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Fiche élève guerres mondiales 2012-2013

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PREMIÈRE HISTOIRE

Thème 2 : La guerre au XX° siècle. Première partie : Guerres mondiales et espoirs de paix.

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I. Introduction générale.

Construire sur une double page les frises chronologiques de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Les compléter à l’aide du livre pages 85 et 104.

La notion de guerre totale : Une nouvelle conception de la guerre au XXe siècle.

a. Présentez les deux documents.

b. Montrer que malgré le décalage dans le temps, les auteurs conçoivent la guerre comme totale, c’est-à-dire qui dépasse largement les dimensions

d’un conflit militaire classique.

Texte 1 Déclaration de Clemenceau au Sénat 20 novembre 1917.

« Nous avons accepté d'être au gouvernement pour conduire la Guerre avec un redoublement d'efforts en vue du meilleur rendement de toutes les

énergies.

Nous nous présentons devant vous dans l'unique pensée d'une guerre intégrale. Nous voudrions que la confiance dont nous vous demandons le

témoignage fût un acte de confiance en vous-mêmes, un appel aux vertus historiques qui nous ont faits Français. Jamais la France ne sentit si clairement le

besoin de vivre et de grandir dans l'idéal d'une force mise au service de la conscience humaine, dans la résolution de fixer toujours plus de droit entre les

citoyens comme entre les peuples capables de se libérer. Vaincre pour être justes, voilà le mot d'ordre de tous nos Gouvernements depuis le début de la

Guerre. Ce programme à ciel ouvert, nous le maintiendrons.

( Nous avons de grands soldats d'une grande histoire, sous des chefs trempés dans les épreuves, animés aux suprêmes dévouements qui firent le beau

renom de leurs aînés. Par eux, par nous tous l’immortelle Patrie des hommes, maîtresse de l’orgueil des victoires poursuivra dans les plus nobles ambitions

de la paix le cours de ses destinées.) Ces Français que nous fûmes contraints de jeter dans la bataille, ils ont des droits sur nous. Ils veulent qu'aucune de

nos pensées ne se détourne d’eux, qu'aucun de nos actes ne leur soit étranger. Nous leur devons tout, sans aucune réserve. Tout pour la France saignante

dans sa gloire, tout pour l'apothéose du Droit triomphant. Un seul devoir demeurer avec le soldat, vivre, souffrir, combattre avec lui. Abdiquer tout ce qui

n'est pas de la Patrie. L'heure nous est venue d'être uniquement Français, avec la fierté de nous dire que cela suffit.

Droits du front et devoirs de l'arrière, qu'aujourd'hui tout soit donc confondu. Que toute zone soit de l'armée. S'il doit y avoir des hommes pour retrouver

dans leurs âmes de vieilles semences de haines, écartons-les.

Toutes les nations civilisées sont engagées dans la même bataille contre les formations modernes des vieilles barbaries. Avec tous nos bons alliés nous

sommes le roc inébranlable d'une barrière qui ne sera pas franchie. Au front de l'alliance à tout heure et partout, rien que la solidarité fraternelle, le plus

sûr fondement du monde à venir (... ) »

Texte 2 Discours radiodiffusé de F. D Roosevelt, 6 janvier 1942.

« Cette guerre est d’une espèce nouvelle. Elle diffère de toutes les guerres du passé, non seulement par les armes et les méthodes, mais aussi par la

géographie. C’est une guerre qui embrasse tous les continents, toutes les îles, toutes les mers, toutes les routes aériennes, dans le monde tout entier.(…)

La guerre coûte de l’argent. Jusqu’à présent, nous avons à peine commencé à payer. Nous n’avons consacré que 15 % de notre revenu national à la

défense nationale …Notre programme de guerre pour l’année fiscale à venir coutera 46 milliards de dollars, en d’autres termes plus de la moitié de

l’estimation de notre revenu annuel. Cela signifie des impôts et des emprunts et encore des emprunts et des impôts…En un mot cela signifie une guerre

totale par l’effort des individus et des familles d’un pays uni. »

II. La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans la guerre totale.

A. Introduction.

La 1ere GM naît d’une réaction en chaîne des alliances militaires présentes en Europe à la suite de l’assassinat de l’héritier de l’Empire d’Autriche-Hongrie (François-Ferdinand), le 28 juin 1914 à Sarajevo. Cet affrontement entre les Empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman) et l’Entente (RU, France, Russie + Italie 1915 + EU 1917) engage presque toute l’Europe (et ses colonies).

