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Institut canadien de recherches sur les femmes Éthique en matière de recherche féministe: un processus

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Éthique en matière de recherche féministe: un processus Institut canadien de recherches sur les femmes © ICREF Par Martha Muzychka, Carmen Poulin, Barbara Cottrell, Baukje Miedema et Barbara Roberts Une publication de l'Institut canadien de recherches sur les femmes ISBN 0-919653-31-6 Le contenu de ce document n'engage que la responsabilité des auteures. Réimpression : 2003, 2004 1996

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Institut canadien de recherches sur les femmes

Éthique en matière de recherche féministe:

un processus

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L'ICREF remercie le Programme de promotion de la femme, Conditionféminine Canada pour sa contribution financière dans la réalisation decette publication

Le contenu de ce document n'engage que la responsabilité des auteures.

Une publication de l'Institut canadien de recherches sur les femmes

Par Martha Muzychka, Carmen Poulin, Barbara Cottrell, Baukje Miedema et Barbara Roberts

Remerciements à Céline Bessette, Linda Clippingdale; aide à la traduction: Pierre Petit,Yvonne Poulin, David Millar, Marthe Lépine, Toyi Soglo; Sandra Kirby et les participantes del'atelier d'éthique en recherches féministes, 17ième Colloque de l ICREF à St. John's, T.-N.novembre 1993.

© ICREF 1996

Réimpression : 2003, 2004

par l'Institut canadien de recherches sur les femmes (ICREF)151, rue Slater, bureau 408Ottawa (Ontario)K1P 5H3Tél. : (613) 563-0681Téléc. : (613) 563-0682Courriel : [email protected] Web : www.criaw-icref.ca

ISBN 0-919653-31-6

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1La recherche féministe et ses objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1La recherche en équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1Un outil de travail: son histoire, sa philosophie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

Comment utiliser cet outil? À quoi les chercheuses peuvent-elles s'attendre? . . . . . . 4L'outil de l'ICREF sur l'éthique : un dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

QUESTIONS ET VIGNETTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7I. Le processus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1.1 Travailler en collaboration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71.2 Consultation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71.3 Arriver à nous entendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81.4 Résolution de conflit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81.5 Les besoins personnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

II. Structure(s) organisationnelle(s) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102.1 Le financement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102.2. La gestion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102.3 Le partage du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112.4 Responsabilité (reddition de compte) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122.5 Production de rapports . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

III. Les chercheuses et les participantes : sujets, objets et sources . . . . . . . . . . . . . . 143.1 Le choix d'un projet de recherche. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143.2 Les privilèges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143.3 La participation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153.4 Impact auprès des femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163.5 Risques de préjudice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173.6 Le consentement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

IV. Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194.1 Comment nous voyons la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194.2 Le choix des questions de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204.3 Les limites de la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

V. La gestion, l'analyse et l'interprétation de l'information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225.1 Notre influence sur l'informatio 225.2 Utilisation future de l �information/des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225.3 Qui sera reconnu pour avoir fait la recherche? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235.4 L'évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

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GLOSSAIRE: MOTS, EXPRESSIONS ET CONCEPTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

RÉFÉRENCES/ LECTURES SUPPLÉMENTAIRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

FORMULAIRE D'ÉVALUATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

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1 Les définitions des mots en caractère gras se trouvent dans notre glossaire.

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INTRODUCTION

La recherche féministe et ses objectifs La recherche féministe vise à fournir des connaissances afin de promouvoir l'égalité dans lasociété (Thompson, 1992), ou encore, elle vise à agir comme porte-parole1 au nom de cellesqui n'ont pas le pouvoir de se faire entendre. La question du pouvoir influence chaque étapede la recherche � dès le début lors du développement d'une idée, à la collecte des données, àl'interprétation des résultats et l'analyse de l'information amassé, jusqu'à la diffusion desrésultats. La question du pouvoir et du contrôle doit être abordée par les chercheuses dansle cadre de tout projet de recherche. En effet, les bonnes intentions ne suffisent pas quandvient le moment de s'assurer qu'il n'y a pas d'abus de pouvoir. Les relations dans le contextede la recherche reflètent souvent le type de relations présentes dans la société et la questiondu pouvoir et du contrôle change d'un contexte à l'autre. Par exemple, la grande majoritédes recherches sont menées par des chercheuses détenant un plus haut statut social que lespersonnes auprès desquelles elles mènent leurs recherches. Toutefois, ce n'est pas toujoursou inévitablement le cas. Par conséquent, chaque situation doit être examinée de façonsystématique et responsable.

La recherche en équipe

Aujourd'hui, les recherches féministes sont de plus en plus souvent entreprises par deséquipes de chercheuses, plutôt que par un ou deux individus. Malgré l'expérience de longuedate des féministes qui ont travaillé collectivement sur des projets de recherche au sein dumouvement des femmes, le pouvoir entre chercheuses n'est pas toujours égal. Les équipesde recherche, particulièrement dans le milieu universitaire, oeuvrent parfois dans le cadred'une structure rigide et hiérarchique. Cette structure, ainsi que l'impact qu'elle peut avoirauprès de ses chercheuses, est souvent prise pour acquis et non reconnue (Smith, 1987).

De ces jours-ci, nous pouvons aussi constater que dans le milieu de la recherche, lespartenariats ont tendance à se matérialiser à travers la formation d'équipes de recherche. Le«partenariat» est un terme utilisé pour décrire une relation particulière entre deux (ou plus)parties. Lorsqu'on est partenaire, ça peut vouloir dire qu'on partage, de façon égale, laresponsabilité de faire un travail quelconque; toutefois, il se peut aussi que le partenariats'appuie sur différents niveaux de responsabilité. Les partenariats peuvent exister entredifférentes disciplines (par exemple, entre psychologie et histoire, sociologie et médecine,etc.). Ils existent aussi entre institutions, comme entre deux universités, ou entre uneuniversité et une agence gouvernementale. Dans les cinq dernières années, nous avonsobservé que, pour certains de leurs programmes, un nombre d'organismes quisubventionnent la recherche (par exemple, le conseil Canadien de recherche en scienceshumaines) exigent la mise en place de partenariats entre universités et agencescommunautaires, y compris les groupes offrant des services à une population cible, ourevendiquant certaines causes. Encore une fois, les membres de ces équipes ou

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partenariats de recherche doivent faire la constatation des inégalités de pouvoir qui peuventexister dans ces relations. Lorsque les chercheuses ne le font pas et ne discutent pas de cesinégalités avant d'entreprendre une recherche, souvent, des conflits en découlent. Selon desprincipes féministes, un processus responsable par rapport à l'éthique suggère que lespartenaires de recherche doivent examiner les questions d'inégalité de pouvoir «avant» quela recherche puisse commencer. Nous devons non seulement faire la constatation des inégalités au niveau du pouvoir, maisaussi décider comment nous allons aborder cette situation. Ceci pose certain problèmes:Comment, en tant que féministes et chercheuses, allons-nous réconcilier nos idéologies(principes) avec nos réalités multiples? Comment allons-nous éviter les abus de pouvoir?Quelles seront les relations entre chercheuses et «sujets» de recherche? À qui appartiennentles données? Que signifie pour nous le partenariat? Qui a le contrôle? Comment allons-nousreconnaître les véritables différences au chapitre des connaissances ou de l'expérience danscertain domaines?

Un outil de travail : son histoire, sa philosophie

À mesure que la recherche en partenariat se développe, soit entre disciplines ou entredifférentes communautés, certaines questions éthiques se présentent en regard de la façon de travailler ensemble. Nous avons besoin d'une nouvelle réflexion par rapport à cesquestions, surtout quand la division entre chercheuses et «sujets de recherche» devientfloue.

De nombreuses chercheuses universitaires ont accès à des codes ou guides déontologiquesen ce a trait aux comportements dans le contexte de la recherche. Ces codes sontfonctionnels pour les institutions car ils reflètent une perspective universitaire, ou celle d'unediscipline. Par exemple, les chercheuses dans le domaine de la médecine doivent suivre desrègles particulières par rapport au traitement de «sujets de recherche humains» (cobaye)pour tester les nouveaux médicaments. D'autres disciplines comme la sociologie, l'histoire,la psychologie, ou les sciences politiques, peuvent être concernées par des préoccupationsdéontologiques différentes pour assurer un comportement éthique.

