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TOME 01 MOBILITÉ FENÊTRES SUR DES FUTURS POSSIBLES Projet soutenu par thecamp foundation

FENÊTRES SUR DES FUTURS POSSIBLES · d’idées radicales : celui des imaginaires. Pendant 6 mois, nous avons organisé de nombreux ateliers et conférences entre Aix-en-Provence,

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TOME 01MOBILITÉ

FENÊTRES SUR DES FUTURS POSSIBLES

Projet soutenu par thecamp foundation

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FENÊTRES SUR DES FUTURS POSSIBLES :TOME 1MOBILITE

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TOME 01MOBILITÉ

FENÊTRES SUR DES FUTURS POSSIBLES

Projet soutenu par thecamp foundation

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08SOMMAIRE

Éditos Imaginaire 10 Mobilité 12 Méthodologie du projet 14« Imaginer les futurs de la mobilité »

Scénarios 22— La génération cloud : 24 Ils vivent un endless summer — The Bee Project 32— Ralentis 40— La Ligne quatre-vingt trois 48— Time Travelers 54— Uget 60— The Digestive Car: an Eco-Energy 66 Solution for Mobility (en anglais)

Prototypes des enfants 72

Scénarios antérieurs 84

Conclusion 94

Remerciements 96

À propos thecamp 98 thecamp foundation 100

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SCÉnarioS

Essaimer d'autre rêves pour assainir les mobilités

Les générations précédentes nous lèguent un monde qui laisse peu de chances aux générations futures – humaines, animales ou végétales ; en fin de compte, peu de chance à la vie. Comment en sommes-nous arrivés à cette ère mort-née où les dynamiques de développement des sociétés humaines emportent le monde vers un avenir hostile au vivant ? Cette situation, qui tend à être invivable, a été ́établie à force de siècles de raisonnements achar-nés, de calculs, d’idées « claires et distinctes », comme le voulait Descartes.

Enivrés de raison, nous avons dénigré l’imagination  ; « maîtresse d’erreur et de fausseté  », affirmait Pascal. Délaissés par les pensées savantes, techniques et politiques qui décident largement du sort com-mun, les imaginaires furent en partie abandonnés aux industries créatives. Avec leur portée massive, de nombreuses grandes fictions hollywoodiennes et, plus récemment, certains jeux vidéo ont contribué et contribuent encore à pro-mouvoir l’automobile et les autres modes carbonés en symboles de puis-sance, de liberté et de réussite. Nous croyons qu’aujourd’hui, ce dispositif symbolique est l’un des principaux freins au changement, qu’il structure profondément nos esprits et détermine nos comportements.

Nous en sommes là  : empoisonnés de symboles. Nous avons beau argumenter contre, chiffres à l’appui... nous ne parvenons pas à défaire les schèmes comportementaux consolidés par un siècle de fictions. Parce que les raisons d’agir ne sont pas toutes rationnelles, notre projet inscrit son action au niveau des imaginaires qui soutiennent et orientent les pratiques.

Nous qui œuvrons en faveur d’une mobilité soutenable, nous savons que l’option technique seule ne suffit pas. L’offre, la demande et, en fin de compte, les habitudes quotidiennes de chacun en matière de mobilité n’évo-lueront qu’à condition qu’émerge un puissant tissu de rêve, de valeurs et de symboles, capable d’entrer en lutte active contre les grandes fictions du XXème siècle qui célébraient les machines thermiques comme des indices du progrès.

Voilà pourquoi nous avons créé ce petit livre d’imaginaires appro-priables, composé de fenêtres sur des futurs possibles  : pour essaimer nos rêves, ceux de thecamp et des nombreux contributeurs à notre projet. Si, comme le pensait le philosophe Gaston Bachelard, les rêves préfacent les œuvres, alors nous mettons à disposition de tous de nouveaux rêves. Puissent-ils servir de préfaces à d’autres œuvres, d’autres mobilités, d’autres futurs !

Adrien Payet

« ...les rêves préfacent les œuvres...  »Gaston Bachelard

ÉDITOS

Imaginaires

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SCÉnarioS

La mobilité est avant tout source de rencontre et de richesse. Au niveau mondial, nos déplacements individuels sont promis à une croissance liée es-sentiellement à une augmentation du niveau de vie et à la volonté d’optimiser son « temps à soi ». Mais cette croissance n’est pas homogène pour tous, allant de l’exclusion avec de véritables condamnés à demeure, à de nouveaux voyageurs spatiaux.

Les transports routiers basés sur des véhicules motorisés alimentés au pétrole contribuent majoritairement, depuis un siècle, à l’accroissement de la mobilité individuelle des personnes et des échanges de marchandises. Cette situation n’est pas tenable, nous le savons et désormais tous les indicateurs sont dans le rouge.

Après la révolution numérique de ces dix dernières années, de nouveaux industriels ont émergé : les Tech. Ils construisent les infrastructures invisibles des prochains systèmes de transports. Très fortement connectés à la mul-titude et riches, ils n’ont qu’une obsession : supprimer la clé de voiture dans votre poche. Uber, Google, Didi ou encore Amazon vous enveloppent de mul-tiples services sur-mesure apportés au plus près. Les cinq prochaines années seront le théâtre d’un combat inédit avec les acteurs historiques dont le cœur de leur modèle reste encore et toujours la production et la vente de voiture.

Le numérique ne va pas toujours apporter des solutions à nos pro-blèmes de transports. Par contre, il va amener de nouveaux problèmes, de nouvelles formes de surveillance et de traçage, de nouvelles chaines de valeur déstabilisantes pour les acteurs historiques. Il oblige tous les acteurs à se réinventer. Un renversement des rôles entre les États et les principales villes du monde pourrait également se mettre en place devant les problèmes sanitaires et la pression des urbains.

Dans la mobilité, comme dans bien d’autres domaines, nos imaginaires sont pauvres. Stérilisés par des années de marketing des industries en place, les futurs proposés restent, bien souvent, des tendances que l’on poursuit, tout en appelant sans cesse à « l’innovation ». Il devient urgent de recharger le futur en inconnu, de proposer une multitude de cygnes noirs, d’utopies et de dystopies, d’inviter des ruptures dans d’autres domaines comme le futur du travail, des monnaies, de la santé, du voyage ou de l’habitat.

L’art est un lien majeur des communautés humaines. Il fédère autour de lui en même temps qu’il élève et apporte une autre façon de voir le monde. Invitons les Artistes pour nous projeter dans de nouveaux imaginaires des mobilités !

Gabriel Plassat

ÉDITOS

Mobilité

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Méthodologie

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

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sCénarios

Imaginer les futurs de la mobilité.

Le programme d’impact collectif de thecamp, Waves, incubé par thecamp foundation, mobilise des talents engagés autour de problématiques sociales et environnementales, liées aux objectifs de développe-ment durable de l’ONU.

Dans le cadre du projet « Imaginer les futurs de la mobilité », nous avons fait le choix de nous éloigner des in-novations technologiques existantes pour se concentrer sur un champ peu étudié, mais qui permet l’émergence d’idées radicales : celui des imaginaires. Pendant 6 mois, nous avons organisé de nombreux ateliers et conférences entre Aix-en-Provence, Marseille et Paris, pour créer des petits scénarios sur les mobilités de demain.

Ces scénarios ont été la source d’inspiration prin-cipale pour notre évènement de clôture : l’ImagineCamp. Cet évènement a rassemblé un groupe de 50 étudiants et jeunes diplômés pendant 3 jours pour produire des scé-narios collectifs, narratifs et illustrés. Cet ImagineCamp, a été divisé en trois phases ;

• l’accueil des participants et l’organisation de

quelques conférences inspirantes le vendredi soir• la phase d’exploration la journée du samedi grâce à des ateliers d’écriture et d’illustration• la phase de production de samedi soir à dimanche midi, pour rédiger et illustrer un scénario en équipe

En réunissant ces talents de tous âges, cultures, et disciplines, nous avons souhaité faire émerger des scéna-rios dystopiques et utopiques, permettant de mettre en lumière des futurs possibles de la mobilité.

La collaboration est donc au cœur-même de ce projet. Mais nous le savons tous, elle n’est pas une pro-phétie auto-réalisatrice. Il ne suffit pas de placer des individus dans une pièce pour faire jaillir des étincelles. La collaboration a ses avantages mais amène aussi son lot de difficultés.

Oui, chercher des idées à plusieurs peut être très sa-tisfaisant : on partage des connaissances ; on confronte nos points de vue ; nos compétences se complètent ; les idées des uns inspirent de nouvelles idées chez les autres ; le groupe nous donne de l’énergie et de la motivation...

Mais paradoxalement, chercher des idées à plu-sieurs peut aussi virer au cauchemar : on n’avance pas dans la même direction car il n’y a pas d’objectif  ; on se perd dans des discussions interminables ; on choisit les idées les plus molles car elles sont les seules à faire consensus ; on abandonne tout effort car déjà trop de participants se disputent la parole ; on finit avec un mal de crâne et la sensation qu’on aurait mieux fait tout seul...

Comment accéder aux avantages du groupe sans en subir les difficultés ? C’est exactement le propos d’une méthode collaborative : faciliter les interactions au sein d’un groupe, créer les meilleures conditions pour at-teindre collectivement l’objectif que l’on s’est fixé.

Lorsque, au contraire, la méthode n’est pas adap-tée aux objectifs ou au contexte, son effet peut être très contre-productif. Par exemple, prenez un groupe de 10 personnes et demandez-leur d’écrire un slogan publicitaire sur un sujet donné. C’est probablement une des pires tâches à donner à un groupe. Chacun voudra y mettre de sa propre idée et il est probable que le résultat soit finalement un consensus mou incohérent entre plu-sieurs propositions.

Pour aboutir aux scénarios que vous allez découvrir, nous avons fait face à d’importants challenges, d’autant plus qu’il s’agissait d’un premier format de ce type pour thecamp :

• Des temps courts : durant 6 mois, nous avons or-ganisé 5 workshops de 4 heures à Paris, thecamp et Marseille afin de produire des graines de scénarios dystopiques et utopiques. L’ImagineCamp, sprint créatif final servant à créer les scénarios, a quant à lui duré un week-end (du vendredi soir au dimanche après-midi).

• Des participants aux profils variés qui ne se connaissent pas : chaque évènement réunissait une cinquantaine de personnes  : étudiants, experts, politiques, artistes, entrepreneurs, enfants... En peu de temps, les groupes devaient se rencon-trer et apprendre à travailler ensemble.

• Un sujet complexe : la mobilité, ou les mobilités... Avec des facteurs économiques, sociaux, légaux et technologiques à prendre en compte.

Une méthodologie collaborative pour explorer les imaginaires

MÉThODOLOgIE

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

17 18Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

sCénarios

Nous avons également renoncé à la traditionnelle session de « pitch ». Il y a souvent une contradiction entre ce que l’on demande de produire (dans le cas de l’Ima-gineCamp, un scenario narratif et son illustration) et ce que l’on demande de présenter (un pitch à l’oral). Cette approche présente plusieurs limites : • Une perte de temps au premier sens du terme :

Si on demande aux participants de présenter un pitch, ils vont mettre de l’énergie dans une pré-sentation Powerpoint convaincante. C’est autant d’effort qu’ils ne pourront pas mettre dans le dé-veloppement de leur projet. Or, notre temps était très limité.

• Valorisation de ceux qui savent mieux parler  : le format de présentation devant un auditoire favorise ceux qui sont à l’aise avec l’exercice, et défavorise les autres, sans rapport aucun avec la qualité de leur production. • Tout ne s’exprime pas par la parole  : certains aspect du projet sont difficiles à exprimer dans un format pitch, en groupe.

Pour ce projet, nous ne souhaitons pas voir les parti-cipants lire leurs scénarios sur scène. Nous nous sommes inspirés de Museomix, un concept de sprint créatif dans les musées, qui a été un des premiers évènements à per-mettre aux participants de présenter leurs projets sous forme d’exposition interactive. Comme Museomix, nous avons choisi que les participants puissent mettre toute leur énergie dans leur production.

A l’issu de ce sprint créatif, qui clôture notre cycle de 6 mois consacré aux imaginaires de la mobilité, nous vous proposons ce livre d’anticipation, qui rassemble les 7 scénarios et des prototypes de véhicules du futur créés par des enfants entre 7 et 13 ans, pendant l’Imagine-Camp, les débuts de scénarios rédigés pendant les ate-liers précédant l’évènement. Ces scénarios ouvrent des fenêtres sur des futurs possibles, à favoriser ou à éviter.

Jules Zimmermann, Arthur Schmitt

03. What You Make Is What You Present (WYMIWYP)

Notre parti-pris de départ a été de donner le plus d’autonomie possible aux participants au sein du cadre que nous leur avions fixé. Nous avons choisi de leur impo-ser un programme et des contraintes au début, pour créer les conditions de l’autonomie dans un second temps.

Comme les participants ne se connaissaient pas entre eux, ne connaissaient pas thecamp, et ne parlaient pas tous la même langue (l’évènement étant organisé en français et en anglais), nous leur avons concocté un pro-gramme dense le vendredi soir pour leur arrivée : visite de thecamp, conférences, discussions d’ouverture, panel d’experts internationaux, atelier pour se rencontrer et enfin une soirée conviviale.

Le samedi matin a été consacré à des ateliers courts d’écriture et d’illustration en communs. Ceux-ci étaient imposés, visant ainsi à leur donner l’opportunité de se rencontrer et de travailler ensemble, mais aussi de leur faire approcher à la fois l’écriture et l’illustration, sans distinction des préférences de chacun.

Le samedi après-midi, plusieurs ateliers étaient organisés et les participants choisissaient librement ceux auxquels ils souhaitaient assister, un format baptisé « Bazar ». A ces ateliers se sont joints un groupe de 25 enfants de 8 à 13 ans, afin de créer un échange entre les générations et de permettre aux adultes de s’inspirer de l’imagination débordante du groupe d’enfants.

Plus le week-end avançait, moins nous souhaitions de contraintes dans le programme. A partir du samedi soir, plus rien n’était imposé. Les équipes ont pu travailler sur leur projet en parfaite autonomie, et rédiger leurs scénarios dans la langue avec laquelle ils étaient le plus à l’aise. À ce moment-là, ce sont les participants qui sollicitaient les experts et non plus l’inverse. thecamp ne se positionnait plus comme animateur mais comme une boîte à outils.

Dans les programmes de sprints créatifs, les par-ticipants se précipitent généralement dans la phase de génération d’idées, négligeant souvent les étapes préliminaires nécessaires à la création : apprendre à se connaître, apprendre à travailler ensemble, acquérir des connaissances, échanger, explorer de nombreuses pistes...

Nous avons positionné la phase d’émergence d’idées assez tard dans le programme ; cela a permis de frustrer volontairement les participants et a accordé un temps plus important à l’exploration du sujet. Ainsi les participants ont formé les équipes et proposé des idées de scénarios qu’à partir du samedi soir. Avant cela, une « constellation d’inspiration » avait été créée sur le cam-pus pour permettre aux participants de s’inspirer des petits scénarios créés pendant les ateliers précédents. Il leur a été également vivement recommandé d’y rajouter leurs productions au fur et à mesure des ateliers de la journée pour s’inspirer les uns des autres.

Cette phase préliminaire a été clé dans la constitu-tion des équipes, permettant aux participants d’interagir avec plusieurs personnes différentes avant de choisir avec qui travailler. Bien que les participants ne s’étaient jamais rencontrés avant l’ImagineCamp, la création des équipes s’est faite de manière très naturelle et il y a eu très peu de friction à l’intérieur des équipes pendant la phase de production.

Les partis-pris de l’ImagineCamp

02. Prendre le temps de l’exploration et frustrer les participants

01. Autonomiser et responsabiliser

MÉThODOLOgIE

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scenario

What if we could teleport ourselves?

In 2100, everyone has only one thing in mind : the art of teleportation. Thanks to the multiplication by 100 of research funding on the subject, all the best scien-tists of the world are working on it. Simultaneously, the limitations on the transportation increase ubiquity. As there is no genetic mixing anymore, consanguinity grows while the societies decline. Fear, depopulation, obesity are now major issues. In an attempt to tackle them, rituals of women swapping have been implemented - imitating some prehistorical tribes - unsuccessfully as of today. Cities, which at first were utopian, fall into

scenario

What if we rationed mobility? In the future, the world itself is polarized between

ultra-centralized cities and the countryside, a “no-go” zone where nomads – the “uncivilized” - live.

Because of an energy shortage, trips between the cities are limited. Governments restrict citizen movements through a system of mobility ration tickets. Every week, citizen receives a ticket allowing them to cross the ci-ties’ borders.

Behind the walls of the city, transportation is restricted to soft mobility only. Gradually, the restrictions spread within all sectors: economy, culture, entertainment, and education. The black economy is thriving. In no time, the tickets are in the hands of a few only.

Therefore, the antagonism between the cities is rising. Conflicts and the fear of the other are escalating. The lack of interactions between the cities triggers a loss of genetic diversity. The “mobility corridors” between the cities are ultra-secured to avoid any contact between the “uncivilized” and the “civilized.”

We are seeing the emergence of a two-tier society. Ci-tizen movements are regulated and codified while the nomads roam freely with alternative transportation, whose are still unknown.

scenario la Demoiselle

What if we could optimize the use of several transportation systems?

With an increasing number of megacities, and sub-sequent increase in mobility needs around the world, bigger and bigger hubs are being developed. Finding our way to the next means of transportation or where to purchase a ticket can sometimes be very compli-cated, especially with the increasingly automated sys-tems being introduced. For example, how can we make connecting with an autonomous shuttle leaving to the city center from a sprawling airport that has dozens of bays more easy?

Let’s say I’ve just landed my drone-car on top of one of the buildings overlooking the multimodal hub and I need to catch the autonomous shuttle somewhere on the other side of the hub. I have a meeting downtown in exactly 30 min and crossing the hub will take some time, so I need to be sure about the departure times and if the shuttle will take all my baggage.

