15
L es 15 000 t de café que produit aujourd’hui le Laos ont certes peu d’impact à l’échelle mondiale mais jouent un rôle majeur dans l’économie du plateau des Bolovens et des provinces de Champassak, Sekong et Saravane qui le divisent administrativement. Le plateau au sud du pays (carte) couvre une surface de 4 800 km 2 pour une popula- tion de 134 000 habitants répartis dans 358 villes et villages (27,9 habitants/km 2 ). La production agricole se répartit entre le café, le riz, la cardamome, la banane, les fruits, le chou, la pomme de terre, l’élevage bovin et alimente les marchés laotiens et thaïlandais. En valeur, le café représente 65 % des 17,5 à 22,5 millions de dollars que génèrent les activités agricoles chaque année. Depuis 1993, on observe une très forte dynamique caféière avec l’installation de 3 000 à 5 000 ha par an de nouvelles planta- tions et la reprise des entretiens du verger en place avec, pour conséquence, une forte tendance à la monoculture et à la satura- tion foncière. Milieu physique et paysage agricole Le socle du plateau est constitué de schistes et de grès du Trias et adossé à la chaîne anamitique, s’élevant en pente douce du sud-ouest vers le nord-est. Son altitude atteint 1 700 m. Au quaternaire, un puissant système volcanique complexe a recouvert le socle de coulées basaltiques descendant jusqu’à la plaine du Mékong au sud et au nord-ouest et de débris pyroclas- tiques au nord et au nord-est. La délimita- tion du plateau est assez imprécise mais on considère la cote 200 m comme la limite en altitude inférieure car elle marque la tran- sition avec les plaines alluviales où le riz inondé est dominant. Entre 400 et 900 m, les affleurements du socle gréseux avec des sols très sableux et, au-dessus de 900 m, la présence d’îlots de sols noirs hydromorphes d’origine volcanique interdisent la caféicul- ture. Le climat est de type monomodal avec une saison pluvieuse de mars-avril à octobre- novembre. La hauteur des précipitations varie de 2 000 mm à 3 500 mm en fonction de l’altitude. Les températures moyennes annuelles sont relativement stables et les amplitudes journalières augmentent dans les zones hautes. La rigueur de la saison sèche en dessous de 400 m et les risques de gel au- delà de 1 200 à 1 300 m constituent une limite à l’extension de la culture du café. Evolution de la production caféière au Laos Introduit au Laos vers 1920, le caféier, Coffea arabica, variétés typica et Bourbon, s’est rapidement répandu dans les villages voisins des plantations coloniales des zones hautes, entre 800 m et 1 200 m, puis à l’ensemble du plateau jusqu’à 600 m d’altitude. A cause des épidémies de rouille, les espèces Coffea cane- phora, Coffea liberica et Coffea excelsa résis- tantes ont progressivement remplacé l’Arabica à partir de 1950. A la fin des années 60, le verger caféier est constitué d’un tiers de Robusta et deux tiers d’Arabica. Aujou- rd’hui, le verger est constitué à plus de 95 % de caféiers Robusta (tableau 1 et figure 1) et il ne reste que quelques îlots de caféiers Résumé Sur le plateau des Bolovens, dont la production agricole est fortement diversifiée, le café concerne près de la moitié des agriculteurs et a un rôle économique et social important. Les enquêtes socio-économiques qui ont précédé les interventions techniques montrent une forte diversité des systèmes de production et des stratégies paysannes en fonction de l’altitude et de la disponibilité en terres. La libéralisation de la filière, et la hausse des cours mondiaux qui a suivi jusqu’en 1998, ont entraîné une modification du paysage rural. Ceci fait qu’en plus de conseils techniques, une approche « qualité » de la production a dû être prise en compte pour assurer la durabilité des systèmes de production. Abstract Agricultural production on the Bolovens plateau is highly diversified. Coffee is grown by almost half the farmers, and is thus of considerable economic and social importance. The socio-economic surveys carried out prior to our technical intervention revealed a wide range of production systems and smallholder strategies depending on height above sea level and land availability. The liberalization of the commodity chain, and the subsequent world price rise up to 1998, led to a change in the rural landscape, which meant that in addition to providing technical advice, we had to take account of the “quality” aspect of production, with a view to ensuring production system sustainability. Resumen En la Meseta de los Bolovens, en donde la producción agrícola es muy variada, el café es importante para casi la mitad de los agricultores y juega un papel económico y social importante. Las encuestas socio-económicas que precedieron las acciones técnicas, muestran una gran diversidad de los sistemas de producción y de algunas estrategias campesinas en relación con la altitud y la disponibilidad de tierras. La liberalización del sector y seguidamente el alza del precio a nivel mundial hasta 1998 condujeron a una modificación del paisaje rural. Esto hace que, además de los consejos técnicos, se haya tenido que tomar en cuenta un enfoque de “calidad” de la producción para asegurar la sostenibilidad de los sistemas de producción. Filière du café au Laos et stratégies paysannes Duris D. 1 , Bonnal P. 2 , Pilecki A. 1 1 Cirad-cp, TA 80 / PS3, bd de la Lironde, 34398 Montpellier Cedex 5, France 2 Cirad-tera, TA 60 / 15, 73 rue Jean-François Breton, 34398 Montpellier Cedex 5, France

Filière du café au Laos et stratégies paysannes

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Page 1: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

L es 15 000 t de café que produitaujourd’hui le Laos ont certes peud’impact à l’échelle mondiale mais

jouent un rôle majeur dans l’économie duplateau des Bolovens et des provinces deChampassak, Sekong et Saravane qui ledivisent administrativement.

Le plateau au sud du pays (carte) couvreune surface de 4 800 km2 pour une popula-tion de 134 000 habitants répartis dans 358 villes et villages (27,9 habitants/km2).

La production agricole se répartit entrele café, le riz, la cardamome, la banane, lesfruits, le chou, la pomme de terre, l’élevagebovin et alimente les marchés laotiens etthaïlandais. En valeur, le café représente 65 % des 17,5 à 22,5 millions de dollars quegénèrent les activités agricoles chaqueannée.

Depuis 1993, on observe une très fortedynamique caféière avec l’installation de 3 000 à 5 000 ha par an de nouvelles planta-tions et la reprise des entretiens du vergeren place avec, pour conséquence, une fortetendance à la monoculture et à la satura-tion foncière.