Plusieurs groupes communautaires possèdent aussi leurs propres codes de déontologie pourmener leurs recherches. Typiquement, ces codes visent à assurer un traitement juste desparticipant(e)s. En ce qui à trait à la façon éthique et respectueuse de mener leursrecherches, plusieurs chercheuses dans les milieux communautaires sont uniquementresponsable envers elles-mêmes ou envers l'agence qui les subventionne. Dans ce sens, ceschercheuses sont différentes des chercheuses universitaires étant donné que ces dernièresdoivent présenter leurs projets de recherche devant un comité d'éthique avant de pouvoircommencer leur recherche. A cet égard, la chercheuse dans le milieu communautaire diffèrede celle du milieu universitaire.

Fréquemment, l'utilisation et l'adhésion aux codes de déontologie, particulièrement pour larecherche dans le milieu universitaire, met l'emphase sur l'aspect de la protection légale dela chercheuse. Cependant, cette perspective est limitée. De plus, elle ne reflète pas leschangements récents dans le milieu de la recherche, surtout par rapport à la rechercheféministe. Les codes de déontologie, qu'ils soit formels ou informels, nous aident à

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2 Kirby, Sandra, Université de Winnipeg; Muzychka, Martha, Conseil consultatif provincial sur le statut de lafemme et Poulin, Carmen, Université du Nouveau-Brunswick. Atelier sur l �éthique de la recherche - Agrandir lecercle de la guérison: 17e conférence annuelle de l �ICREF, St. John �s, T.-N., novembre 1993.

3 Le comité sur l'éthique en matière de recherche à l �ICREF se compose de Martha Muzychka, présidente, BarbaraCottrell, Baukje Miedema, Carmen Poulin et Barbara Roberts. Linda Clippingdale a agi comme représentanted �office du personnel.

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reconnaître nos obligations envers nous-mêmes, entre nous et envers notre communauté. Ils peuvent nous aider à résoudre certains dilemmes en nous offrant un processus pourdévelopper nos propres solutions. Ils peuvent aussi nous aider à identifier nos valeurs etdéterminer explicitement ce que l'on prend pour acquis par rapport aux pratiques en matièred'éthique de recherche, et pour assurer des relations saines entre participantes dans lastratégie de travail.

En 1993, au congrès annuel de l'Institut Canadien de Recherche sur les Femmes (ICREF),trois chercheuses2 ont animé un atelier sur l'éthique en recherche. La discussion qui a pritplace fut passionnante et présenta un défi. En raison des demandes et des rôles de«chercheuse» et «sujet de recherche» qui changent, les participantes n'ont pas jugé utiled'élaborer un nouveau code de déontologie. Plutôt, nous nous sommes demandées: Quedevons-nous savoir? Comment s'assurer que nous menons notre recherche de façonéthiquement correcte, avec respect et sans risque?

Les participantes ont jugé qu'une série de questions, examinant différents aspects de lapratique en matière de recherche, serait utile. Les chercheuses pourraient analyser cesquestions qui, potentiellement, refléteraient des problèmes pouvant apparaître dans leurscontextes de recherche. Cette analyse ou réflexion pourrait se faire par le biais d'unprocessus de questions-réponses afin d'arriver à des stratégies et solutions de travail.

L'ICREF a dû aussi faire face à des questions d'éthique dans le contexte de sa proprerecherche et de ses publications. Comme nous l'avons mentionné auparavant, les individusaffiliés à une université ont accès à un code de déontologie et à une évaluation de leursprojets de recherche par un comité d'éthique. Toutefois, dans le nouveau contexte derecherche en collaboration, il y a nombreuses questions qui se présentent et qui ne sont pastraitées par ces comités institutionnels. De façon plus importante, et par ses activités derecherche, l'ICREF devait avoir son propre processus et/ou système d'évaluation en matièred'éthique, car nous ne pouvons pas et ne voulons pas devoir être évalués par le comité d'uneautre institution.

Par conséquent, en novembre 1994, l'ICREF a créé un comité sur l'éthique en matière derecherche3 ayant le mandat suivant:

" documenter les décisions concernant la politique sur la recherche;

" développer la politique de l'ICREF concernant l'éthique de la rechercheféministe, la propriété intellectuelle et les pratiques de collaboration enrecherche;

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" élaborer une politique sur les partenariats de recherche avec des organisationsou des particuliers;

" produire un outil traitant de l'éthique en matière de recherche.

Le présent document est le fruit de deux ans de travail. L'ICREF a développé cet outil derecherche pour les chercheuses des milieux universitaires et communautaires. Les lignesdirectrices en matière d'éthique visent à fournir un cadre permettant de mener la recherchede façon éthique et avec respect. Plus particulièrement, lorsque nous parlons de rechercheféministe, gérer des questions d'éthique se traduit en recherche par la prise en compte despréoccupations des femmes, concerné par le sexe, la classe sociale, l'orientation sexuelle,l'âge, le revenu, la race, la langue, la culture et les habiletés.

Nous croyons qu'il est important pour les chercheuses de prendre conscience des chosesqu'elles assument, de ce qu'elles prennent pour acquis et de leurs attentes. Ensuite, il fautdéterminer le sens concret de cette concientisation afin d'assumer nos responsabilités etréaliser la recherche de manière éthiquement correcte. Les chercheuses présument souventque leurs collègues partagent leur point de vue. Pourtant, il n'existe pas de règles ou delignes directrices universelles. D'après notre expérience, nous devrions identifier et discuterdu plus grand nombre d'attentes et de «prises pour acquis» que possible, y compris lesdéfinitions de la terminologie qu'on utilise, les considérations en matière d'éthique, lesobjectifs, résultats planifiés et la stratégie de travail pour y arriver.

Cependant, il ne fait pas partie de nos intentions de fournir ou de créer un ensemble derègles sacrées concernant la recherche féministe. Nous voulons plutôt faciliter le processuset la réflexion qui, selon nous, doit exister afin que la recherche féministe se fasse de façonéthique et responsable. En outre, nous avons inclus une bibliographie de travaux utiles etintéressants sur la théorie et la pratique féministe, et sur l'éthique. Nous espérons qu'elleservira à titre d'introduction à certains des excellents travaux disponibles à l'heure actuelle.

Comment utiliser cet outil? À quoi les chercheuses peuvent-elless'attendre?

Dans les pages qui suivent, vous trouverez une liste de questions classifiées par thèmes. Lorsqu'un groupe entreprend un projet de recherche, il pourrait être important pour sesmembres de répondre à un certain nombre de questions énumérées dans les différentsthèmes. Nous avons aussi inclus des scénarios qui illustrent, sous ces différents thèmes, legenre de problématiques avec lesquelles nous, ou d'autres chercheuses, avons dû composerdans le passé. Nous espérons que ces scénarios stimuleront des discussions et vousaideront à concentrer vos efforts dans le développement d'un bon processus de travail enmatière d'éthique. Par exemple à la veille d'un nouveau projet, il serait intéressant pour uneéquipe de recherche d'organiser un atelier (fin de semaine) autour des questions et scénariosqui suivent.

Malgré notre discours sur le travail d'équipe et de partenariat de recherche à travers cedocument, il arrive qu'une chercheuse travaille seule, ou avec un comité consultatif. Cedocument découle d'un travail d'équipe et par conséquent, les questions ont été élaborées en

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ayant ce mode de collaboration à l'esprit. Cela ne veut pas dire que cet outil ne peut êtreutilisé que par les équipes de recherche. Les chercheuses individuelles peuvent, elles aussi,élargir leurs connaissances sur l'éthique en matière de recherche en répondant auxquestions qui se trouvent dans ce document.

Maintenant, nous aimerions mentionner trois principes auxquels nous adhérons et quiinfluencent notre approche à propos de l'utilisation de cet outil:

" la réflexion nécessaire pour répondre à plusieurs des questions qui suivent doitse faire aussitôt que possible dans le processus de recherche;

" les décisions et les conditions peuvent changer au cours d'une recherche. Cetteréalité peut signifier que les décisions prises initialement ne conviendront pasnécessairement à toutes les étapes d'un projet de recherche. Par conséquent,

" dans un processus dit responsable en matière d'éthique, il se peut qu'il soitnécessaire de revoir ces questions au fur et à mesure que la recherche avance.

Une des conséquences qu'un tel processus impose, c'est la réorganisation du travail derecherche. Plus particulièrement, il faudra prendre en considération le moment choisi pourcertaines discussions reliées à telles ou telles questions. En d'autres mots, il faut investir dutemps afin de s'assurer que les questions abordées dans ce document seront traitées. Il estdonc important de se rendre à l'évidence; examiner les questions abordées dans le présentdocument c'est un investissement de temps. Ceci peut causer des délais avant qu'un projetde recherche commence. Les questions de crédit d'auteur, propriété des données,représentation, et ce que Sandra Harding (1991) appelle «les façons de créer desconnaissances» ou «les façons de savoir» causent souvent des conflits et mènent souvent,elles-aussi, à des délais. Par contre, la réflexion sur l'éthique et ses pratiques peuvent menerà une communication plus claire et honnête, et à une recherche plus correcte et saine auniveau de l'éthique. Nous jugeons qu'en bout de ligne, s'engager dans un processus tel celuique nous vous présentons dans ce document peut améliorer, plutôt que de retarder, larecherche.