Les gouvernements mobilisent, c’est « l’Union sacrée ». cf. doc 1 p 86 + document vidéo projeté.

La guerre est d’abord offensive : Les allemands entrent en France par la Belgique neutre « plan Schlieffen » : guerre de mouvement

(def p 86). Réplique de l’armée française (sous les ordres du Général Joffre) qui repoussent les allemands : bataille de la Marne.

Après Tannenberg (26-28 août 1914), victoire allemande sur les troupes russes, les fronts Est et ouest se stabilisent. Les armées

s’enterrent c’est la guerre de position jusqu’en 1917.

Tentatives de percées, très meurtrières : bataille de Verdun (fév-déc 1916), de la Somme (juillet-nov 1916) ; bilan meurtrier du à l’évolution de l’armement ; les soldats sont confrontés à une violence inédite.

Après l’entrée en guerre des États-unis et la défection des Russes, les offensives reprennent à l’initiative des Allemands (Picardie, Flandre..) mais les Alliés reprennent l’avantage, et contraignent l’Allemagne à signer l’armistice le 11 nov 1918.

B. La violence au cœur de l’expérience combattante.

1. Une violence de masse qui prend des formes nouvelles.

Extrait du film Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet (2004)

Doc 1 (texte ci-dessous) + 88.2 et 89.3 : Questions 2 et 3 du livre. Puis relevez les informations montrant les violences

Guerre totale

Triple Entente (p.86)

Triple alliance (p.86)

Union sacrée

Guerre de mouvement (p. 86)

Guerre de position (p. 86)

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PREMIÈRE HISTOIRE

Thème 2 : La guerre au XX° siècle. Première partie : Guerres mondiales et espoirs de paix.

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psychologiques et les séquelles laissées par la guerre.

« L’explosion d’un obus était si violent qu’elle pouvait tuer sans qu’aucun éclat ait pénétré le corps. Au début du conflit, les médecins du front constatent le fait avec quelque étonnement. Ainsi devant le cas de ce fantassin transporté dans une ambulance du Pas de Calais en octobre 1914, une dizaine d’heures après qu’un obus a explosé près de lui, sans toutefois le blesser de manière visible, parlant encore mais mourant déjà, vomissant le sang lors de l’examen médical, et décédé dans la nuit. Le blessé est mort à la suite d’un éclatement de deux poumons, compliqué d’un éclatement de la muqueuse gastrique, tout ceci sans blessure extérieure.

Si ces effets de souffle ont constitué une nouveauté de la Grande Guerre, ils sont liés à la violence des explosions induite par les poudres sans fumée…c’est d’abord par leurs éclats que les obus ont manifesté leur dangerosité en 1914-1918. La capacité vulnérante des éclats d’obus était grande. Les plaies par pénétration d’un éclat, avaient pour caractéristique d’entrainer de grosses hémorragies, en raison d’une capacité vulnérante spécifique les conduisant à entailler le système vasculaire sur leur passage. Un être humain pouvait être littéralement coupé en deux par un grand éclat. Et en cas d’explosion très proche, le corps pouvait être volatilisé au sens strict du terme. Ainsi peut-on se représenter l’obscénité de certains spectacles visuels endurés par les soldats de la Grande Guerre-voir les corps ouverts- voir l’intérieur du corps de ses camarades. Et comprendre de manière un peu moins abstraite l’atroce efficacité du canon pendant la Grande Guerre »

D’après Stéphane Audoin-Rouzeau, Les armes et la chair, trois objets de mort en 1914-1918, A Colin, 2009.

2. La brutalisation.

Étude des deux documents ci-dessous : a. Relevez dans le premier témoignage, l’impact de la guerre sur ceux qui l’ont faite. b. Relevez ce qui fait la brutalité des combats. c. Relevez les infos relatives aux effets psychologiques et aux séquelles que la guerre peut laisser.