Hopefully, technological progress will have brought some interesting features to help me with my journey, guiding me through the hub and the whole transfer process. For instance, I can leave my bags with a per-sonal connected bracelet for a robot bellhop to store them in the secure bag drop area under the hub. This leaves me free to sprint towards the shuttle depar-tures. My connected lenses display the quickest route through the terminal in augmented reality. On the way, I notice they’ve installed some new wheelchair docking stations where you can re-charge and download simi-lar guiding instructions. That’s a great system, one my disabled brother started using recently with his connec-ted wheelchair. Now, making connections for him is a

scenario

What if we lived on water? In the future, cities have spread to the sea. 80%

of mobility is aquatic. The cities are composed of in-dividual islands - many of them artificial - which have a well defined utility : there is the Energy Island, the Economy Island, the Waste Island, the Agriculture Is-land … The logic behind all this is bio-mimicry. When an island becomes too small, or when the community starts consuming too much energy or generating too much waste, it is deserted, as it is entirely biodegra-dable. The population then spreads in new islands. The archipelagos appear and disappear. Transport adapted to this way of life are still to be invented.

scenario la Demoiselle

What if transportation means could restore our connection to Nature?

Something unexpected has happened: I am not the sole keeper of this land anymore. As a ranger in charge of a wil-derness area, sometimes I can feel lonely, especially with all the responsibility I have on my shoulders. So when I was told a new transportation service was to be put in placeacross one of the protected areas I watch over, at first I was pretty worried. Pollution, noise and squashed animals were the first things that went through my mind. However, the team in charge of the project contacted me very early in the process to design a system that would have the least possible impact on the environment. This made total sense, since the service was intended to provide access to a new natural reserve recently opened to the public. The team made good their intentions in two different ways.

First, the design of the vehicle has fully integrated the environ-mental constraints. Powered by liquid hydrogen produced by water electrolysis and equipped with the latest filters, it produces almost no toxic emissions. The engine is incredibly silent, a vital factor if the latest environment scanning system is going to work. Previous versions were good at detecting movement but, paradoxically, were often unable to detect motionless (or very slow-moving) obsta-cles such as hedgehogs. No longer an issue with this shuttle! And the icing on the cake is that the special tires dramatically reduce dust dispersal, a potential a long-term problem for roadside flora.

The second aspect is the awareness program specifically deve-loped for this route. Various contents are proposed to the passen-gers, depending on age or field of interest, to help them better understand and protect local biodiversity. One very nice feature is the augmented reality system built into the vehicle’s windows, which displays images of the fauna and flora in their natural en-vironment. The shuttle is also equipped with a number of sensors (temperature, humidity…) to help us monitor conditions in the area more closely. But what I like the most is the possibility for trave-lers to help me in my work using the virtual binoculars, with which they can observe the state of the vegetation or spot signs of the presence of various animals (tracks, stools etc.). Participation is encouraged thanks to a fun and useful gaming app, with some frequent travelers becoming real experts! Moreover, the initiative is beginning to create a community, with an increasing number of people suggesting and participating in conservation schemes. So I really feel I’m not alone in my job anymore!

scenario la Demoiselle

What if transport systems could store my data?

Ten years ago, I bought a bus ticket to go from Paris airport to the center. I bought the ticket with my airline ticket number to get a special price. Great! I inserted my credit card in the machine, bought the ticket and everything worked out just fine…

Ten years later (we’re now in 2030), I’m at Paris airport again and I want an easy way to get to the city center. I remembered the last time and how simple it was. So I go to the machine to buy my bus ticket and, to my great surprise and without inputting any information even, the machine already knows my name, age and home address. It appears the company has replaced all its buses with driverless shuttles –smart idea! I jump in the shuttle, excited at the prospect of this first-time experience.

Strangely, I don’t recognize any of the buildings along the road, it’s not like I remember it. It’s a little unsett-ling, but I say to myself that ten years is a long time and cities change. I’ve been in the shuttle for about 20 minutes and it seems to be going pretty fast and taking –in my view- a lot of risks. Another thing: a voice has started talking to me, mentioning some fairly personal stuff, such as the last thing I bought online, the latest places I’ve traveled to by plane and also more private details about my family. I’m becoming more and more uncomfortable with what’s going on. I can’t figure out who it is talking to me, why they’re even criticizing my personal beliefs… I try to find the security button to call someone, but I don’t see one. I start to realize that, while the artificial intelligence behind the system is at my service, it also has the capacity to intrude on my personal life. The extent of what they can do just by analyzing the data on my credit card and my airline ticket is really scary. I hope my dentist doesn’t find out I was in that candy store in London last week…

scenario la Demoiselle

What if machines could help improve social ties in the city?

Autonomous transport systems are an exciting in-novation to improve mobility in tomorrow’s cities. Riding in a self-driving vehicle is a very odd experience, one that makes us totally re-think the way we get around the city. For instance, with no driver in the vehicle, what happens in an emergency situation? Perhaps more importantly, will autonomous systems further reduce human interaction in public spaces – or are they, on the contrary, an opportunity to renew the social aspect of public transportation?

I dream of driverless vehicles of the future that would be designed with these issues in mind. This would re-quire a re-think of the vehicle’s interior to make it more user-friendly, but also to provide a global experience that fosters positive social interaction and makes public transportation more attractive. For instance, I imagine entering the shuttle and being welcomed by a hologram that encourages me and my fellow passengers to po-litely acknowledge each other’s presence. Depending on the trip circumstances, passengers could be invited to participate in activities to break the ice, which could help restore human contact etc.…

scenario

What if we just walked?In 2030, the development of alternative solutions

to petrol and diesel vehicles is taken aback due to a fuel shortage. Walking becomes the primary mode of transportation again. Exoskeletons and doping agents are now the two main fields of research worldwide.

scenario la Demoiselle

What if we wanted autonomous systems to be ethical?

When I was young, I loved to discuss Asimov’s laws of robotics with my friends. However, the situations we talked about always seemed to refer to a fictional uni-verse, very far from our concrete technological reality.

Looking around me today, with the perspective of in-creasingly automated systems, particularly in the trans-portation sector, I’m starting to reconsider this view. Moreover, getting older izs making me focus more on aspects I wasn’t focusing on when I was in better shape. Now I’ve become physically weaker and slower, using public transportation isn’t always easy. In a number of cases, when I’ve missed my stop or have been carrying heavy packages, the driver has taken pity on me and been kind enough to let me off between stops. I never thought that could happen with driverless shuttles…

Nevertheless, some companies have started develo-ping more sophisticated intelligent systems. A few weeks ago, when renewing my transit card, I was as-ked if I’d agree to have it linked to my medical file to benefit from a customized service. I must say I was a little reluctant to allow access to such personal data. But yesterday I witnessed a new function in action on a driverless shuttle. An old lady with a big shopping bag was too slow to push the button for her stop. She spoke to the “machine”, which displayed a hologram of a human head on its screen. It seemed to scan her before showing sincere empathy and letting her off the shuttle at the next safe place. I wondered what algo-rithm had been used to decide who is too young and fit to deserve such special treatment and would just be disrupting the shuttle’s schedule…

scenario

What if journeys were meaningful experiences?

In 2050, half of the couples meet in public trans-port. Transportation - as we know it - doesn’t exist any-more. People travel organically without stress. All the areas are designed to encourage exchange and create connections between the passengers. Progressively tech-nology disappears. The passengers share meaningful and sensorial experiences. All modes of transportation are interconnected whatever the distance travelled, to somewhere near or far, just like a fractal.

scenario

What about the noise our vehicles make?

In 2050, transportation is forbidden to make any noise. Noise nuisance is recognized as a harmful pol-lution, severely sanctioned by the government. Initially created to reduce vehicles’ speed and increase the share of soft mobility, the “anti-noise” policy quickly evolved in a sensory dictatorship, a fascist struggle against noise.

Progressively, the cities slow down to respect the new policy, under the surveillance of an “anti-noise” mili-tia. Engineers start a seemingly hopeless race against time to reduce noise while the urban spaces are aban-doned. The creativity and social diversity decrease.The idea of “acceptable noise” arises, where “harmonic noise,” emitted by an elite, is tolerated. In contrast, those whose activities generate noise are banned from any social advancement. Never could yogis have imagined this corruption of the quest of silence.

2050. Transportation doesn’t make noise anymore. The newly installed government, “The social silent mo-vement” promotes meditation and the will to return to a prenatal environment. Soon enough, stress decreases while trust between people increases. A society of trust and harmony emerges where people have more time to think and attain wisdom.

scenario

What if we were the ones who had to adapt to our transport systems?

2050. Monday at 3am, Eric goes to work by train. The ticket is 1€. Same day at 9am, Nathalie, CEO, spends 400€ for a ticket for the same route. It doesn’t bother her, she can afford it.

To fight against pollution and traffic congestion, the government implemented an evolutive transportation rate system depending on the time of the day.

To avoid paying an excessive price, some workers adapt their schedule and leave at unusual time. Yet, office hours remain the same, based on the pace of the wealthy. Forced to wait for hours in front of their offices, the poor go on strike for the right to telework. In a few city, the poor are listened to. Office hours change. Yet, due to lack of general rhythm, everyone is slowly driven to madness. A new epidemic is born, the “kill out.”

In the rest of the world, the omnipotent transportation lobby vetoed the teleworking proposition. Indeed, in recent years, the mobility tickets (MT) are subject to intensive speculation. Allowing telework would reduce the number of mobility tickets in circulation which is inconceivable. The purchasing power allowed to mo-bility is doomed to blow up, leading to unprecedented disparity of wealth.

After a couple years, getting a MT is so hard that the grading system appears: if you buy a ticket but miss the train, your mobility grade (MG) decreases. Everyone is permanently on alert, ready for the next ride. People stop sleeping altogether.

Where the transportation should be at the service of humanity, in fact, humanity is the one at the service of the transportation and the social model which was built around it.

scenario

What if we couldn’t find a solution to replace oil based energy?

2030. The world is in the middle of an energy cri-sis with a generalized shortage of oil. In no time, eve-ry country is undergoing a massive rural exodus even bigger than the one witnessed during the industrial revolution. The countryside is empty.

2035. For the first time, the headline of Le Monde ma-gazine reads: “The end of the countryside.” People rush in the cities to take advantage of a few electric public transports left.

2040. Those means of transportation become useless. A martial low imposes a transport regulation policy. Citizen must book tickets in advance, the price of which depends on the load to be carried.

scenario

What if YOU were the means of transport?

Imagine yourself as a road, but not a normal road, a living road. You can talk, move, modify your shape, shrink or grow up depending of the crowd, change your color according to the weather, the day, your mood … You have a face, eyes, and even a nose. The most im-portant of your attributes is your mouth. With it, you can notify the travellers of possible dangers, warn them against fast drivers, or inform them about the weather - “be careful of the snow.”

With your eyes which see everywhere, you can provi-de some guidances to the drivers about which “floor” they should take : an elevated floor for the one who want to speed and a slower floor on the ground level. Passengers have to choose where to drive depending on the roads’ mood and personality. The roads where people speed are generally more irritated and more dangerous. However, the roads less travelled are nicer and less unpredictable.

scenario la Demoiselle

What if Kids could travel in autonomous cars?

Man, waiting for my personal autonomous car to make its way out of this nightmarish traffic jam is bo-ring me out of my brain! Getting to high school takes me two hours every day, two hours sitting on my own in a vehicle I’m beginning to hate. It’s surprising to feel that way when I look backto two years ago…

I remember how excited I was when I found out what my Christmas gift was: that year’s bestseller -my own private Kid-Car! Some of my friends already had one and I was really hoping I’d get one. My joy was matched by my mother’s relief at not having to pick up any more of her kids at the school bus stop (with the decline in public transportation, the only operating line’s stop was now too far away to walk). My Kid-Car was just a Microsoft-Nissan W206 -but convertible and with a trendy ice-blue paint job and three flexible touch screens. It was totally awesome. The disappointment came later…

In under two years, car traffic has increased dramati-cally, especially at rush hour. Most of my friends don’t really seem to care (or maybe pretend not to) – they spend the journey time mostly watching videos or playing games. Unfortunately, I get travel sick pretty bad and I can’t take more than thirty minutes in front of a screen on the move -books are no better. The drop top is not much use either. I used it a lot to begin with to get some fresh air, but the pollution levels are so high onmy route that I caught some kind of skin allergy and my doctor has told me to keep the top up. I wish my parents could afford to buy me a Kid-FlyCar. There’s a boy in my class who has an Apple-Jaguar K2000, which is authorized to fly beyond the city’s Belt 2. He says he can get from his home to the school’s airship docking station in twenty minutes. But he also told me the waiting time to land is increasing fast…

scenario

What if public transport was a place to socialise?

In 2050, public transport is the only places where people can meet. Why so? A birth-rate slump that the government is trying to halt. A police state has the idea of using transportation to encourage the emergence of a new society. As the poor and the wealthy don’t use the same means of transport, the new transportation system is designed to separate the social classes ac-cording to the tastes and the purchasing power of the passengers.

scenario

What if we traveled in bubbles?

In the future, we move around in bubbles. Light, airy, transparent, bubbles are the unique transportation mean universally endorsed by all. The bubbles are not owned by anyone. They capture surrounding energies to come and go according to the needs of the travelers. They can split or gather to form one entity and the-refore become a shared transportation system. The bubbles make us discover new landscapes, new places, depending on our mood, our desires and the people we’re traveling with.

book

Terrariumby Scott Russell Sanders, 1985

Humanity enclosed in a network of domed cities, afloat on the oceans, due to extreme global pollution. There is large-scale social engineering which not only dictates procreation, but also instills social fears of the outside, here called “the wild.” Teeg Passio is a “wildgoer,” one of those allowed to exit the domes to perform necessary maintenance. When she meets Phoenix Marshall, dome-bound resident of the floating Oregon City, she shakes up his ideas and his place in the world.

Moon Colonies by John Berke

book

The Water Knifeby Paolo Bacigalupi, 2015

The Water Knife imagines a drought-devastated Southwest where the elite have taken refuge in arcologies that rise above the tattered, desperate suburbs of Phoenix and Las Vegas. The “water winners” in the arcologies enjoy abundant, recycled water while drought refugees scramble for survival on the parched streets outside.

book

The World Insideby Robert Silverberg, 1971

Most of the global population of 750 billion lives inside giant skyscrapers, called «urbmons», each of which contains hun-dreds of thousands of people. The urbmons are arranged in «constellations». Each urbmon is divided into «neighbo-rhoods» of 40 or so floors. All the needs of the inhabitants are provided inside the building – food is grown outside and brought into the building – so the idea of going outside is heretical and can be a sign of madness. The book examines human life when the population density is extremely high.

Otoh Gunga, Star Wars I, 1999

Support Installation by Lorenzo Quinn, 2017, Venice at the Ca’ Sagredo

scenario

What if we didn’t have any access to our coasts anymore?

Due to climate change, the coasts, where 90% of the world population used to live, are now flooded. Apart from the ecological catastrophe it represents, the entire social system has been altered.

More than 80% of the world population has perished. An “hourglass effect” appears : the poorest people re-main on the coasts, relying on marine resources. They are condensed in dangerous and unstable areas, that are continually devastated by floods. The richest chose to go back to inland areas, to flee the coasts and settle in new cities called “circles”.

Those “circles” are very homogenous and stereotypical. People, intolerant to change, are increasingly shutting themselves away. Those gigantic “gated communities” are closing in. The population living outside are reduced to nomads and their social statutes are void.

We are not in a world in which cities are prosperous and nomads suffer the consequences of their preca-rious situation. Here, there are no winner. The “circles” are becoming the symbole of the downfall of our civi-lisation. The means of transport for long distances are disappearing, due to lack of needs : the circles are small enough to only require soft mobility. Besides the coasts do not have any vehicle at all, as the people living there are not able to develop the necessary infrastructures.

Only 1% of the population has something to win from this situation : the R&E (Resources & Energy) cast. As they receive from the circles’ governments the only vehicles capable of covering the immense distances between two cycles (where resources are exploited). Between the circles (in remote inland areas), they enjoy total freedom of mobility in a world that is starting to look like a desert.

Engine

Nautilusby Jules Verne, in 20000 leagues under the sea, 1872

Described by Verne as «a masterpiece containing master-pieces». It is designed and commanded by Captain Nemo. Electricity provided by sodium/mercury batteries (with the sodium provided by extraction from seawater) is the craft’s primary power source for propulsion and other services.

book

Starfishby Peter Watts, 1999

Emotionally damaged people are sent to work next to a giant rift in the ocean floor, harvesting energy for surface dwellers. The workers are a bio-engineered crew — people who have been altered to withstand the pressure and breathe the seawater to work in this weird, fertile undersea darkness.

«Rifters» sacrifice one of their air-breathing lungs to make room in their chests for machinery which allows them to electrolyze oxygen from their aqueous environment. They also bear other implants which regulate chemicals and in-ternal pressure; modifications necessary to allow the Rifters to survive in their high-pressure, high-saline, ocean-floor homes. The Rifters aren’t entirely human.

Aequorea by Vincent Callebaut a multi-use oceanscraper printed in 3D from recycled materials

Definition

ArcologyA portmanteau of «architecture» and «ecology», is a field of creating architectural design principle.

Unus Mundus by Ernst Haeckel

Metamorphoses by M. C. Escher

Definition

BiomimeticsBiomimetics or biomimicry is the imitation of the models, systems, and elements of nature for the pur-pose of solving complex human pro-blems.

Doctor Strange, 2016

by Maciek Drabik

Spiral by Robert Smithson, 1970

Il était une fois la vie

Unicycle-Style by Manuel Alvarez-Icaza

Swiss, Ghost in the Shell, 1989

Doctor Strange, 2016

by Fernan Federici

scenario

What if we didn’t need infrastructures or vehicles to travel?

After a boom of public transportation at the end of the XX century, the logic was pushed to the maxi-mum to the point where the network itself became a means of transport.

The roads disappeared replaced by “the milky way,” a lively and dynamic network powered by the vehicles’ energy. People walk, swim, slide on it. The more a track is used, the more dynamic it becomes. On the contrary, when unused, the tracks disappear, entirely biodegra-dable.

