).

0  

0,5  

1  

1,5  

2  

2,5  

3  

1   2   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12   13   14   15   16   17   18   19   20  

Femmes  (N=78)   Hommes  (N=135)  

*  *  

Page 57: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  57  

La Figure 10 présente les scores moyens des 20 items de l’ACSo dans les 3 sous-

populations diagnostiques les plus représentées (schizophrénie, trouble de l’humeur et

autisme).

* : différences statistiquement significatives

Figure 10 : Scores moyens des 20 items de l’ACSo selon le diagnostic

(3) Comparaisons selon le niveau de formation :

Aucune différence statistiquement significative n’est observée selon le niveau de

formation pour les 20 items de l’échelle ACSo.

0  

0,5  

1  

1,5  

2  

2,5  

3  

1   2   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12   13   14   15   16   17   18   19   20  

Schizophrénie  (n=107)   Trouble  de  l'humeur  (n=46)   Autisme  (n=24)  

*   *  

*   *  

Page 58: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  58  

La Figure 11 représente les scores moyens des 20 items de l’ACSo chez les sujets

bacheliers (NF I+II+III) et les non bacheliers (NF IV+V)).

Figure 11 : Scores moyens des 20 items de l’ACSo selon le niveau de formation

- Les scores moyens des items 8 et 10 diffèrent significativement selon le sexe.

- Les sujets autistes ont des scores significativement plus élevés aux items 1 et 15 que les

sujets souffrant de troubles de l’humeur et ont des scores plus élevés que les sujets

schizophrènes à l’item 7.

- Les autistes et les schizophrènes ont des scores significativement plus élevés que les

sujets souffrant de trouble de l’humeur à l’item 6.

- Aucune différence significative n’est notée pour les 20 items selon le niveau de

formation.

0  

0,5  

1  

1,5  

2  

2,5  

3  

1   2   3   4   5   6   7   8   9   10   11   12   13   14   15   16   17   18   19   20  Bacheliers  (n=124)   Non  bacheliers  (n=89)  

Page 59: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  59  

3. Analyse des construits théoriques de l’ACSo

Le Tableau 4 présente les scores moyens et écart-types des 4 construits (Théorie de

l’esprit (ToM), Perception Sociale (PS), Perception Emotionnelle (PE) et Biais attributionnels

(BA)) composant l’ACSo pour la population totale (PT) et selon le sexe, le diagnostic et le

niveau de formation des sujets.

Tableau 4 : Scores moyens et écart-types des 4 construits composant l’ACSo dans la population totale et selon le sexe, le

diagnostic et le niveau de formation

ToM PS PE BA

m ± ET m ± ET m ± ET m ± ET

PT 8,6 ± 2,9 7,4 ± 3,7 6,6 ± 3,3 7,7 ± 3,2

F 8,7 ± 3,3 7,8 ± 3,9 7,0 ± 3,2 7,8 ± 3,1

H 8,4 ± 2,7 7,1 ± 3,5 6,4 ± 3,3 7,7 ± 3,3

SCZ 8,5 ± 2,6 7,4 ± 3,5 6,8 ± 3,4 7,5 ± 3,3

T. Hum 8,1 ± 2,6 6,7 ± 4,0 6,0 ± 2,6 7,9 ± 3,4

Autistes 9,8 ± 3,7 9,4 ± 3,9 7,7 ± 4,2 7,2 ± 2,8

BAC 8,2 ± 2,9 7,4 ± 3,7 6,5 ± 3,3 7,5 ± 3,2

N. BAC 9,1 ± 2,8 7,4 ± 3,6 6,8 ± 3,3 8,1 ± 3,3

m : moyenne ; ET : écart type ; PT : Population Totale ; F : Femmes ; H : Hommes ; ToM : Théorie de l’Esprit ; PS :

Perception Sociale ; PE : Perception Emotionnelle ; BA : Biais Attributionnels ; BAC : Bacheliers (NF I+II+III) ; N. BAC : Non

Bacheliers (NF IV-V) ; SCZ : schizophrénie ; T. Hum : trouble de l’humeur

Nous avons ensuite comparé, à l’aide de tests paramétriques, les scores moyens des

construits en fonction du sexe, du diagnostic et du niveau de formation.

(1) Comparaisons selon le sexe :

Aucune différence statistiquement significative n’a été retrouvée entre les 4 construits selon le

sexe.

(2) Comparaisons selon le diagnostic :

Seule la perception sociale (PS) diffère significativement entre les 3 catégories diagnostiques

les plus représentées (ANOVA ; F(2, 174)=4,19 ; p=0,017) : les patients autistes ont des

scores de PS significativement plus élevés que les patients schizophrènes (test de Newman-

Keuls, p=0,013) ou avec trouble de l’humeur (p=0,003).

Page 60: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  60  

La Figure 12 représente les scores moyens des 4 construits selon le diagnostic.

* : différences statistiquement significatives

Figure 12 : scores moyens des 4 construits selon le diagnostic

(3) Comparaisons selon le niveau de formation :

Seule la théorie de l’esprit (ToM) diffère significativement selon le niveau de

formation (T=-2,16 ; ddl 211 ; p=0,032) : les sujets non bacheliers (NF IV+V) ont des scores

de ToM significativement plus élevés que les sujets bacheliers.

La Figure 13 représente les scores moyens des 4 construits selon le niveau de

formation.

* : différences statistiquement significatives

Figure 13 : scores moyens des 4 construits selon le niveau de formation

0  

2  

4  

6  

8  

10  

12  

ToM  (/20)   PS  (/20)   PE  (/20)   BA  (/20)  Schizophrènes  (n=107)   Trouble  de  l'humeur  (n=46)   Autisme  (n=24)  

*  

0  1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  

ToM  (/20)   PS  (/20)   PE  (/20)   BA  (/20)  

Bacheliers  (n=124)   Non  bacheliers  (n=89)  

*  

Page 61: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  61  

- Aucune différence significative n’est mise en évidence entre les scores relatifs aux

différents construits de la cognition sociale selon le sexe des sujets.

- Les sujets souffrant d’autisme ont des scores de « perception sociale » significativement

plus élevés que les sujets souffrant de schizophrénie et de trouble de l’humeur.

- Les sujets non-bacheliers ont des scores significativement plus élevés pour la catégorie

« théorie de l’esprit » que les sujets bacheliers.

4. Analyse des variables complémentaires

Le Tableau 5 présente les moyennes d’âges et les scores moyens des échelles

complémentaires (SSTICS, BIS et d’anhédonie sociale révisée de Chapman) pour la

population totale et selon le sexe, le diagnostic et le niveau de formation.

N.B. : Du fait du caractère multicentrique de l’étude, l’ensemble des données cliniques n’a

pas pu être recueilli pour tous les sujets. Selon les échelles, les effectifs sont donc différents :

de 120 à 213. De plus, l’échelle BIS n’étant validée que chez les patients souffrant de

schizophrénie, et les données des échelles complémentaires chez les sujets autistes étant trop

peu nombreuses, nous n’avons pas présenté les scores moyens des échelles complémentaires

en fonction des diagnostics.

Tableau 5 : Scores moyens et écarts-types des échelles ACSo, SSTICS, BIS et Chapman ainsi que l’âge dans la population Totale,

selon le sexe, le diagnostic et le niveau de formation

Age

(n=213)

SSTICS (/84)

(n=123)

BIS (/16)

(n=168)

Chapman (/40)

(n=120)

m ± ET m ± ET m ± ET m ± ET

PT 38,0 ± 13,9 32,0 ± 14,8 7,8 ± 2,6 14,7 ± 6,5

F 40,0 ± 15,9 34,0 ± 16,8 7,2 ± 2,5 14,7 ± 6,5

H 36,8 ± 12,5 30,5 ± 12,9 8,1 ± 2,6 14,6 ± 6,8

SCZ 36,5 ± 11,9

T. Humeur 48,5 ± 13,7

Autisme 25,1 ± 7,7

BAC 35,5 ± 13,0 30,5 ± 13,6 8,1 ± 2,8 14,3 ± 6,9

N. BAC 41,6 ± 14,5 33,5 ± 15,8 7,4 ± 2,4 15,0 ± 6,0

M : moyenne ; ET : écart type ; PT : Population Totale ; F : Femmes ; H : Hommes ; ToM : Théorie de l’Esprit ; PS : Perception

Sociale ; PE : Perception Emotionnelle ; BA : Biais Attributionnels ; BAC : Bacheliers (NF I+II+III) ; N. BAC : Non Bacheliers

(NF IV+V) ; n : Nombre total de sujets ayant répondus à l’échelle ; SCZ : schizophrénie ; T. Humeur : Trouble de l’humeur

Page 62: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  62  

Nous avons ensuite comparé, à l’aide de tests paramétriques les scores moyens de

l’échelle ACSo et des variables complémentaires selon le sexe, le diagnostic et le niveau de

formation.