Discours de M Brana, directeur d’école à Bayonne, prononcé le 15 aout 1936 à l’occasion de la remise de la légion d’honneur qui lui est faite. « La guerre a fait de nous, non seulement des cadavres, des impotents, des aveugles. Elle a aussi, au milieu de belles actions, de sacrifice et d’abnégation, réveillé en nous d’antiques instincts de cruauté et de barbarie. Il m’est arrivé, à moi qui n’ai jamais appliqué un coup de poing à quiconque, à moi qui ai horreur du désordre et de la brutalité, de prendre plaisir à tuer. Lorsque nous rampions vers l’ennemi, la grenade au poing, le couteau entre les dents, la peur nous tenait aux entrailles et cependant, une force inéluctable nous poussait en avant. Surprendre l’ennemi dans sa tranchée, sauter sur lui, jouir de l’effarement d’un homme qui ne croit pas au diable et qui pourtant le voit tout à coup tomber sur ses épaules ! Cette minute barbare, cette minute atroce avait pour nous une saveur unique, un attrait morbide….Et c’est cette défloraison de l’âme que j’ai pardonné le moins facilement à la guerre ». document 3

1915 (Offensive de Champagne) : Première distribution massive de couteaux par l’armée aux soldats, réalisés à partir de stock de baïonnettes tronquées. Fin 1916 : Entre 650 000 et 800 000 couteaux réglementaires ont été distribués par l’armée aux soldats français. 1916-1918 : Les règlements officiels de l’armée allemande prescrivent de plus en plus précisément comment s’entraîner au combat à l’arme blanche et quelles parties du corps de l’adversaire viser. Les textes français sont silencieux sur ce point. 1914-1918 : 1% de soldats tués à l’arme blanche (Evaluation des Services de santé français). Chiffre vraisemblablement sous-évalué, car les blessures provoquées par l’arme blanche étant souvent immédiatement mortelles, les victimes n’entraient pas dans le processus de secours sanitaire. D’après Stéphane Audoin-Rouzeau, Les armes et la chair. Trois objets de morts en 14-18, Paris, Armand Colin, 2009

3. Qui est à l’origine de profonds traumatismes.

Étude de documents : Eau forte Soldat blessé, 1916, Otto Dix (document vidéo projeté) + p 102-103 : éléments biographiques et Triptyque La Guerre (autre œuvre du même auteur) + tableau 87.3 : le bilan humain de la guerre. a. Comment Otto Dix témoigne-t-il du traumatisme lié à la guerre ? b. Quelle conséquence la guerre a-t-elle eu sur les sociétés belligérantes ?

C. Une violence qui n’épargne pas les civils.

1. Les civils touchés par la guerre.

Textes ci-dessous + affiche (vidéo projetée) + texte 5 p 93 : Montrez comment les civils sont devenus des cibles à part entière et la nature des traumatismes qu’ils subissent.

« Faire la guerre aux soldats sur les champs de bataille, user de ruse, d’adresse, à l’armé, c’est permis, c’est dans l’ordre, mais être sans pitié, sans ménagement pour les civils envahis qui n’ont aucun moyen de défense, ce n’est plus d’une guerre entre peuples civilisés. C’est le cas de répéter ce qui se disait vingt siècles en arrière chez les Romains : vae victis, malheur aux vaincus. Hélas, nous en savons quelque chose. Leurs communiqués sont affichés sur les murs, et toutes leurs défenses comme leurs ordres sont suivis de ce refrain « sous peine de mort »Journal de l’abbé Gonse, Pas de calais (dans A. Becker Oubliés de la grande guerre, Noêsis,1998

Extraits du livre de Jane Catulle-Mendès, La prière sur l'enfant mort, Paris, 1921 et de l’article de Stéphane Audoin-Rouzeau, Corps perdus, corps retrouvés, trois exemples de deuils de guerre, in Annales Histoire, Sciences sociales n°1 , Paris, Armand Collin, Janvier-Février 2000. a. Quels sentiments éprouve cette mère ? b. Éprouveriez-vous d’autres sentiments à sa place ? c. Quel acte lui apporte un réconfort ? Comment les Etats prennent-ils en compte ce besoin après la fin de la guerre ? [95.2 et

réflexion].

