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Tout donner pour son rêve Les jeunes de la Feyenoord Academy lors de leur entraînement quotidien à Varkenoord. FEYENOORD ACADEMY 6 THE FIFA WEEKLY

FEYENOORD ACADEMY · de Guzmán (à Villarreal) et Robin van Persie (capitaine de l’équipe nationale, parti à Arse-nal). À cette liste, il faut ajouter les noms de Ron Vlaar

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Tout donner pour son rêve Les jeunes de la Feyenoord Academy lors de leur entraînement quotidien à Varkenoord.

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MAIN DANS LA MAIN AU FEYENOORDPrès de la moitié de l’effectif néerlandais convoqué pour la Coupe du Monde de la FIFA 2014 au Brésil a fait ses gammes sur les pelouses de Rotterdam. Sarah Steiner est partie enquêter sur les méthodes de la Feyenoord Academy. Photos : Luc Schol

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Il pleut sur Rotterdam. La ville s’affiche en nuances de gris. Le vent qui s’en-gouffre dans les rues ne parvient pas à chasser les nuages bas. Le temps est maussade. C’est l’automne aux Pays-Bas. La cité est à l’image de son climat. Grande ville industrielle néerlandaise, Rotterdam est connue pour son austéri-té. Nous sommes dans l’agglomération ouvrière par excellence. On dit qu’ici, les chemises sont vendues avec les manches déjà retroussées. Plus que tout autre, le

quartier du port illustre parfaitement cet état d’esprit. Les artères très fréquentées qui mènent à la mer débouchent sur l’un des plus grands ports d’Europe : 180 000 emplois, 450 millions de tonnes de marchandises traitées par an, 12 500 hectares de superficie. On peine à prendre la mesure de tels chiffres.

Les habitants de Rotterdam sont fiers de leur ville. Ils sont également très fiers de leur club. Grand rival de l’Ajax Amsterdam et du PSV Eindhoven, le Feyenoord est l’un des trois géants du football néerlandais. Avec 14 titres de champion, 11 Coupes des Pays-Bas, une Coupe d’Europe des Clubs Champions (1970) suivie d’une Coupe Intercontinentale et de deux Coupes UEFA (1974 et 2002), le Feyenoord pos-sède un palmarès fourni. Pour assister à un match au stade De Kuip, il faut avoir le cœur bien accroché. Le public est bruyant et fana-tique ; l’atmosphère souvent enfiévrée. Les sup-porters sont exigeants.

Ces dernières années, le club a dû faire face à une grave crise financière qui l’a contraint à se montrer plus discret sur le marché des trans-ferts. Aujourd’hui, le Feyenoord semble avoir retrouvé une certaine stabilité financière. À défaut d’obtenir des résultats éblouissants, le club comble lentement mais sûrement l’écart qui le sépare encore des meilleures formations sur la scène nationale et internationale.

Le soleil brille à Brasilia. La ville se pare de ses plus beaux atours. La douce brise qui souffle dans la région contribue à rendre la tempéra-ture particulièrement agréable. Le temps idéal pour une partie de football. C’est l’hiver au Bré-sil. C’est aujourd’hui que doit avoir lieu le match pour la troisième place de la Coupe du Monde de la FIFA 2014™, qui oppose le pays hôte aux Pays-Bas. Sur les 23 membres de l’effectif oran-je, 11 ont un lien direct avec le Feyenoord.

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Tout en un Du repos aux repas en

passant par l’état de forme idéal – les jeunes talents

bénéficient d’une préparation complète pour écrire

un jour l’histoire du Feyenoord.

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Séance collective Même les plus petits doivent se plier aux règles du centre de formation.

Cinq d’entre eux, tous âgés de moins de 24 ans, sont encore au club : Jordy Clasie, Bruno Martins Indi, Terence Kongolo, Daryl Janmaat et Stefan de Vrij. Tous ont appris le métier de footballeur au centre de formation du Feye-noord, la Feyenoord Academy.

