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,!7IC8J5-acdhga!ISBN : 978-2-89502-376-0
Illustration de la couverture : Marie-Renée Bourget Harvey
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FENDRE LES LACS
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Du même auteur :
La montagne rouge (SANG), théâtre, L’instant même, 2010.Chaque automne j’ai envie de mourir, en coll. avec Véronique Côté,
récits, Septentrion, 2012.Ventre, théâtre, L’instant même, 2012.En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et qui ne
s’arrête pas, théâtre, L’instant même, 2013Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles, essai, Atelier 10,
2015.
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Steve Gagnon
Fendre les lacs
THÉÂTRE
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Couverture : Marie-Renée Bourget Harvey
Mise en pages : Anne-Marie Jacques
Direction de collection : Chantal Poirier
Distribution pour le Québec : Diffusion Dimedia539, boulevard LebeauMontréal (Québec) H4N 1S2
Distribution pour la France : Distribution du Nouveau Monde
© Steve Gagnon et Les éditions de L’instant même, 2016
Tous droits réservés. Toute reproduction de cette œuvre, en totalité ou en partie,par quelque moyen que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteuret de l’éditeur.
Toute adaptation ou utilisation de cette œuvre, en tout ou en partie, par quelquemoyen que ce soit, par toute personne ou groupe, amateur ou professionnel,est formellement interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de sonagent autorisé. Pour toute autorisation, veuillez contacter l’agent autoriséde l’auteur : Marie-Pierre Coulombe, Duchesne Agence Artistique, 6031avenue du Parc, Montréal, Québec, H2V 4H4. Tél. : 514-274-4607, poste 105.Courriel : [email protected].
L’instant même865, avenue MonctonQuébec (Québec) G1S [email protected]
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales duQuébec et Bibliothèque et Archives Canada
Gagnon, Steve, 1985-
Fendre les lacsPièce de théâtre.
ISBN imprimé 978-2-89502-376-0 ISBN PDF 978-2-89502-899-4
I. Titre.
PS8613.A453F46 2016 C842’.6 C2016-940084-0PS9613.A453F46 2016
L’instant même remercie le Conseil des arts du Canada, le gouvernement duCanada (Fonds du livre du Canada), le gouvernement du Québec (Programmede crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC) et la Société dedéveloppement des entreprises culturelles du Québec.
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À ces deux jeunes adolescents que j’aientendus dans le train un jour d’automne,dont les mots foutaient magnifiquement descoups de pied dans les couilles du temps.
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Ce soir-là, j’ai compris que l’intérieur deshommes sans racines est tapissé d’exil. À cespensées nouvelles j’étouffais dans mon litfroid, mais je me disais au fond de mon cœurque toutes les clôtures du silence finiraientbien par tomber puisque tous les mammouthsn’étaient pas éteints, qu’il en brûlait encoreun et qu’il se cachait en moi comme la volontéde survivre à ce qui tue normalement.
Sylvain Trudel
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La pièce Fendre les lacs a été créée le 8 mars 2016 au ThéâtreAux Écuries à Montréal, avec l’équipe suivante :
Mise en scène : Steve GagnonInterprétation : Marie-Josée Bastien, Pierre-Luc Brillant,Véronique
Côté, Karine Gonthier-Hyndman, Renaud Lacelle-Bourdon,Frédéric Lemay, Guillaume Perreault et Claudiane Ruelland
Dramaturgie : Jean-Michel Girouard et Chantal PoirierAssistance à la mise en scène : Adèle Saint-AmandDécors : Marie-Renée Bourget HarveyCostumes : Jennifer TremblayMusique : UberkoÉclairages : Martin SiroisProduction : Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline
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LIEU
Un bassin d’eau claire.Des arbres morts au travers.
PERSONNAGES
Adèle, 50 ans. Femme grugée. Mère de Christian. Sans aucuneféminité. Maladroite. Elle a de grosses mains sales et rudes.Elle s’occupe de l’entretien du lac. Elle ramasse et enterre lesanimaux morts.
ChrisTian, 20-25 ans. Homme éparpillé. Fils d’Adèle et amoureuxd’Élie. Il vit avec un vieil homme (qu’on ne voit pas), dont ilprend soin en attendant qu’il meure pour toucher l’héritage.
Élie, 20-25 ans. Femme marin. Amoureuse de Christian. Douceet brusque en même temps. Tendre et sale en même temps.
emma, 35-40 ans. Femme brûlée. Veuve. Mère de Léon (etd’un autre enfant, qu’on ne voit pas). Maladivement triste etangoissée.
lÉon, 15 ans. Petit homme éventré, petit homme absent. Filsd’Emma. Veille sur la tombe fraîche de son père.
marTin, 40 ans. Homme survivant. Il débarque chez Emma unsoir. Sa maison est inondée, dit-il. Il dormira sur le divan-litdu salon.
louise, 20 ans. Femme oiseau. Amoureuse de Thomas. Elles’occupe des canards (qu’elle appelle ses oies) qui vivent surle lac. Elle attend que quelqu’un la prenne et la touche.