(1) Comparaison selon le sexe : L’âge des hommes et des femmes de la population d’étude ne diffère pas significativement.

Seuls les scores moyens de la BIS diffèrent significativement selon le sexe (T de Student ;

t=2,32 ; ddl 166 ; p=0,002) : Les hommes ont des scores moyens significativement supérieurs

à l’échelle BIS par rapport aux femmes.

La Figure 14 représente les différences de scores moyens à l’échelle BIS selon le sexe.

* : différences statistiquement significatives

Figure 14 : Scores moyens de l’échelle BIS selon le sexe

(2) Comparaison selon le diagnostic :

Les trois groupes diagnostiques diffèrent statistiquement en ce qui concerne l’âge

(ANOVA ; F(2,174)=32.41, p<0,0001). La moyenne d’âge des sujets souffrant d’autisme est

significativement différente de celle des sujets atteint de schizophrénie (test de Newman-

Keuls, p=0,013) qui diffère elle même significativement de celle des sujets avec trouble de

l’humeur (test de Newman-Keuls, p=0,003).

6,5  

7  

7,5  

8  

8,5  

BIS  (/16)  

Femmes  (n=78)   Hommes  (n=135)  

*  

Page 63: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  63  

La Figure 15 représente les différences de moyennes d’âge selon le diagnostic.

* : différences statistiquement significatives

Figure 15 : moyennes d’âge selon le diagnostic

(3) Comparaison selon le niveau de formation

Des différences significatives sont retrouvées pour l’âge (T=-3,17 ; ddl 211 ;

p=0,0018) : Les sujets bacheliers sont significativement plus jeunes que les sujets non

bacheliers.

On ne retrouve par contre aucune différence significative pour les trois échelles

SSTICS, BIS, et Chapman en fonction du niveau de formation.

La Figure 16 représente les différences de moyennes d’âge selon le niveau de

formation.

* : différences statistiquement significatives

Figure 16 : moyennes d’âge selon le niveau de formation

0  

20  

40  

60  

80  

Schizophénie  (n=107)   Trouble  de  l'humeur  (n=46)   Autisme  (n=24)  

*  

0  

10  

20  

30  

40  

50  

60  

70  

Age  bacheliers  (n=124)  Non  bacheliers  (n=89)  

*  

Page 64: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  64  

- Les hommes ont des scores significativement supérieurs aux femmes à l’échelle BIS.

- La moyenne d’âge des sujets souffrant d’autisme de la population d’étude est

significativement différente de celle des sujets atteints de schizophrénie qui est elle-même

significativement différente de celle des sujets souffrant de troubles de l’humeur.

- Les sujets bacheliers étaient significativement plus jeunes que les sujets non-bacheliers.

Page 65: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  65  

B. Etude de la validité interne

1. Approche confirmatoire

L’échelle ACSo a été construite à partir du présupposé théorique selon lequel la

cognition sociale est composée de 4 dimensions : Théorie de l’Esprit (ToM), Perception

sociale (PS), Perception Emotionnelle (PE) et Biais Attributionnels (BA). Afin de vérifier la

réalité statistique de ces 4 construits théoriques, nous avons réalisé une Analyse Factorielle

Confirmatoire (AFC).

L’étude de l’ajustement du modèle théorique de l’ACSo à 4 construits (composés de 5

items ou indicateurs) aux données empiriques montre un ajustement moyen (Chi²=348,8, ddl

164 p<0,0001 ; GFI=0,85 ; NFI=0,60 ; NNFI=0,68 ; CFI=0,724 ; AGFI=0,80 ; Chi² normé=

2,12).

Par ailleurs, les items 10 et 16, ne représentent pas leur construit respectif (pas de lien

significatif entre l’item et son construit) laissant apparaitre une mauvaise fiabilité de certains

construits.

Nous avons donc modifié le modèle à 4 construits en ne retenant que 3 items par

construit (ceux qui avaient, dans l’analyse précédente, les plus forts liens avec leur variable

latente) :

-­‐ ToM : items 3, 9 et 19

-­‐ PS : items 4, 7 et 15

-­‐ PE : items 11, 14 et 17

-­‐ BA : items 8, 12 et 13

Dans ce cas, l’étude de l’ajustement du modèle de l’ACSo à 4 construits (composés de

3 items ou indicateurs) montre un très bon ajustement du modèle global (Chi²=83,2, ddl 48

p=0,001 ; GFI=0,94 ; NFI=0,83 ; NNFI=0,89 ; CFI=0,92 ; AGFI=0,91 ; Chi² normé= 1,73).

Par ailleurs, chaque item représente bien son construit respectif (un lien statistiquement

significatif existe entre chaque item et son construit). Par contre :

-­‐ la fiabilité de chaque construit est mauvaise (ToM : 0,57 ; PS : 0,64 ; PE : 0,47 ; BA :

0,59)

-­‐ la validité convergente de chaque construit est mauvaise (variance expliquée par la

ToM : 0,31% ; PS : 0,37% ; PE : 0,24% ; BA : 0,33%)

Page 66: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  66  

-­‐ et la validité discriminante est mauvaise : Il existe des corrélations très fortes entre les

variables latentes (de 0,48 entre BA et PE à 0,96 entre PE et PS) montrant un

chevauchement important entre les construits.

En conclusion, l’AFC infirme le modèle à 4 construits et montre que le construit de PS

est le plus valide statistiquement à l’inverse de celui de PE. Il est donc nécessaire d’étudier la

structure de l’échelle ACSO selon une approche exploratoire. Pour cela, nous avons réalisé

une Analyse en Composantes Principales sur les 20 items de l’ACSo.

Page 67: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  67  

2. Approche exploratoire

L’analyse en Composantes Principales (ACP) a été menée sur les 20 items de l’échelle

pour les 213 patients de la population d’étude.

Le Tableau 6 présente les valeurs propres issue de l’ACP et le pourcentage de variance

expliqué par chaque facteur.

Tableau 6 : valeurs propres issues de l’ACP et pourcentage de variance expliquée

F1 F2 F3 F4 F5 F6 F7

Valeur propre 4,2 2,1 1,4 1,3 1,1 1,1 1,0

Variabilité (%) 21,1 10,3 6,9 6,3 5,6 5,4 5,0

% cumulé 21,1 31,3 38,2 44,5 50,1 55,5 60,5

Seules les valeurs propres supérieures à 1 ont été indiquées.

La Figure 17 représente le diagramme des valeurs propres issues de l’ACP pour les 20

items de l’ACSo :

Figure 17 : diagramme des valeurs propres pour les 20 items de l’échelle ACSo

L’observation de la courbe des valeurs propres des 20 items de l’ACSo met en

évidence une rupture de pente après la 2ème valeur propre (test de l’éboulis). De plus, 2

facteurs se situent au-dessus des tracés obtenus par des jeux de données aléatoires (cf.

matériel et méthode). Une structure à 2 dimensions (ou facteurs) de l’ACSo peut donc être

retenue.

0  

1  

2  

3  

4  

5  

F1   F2   F3   F4   F5   F6   F7   F8   F9   F10   F11   F12   F13   F14   F15   F16   F17   F18   F19   F20  

Rouge : ACSo Noir : jeux de données aléatoires

Page 68: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  68  

Comme le montre le Tableau 6, les 2 premiers facteurs expliquent 31,4% de la variance

totale de l’échelle.

Une analyse factorielle avec rotation Varimax normalisée a alors été menée sur les 20

items en fixant le nombre de facteurs à 2.

Le tableau 7 présente les poids factoriels des 20 items d’ACSo sur les 2 facteurs

retenus par l’ACP.