The logic of transportation becomes a logic of journey. The notion of traffic becomes a notion of flow. Every-thing is fluid, in a permanent movement. The “milky way” adapts itself – shape and color – to its surrounding.

We are seeing the emergence of a two-tier society. Ci-tizen movements are regulated and codified while the nomads roam freely with alternative transportation, whose are still unknown.

Mary Poppins, 1964

movie

Arrivalbased on The Story of Your Life, 2016

The Heptapods are alien creatures who don’t experience time linearly but rather simultaneously. Their written language exists multidimensionally and the dimension modifies the meaning. “They experienced all events at once, and perceived a purpose underlying them all … a simultaneous mode of consciousness,” the story says.

Definition

OnenessThe principle of oneness esho funi: e (the environment), and sho (life), are funi (inseparable). Funi means two but not two. Buddhism teaches that life manifests itself as both a living subject and objective en-vironment. Although we perceive things around us as separate from us, there is a primal level of exis-tence in which there is no sepa-ration between ourselves and our environment

show

Serial Experiments Lain1998 - 1998

All of humanity in the last episode of Serial Experiments Lain, after everyone is subconsciously connected to each other through an advanced, global, wireless version of the internet.

Definition

Global BrainThe global brain is a neuros-cience-inspired and futurological vision of the planetary information and communications technology network that interconnects all hu-mans and their technological ar-tifacts[1]. As this network stores ever more information, takes over ever more functions of coordination and communication from traditio-nal organizations, and becomes increasingly intelligent, it increa-singly plays the role of a brain for the planet Earth

book

The Giverby Lois Lowry, 1993

The society has taken away pain and strife by converting to «Sameness», a plan that has also eradicated emotional depth from their lives. Jonas is selected to inherit the po-sition of Receiver of Memory, the person who stores all the past memories of the time before Sameness, as there may be times where one must draw upon the wisdom gained from history to aid the community’s decision making. Jonas struggles with concepts of all the new emotions and things introduced to him: whether they are inherently good, evil, or in between, and whether it is even possible to have one without the other. The Community lacks any color, memory, climate, or terrain, all in an effort to preserve structure, order, and a true sense of equality beyond personal individuality.

movie

Eternal Sunshine of the Spotless Mind2004

Shy, soft-spoken Joel Barish and unrestrained free-spirit Clementine Kruczynski begin a relationship on a Long Is-land Rail Road train from Montauk to Rockville Centre. They are almost immediately drawn to each other, despite their contrasting personalities, and both had felt the need to tra-vel to Montauk that day.

show

Sense82015

The story of Sense8 begins when the psychic connection of eight strangers from different cultures and parts of the world is «birthed» by a woman called Angelica. The eight eventually discover they now form a cluster of «sensates»: human beings who are mentally and emotionally linked, can sense and communicate with each other, and can share their knowledge, language, and skills.

My Neighbor Totoro, 1988

book

“Art is charisma, pouring out of anything whatsoever, whether we humans consider it to be alive or sentient or not.“– Timothy Morton

book

Robot Dreamby Isaac Asimov, 1986

«Robot Dreams» involves Dr. Susan Calvin, chief robopsy-chologist at U.S. Robots. At the start of the story a new employee at U.S. Robots, Dr. Linda Rash, informs Dr. Calvin that one of the company’s robots LVX-1 (dubbed Elvex by Dr. Calvin), whose brain was designed by Dr. Rash with a unique fractal design that mimicked human brain waves (positronic brain), experienced what he likened to a human’s dream.

Aladdin, 1992

show

WALL-E2008

In 2805, Earth is an abandoned, dystopian planet covered in garbage, with its people evacuated by megacorporation Buy-N-Large on giant starliners as the starliner Axiom.

The Axiom’s passengers have become obese and feeble due to microgravity and reliance on an automated lifestyle.

WALL-E, 2008

Public Transportation by James Dyson

Concept. Art by Russ Heath

Overboard, Back to the Future, 1985

by Amy Casey

by Jiyen Lee

engine

Helico-Garbagein MacGyver, 1990

In the fifth season premiere, MacGyver sneaks into a rebel compound that’s holding some important guy prisoner. Wit-hout being detected, MacGyver strings together some poles, garbage bags, an engine and a bunch of duct tape. Soon he and his rescue pitch this absurd craft off a huge cliff and it honest-to-gosh flies.

Future Living Report, Samsung

Tree Hopper by OTCO

by Nicky Chan

by Joris Bonnesoeur

by Vincent Pasque

Création : Maguelone DUNOYER

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SCÉnarioS

rables, des remises en état, des projets éducatifs…Et les abonnés ne se font plus de sang d’encre avec leurs déménagements car la société s’occupe de tout, nous raconte Noah Cimbali le fondateur de la société: “Nomadic a créé une nouvelle façon de vivre. Plus besoin d’acheter de biens matériels superficiels tels qu’une télévision ou une machine à laver. Vous vivez là où vous le souhaitez.” Les Nomads sont attachés à l’essentiel. Leur motto ? Rester flexibles, mobiles et agiles.

Charlotte Chebassier, Martin Langeard, Kevin Abou Khalil, Ioannis Tzavaras, Yvan Manière

La génération cloudlA géNéRAtioN CloUd

SCÉNARIOS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

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sCénarios

La génération cloud : ils vivent un endless summer1er juillet 2030

Vous avez déjà dématérialisé toute votre vie sur un cloud et votre blockphone est un lointain souvenir? Maintenant, vous pouvez aussi le faire avec votre maison. Naomi est allée à la rencontre des Nomads pour thecamp.

Alors Martin, on est où là?Bienvenue chez moi déjà! J’adore que mon appart soit situé dans une lon-gère avec vue sur un ruisseau. Ça fait 2 semaines que je suis là, et ça me fait du bien d’avoir changé d’air. J’avais besoin d’aller chercher de nouvelles idées et aussi de m’engager dans la transition environnementale.

Comment as-tu découvertNomadic ?Grâce à ce programme, j’ai

vraiment pu accepter toutes les op-portunités qui me plaisaient. Dans mon Master en Entrepreneuriat, j’ai pu passer toutes mes études dans des lieux emblématiques et contex-tuels à mes études. Par exemple, j’ai pu suivre l’évolution du mouvement Jougad en Inde durant ma 3ème année d’études, et l’année suivante j’ai pu aller en Islande pour étudier le gouvernement participatif.

Mais attends, ça n’était pas trop pénible tous ces changements ?

Ah non c’était super, j’ai fait huit dé-ménagements dont cinq avec une partie de mes amis qui ont emmé-nagés dans le même quartier. C’était génial parce que j’avais déjà des re-pères avec mes amis. Et surtout, je n’ai déplacé aucun objet personnel à chaque fois.

Et être avec les mêmes per-sonnes à chaque fois, ça ne t’a pas enfermé dans la décou-verte de la culture ?

Oui c’est vrai, mais ça m’a permis de créer des liens uniques avec ces per-sonnes. Après oui, parfois on tourne un peu en rond, et c’est aussi pour ça que j’ai choisi de faire trois destina-tions tout seul.

Quand tu es seul c’est vraiment différent ?

Oui. D’un côté, c’est pas évident de s’intégrer à chaque fois, mais grâce à mon engagement éco-nomadic j’ai rencontré plein de monde. Quand je suis arrivé il y a deux semaines par exemple, j’ai aidé à remettre en état le moulin du quartier. C’est pas en-core fini, mais ça me fait du bien de sentir que j’ai une action concrète sur mon environnement et je rencontre des gens qui partagent cela.

Et à chaque fois tu te sens vrai-ment chez toi ?

Oui, parce qu’aujourd’hui je n’ai pas besoin de posséder des choses mais je cherche à découvrir des univers et développer une identité émotionnelle personnelle en me plongeant dans différents univers.

La société Nomadic a boule-versé le mode de vie de 1,6 millions d’abonnés depuis sa création en 2018, en leur permettant de vivre le néo-nomadisme. La formule 100% nomade leur permet de changer de lieu de vie quand ils le souhaitent. Trois mois en plein centre-ville puis un mois à la montagne suivi de deux mois au bord d’une plage, les No-mads n’ont plus de frontières. La communauté Nomadic permet de rencontrer partout dans le monde d’autres Nomads, de partager des moments ensemble et de s’entrai-der. Il est possible de participer à des ateliers tels que des constructions durables, des remises en état, des projets éducatifs…

Et les abonnés ne se font plus de sang d’encre avec leurs déména-gements car la société s’occupe de tout, nous raconte Noah Cimbali le fondateur de la société: “Nomadic a créé une nouvelle façon de vivre. Plus besoin d’acheter de biens matériels superficiels tels qu’une télévision ou une machine à laver. Vous vivez là où vous le souhaitez.”

Les Nomads sont attachés à l’essentiel. Leur motto ? Rester flexibles, mobiles et agiles.

Martin, 26 ans, jeune entrepreneur

SCÉNARIOSLA gÉNÉRATION CLOUD

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

27Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

ScénariosLa génération cloud

Salut Abou. Est-ce que tu peux nous dire ce que tu fais dans la vie ?

Je travaille en tant que coach en ligne. J’aide les gens à devenir meil-leur dans les sphères de leur vie qu’ils souhaitent améliorer. Cela peut être financier, améliorer leur vie de couple, leur santé, ou leurs relations avec la famille et les amis. Tu arrives juste à temps d’ailleurs, je viens de finir une réunion avec l’un de mes élèves!

Pourquoi as-tu adopté ce mode de vie ?

Le mouvement c’est la vie. Vous n’imaginez pas toutes les rencontres passionnantes que j’ai fait grâce à ce système, il me suffit d’ouvrir la porte d’entrée pour découvrir une culture différente, avec ses normes et ses codes.Et puis, avec la technologie actuelle, quoi de plus simple ? Lorsque j’arrive chez moi, toutes mes affaires sont déjà là : les chemises dans la pende-rie et ma lecture du moment sur la table basse de la chambre.

Envisages-tu de construire une vie de famille ?

Je suis déjà fiancé. Ma chérie et moi avons tous les deux un contrat de lo-gement International. L’un des ap-partements dans lesquels je peux habiter est le même que l’un des siens! Quand elle a l’occasion de ve-nir en France, elle a en quelque sorte un pied à terre. J’ai seulement à m’arranger pour y être en même temps qu’elle. Avec la famille, c’est la même chose. Mes parents et frères vivent un peu partout dans le monde, et tous les ans nous nous retrouvons pour environ un mois quelque part. Ça nous permet de vraiment conser-ver un lien fort.

Prévoyez-vous d’avoir des en-fants avec ce mode de vie ?

D’ici quelques années peut-être. Dans ce cas, nous pensons nous sta-biliser dans une ville Nomadic. Re-gardez par la fenêtre  : vous voyez ces ponts reliant les bâtiments entre eux  ? Ils sont on ne peut plus facile d’utilisation, que ce soit pour une femme enceinte ou une poussette. De plus, plusieurs écoles sont à diffé-rents endroits de la ville pour faciliter le trajet maison-école peu importe le logement en cours. Et puis si on dé-cide d’agrandir la famille, nous pour-rons très facilement changer pour vivre dans un lieu plus adapté à notre famille !

Abou, avec sa fiancée charlotte, 36 ans, coach personnel

www.lesgrandsvoisins.org/leprojet-2015-2017Les grands voisins

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

29 30Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

sCénarios

Ok Yvan, alors je comprends que Nomadic te permets de vivre partout mais j’ai l’impression que tu es plutôt bien installé à Maville?

Correct ! Je vis à Maville toute l’an-née et je me plais vraiment ici. La ville est entièrement gérée par Nomadic et du coup je rencontre sans arrêt des personnes différentes qui vont et viennent. Pour moi, ça me permet de changer en général deux à trois fois par an. L’hiver j’aime bien aller m’installer dans une cabane isolée en lisière de ville, c’est mon côté in-troverti qui reprend le dessus. Alors que l’été contrairement à certains de mes potes, j’adore être en plein cœur de ville pour sortir le long des quais. C’est vraiment génial d’avoir une ex-périence différente dans la même ville et de pouvoir casser le rythme de temps en temps.

Mais ça n’est pas pénible de de-voir changer aussi souvent?

Non pas du tout. Je réserve en géné-ral quelques semaines à l’avance puis le départ et l’arrivée dans ma nou-velle maison coïncident. J’ai juste sur moi mes affaires pour la journée et je laisse la maison en l’état – le frigo rempli, le linge dans le bac, les cadres au mur. Je ne possède aucun mobilier à part quelques objets sentimentaux qui me suivent partout. Et vu que je ne suis pas stressé pour le déména-gement, j’en profite souvent pour al-ler voyager le week-end dans une ville nouvelle. En général, il faut compter 48 heures pour avoir ma nouvelle maison installée. Quand j’arrive, tout est prêt et même mes fromages sont au bon endroit dans le frigo.

Et ce n’est pas trop imperson-nel de vivre dans un endroit où tu n’as pas choisi le canapé et les rideaux?

A vrai dire c’était ma seule inquiétude quand j’ai souscrit au service, surtout que j’adore aménager mon chez moi et construire des meubles sur me-sure. Mais en fait, j’ai découvert que tout ça reste possible. Si quand j’ar-rive à la maison, je trouve que le ca-napé serait mieux sur l’autre mur, je le déplace. Et avec tous les espaces de co-living dans l’immeuble, je passe très souvent du temps à construire des choses. L’année dernière, nous avons construit un foyer dans le jardin avec les voisins. C’était très cool de les rencontrer en le construi-sant et de passer ensemble des nuits au coin du feu. Nous restons de bons amis.

• Le phénomène Nomads pose beau-coup de questions sur notre façon de vivre en mouvement, que ce soit dans une ville ou à plus grande échelle. Alors, effet de mode isolé ou véritable changement au niveau planétaire ? •

Alors Tzannis, tu n’as pas vendu ta maison?

Oui, en effet j’ai gardé ma propre maison. Même si Nomadic m’a per-mis de vivre et partager des expé-riences uniques, j’ai besoin d’avoir mon chez moi.Nomadic est un facilitateur global, qui encourage les activités de loisirs et du travail au travers le monde.Personnellement, j’ai découvert une multitude de pays au travers des continents et cela m’a permis de col-laborer sur des projets d’ingénierie très stimulants.

Mais pourquoi vous avez le be-soin de posséder une maison?Vous pouvez me penser un peu

ringard, en analysant l’impact qu’a Nomadic sur notre société, mais la ré-alité c’est que ma maison a une valeur sentimentale importante pour moi. Elle m’a été transmise de générations en générations. Je sais que je repré-sente une part de plus en plus faible des clients qui souhaitent conserver une maison permanente, mais les avantages de la flexibilité, du non-en-gagement et de la communauté sont oppressants pour moi.

Qu’est ce qui pourrait vous faire changer d’avis?

Nomadic inclus déjà un service de dé-ménagement, qui est déjà une pre-mière étape. Non seulement on évite cette galère, mais en plus vos af-faires vous suivent partout. Mes amis qui sont aussi hésitants à se lancer à 100% dans l’aventure partagent mon avis sur les pistes d’améliora-tion du service. J’adorerais que No-madic me permette de choisir un lieu qui ressemble à ma propre maison ou des services qui me permettent de la recréer. En même temps, même si ce service est proposé, j’ai l’impres-sion que ma maison est unique et ne pourrait jamais être reproduite à l’identique.

Alors Tzannis, tu n’as pas vendu ta maison?

Oui, en effet j’ai gardé ma propre maison. Même si Nomadic m’a per-mis de vivre et partager des expé-riences uniques, j’ai besoin d’avoir mon chez moi.Nomadic est un facilitateur global, qui encourage les activités de loisirs et du travail au travers le monde.Personnellement, j’ai découvert une multitude de pays au travers des continents et cela m’a permis de col-laborer sur des projets d’ingénierie très stimulants.

Mais pourquoi vous avez le be-soin de posséder une maison?Vous pouvez me penser un peu

ringard, en analysant l’impact qu’a Nomadic sur notre société, mais la ré-alité c’est que ma maison a une valeur sentimentale importante pour moi. Elle m’a été transmise de générations en générations. Je sais que je repré-sente une part de plus en plus faible des clients qui souhaitent conserver une maison permanente, mais les avantages de la flexibilité, du non-en-gagement et de la communauté sont oppressants pour moi.

Qu’est ce qui pourrait vous faire changer d’avis?

Nomadic inclus déjà un service de dé-ménagement, qui est déjà une pre-mière étape. Non seulement on évite cette galère, mais en plus vos af-faires vous suivent partout. Mes amis qui sont aussi hésitants à se lancer à 100% dans l’aventure partagent mon avis sur les pistes d’améliora-tion du service. J’adorerais que No-madic me permette de choisir un lieu qui ressemble à ma propre maison ou des services qui me permettent de la recréer. En même temps, même si ce service est proposé, j’ai l’impres-sion que ma maison est unique et ne pourrait jamais être reproduite à l’identique.

Tzannis, 48 ans, ingénieur

Yvan, 37 ans, Designer

• Le phénomène Nomads pose beau-coup de questions sur notre façon de vivre en mouvement, que ce soit dans une ville ou à plus grande échelle. Alors, effet de mode isolé ou véritable changement au niveau planétaire ? •

SCÉNARIOSLA gÉNÉRATION CLOUD

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SCÉnarioS

Garance Aulagne, Raphaëlle Sleurs, Raphaëlle Kerbrat, Audrey Jaillard

the bee pRojeCt

SCÉNARIOS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

33 34Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

sCénarios

Le changement climatique a fait son chemin et le monde a connu en trois ans, ce qu’il prévoyait voir venir en dix ans. Le scénario catastrophe à court terme s’est fait prophétie réalisatrice. La hausse de la température globale accélère la fonte des glaces. Un data center russe a dû être déplacé par les autorités internationales, de peur de couler dans les abysses de l’océan arctique. Le vortex de plastique créant ce 6ème continent en plein cœur de l’océan Pacifique n’a cessé de grandir et se déplace lentement vers la côte japonaise, affolant des milliers d’habitants logeant sur le littoral. Cau-chemar. Où pouvons-nous voir une issue à ce début d’autodestruction ? Coup de massue. Ces évènements ont provoqué la réunion des consciences autour d’une prise d’initiative incontournable à l’échelle globale. Le 1 juillet 2022 a donné vie au premier AMC, Accord Mondial sur le Climat, réunissant tous les pays du monde, sans exception. Les GAFA ont mis leurs compétences au service d’une meilleure utilisation des données de localisation dans les zones en danger écologique ; les plus grandes multinationales ont signé un traité en faveur du financement des opérations et des nouvelles technologies à haut potentiel d’amélioration de l’environnement. Mobilisation générale.