Thomas, 20-25 ans. Homme bête. Amoureux d’Élie. Il s’occupedes loups. Très froid en apparence. Presque insignifiant. Maislumineux à l’intérieur.
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Fendre les lacs
Pendant l’entrée du public, Adèle apporte des seaux remplis decendre et les dispose sur scène, puis elle sort. Emma, Léon, Élie,Christian, Thomas et Louise entrent l’un après l’autre, avecdans les mains un pain, une laitue, un pot de moutarde, etc. Ilss’asseoient et se font des sandwichs.
Léon sort.
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1. JE TE RAMÈNE UN ARBRE RAMASSÉAU MILIEU D’UN CHAMP DE FLEURS
Dans le même éclairage que celui de l’entrée du public, Adèleentre par la porte du public en tirant un énorme tronc d’arbrerouge. Elle se plante debout devant les autres. Emma se détachedu groupe et s’avance un peu. Sans un mot. Tout le monde estsous le choc.
adèle – Désolée dej’suis désolée dede vous déranger j’suis désolée d’interrompre le repasj’suis toute en sueur excusez-moi maisEmma jeEmmac’est parce que j’suis habituée d’rapporter des corpsd’animauxdes lièvresdes oiseauxdes moufettesdes petites affairesjamaisjamais rapporté le corps d’un homme.
Temps.
D’habitude j’enterre les corps derrière ma cabane.
Temps.
Celui-là c’est différent j’te l’ramène.Ça t’appartient.
Je l’ai traîné de toutes mes forces en tirant sur ses brasj’ai pensé mon dieu j’vais finir par lui arracher.
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Fendre les lacs
Temps.
J’suis désolée.
Temps.
Le pire c’est que je l’ai sentiEmma j’te l’jure j’aij’ai senti que quelque chose se déracinaitle temps s’est couverty a eucomment j’décrirais çay a eu une grosse bourrasque de ventj’me suis dit tiens un arbre vient de tomberj’ai pensé au gros mélèze de l’autre côté du lacj’ai senti que quelque chose glissait que quelque chosetombait que quelque chose se déracinait que ça serait pusjamais comme avant que tout allait changer maintenant.
Emmabelle filleton mari a rejoint la foudre pour nous apprendre l’humilité.Pis làécoutec’est le silence partout parce queparce que c’est toute la faune qui est en deuilc’est la forêt au complet qui vient d’se renverser.
Temps.
Veux-tu que j’parle aux enfants ?
Temps.
EmmaEmma j’vais t’aider on vaavecavec nos mains on vaon va ouvrir la terre ça sera difficile ma belle ça sera commedéchirer le sein d’nos propres mères mais ensemble on va
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Je te ramène un arbre ramassé au milieu d’un champ
une par une on va sortir les pierres ça sera comme si onpassait une main sous nos peaux pourpour retirer les os maismais ensemble on va creuser pour l’enterrerassisle regard vers l’ouest.
Temps.
Ah oui tiens.
Elle lui tend un bouquet de fleurs sauvages.
J’pense que ça aussi ça t’appartient.
Quand je l’ai trouvé y était sur le ventre au milieu d’la forêt.Le cœur probablement.Y avait ça dans les mains.
Accroche les fleurs devant ta porte la tête par en bas.Pour marquer la saison des grands bouleversements.
Louise apporte-nous la plus longue plume du plus fier detes oiseaux.
On va faire brûler du cèdre toute la nuit.
Ils déposent le tronc au milieu du lac.Déversement des seaux de cendre.L’eau devient trouble.
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1. Je te ramène un arbre ramassé au milieu d’unchamp de fleurs 13
2. Je hurle que tu es con plus fort que tes loups 16
3. Je n’entends ni la sonnette ni aucun autre appel 20
4. J’ai laissé rouiller notre amour sous la pluie 28
5. Je suis une forêt toute grignotable 34
6. Je ferai pousser une nouvelle planète sur ta tombe 38
7. J’efface le rouge sur ma peau 43
8. Je ne mange pas de Kraft Diner 45
9. Je cherche comment devenir un héro 51
10. J’apprendrai à dévorer les hommes 62
11. Je retrouverai peut-être mon père au milieudes poissons 66
12. Je suis revenu au point de débâcle 78
13. J’ai peur d’avoir les pieds mouillés dans messouliers pour le reste de ma vie 83
14. Je suis encore plus douce que la neige 91
15. Je te parle de ma mère 100
16. Je t’attendrai au bord du lac avec mon siffletde sauvetage 113
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Illustration de la couverture : Marie-Renée Bourget Harvey
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