Il est évident que de fournir des réponses à toutes les questions soulevées dans le présentdocument peut-être inapplicable ou impossible. Nous prenons pour acquis que de menerune recherche correcte à l'égard des questions d'éthique représente l'objectif de touteschercheuses. Nous espérons que l'examen et les discussions engendrées par ces questionsentraîneront une prise de conscience accrue à l'égard des considérations éthiques. Un grandnombre de travaux ont été réalisés sur l'éthique de la recherche par des auteures féministes. Ces travaux semblent démontrer que les préoccupations sur l'éthique sont au coeur duprogramme de recherche féministe. Le présent document vise à promouvoir une prise deconcientisation et de responsabilité dans la création de connaissances qui ont le potentiel detransformer et de favoriser le juste partage du pouvoir.

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L'outil de l'ICREF sur l'éthique : Un dialogue En terminant, étant nous-mêmes chercheuses, à partir de nos propres expériences, nous

avons contribuées à la création de cet outil; mais il est évident que nos expériences sontlimitées. Nous espérons que d'autres éditions de ce document seront produites et améliorésdans le cadre d'un dialogue qui pourrait commencer si vous décidez de nous écrire. Nousavons inclus un formulaire que, nous l'espérons, vous prendrez le temps de remplir, et denous faire parvenir à l'adresse qui suit. S'il-vous-plaît, faites nous part de ce que vous aveztrouvé utile et de ce qui vous a déplu par rapport à cet outil. Vos commentaires nousaideront à améliorer et à développer les prochaines éditions.

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QUESTIONS ET VIGNETTES

I. Le processus

1.1 Travailler en collaboration

L'équipe de recherche avait travaillé fort pendant presque un an afin de développer unestratégie de travail. Cela avait représenté un processus difficile. Certains membresavaient été irrités par le temps que cela avait pris et qui aurait pu être plutôt investidans la recherche. Malgré tout, tous étaient fiers d'être arrivés à un accord. L'approchedéveloppée fonctionnait bien jusqu'au milieu du projet quand un des membres a dûquitter l'équipe. Cependant, la personne qui la remplaça s'objecte maintenant quant à la façon dont les choses se passent. Certains membres pensent qu'elles devraient prendrele temps d'entendre ses objections et de réévaluer la stratégie de travail du groupe. D'autres croient qu'elles devraient simplement lui demander de quitter.

1. Comment avons-nous l'intention de travailler ensemble?

2. Comment allons-nous partager l'information?

3. Comment prendrons-nous les décisions?

4. Que voulons-nous dire quand nous parlons de travailler en collaboration?

5. Pouvons-nous travailler ensemble de façon égalitaire?

6. Chacun des membres de notre équipe de chercheuses est- elle satisfaite de la façondont nous envisageons travailler ensemble?

7. Que ferons-nous pour être certaines de continuer à travailler de cette façon pendanttoute la durée du projet?

8. Si l'une d'entre nous quitte le projet, allons-nous redéfinir notre façon de travaillerensemble?

9. Si de nouveaux membres viennent se joindre au projet, allons-nous redéfinir notrefaçon de travailler ensemble?

1.2 Consultation

10. Que voulons-nous dire par «consultation»?

11. Qui allons-nous consulter en dehors de l'équipe de chercheuses?

12. Avons-nous clairement établi de quelle façon nous allons consulter des personnes quine font partie de notre équipe de chercheuses?

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13. Si des membres de l'équipe de chercheuses quittent le projet, allons-nous redéfinir leprocessus de consultation que nous avons décidé d'adopter?

14. Si de nouveaux membres viennent se joignent au projet, allons-nous redéfinir leprocessus de consultation?

1.3 Arriver à nous entendre

15. Qu'allons-nous faire si nous avons des intérêts opposés et si des pressions se fontsentir entre nous?

16. Comment allons-nous nous entendre au sujet de nos convictions fondamentales?

17. Avons-nous établi avec soin des lignes directrices et des ententes entre nous (lesmembres de l'équipe et chercheuses) afin d'assurer des communications continues?

1.4 Résolution de conflit

Un groupe de femmes est impliqué dans un centre de ressources pour femmesimmigrantes. Elles ont obtenu une petite somme d'argent pour mener une étude au sujetde la violence envers les femmes dans le milieu familial. Un des principaux sujets qu'ellesveulent explorer, traite du rôle des mariages arrangés par rapport à la violence faite auxfemmes. Afin de mettre sur pied leur étude, elles discutent du projet avec plusieursgroupes de femmes qui utilisent le centre de ressources. Certains membres descommunautés de l'Asie du Sud craignent que leurs cultures soient stéréotypées. Cependant, d'autres femmes d'origine Sud-Asiatiques mais Canadiennes de deuxièmegénération, ont un grand besoin d'explorer cette question. Certains membres du groupede recherche veulent éliminer cette question et mettre l'emphase sur d'autresdimensions, tandis que d'autres insistent pour que la recherche continue selon le planinitial. Le conflit devient tellement intense qu'elles ont de la difficulté à en discuter. Comment peuvent-elles résoudre ce conflit?

18. Comment allons-nous être sensibles aux désaccords possibles?

19. Comment allons-nous régler les conflits ou les malentendus s'il s'en produit? Quelsprocessus désirons-nous établir pour nous en occuper?

20. Que ferons-nous si la participation de l'un des membres de l'équipe de recherche nuitau travail de l'équipe?

21. Quel processus allons-nous mettre au point pour nous occuper des désaccords quiconduirait l'équipe à souhaiter qu'un membre soit exclue du reste des activités del'équipe?

22. Quel processus allons-nous mettre au point pour nous occuper des désaccords quipourraient donner à un membre l'impression d'être empêché de parler ou d'être exclu?

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23. Comment allons-nous nous régler les désaccords et les conflits au sujet de nosconvictions et de nos pratiques fondamentales?

1.5 Les besoins personnels

À la fin d'un projet de recherche, pour s'amuser, un groupe de femmes fait un vidéo afind �enregistrer leurs réflexions par rapport à la recherche qu'elles avaient complétée. Lelendemain, une d'entre elles part en vacance. Par la suite le groupe est invité à présenterleur vidéo dans le cadre d'un congrès. Elles sont toutes excitées à l'idée de présenterleur travail à un auditoire. Malheureusement, elles n'ont jamais discuté ensemble de cequ'elles voudraient et ne voudraient pas faire avec ce vidéo; le présenter en public n'ajamais été discuté. Personne ne sait comment rejoindre le membre absent; mais elles sedisent avec une certaine assurance que leur collègue ne s �opposerait pas à unvisionnement public. Devraient-elles le présenter au congrès?

24. Est-ce que, pendant tout le processus de recherche, nous serons capables de répondrede façon directe à nos besoins personnels ou individuels, à titre de chercheuses et departicipantes? Comment le ferons-nous?

25. Avons-nous tenu compte de ces besoins au moment de la conception du projet?

26. Que ferons-nous pour que nos relations soient imprégnées d'honnêteté, de respect,d'intégrité et de confiance pendant toute la durée du processus de recherche?

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II. Structure(s) organisationnelle(s)

2.1 Le financement

Du financement pour la recherche sur le contrôle de l'agressivité chez l'homme abuseurest disponible. Votre groupe veut mener une recherche visant à identifier comment ceshommes pourraient devenir responsables envers les femmes qu'ils ont abusées, et àl'égard des féministes qui oeuvrent auprès de ces femmes. Vous savez que vous pouvezrédiger une demande de subvention qui pourrait respecter les directives de la source definancement. Toutefois, certains membres du groupe craignent qu'il ne soit pas possiblede maintenir la perspective du groupe, étant donné la divergence entre votre cadreconceptuel et celui de l'agence subventionnaire. Une suggestion est à l �effet que votregroupe obtienne la subvention, mène la recherche et rédige deux rapports: un pourl'agence subventionnaire et l'autre pour votre audience cible. Comment allez-vousdéterminer si ça en vaut la peine?