Dans les pays sous-développés, un article de l’AMC prévoit l’assistance obligatoire pour la récolte et la revalorisation des déchets à long terme. Faire des déchets une ressource, le temps d’inventer la technologie pour les exterminer.

C’est à ce point précis que Ouagadougou tient sa place. Avez-vous déjà pu déambuler dans cette ville Burkinabaise ? Ces rues, celles que vous n’avez peut-être jamais traversées. Des rues aux multiples visages… D’abord, celles que l’on appelle les “goudrons”, sur lesquelles on marche prudemment, sur le côté, de peur de se voir bousculé par la conduite affolée des mobylettes qui arpentent la ville. Ensuite, celles qu’ils appellent les “6 mètres”, chemins bordés de trous, de terre et sectionnées par des intersections tous les six mètres durant. « Jamais personne ne circule ici », vous diraient les habitués. Mais encore, les “pistes”, ces routes qui jalonnent l’extérieur de la ville et qui relient le centre avec les quartiers dits “non lotis” où vous ne trouverez ni eau ni électricité. La diversité de ces voies observe une diversité de déchets, affalés sur le sol, décorant un paysage aride et colorant une route de terre marron. En Afrique, vous en trouverez deux types : les déchets plastiques, in-cluant sacs et sachets de toutes sortes, et les déchets organiques, éléments phares du compost. Le réseau de transport n’est que peu développé. Les bus

La première question que vous nous poseriez est sûrement : où sommes-nous ? Après tout, c’est la question que l’on se pose dès que l’on arrive quelque part… quand on frise l’inconnu...

Imaginez.Nous sommes au cœur de la belle Ouagadougou, anciennement

nommée “Terre des princes”, située au centre du pays dans la province du Kiadogo, au Burkina Faso. Une ville abritant plus de deux millions d’habitants sur une terre hasardeuse mais pleine d’espoir.

Voyageons à quelques instants de là où nous sommes, nous, heu-reux lotis de 2018… et transportons-nous, non pas dans un futur loin-tain qui ferait voguer nos esprits vers un avenir précis mais, plus près…

Bien plus près......en 2022.

ne passent quasiment jamais. Leurs lignes de circulation sont accaparées par les taxis, peu pratiques et chers. Vous ne trouverez pratiquement pas de voiture, seulement de vieilles mobylettes européennes très polluantes dont la conduite effrénée provoque un grand nombre d’accidents, incluant des enfants transportés à 4 ou 5 par des mères qui manquent de moyens.

Ouagadougou a donc une place éminemment importante dans le pro-jet d’implantation de ce qui a été appelé : The Bee Project. Il est pilote sur le test d’une nouvelle mobilité, inconnue. Inspiré du système de pollinisation des abeilles, The Bee Project a permis la création du premier réseau de navettes bénéfiques pour l’environnement. Cette démarche d’amélioration se déduit de sa capacité à collecter et à trier les déchets tout en améliorant la qualité de l’air environnant. Pour que l’effet “pollinisateur” soit ressenti, un système rotatif de cinquante navettes dans la ville et sa périphérie circulent tout au long de la journée et permettent d’arroser une grande partie du territoire. Des bornes d’appel sont situées à plusieurs endroits pour permettre à tout habitant souhaitant se déplacer dans l’agglomération de le faire avec le moins de contraintes possibles. Il s’agit bel et bien d’un service de transport collectif mais sans parcours attitré. La navette vogue au gré des appels pour parcourir un trajet qui lui permettra de récupérer le plus de voyageurs et, dans un même temps, de récolter le plus de déchets possibles. Des chauf-feurs locaux sont engagés et fédérés autour de la cause de revalorisation des déchets. Un GPS est intégré dans chaque véhicule pour prévoir un parcours optimisé prévoyant la coordination de toutes les navettes et un nettoyage optimal de la ville ainsi que de sa périphérie. Les spécificités locales ont contraint les roues du véhicule à être résistantes à tout type de terrain en garantissant un confort maximal à la population utilisatrice.

Cette démarche biomimétique permet de reprendre l’idée d’une ruche comme point d’ancrage et d’un parcours où chaque trajet a une valeur ajou-tée. La collecte des déchets plastiques et organiques par aspiration filtrée permet un tri sélectif une fois l’entrée dans l’habitacle arrière du véhicule. Une fois compressés, les déchets organiques génèrent du biogaz qui est valorisé pour assurer le fonctionnement du véhicule. Les déchets plastiques, quant à eux, sont amassés en briques et déposés à la Ruche une fois le service terminé. Ces briques sont stockées dans le hangar et transportées dans les quartiers périphériques pour construire de nouvelles habitations et établis-sements éducatifs. Elles permettent d’isoler les intérieurs de la chaleur, de revaloriser des milliers de déchets quotidiens et de construire à bas coût. Pour garantir une action sur la qualité de l’air, la carrosserie de la navette est parée d’un revêtement catalytique qui transforme le CO2 en oxygène grâce à des particules de ciment vaporisé et de dioxyde de titane (TiO2). Son action permet de dépolluer l’air, en local, grâce au fonctionnement de la mobilité publique. Les habitants utilisent donc moins de mobylettes polluantes et dangereuses, au bénéfice d’une mobilité propre et intelligente.

The Bee Project sera l’interface privilégiée de la mobilité active dans les pays sous-développés où les déchets sont amassés et laissés à l’abandon, et où les solutions de mobilité sont limitées à des deux-roues hypra-polluants.

SCÉNARIOSThE BEE PROjECT

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SCÉnarioS

La terre dans mes poumons, l’odeur du plastique chaud, les particules qui se mélangent et rentrent dans mon corps. Une heure et demi de trajet pour aller à l’école, j’étais déjà contaminée, et tous les jours, ce cauchemar recommençait.

Jusqu’à mes 11 ans, je pensais que les déchets disparaissaient tout seul, d’eux-mêmes, dans les airs, dans l’eau. Comme un fruit qui se décom-pose, comme une flaque d’eau qui s’évapore. Il y a vingt ans, j’allais à l’école à pied avec mes camarades. Je revois encore ma maman à l’angle de la rue Sangoulé Laminza et de l’avenue de l’Oubitenga, me laissant partir au milieu de toutes ces particules de plastique, me laissant traverser au milieu des vrombissements des mobylettes. Et le soir, toujours au même endroit, elle m’attendait. Au bord du 6 mètres. Au milieu des déchets. Toujours les mêmes déchets. Toujours la même odeur, un goût de pétrole dans nos poumons. Les gens tombaient de plus en plus malades, nos animaux aussi….

Jusqu’à ce jour. Je me souviendrais toujours de cette grande révolu-tion, comme un monde qui se renversait. La maîtresse est arrivée un matin, tellement heureuse, ses yeux pétillaient, elle était tellement en joie de nous partager cette magnifique nouvelle. Les bras chargés de nouveaux cahiers, des cahiers neufs, comme on en avait jamais vu. Sur la couverture, le symbole qui a changé nos vies : l’AMC, l’Accord Mondial pour le Climat. J’ai appris bien plus tard que même au-delà de Ouagadougou, bien au-delà de la province du Kiadogo, bien au-delà du Burkina Faso et bien au-delà de l’Afrique, cet Accord Mondial pour le Climat a changé la vie de tous les citoyens du monde. Du haut de mes 11 ans, le 1er Juillet 2022 nous vivions un jour historique pour notre avenir.

“Les enfants, je suis heureuse de vous présenter un tout nouveau programme, centré sur l’écologie. Vous ne le savez peut-être pas, mais tous les grands chefs du monde ont réussi quelque chose qui nous paraissait inimaginable, quelque chose d’incroyable, un accord historique a été signé et croyez-moi les enfants, nos vies vont changer. Nous allons apprendre à partir d’aujourd’hui à préserver notre Terre et Ouagadougou a été choisie comme la première ville au monde pour tester le projet The Bee”.

Bien sûr, je ne savais pas ce que voulais dire The Bee à cet âge-là, mais ma maîtresse avait raison, The Bee a complètement changé ma vie.

Bzzzzzz — The Bee arrive. « Montez avec moi, je vous emmène faire un tour dans la ville la plus propre du monde … Ouagadougou ! ». Qui l’aurait cru un jour, pas vrai ?!

En vingt ans, la ville a changé et les habitants aussi ! Tous responsables, tous actifs, tous citoyens de notre ville. En vingt ans, nous avons découvert une ville incroyable, nous avons pu développer de nouveaux quartiers, offrant aux habitants une qualité de vie inégalée, les quartiers “non lotis” sont devenus habitables et accessibles. Et tout ça... grâce aux déchets et à The Bee ! Chaque jour est devenu différent, encore plus positif et plus propre que le jour d’avant. “Vous arriverez à destination dans 30 min” —

www. thecamp.fr/fr/projet/clean-cityClean City

2030 — Nafi, 31 ans, 6 mètres n°21

SCÉNARIOSThE BEE PROjECT

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

37Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

Et voilà ce que nous offre The Bee, traverser la plus grande ville du Bur-kina Faso en 30 min seulement ! Incroyable ! Et en toute sécurité. Les mères peuvent maintenant laisser partir les enfants à l’école sans se faire de souci, sans risquer leur vie et celles de leurs enfants au milieu des mobylettes. The Bee a réduit de presque 90 % les accidents routiers !

Au début du projet, en 2022, les habitants de Ouagadougou s’em-pressaient de tester The Bee, voyant ce transport comme un instrument magique. Les habitants regardaient avec stupéfaction les déchets se faire aspirer, s’amusaient à traverser la ville de long en large, découvrant des quartiers jusqu’alors inaccessibles ! La curiosité des habitants face à cet engin révolutionnaire a même permis de dépasser les objectifs estimés par les organisations internationales en seulement six mois. Les Ouagalais ont été extraordinaires. Tellement fiers de porter devant le monde entier le projet The Bee, les Ouagalais valorisaient leurs déchets en les déposant aux bornes d’appel des navettes et bénéficiaient d’un ticket de transport gratuit.

Mon quartier d’enfance, le quartier de Pissy, a changé en quelques mois et quelle fierté j’ai eu quand j’ai pu raconter à mes camarades de classe qu’une maison avait été construite pour ma famille, avec des briques en plastique recyclées. Petit à petit, tous les enfants de l’école habitaient dans de vraies maisons. Chaque matin, on se bousculait pour monter dans ce transport magique qui nettoyait la ville en nous conduisant dans notre école, où nous apprenions à changer le monde.

Vingt ans se sont passés depuis l’implantation du premier transport The Bee. Je regarde avec joie mon enfant jouer dans la rue, sans peur qu’il ne se fasse écraser par la circulation intense, sans peur qu’il ne respire des parti-cules de pétrole. En vingt ans, notre air s’est purifié à 80%, le vrombissement des mobylettes et le grincement des freins aux feux rouges ne sont que de vagues souvenirs. L’effet pollinisateur des navettes a permis des rencontres incroyables entre des habitants qui n’avaient jamais eu l’occasion de se parler auparavant. Les navettes ont amené les habitants les plus curieux dans des quartiers très différents de leurs quartiers d’origine, permettant une pollini-sation des idées très rapide. Grâce à toutes ces rencontres, ces évolutions et ce développement exponentiel, la technologie attendue au début du projet est arrivée bien plus vite que nous l’avions pensé, ce qui a permis à The Bee d’avoir de nouveaux objectifs.

Je peux maintenant me promener dans la ville, emmener mon enfant jouer dans des parcs et profiter des eaux abondantes descendant des col-lines sans me soucier de la pollution. Maintenant que les quartiers “non lotis” se sont transformés en quartiers de maisons en briques de plastique recyclé, la ville va instaurer un nouveau service de distribution et d’assainissement de l’eau vers les quartiers les plus éloignés du centre-ville. Ce n’est que le début d’une transformation écologique durable, au service de notre mobilité.

The Bee, restera toujours à mes yeux, ce transport magique que j’ai vu arriver au matin de mes 11 ans, le transport qui aura donné du travail à un quart de la ville, le transport qui m’a permis de respirer à pleins poumons et de jouer dans les rues en toute sécurité.

www.droitlibre.net/brigade-verte-de-ouagadougou-la-proprete-au-peril.htmlLa Brigade verte

de Ouagadougou

Aujourd’hui, je fête mes 31 ans.

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SCÉnarioS

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Chloé Rotrou, Laura Pouppeville, Julien Lecreux, Adam Djouldem, Victor Richard

RAleNtiS

SCÉNARIOS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

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sCénarios

Mais les kilomètres défilent. Je les traverse. Enfin, l’engin dans lequel je suis les traverse.Lui, il ressent l’air qui lui frappe à la gueule. Le vent en pleine face à plusieurs centaines de kilomètres heures.L’atmosphère qui le fait vriller un peu plus à droite, le sol qui le fait vibrer.

Moi, je ne fais pas grand-chose, mais je ressens les choses.Je perçois l’interaction de l’engin avec son environnement.Ça peut me procurer un peu de plaisir, ça peut me faire vibrer un peu, faire vriller mes fluides sur la droite.

S’infiltre dans l’aération entre le verre et moi une essence bleu- vert du paysage.Plus les couleurs deviennent profondes et plus l’odeur devient acide, sèche ou même d’un mélancolisme contrôlé.Nous venons de passer le mont blanc dont les contours en surbrillance nous invitent à en savoir davantage. Mont d’Auvergne, Baie de Saint- Tropez, Falaises de la côte d’Opales se construisent comme une nuée de moucherons.Je tapote sur le moucheron, l’écrase.

Paysage inconnu, au moins jamais remarqué, déjà passé trop vite.Je rattrape l’image, il défile à nouveau, au ralenti.Immersion, impression, je me laisse porter quelques minutes par les détails.Village, colline, bosquet, autre village, finalement lassant.Je passe mon chemin, le paysage est de nouveau autorisé à disparaitre.

Je suis immobile.

Ce petit siège où je suis assise, dimensions pensées pour les membres moyens des humains. J’ai de la chance, je suis plus petite que la moyenne. J’ai plus d’espace que celui prévu pour contraindre mon corps.Je suis immobile, c’est-à-dire que je suis réduite à peu de mobilité.Je peux pour si peu me lever et faire une dizaine de pas dans le couloir.Chaque pas m’offrira un nouveau point de vue sur mon environne-ment, une nouvelle image.En tout cas, la plupart du temps, dans ces cas-là, je suis immobile.

SCÉNARIOSRALENTIS

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SCÉnarioS

Ford Mobility concept — Nicky Chan

www.behance.net/ gallery/53851669/Ford-Mobility-Concept

Le volcan d’Auvergne vient renforcer la courbure sous mes fesses, les ter-rils du nord sa fermeté.La Loire m’invite en méridienne à suivre la barque folle du voyage.

Mes pieds s’inclinent brusquement. Orteils à 50° des chevilles.Ça se produit toujours à ce moment du voyage. Je l’attendais.A chaque fois que je fais ce trajet, mes chevilles s’en souviennent. Ça fait travailler mes articulations.Bas,haut,très bas,très haut.

Bras accoudés sur la surface tempérée. C’est agréable. Chaleur conduite jusqu’à moi. Là, c’est ce qu’il va me falloir.Parfois j’aime le choc.Que ça me brûle le coude l’été, que ça me gèle les doigts l’hiver.Un petit sursaut, puis je m’acclimate.Là, c’est ce qu’il me fallait. Je peux ressentir les nuages frais du début du printemps.

SCÉNARIOSRALENTIS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

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sCénarios

Les passagers désirent autre chose.Plus rythmé, plus surprenant.Quand ça arrive enfin, les oreilles re-pénètrent petit à petit le conduit. Bruit doux, subtilement, air environnant.

Petit coup d’accélération.Je bascule.Le dossier enveloppe mon corps.Aspire ma colonne vers l’arrière.Je m’enfonce.

Ça m’oppresse.S’il ralentit, je me libère.Je veux maîtriser à nouveau mon voyage.

Il ralentit.Je peux m’en extraire.Je quitte mon siège.

Les images me suivent.Celles qui ont attrapé mon regard.Celles que j’ai attrapées.Je les goûte à nouveau.Elles se diffusent, s’infusent avec toutes celles de mes trajets passés.Je choisis la bonne, celle à transmettre.Qui restera suspendue ici, pour les prochains.

Je le reconnais ce bâtiment. Lui, je le remarque à chaque fois.Je déteste passer devant. Bruit puissant. Territoire étranger.Le vas et vient.Ca pousse en moi.Répandu.Violenté.Je m’extrais au plus vite du conduit sonore.

SCÉNARIOSRALENTIS

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SCÉnarioS

Lilith Guillot, Charles Manalt, Waël Smali, Amaury Bouquet, Romane Monvoisin

lA ligNe QUAtRe-ViNgt tRoiS

SCÉNARIOS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

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sCénarios

Maria. Ménage la nuit, tango la journéeAprès six heures de travail épuisantes dans les

bureaux de La Provence, Maria peut enfin souffler et rentrer se reposer chez elle. Ce soir-là, elle doit encore patienter 20 minutes à l’arrêt de bus pour emprunter le chemin du retour.

Ce retour, elle le connait si bien  : depuis 8 ans, elle emprunte cette même ligne 83, où des dizaines de destins se croisent et s’entremêlent. Femme forte et authentique, elle n’a peur de rien, ni de jour, ni de nuit. Mais chaque soir, des regards insistants la toisent et la confortent dans ce sentiment de rejet du monde qui l’entoure.