Tableau 7 : Poids factoriels des 20 items de l’échelle ACSo et pourcentage de

variance expliquée des 2 facteurs après rotation Varimax

item F1 F2

1 0,071 0,657

2 0,296 0,360

3 0,621 0,004

4 0,581 0,162

5 0,030 0,683

6 0,020 0,704

7 0,569 0,186

8 0,369 0,035

9 0,543 0,224

10 -0,026 -0,289

11 0,487 0,023

12 0,569 -0,115

13 0,544 -0,151

14 0,563 0,245

15 0,576 0,216

16 -0,338 0,247

17 0,437 0,462

18 0,021 0,598

19 0,362 0,286

20 0,414 0,078

% de variance 18,4% 12,9%

Les poids factoriels en rouges indiquent le facteur auquel l’item donné contribue.

Dix items contribuent à la construction du facteur 1 (items 3 ; 4 ; 7 ; 9 ; 11 ; 12 ; 13 ;

14 ; 15 ; 20) et 4 items au facteur 2 (items 1 ; 5 ; 6 ; 18).

On peut déjà noter que les 4 items contribuant au facteur 2 correspondent à des items

inversés dans l’échelle ACSo.

Page 69: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  69  

La Figure 18 représente graphiquement la projection des 20 items d’ACSo sur le premier plan

factoriel F1/F2.

Figure 18 : Projection des 20 items sur le premier plan factoriel F1/F2

La consistance interne des deux 1ère dimensions d’ACSo a été analysée par le calcul

des coefficients alpha de Cronbach :

- αF1 = 0,76

- α F2 = 0,66

3. Etude de la stabilité de la structure factorielle de l’échelle

L’étude de la stabilité de la structure factorielle de l’ACSo a été réalisée à l’aide de

deux ACP sur deux moitiés de l’échantillon total définies selon une méthode pseudo-aléatoire

(sujets pairs versus sujets impairs).

Les deux ACP réalisées sur des moitiés d’échantillon mettent, à nouveau, en évidence

deux dimensions expliquant respectivement 32,8% et 31,4% de la variance totale.

1  

2  

3  4  

5  6  

7  8  

9  

10  

11  

12  13  

14  15  16  

17  18  

19  

20  

-­‐1  

-­‐0,75  

-­‐0,5  

-­‐0,25  

0  

0,25  

0,5  

0,75  

1  

-­‐1   -­‐0,75   -­‐0,5   -­‐0,25   0   0,25   0,5   0,75   1  

F2  (12,9  %)  

F1  (18,4  %)  

Variables  (axes  F1  et  F2  :  31,3  %)  après  rotation  Varimax  

Page 70: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  70  

Le Tableau 8 présente les résultats des 2 ACP réalisées sur 2 moitiés de l’échantillon

total d’étude.

Tableau 8 : Poids factoriels de F1 et F2 pour les 20 items de l’échelle ACSo après rotation Varimax sur les 2 moitiés de la population

d’étude  

1ère moitié de l’échantillon 2e moitié de l’échantillon

Item F1 F2 Item F1 F2

1 0,081 0, 724 1 0,063 0,566

2 0,262 0,281 2 0,347 0,403

3 0,671 -0,077 3 0,573 0,079

4 0,651 0,097 4 0,450 0,272

5 0,101 0,671 5 -0,056 0,704

6 0,058 0,577 6 0,013 0,746

7 0,551 0,071 7 0,566 0,305

8 0,339 -0,059 8 0,417 0,117

9 0,572 0,251 9 0,564 0,175

10 0,138 -0,302 10 -0,241 -0,235

11 0,494 -0,135 11 0,445 0,196

12 0,559 -0,007 12 0,619 -0,220

13 0,608 -0,149 13 0,474 -0,169

14 0,641 0,151 14 0,416 0,383

15 0,599 0,287 15 0,534 0,186

16 -0, 264 0,305 16 -0,430 0,208

17 0,471 0,484 17 0,390 0,476

18 0,070 0,610 18 -0,023 0,608

19 0,472 0,302 19 0,254 0,230

20 0,292 0,156 20 0,543 0,046

% de

variance

20,2% 12,6% % de

variance

17,4% 14,0%

Les poids factoriels en rouges indiquent le facteur auquel l’item donné contribue.

Comme on peut le voir sur le Tableau 8 :

- 10 et 11 items contribuent respectivement aux facteurs 1 des 2 ACP

- 4 items contribuent aux facteurs 1 des 2 ACP

Page 71: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  71  

- L’Analyse Factorielle Confirmatoire (AFC) infirme le modèle à 4 construits théoriques

proposé par les auteurs de l’échelle.

- L’Analyse en Composantes Principales met en évidence 2 facteurs principaux expliquant

31,4% de la variance totale.

- 10 items contribuent au premier facteur et 4 items au second.

- Les 2 facteurs retenus ont une assez bonne consistance interne : αF1 = 0,76 ; α F2 = 0,66

- On constate une bonne stabilité de la structure bidimensionnelle de l’échelle.

Page 72: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  72  

C. Etude de la validité externe

Les analyses concernant la validité externe ont été menées en utilisant le score total

des facteurs F1 et F2 (somme des cotations des items caractérisant le facteur).

Le Tableau 9 présente les corrélations entre les scores totaux des facteurs 1 et 2

d’ACSo et les variables explicatives (âge, SSTICS, BIS, Chapman).

Tableau 1 : Corrélations entre les scores totaux des facteurs 1 (F1) et 2 (F2) et les variables

explicatives

Score F1 Score F2

r p r p

Age 0,00 NS 0,00 NS

SSTICS 0,57 <0,0001 0,13 NS

BIS 0,17 0,031 0,05 NS

Chapman 0,27 0,002 0,13 NS

NS : Non significatif

La Figure 19 présente les nuages de points entre les scores totaux de F1 et des échelles

SSTICS, BIS et Chapman. Elle montre que la corrélation statistiquement significative, entre

le score total du facteur 1 et la SSTICS se confirme. Par contre, pour la BIS et l’échelle de

Chapman, on observe que la dispersion des individus de part et d’autre de la droite de

régression est importante ce qui ne permet pas de confirmer les corrélations entre le score

total de F1 et ces deux échelles.

F1/SSTICS F1/BIS F1/Chapman

Figure 19 : Corrélations entre le score total du facteur 1 et les échelles SSTICS, BIS et

Chapman

0  5  10  15  20  25  30  35  40  

0   20   40   60   80   100  0  5  10  15  20  25  30  35  40  

0   5   10   15  0  5  10  15  20  25  30  35  40  

0   10   20   30   40  

Page 73: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  73  

Ces résultats nous ont amené à mettre en œuvre une analyse de régression linéaire

multiple pour tenter de clarifier les relations entre le score total du facteur 1 et les variables

SSTICS, BIS et Chapman.

Le Tableau 10 présente les résultats de l’analyse de régression linéaire entre le score total du

facteur 1 et les échelles SSTICS, BIS et Chapman.

Tableau 10 : Résultats de l’analyse de régression linéaire entre le score du facteur 1 et les échelles SSTICS, BIS et Chapman

Source Valeur ES t Pr > |t| Borne inf. (95%) Borne sup. (95%)

SSTICS (/84) 0,244 0,038 6,477 < 0,0001 0,169 0,318

BIS (/16) -0,012 0,220 -0,054 0,957 -0,448 0,424

Chapman (/40) 0,116 0,082 1,417 0,159 -0,046 0,279

ES : Erreur standard

Il apparait que seule la variable SSTICS contribue positivement et significativement à

l’explication du score total du facteur 1 (p<0,0001).

- Les scores des deux facteurs de l’échelle ACSo ne sont pas liés à l’âge des patients.

- Le score du facteur 1 de l’ACSo est corrélé positivement au score de l’échelle SSTICS et

dans une moindre mesure aux scores des échelles BIS et Chapman. L’analyse de régression

linéaire multiple montre que seule la variable SSTICS contribue de façon significative à

l’explication du score total du facteur 1.

- Aucune relation significative n’est mise en évidence entre le score total du facteur 2 et les

échelles SSTICS, BIS et Chapman.

Page 74: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  74  

D. Analyse typologique

La Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) réalisée sur les 20 items de

l’échelle dans la population totale permet de retenir une solution à 3 classes.

Ces classes correspondent à 3 groupes d’items distincts :

- Classe A : items 3 ; 4 ; 7 ; 8 ; 9 ; 11 ; 12 ; 13 ; 14 ; 15 ; 19

- Classe B : items 1 ; 2 ; 5 ; 6 ; 17 ; 18 ; 20

- Classe C : items 10 et 16

La Figure 20 présente le dendrogramme illustrant la CAH sur les 20 items d’ACSo.