Quatre autres internationaux ont fait leurs gammes dans ce centre de formation. Puis ils se sont imposés en équipe première, avant de poursuivre leurs carrières sous d’autres cieux : Leroy Fer (parti ensuite au FC Twente), Georgi-nio Wijnaldum (au PSV Eindhoven), Jonathan de Guzmán (à Villarreal) et Robin van Persie (capitaine de l’équipe nationale, parti à Arse-nal). À cette liste, il faut ajouter les noms de Ron Vlaar et Dirk Kuyt, qui ont porté le maillot du Feyenoord au début de leur carrière. Au total, près de la moitié de l’équipe a fait escale dans le grand port néerlandais. Le chiffre a de quoi laisser songeur.

Il était une fois dans la rueVisiblement, les formateurs du Feyenoord ont découvert la recette du succès. Mais quelle est-elle  ? Comment expliquer que le club de Rotterdam réussisse mieux que les autres dans ce domaine ? “Nous avons trouvé notre propre

voie”, répond Raymond van Meenen, manager de la Feyenoord Academy. Selon lui, il n’est pas question de savoir si son école est meilleure ou moins bonne que les autres. “De toute façon, les résultats de notre travail parlent d’eux-mêmes.”

Au-delà des onze hommes qui ont contribué à mener les Pays-Bas sur la troisième marche du podium au Brésil, la saison dernière a globale-ment souri aux stars de demain. Il y a deux se-maines, les équipes de jeunes sacrées dans leurs championnats respectifs ont été récompensées à l’occasion du match d’Eredivisie entre le Feye-noord et Willem II à De Kuip. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y avait foule sur le ter-rain  : les U-16, U-14, U-13, U-10 et U-9 ont été chaleureusement applaudis par le public.

Tous les enfants qui s’entraînent à la Feye-noord Academy rêvent évidemment de dé-fendre un jour les couleurs de l’équipe pre-mière. Mais le chemin qui mène à l’élite est long et semé d’obstacles. Ici, tout le monde en est conscient. “Nous expliquons dès le début aux garçons qu’à peine un ou deux pour cent d’entre eux intègreront un jour le groupe profession-nel”, reconnaît Marcel Koning.

L’entraîneur de l’équipe U-19 sait que la pro-portion sera légèrement supérieure au sein de

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sa tranche d’âge. Ses joueurs ont atteint le der-nier échelon. À partir de là, il ne reste que deux issues possibles : trouver un autre club ou tra-verser la rue. Littéralement. C’est là que se trouve leur rêve, à portée de main. Depuis le terrain d’entraînement, on devine les projec-teurs du stade du Feyenoord, communément appelé De Kuip, au milieu des cimes des arbres. Les murs du stade se dressent à l’horizon. L’équipe professionnelle n’existe plus seulement dans l’imagination de ces footballeurs en herbe. Elle n’a jamais été aussi proche, aussi réelle.

“Nous sommes en contact étroit avec le groupe professionnel et les entraîneurs de l’équipe première”, poursuit Marcel Koning. Giovanni van Bronckhorst, ancien pension-naire de la Feyenoord Academy, et son assis-tant Jean-Paul van Gastel, ancien entraîneur de l’équipe U-19, assistent souvent aux matches des équipes de jeunes. Ils savent très précisé-ment sur quels joueurs ils pourront compter dans un avenir proche. “Par le passé, nous avons souvent cherché à l’étranger et dans d’autres clubs au moment de nous renforcer. Aujourd’hui, tous les chemins mènent à Varkenoord, notre complexe sportif”, déclare Damien Hertog.

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Les géants orange ont terminé deux ièmes de la Coupe du Monde de la FIFA 2010™ et trois ièmes de l ’édit ion 2014 organisée au Bré -s i l . Aujourd’hui , i ls se languissent à la quatr ième place de leur groupe de quali f icat ion pour l ’Euro. Ne serait - ce que pour at teindre les barrages, les Pays -Bas doivent maintenant bat tre le Kazakhstan et la République tchèque, en espérant que la Turquie perde l ’un de ses deux derniers matches. Rares sont les suppor ters à y croire encore. La campagne de quali f icat ion néer landaise n’a été qu’une succession de mauvais choix s tratégiques, d ’occasions manquées et d ’ incroyables er reurs défensives. Cet te semaine, la rumeur pré -tendait même que Danny Bl ind, qui n’a remplacé Guus Hiddink que depuis onze semaines (avant de perdre deux matches déc is i f s contre l ’ Is lande et la Turquie) , pourrait être l imogé au prof i t de l ’ancien entraîneur de Dor tmund, Jürgen K lopp.