Franck partage son quart d’heure d’attente pour lui aussi prendre la ligne 83, ce même bus qu’ils utilisent depuis longtemps déjà. Titubant, le regard vide, il semble autant perdu dans ses pensées qu’abandonné par son propre destin. Alors pensive, elle se rappelle de sa toute première rencontre avec son voisin de bus Franck, cet homme désabusé… C’était au même endroit, un an auparavant.

A cette époque, dans un mauvais soir, Franck avait maladroitement demandé à Maria le chemin vers le Dédé bar, son repère. Mais manquant de tact, Maria avait perçu dans son approche une agression et refusé d’échanger avec lui. Au moment où la situation avait commencé à dégénérer, elle avait pu compter sur l’in-tervention de deux des facilitateurs sur la ligne. Étonne-ment, ils avaient alors réussi à apaiser les tensions plutôt intelligemment en permettant à chacun d’exprimer leurs émotions.

C’est dire que depuis que la ville avait rendu gra-tuits les transports en commun et remplacé les contrô-leurs par des facilitateurs de communauté, la ligne 83 n’a plus rien à voir avec ce qu’elle avait été….Maria peut dé-sormais compter sur des médiateurs qui lui permettent de se sentir en sécurité lors de ses trajets. Tout le monde dans le quartier apprécie leur travail et la communication entre usagers s’est nettement améliorée grâce à leur fine connaissance de la communauté.

Même après des journées épuisantes, cela lui arrive de participer aux fameux After-day plage de la ligne 83, où les usagers de sa ligne se retrouvent pour se rencon-trer, discuter des problèmes qu’ils rencontrent, et décider des leviers d’actions pour s’engager. Face à l’engouement de cette ligne test unique à Marseille, la ville a même pro-posé d’allouer un budget participatif de fonctionnement pour permettre au collectif d’usagers de mieux s’appro-prier leur bus et de le faire évoluer en fonction de leurs besoins et de leurs idées. Maria jette un coup d’œil vers Franck, puis discrète-ment, elle sourit. Elle repense à leur première rencontre, cela la pousse à ne pas perdre espoir dans la vie.

***Il y a un an, certains auront voulu m’utiliser pour analyser les rapports entre les usagers de bus. Au-jourd’hui, je constate avec plaisir que les facilitateurs ont fluidifié les échanges entre Maria et Franck et qu’ils n’ont plus besoin de mes vidéos 4K.

SCÉNARIOSLA LIgNE QUATRE-VINgT TROIS

— —

Magalie. Trop bon, trop conEncore une longue journée pour Magalie. Toute une

journée à rechercher un travail, à préparer la présentation de son parcours. Quand elle entre dans la L83, sa seule envie serait d’écouter sa playlist habituelle « Easy Maga-lie », mais voilà que seules les places « Discussion » sont disponibles dans le bus. Magalie prend donc place dans ce carré destiné aux échanges. Pour l’instant, personne sur ce carré. Elle en profite pour observer les passagers du Safe Space. Autour d’elle, deux adolescents ont pris place dans l’espace « Jeu ». De loin, Magalie semble re-connaître les cartes de Dixit. « C’est vrai que c’est sympa quand même ces animations », pense-t-elle. Derrière les deux ados, une vielle dame et un petit jeune pouffent de rire. Magalie se penche un peu. « Ah, le jeu des anecdotes drôles », se dit-elle. Elle y avait joué la semaine passée et admet qu’elle avait apprécié ce jeu ; le trajet était passé plus vite et, de mémoire, le jeune homme avec qui elle avait joué était plutôt mignon.

Magalie aurait bien continué à observer les autres passagers, mais un homme s’avance vers son carré et s’assoit à côté d’elle. « Allez, s’encourage-t-elle, dis un truc sympa ». Mais à peine a-t-elle le temps de prononcer un mot que l’homme lui dit : « B’nsoir ». L’éducation de Magalie veut qu’elle ne juge pas les inconnus aux premiers abords, mais cet homme ne la rassure guère. « Bonsoir », répond-elle, calmement. « Belle soirée, n’est-ce pas ? ». « Mouais », répond l’autre en tanguant légèrement sur son siège. Magalie commence presque à le plaindre : à son âge, se mettre dans des états pareils. Elle en éprou-verait presque de la pitié... jusqu’à ce qu’elle se rende compte que l’énergumène regarde avec insistance son décolleté. Alors qu’elle s’apprête à le remettre à l’ordre, le flash se déclenche. « Krrrchkr ! ». Aussi bien le bruit que l’intensité de la lumière est au bord du supportable. Mais ce flash n’a de toute manière pas été conçu pour être agréable. L’idée de ses concepteurs : repérer, tel un radar sur une route, les comportements dangereux dans les transports en commun et les référencer auprès de la RATP (Résolution Auto-gérée des Troubles Publics).

« Ça va, madame ? ». Un agent du Safe Space vient d’arriver auprès de Magalie. « Mes yeux », dit en gémis-sant l’homme, « mes yeux ». Profitant du fait qu’il soit affaibli par la lumière, l’agent en profite pour le prendre avec lui et l’amener vers la porte de sortie. Les adoles-cents viennent lui porter secours et la vieille dame de-mande au chauffeur de s’arrêter. Magalie est un peu sous le choc, elle ne s’attendait pas à ce que les choses aillent aussi vite. « Ne vous en faîtes pas, dit l’agent d’un air qui se veut rassurant, la prochaine fois on saura le repérer ». Magalie s’enfonce dans son siège, courbe ses épaules et baisse la tête comme pour se protéger quand elle se rend compte qu’elle a une abominable tâche d’huile au niveau de la poitrine.

***D’après la texture de la tâche, je dirais... huile d’avo-cat. Mais ce n’est pas ça qui intéressera les agents de la RATP. Ils lui préfèreront mon image en haute définition de l’homme qui zieutait son décolleté. Heureusement que j’ai une vue panoramique pour saisir toute déviance.

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SCÉnarioS

Jeannine. Le travesti qui fédèreLes cloches sonnent : minuit. Jeannine se presse,

passée une certaine heure, les alentours ne sont plus très sûrs. Ses talons aiguilles le ralentissent et sa jupe moulante ne cesse de remonter. Il s’arrête un instant pour la redescendre, mais file son bas résille avec ses faux ongles. « Merde ! », lance-t-il quand soudain il entend une voix au loin : « Ben alors tata, on s’est perdu en chemin ? », et un autre de renchérir en ricanant : « Tu t’es fait com-bien ce soir, grande folle ? ». « Merde et merde ! » pense Jeannine ; il ne les avait pas vus venir. Ce n’est pas les premiers qu’il voit, de nouveau, les rues sont souvent mal fréquentées dans ce quartier. Mais Jeannine n’aime pas croiser des jeunes bourrés de testostérone et de whisky coca qui veulent prouver qu’ils sont des caïds. « C’est vrai, s’interroge-t-il, ils ont quoi ? 24 ans ? ».

Les jeunes se rapprochent. Jeannine se redresse avec hâte, sort son téléphone portable et active son Safe Space en même temps qu’il change de trottoir. Alors que l’un d’eux s’avance dangereusement vers Jeannine, les ultra-sons s’activent et l’obligent à se reculer. « Ça vous apprendra, sales gosses ! », dit à demi-mot Jeannine. A peine cinq minutes plus tard, une agent de la RATP (Résolution Auto-gérée des Troubles Publics) vient à sa rencontre. « Ça va... madame ? », demande-t-elle, hési-tante. « Oui, mon petit chat, tu peux ranger ton taser, ils sont fichés, ça y est. »

M. Anderson. Le poète déchuM. Anderson n’en finira donc jamais. Alors qu’il est

déjà 22h passé et qu’il sort à peine du travail, voilà qu’il se fait refuser l’entrée dans la L83. — « Mais laissez-moi rentrer, merde ! », crie-t-il devant la porte qui reste fer-mée. « Restez chez vous les déviants », entendit-il au loin.

Un an. Un an que M. Anderson se voit refusé l’accès aux transports en commun entre 17h et 8h du matin. Un an qu’il est fiché SD et que son collier s’illumine dès que la nuit tombe. L’agglomération avait présenté cela comme une avancée révolutionnaire pour les femmes. « Safe Space, le premier réseau inclusif au monde permettant de ramener de la sérénité dans les transports ». Le fonc-tionnement était simple : un algorithme repère les per-sonnes identifiées comme Sexuellement Déviantes et celles-ci sont ensuite équipées de colliers qui s’illuminent la nuit, telles des lucioles. Mais le système ne s’arrête pas là, les fichés SD sont également interdits de transports à certaines heures et refusés quand le nombre de per-sonnes à bord est trop important.

Seulement voilà  : comme tout algorithme, Safe Space comporte des failles et M. Anderson en est l’illus-tration. Un an auparavant, il a reçu une convocation pour aller au Commissariat. « Fiché SD » disait le document. La suite s’enchaînera vite : interpellation à domicile un matin et depuis, sa vie, n’est qu’enchaînement de refus. C’est vrai qu’il blague souvent et qu’il a la critique facile, mais de là à être fiché...

***De loin, je reconnais Jeannine qui arrive avec un air fier. Je transmets aux portes de s’ouvrir et la laisse entrer. A 90°C, je vois M. Anderson s’éloigner, las de ces injustices. Mais je n’ai pas le temps de m’attarder sur la situation, la conductrice me demande de zoomer sur un jeune homme qui approche.

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SCÉNARIOSLA LIgNE QUATRE-VINgT TROIS

www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=193512.htmlLes femmes du bus 678, — Mohamed Diab, 2010

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

53 54Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

sCénarios

Quentin Ravenet-Provent, Geoffrey Marino, Julie Pronzac

tiMetRAVeleR

SCÉNARIOS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

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sCénarios

Je m’assieds au bord de la rivière. Nora et Mat me rejoignent. Nous venons ici chaque année au mois d’août depuis que nous avons 8 ans. C’est un peu notre endroit secret à nous, où on vient juste avant la fin des vacances, avant de retourner sur le continent pour la rentrée.

Nous restons quelques instants à écouter le clapo-tis de l’eau. Je suis assez surprise de constater à quel point cet endroit reste inchangé malgré les bouleverse-ments qui ont lieu autour de nous depuis quelques mois.“ C’est la première fois que Tony n’est pas avec nous.“ dis-je, pensive.Mes deux amis restent muets quelques secondes.“ Ouais, mais bon c’est comme ça, dit Nora, un peu agacée.— Il n’a pas su me dire pourquoi ses parents n’avaient pas réussi à garder assez d’Ecopoints pour la navette, ajouta Mat.— En même temps c’est quoi ce délire de points,

on était très bien jusque-là et ils ont juste décidé de nous faire chier ! s’insurgea Nora avant de lancer un caillou dans l’eau.

— Ma mère m’a dit que… dis-je.— Oh arrête un peu avec ta mère, on a compris qu’elle

bossait pour eux ! Et bizarrement t’as jamais de pro-blème de points, toi ! “ répondit-elle en s’énervant.Je me tais. C’est vrai que la situation s’est compli-

quée depuis qu’ils ont activé le plan Croissance Verte de niveau rouge l’année dernière, juste après l’interdiction totale des voitures à essence en février et celle de l’éle-vage des vaches en avril. Si j’ai bien compris, depuis, tout déplacement en véhicule énergivore doit faire preuve

d’une autorisation spéciale, délivrée par une sorte d’ordi-nateur intelligent. C’est pourtant pas compliqué, vu qu’il suffit de gagner des Ecopoints en réalisant les “tâches vertes” qu’il nous envoie personnellement chaque se-maine. Apparemment, c’est important pour la planète parce que sinon ils disent qu’on risque de se retrouver à cours de “ressources”. Sauf que du coup, les magasins de mon village se sont vite retrouvés en pénurie d’un peu tout, et tout est devenu super cher. Un peu la merde quoi.

C’est aussi pour ça que beaucoup de familles, dont la mienne, ont économisé des points pour pouvoir démé-nager dans la campagne et cultiver leur propre nourri-ture. Parce qu’en ville les gens sont devenus un peu fous. Comme on ne peut plus vraiment s’éloigner, on vit entre nous toute l’année dans des petites communautés. Dans la mienne, il n’y a quasiment que des vieux. Si seulement je pouvais rencontrer de nouvelles personnes en vrai… Quand je pense qu’avant je me plaignais du métro !

“ Hier, dit Mat un peu inquiet, j’ai entendu mon père dire qu’on aurait beau faire tout ce qu’on nous dit et gagner tous les points du monde, tout ça ne servait à rien et qu’on allait droit dans le mur…— Je vois pas comment on peut faire PIRE que la situation actuelle, l’interrompit Nora.— Boarf, du moment que je peux toujours venir ici chaque année ça me va ! ” répondis-je en les pre- nant tous les deux par les épaules.Au loin, nous apercevons un cerf qui semble nous regar-der à travers les arbres.

Phase I13 août 2027, 14h54, Occiatana, Corse.

Phase II2052. Archive n°472A. Anonyme. Lieu inconnu.

Il semblerait que la société ait commencé à accep-ter la décroissance, et à s’y sentir bien. Nous avons cru au développement durable, qui nous a inévitablement mené à l’épuisement des ressources. Aujourd’hui le cours du pétrole est chaotique, et les ressources en général sont soit épuisées, soit difficilement exploitables à cause du déclin énergétique. D’ailleurs, il y a un moment que plus personne n’achète de voiture thermique ! Les entre-prises de l’énergie réfléchissent même à la question du démantèlement des centrales nucléaires, par manque de moyens pour les maintenir en marche.

Qui dit moins d’énergie dit donc moins de trans-port, et plus de commerce local. La mondialisation est une ère révolue ! Nous avons de moins en moins de voi-tures électriques, mais nous aménageons nos territoires de sorte à minimiser et optimiser les déplacements coû-teux. Finies les bananes des Antilles, ou même les to-mates d’Espagne ! Après tout, elles poussent si bien ici. Quelques trains circulent encore, mais leur coût est si important qu’il ne servent qu’au transport de marchan-dises. Cependant, les rails servent aux draisines !

Par chance, nous bénéficions d’un héritage éco-logique assez varié. Les agroforestiers ont reboisé, les oiseaux chantent à nouveau, et la forêt nous offre même le luxe d’avoir de la viande pour les repas de famille. Les permaculteurs prévoyant ont implanté des systèmes résilients qui aujourd’hui peuvent nous apporter des va-riétés de bananes exotiques, du fait du réchauffement climatique que nous n’avons pas pu ralentir durant les années « croissance verte ». Et à quel prix ! Nous avons

perdu beaucoup d’espèces, et le choc a été déstabilisant. L’approvisionnement en flux-tendu par les camions dans les supermarchés a été très perturbé dans les villes  ; c’est bien grâce aux agriculteurs visionnaires, l’investis-sement dans l’agro-écologie, que nous avons pu accepter et nourrir les urbains dans nos fermes.

Avec la capacité gigantesque d’emplois dans le domaine, nous pouvons même accepter la main d’œuvre des réfugiés climatiques qui s’arrêtent ici. Et cela vaut bien mieux que des tensions politiques.

C’est aussi ça, la décroissance. Ça n’est pas un re-tour en arrière, mais un retour à l’essentiel. Ce que nous avons perdu en confort matériel, nous avons su le retrou-ver en confort humain. Dommage qu’il n’entre pas dans le PIB ! Plus de respect, de partage, d’entraide, d’esprit de communauté. C’est amusant de voir la cohésion des couples renforcée…

SCÉNARIOSTIME TRAVELER

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

57Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

Phase III5 novembre 2347. Carnet de notes personnel de Blivius.

Ça y est, je me souviens maintenant. Il se faisait tard, le soleil nous éclairait d’un dégradé de rose et d’orange et l’ombre de la colline gagnait du terrain. Les quarante-cinq minutes de marche que j’avais à faire pour rentrer au village berçaient mes journées matin et soir.

Quand j’y pense, je me demande comment j’ai pu supporter cela aussi longtemps. J’avais vraiment l’im-pression de perdre mon temps là-bas, d’autant que je voyais passer ces toutes nouvelles autos hybrides haut de gamme. Elles combinaient pédalage et assistance motorisée et se dirigeaient vers la Grande Ville. Il était temps pour moi de partir de mon village et de tenter l’aventure là-bas. Le travail y était abondant grâce aux nouvelles usines qui s’y construisaient. La population n’a cessé d’augmenter, suivant notre capacité à transporter la nourriture des campagnes vers le centre.

De nouvelles technologies voyaient le jour en per-manence. La croissance était là pour de bon !

Aujourd’hui, en mon âge avancé, c’est en quelque sorte toujours pareil. Nos infrastructures ont dû bien évoluer depuis la dernière “Grande Dépression”. J’ai lu ça quelque part dans un vieux livre d’Histoire, mais on dirait que personne ne se souvient réellement de cette période.

En tout cas, grâce au progrès technique nous pou-vons mieux vivre ensemble. Nous n’avons plus besoin d’autant de personnes dans les champs pour produire et transporter notre nourriture. Je vois passer les convois de trains de plusieurs kilomètres de long, c’est énorme !

Il y a juste une chose qui m’a interpellé l’autre jour… Je me promenais dans les collines de mon enfance et j’ai croisé par hasard une femme, assez marquée par le temps, vivant un peu en Hermite. J’ai été surpris par une phrase écrite sur le mur de sa cabane :

“Cycles, cycles, tu nous auras ! Erreur, erreur, tu te répéteras !”

www.alternatives-economiques.fr/une-demondialisation-une-mondialisation/00083123

Une démondialisation... ou une autre mondialisation ? — Jacques Adda

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SCÉnarioS

Maxence Gires, Sebastien Roques, Viken Daquilian, Thomas Gauthier

Uget ou comment le paradigme de la mobilité a été inversé : ce ne sont plus les hommes qui vont aux services, mais les services qui vont aux hommes.

Uget

SCÉNARIOS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

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sCénarios

— Camille, mets tes chaussures on y va, le bourg est arrivé ! Dr Monier m’attend pour 17h15 je ne dois pas louper mon rendez-vous.