Brutalisation : Selon l’historien G. Mosse, processus de banalisation de la violence, de la souffrance et de la mort de masse provoquée par la première guerre mondiale.

Syndrome ou trouble de stress post-traumatique : Séquelles psychologiques laissées par la violence des combats chez les anciens soldats.

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PREMIÈRE HISTOIRE

Thème 2 : La guerre au XX° siècle. Première partie : Guerres mondiales et espoirs de paix.

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Lundi... Le petit jour... L'heure du courrier dont je ne me soucie même pas... J'en attends l'annonce pourtant, avant de bouger... Il a passé... Plus rien ne suspend la montée de l'épouvante... J'écris... J'écris... Il me faut du secours... Et j'écris à mon enfant... « Réponds... ». J'embrasse le papier que je lui envoie... Je ne veux voir personne... Rien que l'attente... Il y a une immense chose informe qui approche... qui est tout près... dont plus rien ne va me défendre...

Agonie... On ne peut pas dire... Vous seules pouvez savoir, vous pareilles à moi, à qui le silence a dit un jour l'indicible chose... Agonie... Combien de temps... Je ne sais pas... Combien de temps... C'est pour toujours ...

Seule avec mon malheur... Impuissance... Rien, rien, je ne peux rien... II est mort... Je lui ai donné la vie, rien ne peut faire que je lui rende un souffle de vie... Il n'y a pas de rachat. Il n'y a pas de rédemption. Il est mort... Toute ma douleur ne compte pas, tout mon amour ne compte pas... Il est mort... Je ne l'ai pas empêché de mourir...

Je ne conçois pas que mon enfant est mort... Je le vois vivant. Je vois toutes ses expressions, tous ses mouvements, sa façon d'incliner un peu la tête avec un demi-sourire, son habitude d'approcher son visage tout près du mien. Je le sens, je l'entends, il est présent, il est contre moi... Il est mort... ".

Mes deux fils, Marcel et Raymond sont près de moi, avec leurs yeux rougis, leur tendresse. Je sanglote sur leurs mains... « Maman.... Maman... » C'est tout ce qu'il peuvent dire, mes pauvres bien-aimés. Mais, dans leurs chères voix douloureuses, j'entends la voix du plus petit qui ne dira plus jamais « Maman... ». Primice était unique, en effet : « Je l'ai adoré... Je l'ai adoré... » Sa beauté... Il n'y avait que moi pour la connaître tout entière... Quand je serai morte, personne ne saura plus les secrets de sa perfection".

Il n'est plus seul... Je suis avec lui... Il n'est plus enfermé dans l'ombre affreuse... Un peu de lumière va jusqu'à lui... Un peu d'air libre passe sur lui .... [Les hommes qui l'accompagnent, et qui, eux, ont regardé, lui assurent qu'aucune odeur ne se dégage du cadavre, que le corps et le visage de Primice sont intacts] : "La mort n'a pas osé l'abîmer », pense Jane. « Il est là, pareil à lui-même, seulement un peu pâle ». [La chaux du sous-sol champenois a rempli le cercueil et conservé le corps intact.] « Je l’ai » : Ces cinq lettres sont décisives, car désormais, une troisième étape du deuil peut commencer. Ainsi, dès le lendemain, Jane visite la tombe. Elle peut y accomplir les rites mortuaires ordinaires, déposer sur la sépulture les bouquets de la tombe provisoire, accompagnés de fleurs naturelles : elle met un peu d’ordre et prend même soin d’enlever un éclat ‘obus venu se ficher dans le ruban tricolore, lui aussi ramener du cimetière du front. « Je n’ai pas moins mal », écrit-elle. « Mais c’est quelque chose une tombe, je l’ai. Il y a eu des êtres assez bons pour me le rendre. Tous ont participés à la nuit qui efface le reste de ma vie ».

2. Les civils acteurs de la guerre totale.

Extrait de : Jean-Louis Loubet, Citroën et l’innovation (1915-1996), in Vingtième siècle, Paris, Janvier-mars 1998.) a. Relevez puis classez les transformations provoquées par la guerre dans l’organisation de l’entreprise Citroën. b. Dans chaque cas essayez de montrer la responsabilité du conflit dans ces évolutions ou ces transformations. c. Quel nom donne-t-on au système de production mis en place par Citroën ? d. Quel est son modèle ?