Des idées copiées et améliorées Malheureusement pour eux , les Pays -Bas ne produisent plus suf f isam-ment de footballeurs de très haut niveau. Les Néer landais ont inven -té la plupar t des bases du football moderne, mais semblent avoir aujourd’hui perdu leur sens de l ’ innovat ion. L’habileté technique et la l iber té tac t ique des premiers adeptes du football total dans les années 70 étaient révolut ionnaires. Aujourd’hui, tout le monde peut en faire autant . Les méthodes de formation mises au point à l ’A jax se sont démocrat isées, au point de devenir monnaie courante.

Les Br i tanniques, qui avaient pour tant inventé le chemin de fer, ont vu d’autres nat ions créer des trains et des réseaux fer rés beau -coup plus per formants au f i l des ans. Comme eux , les Néer landais ont vu leurs idées copiées, améliorées ou empruntées. La France,

l ’A l lemagne et la Belgique produisent davantage de joueurs de

c lasse mondiale. Le Turc Oğuzhan Özyakup, buteur face aux Pays -Bas i l y a deux semaines, es t en fait… un ancien internat ional junior néer landais , passé par le centre de formation de l ’A Z A lkmaar.

Pris entre deux générations Tout le monde paraî t aujourd’hui convaincu que l ’équipe des Pays -Bas n’es t pas aussi for te que ses résultats des c inq dernières années le laissaient à penser. En 2010 et 2014, Ber t van Mar wijk puis Louis van Gaal ont eu la bonne idée d’abandonner le s t y le tradit ionnelle -ment of fensi f des Pays -Bas pour construire d’excel lentes machines à contrer. En misant sur les chevauchées d’Ar jen Robben et la jus tesse des passes de Wesley Snei jder, les Néer landais sont passés à un ta -lon (celui du gardien espagnol) de rempor ter l ’épreuve suprême en Afr ique du Sud. Quatre ans plus tard, i ls ont écrasé les champions

du monde 5:1 au Brési l , en s’appuyant sur une défense à c inq. On oublie trop souvent qu’entre ces deux Coupes du Monde, les Pays -Bas ont réal isé un Euro 2012 catastrophique, ponc tué de trois défaites .

L’époque des grands s tratèges néer landais es t e l le aussi révolue. Cruy f f n’exerce plus depuis 1996. Hiddink a 68 ans et ses meil leures années sont v is iblement der r ière lui . Van Gaal prendra sa retaite dans deux ans. Le célèbre centre de formation du c lub le plus impor -tant dans l ’his toire du pays, l ’A jax Amsterdam, n’a plus produit le moindre joueur de renommée mondiale depuis plus d’une décennie

( l ’Uruguayen Luis Suarez et le Suédois Z latan Ibrahimovic étaient déjà adultes à leur ar r ivée chez les Lanciers) . Les changements mis en place depuis la pr ise de pouvoir de Johan Cruy f f en 2011 n’ont produit aucune améliorat ion v is ible. L’équipe nat ionale se retrouve, quant à el le, pr ise entre deux générat ions. On considère générale -ment que les footballeurs at teignent leur meil leur niveau vers la f in de la v ingtaine. Pour tant , les Pays -Bas n’ont al igné aucun joueur entre 27 et 31 ans lors de la défaite contre la Turquie (3:0) en début de mois . À un bout du spec tre, on trouve des s tars v ie i l l is santes comme Snei jder, Robben ou Robin van Persie ; à l ’autre, des jeunes comme Daley Bl ind ou Memphis Depay. Entre les deux , r ien.