— Mamie, mamie où il est mon chapeau fleur ?— Sur la porte-manteau, dépêche-toi !— C’est bon j’ai trouvé, j’arrive  ! Et je pourrais avoir une glace ?— Si tu veux, on ira chez le glacier une fois arrivées à la gare !— Et dit mamie, tu faisais comment pour manger des glaces quand le train n’était pas encore là ?— Je me souviens quand j’avais ton âge, mes parents

habitaient déjà Villefranche. Dès mes 18 ans, je me suis empressée de descendre à la ville pour y faire mes études. C’est que ce n’était pas la joie les petits villages de campagnes à cette époque-là. Tous les commerces fermaient les uns après les autres, et nous n’avions pas autant d’options de divertisse-ments à l’époque. Ainsi de plus en plus d’habitants, ou du moins ceux qui pouvaient se le permettre, déménageaient pour les villes. À l’époque, les trains ne transportaient que des voyageurs tu sais, et, leur nombre diminuant, les anciennes lignes de train qui desservaient les campagnes furent fermées les unes après les autres. La société en charge des chemins de fer à cette époque ne pouvait malheu-reusement plus les laisser en route. De ce fait, nous devions faire presque une heure de route pour nous rendre aux commerces les plus proches. Et en vieil-lissant, crois-moi, ce n’est plus aussi facile de faire de la route.

— Mais pourquoi y es-tu revenue alors mamie ?— Et bien tu sais tout a changé depuis l’arrivée du

train, beaucoup d’habitants ont fait le chemin en sens inverse. Tout comme des terres arides irriguées à nouveau par un ruisseau, les villages se sont re-développés le long des voies et nous bénéficions aujourd’hui de tous les avantages de la vie à la cam-pagne et des services de la ville. En plus, je peux avoir toutes les glaces que je veux maintenant !

“Merde!” Pedro venait de percer une des pipelines d’eau qui irriguent ses terres. Un coup de fourche mal placé avait engendré l’accident. Et ces nouvelles canali-sations écologiques qu’on lui avait vendues n’étaient pas d’une solidité insurmontable. Mais bon, Pedro regardait de près ses impôts et cette acquisition lui avait permis de gagner des éco, et donc de faire baisser ses impôts. En 2068, l’eau n’était plus synonyme d’abondance. Les aléas climatiques et les différentes pollutions avaient consi-dérablement dégradé la qualité de l’eau. Celle-ci était désormais strictement mesurée et les quantités suivies à la personne près. Même pour arroser ses tomates, Pedro ne pouvait pas utiliser d’eau de pluie, au risque qu’elle ne soit contaminée par les particules polluantes dans l’air.

— Nous voilà arrivées, le train est déjà en place !Ces terrasses dépliantes m’étonneront toujours. Tous ces vérins et pistons s’activant à l’unisson pour bâtir le bourg en à peine quelques minutes, c’est formidable ! Tu sais ça me rappelle les cirques de mon enfance.

— C’est quoi un cirque mamie ?— C’étaient des salles de spectacle qui se déplaçaient

de ville en ville. Tantôt bâties tantôt repliées pour reprendre la route.

— Un peu comme le scénarium du train.— Ahaha, oui en quelques sortes… à la différence

près qu’il y avait de vrais artistes sur scène, et pas encore tous ces hologrammes et ces décors en réalité virtuelle !

Heureusement, nous sommes mardi. Pedro pourra aller à Villefranche-Vernet. Le village est à 6 km de son exploitation, à Prades. Le U-Get y sera installé de 16h à 18h aujourd’hui. Le U-Get a radicalement changé le quo-tidien de Pedro, il est devenu son point de distribution, son centre commercial, sa source d’approvisionnement en eau et son lieu de divertissements. Oui, tout ça. Pe-dro est sorti de la morosité, des fins de mois compli-quées, et surtout de la confrontation meurtrière avec les géants de l’alimentaire : MonJardin, la filiale française

de UberEats, et Green’on Time, le nouveau service de Verter, la start-up qui avait éliminé Amazon en 2 ans. Ces deux géants de l’alimentaire avaient fait table rase de la concurrence et dominaient largement le rapport de force avec les producteurs. Pedro ne pouvait rien face à eux. Pendant 10 ans, il avait essayé de lutter, à coup de coopératives, de mutualisation de livraisons à domicile, et d’eau, mais aucun modèle ne lui avait permis de faire face. U-Get était toujours un mirage pour lui. Mais U-Get aurait dû arriver plus tôt, pour éviter tout ce gâchis, et surtout, Charles serait toujours vivant, enfin peut-être…

— Huguette Corbasson s’il vous plaît, le docteur vous attend en salle de téléconsultation.— Le docteur est disponible ma puce, attends-moi dans le wagon de jeu avec tes amis je n’en ai pas

pour longtemps. (...)— Et bien Huguette, il me semble que tout va pour le

mieux, plus que quelques jours et vos petits rhumes seront oubliés  ! Notre rendez-vous est terminé, si vous avez des questions, vous pourrez passer voir le Docteur Kante à la sortie, celui-ci vous remettra également votre ordonnance et vous expliquera la marche à suivre. Au revoir !

— Merci docteur, au revoir.

L’effervescence est toujours la même! Les gens s’interpellent, s’affairent, se pressent devant chaque wagon. Si on peut encore parler de “wagon”... Toute une ruche en activité, l’espace de 2 heures. Et après, U-Get reprendra son chemin pour desservir d’autres villages de la vallée. Mais pendant ces 2 heures, Pedro va pouvoir vendre ses produits, et surtout les présenter. Car Pe-dro adore parler de son travail et de ses produits. C’est quelque chose qui lui avait beaucoup manqué pendant sa longue traversée du désert : parler avec ses clients, leur raconter son histoire, l’histoire de ses produits et toute l’attention qu’il y portait. Quand U-Get redémarrera, il continuera à vendre les produits de Pedro dans les vil-lages suivants, mais ce sera Christophe, son alternant, qui continuera la vente. Un bon compromis, qui lui permet

de partager son temps entre la vente et la production, sans rogner sur son chiffre d’affaires.

— Camille, j’espère que tu t’es bien amusée, mainte- nant, je crois que je dois t’offrir quelque chose non ?— Une glace !!— Ahaha, exactement, allons chez le glacier !

J’aurais également quelques courses à faire à la su-pérette, et à La Poste, je n’en ai pas pour longtemps, nous pourrons arriver à temps pour notre séance de théâtre !

— On va au scénarium ?— Et oui c’est une surprise pour ton anniversaire !— Bonjour Huguette, vous allez bien aujourd’hui ?— Bonjour ! Tout va pour le mieux ! Je sors tout juste

de la maison médicale, je ne sais pas si c’est pour me flatter, mais le Dr Monier trouve que je me porte comme à mes 20 ans ! En plus de cela, ma petite fille est venue me rendre visite pour la semaine. Tout va à merveille !

— Ahaha super ! Ravie de faire ta connaissance ma petite. Comment t’appelles-tu ?

— Camille ! Et j’ai 10 ans aujourd’hui, c’est monanniversaire !

— Et bien bon anniversaire, tu as le droit de prendre une friandise sur le comptoir alors !— Merci !— Et vous Huguette, vous venez récupérer votre commande ?— Tout à fait, et je vous prendrai également deux steaks d’insectes et un kilo de fraises, c’est la saison, il faut en profiter !— Tout à fait, et elles ont l’accent du sud ! Elles sont

produites à Prades en bas de la vallée par notre maraîcher partenaire.

— On va au spectacle maintenant mamie ?— Dans quelques minutes ma puce, je dois envoyer

un colis que j’ai préparé pour ton oncle qui travaille toujours à Los Angeles et à qui nos spécialités Cata-lanes manquent terriblement.

SCÉNARIOSUgET

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La vente finie, Pedro se dirige vers l’avant du train pour récupérer des blocks d’eau. Il fait partie des pro-ducteurs retenus qui ont le privilège de bénéficier de l’eau cristalline du U-Get. D’où vient l’eau ? Une idée bête comme le monde : transformer l’air avec des turbines pour le recomposer en eau. Ce procédé ne peut marcher qu’avec la vitesse du train.

La leaucomotive absorbe l’air et ses turbines rem-plissent la citerne derrière. 50 000 litres de capacité, pour une citerne de 50 mètres cubes à peine. Les avan-cées techniques des dix dernières années avaient permis de comprimer les liquides pour optimiser les espaces et les volumes. Génial pour U-Get, mais génial pour Pedro aussi. Son véhicule électrique intègre cette technolo-gie. C’est ainsi qu’il pourra transporter ses 5 000 litres jusqu’à son exploitation.

— Bonjour Madame, vous avez un colis à envoyer ?— Bonjour. Oui, tout à fait, pour Los Angeles en rapide

s’il vous plaît. C’est un colis de spécialités locales pour mon fils !

— Ahaha, je comprends, en express alors ! Nous allons mettre notre drone le plus rapide sur le coup, il sera arrivé dès jeudi. Placez votre colis sur la balance s’il vous plaît.

— Parfait ! Cela m’épate toujours de voir les progrès que nous avons pu faire sur ces drones. Rallier les Etats-Unis en deux jours, personne n’aurait pu s’en douter quand ils sont apparus. Je m’en souviens encore, les technologies de batteries utilisées à l’époque ne leur permettaient de voler que quelques minutes !

Ce soir, U-Get s’arrête jusqu’à 20h exceptionnel-lement. Le conservatoire régional joue Le Cybourgeois Gentilhomme, une comédie-ballet que Pedro affec-tionne particulièrement. Il a pris 2 billets pour y aller avec sa femme. Il ne voulait pas rater cette occasion. Cela lui évoque tellement les années 2020 et leur prolifération de start-ups technologiques, ces demi-entreprises de-

mi-sectes qui occupaient les podiums pour raconter à qui voudra qu’elles allaient résoudre tous les problèmes de l’humanité. “Venez faire pousser une tomate! et on reparle de votre solution…” lançait Pedro. Il y a du monde ce soir. Au moins 50 personnes. Les fauteuils sont confor-tables, en amphithéâtre. Pedro adore arriver tôt pour voir l’amphithéâtre se déployer, à la manière d’une queue de paon. L’opération ne prend qu’une minute. Le wagon devient un Scenarium. Avant, Pedro n’avait jamais le temps pour ces choses-là. Son travail l’occupait bien trop et ses principales préoccupations n’étaient pas de se divertir. Avec l’U-Get, il peut désormais passer du bon temps dans un hamac au milieu de la médiathèque, à lire des livres. Haaaa les livres, eux n’ont pas changé… sa madeleine, rien que l’odeur réveille en lui un volcan.

— J’ai fini ma puce, nous pouvons y aller, dépê-chons-nous,la séance commence à 18h30. Et comme dernière surprise Maxence et Léon seront là ! Ils rendent aussi visite à leurs grands-parents cette semaine.

— Génial, merci beaucoup mamie !

Chaque jour, des centaines de petits villages meurent sans qu’aucune voix ne se lève contre cette tragédie.

Ensemble, mobilisons-nous et sauvons Villefranche-Vernet.

Pour nous soutenir envoyez un XMS au : 00022250002 ou Tweetbook : #@Sauvons_Villefranche_Vernet

ScénariosUget

www.carbodydesign.com/archive/2009/02/04-l-argus-2009-design-competition-winners/9/

7e concours annuel de design de l’ArgusAlex Jacquelin, Yong Fei Han and Joachim Poirier, ENSAAMA

TUBE, a global transportation system

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Anthonin Garrigue, Duncan Cassells, Florent Noebes-Tourres, Zoé Andrews

the digeStiVe CAR : AN eCo-eNeRgy SolUtioN foR Mobility

SCÉNARIOS

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sCénarios

From the late 1800’s onwards, the world of trans-port was ruled by crude oil. The petrol-fueled car was ubiquitous. It was part of the everyday lifestyle of most people. As a fuel source it allowed each person their own vehicle and therefore was integral for commuting, leisure trips, and everyday use. As such, petrol was the incu-mbent fuel technology and many could not imagine the world without it - seeing petrol cars as a cultural symbol of independence and freedom.

However, the Achilles’ heel of this fuel was the pol-lution that it expelled. Its toll on the environment as you well know: there was a time where if you had an odd/even number plate you wouldn’t be permitted to drive that day due to extortionate pollution levels- it was ab-surd! We are not going to go into too much detail today ,but the dilemma was well documented by scientists but ignored for a long time due to the monetary power of oil companies. This power gave them a loud political voice and made them very influential in terms of lobbying. Eventually, so-called millennials created a loud enough public voice against the powerful oil companies that the use of petrol started to decline in order to curb pollution and protect the environment.

A further negative factor that caused petrol to fail as a viable fuel source were lifestyle changes, that is to say that we now have 85% of the world’s population living in cities which was not the case before. Conse-quently, traffic jams, and the pollution caused by them, became a big issue and led to citizens only being able to use their petrol cars once every three days. The final nail in the coffin was petrol being a limited resource. This drove the price ever higher until it was not practical to fuel engines using petrol.

Next we considered electricity for fueling vehicles — how many of you have seen a charging point? (chu-ckles) Most of you don’t even know what I am talking about. Ultimately, it’s the same four-wheels-and-engine car only you plug it into a wall to power it rather than fill it

with oil. It’s funny really, we truly did convince ourselves that we had nailed it with electric cars; it was very much

a case of you can have your cake and eat it too, as in theory not that much would change. The death of the fossil fuel industry was the end of the era, but retrospec-tively a needed disaster to truly kick-start development in renewable energy.

In the space of 10 years, the transformation to renewable energy was dizzying. Gone were the power stations where colossal chimneys that stood up in the landscape like wonky teeth, the ceaseless clouds of smoke ceased to pour into the atmosphere. Wind tur-bines danced on every horizon while solar panels coated every building like butter smeared on hot toast. Hydro power began to appear on rivers around the world’s most famous cities like hiccups — Thames, Seine, Danube, Amstel- the Congo would be conquered some years later. Worldwide, to a lesser or greater extent, there was a growing sense of tranquility, the roars of power stations and cars alike were silenced by an faint, but ever present, hum of electricity.

Wouldn’t that have been nice? Well if that had wor-ked I wouldn’t be here talking to you now. In the words of Newton, “what goes up must come down”. It is hilarious, absolutely bonkers! Turbines went up, turbines went down. Energy companies tried to pass it off as , “reallo-cating resources”, but the reality was by 2035 the cities were saturated. However sustainable this renewable technology was, not enough electricity was being yielded to meet the exponentially growing demands. We needed more. For in the span of a decade population increase and a lack of lithium made electric power implausible.

Let’s talk about Hydrogen. Fast forward 20 years, in the flurry of panic after the lithium breakdown and es-calating environmental threat, interdisciplinary experts agreed to explore the capabilities of the hydrogen eco-nomy, initially pioneered by sociologist Jeremy Rifkin— remember this name. Now Rifkins was a man before his time, the nineties were ill-equipped to even imagine Rifkin’s radical revolution of power generation. In a nut-

shell, he saw an opportunity to harness hydrogen, a “fo-rever fuel”, due to its natural ubiquity in the universe that will not run out and will not produce harmful CO2 me-thods like its energy-predecessors. Major automakers like Mercedes jumped onto this innovative technology, primarily due to its independence from the sticky politics riddled within the oil industries at the time. Progress was being made, by 2029 there was total installation of hydrogen pumps across Europe and strong integration worldwide. Millennials, your parents, spearheaded this critical cultural shift through buying hydrogen vehicles as non-pollutant solution to tackle the issue of urban mobility.

Something didn’t smell right — this sounded too good to be true. Throughout time human inventions have been nothing short of magical, so the question that puzzled scientists was , “how has it taken so long to reach this point? Have we found our solution?”

Little did we know, carbon dioxide would be the least of our problems. What perhaps is the most power-ful attribute of the hydrogen element? It is very, very combustible . Marseille was not always the capital of France, recall the tragic Parisian Domino in 2034; a fire rampaged through a traffic jam composed predomi-nantly of hydrogen cars. 20,000 lives were lost as the blaze sprinted through the arrondissements of Paris. For these reasons, hydrogen fuel is exclusively used within space exploration and rocket launching, consequently causing terrestrial mobility to slip back into the greasy hands of the fossil fuel industry.

Today the sustainable technology that we use is the one known as the “digestive car” — raise your hands if you have heard of this? (A few brave arms pop up) It’s a technology based on methane production from digestion which exactly mimics a cow’s gut. The diges-tion is fast due to the large active surface area of the

intestines relative to the volume that it occupies. This has given us famous advertising slogans such as “the car with a football pitch inside”, I see some head nods in the crowd. In addition, we use modi-fied bacteria for impro-ved digestive efficiency. All animals convert food fuel into energy through their digestion, and that is exactly how this engine works.

As you know, ur-ban overcrowding is an incredibly pressing issue in society, so space effi-ciency is of the utmost importance. The benefit of using soft organ tissue is that the engine can be folded away, almost like origami. This is a drama-

- 14.14pm Wednesday, March 24th 2063. It is the introductory lecture in the new Master’s program, MA Disruptive Mobility, at the University of Aix-en-Provence with Professor Lucien Clef. Clef is about to start the lecture, he is standing at the front of the lecture hall making no use of the state-of-the-art technology around him. On a blackboard he has written in chalk, “Introduction to Urban Mobility M10005”, and has just made a brief introduction to the 200+ students in the room. Standing at the podium, he is twiddling an origami crane in his hands. -

- Clef stands up and walks away from the podium at the front of the lecture hall and climbs the stairs that cut through the middle of the room. He sits on the top step. -

Clef: - energetically - All right! Can someone tell me how the hydrogen to fuel the car was produced?Student A: Natural Gas reforming mainlyStudent B: Electrolysis, so extracting it from waterClef: Perfect. But now, can you tell me how the extraction energy was produced?Student A: - muffled - Er I’m not sure I read…

- Clef reaches into his pocket slowly to retrieve a penny, holds his arm out in front of him and drops it on the floor. The clattering sound resonates in the lecture theatre -

Clef: Well, it was oil from Saudi Arabia. In order to facilitate this hydrogen industry, we are dependent on our existing energy production systems which are intrinsically and inevitably intertwined with the carbon economy.