Milieu physique et paysage agricole Le socle du plateau est constitué deschistes et de grès du Trias et adossé à lachaîne anamitique, s’élevant en pentedouce du sud-ouest vers le nord-est. Sonaltitude atteint 1 700 m. Au quaternaire, unpuissant système volcanique complexe arecouvert le socle de coulées basaltiquesdescendant jusqu’à la plaine du Mékong ausud et au nord-ouest et de débris pyroclas-tiques au nord et au nord-est. La délimita-tion du plateau est assez imprécise mais on

considère la cote 200 m comme la limite enaltitude inférieure car elle marque la tran-sition avec les plaines alluviales où le rizinondé est dominant. Entre 400 et 900 m,les affleurements du socle gréseux avec dessols très sableux et, au-dessus de 900 m, laprésence d’îlots de sols noirs hydromorphesd’origine volcanique interdisent la caféicul-ture.

Le climat est de type monomodal avec unesaison pluvieuse de mars-avril à octobre-novembre. La hauteur des précipitationsvarie de 2 000 mm à 3 500 mm en fonction del’altitude. Les températures moyennesannuelles sont relativement stables et lesamplitudes journalières augmentent dans leszones hautes. La rigueur de la saison sècheen dessous de 400 m et les risques de gel au-delà de 1 200 à 1 300 m constituent unelimite à l’extension de la culture du café.

Evolution de la production caféièreau Laos

Introduit au Laos vers 1920, le caféier, Coffeaarabica, variétés typica et Bourbon, s’estrapidement répandu dans les villages voisinsdes plantations coloniales des zones hautes,entre 800 m et 1 200 m, puis à l’ensemble duplateau jusqu’à 600 m d’altitude. A cause desépidémies de rouille, les espèces Coffea cane-phora, Coffea liberica et Coffea excelsa résis-tantes ont progressivement remplacél’Arabica à partir de 1950. A la fin des années60, le verger caféier est constitué d’un tiersde Robusta et deux tiers d’Arabica. Aujou-rd’hui, le verger est constitué à plus de 95 %de caféiers Robusta (tableau 1 et figure 1) etil ne reste que quelques îlots de caféiers

RésuméSur le plateau des Bolovens, dont la productionagricole est fortement diversifiée, le café concerneprès de la moitié des agriculteurs et a un rôleéconomique et social important. Les enquêtes socio-économiques qui ont précédé les interventionstechniques montrent une forte diversité des systèmes de production et des stratégiespaysannes en fonction de l’altitude et de la disponibilité en terres. La libéralisation de la filière, et la hausse des cours mondiaux qui a suivi jusqu’en 1998, ont entraîné une modification du paysage rural. Ceci fait qu’en plus de conseils techniques, une approche « qualité » de la production a dû être prise en compte pour assurer la durabilitédes systèmes de production.

AbstractAgricultural production on the Bolovens plateau is highly diversified. Coffee is grown by almost halfthe farmers, and is thus of considerable economicand social importance. The socio-economic surveyscarried out prior to our technical interventionrevealed a wide range of production systems and smallholder strategies depending on heightabove sea level and land availability. The liberalization of the commodity chain, and the subsequent world price rise up to 1998, led to a change in the rural landscape, which meantthat in addition to providing technical advice, we had to take account of the “quality” aspect of production, with a view to ensuring productionsystem sustainability.

ResumenEn la Meseta de los Bolovens, en donde la producciónagrícola es muy variada, el café es importante para casi la mitad de los agricultores y juega un papel económico y social importante. Las encuestas socio-económicas que precedieron las acciones técnicas, muestran una gran diversidadde los sistemas de producción y de algunasestrategias campesinas en relación con la altitud y la disponibilidad de tierras. La liberalización del sector y seguidamente el alza del precio a nivelmundial hasta 1998 condujeron a una modificacióndel paisaje rural. Esto hace que, además de los consejos técnicos, se haya tenido que tomar en cuenta un enfoque de “calidad” de la producciónpara asegurar la sostenibilidad de los sistemas de producción.

Filière du café au Laos et stratégies paysannes

Duris D.1, Bonnal P.2, Pilecki A.1

1Cirad-cp, TA 80 / PS3, bd de la Lironde, 34398 Montpellier Cedex 5, France2Cirad-tera, TA 60 / 15, 73 rue Jean-François Breton, 34398 Montpellier Cedex 5, France

Page 2: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

Arabica au milieu de plantations de Robusta,de Liberica et d’Excelsa.

La production a atteint 5 000 t à l’époquecoloniale pour chuter à moins de 1 500 tvers 1955. En 1970, elle remonte à 7 000 tpuis s’effondre à nouveau à environ 3 000 tà cause de la situation politique. Ce n’estqu’à partir de 1980 que le gouvernementlaotien prend conscience de l’intérêt ducafé. Lors de la campagne 1999-2000, leLaos a produit près de 15 000 t de café, leRobusta (96 %) et l’Arabica (3 %) sontexportés, le Liberica (1 %) est consommélocalement. Limitée aux zones d’altitudemoyenne et haute, la caféiculture a gagnéles zones à 300-400 m.

Les raisons de cet accroissement duvolume de café produit sont multiples.

A partir de 1980, la production est encou-ragée mais le café reste toujours commer-

cialisé au sein d’une filière totalementcontrôlée par l’Etat avec un prix fixé par lespouvoirs publics.

En 1988-1989, la filière est libéralisée etles exportations destinées au rembourse-ment de la dette contractée au sein duComecom cessent. Des exportateurs privéss’installent et travaillent librement sur lemarché international. Le prix du café « bord champ » est fixé par les exportateurset non plus par l’Etat.

La hausse des prix du café payé aux pro-ducteurs (tableau 2) est accentuée pardeux phénomènes : • les gelées au Brésil, en 1994, provoquent

une flambée des cours qui se maintien-nent à cause d’un déficit conjoncturel del’offre mondiale ;

• la forte dévaluation du kip par rapport audollar à partir de la campagne 1996-1997.

La réhabilitation du réseau de routes etpistes rurales sur le plateau à partir de 1994permet aussi bien l’évacuation du café et dela production légumière vers Paksé que deséchanges entre les zones hautes et basses.En particulier, les agriculteurs des zonesd’altitude se spécialisent en caféiculture etachètent du riz des plaines alluviales voi-sines.

Les interventions de l’EtatUne première évaluation de la caféiculturelaotienne (Varghese, 1983) se traduit parla mise en place d’un programme de réha-bilitation et de développement de lacaféière. Les rendements moyens passentde 250-300 kg/ha en 1983 à 400-450 kg/haen 1990-1991.

A cette date, une seconde interventionde l’Etat se fait grâce à la mise en placedu « Lao Upland Development Project »(Luadp) conduit de 1991 à 1995 et financépar la Banque mondiale. Un cofinance-ment français sur ce projet permetd’affecter deux spécialistes du café duCirad, l’un étant chargé d’installer unestation expérimentale à Ban Itou dont undes objectifs est de produire du matérielvégétal amélioré, l’autre ayant une acti-vité de recherche-développement. Desvariétés sélectionnées de Robusta etd’Arabica ont été introduites et testées enmilieu villageois et en station. Les actionsde phytotechnie ont surtout porté sur la taille de régénération et l’utilisationd’un ombrage d’érythrines, pour l’Arabica.

