Fascicule - Paris de Nuit · 2012. 7. 12. · PhotoProf.fr – Les Artistiques : Paris de Nuit 5 donnant des ciels noirs bien lisses et homogènes. D’une façon générale, et même

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Table des matières

Introduction à la photographie nocturne .......................................................................................... 3

De la croyance que les photos de nuit sont forcément floues… .................................................. 3

Gérer les faibles lumières ........................................................................................................ 3

Les temps de pose longs ......................................................................................................... 4

Usage de la sensibilité (ISO) du capteur .................................................................................. 4

…à l’invention de notre héros : le trépied ! .................................................................................. 5

Filer des sujets en plein jour .................................................................................................... 5

Les filtres gris-neutres (ND) ..................................................................................................... 6

Dessiner avec la lumière .......................................................................................................... 6

L’heure bleue (ou « Magic Hour ») .................................................................................................. 6

Rappels concernant la mesure de la lumière .................................................................................. 7

Les modes de mesure ................................................................................................................. 8

Le verrouillage de l’exposition ..................................................................................................... 8

Etudes de cas ................................................................................................................................. 9

Filer les feux arrière des voitures ................................................................................................ 9

Voir le mouvement des étoiles .................................................................................................... 9

Timelapse .............................................................................................................................. 10

Vitrifier la surface de l’eau ......................................................................................................... 11

Le light-painting ......................................................................................................................... 11

Faire disparaître le dessinateur .............................................................................................. 12

Ajouter un personnage net ..................................................................................................... 12

Les feux d’artifices .................................................................................................................... 14

Transformer les réverbères en étoiles ....................................................................................... 15

Ajouter des formes dans les zones hors-champ : le bokeh ........................................................ 15

La balance des blancs de nuit ....................................................................................................... 17

Ajustement sa balance des blancs manuellement ..................................................................... 17

Mesurer la balance des blancs à l’aide d’un papier blanc .......................................................... 18

Usage du flash pour vos portraits nocturnes ................................................................................. 18

Méthode .................................................................................................................................... 18

Diffuseurs de couleur ................................................................................................................ 19

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Introduction à la photographie nocturne

Croyez-le ou non mais il est souvent de la photographie de jour. La nuit, la lumière est souvent plus douce puisqu’artificielle. Exit les ombres qui « bouchent » parfois certaines zones de nos photos.

Ici, vous êtes maîtres de la lumière. Les zones éclairées seront celles où un réverbère, une lampe d’intérieur ou encore votre flash aura eu la bonne idée d’envoyer ses rayons. L’idéal pour mettre en valeur un élément important de votre sujet en jouant sur l

De la croyance que les photos de nuit sont forcément floues…

Il est commun d’entendre le grand public s’écrier que les photos de nuit sont souvent floues. Ouvrez la première page Facebook venue et vous constaterez que les adepteAutomatique sont souvent déçus de leurs créations nocturnes. Le résultat était pourtant prévisible.

Pour le comprendre, il est nécessaire de se rappeler que l’appareil photo n’est qu’une machine aux capacités limitées : il voit en noir & bladisponible en plusieurs points du cadre que vous lui imposez et choisit ainsi un couple de réglages ouverture/vitesse qui se veut adapté à la situation.

Gérer les faibles lumières

Si en journée l’appareil privilégie l’usage de vitesses rapides (ou temps de pose courts, si vous préférez) afin d’anticiper le fait que vous allez peutil ne peut en être de même lorsqu’il fait nuit. En effet, comme vous l’avez vu lors de votre premier cours « Sortez du mode Automatiquen’existe que trois paramètres permettant d’influencer la quantité de lumièredans l’objectif pour atteindre votre capteurl’ouverture du diaphragme, la vitesse d’obturation, et la sensibilité (ISO).

Partons du principe que votre appareil est votre ami et qu’il veut vous faire plaisir. Afin d’éviter au maximum de vous fournir des photos floues, sa première réaction face au manque de lumière est d’ouvrir son diaphragme à fond. Il mace que l’on pourrait considérer comme le «de la lumière » atteignant le capteur pendant un temps donné.

Malheureusement pour lui (et surtout pour nous), cette ouverture est souvent insuffisante pour nous fournir la quantité de lumière npour que la photo soit correctement exposée. Il est ainsi obligé de jouer sur les deux autres paramètres. Si votre sensibilité est fixée, il n’a alors d’autre choix que d’augmenter la durée de l’exposition. Enregistrant ainsi par l’intermédiaire du capteur tout ce qu’il se passe devant l’objectif pendant une durée prolongée, l’appareil laisse la

: Paris de Nuit


est souvent plus aisé de faire de la photographie nocturneLa nuit, la lumière est souvent plus douce puisqu’artificielle. Exit les

» parfois certaines zones de nos photos.

i, vous êtes maîtres de la lumière. Les zones éclairées seront celles où un réverbère, une lampe d’intérieur ou encore votre flash aura eu la bonne idée d’envoyer ses rayons. L’idéal pour mettre en valeur un élément important de votre sujet en jouant sur les contrastes ainsi créés…


Il est commun d’entendre le grand public s’écrier que les photos de nuit sont souvent floues. Ouvrez la première page Facebook venue et vous constaterez que les adepteAutomatique sont souvent déçus de leurs créations nocturnes. Le résultat était pourtant prévisible.

Pour le comprendre, il est nécessaire de se rappeler que l’appareil photo n’est qu’une machine aux il voit en noir & blanc, se contente de mesurer la

en plusieurs points du cadre que vous lui imposez et choisit ainsi un couple de réglages ouverture/vitesse qui se veut adapté à la situation.