Henk Spaan, rédac teur en chef du journal Hard gras, es t ime que son pays doit se guér ir de sa nostalgie chronique et commencer à apprendre des pays qui l ’ont dépassé. Si la formation dél ivrée aux

Pays -Bas entre 10 et 18 res te “ incroyablement” bonne, “quelque chose ne va pas entre 18 et 21 ans. Nos entraîneurs ne par v iennent pas à transformer de jeunes espoirs pleins de talent en footballeurs de métier ”. Le championnat nat ional souf f re également de l ’exode de plus en plus précoce de ses meil leurs éléments. (Dans les années 80 et 90, les jeunes les plus promet teurs comme Ruud Gull i t et Den -nis Bergkamp ne par taient pas avant 24 ans. Aujourd’hui, les jeunes prodiges quit tent le nid dès 20 ans.)Pour ne r ien ar ranger, les schémas pr iv i légiés par les s tratèges néer landais sont devenus obsolètes. “Cruy f f di t toujours qu’ i l faut jouer avec des ai l iers très haut pour bloquer les latéraux adverses. Mais les joueurs de couloir sont plus rapides. On ne peut plus jouer comme ça. Le football se modernise. Les Pays -Bas doivent se réin -

venter, comme l ’A llemagne l ’a fait après ses dif f icultés du début des années 2000”, conclut Spaan.

David Winner

LE VIDE ENTRE 18 ET 21 ANS

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Le pays de Johan Cruyff et du “totaalvoetbal” risque fort de manquer à l’appel de l’Euro en France. Qu’est-ce qui ne va pas aux Pays-Bas ?

La référence Johan Cruyff dans les années 70.

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La relève Aujourd’hui à Varkenoord, prochainement au stade De Kuip.

Le directeur du centre de formation a, lui aussi, appris les bases du métier au Feyenoord, comme beaucoup de ses collègues. “C’est un privilège de travailler pour ce club”, estime-t-il.

L’équipe au cœur du jeuCet amour du Feyenoord est omniprésent. Ici, tout le monde travaille main dans la main. À aucun moment, cet état d’esprit ne paraît factice. Du garçon de huit ans qui pénètre sur le terrain le torse bombé au responsable des relations internationales, tous les acteurs semblent liés. “J’ai grandi ici. Le Feyenoord est mon club. Je ne me vois pas travailler ailleurs”, assure ce dernier. En ville, le Feye-noord est partout. On ne trouve pas un mur sans graffiti à sa gloire ; pas un bar sans écharpe blanche et rouge.

Même en cette journée pluvieuse, personne ne se plaint à Varkenoord lorsque les entraîneurs convoquent les joueurs sur le terrain d’entraînement. L’ambiance est bon enfant ; l’équipe est au centre de toutes les préoccu-pations. C’est précisément l’état d’esprit que veulent en-courager les dirigeants du centre de formation. “Qu’est-ce que ça peut faire que tu aies réussi un bon match si ton équipe a perdu 2:0  ?”, demande Damien Hertog. Les jeunes espoirs doivent se donner à fond pour répondre aux exigences de leurs éducateurs. La vie d’apprenti foot-balleur n’a décidément rien d’une sinécure.

Pourtant, les responsables ne souhaitent pas priver leurs pensionnaires de leur enfance. Afin de bien coordon-ner les entraînements et le temps consacré à l’étude, des partenariats sont établis avec les écoles. Les membres de la Feyenoord Academy enfilent les crampons tous les ma-tins et retournent s’asseoir sur les bancs de leurs classes dans l’après-midi. Les cours se terminent relativement tôt, afin de leur permettre de profiter de leurs amis et de leur famille en fin de journée.

L’aspect social tient donc une place très importante. Le directeur du centre de formation est en contact perma-nent avec 220 joueurs et leurs parents. La vie ne s’arrête pas aux lignes de touche. “Il nous est déjà arrivé de trouver une place à un père ou de faciliter des démarches adminis-tratives”, raconte Raymon van Meeren. L’exemplarité est une notion essentielle pour cet ancien arbitre profession-nel. “Nous ne travaillons pas avec des footballeurs, mais avec des êtres humains”, aime-t-il à répéter.

Communication et diététiqueAu fur et à mesure de leur développement, les joueurs sont aussi mis face à leurs responsabilités. Il leur revient no-tamment de prendre en charge leur développement per-sonnel. L’entraîneur de l’équipe U-19 Marcel Koning dé-taille l’organisation du club  : “Au début de la saison, je m’entretiens avec chacun individuellement. Nous parlons ensemble de ses progrès, de ses objectifs, de ses forces et de ses faiblesses. Ensemble, nous définissons trois do-maines dans lesquels le joueur doit travailler et s’amélio-rer.” Cette méthode, baptisée "Entretien de Plan de Déve-loppement Personnel", est pratiquée dès les U-13.