27. Comment le financement va-t-il limiter notre projet, l'influencer?

28. D'où viendra notre financement?

29. Sommes-nous en concurrence avec d'autres groupes pour puiser à des sources definancement limitées?

30. Notre mode d'organisation, notre aff iliation, nous imposent-elles des limites?

31. Ces limites peuvent-elles influencer nos activités de recherche?

32. Ces limites peuvent-elles influencer nos relations?

2.2. La gestion

Un groupe communautaire désire faire une recherche portant sur l'abus des femmes parleurs enfants adolescents. Elles savent qu'il y a des sources de financement pour leschercheuses universitaires, mais elles n'arrivent pas à identifier une professeure ayantassez de temps à sa disposition pour travailler avec elles. Finalement, une professeureaccepte de bon coeur de signer la subvention de recherche comme «chercheuseprincipale» à condition que le groupe fasse le travail au complet. La professeure nepartage pas l'analyse féministe du groupe, mais comme elle ne travaille pas sur le projet,l'équipe ne croit pas que cela présente un problème. Au moment ou la recherche estcomplétée, la professeure juge qu'étant donné que le projet lui appartient officiellement,elle se doit de rédiger un article de type académique décrivant les données obtenues. L'équipe de chercheuses craint n'avoir aucun contrôle sur ce qui sera rédigé au sujet deleur recherche.

33. Comment allons-nous administrer notre recherche?

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34. L'organisme de financement exige-t-il qu'on accorde à une chercheuse le titre de«directrice de la recherche/ chercheuse principale», et cette personne doit-elle êtreune universitaire?

35. Si c'est le cas, qui sera notre directrice de la recherche/ chercheuse principale?

36. Comment cela affectera-t-il notre façon de nous partager le travail?

37. Comment le fait de nommer une directrice de la recherche/ chercheuse principaleaffectera-t-il les attentes de l'équipe de chercheuses vis-à-vis de cette personne?

38. Comment déciderons-nous à qui sera attribuée la direction de la recherche/chercheuseprincipale?

39. Comment cette nécessité de nommer une directrice de la recherche/chercheuseprincipale affectera-t-elle la responsabilité légale en ce qui concerne l'argent?

40. Comment allons-nous décider qui signera les contrats, les chèques et les autresdocuments?

41. Qui exercera le contrôle réel des comptes, des ressources financières et de la façondont nous allons dépenser l'argent?

42. Le cas échéant, comment allons-nous établir une hiérarchie officielle pour satisfaire lesbailleurs de fond, et qui seront les différentes personnes responsables de la réalisationde certaines parties du projet, ou de la surveillance de son orientation générale?

43. Quels sont les risques pour la ou les membre(s) de l'équipe jouant le rôle de directricede la recherche/chercheuse principale?

44. Si le travail n'est pas terminé, quelles seront les conséquences pour la/les directrice(s)de la recherche/ chercheuse(s) principale(s) et pour celles qui auront joué réellementdes rôles de responsables, de coordonnatrices ou de facilitatrices?

2.3 Le partage du travail

Au milieu du projet, un membre de l'équipe commence à se sentir de plus en plus irritée à propos du volume de travail qu'on s'attend d'elle. Elle a la chance de pouvoir faire de larecherche sur ses heures de travail tandis que les autres membres de l'équipe doivent lefaire en dehors des heures de travail rémunérées. Malgré l'entente prise au début duprojet de partager à part égale le travail, les autres membres de l'équipe semblents'attendre à ce qu'elle fasse la grosse partie du travail. Un autre membre de l'équipe, unemère monoparentale de deux enfants, vient d'annoncer qu'elle ne peut faire aucun travailen dehors des réunions du comité consultatif. Un autre membre est maintenant sansemploi, mais elle n'est pas prête à faire plus de travail que ce qui avait été entendu audébut du projet. L'opinion générale est que si quelqu'un se fait payer pour faire de larecherche, elle devrait faire plus que quelqu'un qui le fait gratuitement.

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45. Comment allons-nous partager le travail de façon raisonnable, en tenant compte destalents particuliers de chacune?

46. Notre façon de distribuer le travail a-t-elle une influence sur la quantité de pouvoir quepeut exercer chaque membre du groupe?

47. Comment aborderons-nous de façon responsable le partage du travail?

48. Quel genre d'engagement attendons-nous des membres de l'équipe qui ne sont paspayées par le projet ou par leur employeur pour effectuer cette recherche?

49. Quel genre d'engagement attendons-nous des membres de l'équipe qui deviennent desemployées de l'équipe (c'est-à-dire les assistantes de recherche)?

50. Quelle quantité de travail attendons-nous des participantes à la recherche?

2.4 Responsabilité (reddition de compte)

Étant donné votre poste de chercheuse, on vous demande de mener une rechercheauprès d'un groupe spécifique (autochtones, lesbiennes, femmes âgées, etc.) sur leurexpérience afin que votre employeur, organisme ayant pour but de défendre l �égalitéet/ou l'équité, puisse faire des pressions auprès du gouvernement afin d'apporter deschangements dans ses politiques. Vous ne faites pas partie du groupe que vousreprésentez, cependant il n'y a pas d'agent pour engager une chercheuse qui s'identifiepersonnellement à ce groupe. C'est vous-même ou personne d �autre. Commentreprésenter l'expérience de ces femmes et s'assurer que la recherche n'est pascompromise par le fait que vous ne partagez pas leur réalité sociale, n'avez pas la mêmeperspective, ni la même expérience de vie?

51. En tant que chercheuse, à qui devons-nous rendre des comptes?

52. Quelles sont nos obligations à titre de chercheuses?

53. Quelle information devrions-nous protéger pendant que nous effectuons nosrecherches?

54. Quels sont nos buts pour cette recherche?

55. Avons-nous établi auprès de quelles communautés nous sommes responsables?

56. Que voulons-nous dire par «communauté»?

57. Comment les représentantes des communautés vont-elles faire rapport de la rechercheà leurs communautés?

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2.5 Production de rapports

a) Un groupe de femmes de milieu rural se rencontre pour examiner et identifier leursbesoins par rapport à leur santé. Elles ont travaillé fort et à la fin du projet, personne n'ade temps et l'énergie pour rédiger un rapport final destiné aux bailleurs de fonds. Lesfemmes savent très bien que le rapport sera mis sur une tablette avant même d'être lu.Elles décident que plutôt que de préparer ce rapport, elles vont investir le peu de tempset d'énergie à leur disposition pour se pencher sur les besoins de santé identifiés dansleur étude. Ont-elles le droit de prendre cette décision?

b) Depuis que notre équipe a fait la collecte de données au sujet de l �abus des femmespar leurs enfants adolescents, nous avons reçu un nombre d �appels nous demandant defaire des présentations sur ce sujet. Certains organismes, tel les hôpitaux, peuvent offrirun cachet substantiel, et d �autres (habituellement des groupes de femmes et de parents)n �ont aucun fond. Comme nous n �avons pas d �emploi dans le moment et que nous nepouvons pas continuer à travailler sans être rémunérées, comment prendrons-nous ladécision pour déterminer à qui allons-nous faire des présentations? Allons-nousseulement faire des présentations auprès de ceux et celles qui peuvent payer?

58. Quand devrions-nous faire rapport de l'avancement de nos recherches?

59. À qui devrions-nous faire rapport, nous les chercheuses?

60. De quelle façon ferons-nous rapport?

61. Que devront contenir nos rapports?

62. Qui est responsable de la présentation de rapports?

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III. Les chercheuses et les participantes : sujets, objetset sources

3.1 Le choix d'un projet de recherche

Dans notre projet de recherche, nous avons tenté d �obtenir la participation de femmesayant eu recours à des sages-femmes pour les assister lors de l �accouchement de leur(s)enfant(s). Nous avons fait notre recrutement via des affiches sur les babillards en ville,ainsi que par des annonces dans les journaux. De plus, nous avons fait parvenir deslettres d �invitation à un certain nombre d �organismes de femmes les plus importants. Malheureusement, nous n �avons pas pu offrir d �aide pour défrayer les coûts de transportou de garderie, et nous n �avions pas d �argent à notre disposition pour couvrir les frais detraduction ou d �interprétation. Les femmes qui ont répondu à notre invitation sont derace blanche, francophones, et de classes sociales moyennes. Devons-nous croire queseules ces femmes utilisent ce genre de service? Compte-tenu des caractéristiquesdémographiques des répondantes, devons-nous débuter notre recherche?

63. Sur quoi porte notre recherche?

64. Qui sera affecté par notre recherche?

65. Concentrons-nous notre attention sur un groupe de femmes en excluant les autres?

66. Est-ce que nous incluons des femmes de diverses classes sociales, races, langues,cultures, orientations sexuelles ainsi que des femmes ayant des revenus, des capacitéset des classes d �âges différents?