- Giving the penny to Student A, Clef returns to the lecture podium and conti-nues. -

SCÉNARIOSThE DIgESTIVE CAR

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tic improvement in the re-quirement of space which classical cars demand. Can you imagine that 30 years back from now, the 3D printing of bio-mimic designs was considered as high-energy consumption compared to cubes? So can someone tell me how we print organs, has someone had a printed organ yet?

You said it better than I could have. Due to the growth of urban farming, we have a large amount of unused energy in organic waste and spared compost. Using this waste as fuel for our new car engine made a lot of sense, and means our new cars fit nicely into our ecosystem.

Now you know about the failures, and the positive future that they brought us, in our search for sustainable engines to power our future. The “digestive car” has had an incredible impact on our economy and political situa-tion. It is an integral part of the global design trend of biophilia - the love of nature — that we have embraced following the pollution shocks that generated numerous diseases in the world. The opportunity was really exciting in gathering biologists, sociologists, engineers and intel-ligent technology to create a plausible and sustainable model for human mobility.

Next week, find out why Tesla failed.

Student A: Yes, I printed a muscle last year. They take your DNA in order to print a root-cell that grows in a couple of days and then they connect it to a natural eco-body like ours that grows while it lives.

www.yiwentseng.com/Digestive-Car

Digestive Car— YiWen Tseng

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Scénarios

rables, des remises en état, des projets éducatifs…Et les abonnés ne se font plus de sang d’encre avec leurs déménagements car la société s’occupe de tout, nous raconte Noah Cimbali le fondateur de la société: “Nomadic a créé une nouvelle façon de vivre. Plus besoin d’acheter de biens matériels superficiels tels qu’une télévision ou une machine à laver. Vous vivez là où vous le souhaitez.” Les Nomads sont attachés à l’essentiel. Leur motto ? Rester flexibles, mobiles et agiles.

La génération cloud

pRototypeS deS eNfANtS créés pendant l’atelier pour enfants

de l’ImagineCamp 72

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sCénarios

PROTOTyPES ENFANTS

« On fixe des câbles entre les immeubles pour permettre aux véhicules de glisser dessus et aller ainsi de bâtiments en bâtiments. Pour glisser cela se fait tout seul. Pour remonter sur le câble, le véhicule fonctionne à l’énergie du caca. Le caca n’est pas assez utilisé et il serait intelligent qu’il serve ! »

Sacha

« Voitor fonctionne par énergie cinétique, une personne court sur un tapis roulant situé au milieu de la voiture. Il y a de la place pour les passagers. il peut y avoir plusieurs type de tapis roulant en fonction des véhicules. Il y a une assistance si c’est trop compliqué de faire fonctionner le véhicule. Il y a un bouton pour la faire avancer toute seule quand on arrive sur l’autoroute, ou des pénétrantes, comme sur les Tesla. La marque de la voiture est Gorille. »

Sybille et Daphné

SPEEDY CAR VOITORTS

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sCénarios

« Un véhicule qui marche au rire, comme ça tous les citoyens sont obligés d’être heureux et de rire tout le temps. »

Esteban

« Une voiture qui marche aux sodas : fanta, coca, sprite. Un petit réservoir d’essence est aussi disponible en cas de besoin. Turbo voiture va très vite et glisse sur un coussin d’air grâce à 4 tapis vert. »

Jean et Paul

PROTOTyPES ENFANTS

TÉLÉPORBUIS TURBO VOITURE

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sCénarios

« Une moto qui vole et qui marche à l’énergie solaire ».

Swann

« Un moyen de transport avec 3 grands pieds rétractables avec des roues au bout. Le nombre de pieds correspond au nombre de siège. Automatiquement pour que l’axe du véhicule reste toujours au même niveau. La hauteur s’adapte pour que la voiture reste droite. Panneaux solaires au-dessus pour faire avan-cer quand il fait beau. Et quand il pleut, il y a des petits trous qui absorbent l’eau pour marcher à l’énergie hydraulique. Capteurs sur le toit pour descendre s’il y a des obstacles. Caméra en dessous retransmis dans la cabine. Pour monter, sièges fixés sur une barre qui permet de les monter. Trappe dessous pour faire rentrer les sièges. Plus haut pour mieux attraper les énergies. Permet d’éviter les embouteillages en passant au-dessus des autres voitures. »

Bahia, Chayenne, Émilie

Chayenne, Bahia et Emilie

PROTOTyPES ENFANTS

SPACE MOTO BACHAEM 3000

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sCénarios

« La montre de téléportation, on la garde au poignet et on appuie dessus pour disparaitre. »

Melvyn

« Véhicule qui marche à l’énergie végétale (biomasse). bou-tons pour dire où on veut aller. ça vole. Bulle / capsule pour la sécurité. Au fond, on retrouve le stock de verdure pour ne pas tomber en panne. Et la couche qui permet d’envoyer l’énergie directement dans le véhicule. Et un guidon ».

Mayanne, Maelys et Manon

TÉLÉPORTEUR MABLO

PROTOTyPES ENFANTS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

81Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

« Planche pour 2 personnes. Peut aller sur la mer et dans les airs mais pas sur la terre. Marche à l’énergie solaire. mini-coffre de verdure. Il suffit de marquer là où on veut aller et ça nous y emmène. Et ça se gare. »

Marie, Marie et Elise

WATER PLANCHE

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SCéNARioSANtéRieURS

84Réalisés lors des ateliers précédant l’ImagineCamp

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

85 86Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

sCénarios

Dans le futur, le monde est polarisé au maxi-mum avec des villes ultra-centralisées qui limitent les trajets entre elles pour cause de pénurie d’énergie. Il y a des tickets de mobilité type « rationnement » qui sont mis en place avec un contrôle absolu des gouver-nements (omniscients, bien sûr). Chaque citoyen se voit remettre chaque semaine un ticket qui lui donne le droit de passer les frontières de la ville (notion de murs, de péages, voire de remparts). Ces restrictions concernent tous les secteurs : économiques, culturels, loisirs, édu-cation. Un marché noir se met en place, les plus riches concentrent les tickets.

Les identités antagonistes entre villes se ren-forcent, les brassages sont moins denses, la peur et les conflits augmentent et limitent encore les interactions.

Au sein des remparts de la ville, les trajets ne sont pas limités mais restreints à de la mobilité douce. L’entre soi devient invivable car ni la culture ni les arts ni la science ne passent les frontières.

Les campagnes deviennent des no-go zones où ha-bitent des nomades considérés comme « non-civilisés » (à la Huxley). Les « couloirs de mobilité » sont ultra sé-curisés de sorte qu’aucun contact avec ces « sauvages » n’est possible.

La plus grande inégalité n’est donc plus l’accès à la mobilité en elle-même, mais le statut de « civilisé » ou « non-civilisé » selon que l’on habite dans une ville ou en dehors. Mais ce sont bien les restrictions de mobilité qui ont créé une société à deux vitesses avec des urbains qui ont une mobilité régulée et codifiée, et les sauvages qui vont et viennent librement mais avec des moyens alter-natifs, et desquels on ne sait rien.

Après l’essor des transports en communs dès la fin du XXème siècle, la logique a été poussée au maximum, à tel point que ce ne sont plus les véhicules qui sont des transports en commun, mais le réseau lui-même.

Toutes les routes ont disparu. Elles sont rempla-cées par un nouveau réseau que l’on appelle « la voie lac-tée ». C’est un réseau vivant, dynamique, qui entraine les gens tel un tapis roulant. On peut y marcher, y glisser, s’y propulser. Elle est alimentée par l’énergie des véhicules.

Plus une voie est utilisée, plus elle est dynamique. A l’inverse, si elle est inutilisée, elle disparait, entièrement biodégradable.

On est plus sur une logique de trajet, mais sur celle de voyage. On est plus sur une notion de trafic, mais sur une notion de flux. Tout est mouvement permanent et fluidité. La voie lactée s’adapte complètement à son en-vironnement. Couleur, matière, tout est harmonie.

Nous sommes en 2050 et la mobilité ne fait plus aucun bruit. La nuisance sonore est reconnue comme une pollution ultra-nocive, sévèrement sanctionnée par l’état. Mais ce qui devait au départ permettre d’augmen-ter la part de la mobilité douce et réduire la vitesse des véhicules a vite dérapé en une dictature sensorielle, une lutte fasciste contre le bruit.

Au fur et à mesure que les villes se mettaient au ralenti pour faire moins de bruit, mises au pas par la Police du Bruit, les notions de « bruit acceptables » se sont développés, avec une élite, dont l’émission de bruits « harmonieux » est tolérée. Aucune ascension sociale possible pour ceux dont l’activité génère du bruit. Jamais les pionniers de la méditation, du recentrage, du calme n’auraient pu imaginer que la quête du silence puisse être à ce point violente et aussi clivante. Les ingénieurs ont entamé une course contre la montre pour réduire le bruit de leurs véhicules, les villes se sont vidées, l’espace urbain a été délaissé. Les impacts négatifs ont été terribles : chute de la créativité, de la mixité sociale.

***2050. La mobilité ne fait plus aucun bruit. Comme l’avaient prédit les pionniers du « social silent move-ment », inspiré des préceptes de méditation et de re-tour au silence prénatal, on assiste à une réduction du stress, à plus de confiance, à l’émergence d’une société de confiance et de l’harmonie. Les gens ont plus de temps pour réfléchir, accèdent à la sagesse. Des phénomènes de végétalisation augmentent en parallèle.

Et si on rationnait la mobilité ?

Et si on avait plus besoin d’infrastructures ou de véhicule pour se déplacer ?

Et si on cherchait à réduire le bruit que font nos véhicules ?

2030. Le monde est en pleine crise énergétique. Une pénurie de pétrole s’est généralisée. Dès les pre-mières années, un exode rural d’une ampleur inédite depuis la révolution industrielle s’est mis en place. Les campagnes sont littéralement vides. En 2035, le jour-nal le Monde titre pour la première fois « Fin des cam-pagnes ». Les gens se ruent dans les villes pour profiter des quelques moyens de transport en communs, qui fonctionnent à l’électrique. En 2040, face à l’exode rural, ces transports deviennent inutilisables. Une loi martiale impose une bourse des transports, avec une réservation à l’avance des tickets et un prix en fonction de la charge à transporter.

Et si on ne trouvait pas de solution pour remplacer l’énergie pétrolière ?

SCÉNARIOSANTÉRIEURS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

87 88Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

sCénarios

Et si nous devions nous adapter aux systèmes de transport ?

Fenêtre à insérer : - Fenêtre : La ligne 83 : « C’est dire que depuis

que la ville avait rendu gratuits les transports en com-mun et remplacé les contrôleurs par des facilitateurs de communauté, la ligne 83 n’a plus rien à voir avec ce qu’elle avait été... »

2050, Lundi, 3h du matin, Eric prend son train pour aller à travailler. Il paye un euro. A 9h, Nathalie, PDG, paye le même trajet 400€. Il peut se le permettre. Pour lutter contre la pollution et la congestion, le gouvernement a mis en place un prix évolutif des transports en fonction de l’heure de la journée. Pour ne pas payer un prix élevé, certaines personnes se décalent et vivent à des horaires improbables. Mais les bureaux, eux, ne s’adaptent pas, les heures d’ouvertures restant calées sur le rythme des plus riches.

Les pauvres sont condamnés à attendre devant leurs entreprises. Les plus pauvres demandent à pou-voir recourir au télétravail, mais le lobby des transports, trop puissant, met son veto. Depuis quelques années en effet, les tickets de mobilité (TM) font l’objet d’une spéculation intensive. Une bulle spéculative gonfle. Per-mettre aux gens de télétravailler reviendrait à baisser le nombre de tickets de mobilité en circulation. Impensable. La part variable du pouvoir d’achat consacrée à la mobi-lité est condamnées à exploser, entrainant des écarts de richesse inédits. Là où la mobilité devait être mis au ser-vice de l’humain, c’est l’humain qui est mis au service de la mobilité, et du modèle social qui a été construit sur elle.

Avoir une place dans un moyen de transport est tellement difficile qu’une notation apparait. Si on achète un trajet et qu’on le rate, la note personnelle est dégra-dée. Tout le monde fait attention, en permanence, à son prochain trajet. On ne dort plus. On ne connait plus la sérénité.

Dans certaines villes, on prend en considération les plus pauvres, et on décide d’adapter les horaires de bureaux. Mais on crée des monstres, des villes qui vivent en permanence, sans rythme, où tout le monde devient fou. Une nouvelle épidémie apparait, le « kill out » dû au manque de rythme généralisé.

En 2050, la moitié des couples se rencontrent dans les transports. Le transport est devenu un voyage. On ne sait pas, on est pris dans un fluide. Plus aucun stress. Échanges et rencontres. Tous les espaces sont faits pour vivre une expérience, la technologie s’efface. On partage de véritables expériences de vie sensorielles. Les moyens s’interconnectent. Qu’elle que soit l’échelle du territoire, proche ou lointain, la fusion est la même. C’est une frac-tale qui s’interconnecte à tous les niveaux et toutes les échelles.

En 2050, le transport est le seul endroit où l’on peut se rencontrer. La raison ? Une chute de la natalité que veut endiguer le gouvernement. Un état policier a l’idée d’utiliser les transports pour favoriser l’émergence d’une société nouvelle. En effet, dans un monde conges-tionné, les moyens transport sont extrêmement clivants. Les pauvres n’ont pas les mêmes que les riches. Il suffit donc de ne permettre aux gens de se rencontrer que dans des transports en commun désignés en fonction de leur goût et de leur pouvoir d’achat. Deux générations apparaissent : les Nomade Oxygénés et les Statiques Dégénérés.

Et si nous devions nous adapter aux systèmes de transport ?

Et si nos déplacements étaient des expériences sensorielles ?

Et si les transports en commun étaient des lieux pour sociabiliser ?

Imaginez que vous êtes une route, mais une route vivante. Vous pouvez parler, bouger, changer de forme, rétrécir ou grandir en fonction du monde qu’il y a, changer de couleur en fonction du temps, de la journée, de votre humeur… C’est une route qui a un visage, des yeux, et un nez. Le « plus important » c’est la bouche, qui permet d’avertir du danger, des conditions météo « attention il y a de la neige », des gens qui roulent trop vite. Elle prévient les piétons qui peuvent se faire renverser. La bouche sert également à s’exprimer, puisque la route est consciente, elle a une personnalité et des humeurs.

Ses yeux voient partout, comme ça la route peut donner des conseils aux automobilistes sur «  l’étage » qu’ils doivent emprunter. Il y a deux étages, un étage surélevé pour ceux qui veulent aller vite, et un étage plus lent au niveau du sol. Rapport au temps intéressant. La sécurité est un point important. Il faut choisir les routes qu’on utilise en fonction de leurs humeurs et de leurs personnalités. Les routes où les gens vont vite sont plus « énervées » donc plus « dangereuses ». A l’inverse, les routes moins fréquentés sont plus « gentilles » et donc moins piégeuses. Les routes peuvent se parler entre elles, même si elles sont loin, pour se dire s’il y a des embouteil-lages et orienter le trafic en fonction.

Et si nous étions des moyens de transports ?

Et si les transports en commun étaient des lieux pour sociabiliser ?

Fenêtre à insérer : - Fenêtre : La ligne 83 « Autour d’elle, deux ado-

lescents ont pris place dans l’espace ‘Jeu‘. De loin, Magalie semble reconnaître les cartes de Dixit. ‘C’est vrai que c’est sympa

SCÉNARIOSANTÉRIEURS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

89 90Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

sCénarios

Dans un futur très lointain, des scientifiques dé-couvrent que dans les années 2100, le monde a subi une crise telle que les citoyens étaient strictement limités à un déplacement par jour. Lors d’un colloque, les scienti-fiques se questionnent sur la raison de cette mesure, et ses effets. Tour de table :

• Selon l’héritage de Le Corbusier, les ensembles urbains ont été repensés pour les besoins quoti-diens, la mobilité se réduisant uniquement aux loisirs

• Des éco-quartiers ou des éco-villages complètement autosuffisants sont apparus, desquels on ne sort plus.• L’humanité a subi une catastrophe majeure.

Elle s’est recomposée en groupes de 100 personnes pour donner suite à une série d’effondrements. (Ré-férence au groupe des 15000 scientifiques). Dans ce modèle, toutes les ressources sont in situ et les seuls échanges sont faits par des ambassadeurs qui, chaque semaine, se rendent dans une autre communauté). Mais « faire communauté » ce n’est pas faire société. L’humanité court à sa perte.

• L’humanité, après une phase d’expansion inouïe dans les années 1900 et 2000, a subi un retour à un modèle qui a duré des siècles  : le modèle des villages où les fermiers ne sortaient qu’une fois dans la semaine pour aller au marché et à la messe et revenaient dans leur ferme où ils restaient toute la semaine.

• Les humains de 2100 ont dû faire face à un phénomène de gentrification important.

Un groupe se penche plus sérieusement sur les causes de cette mesure :

Dans le futur, on se déplace dans des bulles. Lé-gères, aériennes, transparentes, les bulles sont l’unique moyen de transport. Il est universel. Il est plébiscité par tous. Les bulles n’appartiennent à personnes. Elles captent les énergies environnantes. Elles vont et viennent selon les besoins des uns et des autres. Elles peuvent se scinder, se regrouper pour ne faire qu’un et former un mode de transport partagé. On ne choisit pas où on va. La bulle nous fait découvrir de nouveaux paysages, de nouveaux endroits en fonction de notre humeur, de nos envies, des gens avec qui l’ont est.

Et si on pouvait se téléporter ? Et si on se déplaçait en bulles ?

— A cause de la pollution. Il était nocif de se déplacer malgré les efforts de la COP21. On « culpabilisait » la mobilité.

— Restrictions d’énergie.— Autre idée, complètement opposée  : plus on est

pauvre et plus on devait bouger. C’est l’immobilisme qui était un luxe, parce que réduction du risque et des efforts.