Le « plan Citroën » de 1915 est ambitieux fabriquer 10 000 obus par jour au moment où l'ensemble des arsenaux nationaux ne peuvent dépasser 4 000 pièces quotidiennes. Pour un tel bon en avant, Citroën envisage d'installer une usine moderne sur le quai de javel à Paris, de créer un bâtiment d'un seul tenant, sans étage comme chez Ford afin de permettre un meilleur flux de production. Plus question de rassembler les machines-outils dans un même atelier sans tenir compte de leurs fonctions dans le processus de fabrication. Les différents éléments de l'obus seront interchangeables. Surtout, l'ouvrier ne se déplacera plus. Le travail, fragmenté en une multitude d'opérations simples et précises, lui sera apporté grâce à des chaînes mobiles, mécanisées. Et avec cette décomposition des tâches, tout comme l'utilisation de pièces standardisées, l'usine pourra utiliser des ouvriers sans expérience et sans qualification, un atout supplémentaire dans une époque marquée par la pénurie de main-d’œuvre. En quatre ans, de 1915 à 1918, et malgré des débuts incontestablement difficiles, Citroën vend 26 millions d'obus pour 450 millions de francs. Son usine qui compte en 1918, 12 000 ouvriers, des femmes essentiellement est devenue la plus grande installation de munitions en France. Les ministres Clémentel, Loucheur ou Thomas reconnaissent tous que cette usine a atteint les objectifs fixés : elle a non seulement fourni les munitions nécessaires à la victoire militaire, accéléré la modernisation de l'industrie française, mais elle a aussi permis une meilleure intégration de la classe ouvrière dans la société. Car en ces temps d'Union sacrée, la question sociale n'a pas été négligée. L'usine de guerre a été le laboratoire social de l'entreprise de demain. André Citroën s'y est plié sans mal : il a créé à Javel des cantines, des crèches des pouponnières, des services médicaux, un magasin d'alimentation. Autant de mesures indispensables pour créer l'usine moderne, pour rassembler un grand nombre d'ouvriers à l'arrière, pour adoucir enfin le quotidien de ces soldats du front de l'industrie.

3. Une guerre qui provoque de profondes ruptures.

Génocide : Massacre systématique d’un groupe humain sur des bases religieuses ou raciales.

Crime de guerre : Violation du « droit de la guerre » tel qu’il est établi par les accords internationaux.

L’expérience combattante

III. La Seconde Guerre mondiale : Guerre d’anéantissement et génocide.

A. Introduction : Les évènements.

B. Une guerre d’anéantissement.

1. La dimension idéologique.

Discours de Churchill (biographie page 389), devenu Premier Ministre, au moment où le front français s’effondre (Bataille de France).

« Je n’ai rien à offrir que du sang, du labeur, de la sueur et des larmes. Nous avons devant nous une épreuve de première grandeur. Nous avons devant nous de longs, très longs mois de lutte et de souffrance. Vous me demandez quelle est notre politique ? Je vous réponds : faire la guerre, sur mer, sur terre et dans les airs avec toute notre puissance et toute la force que Dieu peut nous donner ; faire la guerre contre une tyrannie monstrueuse, qui n’a jamais eu d’égale dans le sombre et lamentable catalogue des crimes

Guerre totale.

Guerre d’anéantissement.

Idéologie

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humains. Voilà notre politique. Vous me demandez quel est notre but ? Je vous réponds en deux mots : la victoire, la victoire à tout prix, la victoire malgré toutes les terreurs, la victoire aussi longue et dure que puisse être la route : car, hors la victoire, il n’est point de survie. Comprenez-le bien : pas de survie pour l’Empire britannique, pas de survie pour tout ce qu’illustre l’Empire britannique, pas de survie pour l’immémorial effort vers les buts supérieurs de l’humanité. Mais c’est plein d’espoir et d’entrain que j’assume ma tâche, assuré qu’il ne sera infligé à notre cause de faillir devant les hommes. »

Winston Churchill, discours à la Chambre des communes, 13 mai 1940, dans Discours de guerre, 1945.