Gérer les faibles lumières

privilégie l’usage de vitesses rapides (ou temps de pose courts, si vous préférez) afin d’anticiper le fait que vous allez peut-être trembler ou bouger pendant la prise de vue, il ne peut en être de même lorsqu’il fait nuit. En

lors de votre premier Sortez du mode Automatique ! », il

trois paramètres permettant d’influencer la quantité de lumière pénétrant dans l’objectif pour atteindre votre capteur : l’ouverture du diaphragme, la vitesse d’obturation,

Partons du principe que votre appareil est votre ami et qu’il veut vous faire plaisir. Afin d’éviter au maximum de vous fournir des photos floues, sa première réaction face au manque de lumière est d’ouvrir son diaphragme à fond. Il maximise ainsi ce que l’on pourrait considérer comme le « débit

» atteignant le capteur pendant un

Malheureusement pour lui (et surtout pour nous), cette ouverture est souvent insuffisante pour nous fournir la quantité de lumière nécessaire pour que la photo soit correctement exposée. Il est ainsi obligé de jouer sur les deux autres paramètres. Si votre sensibilité est fixée, il n’a alors d’autre choix que d’augmenter la durée de l’exposition. Enregistrant ainsi par l’intermédiaire du capteur tout ce qu’il se passe devant l’objectif pendant une durée prolongée, l’appareil laisse la

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de la photographie nocturne plutôt que La nuit, la lumière est souvent plus douce puisqu’artificielle. Exit les

i, vous êtes maîtres de la lumière. Les zones éclairées seront celles où un réverbère, une lampe d’intérieur ou encore votre flash aura eu la bonne idée d’envoyer ses rayons. L’idéal pour mettre

es contrastes ainsi créés…


Il est commun d’entendre le grand public s’écrier que les photos de nuit sont souvent floues. Ouvrez la première page Facebook venue et vous constaterez que les adeptes du mode tout-Automatique sont souvent déçus de leurs créations nocturnes. Le résultat était pourtant prévisible.

Pour le comprendre, il est nécessaire de se rappeler que l’appareil photo n’est qu’une machine aux , se contente de mesurer la quantité de lumière

en plusieurs points du cadre que vous lui imposez et choisit ainsi un couple de réglages

privilégie l’usage de vitesses rapides (ou temps de pose courts, si vous être trembler ou bouger pendant la prise de vue,


lumière s’accumuler sur la photo de sorte à éviter qu’elle soit sous-exposée. Une chose somme toute logique pour un ordinateur, mais pas forcément judicieuse d’un point de vue artistique.

Les temps de pose longs

En effet, la longue pose engendre 99% du temps une photo floue lorsque celle-ci est exécutée à main levée. En moyenne, un être humain normalement constitué est capable de rester immobile pendant 1/20ème de seconde (ou tout du moins s’il tient son appareil photo de façon à être le plus stable possible - bras le long du corps et respiration bloquée - alors les tremblements de l’appareil ne se verront pas tant que l’on évite d’utiliser des focales trop longues (c’est-à-dire si l’on ne zoome pas)).

Ainsi, si l’appareil n’a rien d’autre de mieux à vous proposer que des temps de pose longs lorsque vous lui demandez d’effectuer une mesure de la lumière (en pressant le déclencheur à mi-course, le plus souvent), rien ne sert de tenter le diable en prenant une photo. Si le temps de pose est plus long qu’1/20ème de seconde, le réflexe qui doit vous traverser est alors d’augmenter la sensibilité du capteur : montez les ISO !

Usage de la sensibilité (ISO) du capteur

En procédant ainsi, le capteur devient plus réactif à la lumière, ce qui lui permet d’avoir besoin de moins de lumière pour donner la même photo. Là où il aurait par exemple eu besoin d’une exposition de 2 secondes à 100 ISO, il n’aura plus besoin que d’1 seconde à 200 ISO, ½ seconde à 400 ISO, ou encore 1/10ème de seconde à 2000 ISO. Il suffit pour le prouver de diviser le temps de pose par la même valeur que celle par laquelle vous multipliez les ISO. Le tour est joué !

Problème : la montée en ISO ne se fait pas sans en payer le prix. Comme souvent en photo, une solution n’est jamais parfaite, et vous ferez apparaître du bruit sur votre image au fur et à mesure que vous augmentez la sensibilité de votre capteur. Si vous avez un jour travaillé en argentique, vous connaissez bien ce problème. Le bruit est proportionnel aux ISO.

Le numérique a tout de même un avantage puisqu’il permet d’éviter le grain lorsque notre appareil monte en gamme. En effet, un appareil dont la sensibilité maximale est de 1600 ISO obtiendra des photos très bruitées s’il utilise ce réglage. Ces mêmes 1600 ISO donneront par contre des photos largement moins bruitées si le capteur monte par exemple jusqu’à 6400 ISO. Dans cette configuration, celui-ci ne sera alors exploité qu’à 25% de ses capacités. Ainsi utilisé de façon raisonnable, il vous le rendra bien en « se comportant bien » et en vous

Le bruit fonctionne comme la « neige » des télévisions hertziennes mal réglées : ce sont des points chauds ou froids qui s’agitent très

vite dans votre cadre.

En petit format sur l’écran LCD de votre appareil, une

photo n’aura jamais l’air bruitée même à 6400 ISO. Voici toutefois le résultat en pleine taille visualisé sur un

ordinateur : cette impression de flou est liée

au bruit très présent.

Ici à bord d’un bateau, il était impossible d’utiliser un

temps de pose long à cause du tangage : la

photo aurait présenté un important flou de bougé. En raison de la nature sombre du sujet (une aurore boréale), nous avons augmenté la

sensibilité à 6400 ISO. Si le bruit se fait discret, c’est grâce à l’utilisation d’un Canon EOS 5D Mark III, appareil haut de gamme

sorti en 2012.


donnant des ciels noirs bien lisses et homogènes.

D’une façon générale, et même si cela dépend de votre tolérance au bruit/grain, il est intéressant d’éviter de pousser ses ISO au-delà de la moitié de la sensibilité maximale de votre capteur. C’est souvent à partir de cette valeur que le bruit commence à vraiment se voir.

…à l’invention de notre héros : le trépied !

A moins de vouloir absolument figer un sujet en mouvement dans le noir (ne riez pas : cela se produit plus souvent que vous ne le pensez ! Songez donc aux personnes dansant lors d’un mariage ou en boîte de nuit), l’usage d’une vitesse rapide n’est souvent pas conseillé lorsqu’il fait nuit.

Au contraire : le manque de lumière lié à l’heure tardive peut être une chance inouïe de pouvoir enfin utiliser des temps de pose plus longs qu’1/20ème de seconde, et ainsi d’obtenir des sujets « filés » sans pour autant avoir à surexposer l’image.