Les pensionnaires du centre de formation disposent de nombreux outils pour optimiser leur plan de dévelop-pement, à commencer par les outils d’analyse vidéo. Tous les matches sont filmés, ainsi que de nombreux entraîne-ments. Chaque joueur est suivi individuellement. Nos footballeurs en herbe peuvent ensuite se connecter à une

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Détecteurs de talents Glenn van der Kraan, entraîneur de l’équipe U-10 (en haut à droite) et Marcel Koning, entraîneur des U-19 (en bas à droite).

Organisateurs Damien Hertog,

directeur de la Feyenoord Academy

(en haut à gauche) et Raymond van

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Des jeunes pousses aux grands chênes Beaucoup d’anciens pensionnaires de la Feyenoord Academy ont été sélectionnés en équipe des Pays-Bas.

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plateforme en ligne pour évaluer leur perfor-mance. De leur côté, les éducateurs savent quand et combien de temps leurs élèves sont connectés. En milieu de saison, chacun doit mettre en avant les progrès réalisés à l’occasion d’une présentation faite devant les entraî-neurs. “Ça nous permet de savoir où il en est, mais – c’est le plus important – ça permet aus-si au joueur de se situer lui-même”, précise Marcel Koning.

L’enseignement dispensé à Varkenoord ne se limite pas aux dribbles et à l’art du place-ment. “Pour devenir professionnel, le talent ne suffit pas”, prévient Raymond van Meeren. De ce fait, les joueurs bénéficient de formations dans de nombreux domaines, comme la com-munication par exemple. Devant les caméras de la chaîne du club, les jeunes espoirs sont invités à discourir ou à répondre à toutes sortes de questions, même les plus délicates. Les tensions avec l’entraîneur ou les coéquipiers sont ainsi régulièrement évoquées. Après coup, chaque prestation fait l’objet d’une analyse lors d’une session spéciale, avant d’être discutée au sein du groupe. Les stars de demain peuvent égale-ment obtenir les conseils d’un préparateur mental ou d’une nutritionniste. Enfin, un assis-tant social est à leur disposition pour des conversations plus personnelles.

“C’est à eux de faire le travail”L’organisation de la Feyenoord Academy est réglée au millimètre. Dans ces conditions, il n’est pas toujours facile de conserver une vue d’ensemble. C’est la raison pour laquelle le club a choisi de mettre en place un système de ges-tion numérique. Cette grande base de données réunit toutes les informations sur les joueurs. “De cette façon, nous pouvons rassembler tous les domaines dans un seul et même système”, explique Glenn van der Kraan. Entraîneur des U-10 et chef de projet, notre interlocuteur mesure parfaitement l’importance d’un tel outil. “Quand un enfant de cinq ans arrive chez nous et commence à s’entraîner, nous créons immédiatement un dossier. Au fil des ans, nous ajoutons tous les renseignements possibles : performances, résultats scolaires, informations médicales… Ces données sont accessibles à tout le monde au sein du club. Ainsi, son entraîneur peut retracer simplement et rapidement son parcours.”

Cet expert du monde du sport consacre toute son énergie à son club. “Je suis supporter du Feyenoord, toute ma famille l’est aussi. Il en a toujours été ainsi. En venant travailler ici, j’ai réalisé mon rêve”, poursuit notre interlo-cuteur. Grâce à son père, ancien journaliste sportif, Glenn van der Kraan a eu la chance de côtoyer très jeune ses idoles au stade De Kuip. Aujourd’hui, il entraîne les U-10, ce qui semble lui convenir parfaitement. “C’est incroyable de

les voir sur le terrain. Ils ont deux temps d’avance sur nous. Ils voient beaucoup mieux le jeu et savent tout de suite où il faut mettre le ballon.”

Pour développer ces qualités, les respon-sables du centre de formation ont recours à des moyens simples. Glenn van der Kraan interdit par exemple à ses joueurs de porter des dos-sards. Il empêche ainsi ses protégés de se concentrer uniquement sur les couleurs. Sur le terrain, il faut se souvenir des visages de ses coéquipiers. Contrairement à d’autres clubs qui organisent des matches à quatre contre quatre ou cinq contre cinq, la Feyenoord Academy fait jouer très tôt ses pensionnaires à neuf contre neuf. “Au bout du compte, ils finiront par jouer à onze contre onze. C’est un fait. Ils doivent donc apprendre à visualiser très vite l’ensemble du terrain. À quoi bon attendre ?”

