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A. Du-Thanha,∗, C. Fabrea,J. Chevallier-Michaudb, C. Girarda,
O. Dereurea, D. Enjarlana, B. Guillota
a Département de dermatologie, CHU deMontpellier et université Montpellier 1, hôpital
Saint-Éloi, 80, avenue Augustin-Fliche, 34295Montpellier cedex 5, France
b Service de soins palliatifs, hôpital Saint-Éloi, 80,avenue Augustin-Fliche, 34295 Montpellier cedex
5, France
∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : a-du [email protected]
(A. Du-Thanh)
Recu le 19 janvier 2011 ; accepté le 3 mai 2011
oi:10.1016/j.annder.2011.05.019
ibroplasie atypique de décubitus :es lésions à connaître
typical fibroplasias due to decubitus: A disease ofnterest to dermatologists
ous rapportons un cas de fibroplasie atypique liée au décu-itus, affection rare et potentiellement trompeuse que lesermatologues peuvent être amenés à rencontrer.
bservation
ne femme âgée de 75 ans était adressée pour lésionsumorales et ulcérées des fesses s’étendant progressive-ent depuis deux ans, avec la survenue plus récente’abondants saignements en nappes responsables d’unenémie. L’anamnèse trouvait une prothèse bilatérale desanches et la constitution progressive d’un lymphœdèmees jambes depuis quatre ans. La patiente était obèseindice de masse corporelle de 37 kg/m2), de mobilitééduite et confinée au fauteuil jour et nuit. L’examen notaitn placard des deux fesses mesurant 17 × 20 cm, infiltrén profondeur, d’aspect mamelonné en surface, avec uneonsistance rénitente, surmonté à droite par deux ulcéra-ions saignotantes (Fig. 1). Le pli sous-fessier était respecté.l existait un important lymphœdème des jambes. Le restee l’examen était sans particularité. Le bilan biologique
ontrait une anémie ferriprive à 7,6 g/dL.L’examen tomodensitométrique abdomino-pelvien étaitormal et ne donnait pas d’indication sur la nature desasses fessières. L’imagerie par résonance magnétique
pnld
Lettres à la rédaction
IRM) montrait un syndrome de masse superficiel des deuxesses latéralisé à droite, mesuré sur une hauteur de 5 cmt 2 cm d’épaisseur, avec infiltration à son pourtour. Ilxistait une prise de contraste diffuse et homogène (dis-ret hypersignal T2, hyposignal T1). Des biopsies profondestaient prélevées en trois sites différents sur les fesses,ontrant une fibrose collagène dense du derme moyen
t profond, avec un peu de prolifération fibroblastiqueisséquant les lobules adipeux. Il existait des cavités vas-ulaires hyperplasiques irrégulières et un discret infiltratymphoplasmocytaire péricapillaire du derme moyen. Leiagnostic de fibroplasie atypique de décubitus était poséur la confrontation anatomoclinique. Des conseils étaientonnés pour limiter l’appui sur cette zone.
iscussion
a fibroplasie atypique de décubitus a été décrite poura première fois en 1992 par Montgomery chez 28 patientsomme une prolifération fibroblastique pseudosarcoma-euse siégeant habituellement sur les saillies osseuses chezes sujets âgés alités [1]. Depuis cette première descrip-ion, une autre série de 44 cas [2] et des cas isolés ontté rapportés, presque exclusivement dans des revues deathologie [3,4], souvent sous le nom de fasciite ischémiquee décubitus. Les pics d’incidence sont la huitième et laeuvième décennie, des cas ayant également été observéshez des sujets plus jeunes [5]. Cette affection touche desatients le plus souvent physiquement débilités ou immo-ilisés. Dans la plupart des cas, on trouve un alitementrolongé ou la station prolongée dans un fauteuil roulant,omme chez notre patiente. Les sites anatomiques tou-hés sont les régions trochantériennes le sacrum, les crêtesliaques, les fesses et la région scapulaire. Cliniquement, il’agit de masses relativement bien limitées, plus ou moinsures, étendues sur 1 à plus de 10 cm2. L’ulcération et lesomplications hémorragiques, comme chez notre patiente,ont plus rares.
L’histopathologie montre typiquement une proliférationésenchymateuse polymorphe d’architecture multinodu-
aire, associant une zone centrale dégénérative d’aspectyxoïde ou fibrinoïde entourée d’un tissu de granulation
ichement vascularisé fait de vaisseaux ectasiques et deombreux fibroblastes atypiques à cytoplasme basophilebondant et à noyau hyperchromatique pourvu de nucléolesroéminents pouvant simuler un sarcome. En périphérie,es lésions sont hypocellulaires. Lorsque la proliférationbroblastique est au premier plan, l’aspect peut évoquertort un sarcome : dans la première série rapportée, un
iagnostic de malignité avait été porté histologiquementans 43 % des cas, particulièrement lorsqu’il existait unenfiltration musculaire [1]. L’escarre de décubitus, plus clai-ement relié à la pression prolongée, partage des similitudesistologiques avec la fasciite de décubitus : tissu de granula-ion avec prolifération vasculaire et infiltrat fibroblastiqueéactionnel [1]. L’étude immuno-histochimique réalisée res-ectivement dans 15 cas de la série de Montgomery etans 18 cas de la série de Leidl montre des marqueurs
an-kératinocytaires et une protéine S 100 constammentégatifs. Un marquage focal pour la vimentine, la desmine et’actine peut être observé dans des proportions qui variente 100 % à 15 % des cas [1,2].Lettres à la rédaction
Figure 1. Vaste lésion d’aspect angiomateux, par endroits érosive
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ou bourgeonnante, infiltrée en profondeur.
L’IRM est aspécifique : elle montre l’extension des lésionsqui peut aller jusqu’aux muscles [6].
Dans notre cas, la biopsie a montré un processus de cica-trisation hypertrophique représentant un stade de début desfibroses atypiques et pseudo-sarcomes décrits dans la lit-térature. La pathogénie de ces lésions est probablementliée à l’ischémie induite par la pression prolongée, avecun processus de cicatrisation aberrante. Le diagnostic estfait par la confrontation anatomoclinique et radiologique.La reconnaissance de cette entité rare liée au décubitusprolongé est essentielle pour éviter une confusion avec unsarcome des tissus mous et pour prévenir une attitude agres-sive.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.
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éférences
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M. Rafaaa, E. Bertolleb, A.-R. Wannc,O. Vérolad, G. Hickmane, A. Petite,
M.-L. Sigal a,∗a Service de dermatologie, hôpital Victor-Dupouy,69, rue du LC-Prudhon, 95100 Argenteuil, France
b Service de radiologie, hôpital Victor-Dupouy,69, rue du LC-Prudhon, 95100 Argenteuil, France
c Service d’anatomopathologie, hôpitalVictor-Dupouy, 69, rue du LC-Prudhon,
95100 Argenteuil, Franced Service d’anatomie-pathologie, hôpitalSaint-Louis, 1, avenue Claude-Vellefaux,
75010 Paris, Francee Service de dermatologie, hôpital Saint-Louis,
1, avenue Claude-Vellefaux, 75010 Paris, France
∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected]
(M.-L. Sigal)
Recu le 26 novembre 2010 ;accepté le 3 mai 2011
oi:10.1016/j.annder.2011.05.020