Filer des sujets en plein jour

En journée, l’importante quantité de lumière ambiante empêche en effet généralement de travailler avec des vitesses d’obturation aussi lentes que l’on voudrait. Imaginez en effet vouloir absolument utiliser un temps de pose de 20 secondes alors qu’il fait jour. L’intérêt pourrait ainsi être de faire « disparaître » la foule en exploitant le fait que celle-ci se déplace en permanence par rapport à l’environnement.

Vous choisissez alors d’utiliser le mode Priorité Vitesse (Tv ou S) et réglez votre appareil sur 20 secondes. La réaction de celui-ci ne se fait pas attendre : dès que vous presserez le déclencheur à mi-course, la mesure de la lumière informera l’appareil du fait qu’il fait jour et que la mission que vous venez ainsi de lui confier est « impossible ».

Pour éviter la surexposition avec un temps de pose aussi long, il lui faudrait en effet fermer son diaphragme pour que le diamètre du trou laissant passer la lumière soit presque plus petit qu’une tête d’épingle. Vous comprendrez aisément que cela ne soit pas possible mécaniquement parlant. Limité par les caractéristiques de l’objectif (qui pour une fois ne ferme pas assez petit), le boîtier est alors bien obligé de déclarer forfait.

Cela se manifeste en général par l’apparition d’un message d’erreur sur votre écran LCD ou dans votre viseur : chez Canon, le chiffre correspondant à l’ouverture minimale (souvent f/22) se met à clignoter ; chez Nikon, l’ouverture disparaît et la mention « Lo » s’affiche à la place ; sur beaucoup de bridges, les réglages apparaissent en rouge. Dans tous les cas, le résultat sera le même : si vous persistez dans cette voie et poussez votre appareil à prendre sa photo malgré tout, il la fera du mieux qu’il le peut : avec son ouverture minimale. Mais comme il vous l’avait prédit, celle-ci est souvent insuffisamment petite, et la photo qui en résulte est bien évidemment surexposée.

Cette photo a été réalisée à l’aide d’un

filtre gris-neutre semble à celui-ci-

dessous : les nuages sont filés car ils ont

bougé durant le long temps de pose. La

mer, elle, ressemble à de la brume en

raison de l’écume des vagues qui s’est

mélangée avec le ressac.


Les filtres gris-neutres (ND)

La solution consiste à équiper votre appareil du même accessoire que celui que vous utilisez lorsque vous êtes ébloui : des lunettes de soleil. Puisque votre iris ne parvient par à se fermer suffisamment pour éviter que la quantité de lumière pénétrant dans votre œil ne vous brûle la rétine, vous placez devant vos yeux un « filtre » qui bloque une partie de cette lumière trop présente. En photographie, on appelle cet accessoire « filtre gris-neutre » car il ne modifie pas les couleurs.

Il en existe de plusieurs opacités différentes, selon les effets que vous souhaitez réaliser. Les plus utilisés sont ceux des marques Hoya et B+W. Les premiers baptisent leurs filtres NDxx. ND pour « neutral density », le chiffre suivant correspondant au rapport de réduction de la lumière. Ainsi, un ND8 laisse passer 8 fois moins de lumière que si vous n’aviez pas de filtre, là où un ND100 divise la quantité de lumière atteignant le capteur par 100.

Chez les allemands de B+W, les filtres gris-neutres sont appelés 102, 106 ou 110. Rien à voir avec les voitures. On parle là d’expositions corrigées. En effet, un filtre 102 donnera un équivalent de -2 diaph. Comprenez par là que la lumière est divisée par deux… deux fois ! Globalement, vous aurez donc 4 fois moins de lumière que sans filtre. Imaginez alors l’allure d’un filtre 110 ! Il vous donnera -10 diaph (ou IL, comme Indice de Luminosité. Les mêmes que ceux de la correction d’exposition classique !), soit 2 puissance 10 fois moins de lumière, c’est-à-dire une lumière divisée par 1024 ! Il va sans dire que ce filtre permet des expositions très longues même en journée.

Dessiner avec la lumière

La nuit et son manque de lumière présentent donc un vrai et bel avantage pour tout photographe désireux de travailler en vitesse lente. Nul besoin d’un quelconque filtre. La ville apparaît ainsi sous son meilleur « jour » puisque l’on peut alors faire la moyenne de tout ce qu’il se passe dans le cadre pendant une durée déterminée à l’avance.

On peut également décider d’intégrer du mouvement soi-même, en faisant par exemple bouger l’appareil ou en déplaçant une source de lumière dans le cadre pendant l’exposition : c’est le light-painting. Il n’y a pas de limite. Une fois que vous avez compris cela, la photo nocturne n’a plus de secrets pour vous…

L’heure bleue (ou « Magic Hour »)

Exemples de photos prises à l’heure bleue. A gauche, le temps de pose est long, ce qui donne à la péniche un effet filé.

A droite, il est court pour figer les gouttes projetées par les fontaines.


La plupart des photographes professionnels vous le diront : les meilleures photos sont réalisées au lever et au coucher du soleil. C’est d’ailleurs la même chose pour les photos nocturnes. A l’image du cliché en couverture de ce livret, un ciel d’une couleur bleue marine dégradé noir est plus « habillé » qu’un ciel entièrement noir.

C’est la raison pour laquelle une grande partie des cartes postales « nocturnes » sont en faites prises moins d’une heure après le coucher du soleil.

Encore faut-il s’orienter correctement par rapport au sujet. Si vous souhaitez éviter que votre arrière-plan soit trop sombre, il vous faudra repérer la direction de l’ouest à l’avance. Puisque le soleil disparaît sous l’horizon du côté ouest, le ciel restera bleu plus longtemps dans cette direction.

Attention, car l’impression d’avoir fait une photo de nuit est souvent liée aux lumières de la ville. Si elles ne sont pas encore allumées, attendez quelques minutes pour faire votre photo. Le résultat devrait alors ressembler à celui visible sur la page précédente, à gauche.