Figure 20 : Dendrogramme illustrant la CAH réalisée avec les 20 items d’ACSo

On observe que :

- 9 items sur les 11 items de la classe A appartiennent au facteur 1 de l’ACP (3 ; 4 ;

7 ; 9 ; 11 ; 12 ; 13 ; 14 ; 15). Les 2 items restant n’appartiennent ni au facteur 1 ni

au Facteur 2 de l’ACP.

- 4 items sur les 7 items de la classe B appartiennent au facteur 2 de l’ACP (1 ; 5 ;

6 ; 18) et correspondent à des items inversés d’ACSo. 1 item de la classe 2

appartient au facteur 1 (20) et 2 items n’appartiennent ni à F1 ni à F2.

- les items 10 et 16 forment une classe à eux seuls (classe C). Ce sont les items, qui

pour les différentes ACP, ont des poids factoriels négatifs sur les deux premiers

facteurs.

17  20  2  18  5  1  6  10  16  4  14  7  15  12  13  8  11  9  3  19  

0   100   200   300   400   500   600   700  

   

Dissimilarité  

Marron  :  Classe  A  ;  Vert  :  Classe  B  ;  Rose  :  Classe  C  

Page 75: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  75  

De plus, parmi les items communs entre la classe A et le facteur 1 de l’ACP :

- 2 items appartiennent au construit ToM (items 3 et 9)

- 3 items appartiennent au construit PS (items 4, 7 et 15)

- 2 items appartiennent au construit PE (items 11 et 14)

- 2 items appartiennent au construit BA (items 12 et 13)

Enfin, ces items appartiennent aux 12 items mis en évidence par l’AFC comme ayant

les plus forts liens avec leurs construits respectifs.

- La Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) retient une solution à 3 classes contenant

respectivement 11, 7 et 2 items.

- 9 items sont communs à la classe A et au facteur 1 de l’Analyse en Composantes

Principales (ACP) : 2 items de théorie de l’esprit, 3 items de perception sociale, 2 items de

perception émotionnelle et 2 items de biais attributionnels. Ils appartiennent aux 12 items mis

en évidence par l’Analyse Factorielle Confirmatoire (AFC) comme ayant les plus forts liens

avec leurs construits respectifs.

- 4 items sur les 7 de la classe B appartiennent au facteur 2 de l’ACP et correspondent à des

items inversés de l’échelle.

- Comme pour l’AFC et l’ACP, les items 10 et 16 restent à distance des autres et forment la

classe C de la CAH.

Page 76: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  76  

E. Etude de la fidélité de la mesure

L’étude de la fidélité test-retest a été effectuée sur un échantillon de 20 patients de la

population d’étude. Le Tableau 11 présente les résultats de l’étude de la fidélité test-retest pour

les 20 items de l’échelle ACSo pris indépendamment.  

Tableau 2: Résultats de l’étude test-retest pour les 20 items de l’échelle ACSo

Item Kw L. (es) Kw Q. (es)

1 0.683 (0.249) Bon 0.810 (0.308) Excellent

2 0.531 (0.250) Modéré 0.623 (0.310) Bon

3 0.511 (0.248) Modéré 0.732 (0.270) Bon

4 0.448 (0.238) Modéré 0.517 (0.299) Modéré

5 0.509 (0.249) Modéré 0.534 (0.343) Modéré

6 0.167 (0.373) Mauvais 0.205 (0.574) Mauvais

7 0.610 (0.218) Bon 0.638 (0.291) Bon

8 0.286 (0.244) Mauvais 0.434 (0.294) Modéré

9 0.380 (0.277) Mauvais 0.353 (0.407) Mauvais

10 0.174 (0.331) Mauvais 0.013 (0.546) Mauvais

11 0.075 (0.298) Mauvais 0.053 (0.462) Mauvais

12 0.272 (0.264) Mauvais 0.426 (0.330) Modéré

13 0.205 (0.298) Mauvais 0.227 (0.427) Mauvais

14 0.317 (0.294) Mauvais 0.250 (0.450) Mauvais

15 0.568 (0.230) Modéré 0.667 (0.274) Bon

16 0.485 (0.240) Modéré 0.614 (0.296) Bon

17 0.671 (0.237) Bon 0.649 (0.382) Bon

18 0.291 (0.420) Mauvais 0.077 (0.845) Mauvais

19 0.516 (0.235) Modéré 0.695 (0.264) Bon

20 0.620 (0 .275) Bon 0.710 (0.382) Bon

Kw L. : Kappa avec pondération linéaire Kw Q. : Kappa avec pondération quadratique

es : erreur standard

Ils montrent, selon les critères de Cicchetti et Sparrow (1981), qu’avec un test du Kappa avec

pondération quadratique :

- Un item a une fidélité excellente (Kw > 0.75) : item 1

- Huit items ont une bonne fidélité (Kw = 0.60 – 0.74) : items 2, 3, 7, 15, 16, 17, 19,

20

- Quatre items ont une fidélité modérée (Kw = 0.40 – 0.59) : items 4, 5, 8, 12

- Sept items ont une mauvaise fidélité (Kw < 0.40) : items 6, 9, 10, 11, 13, 14, 18

Page 77: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  77  

F. Analyses complémentaires :

Afin de tenter de mieux comprendre la structure de l’échelle ACSo, nous avons étudié

sa validité interne dans deux sous-populations plus homogènes : les sujets souffrant de

schizophrénie et les bacheliers (ou de niveaux de formation I+II+III) de notre population

d’étude.

1. Etude de la validité interne de l’ACSo chez les sujets souffrant de

schizophrénie :

Une Analyse en Composantes Principales (ACP) a été menée sur les 20 items pour les

107 sujets schizophrènes.

Le Tableau 12 présente les valeurs propres de l’ACP et le pourcentage de variance

expliqué par chaque facteur. Tableau 12 : Valeurs propres issues de l’ACP et pourcentage de variance expliquée dans la sous-population des patients souffrant de

schizophrénie

F1 F2 F3 F4 F5 F6 F7

Valeur propre 4,4 1,9 1,5 1,3 1,2 1,2 1,0

Variabilité (%) 22,0 9,5 7,6 6,7 6,2 6,0 5,1

% cumulé 22,0 31,5 39,1 45,8 52,0 58,0 63,1

Seules les valeurs propres supérieures à 1 ont été indiquées

La Figure 21 présente la courbe des valeurs propres des 20 items de l’ACSo dans la

population des sujets schizophrènes :

Figure 21 : Courbe des valeurs propres des 20 items de l’ACSo dans la population

schizophrène (n=107)

0  

1  

2  

3  

4  

5  

F1   F2   F3   F4   F5   F6   F7   F8   F9   F10   F11   F12   F13   F14   F15   F16   F17   F18   F19   F20  

Rouge : ACSo Noir : Jeux de données aléatoires  

Page 78: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  78  

L’observation de la courbe des valeurs propres des 20 items de l’ACSo met en

évidence une rupture de pente de la courbe des valeurs propres après la 2ème valeur propre

(test de l’éboulis). De plus, 2 facteurs se situent clairement au-dessus des tracés obtenus par

des jeux de données aléatoires. Une structure à 2 dimensions (=facteurs) de l’ACSo peut donc

être retenue. Les 2 facteurs identifiés expliquent 31,5% de la variance totale (cf. Tableau 12).

Une analyse factorielle avec rotation Varimax normalisée a alors été menée sur les 20

items en fixant le nombre de facteurs à 2.

Le Tableau 13 présente les poids factoriels des 20 items de l’ACSo sur les 2 facteurs et

la variance expliquée

Tableau 13 : Poids factoriels des 20 items de l’échelle ACSo

dans la population schizophrène selon 2 facteurs après

rotation Varimax

Item F1 F2

1 0,046 0,633

2 0,417 0,279

3 0,560 -0,076

4 0,622 -0,002

5 0,124 0,710

6 0,159 0,722

7 0,591 -0,025

8 0,424 0,058

9 0,570 -0,053

10 0,051 -0,130

11 0,304 0,316

12 0,425 0,068

13 0,562 0,109

14 0,636 0,115

15 0,705 0,040

16 -0,281 0,355

17 0,587 0,173

18 0,156 0,476

19 0,329 0,187

20 0,608 -0,070

% 21,1% 10,4%

Variance

Les poids factoriels en rouges indiquent le facteur auquel l’item donné contribue.

Page 79: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  79  

L’étude des poids factoriels de chaque item après rotation Varimax (cf. Tableau 13)

permet d’observer que 12 items contribuent à la construction du facteur 1 (2 ; 3 ; 4 ; 7 ; 8 ; 9 ;

12 ; 13 ; 14 ; 15 ; 17 ; 20) et 4 items au facteur 2 (1 ; 5 ; 6 ; 18).