En 1996, l’Agence française pour ledéveloppement (AFD) décide d’interveniret commande une étude de faisabilitéconclue par la mise en place, à la fin de1997, du « Projet de développement ruraldu plateau des Bolovens » (Pdrpb)conduit par le Bureau pour le développe-ment de la production agricole (Bdpa) etdans lequel un spécialiste du Cirad inter-vient.

Ce projet démarre alors qu’une fortedynamique caféière est déjà installée. Laproduction passe brutalement de 8 270 t,en 1996-1997, à 13 560 t, en 1997-1998,avec un rendement moyen estimé à 550-600 kg/ha, et 3 000 à 5 000 ha sont plantéschaque année. Les cours du café flam-bent. Les objectifs de production du projet Pdrpb sont dépassés (Pdrpb, 1997).Les nouvelles plantations sont faites avecdes semenceaux de Robusta prélevés dans les vieilles plantations et avec dessemences d’Arabica Catimor récoltées sur les parcelles paysannes de démonstra-tion du projet Luadp.

61DU R A B I L I T É

Mai 2002 Plantations, recherche, développement

Tableau 1. Répartition par espèce en 1997-1998. / Distribution per species in1997-1998.

Robusta Arabica Excelsa

Surfaces / Areas (ha) 24 600 350 280

Volumes (t) 13 082 250 117

Rendements / Yields (kg/ha) 532 725 418

Source : Etude de la filière du café au Laos, Bdpa et Cirad, 1999

200 km

Luang Prabang

Sayaboury

VENTIANE

Khammouane

Savannakhet

Ban Itou

Pakse

Plateau des BolovensBolovens plateau

Station de recherche / Research station

Carte. Localisation du Projet de développement rural du plateau des Bolovens. /. Location of theProjet de développement rural du plateau des Bolovens.

Page 3: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

62 DU R A B I L I T É

Recherche et caféiculture

La filière du café laotienneL’étude de la structure et de l’organisationde la filière (figure 2), un des objectifs prio-ritaires du projet Pdrpb, a été entreprisedès la première année. Seule la filière duRobusta a été prise en compte. La produc-tion d’Arabica, très faible et surtout malvalorisée à cause de sa médiocre qualité,demeure marginale.

Les producteursSelon le recensement fait à la fin de 1998,la production caféière est le fait de 17 000 familles réparties dans 247 villageset exploitant en moyenne 2,05 ha decaféiers plantés dans la zone compriseentre 400 et 1 200 m d’altitude (tableau 3).Environ 69 % des exploitations agricolespratiquent la caféiculture.

Depuis 1996, de grandes plantationsprivées de type industriel se mettent enplace. Leurs surfaces varient de quelquesdizaines à plusieurs centaines d’hectares.Ces grands domaines caféiers, installéssur des terres attribuées par l’Etat etprises dans les domaines villageois, sontplantés avec des Arabica Catimor. Les

enquêtes conduites par le projet Pdrpbsemblent indiquer que les surfacesd’Arabica sont largement supérieures àcelles fournies par les statistiques offi-cielles.

Le café est uniquement traité par voiesèche après une récolte faite en un seulpassage entre janvier et mars pour leRobusta et entre octobre et décembre pourl’Arabica. Le séchage est généralement faitdirectement sur des aires en terre battuesans précaution particulière pour protégerle café la nuit ou lors des averses. Ce n’estqu’à partir de la campagne 1998-1999, etaprès une très forte sensibilisation par lesautorités politiques et les exportateurs, queles producteurs commencent à utiliser desbâches ou des claies.

Environ 5 % du café est décortiqué dansles villages avec des machines mixtes riz et café à un coût de 500 kips/kg de cafévert (coût en 1998). Le café en grain estvendu au poids directement aux acheteursgrossistes ou aux exportateurs. Le resteest vendu en cerises sèches avec un taux d’humidité assez élevé, soit au sac(60 à 80 kg), soit au thang (7 à 12 kg)(tableaux 4 et 5).

Lors de la campagne 1998-1999, uneétude sur la commercialisation primairedu café a été réalisée. Le projet Pdrpb aacheté 100 sacs de café coque et l’a usiné.Les résultats figurent dans les tableaux 4et 5.

L’objectif de cette étude était de véri-fier s’il était possible de conduire unepolitique de qualité incitant les produc-teurs à décortiquer eux-mêmes le café, levendre après un tri sommaire et laisseraux exportateurs la responsabilité desopérations de conditionnement afin deréduire la décote sur l’origine Laos. Enfait, la concurrence entre les acheteurs, lamauvaise organisation de la filière, l’infla-tion et le manque de professionnalismedes opérateurs en aval n’ont pas permisde conclure. En effet, pour cette cam-pagne la commercialisation primaire tra-ditionnelle a été artificiellement trèsavantageuse pour les producteurs. Lesproducteurs ont été rémunérés enmoyenne à hauteur de 98 % du coursmoyen mondial de mars à avril, bien quel’origine Laos se vende avec une décote de10 % par rapport aux cours de la bourse deLondres. Les acheteurs n’ont pas su anti-

3 000

8 000

13 000

18 000

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

Sources : rapports d'étude / Source: study reports

Pro

du

ctio

n (

t)

Etude de faisabilité du projet AFD AFD project feasibility study

Figure 1. Production de café au Laos. Coffee production in Laos.

Tableau 2. Evolution des prix « bord champ » du café Robusta. / Robusta coffee “farm gate” price trends.

1988-1990 1994-1995 1995-1996 1996-1997 1997-1998 1998-1999 1999-2000 2000-2001

Prix / Price (kips) 350 1 000 880 950 3 000 7 600 5 000 2 500-3 500

Prix / Price (US$) 0,50 1,34 0,95 0,94 1,22 1,70 0,66 0,33-0,46

Cours OIC / ICO rate ($) 2,45 2,95 1,89 1,81 1,73 1,47 0,70

Change $/kip / $/kip exchange rate 700 745 927 1 006 2 450 4 460 7 530 7 565

Selon les exportateurs, il est probable que les prix « bord champ » de la campagne 2000-2001 seront compris entre 2 500 et 3 500 kips/kg pour le Robusta et 4 000 et 5 000 kips pour l’Arabica, à

cause de cours mondiaux extrêmement bas (0,70 $US/kg pour le Robusta) et d’une monnaie relativement stable. / According to exporters, the “farm gate” price for the 2000-2001 season will

probably be between 2 500 and 3 500 kips/kg for Robusta and 4 000 and 5 000 kips for Arabica, due to the extremely low world rates (US$ 0.70/kg for Robusta) and the relatively stable currency.