Question : En quoi ce document montre-t-il l’aspect idéologique de la guerre ?

2. Les soldats.

En réponse à la vaste offensive lancée par Hitler pour couper les Soviétiques de leur approvisionnement en pétrole du Caucase, Staline annonce sa tactique.

« Il est temps d’en finir avec la retraite. Personne ne recule ! Il est nécessaire de défendre chaque position, chaque mètre de notre territoire, jusqu’à la dernière goutte de sang, se cramponner à chaque parcelle de la terre soviétique et de la défendre aussi longtemps que possible. Notre patrie connaît de durs moments. Nous devons arrêter, puis rejeter et chasser l’ennemi sans compter les pertes. Ils jettent leurs dernières forces. Tenir maintenant permet de préparer la victoire dans les prochains mois. Les paniqués et les lâches devraient être exterminés sur place. Dorénavant pas un pas en arrière sans un ordre du haut commandement. Tous les commandants de compagnie, bataillon, régiment et division et les commissaires affectés, qui opèrent une retraite sans ordre du haut commandement, sont des traîtres à la patrie. Tels sont les ordres de notre Patrie. Exécuter cet ordre signifie défendre nos terres, sauver la patrie, exterminer et conquérir l’ennemi. »

Joseph Staline, commissaire à la défense de l’Union soviétique, décret n° 227 du 28 juillet 1942.

3. Les civils : objectif de guerre.

Extrait du film Le printemps des lucioles de Isao Takahata (1988) et du documentaire The fog of war de Errol Morris (2004). a. Relevez quelques informations chiffrées sur les effets des bombardements. b. Quels sont les objectifs de ces bombardements ? pourquoi ? c. Quels problèmes moraux se posent aux acteurs ? comment sont-ils résolus ? d. En quoi le texte de paul Fussel nuance-t-il l’efficacité de ces bombardements.

Camps de prisonniers

Déportation

Travail forcé

Camp de concentration

Camp d’extermination

Shoah (« catastrophe » en hébreu) : Ce mot désigne l’extermination d’une partie des Juifs d’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.

Génocide : Massacre systématique d’une population, justifié par des critères, ethniques, religieux.

Crime contre l’humanité.

Il était bien naturel que l'opinion publique crût à une panacée : pendant des années, on l'avait bercée de la confortable conviction qu'on pourrait gagner une

guerre au moyen d'expédients technologiques dus à l'ingéniosité yankee. Par exemple des bombardements à partir d'appareils fort coûteux, volant si haut qu'ils

resteraient hors d'atteinte. Cette idée fausse avait été en grande partie répandue par le gouvernement américain lui-même, comme en témoigne une brochure

officielle à grand tirage sur le bombardier, The Weapon of Ultimate Victory [L'arme de la victoire finale]. Elle ne porte aucune date, mais son insistance à répéter

que « l'Amérique ne peut pas perdre cette guerre » suggère fin 1942, époque où l'on pouvait en douter. L'arme de la victoire finale, c'est en fait la Flying Fortress

B 17, la Forteresse Volante, « plus puissant bombardier jamais construit », véritable instrument de précision « muni du viseur de bombardement Norden,

incroyable d'exactitude : à 6 000 m d'altitude, il touche dans un rayon de 8 m ». Et la parfaite protection de l'équipage est soulignée à l'envi. On lit sous une

photo : « En toute sécurité à l'intérieur du solide fuselage de son bombardier, ce mitrailleur pointe son arme lourde [de calibre 50]. » On croirait que la DCA n'a

jamais été inventée ! (Au cours de l'année 1942, l'US Army Air Corps demanda au War Writers Board du matériel susceptible d'« effacer l'impression fausse que

le poste de mitrailleur d'arrière, qui est risqué, est forcément la voie rapide vers le suicide ».) La haute altitude (« 11 000 m ») d'où elle opère permet à la

Forteresse Volante de « mener des raids en plein jour avec une marge de sécurité supérieure à n'importe quel autre bombardier », et elle garantit que cet

appareil constituera « la plus mauvaise cible jamais fabriquée ». Soumis à ce genre de publicité, seul un sadique ou un cynique invétéré aurait pu prédire en

1942 qu'à la fin de la guerre les débris calcinés et tordus d'environ 22 000 de ces bombardiers alliés joncheraient les campagnes d'Europe et d'Asie, mêlés aux

restes épars de près de 110 000 aviateurs. Il était impossible d'imaginer en 1942 les futures multitudes en droit de dire, avec les hommes d'équipage du

bombardier dans le poème de Randall Jarrell « Losses » [Pertes] : Nos corps gisent parmi Les gens que nous avons tués et jamais vus.