Dans certains cas, le coucher du soleil peut être « flamboyant », comme on le voit sur l’exemple de droite. Cette photo ne ressemble alors plus à un cliché de nuit, puisque le coucher du soleil se ressent en la regardant.

Il est alors préférable de totalement boucher le monument (ici une fontaine) qui est à contre-jour en faisant une mesure de la lumière sur le soleil couchant. Si le contraste est suffisant, seule la silhouette du sujet sera visible, comme une ombre chinoise.

Rappels concernant la

mesure de la lumière

Outre les conditions de faible lumière ambiante, la nuit se définit en photographie par de forts contrastes. Comprenez par là qu’en général, le ciel et/ou le sol sont beaucoup plus sombres que les monuments et autres sujets éclairés que l’on souhaite photographier en premier lieu. Ces différences de luminosité entre les différentes zones de l’image sont un véritable cauchemar pour votre appareil.

Encore une fois, vous lui donnez une mission difficile à réaliser sans savoir ce que vous souhaitez mettre en valeur. Dans le cas d’un monument illuminé sur un fond sombre, l’appareil voit en effet dans un même cadre plusieurs informations contradictoires.

S’il fait une mesure de la lumière sur le monument, alors il essaiera de faire en sorte que celui-ci soit correctement exposé. Vous aurez alors une photo d’un monument sur fond très sombre.

Du moins précis au plus précis…

Mode Matriciel (ou évaluatif)

Il tient compte de l’ensemble des éléments de l’image.

Concrètement, l’appareil réalise une mesure indépendante dans plusieurs zones de l’image, et compare ensuite le profil obtenu à une base de profils types.

Mode central pondéré (ou sélectif)

Il tient compte d’une zone située au centre de l’image et dont le diamètre peut varier selon le boîtier.

Le plus souvent, il tient compte d’une zone occupant 35% de la surface globale de la photo et lui donne 80% de l’importante dans la mesure.

Mode ponctuel (ou spot)

Il tient uniquement compte d’un « point » au centre de l’image.


A l’inverse, une mesure de la lumière sur le ciel vous donnera un environnement peut-être bien exposé, mais un monument qui cette fois sera complètement « brûlé ».

Les modes de mesure

Outre la zone où s’effectue cette mesure, le résultat dépendra également de la taille de la zone prise en compte. Vous trouverez page précédente un récapitulatif des 3 modes de mesure principaux dont sont équipés votre appareil.

Le mode à privilégier pour la photographie nocturne est généralement le mode « central pondéré » (également appelé Sélectif chez les appareils Canon). En effet, le mode Matriciel tenant compte de l’ensemble des éléments de l’image, il accordera la même importance au monument lumineux qu’au ciel sombre.

Cherchant à tout prix à faire un compromis entre ces deux zones contrastées, l’appareil vous donnera alors une photo du monument légèrement surexposé sur un fond légèrement sous-exposé. A vous de savoir alors si vous voyez plutôt le verre à moitié vide ou à moitié plein : vous pouvez considérer que tout est optimisé ou qu’au contraire rien n’est mis en valeur.

Nous penchons pour cette deuxième solution.

C’est la raison pour laquelle un mode de mesure plus précis donnera de meilleurs résultats. Le mode central pondéré fera lui aussi une mesure assez large, sur l’ensemble du monument, mais en donnant moins d’importance au fond.

Il est souvent préférable de procéder ainsi car l’œil est moins agressé par des zones sombres dans l’image, d’autant qu’un ciel noir apparaît comme tel lorsqu’on l’observe à l’œil nu. Un ciel plus clair et un monument surexposé, en revanche, donnera un rendu moins agréable à regarder car le cerveau de votre spectateur interprètera cela comme quelque chose d’éblouissant, et donc de douloureux.

Pensez donc à réaliser aussi souvent que possible une mesure sur les zones les plus lumineuses.

Le verrouillage de l’exposition

Attention, car comme la mesure centrale pondérée (ou sélective) s’effectue au centre de l’image (ou autour du collimateur de mise au point si vous n’en avez activé qu’un seul et qu’il n’est pas au centre, selon la marque), vous ne ferez donc pas de mesure sur la zone la plus lumineuse si celle-ci n’est pas au centre.

Afin de décentrer la zone de mesure, il est nécessaire d’utiliser la fonction « verrouillage de l’exposition » de votre appareil. Elle prend le plus souvent la forme d’un bouton AE-L (Auto-Exposure Lock) située à droite au dos de votre boîtier. Chez Canon, c’est un bouton en forme d’étoile.

Selon la marque et le modèle de votre boîtier, le bouton de mémorisation de l’exposition n’a pas le même nom, mais il

est toujours placé près de votre pouce (de gauche à droite : Pentax, Nikon et Canon)


Cette fonction marche comme le verrouillage de la mise au point en mode ONE SHOT (ou AF-S). Dans un cas, vous maintenez le déclencheur à mi-course pour que la mise au point ne change pas tandis que vous recadrez. Ici, il vous faudra viser l’élément dont vous souhaitez mesurer l’exposition et presser votre bouton AE-L (ou étoile) avant de recadrer, et enfin déclencher.

Pour parler vulgairement, tant que vous maintenez votre bouton de mémorisation de l’exposition, vous êtes pour ainsi dire dans un « mode Manuel » éphémère, l’ouverture et la vitesse étant fixés.

Etudes de cas

Filer les feux arrière des voitures

C’est l’un des exercices les plus connus de la photographie nocturne. C’est également l’un des plus faciles à réaliser. Il suffit en effet d’un bon trépied et d’un peu de patience pour obtenir des résultats bluffants.

Sur les deux photos ci-dessous, le temps de pose a été paramétré en mode Priorité Vitesse à 6 et 10 secondes.

Plus ce temps sera long et plus nombreuses seront les voitures qui traverseront votre cadre durant l’exposition. Chacune d’entre elles finit par devenir invisible car pas assez lumineuse pour qu’elle se détache sur le fond nocturne. Les phares, quant à eux, émettent suffisamment de lumière pour qu’on les voie même après que la voiture soit passée.

C’est aussi le principe du light-painting, qui fera l’objet d’une prochaine étude de cas.