67. Érigeons-nous des obstacles qui nous empêchent d �obtenir un échantillon diversifié defemmes?

68. Avons-nous consulté les communautés au sujet des questions que nous posons?

69. Sommes-nous, en réalité, les personnes les mieux placées pour poser ces questions?

70. Notre recherche se base-t-elle sur les travaux d �autres personnes?

71. Notre recherche peut-elle servir les intérêts de tous les groupes, ou devons-nous établirdes priorités et faire des choix?

72. Qui fera ces choix?

3.2 Les privilèges

a) Une étudiante militante complète sa thèse de maîtrise dans un domaine qui n �est pasexactement celui de sa directrice. Afin de compléter son projet, elle a recours à la

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participation de cinq autres militantes de la communauté. Après avoir complété sathèse, elle prépare un texte ayant pour objet de distribuer les résultats auprès d �unpublic élargi. Au moment des dernières révisions, sa directrice et les autres militantesveulent toutes être reconnues comme coauteurs. Toutefois, la directrice ne reconnaîtpas le travail des militantes de la communauté, et vice-versa. Que devrait fairel �étudiante?

b) Une professeure d �université et quelques femmes de la communauté sont amies depuislongtemps et se respectent mutuellement dans leur travail individuel. Une des femmesremarque que les autres membres du groupe s �en remettent à l �opinion de la professeurequant des questions de recherche se présentent. La professeure nie que c �est ce qui sepasse.

73. Qu �elles sont les caractéristiques des chercheuses par rapport aux groupes concernés?

74. Dans quelle mesure notre âge, race, ethnie, classe sociale, région géographique,orientation sexuelle et(ou) handicap influencent-ils notre recherche?

75. Avons-nous exprimé notre position en termes de pouvoir et de privilèges fondés surnotre sexe, notre classe sociale, notre niveau de revenu, notre race, notre culture, notreorientation sexuelle, nos capacités de même que la position que nous occupons au seinde l'équipe de recherche?

76. Avons-nous reconnu comment chacune d'entre nous utilise ses privilèges?

77. Avons-nous indiqué comment nous tenons compte dans notre recherche du sexe, del'âge, de la classe sociale, du niveau de revenu, de la race, de la culture, de l �orientationsexuelle et des handicaps?

78. Avons-nous évité les classifications hiérarchiques entre les groupes opprimés?

79. Avons-nous décrit notre façon de voir la diversité et son influence sur ce processus, etcomment nous avons l'intention de respecter la diversité?

3.3 La participation

Nous réalisons que notre recherche fait typiquement le focus sur les femmes de milieuurbain. Par conséquent, nous avons développé un projet qui inclura les femmes demilieu rural. Nous avons décidé d �explorer comment les femmes qui résident dans lesvillages sur la côte sont affectées par la crise de la pêche. Les femmes qui résident dansces communautés sont peu scolarisées. Elles n �ont pas d �expérience en recherche. Parconséquent, nous ne pouvons pas leur demander de nous aider à développer notre cadrede recherche. Nous développons une liste de questions et planifions une entrevue degroupe auprès des femmes dans trois villages sur la côte. La première rencontre est unfiasco: Elles hésitent à nous parler et n �élaborent pas sur les questions que nous leurposons comme nous avions anticipé.

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80. Qui avons-nous invité à participer à la recherche?

81. Qui n'avons-nous pas invité à participer à la recherche?

82. Est-ce que des femmes (l'équipe de chercheuses, le groupe cible, les autresparticipantes) ont participé à toutes les étapes de la planification de la recherche?

83. Les frais se rapportant à la garde des enfants, aux déplacements, aux repas et à larémunération font-ils partie du coût d'élaboration de nos projets de recherche?

84. Disposons-nous d �une politique en matière d'équité concernant la participation desfemmes?

85. Comment allons-nous représenter les expériences diverses des femmes?

86. Pouvons-nous identifier d'autres stratégies afin de garantir la participation, lareprésentation et la liberté d'action des femmes?

87. Devrions-nous inclure ces autres stratégies dans notre projet?

88. Comment?

3.4 Impact auprès des femmes

L �équipe est formée de survivantes d �abus sexuel, de conseillères et de thérapeutes. Unedes survivantes n �est pas d �accord de poser une des questions choisies par lesprofessionnelles. Par contre, les autres survivantes, n �y voient pas de problèmes. Personne ne comprend le pourquoi de son objection; peut-être est-elle est toutsimplement difficile.

89. Quelle est l'impact de notre recherche sur la vie des femmes?

90. Comment nous assurons-nous que nos recherches sont conduites par des femmes, surdes femmes et pour les femmes?

91. De quelles femmes parlons-nous?

92. Notre recherche facilite-t-elle la liberté d'action des femmes? Comment?

93. Notre recherche reconnaît-elle que les femmes sont elles- mêmes les expertes lorsqu'ils'agit de leur propre vie?

94. Les femmes s �expriment-elles en leur propre nom dans notre recherche?

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3.5 Risques de préjudice

a) C �est la première fois que les femmes vivant dans un petit village rural participe à ungroupe de discussion. Plusieurs d �entre elles sont parentes, soit par des liens de familled �origine, soit par mariage. La chercheuse passe la première demi-heure à développerune atmosphère de confiance afin que ces femmes se sentent à l �aise de parler. Ellecommence ensuite la discussion sur la division des tâches au sein du contexte familier.

b) Une équipe de trois chercheuses planifie une recherche sur les rituels chez leslesbiennes. Elles se sont mises d �accord que tout ce qui se dit entre elles demeureconfidentiel. Des trois chercheuses, une seule est lesbienne. Elle représente la ported �entrée auprès de la communauté de lesbiennes. Elle sait fort bien qu �elle aura accès àbeaucoup d �information pertinente que les deux autres chercheuses ne pourraientaccéder sans elle. Elle sent qu �elle doit partager cette information, étant donné leuraccord par rapport à la confidentialité, mais s �inquiète de s �exposer et d �exposer sacommunauté. Elle n �aime pas penser qu �elle ne peut pas faire confiance aux deuxautres, mais elle a des hésitations par rapport à leur accord. En particulier, elle ne croitpas que l �accord a été pris entre égaux car les deux autres chercheuses ne risquent rien. Comment pourrait-elle résoudre ce problème?

95. Notre recherche va-t-elle ou peut-elle faire du tort aux femmes?

96. Notre recherche va-t-elle ou peut-elle être utile ou nuire à certaines femmes plus qu'àd �autres?

97. Que ferons-nous dans le cas de politiques, de recherches, d'informations qui peuventêtre utiles à certains groupes de femmes mais nuisibles à d'autres?

98. Si nous demandons aux femmes de parler de leur vie, pourront-elles le faire sansdanger?

99. Dans quel genre de milieu les femmes pourront-elles parler sans danger de leur réalité?

100. Si nous demandons aux femmes de parler de leurs réalités, quel serait l �environnementpropice pour le faire?

3.6 Le consentement

a) La professeure A d �université est en train d �entrevoir un projet de recherche surl �expérience d �apprentissage chez les étudiant(e)s. Elle planifie mener des entrevuesauprès d �étudiant(e)s qui prennent un cours de la professeure B. Professeure B n �a pasencore sa permanence. Est-ce que cette situation peut rendre vulnérables, par rapport àleurs notes, les étudiant(e)s de la Professeure B s �ils sont négatifs dans leurs évaluations? Est-ce que cette situation peut rendre vulnérable la Professeure B lors de son évaluationen ce qui concerne sa permanence?

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b) Dans le contexte d �un cours de méthodologie de recherche, une équipe d �étudiant(e)sveut faire une étude sur la réponse des passant(e)s envers les sans-abri et les «skinheads»qui mendient aux coins des rues. Comment pourraient-ils «obtenir la permission» destrois groupes touchés par cette étude, ou devraient-elles même essayer?

101. Avons-nous expliqué le sujet de la recherche à toutes les personnes concernées, à quicette recherche est destinée et à quoi elle doit servir?

102. Avons-nous expliqué à toutes les personnes participant à la recherche (y compris lesparticipantes, les chercheuses et les organismes commanditaires) la façon dont nouscomprenons leurs droits et leurs responsabilités?

103. Avons-nous été claires sur ce que signifie «être adéquatement informées»?

104. Comment saurons-nous que nous avons fait tout en notre pouvoir pour nous assurerque toutes les personnes concernées comprennent ce que signifie donner un«consentement»?

105. Que ferons-nous pour nous assurer de nouveau que le consentement continue à êtreaccordé à mesure que la recherche avance?

106. Est-ce que les gens savent que les chercheuses doivent faire rapport aux autoritésconcernées de certaines informations, comme les séquelles à autrui et les mauvaistraitements infligés à des enfants?