On peut encore noter que les 4 items contribuant au facteur 2 correspondent à des

items inversés dans l’échelle.

2. Etude de la validité interne de l’ACSo chez les sujets bacheliers (NF

I+II+III) :

Une Analyse en Composantes Principales (ACP) a été menée sur les 20 items pour les

124 patients bacheliers (niveau de formation I, II ou III).

Le Tableau 14 présente les valeurs propres de l’ACP et le pourcentage de variance

expliqué par chaque facteur.

Tableau 14 : Valeurs propres issues de l’ACP et pourcentage de variance expliquée dans la sous-population des sujets bacheliers

F1 F2 F3 F4 F5 F6

Valeur propre 4,7 1,9 1,6 1,5 1,2 1,0

Variabilité (%) 23,4 9,7 8,0 7,7 5,8 5,0

% cumulé 23,4 33,0 41,0 48,7 54,5 59,5

Seules les valeurs propres supérieures à 1 ont été indiquées

La Figure 22 présente la courbe des valeurs propres des 20 items de l’ACSo dans la

population des sujets bacheliers.

Figure 22 : Courbe des valeurs propres pour les 20 items de l’ACSo chez les bacheliers

(n=124)

0  

1  

2  

3  

4  

5  

F1   F2   F3   F4   F5   F6   F7   F8   F9   F10  F11  F12  F13  F14  F15  F16  F17  F18  F19  F20  

Rouge : ACSo Noir : Jeux de données aléatoires

Page 80: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  80  

L’observation de la courbe des valeurs propres des 20 items de l’ACSo met en

évidence une rupture de pente de la courbe des valeurs propres après la 4ème valeur propre. De

plus, 4 facteurs se situent clairement au-dessus des tracés obtenus par des jeux de données

aléatoires. Une structure à 4 dimensions (=facteurs) de l’ACSo peut donc être retenue.

Les 4 facteurs identifiés expliquent 48,7% de la variance totale (cf. tableau valeurs

propres).

Une analyse factorielle avec rotation Varimax normalisée a alors été menée sur les 20

items en fixant le nombre de facteurs à 4.

Le Tableau 15 présente les poids factoriels des 20 items d’ACSo sur les 4 facteurs de l’ACP.

Tableau 15 : Poids factoriels des 20 items de l’échelle ACSo et pourcentage de

variance expliquée des 4 facteurs après rotation Varimax

item F1 F2 F3 F4

1 0,357 0,545 -0,050 0,078

2 0,482 0,219 0,152 0,059

3 0,348 -0,066 0,018 0,575

4 0,760 0,010 -0,030 0,101

5 0,120 0,760 0,284 0,000

6 0,075 0,698 -0,239 0,191

7 0,659 0,118 0,232 0,027

8 0,023 0,030 0,065 0,548

9 0,386 0,253 0,237 0,365

10 0,242 -0,262 -0,096 -0,421

11 0,238 0,072 -0,050 0,636

12 0,059 -0,099 0,608 0,507

13 0,186 -0,181 0,596 0,314

14 0,722 0,072 -0,063 0,225

15 0,676 0,043 0,050 0,162

16 -0,076 0,069 -0,573 0,155

17 0,667 0,277 0,163 0,054

18 0,138 0,708 -0,058 0,083

19 0,173 0,184 -0,101 0,579

20 0,077 0,397 0,669 -0,068

% Variance 16,5% 12,0% 9,2% 11,04%

Les poids factoriels en rouges indiquent le facteur auquel l’item donné contribue.

Page 81: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  81  

L’étude des poids factoriels de chaque item après rotation Varimax (cf. Tableau 15)

montre que 6 items contribuent au facteur 1 (2 ; 4 ; 7 ; 14 ; 15 ; 17), 4 items au facteur 2 (1 ;

5 ; 6 ; 18), 3 items au facteur 3 (13 ; 16 ; 20) et 5 items au facteur 4 (3 ; 8 ; 10 ; 11 ; 19).

On peut noter que 4 items sur les 6 contenus dans le facteur 1 appartiennent au

construit de PS (2, 4, 7, 15) et que les 2 items restant appartiennent au construit de PE. De

plus, les 4 items contribuant au facteur 2 correspondent encore à des items inversés dans

l’échelle.

- L’ACP réalisée chez les sujets schizophrènes met en évidence 2 dimensions expliquant

31,5% de la variance totale : 12 items contribuent au facteur 1 et 4 items au facteur 2.

- L’ACP réalisée chez les sujets bacheliers met en évidence 4 facteurs expliquant 48,7% de la

variance totale : 6 items dont 4 items de PS et 2 items de PE contribuent au facteur 1.

Page 82: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  82  

IV. DISCUSSION

Ce travail de thèse avait pour objectif d’étudier les qualités psychométriques d’une

échelle évaluant les plaintes en cognition sociale des patients souffrant de troubles

psychiatriques. Pour cela, nous avons recruté 213 sujets dont environ 2/3 d’hommes (63,4%).

Plus des 4/5 des sujets (83,1%) portaient l’un des trois diagnostics suivants : schizophrénie,

trouble de l’humeur ou autisme dont plus de la moitié de sujets schizophrènes (n=107). La

moyenne d’âge était de 38 ans et près de 9 sujets sur 10 avaient moins de 50 ans (89,2%).

Les caractéristiques cliniques et sociodémographiques de notre population d’étude

semblent correspondre aux lieux dans lesquels les sujets ont été recrutés à savoir des centres

de réhabilitation psychosociale pour l’essentiel. En effet, les trois pathologies composant

l’essentiel de notre population font partie des troubles psychiatriques les plus invalidants en

terme d’insertion sociale. Les patients qui en souffrent sont donc volontiers pris en charge par

ce type de structure. De plus, ces centres recrutent, pour l’essentiel, des sujets stables ou en

phase de stabilisation sur le plan symptomatique ce qui explique probablement la moyenne

d’âge et la faible représentation des patients de plus de 50 ans.

De plus, dans notre population d’étude, plus des ¾ des sujets souffrant de

schizophrénie étaient des hommes (76,6%) et ceux-ci étaient significativement plus jeunes

que les femmes. D’après la littérature, la schizophrénie chez l’homme est classiquement plus

précoce et plus sévère, en particulier sur le plan cognitif, que chez la femme et nécessite des

recours plus fréquents aux structures hospitalières [141]. Les caractéristiques de notre

population s’expliquent donc probablement, à nouveau, par les lieux dans lesquels les sujets

ont été recrutés.

Enfin, près de 60% des sujets de la population d’étude étaient titulaires d’un

baccalauréat soit environ 10% de moins qu’en population générale (72% de bacheliers entre

1960 et 2012 en population générale [142]). L’autisme débutant dans l’enfance et la

schizophrénie classiquement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, le parcours scolaire

des sujets touchés par ces pathologies est fréquemment perturbé, ce qui explique peut-être

l’écart du nombre de sujets bacheliers entre notre population et la population générale.

Page 83: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  83  

A. Analyse descriptive    

Dans notre étude, nous avons analysé les scores des items et des construits selon

différentes variables : le sexe, le diagnostic et le niveau de formation.

Nos résultats n’ont pas mis en évidence de différence significative selon le sexe en ce

qui concerne les scores moyens des items de l’ACSo sauf pour les items de biais

attributionnels 8 (« J’ai tendance à attribuer mes réussites à la chance ou au destin ») et 10

(« J’ai tendance à penser que ma présence dans un groupe améliore l’ambiance »).

Selon nos résultats, les femmes de notre population d’étude, disent avoir tendance à

attribuer, plus fréquemment que les hommes, leurs réussites à la chance ou au destin (item 8)

alors que ceux-ci disent, plus fréquemment que les femmes, que leur présence améliore

l’ambiance (item 10). Ces résultats supposent qu’il existerait, dans la population des patients

souffrant de troubles psychiatriques, des différences de plaintes de type « biais

attributionnels » en fonction du sexe, et ce d’autant plus que le diagnostic ne semble pas être

un facteur confondant car aucune différence significative n’a été retrouvée pour les items 8 et

10 selon le diagnostic. Néanmoins, ces résultats sont à relativiser car nous n’avons retrouvé

aucune différence significative selon le sexe, pour le construit de biais attributionnel ainsi que

pour les autres construits. Il est donc possible que les différences mises en évidence pour les

items 8 et 10 soient liées aux contenus des items et non au construit de « biais

attributionnels ». Cependant, à notre connaissance, il n’existe pas d’étude concernant les

différences de biais attributionnels selon le genre. Il serait donc intéressant d’étudier plus

précisément cette question afin de savoir s’il existe de véritables différences de biais

attributionnels selon le sexe ou si nos résultats doivent trouver d’autres explications. Par

ailleurs, il pourrait être intéressant de comparer ce possible effet du genre entre une

population clinique et une population contrôle.