L’ouverture doit se régler seule en fonction de l’endroit où vous aurez fait la mesure de la lumière. Sachez toutefois que plus celle-ci sera petite et plus les traits rouges dessinés par les voitures auront l’air fins. En effet, quand l’ouverture est grande, un halo de lumière se forme parfois autour des sources de lumière ponctuelles. C’est ce halo qui donne l’impression d’un trait plus épais.

Voir le mouvement des étoiles

Pour réaliser ce type de photo, mieux vaut être éloigné des grandes villes afin d’éviter au maximum la pollution lumineuse. Il faut également que le ciel soit durablement dégagé, car les temps de pose nécessaires à ce type de prises de vues sont excessivement longs. Puisqu’il faut laisser le temps aux étoiles de décrire un arc de cercle dans le ciel, plusieurs heures de pose sont donc nécessaires.


Il faut plusieurs heures pour faire une telle photo afin de laisser le temps aux étoiles de se déplacer dans le ciel

En pratique, vous remarquerez que les appareils s’arrêtent le plus souvent à 30’’ en mode Priorité Vitesse. Afin de choisir des temps de pose plus longs, utilisez le mode BULB de votre appareil.

Celui-ci est parfois accessible via la molette de sélection du mode d’exposition (mode B) ou caché derrière le mode Manuel. Si vous êtes dans ce cas, placez votre molette sur M et augmentez le temps de pose jusqu’à 30’’, et faites un clic de plus vers la gauche. Vous devriez voir apparaître la mention « bulb » en lieu et place d’une durée sur votre écran.

Et pour cause : le temps de pose n’est plus choisi en avance mais selon la durée pendant laquelle vous maintiendrez enfoncé votre déclencheur. Puisqu’il est hors de question que vous gardiez le doigt dessus pendant des heures, il est préférable d’utiliser une télécommande pour ce genre de prises de vues. Contrairement au déclencheur de l’appareil, celle-ci peut se bloquer en position enfoncée. Allez voir un film et revenez ensuite achever l’exposition : votre photo est prête !

Timelapse

Sachez toutefois qu’une pose de plusieurs heures engendrera des photos surexposées dans la plupart des cas si vous n’utilisez pas de filtre gris-neutre.

C’est la raison pour laquelle de telles photos sont souvent réalisées en time-lapse : on prend en fait plusieurs photos, chacune avec un temps de pose de plusieurs

Matériel nécessaire

Une télécommande sans marque entrée de gamme fait largement l’affaire. Elle n’aura en effet aucune influence sur le rendu de l’image.

Pour du time-lapse en revanche, il vous faudra ce qui est généralement appelé un « intervallomètre » comme ci-dessus.

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secondes, à intervalle régulier. Toutes les photos sont alors normalement exposées et contiennent une partie de la trajectoire décrite par obtenir le résultat final.

Vitrifier la surface de l’eau

La Seine, comme tout sujet en mouvement, donne souvent une image d’ellelorsqu’on la photographie en vitesse lente. Vous remarquerez que, unombreux reflets se forment à la surface de l’eau. Chaque source de lumière ponctuelle, et notamment les réverbères et autres lumières de la ville, deviennent ainsi de longues bandes verticales colorées une fois reflétées.

Souci : à chaque passage de péniche et autres embarcations fluviales, de nombreuses vaguelettes se forment et cassent ces lignes verticalesnous sommes de jouer sur ces lignes pour mettre en valeur son sujet. Une méthode existpourtant si l’on souhaite les redresser

Pour vitrifier la surface d’un fleuve ou d’un lac, utilisez un temps de pose d’au moins 10 secondes.

Si vous le faites bien, l’appareil devrait effectuedans le cadre de votre photo pendant la durée de l’exposition. Les vaguelettes n’étant pas statiques, elles finissent par s’annulercomment donner l’impression que la Seine s’est transformée en miroir.

Le light-painting

: Paris de Nuit

secondes, à intervalle régulier. Toutes les photos sont alors normalement exposées et contiennent une partie de la trajectoire décrite par les étoile. On superpose alors cette série de photo pour

Vitrifier la surface de l’eau

, comme tout sujet en mouvement, donne souvent une image d’ellelorsqu’on la photographie en vitesse lente. Vous remarquerez que, une fois la nuit tombée, de nombreux reflets se forment à la surface de l’eau. Chaque source de lumière ponctuelle, et notamment les réverbères et autres lumières de la ville, deviennent ainsi de longues bandes verticales colorées une fois reflétées.

: à chaque passage de péniche et autres embarcations fluviales, de nombreuses cassent ces lignes verticales, empêchant ainsi le photographe que

nous sommes de jouer sur ces lignes pour mettre en valeur son sujet. Une méthode existpourtant si l’on souhaite les redresser : utiliser un temps de pose au moins long de 10 secondes.

vitrifier la surface d’un fleuve ou d’un lac, utilisez un temps de pose d’au moins 10 secondes.

l’appareil devrait effectuer une sorte de moyenne de tout ce qu’il se passe dans le cadre de votre photo pendant la durée de l’exposition. Les vaguelettes n’étant pas

s’annuler, vous donnant une surface parfaitement plane. Ou n que la Seine s’est transformée en miroir.

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secondes, à intervalle régulier. Toutes les photos sont alors normalement exposées et contiennent erpose alors cette série de photo pour

, comme tout sujet en mouvement, donne souvent une image d’elle-même très différente ne fois la nuit tombée, de

nombreux reflets se forment à la surface de l’eau. Chaque source de lumière ponctuelle, et notamment les réverbères et autres lumières de la ville, deviennent ainsi de longues bandes

: à chaque passage de péniche et autres embarcations fluviales, de nombreuses , empêchant ainsi le photographe que

nous sommes de jouer sur ces lignes pour mettre en valeur son sujet. Une méthode existe : utiliser un temps de pose au moins long de 10 secondes.

vitrifier la surface d’un fleuve ou d’un lac, utilisez un temps de pose d’au moins 10 secondes.

de tout ce qu’il se passe dans le cadre de votre photo pendant la durée de l’exposition. Les vaguelettes n’étant pas

, vous donnant une surface parfaitement plane. Ou


Rien de plus simple que de dessiner avec la lumière ! A condition que l’environnement dans lequel vous vous trouvez soit suffisamment sombre, vous pourrez vous amuser en saisissant une source de lumière quelconque : lampes de poche, néons portatifs, écran de votre téléphone… Tout le secret réside dans l’art de faire disparaître la personne qui manipule cette source de lumière de la photo.