Page 4: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

ciper la baisse des cours (tableau 2) et cer-tains ont perdu beaucoup d’argent.

Si la tendance à la baisse se maintient, lafixation du prix « bord champ » risqued’être moins avantageuse et des gainstransférables vers la production devraientse dégager.

Les commerçantsLes collecteurs, installés pour la plupartdans les chefs lieux de district, passent devillage en village et achètent environ 85 %

de la production. Environ 10 % du café estlivré par les producteurs dans les chefs-lieux. Enfin, 5 % du café arrive directementaux acheteurs et exportateurs. Les collec-teurs les plus importants rémunèrent lesservices d’un rabatteur payé à la commis-sion (1 000 à 2 000 kips par sac). La zoned’action d’un collecteur couvre 5 à 20 vil-lages lesquels reçoivent la visite de plu-sieurs collecteurs, ce qui autorise unenégociation avec les producteurs, surtouten fin de campagne. Les collecteurs

connaissent parfaitement les paysans etont des relations stables avec les ache-teurs grossistes et les exportateurs pourlesquels ils travaillent. En général, les col-lecteurs financent la collecte primaire,soit sur prêt bancaire, soit sur fondspropres. Ils sont payés au comptant lorsde la livraison de lots de 6 à 8 t aux expor-tateurs ou aux acheteurs.

Dans les chefs lieux de district, les collec-teurs décortiquent 45 % du café collecté encerises sèches. Le café décortiqué est sou-vent sommairement trié avant d’être venduaux exportateurs ou aux acheteurs gros-sistes regroupés au sein de l’Association desexportateurs de café du Laos. Inexistantsavant 1996, les acheteurs revendent le caféaux exportateurs. Dernier opérateur de lafilière, l’exportateur, qui décortique aussi 50 % du café coque collecté, a la charge deconditionner le café vert selon les normesdu marché (humidité ramenée à 11 %, éli-mination des défauts majeurs, mise en sac).En début de campagne, l’exportateur autofi-nance la campagne à hauteur de 30 à 50 %,le relais étant pris par les banques à untaux de 22 %. Les recettes sur les exporta-tions permettent le financement des achatsen fin de campagne. L’inflation1 aidant, letaux réel du coût du crédit ne dépasse pas 2 % de la valeur du café en dollars, d’autantque certains commerçants jouent sur les dif-férences de change entre les taux officiel etparallèle. La plupart des exportateurs agis-sent comme chargeurs pour le compte d’unou plusieurs acheteurs internationaux (tra-ders) installés à Bangkok et à Singapour. Lesautres font appel aux services d’un intermé-diaire laotien (broker) pour trouver des mar-chés.

La filière de l’Arabica fonctionne selon lemême schéma mais tout le café, traité parvoie sèche, est vendu difficilement par l’intermédiaire du broker. Les cafés

63DU R A B I L I T É

Mai 2002 Plantations, recherche, développement

Exportations / Exports

Producteurs individuels / Individual producers

Café coque / Dried cherry (95%)

Collecteur-rabatteurCollector-

middlemen

Décorticage à façon Bespoke shelling (5%)

Café en grainsCoffee beans

Acheteur grossisteWholesale buyer

DécorticageShelling

DécorticageShelling

DécorticageShelling

Acheteur grossiste exportateurWholesale buyer/exporter

Brokers

Traders

45% 10%

CollecteurCollector

Figure 2. Schéma de la filière laotienne. / Diagram of the Laotian coffee commodity chain.

La propriété du café est symbolisée par la couleur des flèches. A chaque changement de couleur (oumotifs), il y a une transaction commerciale qui s’est faite entre deux opérateurs de la filière. Les cadres endouble trait symbolisent les opérateurs qui sont propriétaires du café à une étape quelconque de lafilière, les cadres en trait plein représentent des opérateurs qui décortiquent du café. / Ownership of thecoffee is shown by the colour of the arrows. At each change of colour (or pattern), there is a commercialtransaction between two operators in the commodity chain. The boxes with a double outline show theoperators who own the coffee at a given stage in the commodity chain, while those with a solid outlineshow those who shell

1. Entre février et mars 1998, la valeur du dollar passe de4350 kips à 4570 kips au taux officiel et de 5090 à 5990 kipssur le marché parallèle.

Tableau 3. Répartition du verger par province et par espèces cultivées (données de fin 1998). / Distribution of plantings perprovince and per species (end-of-1998 data).

Provinces Surfaces / Areas (ha) Villages Ha/famille Espèces cultivées / Species grown (ha) Rendements moyens Ha/family Mean yields

Récoltées Totales Robusta Arabica Liberica Robusta ArabicaHarvested Total

Champassak 15 247 21 806 139 2,24 20 927 760 119 550-660 700-800

Saravanne 7 048 10 022 73 1,96 9 786 82 154 450-500 900-1 000

Sékong 2 873 3 673 35 1,50 3 648 0 0 300-400 -

Total 25 168 35 501 247 2,05 34 361 842 273 500-600 700-750

Source : Etude de la filière café au Laos, BDPA/CIRAD, 1999

Page 5: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

Arabica subissent une forte décote (- 25 % à- 30 %) sur la base des « Arabica nature »qui se négocient aujourd’hui à environ 1,30 $US/kg.

Systèmes de productionet stratégies paysannesL’observateur qui traverse le plateau serend rapidement compte qu’il comprendtrois grandes zones agricoles :• la zone de 200 m à 400 m d’altitude où le

riz pluvial sur défriche prédomine (rizsur rai 2) ;

• la zone de 400 m à 900 m d’altitude àl’intérieur de laquelle le riz pluvial estprogressivement remplacé par les cul-tures pérennes (caféiers, fruitiers)lorsqu’on s’élève ;

• la zone supérieure à 900 m d’altitude oùle riz disparaît totalement pour être rem-placé par les cultures pérennes(caféiers), légumières (chou, pomme deterre) et l’élevage bovin.Cette apparente simplicité masque dans

la réalité une grande diversité des systèmesde production. L’approfondissement desconnaissances du milieu a donc été égale-ment un objectif prioritaire du projet Pdrpb.

Les systèmes de culture se différencientessentiellement par les spéculations misesen œuvre et le degré de disponibilité fon-

cière. Cette différenciation s’exprime forte-ment selon la topo séquence : la zone basse,comprise entre 200 m et 400 m, présenteglobalement une bonne disponibilité fon-cière ; la zone intermédiaire, entre 400 m et900 m, se caractérise par une forte pressionfoncière et la zone haute, au-delà de 900 m,par une pression foncière moyenne à forte,compte tenu de la qualité parfois médiocredes terres disponibles.