107. Quand nous demandons un consentement, nous sommes-nous basées sur despostulats qui pourraient exclure certaines personnes?

108. Les participantes à notre recherche savent-elles comment l'information que nousrecueillons sera conservée? Détruite? Utilisée par d'autres chercheuses?

109. Comment l'information sera-t-elle conservée pour être utilisée par d'autres personnes?

110. Si on découvre une nouvelle façon d'utiliser les données, est-ce que nous consulteronsles participantes afin de déterminer si elles acceptent qu'on l'utilise pour une findifférente de celle qui avait été prévue au départ?

111. Si on découvre de nouvelles façons d'utiliser nos données et s'il est impossible decommuniquer avec les participantes pour déterminer si elles acceptent cette nouvelleutilisation, comment allons-nous décider s'il est acceptable, du point de vue éthique,d'utiliser ces données?

112. Qui profitera de cette décision?

113. Est-ce que nous solliciterons une deuxième opinion?

114. Les personnes auxquelles nous demandons une deuxième opinion sont-ellesraisonnablement représentatives de nos participantes?

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IV. Méthodologie

4.1 Comment nous voyons la recherche

Nous sommes un groupe de chercheuses féministes travaillant sur l �avant dernièreversion de notre demande de subvention. Nous nous rendons compte qu �aucune femmedes Premières Nations n �a jamais fait partie de notre équipe. Nous contactons le centrelocal de l �amitié et invitons une femme à se joindre à notre groupe. La femme qui répondà notre invitation assiste à deux de nos réunions, et par la suite, ne revient pas. Nousespérions développer des méthodes de collaboration pour nos participantes, mais nousn �arrivons même pas à former une équipe représentative. Nous ne savons pas quoi faire.. Devons-nous continuer et finir notre demande de subvention, ou recommencer au débutet reconceptualiser tout le projet?

115. Nous sommes-nous entendues au sujet de la description de la recherche?

116. Avons-nous invité les personnes qui vont participer à notre recherche et contribuer à laconception de la recherche et au choix des méthodes?

117. Comment allons-nous créer la recherche de concert avec les participantes?

118. Quelles sont les possibilités et les coûts du processus visant à recueillir descommentaires des participantes?

119. Avons-nous tenu compte des contributions des représentantes du groupe qui feral'objet de notre recherche?

120. Que voulons-nous dire par «représentation»?

121. Comment assurons-nous la représentation dans notre recherche?

122. Comment assurons-nous la représentation au sein de notre équipe?

123. Comment assurons-nous la représentation parmi nos participantes?

124. Nos méthodes sont-elles culturellement appropriées?

125. Comment tenons-nous compte du point de vue des participantes?

126. Comment allons-nous créer conjointement la recherche avec d'autres chercheuses?

127. Si nous mettons l'accent sur la recherche-action, avons- nous bien défini l �aspectaction de notre recherche.

128. Comment nous assurerons-nous que l'élément «action» de notre recherche se réalisera?

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129. Dans notre recherche, est-ce que nous accordons les mêmes préoccupations éthiques àl �égard des données qualitatives qu'aux données quantitatives?

130. Tenons-nous compte du fait que notre façon de voir les choses peut changer dans letemps par rapport à notre conceptualisation du problème?

131. Tenons-nous compte du fait que les choses peuvent changer dans le temps en ce quiconcerne notre collecte d �information?

132. Tenons-nous compte du fait que notre façon de voir les choses peut changer dans letemps en ce qui concerne l'utilisation de l'information?

133. Tenons-nous compte du fait que les choses peuvent changer dans le temps en ce quiconcerne les meilleurs intérêts de l'ensemble de la population?

134. Tenons-nous compte du fait que les choses peuvent changer dans le temps en ce quiconcerne la sécurité de chaque participante?

135. Tenons-nous compte du fait que les choses peuvent changer dans le temps en ce quiconcerne la modification de la composition de l'équipe de chercheuses?

4.2 Le choix des questions de recherche

Nous sommes un groupe de féministes de niveau universitaire. Nous rédigeons lesquestions pour la recherche et vérifions, avec beaucoup d �attention que le texte utiliseun style simple et «accessible». Un des membres suggère qu �on amène nos questions àun centre pour mère célibataires ou divorcées afin de demander à ces femmes leursopinions en ce qui touche la clarté des questions. Certaines d �entre nous pensent quecette démarche est un peu excessive.

136. Sur quels postulats nous fondons-nous au moment de la création et de l'élaboration duprésent projet de recherche?

137. Comment vérifions-nous ces postulats?

138. Cette recherche devrait-elle être effectuée par une d'entre nous travaillant seule ou parle groupe?

139. Sommes-nous les mieux placées pour nous occuper de ces questions de recherche?

140. Nos hypothèses s �appliquent-elles à toutes les femmes ou à certains groupes defemmes seulement?

141. Qui pouvons-nous consulter pour nous assurer que nos hypothèses s'appliquent àtoutes les femmes?

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142. De quelles données disposons-nous, ou devons-nous obtenir, pour appuyer nosconvictions et nos hypothèses au sujet de groupes particuliers de femmes?

143. Appliquons-nous deux poids deux mesures pour différents groupes de femmesdépendant de leur identité (c'est-à-dire leur classe sociale, leur sexualité, leurantécédent racial ou ethnique, leur capacité, leur âge)?

144. Est-ce que nous laissons de côté d'autres points de vue qui nous mettent mal à l'aise ounous font peur, parce que ces autres points de vue ne font pas partie de notre vécu?

145. Est-ce que notre équipe comprend des membres des groupes qui font l'objet de notrerecherche?

146. Avons-nous demandé leurs opinions au moment de l'élaboration des questions quenous avons besoin de poser?

147. Respectons-nous vraiment les opinions du groupe sur lequel porte la recherche?

148. Le langage que nous utilisons pourra-t-il être compris par toutes?

149. Si le langage que nous utilisons ne peut pas être accessible à toutes, qui sont cellesque cela exclut?

150. Utilisons-nous le mot «femmes» comme un terme général, ou voulons-nous vraimentdire les femmes blanches de classe moyenne habitant la ville?

4.3 Les limites de la recherche

Tout à coup, nous nous rendons compte que toutes les femmes à cette réunion qui sonten train de décider des questions de recherche sur la pauvreté ont un emploi. Un desmembres de l �équipe considère qu �elle peut parler de questions de pauvreté étant donnéque sa dissertation touche ce sujet; une autre femme était très pauvre lorsqu �elle était àl �université; et une troisième a vécu une situation de pauvreté lorsqu �elle était mèremonoparentale il y a vingt ans. Pouvons-nous représenter les femmes à bas revenus? Comment notre expérience limitée affectera-t-elle notre recherche?

151. Avons-nous examiné ce qui constitue les limites d'une «expérience représentative»?

152. Quelles sont les limites que représente notre recherche?

153. Quelles sont les limites de notre recherche?

154. Comment allons-nous reconnaître et gérer les limites de notre recherche?

V. La gestion, l'analyse et

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l'interprétation de l'information

5.1 Notre influence sur l'information

Une fois terminé le projet, nous nous rendons compte qu �aucune lesbienne ou femmeayant un handicap a fait partie de notre travail. Malgré la réalisation de notre omissionqui signifie que notre recherche a des manques, nous croyons avoir beaucoup accomplisavec peu de ressources. Nous savons que nous serons critiquées pour ces omissions. Deux femmes de ces communautés acceptent de lire notre rapport et d �ajouter leursperspectives. Étant donné qu �elles ne faisaient pas partie du projet depuis le début, il ya eu quelques mésententes et confusions. En bout de ligne dans le rapport, nous n �avonsutilisé qu �un court paragraphe qu �elles avaient rédigé. Comment cette situation limiterales résultats et l �utilité de notre recherche?

155. Comment l'information que nous recueillons va-t-elle aider les femmes?

156. Pouvons nous, en tant que chercheuses, présenter une description exacte etrespectueuse de l'information que nous recueillons?

157. En tant que chercheuses, comment nos convictions, nos valeurs et nos hypothèseslimitent-elles notre façon de réagir à la recherche?

158. En tant que chercheuses, comment nos convictions, nos valeurs et nos hypothèseslimitent-elles notre recherche?

159. En tant que chercheuses, comment nos convictions, nos valeurs et nos hypothèseslimitent-elles notre interprétation de la recherche?

160. En tant que chercheuses, cherchons-nous uniquement ce que nous voulons voir?Sommes-nous capables de reconnaître l'information qui contredit nos convictions?