Notre étude a également mis en évidence des différences significatives en fonction du

diagnostic pour les scores des items de perception émotionnelle 1 (« Je suis capable de bien

reconnaître les émotions des autres ») et 6 (« Au téléphone, je suis capable de savoir si la

personne est agacée ») ainsi que pour les items de perception sociale 7 (« Je manque souvent

de tact avec les autres ») et 15 (« J’ai des difficultés à moduler ma voix en fonction des

situations »).

Page 84: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  84  

Selon nos résultats, les sujets souffrant d’autisme disent ressentir significativement

plus de difficultés à reconnaître les émotions des autres (item 1) et à moduler leur voix en

fonction des situations (item 15) que les sujets avec trouble de l’humeur et disent manquer

plus souvent de tact avec les autres (item 7) que les sujets atteints de schizophrénie. De plus,

nos résultats indiquent que les sujets atteints d’autisme ou de schizophrénie disent ressentir

significativement plus de difficultés à savoir si quelqu’un est agacé au téléphone (item 6) que

les patients souffrant de trouble de l’humeur.

Enfin, l’étude des construits montre que les sujets atteints d’autisme ressentent

significativement plus de difficultés en perception sociale que les patients souffrant de

schizophrénie ou de trouble de l’humeur. Aucune différence significative n’est, par contre,

retrouvée pour les autres construits en fonction du diagnostic.

Le fait que les sujets souffrant d’autisme soient ceux qui disent ressentir le plus de

difficultés en perception sociale et pour certaines tâches de perception émotionnelle semble

cohérent avec les données de la littérature. En effet, Robert T. Schultz fait par exemple des

déficits de perception sociale, l’origine des troubles des interactions sociales dont souffrent

les sujets atteints d’autisme [143]. De plus, de nombreux articles ont décrit des troubles de la

perception sociale et de la perception émotionnelle dans l’autisme et la schizophrénie alors

que ces difficultés sont rarement rapportées chez les sujets atteints de trouble de l’humeur [66-

69,146]. Enfin, quelques études retrouvent plus de difficultés de perception émotionnelle et de

perception sociale chez les sujets atteints d’autisme par rapport aux patients souffrant de

schizophrénie [144,145,146].

Ainsi, nos résultats suggèrent que, pour les patients souffrant d’autisme ou de

schizophrénie, les difficultés dans les domaines des perceptions sociale et émotionnelle

pourraient s’accompagner d’une bonne conscience de ces troubles dans la vie quotidienne.

Néanmoins, afin de vérifier cette interprétation, il semblerait intéressant de comparer,

dans une étude, les résultats des données subjectives de l’ACSo avec des données

d’évaluation objective de la cognition sociale.

Notre étude ne retrouve pas de différence significative concernant les scores moyens

des 20 items de l’ACSo, en fonction du niveau de formation des sujets. Néanmoins, l’étude

des construits indique que les sujets non-bacheliers ressentiraient significativement plus de

difficultés de théorie de l’esprit que les sujets bacheliers.

Ce dernier résultat pourrait s’interpréter de deux façons:

Page 85: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  85  

- Soit, les sujets aux niveaux de formation les plus bas ont objectivement des

difficultés de théorie de l’esprit plus importantes que les sujets aux niveaux de

formation les plus élevés et une conscience de leurs troubles comparable dans les

deux groupes.

- Soit, les capacités objectives de théorie de l’esprit sont comparables quel que soit

le niveau de formation mais les sujets aux niveaux de formation les plus bas ont

une conscience plus marquée de difficultés dans ce domaine.

À nouveau, la confrontation des scores de la sous-dimension « théorie de l’esprit » de

l’ACSo avec des données d’évaluation objective de la ToM pourrait permettre de comprendre

ce résultat.

B. Structure interne de l’échelle ACSo

Les auteurs de l’échelle ACSo ont souhaité construire une échelle évaluant les plaintes

subjectives dans 4 domaines de la cognition sociale : la perception émotionnelle, la perception

sociale, la théorie de l’esprit et les biais attributionnels.

Lors de l’étude de la structure de l’ACSo, nous avons réalisé une analyse factorielle

confirmatoire dans le but de savoir si le modèle, postulé a priori par les auteurs de l’échelle,

était confirmé par l’analyse statistique. Malheureusement, cette analyse a infirmé le modèle à

4 construits, proposé par les auteurs et a mis en évidence des chevauchements importants

entre ceux-ci et un lien modéré entre les items et leurs construits respectifs. Notre étude a, par

contre, montré que l’ajustement au modèle à quatre construits s’améliorait nettement lorsque

n’étaient conservés que les trois items ayant les plus forts liens avec leurs construits

respectifs. Néanmoins, la validité et la fiabilité des construits se sont révélées insuffisantes ce

qui, à nouveau, n’a pas permis de vérifier le modèle proposé par les auteurs de l’ACSo.

Le fait que l’analyse factorielle confirmatoire ne retrouve pas les 4 domaines proposés

par les auteurs de l’ACSo semble cohérent avec le rapport des coordonnateurs de l’étude

américaine SCOPE (Social Cognition Psychometric Evaluation) paru en 2013. En effet, il fait

état de « l’absence de consensus sur les capacités définissant le construit de cognition

sociale » et de larges « recouvrements conceptuels liés aux mesures » [21].

De plus, il se pourrait que le fait d’interroger l’expérience subjective du sujet l’amène

Page 86: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  86  

à mettre en œuvre d’autres fonctions spécifiques de la cognition sociale, dont il semble

qu’elles interagissent entre elles et sont difficiles à isoler, ce qui pourrait expliquer les

chevauchements des construits.

En parallèle, l’analyse factorielle confirmatoire a également montré que les items de

perception sociale étaient les plus corrélés à leur construit ce qui pourrait faire du construit de

plainte subjective en perception sociale le construit le mieux évalué par l’échelle ACSo.

L’analyse factorielle confirmatoire ayant infirmé le modèle à quatre construits, nous

avons ensuite étudié, selon une approche exploratoire, la structure de l’ACSo. Pour cela, nous

avons réalisé une analyse en composantes principales sur les 213 sujets de la population

d’étude. Celle-ci a retenue deux dimensions expliquant un peu moins d’1/3 de la variance

totale (31,4%).

Il semble donc que les items contribuant aux 2 dimensions retenues par l’ACP

contribuent, de manière concomitante, à l’évaluation de multiples et différents autres

domaines. Or, comme nous l’avons précédemment évoqué, la cognition sociale regroupe un

ensemble de processus complexes perpétuellement en interactions entre eux mais également

avec les autres processus mentaux. De plus, il est possible que le fait d’interroger la plainte

subjective d’un sujet en cognition sociale nécessite le recrutement d’autres processus mentaux

ce qui aurait pour conséquence d’augmenter de rendre plus difficile l’isolement de processus

spécifiques.

Il est donc possible que la faible variance expliqué par l’échelle ACSo soit, en réalité,

le reflet de la complexité des processus mentaux mis en œuvre lors de l’évaluation des

plaintes en cognition sociale.

Enfin, plus que de mesurer des plaintes dans des sous-dimensions spécifiques de la

cognition sociale, l’échelle ACSo a pour but de fournir un large support à la collecte et à la

description des plaintes en cognition sociale. La faible variance expliquée est, ainsi, peut-être,

le prix à payer pour évaluer de manière la plus exhaustive possible, les plaintes en cognition

sociale.

Les calculs des coefficients α de Cronbach, ont montré que les deux dimensions,

retenues par l’analyse en composantes principales, avaient d’assez bonnes consistances

internes (αF1=0,76 et αF2=0,66).

Page 87: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  87  

L’analyse factorielle avec rotation varimax a indiqué que la moitié des items de

l’ACSo contribuaient à la première dimension (items 3 ; 4 ; 7 ; 9 ; 11 ; 12 ; 13 ; 14 ; 15 ; 20) et

que 4 items inversés sur l’échelle contribuaient à la seconde (items 1 ; 5 ; 6 ; 18).