Présent dans la moitié des systèmes deproduction décrits, le caféier est cultivédans la zone de 400 à 1 200 m d’altitude etles études des systèmes de production ontété faites alors que les prix du café sont éle-vés. Avec la baisse des cours mondiaux, lesstratégies des planteurs vont certainementévoluer.

Les nouvelles caféières de Robusta sontfaites à partir de jeunes plants prélevésdans les vieilles caféières tandis quecelles faites avec des Catimor sont issuesde semences préparées à partir desrécoltes des plantations commercialesinstallées entre 1993 et 1996. Les besoinsen matériel végétal amélioré sont trèsfaibles comme en témoigne les demandesenregistrées à la station de multiplicationde Ban Itou (tableau 6) qui représententmoins de 10 % des extensions spontanéesestimées à 3 000 à 5000 ha .

De même, les propriétaires des grandesplantations caféières mises en placedepuis 1996 ont préféré s’approvisionnerauprès des producteurs villageois.

Trois grands types de systèmes ont étéidentifiés selon la durée de la jachère, cha-cun se divisant en sous-systèmes définis parla nature des activités agricoles et des acti-vités d’élevage ainsi que par les techniquesutilisées. Ils sont résumés dans le tableau 7.

Systèmes à base de caféier et à jachère courte Globalement, les planteurs de ces systèmessuivent simultanément deux stratégies dif-férentes, l’une consistant à améliorer lesplantations installées de façon à augmenterles revenus le plus rapidement possible,l’autre étant d’accroître les surfaces afin detendre vers un système de monoculture àl’instar des agriculteurs des zones hautes.Les exploitations de ces systèmes sontencore plus ou moins autosuffisantes pourle riz.

Les anciennes plantations sont sommai-rement réhabilitées en réduisant le nombrede tiges orthotropes au moment de larécolte. Les caféières âgées, en particulierles plus enherbées, servent de parcourspour les bovins. Les nouvelles plantationssont faites sur un rai de première année enassociation avec le riz ou sur un rai deseconde année avec des associationsdiverses. Le rai, qui après la récolte de rizservait de pâture aux bovins, est clôturéafin d’éviter le piétinement des jeunesplants par les animaux. Les enquêtes sem-blent indiquer qu’il est possible d’atteindreun rendement de 600 à 700 kg/ha dans

64 DU R A B I L I T É

Recherche et caféiculture

Tableau 4. Valeur d’achat du sac de café coque (en kips) et caractéristiques (moyenne de 100 sacs). / Price per bag of drycherry (in kips), and characteristics (mean of 100 bags).

Valeur du sac Poids du sac Humidité Prix du kg café coque Price per bag* Bag weight (kg) Moisture (%) Price per kg of dry cherry

Début Finfévrier février Max. Min. Moyenne Max . Min. Moyenne Max. Min. Moyenne Start of End of Mean Mean Mean

February February

Champassak 250 000 300 000 89,1 66,4 74,9 25,1 12,0 17,5 2 806 4 348 3 634

Saravane 250 000 300 000 84,9 68,4 75,3 17,3 13,6 15,7 2 945 4 386 3 697

Sekong 234 500 280 000 76,1 68,8 71,5 18,9 13,3 15,1 3 257 4 070 3 599

* sur la base d’un sac de 80 kg de café coque avec un rendement au décorticage de 50 % pour un prix du café vert de 6 250 kips/kg en début de campagne et 7500 kips/kg en fin de campagne. /

based on a 60-kg bag of dry cherry with an outurn ratio of 50% and a green coffee price of 6 250 kips at the start and 7 500 kips at the end of the season.

Tableau 5. Valeur du café vert payé au producteur. / Green coffee price paid to producers (kips/kg).Provinces* Equivalent café non trié / Unsorted coffee equivalent Equivalent café trié / Sorted coffee equivalent

Début février Fin février Moyenne Début février Fin février Moyenne Start of February End of February Mean Start of February End of February Mean

Champassak 6 579 8 179 7 379 6 780 8 476 7 628

Saravane 6 524 8 659 7 456 6 328 8 986 7 657

Sekong 6 423 8 331 7 377 6 523 8 660 7 592

Moyenne / Mean 6 483 8 306 7 394 6 638 8 615 7 626

* La province de Sekong est éloignée de Paksé où le café est conditionné pour l’exportation. Les acheteurs appliquent une réfaction pour prendre en compte le coût du transport. / Sekong province

is a long way from Paksé, where the coffee is packed for export. Buyers apply a penalty to compensate for transport costs.

2. Le rai est le terme laotien qui désigne la culture surdéfriche et brûlis.

Page 6: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

l’association caféiers-élevage bovin sur lescaféières les moins dégradées.

On peut raisonnablement estimer que lesvieilles caféières ont atteint leur potentielde production en maintenant les pratiquesactuelles, potentiel estimé à 500-700 kg/hadans les zones favorables.

Dans ces systèmes, on distingue trois cas :la zone intermédiaire basse (entre 400 m et500 m), la zone intermédiaire haute (entre500 m et 900 m) et la zone haute (supé-rieure à 900 m).

La zone intermédiaire basseCette zone marque la transition entre lazone basse et la zone intermédiaire où lecafé domine. Les conditions de culture ysont marginales. Ces systèmes associent unrai de cultures annuelles (vivrières et com-merciales) et de cultures pérennes (frui-tiers ou bananes et café). La caféière, dontla surface moyenne est inférieure à 0,50 ha,est souvent relativement récente (moins de10 ans) et produit entre 250 et 350 kg/halorsque les années sont favorables. La caféi-culture y est en extension malgré lesrisques climatiques et la saturation fon-cière dans certains villages. Il arrive que le

caféier soit utilisé comme culture dérobéedans les nouvelles plantations de teck.

La zone intermédiaire hauteAu fur et à mesure qu’on s’élève le caféoccupe de plus en plus l’espace. Lescaféières les plus anciennes sont âgées de25 ans à 30 ans. Avec la libéralisation desprix, on assiste à une forte progression ducafé au détriment des cultures sur rai.Traditionnellement réservé à la riziculture,le rai est peu à peu transformé en caféièresde Robusta. Les associations entre caféierset cultures annuelles se développent, lesplus courantes étant les associations maïs-piment-café (province de Champassak), riz-café (province de Saravane) et arachide-café (provinces de Saravane et de Sékong).La caféière occupe entre 1 et 5 ha parexploitation et les rendements atteignent500 à 800 kg/ha.