Faire disparaître le dessinateur

Pour ce faire, choisissez de préférence un temps de pose au moins deux fois supérieur au temps nécessaire pour exécuter le dessin de lumière. Dans l’exemple précédent, si vous prévoyez 10 secondes pour écrire PHOTOPROF à l’aide d’une lampe de poche, réglez votre exposition sur 20 secondes.

Ainsi, l’appareil enregistrera la trajectoire parcourue par la lampe pendant les 10 premières secondes de l’exposition. Pendant les 10 secondes suivantes, il continuera d’exposer l’arrière-plan, uniquement éclairé par la lumière ambiante. Si le dessinateur n’est pas resté statique pendant qu’il dessinait, il devrait finir par se fondre dans le décor…

Ajouter un personnage net

Sous prétexte que le temps de pose est long, n’allez pas penser qu’il est impossible d’intégrer un personnage à votre création en light-painting. Dans l’exemple ci-contre en haut, la jeune fille est simplement restée immobile pendant toute la durée de l’exposition. Malgré sa bonne volonté, son image est ainsi légèrement floue car, qu’on le veuille ou non, on bouge toujours légèrement, et ce même lorsque l’on bloque notre respiration.

Afin d’éviter ce désagrément, il est donc possible d’utiliser un flash. De par sa courte durée, il aura pour effet de figer le sujet dans sa position initiale (si le flash est synchronisé sur le premier rideau, et s’il se produit donc au début de l’exposition) ou dans sa position finale (il faut alors choisir une synchronisation sur le deuxième rideau).

Nul besoin de savoir dessiner en perspective : la photo le sera même si vous dessinez « à plat »

Si la source de lumière utilisée pour dessiner éclaire le décor, il apparaîtra sur la photo

Il est possible d’utiliser plusieurs source de lumière en simultané et un flash synchronisé sur le 2

ème rideau

pour figer le dessinateur dans sa position finale

Utilisez des sources de lumière variées (ici des bâtons à étincelles) pour obtenir des effets originaux


Le résultat devrait alors ressembler à la superposition de deux photos : une photo qui aurait été prise avec un temps de pose très court (la durée d’émission de l’éclair par le flash) figeant tout ce qui est à la portée du flash ; et une photo avec un temps de pose de plusieurs secondes n’enregistrant que la lumière ambiante ET le mouvement des sources de lumière formant le dessin. Il est alors possible d’ajouter des ailes d’ange à une personne ou de donner l’impression qu’un texte est sorti d’un bâton lumineux, comme ici :

Vous l’aurez compris : la mariée a d’abord écrit le mot « Love » à l’aide de son bâton avant de prendre position avec le marié à gauche de l’image. Un flash final s’est chargé de les éclairer et de les figer dans cette position. En tout cas, c’est ce que l’on croit…

Car si la mariée avait réellement dessiné ce texte elle-même, alors elle n’aurait été dans la position qui est la sienne sur cette photo qu’uniquement à la fin de l’exposition. Tout le reste du temps, elle aurait été ailleurs, plus à droite, et les pixels situés à gauche de l’image auraient donc capté l’image du bâtiment en arrière-plan. Certes, son image aurait bien été figée par le flash en ce même lieu, mais celle-ci aurait été superposée à l’arrière-plan comme un fantôme.

En effet, il est important de comprendre que chaque pixel composant l’image réagit indépendamment de ses voisins. Si pendant un bref instant, un pixel voit une personne parce que celle-ci est fortement éclairée, mais que sous prétexte que le flash s’est éteint la personne s’en va, alors ce même pixel va aussi voir ce que la personne cachait l’instant d’avant. Si tout ceci se produit pendant l’exposition, deux images seront superposées et le portrait sera raté.

Il est donc important de demander à la personne photographiée de rester en place si l’arrière-plan n’est pas totalement noir. Elle peut bouger, mais sa silhouette doit rester immobile puisqu’elle sert de « masque ».

Ainsi, dans le cas des mariés, c’est en fait une tierce personne qui a dessiné le mot « Love » après avoir pris le bâton à la mariée et en partant vers la droite.

Lors d’un portrait de nuit au flash, si le sujet sort du cadre après l’éclair, il sera superposé à l’image de

l’arrière-plan tel un fantôme

Si en revanche le sujet reste en place. Il servira de masque pour éviter que l’arrière-plan ne se superpose à lui : un résultat plus « logique »


Les feux d’artifices

Comme pour le light-painting (et une majorité de photos de nuit), la photo de feux d’artifices se fait le plus souvent sur trépied et à vitesse lente.

A moins d’avoir le plan de tir et de connaître à l’avance le nombre de fusées s’apprêtant à exploser à chaque instant, mieux vaut ne pas présumer de la qualité de vos compositions en réglant le temps de pose à priori. Privilégiez alors le mode BULB et utilisez une télécommande afin de ne pas faire bouger l’appareil en appuyant sur le déclencheur.

Typiquement, faire des photos d’un feu d’artifices ne devrait donc pas vous empêcher de profiter du spectacle. Appareil posé à côté de vous, regardez simplement les effets pyrotechniques s’enchaîner devant vous. Lors d’un moment d’accalmie, enfoncez votre déclencheur pour débuter l’exposition, et maintenez-le ainsi enfoncé pendant une dizaine de secondes. Attention à ne pas stopper l’exposition en plein bouquet final : patientez jusqu’à ce que les bombes s’éteignent d’elles-mêmes puis relâchez votre déclencheur.

Si vous aviez correctement choisi votre sensibilité (normalement 100 ISO puisque l’usage du trépied nous dédouane totalement de tout flou de bougé et qu’il vaut mieux alors utiliser la sensibilité la plus basse possible afin d’éviter le bruit), et que vous n’avez pas ouvert votre diaphragme plus grand que nécessaire (en général f/10 voire f/16 si vous aimez les très longues expositions), vous devriez obtenir un résultat semblable à ceux-ci :

14 secondes ont été nécessaires pour superposer toutes les explosions visibles ci-dessus à gauche. Sur la photo de

droite, 7 secondes ont suffit à laisser chaque ampoule scintillant sur la Tour Eiffel « flasher » au moins une fois. On

visualise ainsi très bien le « maillage » d’ampoules « «éclair » qui l’illuminent d’une façon impossible à voir à l’œil nu.