5.2 Utilisation future de l �information/des données

Un groupe de chercheuses planifie travailler en collaboration afin d �explorer l �impactd �un certain programme offert à une population de détenues. Une d �entre elles suggèrequ �elles devraient utiliser l �information obtenue à travers un certain nombre d �entrevuesqu �elle a recueilli l �année dernière auprès des femmes détenues à la prison où leprogramme en question était offert. Malgré le fait que la chercheuse avait mené cesentrevues dans un contexte ayant un but tout à fait différent, elle savait que cesentrevues contenaient de l �information par rapport à l �impact du programme enquestion. L �information contenue dans ces entrevues est de nature très délicate. Obtenir le consentement des femmes détenues qui ont participé à ces entrevues s �avèreimpossible. Les argents sont limités, et de ne pas avoir à couvrir le coût des entrevues etde la transcription représente une économie importante. Devraient-elles aller de l �avantet utiliser ces données?

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161. De quelle façon nous proposons-nous d'utiliser l'information que nous recueillons dansle cadre de notre recherche?

162. De quelle façon nous proposons-nous de distribuer l'information que nous recueillonsdans le cadre de notre recherche?

163. Qui prendra les décisions au sujet de la distribution de notre recherche?

164. Notre recherche est-elle accessible et ouverte?

165. Quelle est l'éthique de l'accessibilité de la recherche dans un milieu en évolution?

166. Comment notre recherche sera-t-elle utilisée par les fournisseurs de financement?

167. Comment notre recherche sera-t-elle utilisée par les participantes?

168. Comment, en tant que chercheuses, utiliserons-nous notre recherche?

169. Quel est l �impact de notre recherche sur la vie des femmes?

170. Quel est notre rôle, en tant que chercheuses, en ce qui concerne l'impact de notrerecherche sur la vie des femmes?

171. Qui décidera à quel moment notre recherche sera terminée?

172. Avons-nous demandé et reçu des commentaires des communautés faisant l'objet de ceque nous rédigeons, pour savoir ce qu'elles pensent de nos constatations.

173. Quelles mesures seront prises à la suite de la recherche que nous avons effectuée?

5.3 Qui sera reconnu pour avoir fait la recherche?

La chercheuse universitaire A a ramassé des données quantitatives socialementimportantes au sujet d �un groupe spécifique de femmes immigrantes, mais elle n �a pasencore analysé et interprété les données. Pensant qu �une analyse sensible à l �aspectculturel est nécessaire, la chercheuse A tente d �obtenir la collaboration d �une jeunechercheuse universitaire qui, elle même, s �identifie au groupe culturel en question. À sontour, la chercheuse B suggère la collaboration de la chercheuse communautaire C qui,elle aussi, fait partie de ce groupe d �immigrant(e)s. Les trois chercheuses se mettentd �accord pour être toutes les trois auteures: La chercheuse A complétera l �analysestatistique, rédigera la plus importante partie du manuscrit, n �interprétera pas lesrésultats, et sera première auteure. La chercheuse A complète l �analyse des données etla première version du rapport en y incluant une interprétation des résultats. Leschercheuses B et C reçoivent le rapport et sont indignées devant ce produit. Ellesreprennent le rapport au complet et en font une version tout à fait différente. Lachercheuse A admet que cette dernière version est une nette amélioration, mais s �attendtoujours à être première auteure.

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174. À qui appartient la recherche que nous avons effectuée : nous les chercheuses, lesparticipantes, l'organisme fournisseur de financement, les organismes sous l'égidedesquels nous travaillons, d'autres?

175. Quel(s) nom(s) sera ou seront associé(s) à la recherche que nous avons effectuée?

176. La reconnaissance des auteures du projet reflète-t-elle le rôle joué par toutes celles quiy ont participé?

177. Si une personne participe à notre projet une partie du temps, quel est le niveau departicipation nécessaire pour qu'on la reconnaisse dans les communications parlées etécrites décrivant les résultats de la recherche, et en particulier, comment devrait-on lefaire?

178. Quel est, à notre avis, le type de participation nécessaire à notre projet pour avoir droità une reconnaissance à titre d'auteure?

179. Est-ce que ce principe s'applique à tous les genres de publications que nousproduisons?

180. Si ce n'est pas le cas, qu �est-ce qui motive la décision que nous avons prise dans ce casparticulier?

181. Est ce que ces motifs sont fondés sur des préjugés basés sur la race, le sexe, l'âge, laclasse sociale, les capacités, l'orientation sexuelle?

182. Avons-nous reconnu les femmes dont les travaux ont précédé les nôtres?

5.4 L �évaluation

Le but de notre projet de recherche-action était de faciliter la prise de pouvoir d �ungroupe de femmes doublement désavantagées. À la fin du projet, nous réalisons quenous n �avons pas planifié de travail d �évaluation. Nous n �avons plus d �énergie, detemps ou d �argent. À comparer les femmes avant et après le projet de recherche, nouspouvons constater que celles-ci ont plus de confiance en elles-mêmes et deconnaissances par rapport à la recherche en général et la conduite de la recherche enparticulier. Nous décidons d �évaluer le projet de recherche en notant nos observationset en décrivant la haute performance de ces femmes. Une des femmes pense que cegeste est (dégradant) et que l �évaluation devrait être faite par les participantes auprojet. À défaut de notre bon jugement, nous acceptons cette alternative. Deux moisplus tard, nous attendons toujours un document du groupe de femmes en question etdécidons de revenir à notre plan initial.

183. Comment allons-nous déterminer, en particulier, si oui ou non notre recherche estsource de pouvoir individuel?

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184. Comment allons-nous décider si nous avons atteint les buts et les objectifs de notrerecherche?

185. Comment allons-nous déterminer si notre recherche a produit des résultats fiables?

186. Si une autre équipe de chercheuses se trouvait incapable de répéter nosconstatations, s'agit-il selon nous d'un facteur important? Pourquoi?

187. Comment allons-nous déterminer si notre recherche est valide?

188. Comment allons-nous déterminer si notre interprétation de l'information est juste etn'est pas affectée par des préjugés fondés sur la race, l'âge, le sexe, les capacités,l'orientation sexuelle ou la classe sociale?

189. Comment allons-nous mesurer l'impact de notre recherche?

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GLOSSAIRE: MOTS, EXPRESSIONS ET CONCEPTS

Afin que l'ensemble de leurs membres s'expriment dans le même langage, il est bon que lesgroupes définissent les mots, les expressions, et/ou les concepts qu'ils utilisent. Lesdéfinitions qui suivent ne sont que des suggestions. L �important, c �est que l'équipe derecherche s'entende pour qu'il y ait le moins de malentendus possible. Toutefois, ladéfinition choisie est arbitraire.

Acquisition de pouvoir individuel/prise de pouvoir: Le sentiment d �être en contrôle de soi-même et de pouvoir faire des choix découlant d �une information partagée, de l �acquisition denouvelles habiletés, de la validation d �expériences et de la confirmation d �un pouvoirpersonnel.

Archives: Action de sauvegarder de l'information ou des données et l'endroit où l �onconserve cette information ou ces données pour les futures recherches.

Chercheuse principale: voir Directrice de la recherche.

Collaborer: voir Travailler en collaboration.

Consentement (assentiment): L �accord d �une participante, ou d �une éventuelleparticipante, à une recherche après s �être fait clairement expliquer les objectifs, lesprocédures appliquées dans cette recherche pour garantir la confidentialité et la protectiondes renseignements personnels, ainsi que les risques possibles. Cette information doit êtreprésentée de façon à ce que les participantes soient en mesure de comprendre les enjeuxafin de décider pour elles-mêmes si elles désirent participer ou non.

Consultation: L �action d �obtenir l �avis, les conseils, l �opinion, le feed-back ou les réactionsde la part d'un individu ou d'un groupe d'individus reconnu pour son expertise dans undomaine ou pour sa connaissance ou son expérience relative à une question. Ce service peutêtre fourni contre une rémunération ou bénévolement. Par exemple, si nous menons unerecherche sur les césariennes, nous pourrions consulter une féministe, professionnelle de lasanté ou la coalition des sages-femmes ou encore un groupe de femmes ayant subi unecésarienne. La(les) consultante(s) n'a(n �ont) pas de responsabilité, d'autorité ou de pouvoirsur la façon dont l'information sera utilisée, à moins d'une entente préalable à cet effet.

Culturellement approprié: Mener une recherche de façon à ce que les participantes sesentent à l'aise; c �est-à-dire en étant toujours ouverte aux différences reliées, par exemple, àla classe sociale, l'orientation sexuelle, la race ou l'ethnie, l'âge, et à la présence d �unhandicap. En d �autres mots, se soucier du fait que tout le monde ne partage pas les mêmesvaleurs, idées et façons d'être.