Dans les parties les plus hautes de cettestrate, et lorsqu’il existe encore desréserves foncières, quelques exploitationssont en cours d’accumulation foncière parl’installation de plantations dites « froides » :selon la coutume, seules les plantations don-nent un droit d’usage permanent alors que

le rai l’interdit. La jachère est sommaire-ment défrichée sans brûlis, puis plantéeavec des semenceaux prélevés sur devieilles caféières de Robusta. Les caféierssont conduits sous ombrage avec un entre-tien minimum.

Globalement, les systèmes de cette zoneoù la saturation foncière limite fortementles possibilités d’extension marquent unetrès forte tendance à la monoculture decaféiers Robusta. La main-d’œuvre néces-saire à la caféiculture est généralementfamiliale mais le recours à de la main-d’œuvre salariée temporaire pour la récolteest de plus en plus fréquent.

La zone hauteLe café est toujours dominant et le rai deriz est substitué par les cultures de chou, depomme de terre et récemment de carotte,après défriche d’une jachère arborée. Lescaféières sont clôturées pour les protégerdu bétail. Les bovins divaguent la journéemais sont parqués en stabulation libre pourla nuit.

Dans les zones où existe encore uneréserve foncière, certaines familles mettenten œuvre un processus d’accumulation fon-

65DU R A B I L I T É

Mai 2002 Plantations, recherche, développement

Tableau 6. Demandes et fournitures de matériel végétal en provenance de BanItou. / Supply and demand for planting material from Ban Itou.

Années / Years Arabica Robusta

1999 et / and 2000 Demande / Demand Fourniture / Supply Demande / Demand Fourniture / Supply

525 kg (263 ha) 431 kg (215 ha) 240 kg (480 ha) 116 kg (232 ha)

Tableau 7. Synthèse des systèmes de production observés. / Summary of the production systems observed.Type Sous-type Caractéristiques majeures Topo séquence

Sub-type Major characteristics Toposequence

1 Systèmes à jachère longue > 10 ans / Long-fallow systems > 10 years

A Rai et élevage entravé en saison des pluies ; accés difficile ; terres disponibles Partie basse du plateau Rai and hobbled animal production during the rainy season; difficult access; available land Lower part of the plateau

2 Systèmes à jachère courte, saturation foncière en cours / Short-fallow systems, land becoming saturated

A Rai et jachère productive à cardamome ; élevage entravé réduit Zone intermédiaire Rai and productive fallow with cardamom; limited hobbled animal production Intermediate zone

B Rai associé à des cultures annuelles et plantation (fruit ou café) Zone basse et intermédiaire Rai combined with annual crops and plantings (fruits or coffee) Lowland and intermediate zone

C Rai et rizières inondées / Rai and paddy rice Zone basse et intermédiaire Lowland and intermediate zone

D Caféière à Robusta sur défriche et brûlis et jardin commercial (piment, arachide) ; élevage bovin parqué la nuit Zone intermédiaire et haute Robusta coffee on slash-and-burn and market gardens (pimento, groundnut); cattle penned at night Intermediate and upland zone

E Caféière Robusta et plantes légumières en double culture (chou, pomme de terre) ; élevage bovin parqué la nuit Zone haute Robusta coffee and legume (cabbages, potatoes) intercropping; cattle penned at night Upland zone (> 1 100 m)

3 Systèmes sans jachère / Systems without fallow

A Monoculture café Robusta avec élevage divagant ou parcage sous caféiers Zone intermédiaire Robusta coffee monoculture with animals left to roam or kept under coffee trees Intermediate zone

B Monoculture café (Robusta et Arabica) avec substitution progressive du Robusta pour l’Arabica Zone haute Coffee (Robusta and Arabica) monoculture with gradual replacement of Arabica by Robusta Upland zone (> 900 m)

C Riz de rizière irriguée Zone basse Irrigated rice Lowland zone (< 300 m)

D Plantations fruitières (durion, ramboutan, longane, etc.) / Fruit plantings (durian, rambutan, longan, etc) Zone basse / Lowland zone

Page 7: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

cière grâce à un système de culture appelé« plantations froides ». Quelques caféièrestrès âgées et souvent abandonnées sontreplantées suivant ce système.

Systèmes à base de caféier et sans jachère Ces systèmes correspondent le plus sou-vent à une monoculture caféière avec uncheptel bovin divaguant dans la journée etparqué la nuit. Ils sont concentrés dansles zones intermédiaire et haute, entre700 et 1 100 m d’altitude. Les exploita-tions sont généralement en situation desaturation foncière.

Les caféières sont bien entretenues etatteignent leur maximum de productivitécompte tenu de leur âge, généralementsupérieur à 15-20 ans, et de l’état végéta-tif initial. Selon les enquêtes faites par leprojet Pdrpb, les rendements en Robustasont compris entre 600 et 1 000 kg/ha,ceux de l’Arabica varient de 1 000 à 2 000 kg/ha.

Les besoins alimentaires des planteurs etde leurs familles sont totalement dépen-dants de la production de riz des zonesbasses.

La zone intermédiaireA ce niveau le cheptel bovin est parqué sousla caféière durant la nuit. Les systèmes sansjachère se rencontrent surtout dans les par-ties hautes de la zone intermédiaire, entre700 et 900 m. On note également des jar-dins caféiers de 0,5 à 1 ha, proches deshabitations, totalement clôturés et interditsaux animaux. Ces caféières ont été établiesrécemment à partir de matériel végétalamélioré provenant de la station semen-cière de Ban Itou.

L’Arabica commence à être cultivé dansla partie supérieure de cette zone.

La zone hauteLes systèmes en monoculture de caféierRobusta dominent également avec unetendance marquée à une reconversion duRobusta vers le Catimor. Les exploitationsde cette zone sont très souvent dotéesd’un élevage bovin sur pâturage naturel,parqué la nuit en stabulation libre.

On trouve également, aux abords deshabitations, des jardins de caféiers Catimorde 0,25 à 0,50 ha conduits de façon trèsintensive avec des rendements dépassantsouvent 2 000 kg/ha. Le fumier des stabula-tions libres est épandu sous ces caféiers.Des associations avec des cultures légu-mières au démarrage des plantations sontfréquentes.

Contraintes majeures des exploitationsLes spectaculaires évolutions du paysagerural liées au boom du caféier masquentdans les faits de fortes contraintes auniveau des exploitations. L’argent du café aservi essentiellement à améliorer les condi-tions de vie des paysans (réhabilitation del’habitat, achat de motoculteurs chinoispour le transport et de biens de consomma-tion), des villageois (participation à l’acqui-sition d’équipements sociaux) et dans unemoindre mesure à rémunérer de la main-d’œuvre occasionnelle nécessaire à la réha-bilitation de la caféière ou à son extension.