Parallèlement, l’entraîneur affiche une grande confiance dans ses élèves. Chacun d’entre eux possède le potentiel pour accéder un jour à l’équipe première. Il en est convaincu. “Nous sommes là pour leur montrer le chemin. Nous les aidons, nous organisons leur emploi du temps, nous les entraînons. Mais c’est à eux de faire le travail”, conclut Glenn van der Kraan.

Feyenoord un jour, Feyenoord toujoursBeaucoup sont allés jusqu’au bout de ce che-min. Certains ont même réussi à intégrer le groupe professionnel. Leurs noms et leurs pho-tos sont affichés sur les murs de l’entrée du centre de formation. On peut y voir le visage de Terence Kongolo, aujourd’hui titulaire au Feyenoord. Jean-Paul Boëtius a, quant à lui, émigré au FC Bâle. Luc Castaignos, la nouvelle recrue de l’Eintracht Francfort, est là lui aussi. La dernière image de la rangée montre seule-ment une silhouette. Un point d’interrogation remplace le nom. Tous les pensionnaires du centre de formation ont compris le message : il ne tient qu’à eux de s’approprier cet espace.

Sur le mur opposé, on retrouve les visages des internationaux néerlandais passés par ici. Tous ces footballeurs ont fait les gros titres pendant la Coupe du Monde au Brésil. Au premier rang d’entre eux se trouve évidem-ment le capitaine Robin van Persie. Un lien particulier les unit tous. “Nous avons grandi

ensemble ; ce club est notre trait d’union”, dit Leroy Fer. Sa photo est là aussi. Il est arrivé au centre de formation à dix ans. “Le Feyenoord sera toujours dans mon cœur. C’est mon club !” Il garde visiblement un bon souvenir de son passage à Varkenoord, de cette époque où il rêvait encore de disputer un match au stade De Kuip. Il a depuis réalisé ses ambitions et porte aujourd’hui les couleurs des Queens Park Rangers. Il a également participé à la Coupe du Monde. “C’était le plus beau moment de ma vie”, raconte-t-il.

Lorsqu’on lui demande si l’équipe des Pays-Bas doit une fière chandelle au centre de for-mation du Feyenoord, la réponse ne se fait pas attendre : “C’est la meilleure académie en Eu-rope, si ce n’est au monde. Une partie du mérite de notre succès lui revient, naturellement !”

Les Pays-Bas traversent actuellement une passe difficile dans les qualifications pour l’Euro 2016 en France. Les Oranje ne sont plus maîtres de leur destin. Ils dépendent de la Turquie. Comment expliquer ce revers de for-tune ? “Il n’y a pas assez de joueurs du Feye-noord en équipe nationale”, lâche Raymond van Meenen en riant. L’essence de l’humour, c’est de continuer à rire malgré tout. Å

“C ’est la meilleure académie en Europe, si ce n’est au monde”

Leroy Fer, footballeur professionnel

FE YENOORD RO T TERDA MFaits et chiffresFondation : 19 jui l let 1908Stade : s tade de Feyenoord, De Kuip, 51 577 placesEntraîneur : Giovanni van Bronckhors tPrésident : Gerard Hoetmer

Palmarès du club : Championnat des Pays-Bas : 1924, 1928, 1936, 1938, 1940, 1961, 1962, 1965, 1969, 1971, 1974, 1984, 1993, 1999Coupe des Pays-Bas : 1930, 1935, 1965, 1969, 1980, 1984, 1991, 1992, 1994, 1995, 2008

Succès internat ionaux : Coupe des clubs champions européens : 1970Coupe Intercont inentale : 1970Coupe de l ’UEFA : 1974, 2002

Feyenoord AcademyDirec teur : Damien Her togManager : Raymond van MeenenStade : complexe spor t i f Varkenoord, 3 600 placesDis t inc t ions : R inus Michels Award : 2010, 2011, 2012,2013, 2014

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