Attention car cette méthode est plus particulièrement adaptée aux grosses explosions. Dans le cas où vous devriez photographier des effets pyrotechniques virevoltant ou laissant derrière eux de larges traînées d’étincelles balayées par le vent, mieux vaut les figer en utilisant une vitesse plus rapide, sous peine de voir apparaître un « mur de feu » à l’image.


Transformer les réverbères en

étoiles

Vous n’aurez nul besoin de recourir à la retouche pour faire apparaître de belles étoiles de lumière à 6 branches sur vos photos.

Pour transformer ainsi une source de lumière ponctuelle comme un réverbère ou un luminaire quelconque en forme géométrique, il vous suffira de disposer d’un trépied et de choisir le mode Priorité Ouverture.

Réglez ensuite votre appareil sur son ouverture minimale (typiquement f/22) : plus celle-ci sera petite et moins le halo entourant votre réverbère sera étendu. Il se transformera en revanche petit à petit en étoile à 6 branches, d’autant plus longues que votre

diaphragme sera fermé.

Si l’effet produit par ce biais ne vous suffit pas, il vous reste la possibilité d’investir dans un filtre étoilé. Celui-ci peut également être fabriqué à partir d’un simple filtre UV sur lequel vous aurez creusé des sillons parallèles à l’aide d’un cutter. En s’engouffrant dans ces sillons, la lumière provenant de sources peu étendues formera de longues branches recouvrant parfois toute la photo.

Plusieurs filtres de ce type existent afin de choisir le nombre de branches que vous souhaiter donner aux étoiles ainsi créées.

Images réalisées à l’aide d’un filtre étoilé à 6 branches (à gauche) et à 8 branches (à droite)

Ajouter des formes dans les zones hors-champ : le bokeh

L’un des effets les plus impressionnants que permet la photographie nocturne est l’ajout de formes qui n’étaient pas présentes dans l’environnement au moment de la prise de vue. Ce miracle est possible sans débourser un centime : une feuille de papier cartonné suffira. Découpez la forme de votre choix dans ce carton et placez-la devant votre objectif avant toute prise de vue nocturne.

Image réalisée sans filtre : une petite ouverture suffit


Attention, il faut que la forme découpée soit plus petite que la lentille avant de votre objectif, comme sur les montages ci-dessous :

En procédant ainsi, vous installez une sorte de diaphragme externe sur votre appareil photo. Vous savez déjà que tous les éléments de votre sujet qui sont hors champ, c’est-à-dire en dehors de la « profondeur de champ » (la zone de netteté de l’image) seront flous.

Mais en terme optiques « flou » signifie en fait que chaque « point » du sujet va en fait former une « tache » à l’image. En général, cette tache est ronde car c’est la forme de votre objectif. Mais si vous avez un diaphragme de mauvaise qualité, constitué par exemple de seulement 5 lamelles, alors en se fermant il ne formera plus un trou circulaire, mais un pentagone. Tous les points hors champ prendront alors la forme d’un pentagone à l’image.

Ceci donne une impression de flou de mauvaise qualité en journée. On le ressent alors comme « anguleux ». Il n’est pas très lisse… Il n’est pas doux…

De nuit, le résultat est encore plus édifiant (voir ci-contre). Si chaque point prend la forme du diaphragme, et à fortiori de ce diaphragme externe auquel on a justement donné des formes variées, alors ce sera aussi le cas des réverbères, de la flamme des bougies… de toutes les sources de lumières de taille réduite ! Et sur un fond sombre, cela finit par se voir !

De quoi ajouter facilement des cœurs colorés derrière un couple de mariés lors de la cérémonie à l’église par exemple. Et tout ça sans ordinateur !

Certaines boutiques proposent aujourd’hui des kits prédécoupés avec de nombreuses formes disponibles

Avec ce trou en forme d’étoile, cette photo d’un sapin de Noël dont on a

volontairement raté la mise au point est plus scintillante que jamais !

Cette jeune femme semble souffler des cœurs : en fait une guirlande lumineuse

placée hors champ derrière elle

Autre effet réalisé à partir d’une guirlande multicolore

Le bokeh est particulièrement visible lorsque l’on photographie une vitre

couverte de pluie : faites la mise au point sur les gouttes et admirer la ville « floue »

en arrière-plan former des taches


La balance des blancs de nuit

Puisque la lumière du soleil est par définition absente lors de photographies nocturnes, il faut apprendre à gérer la lumière artificielle et son importante variété de couleurs. Même si l’on ne s’en rend pas forcément compte à l’œil nu, une grosse partie des lumières de nos villes sont largement oranges. Il est donc nécessaire d’utiliser une balance des blancs assez froide afin d’enlever cette chaleur trop présente.

Ajustement sa balance des blancs

manuellement

Commencez par choisir le mode Tungstène, aussi parfois appelé « Incandescent ». Ce mode correspond généralement à une température de couleurs de 3200 K (degrés Kelvin), ce qui est très froid puisque votre appareil va normalement de 2500 K à 10.000 K.

Grâce à ce premier réglage, vous devriez déjà avoir supprimé une grosse partie du orange émis par les lumières de la ville. Il se peut alors que votre photo apparaisse jaune voire légèrement verte. Sachez que le seul moyen de supprimer cette composante verte de la lumière est de jouer par la fonction « écart de balance des blancs » de votre appareil.

Il est plus judicieux de choisir une balance des blancs adaptée aux lumières artificielles afin d’éviter que celles-ci soient

trop oranges plutôt que l’inverse. Le ciel n’en sera que plus bleu, renforçant l’impression nocturne.

Celle-ci vous permettra en effet d’avoir accès à une balance des blancs à deux dimensions, c’est-à-dire s’exprimant sur deux axes : le premier (horizontal) va du bleu au rouge – c’est la balance des blancs « classique » s’exprimant en Kelvins ; le deuxième (vertical) va du vert au magenta.