Diffusion: voir Distribution.

Directrice de la recherche/chercheuse principale: Cette expression est surtout utiliséedans le cadre de la recherche universitaire et désigne la personne qui dirige ou accepte degérer un projet de recherche. Même si l'université et la communauté forment un partenariat,

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l'organisme de financement peut exiger qu'une professeure d'université soit nomméedirectrice de la recherche/chercheuse principale. Autrement dit, la recherche seraprincipalement attribuée à cette personne.

Distribution/diffusion: Faire connaître l'information. Faire circuler l'analyse des données. Une fois la recherche achevée, on rédige des rapports qui, trop souvent, se retrouventdirectement sur les tablettes. Il est tout aussi important pour nous de déterminer commentfaire connaître l'information au public ou aux personnes qui devraient la connaître, que dedécider «quelles» questions seront posées, «par qui», et «à qui» elles seront posées.

Diversité: La reconnaissance du fait que les femmes ont des expériences de vie différentesdépendant de leur classe sociale, race, culture, orientation sexuelle, situation familiale, âgeet capacité physique. Les femmes subissent l'inégalité et l'oppression de différentes façons. Il importe d'en tenir compte et d'inclure, dans la recherche, des femmes représentant cettediversité.

Données/information: On qualifie souvent de «données» l'information que nous collectons.En recherche, cette information est typiquement recueillie de façon systématique.

Équité: Traiter les gens de manière juste et honnête en tenant compte du caractère inégalde leur situation. L'équité, ça ne veut pas nécessairement dire traiter tout le monde de lamême façon. En fait, ça peut vouloir dire traiter les gens différemment à partir de leurscirconstances propres. L'équité a pour but d �assurer la participation des groupes sous-représentés.

Feed-back: L'analyse des données à partir de l �information recueillie dans le cadre de larecherche est distribuée aux participantes dans le but d'obtenir leurs opinions. Dans lecadre de la recherche féministe, on invite généralement les personnes qui ont contribué à larecherche à commenter ce qui a été écrit à leur sujet. Pratique permettant aux participantesà la recherche d �examiner et de répondre à toute analyse ou résultats de recherchedirectement ou indirectement liés à leur expérience. Cette démarche permet à la chercheusede mieux comprendre le sujet de la recherche. Cela ne signifie pas nécessairement que lesdonnées seront modifiées à partir du feed-back obtenu.

Gestion/gérer: La direction, l'orientation et le contrôle du projet. La gestion comprendhabituellement un travail d �administration, de comptabilité et de prise de décisionfinancière. La plupart des groupes fonctionnent mieux lorsqu'on détermine qu'une personne(ou un nombre de personnes) assumera la responsabilité de certaines tâches.

Hiérarchie/hiérarchique: Organiser les personnes dans des groupes de façon «verticale» ense basant sur leur statut social, leur pouvoir, leur prestige ou leur expertise. Les chercheusesféministes ont tenté d'éviter la hiérarchie au sein des groupes de recherche et ont plutôtchercher des stratégies de travail plus équitables. Cela se traduit habituellement par uneappréciation de la contribution de chaque membre, en considération du fait que chaquemembre est égal à l �autre malgré des différences possibles en rapport avec ses capacités,son éducation ou son expérience. Cela ne veut pas dire que tous les membres du groupesont identiques. Il convient de reconnaître qu �il y a des différences d �expériences de vie, decompétences et de contributions, mais la valeur qu �on leur confère n �a pas besoin d �être

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inégale. Le rejet de la hiérarchie ne signifie pas l'exclusion du leadership. Les chercheusesféministes tentent de partager et d'encourager le leadership chez les membres du groupemoins susceptibles d'avoir eu l'occasion de développer ces habiletés, plutôt que de toujoursassigner le rôle de leader, et la reconnaissance associée à ce rôle, aux mêmes personnes.

Imputabilité/responsabilité/obligations: Savoir en quoi consiste nos responsabilités et àqui nous devons en rendre compte. Par exemple, dans un projet sur la violence faite auxfemmes, l'équipe de recherche devrait, de toute évidence, rendre des comptes aux bailleursde fonds du projet, mais de plus, nous avons des responsabilités les unes envers les autresainsi qu �envers les femmes victimes de violence. Il faut décider, dès le début du projetcomment la reddition de compte se fera.

Information: voir Données.

Obligations: voir Imputabilité

Participante: L'utilisation de ce terme peut signifier différentes choses pour différentespersonnes. En milieu universitaire, il se réfère habituellement aux personnes qui fournissentde l'information ou aux répondantes à la recherche, c'est-à-dire les individus qui fournissentde l'information par le biais d'entrevues ou de questionnaires. Dans les projets menés dansle contexte de la communauté, ce terme désigne généralement toute personne qui contribueà la recherche. Cela peut comprendre les personnes qui collectent et fournissent del'information, celles qui conçoivent le projet ou analysent les données, les membres del'équipe de gestion du projet et le personnel embauché.

Porte-parole: voir Représentation.

Pouvoir: voir Acquisition de pouvoir individuel.

Prise de pouvoir: voir Acquisition de pouvoir individuel.

Privilège: La distribution inégale de ressources et du statut. La capacité d'accéder auxressources ainsi que de recevoir, d'obtenir ou de s'attribuer des avantages sur la base de cestatut. Chaque membre de l'équipe de recherche se doit de déterminer les façons en vertudesquelles il jouit de «privilèges» et obtient un statut pouvant être limité ou encore refusé àd'autres. Le statut peut être basé sur des considérations hors de notre contrôle en tantqu'individus, y compris le sexe, la race, la culture, la capacité, la richesse et l'âge. Il importede reconnaître et de nommer nos propres privilèges afin de mieux comprendre notre rôle ausein du groupe.

Recherche-action: Collecter et analyser de l'information a pour but d �amener deschangements au niveau social, généralement en ayant une cible précise comme objectif. Leprocessus de la recherche-action, comme tel, peut aussi contribuer au changement social. Par exemple, un projet de recherche sur la pauvreté, dans lequel des femmes à faible revenuparticipent comme chercheuses, peut contribuer à développer les compétences de cesdernières. De plus, cette activité peut susciter la naissance d �une nouvelle organisation.

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Représentation/porte-parole: Parler pour les autres ou en leur nom. Dans un projet derecherche, il est bon que chaque membre du groupe établisse clairement «qui» il représente,et détermine si le fardeau de la représentation est trop lourd. Par exemple, une femme enmilieu rural pourrait représenter une organisation de femmes dans ce milieu et estimer queson expérience est représentative de celle de la plupart des femmes en milieu rural. Ilimporte aussi de reconnaître les personnes non représentées et qui n'ont aucun porte-paroleau sein de l �équipe.

Résolution de conflits: Recourir à des façons non hiérarchiques pour résoudre les problèmeset en arriver à un accord ou négocier une solution mutuellement acceptable en casd �opinions divergentes.

Responsabilité: voir Imputabilité.

Structure organisationnelle: La façon dont les groupes, institutions ou autre agencess �organisent. La structure organisationnelle comprend les règles, la hiérarchie et le ou lesprocessus utilisés afin d �accomplir le travail ainsi que de la façon d �interagir avec d �autresgroupes, institutions ou agences.

Travailler en collaboration/collaborer: Action de travailler avec d'autres personnes defaçon non hiérarchique; membres d �un groupe travaillant ensemble à partir de consensuspar rapport à la prise de décisions et dans un contexte qui mise sur l'égalité, lescompétences et la valeur de chacun. L'activité de deux (ou plus) personnes ou organisationsà l �intérieur d �une relation bien définie et mutuellement bénéfique afin de réaliser oud'atteindre des objectifs communs. Dans une telle relation, les deux (ou plus) partiess �entendent sur la façon de travailler ensemble et s �engagent à communiquer ouvertement.

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RÉFÉRENCES/ LECTURES SUPPLÉMENTAIRES

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FORMULAIRE D'ÉVALUATION

La deuxième édition de la présente brochure L �éthique en matière de recherche féministe : Unprocessus a été révisée en tenant compte des suggestions qui nous ont été offertes pardifférentes personnes. Plusieurs lectrices ont recommandé d'inclure un formulaired'évaluation afin de faciliter l'envoi de commentaires à l'ICREF concernant la présenteédition. Vos suggestions nous permettront d'améliorer les futures éditions.

Comme chercheuse, faites-vous partie d'un groupe communautaire, d �une université ou êtes-vous une chercheuse indépendante ou à un autre titre?

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