Notre étude a ainsi montré que 4 des 6 items inversés de l’ACSo se regroupaient pour

contribuer à la seconde dimension de l’échelle ce qui semble poser plusieurs problème. En

effet, cela suggère que les sujets de l’étude auraient coté, de la même façon, ces 4 items

inversés alors même qu’ils représentent, a priori, des construits théoriques différents. Pour

rappel, la formulation choisie pour les items inversés et non-inversés étaient respectivement :

« je suis capable » et « j’ai des difficultés ». Il se pourrait que ces deux formulations n’aient

pas exactement un sens inverse sur le plan sémantique. Ainsi, les formulations des items

inversés ont, peut-être, amené les sujets à coter ces items selon leur formulation et non leur

contenu ce qui pourrait constituer un biais.

De plus, les 2 items inversés restant (2 et 16) ont des poids factoriels trop faibles pour

pouvoir être attribués à l’une ou l’autre des dimensions. Néanmoins, leurs poids factoriels

sont plus importants sur le facteur 2. En d’autres termes, il semble qu’ils tendraient à

contribuer plus fortement à la seconde dimension ce qui pourrait corroborer l’idée d’un

éventuel biais lié à la formulation des items inversés.

Dans le but de mieux comprendre la structure de l’ACSo, deux analyses en

composantes principales ont également été réalisées chez les sujets souffrant de schizophrénie

et les sujets bacheliers.

L’analyse factorielle réalisée sur la population des sujets souffrant de schizophrénie a

retenu deux dimensions (expliquant 31,5% de la variance totale) tout comme l’analyse en

composantes principale réalisée sur la population totale d’étude. Ainsi, il semblerait que les

qualités psychométriques de l’échelle soient comparables chez les sujets souffrant de

schizophrénie et dans la population totale.

De son côté, l’analyse en composantes principales réalisée sur les 124 sujets bacheliers

de la population d’étude a retenu 4 dimensions expliquant prêt de la moitié de la variance

totale (48,7%) soit une variance expliquée bien supérieure à celle retrouvée dans la population

totale. Elle a également montré que tous les items de perception sociale, à l’exception de

l’item inversé 18, contribuaient à la première dimension et qu’à nouveau les quatre mêmes

items inversés contribuaient à la seconde. Les items contribuant à la première dimension

étaient d’ailleurs des items de perception sociale ou de perception émotionnelle alors que les

Page 88: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  88  

items contribuant aux troisième et quatrième dimensions étaient des items de biais

attributionnels ou de théorie de l’esprit.

Ces résultats montrent que lorsqu’on ne considère que les sujets ayant les plus hauts

niveaux de formation, les construits théoriques de plaintes en perception sociale et

émotionnelle ont tendance à se regrouper au sein d’une dimension et les items de biais

attributionnels et de théorie de l’esprit au sein de deux autres. Ainsi, il semblerait que

lorsqu’on ne prend en compte que les sujets ayant les plus hauts niveaux scolaires, les qualités

psychométriques et la structure de l’ACSo tendent à s’améliorer.

Il se pourrait, en effet, que les sujets bacheliers aient de meilleures capacités de

métacognition, leur permettant de mieux évaluer leurs propres difficultés ou qu’ils

parviennent à mieux cibler les construits dans leurs réponses. Il se pourrait également que les

sujets, dont les niveaux d’études sont les plus faibles, aient eu plus de difficultés à saisir le

sens des intitulés des items ce qui a pu affecter la qualité de l’évaluation de leurs plaintes.

De plus, les non-bacheliers de notre population d’étude étaient significativement plus

âgés que les sujets bacheliers. Or, les déficits cognitifs ont tendance, classiquement, à se

majorer avec l’âge et avec l’évolution des pathologies mentales chroniques. Ils se pourraient

donc que l’âge des patients ait également un impact indirect sur les qualités psychométriques

et la structure de l’échelle.

Afin de tester la stabilité de la structure bidimensionnelle retenue par l’analyse en

composantes principales sur la population totale, deux analyses en composantes principales

ont été réalisées à partir de deux moitiés de l’échantillon total d’étude (définies selon une

méthode pseudo-aléatoire),

Ces deux analyses factorielles ont, chacune, retenu deux dimensions (expliquant

32,8% et 31,4% de la variance totale) tout comme l’analyse en composantes principales

réalisée sur l’ensemble des sujets, ce qui suggère que la stabilité bidimensionnelle de l’échelle

ACSo est de bonne qualité.

Enfin, avec l’objectif renouvelé de mieux comprendre la structure interne de l’échelle

ACSo, nous avons réalisé une analyse typologique de l’échelle à l’aide d’une Classification

Ascendante Hiérarchique (CAH).

Celle-ci a retenu une solution à trois classes (A, B, C) contenant respectivement 11, 7

et 2 items.

Page 89: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  89  

- La classe A contenait environ la moitié des items de l’échelle dont 9 items étaient

communs avec ceux de la première dimension de l’analyse en composantes

principales (2 items de théorie de l’esprit, 3 items de perception sociale, 2 items de

perception émotionnelle et 2 items de biais attributionnels) et appartenaient aux 12

items repérés par l’analyse factorielle confirmatoire comme ayant les plus forts

liens avec leurs construits respectifs.

- La classe B contenait les 4 items inversés de la seconde dimension de l’analyse en

composantes principales.

- La classe C contenait les items 10 et 16.

Tout comme lors des analyses factorielles confirmatoires et en composantes

principales, ces résultats mettent en évidence qu’une moitié des items de l’échelle se

regroupent au sein d’un même ensemble d’apparence homogène. De plus, les résultats de la

classification ascendante hiérarchique retrouvent, à nouveau, les quatre même items inversés

au sein d’un second groupe d’items, suggérant, comme précédemment, un possible biais lié à

la formulation de ceux-ci. Enfin, comme lors de l’analyse factorielle confirmatoire, les items

10 et 16 restent à distance des autres items.

C. Validité externe de l’échelle ACSo

Pour l’étude de la validité externe, nous avons vérifié que les mesures faites avec

l’échelle concordaient bien avec des mesures d’instruments évaluant des concepts similaires

de la plainte en cognition sociale et ne concordaient pas avec des mesures d’instruments

évaluant des concepts plus éloignés. Pour cela, nous avons étudié les relations entre les

dimensions de l’ACSo retenues par l’étude de la validité interne et les échelles SSTICS

(autoquestionnaire évaluant les plaintes subjectives en neurocognition) pour la validité

convergente et les échelles BIS et Chapman (évaluant respectivement l’insight et l’anhédonie

sociale) pour la validité divergente.

Notre étude a montré que la première dimension de l’échelle ACSo était expliquée par

l’échelle SSTICS et non par les échelles BIS et Chapman. De plus, aucune relation n’a été

retrouvée entre la deuxième dimension et les échelles explicatives.

Nos résultats ont ainsi montré que la première dimension de l’ACSo mesurait bien un

domaine proche des plaintes en neurocognition et un domaine plus éloigné de l’insight et de

l’anhédonie sociale. Ils n’ont, par contre, pas réussi à rapprocher la deuxième dimension d’un

Page 90: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  90  

domaine clinique ce qui pourrait fournir un nouvel argument au profit de la thèse selon

laquelle la deuxième dimension serait le fruit d’un biais lié à la formulation des items

inversés.

Comme nous venons de l’évoquer, notre étude de la validité externe a permis

d’entrevoir le contenu de la première dimension de l’échelle ACSo. Cependant, il se peut que

les contenus des dimensions retenues par l’analyse de la structure interne de l’ACSo auraient

pu être mieux renseignés si nous avions utilisé davantage d’échelles explicatives lors de

l’étude de la validité externe au détriment, néanmoins, du temps d’évaluation.

D. Fidélité

La fidélité test-restest a été mesurée grâce aux calculs des coefficients kappa (kw)

avec pondérations linéaire et quadratique. Selon cette méthode, 13 items sur 20 présentaient

une fidélité moyenne, bonne ou excellente et 7 items avaient une mauvaise fidélité.

Le construit contenant le plus d’items ayant une mauvaise fidélité test-retest est la

perception émotionnelle (items 6, 11 et 14). Les items de ce construit avaient également été

mis en évidence par l’analyse factorielle confirmatoire comme étant les items ayant les plus

faibles liens avec leur construit. Il est possible que les intitulés des items de perception

émotionnelle n’aient pas permis une bonne compréhension du contenu de ceux-ci, ce qui a pu

altérer les réponses des sujets lors du test mais également du retest.

