Feuilletés de mots gourmands à déguster sans modération

Recette N°1 * : Prenez des binômes A et B. Faites écrire aux A une proposition au passé commençant par si. Faites écrire aux B une affirmation au conditionnel présent, ceci sans que les A sachent ce que les B ont écrit et vice-versa. Mélangez dans la convivialité, le plaisir des mots et la bonne humeur, et vous obtiendrez des écrits inventifs, poétiques, déroutants et humoristiques ! *inspirée par le jeu des si ou le dialogue (OULIPO, La révolution surréaliste 1929)

Si la mer dansait le flamenco Le chien aurait trois pattes Si on pouvait manger du chocolat tous les jours Le cerf-volant poursuivrait dans l’espace sa route éternelle Si les hautes montagnes atteignaient le paradis Ce serait peut-être mon voisin qui viendrait le bêcher Si les poules avaient des dents Je serais un grand collectionneur Si les hommes portaient des robes de soie L’histoire serait triste à en mourir Si les fils barbelés n’existaient pas Les vaches ne regarderaient plus passer les trains Si nos grands parents devaient vivre aujourd’hui avec tout le confort qu’ils n’avaient pas Les oiseaux perdraient leurs plumes Si j’étais grand Le soleil serait vert et froid Si l’écume des jours s’étirait jusqu’à l’horizon Les enfants conduiraient les avions Si l’ours brun avait des ailes J’aimerais bien vivre un peu dans la nature Si les hommes étaient des femmes Ce serait un comble

Si les enfants dormaient dans des hamacs Les animaux sauteraient tous à cloche-pied Si Paris ressemblait à Brazzaville Les couleurs du temps danseraient sur la mer Si toutes les horloges s’arrêtaient soudainement Les arbres seraient rouges du sang des oiseaux Si je pouvais avoir un petit jardin privé Les gens auraient des cornes qui pousseraient Si François Hollande était beau comme un dieu On pourrait se noyer tranquillement Si la fin du monde n’en finissait pas de finir La terre serait stérile Si le ciel n’était plus jamais bleu Les pensées s’amoncelleraient sur les pavés Si tout le monde disait toujours ce qu’il pensait Le monde serait meilleur avec plus de tolérance Si les fleurs n’avaient plus d’odeur Il serait de bon ton d’y remédier Si les montagnes engloutissaient le soleil et la lune La brume de l’été s’évaporerait doucement Si mes enfants habitaient plus près de chez moi Les arbres envahiraient enfin chaque parcelle de béton Si la lune rousse devenait carrée L’amour et l’amitié domineraient le monde Si les poissons pouvaient voler Il faudrait toujours faire avec Recette N°2 * : Prenez des binômes A et B, éventuellement les mêmes que dans la recette N°1. Faites écrire aux A une question commençant par Qu’est-ce que ? Faites écrire aux B une définition commençant par C’est, ceci sans que les A sachent ce que les B ont écrit et vice-versa. *inspirée par le jeu des questions /réponses (OULIPO, La révolution surréaliste 1928)

Qu’est-ce qu’une étincelle ? Une espèce de petite danse à trois Qu’est-ce qu’une vibration interplanétaire ? C’est la Tour Eiffel qui s’incline. Qu’est-ce qu’un menu bio ? C’est une ribambelle de mots attachés les uns aux autres. Qu’est-ce qu’une grenouille qui boude ? C’est une danse du ventre frénétique. Qu’est-ce que l’isolement ? C’est ce qui mange tous les rayons du soleil. Qu’est ce qui fait que l’on s’ennuie ? C’est une sensation très étrange. Qu’est-ce que le gastéropode fait dans la nature ? C’est l’ensemble des problèmes additionnés. Qu’est-ce que la légèreté ? C’est un curieux animal Qu’est-ce qu’on trouve dans une bibliothèque ? C’est un monde dans un cloitre Qu’est-ce qu’une aventure rocambolesque ? C’est des hommes de loi qui dorment comme des loirs Qu’est-ce que les habitudes ? C’est : bein il pleut encore ! Qu’est-ce qui risque d’arriver bientôt ? C’est un sentiment incompréhensible. Qu’est-ce que la solitude ? C’est comme un coucher de soleil mais en plus beau. Merci aux binômes pleins d’idées savoureuses : Ida, Marie-Ange, Marie-Anne, Monica, Rolande, Sylvie, Chaaya et Hassen.