En réalité, les bombardements se révélèrent si grossièrement imprécis que les appareils devaient descendre très bas sous le feu de la DCA pour frapper un tant

soit peu aux alentours de leur cible – et même ainsi il leur arrivait très souvent de la manquer complètement. La guerre se prolongeant, « bombardement de

précision » devint une spirituelle contradiction dans les termes dont les équipages pouvaient savourer l'humour noir. Il était devenu évident pour tout le monde

(sauf pour les lointains lecteurs de Life et du Saturday Evening Post) que, si l'on pouvait détruire quantité de choses avec des bombes, ce n'était pas forcément

celles que l'on avait en tête. Naviguer à travers les vents, les nuages, les turbulences soulevait de tels problèmes que, dès août 1941, même le plus naïf des

officiers supérieurs du RAF Bomber Command avait compris que, dans une mission normale, « un bombardier sur dix seulement parvient dans un rayon de 8 km

de la cible qui lui a été assignée ». Au cours des premiers raids allemands contre Londres, où cinq cents tonnes de bombes furent jetées du ciel, il n'y en eut que

la moitié pour tomber sur la terre ferme et trente seulement sur Londres. Le populaire commentateur J. B. Priestley imagina narcissiquement que l'une des

cibles principales était Broadcasting House où il officiait, mais en réalité les Allemands avaient eu bien de la chance de toucher quelque chose dans Londres.

Un épisode mémorable eut lieu le 10 mai 1940: une escadrille de la Luftwaffe, partie bombarder Dijon, se trompa et largua son chargement sur ses propres civils

à Fribourg-en-Brisgau, tuant cinquante-sept d'entre eux. En imputant immédiatement cette atrocité (selon les critères de pensée à cette date) aux Français, puis

aux Britanniques, la propagande allemande exploita la ferme conviction de l'opinion qu'un bombardier frappait ce qu'il avait visé. Même dans les forces

aériennes, certains furent extrêmement lents à saisir. Par exemple ceux qui avaient lu et cru des ouvrages pleins d'optimisme comme La Guerre de l'air (1921),

du général italien Giulio Douhet. Seuls les bombardements, assurait-il, gagneraient les guerres de l'avenir. L'hypothèse implicite du livre, c'était que les êtres

humains pouvaient réaliser sans erreur grossière tout ce qu'ils se proposaient rationnellement, et que des forces naturelles (vent, mauvais temps) ou des

entraves psychologiques à la volonté (lassitude, panique, comportement d'autodestruction) n'y sauraient rien changer. Au début de la guerre, on croyait

fermement que des gaz toxiques seraient utilisés contre les civils, et qu'ils leur parviendraient dans des bombes jetées d'avion. Ce ne fut pas le cas, mais cela ne

veut pas dire que des considérations humanitaires prévalurent. Disons plutôt que le bombardement aérien révéla peu à peu ses limites, et rappela aux

rationalistes que l'homme ne contrôle ni la force du vent ni sa direction. Quelques entêtés, comme Sir Arthur Harris, chef suprême du RAF Bomber Command,

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PREMIÈRE HISTOIRE

Thème 2 : La guerre au XX° siècle. Première partie : Guerres mondiales et espoirs de paix.

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ne cédèrent jamais un pouce de leur inébranlable certitude : seuls les bombardements pourraient mettre l'Allemagne à genoux. Un texte quasiment sacré

soutenait leur foi : Victory Through Air Power (1942), d'Alexander Seversky. Quand les Alliés pilonnèrent les Italiens sur l'île de Pantelleria en juin 1943, le

général Spaatz, de l'US Air Corps, conclut que les bombardements « pouvaient acculer à la capitulation dans les six mois n'importe quelle grande puissance

actuellement existante...».