C’est justement de ce deuxième axe dont vous aurez besoin ici. Pour enlever du vert, allez simplement vers le magenta, sa couleur complémentaire.

Le réglage étant très précis, n’hésitez pas à descendre votre curseur jusqu’à M6 au moins. Cela rajoutera donc 6 fois plus de magenta qu’il n’y en avait au départ. A moins que vous considériez que cela enlève 6 fois plus de vert, ce qui revient au même. Ajustez enfin la position horizontale de votre curseur s’il reste encore trop de jaune-orangé en allant vers le bleu (à gauche) et vous devriez obtenir quelque chose de réussi.

Vous pouvez également réaliser votre photo en mode RAW, c’est-à-dire sans compression. La balance des blancs ne sera alors pas enregistrée dans le fichier et vous aurez tout le loisir de la modifier autant que nécessaire une fois devant votre logiciel de développement numérique favori.

Mesurer la balance des blancs à l’aide d’un papier blanc

Nous avions vu lors du cours « Lumière et Couleurs » qu’il était également possible de s’économiser les nombreux essais nécessaires à un ajustement manuel de la balance des blancs en la mesurant directement à l’aide d’un papier blanc ou d’une charte de gris.

En effet, prendre une photo d’une feuille blanche sur le terrain permet de constater de quelle couleur ressort celle-ci sur vos photos. Si elle est orangée, c’est que la lumière ambiante est justement orangée. L’appareil enlèvera alors cette couleur des photos suivantes pour récupérer les vrais tons de votre sujet.

Le problème de cette méthode est qu’il faut absolument baigner votre feuille blanche sous la même lumière que celle qui éclaire votre sujet. Si celui-ci est un monument, alors il se peut qu’il soit éclairé par des projecteurs directifs qui n’illumineront pas l’endroit où vous vous tenez à cet instant. Il vous sera alors très difficile de mesurer la balance des blancs.

Usage du flash pour

vos portraits nocturnes

Méthode

On l’a vu : un manque de lumière entraîne souvent une augmentation du temps de pose lorsque l’on veut éviter de trop monter ses ISO. Le portrait de nuit est donc une discipline à part entière puisque, même avec un trépied, c’est cette fois votre sujet qui bouge de façon aussi incontrôlée que permanente. Cette fois encore, les temps de pose supérieures à 1/20ème de seconde sont proscrits.

Il est bien possible d’augmenter la vitesse d’obturation lorsque l’on fait usage d’un flash. Certes, le personnage sera bien éclairé (et encore, mieux vaut utiliser des réflecteurs ou des flashes déportés pour éviter que la lumière vienne de face) mais l’arrière-plan sera alors largement sous-exposé.

On touche là la clé de l’utilisation du flash de nuit : celui-ci ne sert qu’à éclairer les sujets qui sont à


sa portée. Or, celle-ci ne dépasse que rarement la dizaine de mètres. L’arrière-plan ne sera donc éclairé que par la lumière ambiante.

1. Commencez donc par régler votre appareil en mode Manuel (M), sans pour l’instant tenir compte du flash ou de votre personnage à photographie.

2. Réglez donc l’ouverture à son maximum (chiffre f/ le plus petit possible) afin d’obtenir une profondeur de champ des plus courtes : c’est tout de même un portrait !

3. Choisissez ensuite une vitesse d’obturation adaptée aux conditions. Faites en sorte pour cela de ramener le curseur du posemètre sur 0 IL

4. Vous pouvez, si vous le souhaitez, faire une photo pour vérifier que l’arrière-plan est correctement exposé

5. Maintenant que la lumière ambiante est gérée, faites intervenir votre personnage et prenez une première photo : si celle-ci est mal exposée, c’est sans doute que la puissance du flash est mal réglée. Corrigez-la si vous êtes en mode TTL à l’aide de la correction d’exposition au flash. Si vous êtes en manuel, approchez-vous ou éloignez-vous du sujet selon que vous souhaitiez respectivement mieux ou moins éclairer ce dernier, à puissance d’éclair égale.

6. Si l’arrière-plan n’est pas bien exposé, jouez sur l’ouverture et la vitesse comme pour une photo normale sans flash

7. Une fois que l’exposition est réussie à la fois sur le personnage et sur l’arrière-plan, vérifiez votre balance des blancs : elle doit être réglée pour que la lumière ambiante ait une jolie couleur car c’est celle que vous ne pouvez pas modifier. Pour changer ensuite la balance des blancs du personnage, et donc son rendu couleurs, utilisez des diffuseurs colorés.

Diffuseurs de couleur

Le flash sert certes à équilibrer la quantité de lumière présente sur l’arrière-plan et sur le personnage (ou tout autre sujet à sa portée), mais il est également très utile pour équilibrer cette lumière en qualité !

Par défaut, la majorité des flashes d’aujourd’hui produisent une lumière relativement froide. Ainsi, si votre balance des blancs elle-même est froide afin de ne pas avoir un arrière-plan complètement orange, tout ce qui sera éclairé par le flash apparaîtra complètement bleu.

Afin d’éviter de transformer vos amis en schtroumpfs, il est alors très utile de disposer d’un diffuseur orange (on peut aussi utiliser une gélatine). Votre personnage sera alors éclairé par un flash orange, ce qui tombe bien puisque justement votre balance des blancs enlève le orange de la photo ! L’ensemble devrait alors être remarquablement cohérent question couleurs

Quelques exemples de diffuseurs adaptés sur un flash cobra


© PhotoProf.fr – 2012

Livret gratuit distribué dans le cadre du stage « Paris de Nuit »

Interdit à la revente.

Support de cours rédigé par Alexandre Rosa – Tous droits réservés.

Toute reproduction d'un extrait quelconque de ce livret par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie, est interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Crédits illustrations : Photos : Alexandre Rosa, Stéphane Hacquin

Documents

Fascicule - Paris de Nuit · 2012. 7. 12. · PhotoProf.fr – Les Artistiques : Paris de Nuit 5 donnant des ciels noirs bien lisses et homogènes. D’une façon générale, et même