Les crédits accordés par la Banque depromotion agricole (Bpa) sont destinés aufinancement de la commercialisation ducafé (64 % des encours) et à la productionagricole (tableau 8). Bien qu’en théorie ilsoit possible d’obtenir un prêt individuel,l’accès au crédit est soumis à la constitu-tion d’un groupement solidaire de 7 à 15 personnes ayant des objectifs iden-tiques (rénovation de la caféière ou nou-velle plantation). Les lourdeurs adminis-tratives entraînent des retards à l’octroides prêts qui sont souvent disponiblestrop tard par rapport au calendrier agri-cole.

Par ailleurs, le niveau de production desvillages reste très faible et ne permet pasd’épargner. Malgré les banques de riz et lescaisses mutuelles villageoises, l’emprunteurest tenté de « dévier » le crédit pour satis-faire ses besoins domestiques, en particu-lier lors des périodes de soudure, entre sep-tembre et décembre.

Cette situation entraîne également unepression de la part des commerçants pouracheter la récolte sur pied (achat encerises fraîches) qui sera alors transforméepar le collecteur. Cela a des conséquencesgraves sur la qualité du café (mauvaisséchage, récolte peu soignée) et c’est unhandicap certain à la mise en place d’unefilière d’Arabica lavé.

Les disponibilités en main-d’œuvre sontfaibles (densité de population : 27,9 habi-tants/km2). La période de récolte del’Arabica correspond à celle du riz alors quecelle du Robusta se situe entre janvier etmars. Dans ce dernier cas, le manque demain-d’œuvre est moins aigu car les pay-sans des zones basses se déplacent vers leszones caféières. La pénurie de main-d’œuvre s’accentue avec le développe-ment de l’Arabica en grandes plantations.La pratique de la récolte en un seul pas-sage est habituelle mais peu satisfaisanteen termes de qualité, surtout pour

l’Arabica qui est ainsi fortement dévalo-risé.

Bien que disposant d’un personnel abon-dant, les services agricoles n’ont que trèspeu d’impact dans le milieu rural car lesbudgets permettent simplement de couvrirles salaires. Les agents sont localisés dansles chefs lieux de Province et de districtmais n’ont pas de moyens de déplacement.Il convient de souligner également l’insuffi-sante qualification des techniciens agri-coles.

L’introduction du caféier Catimor, si ellea été favorablement accueillie par les pro-ducteurs, pose le problème de l’inaccessibi-lité des intrants, engrais en particulier. Lesraisons en sont la rareté des engrais sur lemarché de Paksé, ville la plus importantede la région, les difficultés d’approvisionne-ment des zones rurales dues au mauvaisétat des voies de communication, et le coûtélevé des engrais. La forte productivité deslignées de Catimor exige une fertilisationminérale minimum pour éviter l’épuise-ment des caféiers.

Les impacts du projet sur la composante caféDéfinis au cours de l’étude de faisabilité, enseptembre 1996, les objectifs principaux duprojet Pdrpb visaient à optimiser la valori-sation du potentiel agricole du plateau desBolovens tout en préservant les ressourcesnaturelles ainsi qu’à améliorer les revenusdes agriculteurs du plateau par le dévelop-pement et la diversification des culturescommerciales dans le cadre d’un dévelop-pement durable.

La stratégie du projet s’appuie sur lesobjectifs spécifiques suivants :• l’approfondissement des connaissances

du milieu physique, des systèmes de pro-duction, des principales filières commer-ciales (café, cardamome, chou, banane)et des marchés ;

• la mise au point et la diffusion de référen-tiels techniques adaptés établis à partird’une recherche participative en milieuréel ;

• le renforcement des dynamiques collec-tives et individuelles en favorisantl’émergence d’initiatives privées desfournisseurs de services aux agricul-teurs et la formation de groupes d’inté-rêt ;

• l’organisation de l’appui technique pouren définir le contenu et assurer la diffu-sion du conseil technique à travers lestechniciens agricoles et aussi les opéra-teurs des filières.

66 DU R A B I L I T É

Recherche et caféiculture

Page 8: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

Les stratégies paysannesPendant presque une dizaine d’années, lesplanteurs de café ont connu une hausseconstante des prix « bord champ » (tableau 2), d’abord avec la libéralisationde la filière, ensuite grâce à des cours mon-diaux soutenus, enfin avec la dévaluationdu kip par rapport au dollar. Cette hausse aété également entretenue par une viveconcurrence entre les exportateurs, surtouten fin de campagne. En 1996-1997, l’offremondiale de café redevient supérieure à lademande et une baisse des cours se dessinemais au démarrage du projet, en novembre1997, la situation reste toujours euphoriqueau Laos, tant pour les exportateurs quepour les producteurs. Au cours de la pre-mière année du projet, on note l’émergencede dynamiques qui présentent quelquesrisques pour le développement du plateaudes Bolovens.• Une différenciation spatiale accrue

entre les zones liée à la dynamiquecaféière, différenciation accentuée parla dévaluation du kip. Le niveau de viedes zones d’altitude s’accroît très forte-ment et la demande de main-d’œuvrepour la récolte entraîne de fait une pro-létarisation des habitants des zonesbasses.

• Une accélération de la pression foncièreavec pour conséquence une différencia-tion entre les habitants d’un même village ne permettant pas aux exploita-tions moins bien dotées en facteurs de production d’avoir accès à la terre. Parallèlement, une forte ten-dance à la monoculture caféière sedéveloppe.

• Un rejet de dynamique associative àcaractère économique probablement dûaux expériences passées de collectivisa-tion. En revanche, on note l’émergencede prestataires de service, notammentla vente de matériel végétal (semences

et jeunes plants) issu des plantationscommerciales.

• Une concurrence vive entre les acheteursqui n’incite pas à améliorer la qualité ducafé et une pression des exportateurspour maintenir la situation existante :commercialisation en café coque, achatau volume.Dès la seconde année, les objectifs de

production sont dépassés, sans forte inter-vention du projet, et les perspectives dumarché international sont peu favorablesalors que les hypothèses de départ pré-voyaient un maintien des cours mondiaux à2,25 $US/kg pendant quelques années.D’autre part, l’extension des plantations decaféier Catimor, pour lequel le référentieltechnique n’est pas au point pour le pla-teau des Bolovens, se poursuit. La produc-tion de Catimor est traitée par voie sècheet se vend à peine plus cher que leRobusta. La perspective d’une baisse signi-ficative des prix s’accentue, ce qui ne serapas sans conséquence sur le comportementdes agriculteurs : réduction des soins auxplantations, risque de dégradation de laqualité, ralentissement du rythme de plan-tation.