Paul Fussell, À la guerre, psychologie et comportements pendant la Seconde guerre mondiale, Points – histoire, seuil, 1992.

Les juifs des ghettos de Lodz, Cracovie, Lvov, Varsovie et Lublin sont déportés dans les camps d’extermination. Leur sort est évoqué en 1941-1942 par un

officier allemand confronté à la réalité du génocide et autres témoignages sur les Ghettos de Pologne [Tous ces extraits cités par Saul Friedländer, Les

années d’extermination, l’Allemagne nazie et les Juifs 1939-1945, 2007] +

Extrait du documentaire Shoah de Claude Lanzmann (1985) : Retrouvez dans les témoignages du texte et du documentaire les étapes de la mise à mort.

Qu’est-ce qui témoigne de la recherche d’une « efficacité industrielle » ?

« De sources différentes et toutes dignes de foi, nous apprenons que le ghetto de Lublin est vidé, que les Juifs sont tués en masse ou chassés dans les forêts, et que certains d’entre eux ont été emprisonnés dans un camp proche. Des témoins venus de Lodz et de Kutno racontent que les Juifs, hommes, femmes et enfants sont asphyxiés dans des unités de gazage mobiles (référence aux camions utilisés comme chambre à gaz, avant la mise en place des camps d’extermination), que les cadavres sont dépouillés de leurs habits avant d’être jetés à la fosse commune et que ces vêtements soient ensuite recyclés dans des usines textiles. On rapporte des scènes effrayantes de là-bas. Mais il y a maintenant des témoignages selon lesquels le ghetto de Varsovie subirait en ce moment le même sort. Quatre cent mille personnes y sont enfermées et ce seraient des bataillons de miliciens lituaniens ou ukrainiens qui seraient chargés de l’opération, à la place des policiers allemands. Il est difficile de croire de telles choses et pour ma part j’essaie de ne pas leur accorder de crédit, non pas tant par inquiétude pour l’avenir de notre peuple, qui devra expier ces monstruosités un jour ou l’autre, mais parce que je n’arrive pas à penser qu’Hitler poursuive un but pareil, ni qu’il y ait des Allemands capables de donner de tels ordres. »

« J’étais encore attablé quand la conversation a glissé sur la question juive dans le Gouvernement général et dans le monde; pour moi, il est fort instructif d’écouter ce genre de conversations. A ma grande stupeur, tout le monde est finalement tombé d’accord sur le fait que les Juifs doivent disparaître complètement du monde ».

Lettres du caporal W.H. datée du 28 mai 1941 et du 23 juin 1942.

Les enfants qui demandent l’aumône après 9 heures du soir constituent une classe spéciale. Vous regardez par la fenêtre, et apercevez des visages nouveaux, des mendiants que vous n’avez pas aperçus le jour. Ils marchent au milieu de la rue et quémandent du pain. Généralement il s’agit d’enfants. Dans le silence de la nuit, les cris des enfants qui mendient ont une étrange résonance, et il faut avoir le cœur bien dur pour ne pas leur jeter un morceau de pain – à moins de fermer fenêtres et volets. Ces mendiants se moquent du couvre-feu, vous pouvez entendre leur voix tard dans la nuit, à 11 heures et même à minuit. Ils ne craignent rien ni personne[...] Couramment ces enfants mendiants meurent la nuit sur le trottoir. C’est ce qui est arrivé en face [...], où un petit garçon de 6 ans a gémi toute la nuit, trop faible pour aller chercher un morceau de pain qui lui avait jeté par la fenêtre.

Extrait d’un journal du ghetto, 1941.

On enterre les morts de nuit, entre 1 heure et 5 heures, sans linceuls – on enveloppe les cadavres dans du papier blanc, qu’on récupère ensuite – et dans les fosses communes. [...] Divers groupes de touristes [allemands], des civils et des soldats, viennent visiter le cimetière. La majeure partie ne manifeste aucune sympathie pour les Juifs. Certains affirment même que la mortalité n’est pas suffisamment élevée. D’autres prennent des photos. Les visiteurs s’intéressent surtout à la morgue dans laquelle on dépose les cadavres qui seront enterrés au cours de la nuit.

Ringelblum, Journal, 10 mai 1941.