— On pouvait donc avoir une sédentarité des plus riches qui se limitaient à des voyages récréatifs choisis. — Les plus riches étaient les plus sédentaires au sein de la ville mais monopolisaient les tickets pour en sortir.— On faisait donc face à un isolationnisme ethnique, dans lequel les gens étaient de plus en plus éloignés culturellement. C’est « l’anti-société multi culturelle »

TB6, le directeur d’un centre de recherche spécia-lisé dans l’analyse des anciennes civilisations, émet à son tour quelques hypothèses, résultat de ses recherches :

« Dans ce monde de 2100, tout le monde n’avait qu’une idée en tête sur laquelle travaillaient tous les meil-leurs chercheurs  : la téléportation. On a multiplié par 100 les crédits de recherche sur la téléportation. Dans le même temps, le fait de limiter les déplacements a aug-menté l’ubiquité. Mais Puisqu’il n’y avait plus de brassage, la consanguinité a augmenté et les sociétés ont régressé. La peur, la dépopulation, l’obésité sont devenues des problématiques majeures. Comme dans certaines tribus du temps préhistorique, des rituels d’échange de femmes ont été mis en place pour réduire la consanguinité mais en vain. Les villes, qui dans les premières années de ce système ont été construites comme des cités radieuses, où rien ne manquaient, sont tombées petit à petit en désuétude. Les plus grandes villes ont concentré de plus en plus les ressources. Puisque les flux étaient limités, ils se sont concentrés mécaniquement autour des grands nœuds. Les plus petites villes étaient incapables d’attirer la culture et les ressources. »

qui était un luxe, parce que réduction du risque et des efforts.

- On pouvait donc avoir une sédentarité des plus riches qui se limitaient à des voyages récréatifs choi-sis.

- Les plus riches étaient les plus sédentaires au sein de la ville mais monopolisaient les tickets pour en sortir.

- On faisait donc face à un isolationnisme eth-nique, dans lequel les gens étaient de plus en plus éloi-gnés culturellement. C’est « l’anti-société multi cultu-relle »

TB6, le directeur d’un centre de recherche spé-cialisé dans l’analyse des anciennes civilisations, émet à son tour quelques hypothèses, résultat de ses re-cherches :

- « Dans ce monde de 2100, tout le monde n’avait qu’une idée en tête sur laquelle travaillaient tous les meilleurs chercheurs : la téléportation. On a multiplié par 100 les crédits de recherche sur la téléportation. Dans le même temps, le fait de limiter les déplace-ments a augmenté l’ubiquité. Mais Puisqu’il n’y avait plus de brassage, la consanguinité a augmenté et les sociétés ont régressé. La peur, la dépopulation, l’obé-sité sont devenues des problématiques majeures. Comme dans certaines tribus du temps préhistorique, des rituels d’échange de femmes ont été mis en place pour réduire la consanguinité mais en vain. Les villes, qui dans les premières années de ce système ont été construites comme des cités radieuses, où rien ne manquaient, sont tombées petit à petit en désuétude. Les plus grandes villes ont concentré de plus en plus les ressources. Puisque les flux étaient limités, ils se sont concentrés mécaniquement autour des grands nœuds. Les plus petites villes étaient incapables d’attirer la culture et les ressources.

Fenêtre à insérer : - Fenêtre : prototype enfant : « Téléporteur ».

Dans le futur, les villes se sont étendues sur la mer, et 80% de la mobilité est aquatique. Les villes se consti-tuent en îles indépendantes, dont la plupart sont artifi-cielles, et ont une utilité bien définie : les îles de l’énergie, des îles de l’économie, des îles des déchets, des îles de l’agriculture. La logique est le bio-mimétisme. Quand une île devient trop petite, ou que la communauté commence à avoir un mode de vie trop consommateur en énergie ou générateur de trop de déchets, on l’abandonne —elle est entièrement biodégradable— et se répartit à nouveau dans des îles plus grandes ou plus nombreuses. Les ar-chipels se font et se défont, et des modes de transport adaptés à ce mode de vie sont encore à inventer.

Et si on vivait sur l’eau ?

SCÉNARIOSANTÉRIEURS

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Fenêtres sur des futurs possibles :

Tome 1Mobilite

91Fenêtres sur des Futurs possibles :Mobilité

À la suite du réchauffement climatique, les côtes sur lesquelles vivaient 90% de la population mondiale sont inondées. Au-delà de la catastrophe écologique, c’est tout le système social qui est chamboulé. Plus de 80% de la population mondiale a disparu. On assiste à la création d’un « effet sablier » : sur la côte, les plus pauvres restent, dépendants des ressources marines. Ils sont condensés dans des zones dangereuses, instables, ravagées par les inondations continues. Les plus riches ont choisi de réinvestir les terres, de fuir la côte, et de se retrancher dans des villes d’un nouveau genre appelées « cercles ».

Ces « cercles » sont très homogènes, stéréoty-pés. Les gens y sont intolérants au changement et se murent de plus en plus. Véritables « gated communities » géantes, ces cercles se ferment peu à peu et la popula-tion vivant en dehors, en grande partie sur la côte ou les ressources sont exploitées, est qualifiée de « nomades » dont le statut social est réduit à néant. Nous ne sommes pas dans un monde dans lequel les villes prospèrent et les nomades subissent. Dans ce nouveau monde, tout le monde est perdant. Les cercles deviennent le symbole de la chute de notre civilisation. Les moyens de trans-port longue distance disparaissent peu à peu, faute de besoin : les cercles sont assez petits pour n’avoir besoin que de mode de mobilité douces, quant aux côtes, elles sont évidemment dépourvues de tout véhicule, les gens y vivant dans l’incapacité de développer des infrastruc-tures nécessaires. Seul 1% de la population est gagnant : la caste des R&E (Ressources & Energy). Dotés par les gouvernements des cercles des seuls véhicules capables de couvrir les immenses distances entre les cycles (où sont exploitées les ressources) et les cercles, enfoncés à l’intérieur des terres, ils jouissent d’une liberté de mobilité totale dans un monde devenu désert.

Et si on ne pouvait plus vivre sur les côtes ?

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SCÉnarioS

On dit souvent que le futur n’est pas gravé dans le marbre. Le présent ne l’est pas non plus, il a été construit. Nous l’avons construit. Nos routes, nos réseaux ferroviaires, nos autoroutes, nos villes, sont le résultat de la volonté de politiciens, d’entreprises, de leaders. Nous les avons planifié, en laissant de la place au hasard et à la sérendipité. Avec toute sa gloire, ses succès, et ses conséquences imprévues. Nous pouvons mieux faire.

Notre ambition pour ce livre d’imaginaires est d’inspirer une nouvelle génération d’acteurs, pour qu’ils dépassent ensemble le modèle du véhicule individuel.

La mobilité est un ingrédient nécessaire pour réaliser ce rêve. Elle est souvent le levier invisible qui permet d’améliorer la vie et le quotidien de milliards de personnes à travers le monde – elle impacte notre santé, notre environnement, notre qualité de vie. En nous plongeant dans les imaginaires de nos participants, nous voyons que le potentiel humain a pendant trop longtemps été limité par les systèmes établis. Nous sommes enfermés dans les mythes et les infrastructures qui nous ont été légués – durs, sales, impi-toyables. Pour créer un futur positif, nous devons recharger nos projets en nouveaux imaginaires.

Cette prochaine évolution de la mobilité sera organique, verte, et flexible. Au-delà du transport de masse pour aller d’un point A à un point B, il s’agit de faciliter la révolution de l’habitat, du commerce, de la protec-tion de l’environnement. La mobilité devient un catalyseur de plus en plus puissant, qui matérialise des mouvements globaux comme l’empowerment des femmes, la revitalisation de nos campagnes, la préservation de notre planète, ou encore la réorganisation de l’espace urbain pour supporter la « glocalisation » (penser globalement et agir localement).

Alors, on fait quoi ? En complément de ce projet, et déterminés à construire un futur choisi à partir de nos imaginaires collectifs, nous créeons un « Mobility Lab » à thecamp. Il a pour mission de préparer les leaders de demain, d’imaginer et de construire de nouvelles solutions en lançant rapide-ment des expérimentations.

Nous avons pour l’instant initié des expérimentations techniques sur la mobilité électrique, la voiture autonome, la gare du futur, le smart port … Nous n’en sommes qu’au point de départ. Tout reste à faire pour créer des écosystèmes qui donnent les moyens de devenir acteurs du changement. C’est à travers vous – citoyens, experts du secteur, designers, enfants, ar-tistes, urbanistes, philosophes, entrepreneurs, institutions… que nous pou-vons générer des idées différentes et inspirantes pour construire le monde de demain.

Il n’y a ni baguette magique, ni boule de cristal.Nous avons besoin d’actions collectives.Le futur nous appartient.

Join thecamp

TOME 01

Conclusion

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SCÉnarioS

Participants des ateliers et conférences :

Alain Chaumet — Alessandro de Guglielmo — Alexy Boury — Alice de Soultrait — Anais TexierAnne-Catherine Céard — Anne-Florence Dessales — Antonin Garrigue — Apolline Rigaut — Ariane Loizon

Atilla Yazman — Aurélie Bringer — Axel Vallée — Bernard Couvert — Bertrand Billoud — Bertrand StelandreCamille Mandel — Camille Quemeuneur — Carole Babin-Chevaye — Caroline Chapuis — Caroline Viaux-Cambuzat

Cédric Claquin — Céline Berthoumieux — Charles Lefevre — Charles Poretz — Christophe RochegudeClaire Chaygneaud-Dupuy — Clément Mehouas — Coline Januel — Cristian Santibanez — Cyril CourtonneCyril Dary — Damien Muti — Delphine Gagnon-Genès — Delphine Pelletier — Denis Pellerin — Elsa Anquetil

Emilie Aubert — Emmanuel Fedon — Eric Pringles — Eric Thea — Fabien Albert — Fabien Fabre — Florent Chiappero Florian Durand Delabre — Folco Laverdiere — François Colet — Frédéric Beinguier — Frédéric Busin — Gaëtan Olias

Geoffrey Marino — Georges Amar — Gilles Marchal — Guillaume Becourt — Guy Goldstein — Jaikrishnan PillaiJean-Baptiste Delinselle — Jean-Christophe Vieu — Jean-Louis Carrasco — Joanna Vara — Joël Dampierre

Joël Nusbaumer — Julie Rieg — Julien Barbier — Julien Ginoux — Julien Tauvel — Ken Teissere — Laurent KennelLionel Rodrigues — Lionel Rodriguez — Lionel Trouilleux — Louis Costa — Maguelone Dunoyer — Manuel Chauffrein

Mathias Lorenzetti — Mathieu Bernasconi — Mathilde Sancere — Mégane Dorigo — Myriam MultignerNanon Desniou — Nathalie Le — Nicolas de Montsabert — Nicolas Manoni — Nicolas Montanard — Nitya Tchangodei

Olivier Dupont — Olivier Michelet — Olivier Paturet — Pape Abdoulaye Seck — Patricia Harinck — Raphaël RocherRatiba Hamane — Rémi Pillot — Rémi Sabouraud — Romain Rioult — Ross Douglas — Ruben Fitoussi

Sabine Desnault — Sabine Desnault — Severine Cachod — Stefan Zisler — Stéphane Garti — Stephane LagnelThierry Michaux — Thierry Michaux — Thomas Croize — Thomas Ricordeau —

Tipahine Pitoiset — Tomy Mestas — Vasilis Agouridas — Véronique Marfaing — Yuna Conan...Ainsi que tous les participants de nos ateliers durant Cap Energie à Marseille,

les enfants passés à thecamp, les Pionniers...

Participants de l’ImagineCamp

Adam Djouldem — Amaury Bouquet — Anaïs Cantara — Anthonin Garrigue — Audrey Jaillard — Camille PiallatCharles Manalt — Charlotte Chebassier — Chayenne Hartmann — Chloé Rotrou — Clément Daignan

Daphné Trainar — Duncan Cassells — Dylan Labaere — Elise Bonnion — Emilie Bonnion — Esteban TrainarFlorent Noebes-Tourres — Garance Aulagne — Geoffrey Marino — Ioannis Tzavaras — Jean Brochard — Julie Pronzac

Julien Lecreux — Kevin Abou Khalil — Laura Pouppeville — Lilith Guillot — Maelys Bonnion — Manon SueurMarie Brochard — Marie Renvergé — Martin Langeard — Mathis Lambert — Maxence Gires — Mayanne Hartmann

Melvyn Labaere — Noah Bonaventure — Paul Brochard — Quentin Ravenet-Provent — Raphaëlle KerbratRaphaëlle Sleurs — Romane Monvoisin — Sacha Masson — Sébastien Roques — Swann Alloucherie — Sybille Plassat

Thomas Gauthier — Victor Richard — Viken Daquilian — Waël Smali — Yvan Manière — Zoe Andrews

Équipe ImagineCamp

Alexandre Cadain — Alexia Audemar — Antoine Rammelaere — Arthur Schmitt — Emmanuelle Hartmann Francesco Garbo — Gabriel Plassat — Jeanne Roques — Jon Flint — Jules Zimmerman — Julien Gerardot

Maguelone Dunoyer — Marina Rachline — Naomi Roth — Nadia Trainar — Pierrick Rousset-Rouvière — Sergio Branco Srinivas K. Reddy — Yasir Siddiqui

TOME 01

Remerciements

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AVANT-PROPOS

Frédéric Chevalier, le fondateur de thecamp thecamp a été initié en 2013 par Frédéric Che-valier, disparu tragiquement dans un accident en juillet 2017, deux mois avant l’ouverture du campus. Il a consa-cré toute son énergie et son enthousiasme à thecamp. Il a su nous transmettre son infatigable quête de solutions pour contribuer à rendre ce monde plus humain et plus durable. Son optimisme, son courage, son envie de faire bouger les lignes nous inspirent, nous fédèrent et plus que jamais, nous font déplacer des montagnes pour pé-renniser son rêve.

Avant-proposthecamp

thecamp, un camp de base pour explorer le futur.

Lorsque notre fondateur Frédéric Chevalier a initié le projet en 2013, presque tout le monde lui disait qu’il était fou : « Ça ne marchera jamais ».

Il lui a fallu des années pour rassembler un équipage de rêveurs, aven-turiers et pionniers pour créer thecamp avec lui. Aujourd’hui, thecamp existe : ouvert en octobre 2017, c’est un lieu où des talents du monde entier se forment, s’inspirent, et s’entraînent afin de créer des solutions qui feront progresser le monde. Grâce à des expériences de vie, de travail et de col-laboration inédites, nous favorisons l’éclosion de nouvelles approches pour répondre à des défis universels.

thecamp est né en pleine garrigue, à Aix-en-Provence. Il est inspiré des campus américains mais aussi des accélérateurs et des fablabs. Hub futuriste au cœur d’un environnement naturel exceptionnel, on peut y vivre et y dormir quelques jours ou quelques mois, y expérimenter de nouvelles manières de manger, travailler et prototyper, participer à des événements ou créer de nouveaux liens à travers de nombreuses activités.

Chaque jour, des personnes de tous horizons, du CE1 au CEO se retrouvent dans notre camp de base. Nous fédérons des personnes de différentes cultures, générations et disciplines, animées du même enthousiasme, pour créer collec-tivement un futur audacieux et enthousiasmant. Les profils sont complémentaires : créatifs nouvelle génération (designers, artistes nu-mériques, codeurs), entrepreneurs, étudiants et post-graduate, chercheurs et experts internationaux, dirigeants de PME & de grands comptes, profes-sionnels du privé et du public, cadres en formation, jeunes & enfants...

Nous travaillons avec une vingtaine de partenaires fondateurs interna-tionaux privés et publics, ainsi que de nombreuses organisations qui expéri-mentent et disruptent au quotidien avec la même envie de faire progresser le monde afin qu’il profite durablement aux générations futures.

thecamp

À PROPOS

www.thecamp.fr

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SCÉnarioS

99 0100FENÊTRES SUR DES FUTURS POSSIBLES :MOBILITÉ

www.thecamp.fr/fr/thecamp-foundation

thecamp foundation thecamp est profondément philanthropique. Un an après son ouver-

ture, nous sommes heureux d’annoncer le lancement de thecamp foundation.

thecamp foundation est une organisation sans but lucratif qui soutient des initiatives pour préparer une nouvelle génération d’acteurs du change-ment : de jeunes personnes qui prennent des risques, centrées sur l’humain, capables de penser autrement, capables de travailler ensemble et d’inventer des modèles innovants pour un futur enthousiasmant.

Ce meilleur futur ne prendra forme que si l’on apporte des solutions du-rables aux grandes problématiques sociales et environnementales. thecamp foundation pense des solutions qui résoudront les causes de ces problèmes (plutôt que d'en panser uniquement les conséquences). thecamp foundation participe également à concilier l’intérêt privé et l’intérêt général et à faire tomber les silos entre les structures, au profit de l’impact positif.

La connexion humaine est au cœur même du processus créatif, et cette connexion nécessite un lieu pour s’épanouir, pour se rassembler et échanger, pour travailler ensemble. Capitalisant sur notre camp de base inspirant, sur des méthodologies d’innovation, thecamp foundation donne les moyens nécessaires aux talents que nous dénichons partout dans le monde grâce à notre réseau, pour explorer des terrains inconnus, générer des idées ra-dicales, passer de l’idée au prototype. Nous connectons ces talents à notre écosystème privé et public afin d’amplifier l’impact positif des projets que nous initions ou accélérons.

Cette communauté internationale « Next generation » est la première étape pour favoriser l’émergence d’une vision commune du futur qui soit am-bitieuse, pluridisciplinaire, et enthousiasmante. Une plateforme digitale de partage de projets et d’idées maintiendra le dynamisme de la communauté hors les murs de thecamp.

Au sein de toutes les étapes d’innovation, thecamp foundation implique ses donateurs et les partenaires fondateurs de thecamp afin de co-créer les projets qui fonderont le monde de demain.

L’histoire ne fait que commencer, vous pouvez y participer : rejoignez thecamp foundation !

Marina Rachline, thecamp [email protected]

À PROPOS

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1er éditionImpression : Yellow Flag

Direction Artistique : Aristote Truffautthecamp 2018

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