De plus, comme évoqué précédemment, les plaintes en cognition sociale sont corrélées

aux plaintes en neurocognition. Il est donc possible que les sujets ayant participé à l’étude de

la fidélité test-retest aient, en parallèle, des déficits cognitifs qui ont pu grever ces résultats.

Afin de vérifier cette interprétation, il aurait été intéressant de comparer la fidélité de

la mesure entre des populations cliniques et non-cliniques.

De la même façon, les résultats de l’étude de la fidélité test-retest pourraient être liés

au fait que l’échelle ACSo est un auto-questionnaire. En effet, selon Falissard : « les échelles

d’hétéro-évaluation permettent une meilleure fidélité de l’évaluation que les échelles d’auto-

évaluation » [129].

Enfin, il est possible que certaines limites de notre étude aient eu un impact négatif sur

la qualité de la fidélité de la mesure. En effet, la faible taille de l’échantillon recruté pour

l’étude test-retest (20 sujets) peut être une explication de la qualité moyenne de la mesure de

la fidélité test-retest. De plus, l’intervalle choisi entre test et retest (2 mois) était peut être trop

long. En effet, la plupart des patients ayant participé au retest étaient inclus, en parallèle, dans

Page 91: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  91  

des programmes de remédiation cognitive. Il se peut donc que leurs plaintes se soient

modifiées entre le test et le retest et qu’ils aient donc coté différemment les items entre les

deux épreuves. Enfin, une mesure objective des troubles neurocognitifs, ou des comparaisons

avec des groupes contrôles aurait peut-être permis de mieux comprendre la qualité moyenne

de la fidélité test-retest.

E. Perspectives et conclusion

Notre étude montre que l’échelle ACSo présente des qualités psychométriques

moyennes. De plus, sa première dimension, constituée de la moitié des items de l’échelle et

corrélée au domaine des plaintes en neurocognition, est intéressante.

Au delà de l’étude stricte des qualités psychométriques, notre étude fournit aux

cliniciens les modalités d’utilisation à venir de cette échelle. En effet, bien plus que de

calculer les scores totaux ou par construits, les futurs utilisateurs de l’échelle devront

examiner les scores des items de façon indépendante afin de constituer une sorte de

« cartographie » des plaintes subjectives en cognition sociale.

Enfin, ce travail pourrait se poursuivre par l’élaboration d’une nouvelle échelle

d’évaluation des plaintes en cognition sociale répondant à de meilleures qualités

psychométriques. En effet, comme évoqué précédemment, 9 items de l’échelle ACSo (3, 4, 7,

9, 11, 12, 13, 14, 15) se regroupent au sein d’un même ensemble d’apparence homogène. Ces

items pourraient donc servir de base à la création d’un nouvel auto-questionnaire. Si tel est le

cas, il sera alors nécessaire d’éviter les intitulés inversés ou de porter une attention toute

particulière à leur formulation. De même, il sera important de simplifier les intitulés des items

afin d’optimiser leur compréhension. Enfin, il pourrait s’avérer pertinent d’adjoindre, au

nouveau questionnaire, des consignes d’utilisation de celui-ci ou pourquoi pas des

explications complémentaires en cas de difficultés de compréhension de certains items. Ceci

afin de permettre un recueil des plaintes en cognition sociale fiable et accessible au plus grand

nombre.

Page 92: FACULTE DE MEDECINE DE TOURS

 

  92  

V. Références bibliographiques [1] Bellack AS, Morrison RL, Wixted JT, Mueser KT. An analysis of social competence in schizophrenia. Br J Psychiatry. 1990;156:809–818.

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[144] Couture, S. M., Penn, D. L., Losh, M., Adolphs, R., Hurley, R., & Piven, J. (2010). Comparison of social cognitive functioning in schizophrenia and high functioning autism: more convergence than divergence. Psychological Medicine, 40(04), 569–579.

[145] Bölte, S., & Poustka, F. (2003). The recognition of facial affect in autistic and schizophrenic subjects and their first-degree relatives. Psychological Medicine, 33(5), 907–915. [146] Sasson, N. J., Pinkham, A. E., Carpenter, K. L. H., & Belger, A. (2010). The benefit of directly comparing autism and schizophrenia for revealing mechanisms of social cognitive impairment. Journal of Neurodevelopmental Disorders, 3(2), 87–100.

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VI. Annexes

A. Annexe 1

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B. Annexe 2

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C. Annexe 3

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D. Annexe 4

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E. Annexe 5

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F. Annexe 6

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Vu, le Directeur de Thèse

Vu, le Doyen de la Faculté de médecine de TOURS

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Académie d’Orléans – Tours Université François-Rabelais Faculté de Médecine de TOURS MORLEC Vivien 109 pages – 15 tableaux – 22 figures – 6 annexes Résumé : Introduction : La cognition sociale regroupe les processus mentaux qui sous-tendent les relations sociales. Des déficits impliquant ces processus impactent fréquemment le fonctionnement quotidien des patients souffrant de troubles psychiatriques. Ainsi, des batteries de tests évaluant objectivement les déficits en cognition sociale ont été développées. Cependant, il n’existe à ce jour aucune échelle d’évaluation subjective des plaintes des patients concernant leurs difficultés en cognition sociale et ce, alors que la réussite des programmes de remédiation dépend, en partie, de la conscience qu’ont les patients de leurs difficultés. Une équipe du Groupement De Recherche (GDR) 3557 a récemment élaboré l’ACSo (Autoévaluation des troubles de la Cognition Sociale), un auto-questionnaire de 20 items permettant aux patients d’évaluer leurs difficultés dans les 4 principaux domaines de la cognition sociale : la perception émotionnelle, la théorie de l’esprit, la perception sociale et les biais attributionnels. L’objectif de cette étude était d’évaluer les qualités psychométriques du questionnaire ACSo. Matériel et Méthode : 213 adultes pris en charge dans des centres de réhabilitation psychosociale et des hôpitaux psychiatriques de 3 villes françaises (Tours, Lyon, Paris) ont complété l’échelle ACSo et 3 autres auto-questionnaires : la Subjective Scale To Investigate Cognition in Schizophrenia (SSTICS), la Birshwood Insight Scale (BIS) et l’échelle d’anhédonie sociale révisée de Chapman. Les validités interne et externe ont été étudiées à l’aide d’analyses factorielle confirmatoire (AFC), en composantes principales (ACP) et de régression linéaire. La précision de la mesure a été analysée grâce à une étude test-retest réalisée sur 20 patients de la population d’étude. Résultats : L’AFC infirme le modèle à 4 domaines proposé par les auteurs de l’ACSo. L’ACP retient 2 dimensions expliquant 31,4% de la variance totale et ayant une assez bonne consistance interne (α de Cronbach : 0,76 et 0,66). La stabilité de la structure bidimensionnelle est correcte. Le 1er facteur regroupe 10 items et est expliqué principalement par la SSTICS. Le 2e facteur contient 4 items qui sont des items inversés. L’ACP effectuée chez 107 sujets schizophrènes est similaire à celle de la population totale, par contre l’ACP effectuée chez les 124 bacheliers retient 4 facteurs expliquant 48.7% de la variance totale. Enfin, l’étude de la fidélité test-retest montre que 13 items présentent une fidélité modérée ou bonne. Discussion : L’échelle ACSo montre des qualités psychométriques moyennes : peu de variance expliquée par les 2 dimensions décrites par l’analyse factorielle, un regroupement des items inversés au sein d’une même dimension et une fidélité test-retest moyenne. Malgré de probables biais liés à la formulation des items, qu’il sera nécessaire de corriger, l’échelle ACSo constitue une réelle avancée pour l’exploration des plaintes en cognition sociale. Mots clés : Cognition sociale ; Théorie de l’esprit ; Perception émotionnelle ; Perception et connaissances sociales ; Style attributionnel ; Remédiation cognitive ; Schizophrénie ; Evaluation ; Questionnaire ; Psychométrie Jury : Président : Monsieur le Professeur Philippe GAILLARD Membres : Monsieur le Professeur Vincent CAMUS Monsieur le Professeur Wissam EL HAGE Monsieur le Professeur Dominique DRAPIER Monsieur le Docteur Jérôme GRAUX Date de la soutenance : 07 octobre 2015