La stratégie de la composante café duprojet est légèrement redéfinie ennovembre 1998 pour prendre en compte labaisse probable des cours du café et faireémerger une filière d’Arabica lavé tout en respectant les objectifs initiaux du pro-jet :• appui à la production par des actions

phytotechniques destinées à maintenirle potentiel de production des planta-tions anciennes et nouvelles ;

• amélioration de la qualité des cafés etactions spécifiques destinées à promou-voir une filière d’Arabica lavé ;

• appui à l’initiative privée dans la pro-duction de matériel végétal pour rap-procher les centres de production des

utilisateurs ainsi que pour pallier lesinsuffisances du centre de Ban Itou.

L’appui à la productionMalgré les démonstrations de recépagefaites au cours du projet Lao UplandAgricultural Development Project (Luadp)et accueillies favorablement par les plan-teurs, l’intérêt est pratiquement nulpuisque seulement 5,5 ha ont été recepésvolontairement au cours des trois annéesdu projet, pour une demande exprimée de 9 ha. Plusieurs raisons expliquent cetteattitude. Le recépage exécuté gratuitementau cours du projet Luadp par les techni-ciens du projet n’a toujours concerné quedes surfaces très petites. En outre, une par-ticipation de 200 kips par caféier demandéepar le projet actuel qui a également exécutéle travail n’a pas sensiblement freiné lademande par rapport au projet précédent.Par contre, dès qu’il a été décidé d’augmen-ter cette participation à 500 kips, tarif éga-lement proposé par des opérateurs privés,les planteurs ont estimé que l’opérationn’était plus intéressante compte tenu duprix du café. Par ailleurs, les producteurssont dans une dynamique d’accumulationfoncière malgré l’accès de plus en plusdifficile à la terre. Enfin, les techniquesdouces de réhabilitation employées parles planteurs ont donné des gains substan-tiels de productivité, mais les exploitantsn’ont certainement pas pris conscienceque ces techniques ne permettront pasd’exprimer le potentiel maximum de lacaféière.

Le second objectif de la réhabilitation dela caféière ancienne était de modifier laconduite des caféiers en passant de la crois-sance libre à l’écimage. Cette techniquecommence à se généraliser sur les planta-tions de Catimor mais n’est encore qu’occa-sionnellement utilisée sur les extensionsavec du Robusta.

L’association caféier-cultures annuellesau cours des deux premières années est unepratique courante, d’autant que les exten-sions du verger se font généralement surdes rais de première ou seconde année.L’enquête (tableau 9) montre une relativediversité des associations pratiquées avectoutefois trois cultures annuelles majori-taires (riz, arachide, maïs). L’association deplusieurs cultures annuelles avec lescaféiers est prédominante dans la provincede Champassak à cause de la proximité dela ville de Paksé, centre économique le plusimportant de la région. Pour les autres pro-vinces, les cultures annuelles sont desti-nées essentiellement à couvrir les besoins

67DU R A B I L I T É

Mai 2002 Plantations, recherche, développement

Tableau 8. Modalités financières des prêts pour le café, en 1998. / Financialconditions of loans for coffee in 1998.

Objet du crédit Montant / Amount Durée Taux d’intérêt Purpose of loan (kips/ha)1 Duration Interest rate (%)

Réhabilitation 457 000 2 - 3 ans / years 8Rehabilitation

Recépage / Pruning 632 000 3 ans / years 8

Nouvelle plantation 1 179 000 5 ans / years 7New planting1Taux de change du dollar en juin 1998 : 2 450 kips, en octobre 2000 : 7 565 kips / Dollar exchange rate in June 1998:

2 450 kips, in October 2000: 7 565 kips

Prix moyen du café en 1998-1999 : 7 600 kips, en 2000-2001 : 3 000 kips / Mean coffee price in 1998-1999: 7 600 kips, in

2000-2001: 3 000 kips

Page 9: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

alimentaires des exploitants et de leurfamille.

L’extension spontanée de l’ArabicaCatimor sans référentiel technique adaptéaux conditions du plateau des Bolovens, etsurtout sans possibilité de recourir à la fer-tilisation minérale en raison du manque dedisponibilité et du coût des engrais, a obligéà prendre des mesures d’urgence. Pourlimiter les risques d’épuisement descaféiers, la mise en place d’un ombrage trèsdense d’érythrines permet de limiter la pro-duction et de réduire les risques d’épuise-ment des caféiers. Les échecs des planta-tions installées en plein soleil ouinsuffisamment ombragées, entre 1993 et1995, et une forte sensibilisation des agri-culteurs font que la technique d’ombrageest maintenant totalement appropriée parles planteurs de Catimor et commence à sediffuser pour la culture du Robusta.Parallèlement, un réseau de parcelles expé-rimentales fertilisées a été mis en place.Les premières observations montrent uneffet favorable de l’engrais à partir de latroisième année. Cependant, on observe unléger effet dépressif du Flemingia en cul-ture intercalaire.

L’amélioration de la qualitéL’amélioration de la qualité des Robusta etdes Arabica traités par voie sèche vise à éli-miner la décote appliquée à l’origine Laosen espérant que les producteurs en bénéfi-cieront. La première mesure proposée aconsisté à modifier les pratiques paysannesen incitant à sécher sur claie ou sur bâche,avec l’appui des exportateurs et des autori-tés. Globalement cette pratique a étéappropriée puisque la décote est passée, enmoyenne, de – 20 % à – 5 %.

La seconde opération visant à développerle décorticage villageois a rencontré uneforte opposition de la part des exportateurspour deux raisons : les exportateurs se sontéquipés en matériel de décorticage de forte

capacité, ils sont persuadés que les plan-teurs sont incapables de produire un caféde bonne qualité et suffisamment sec. Cetteopération s’est déroulée en deux temps.Une analyse fine du système d’achat et deses conséquences sur le prix et la qualité apu être réalisée tout d’abord (tableaux 4 et 5). Ensuite la formation des planteurs àl’usinage primaire du café a eu pour objec-tifs de responsabiliser le producteur en luipermettant de vendre un produit traité etde mettre en place une politique d’organi-sation des producteurs en développant uneactivité de service.

Pour l’Arabica, les actions d’améliorationde la qualité ont eu pour objectif de mieuxvaloriser le produit en mettant sur le mar-ché un café lavé de bonne qualité. En 1999,les planteurs de trois villages ont été équi-pés de dépulpeurs à tambour et ont produitenviron 3 t d’Arabica lavé vendu au prix de 12 000 kips/kg de café vert, contre 5 400 kips/kg pour l’Arabica nature.Reconduite en 2000, l’opération a permis devendre 5 t d’Arabica à 11 500 kips/kg decafé parche à un importateur français spé-cialisé sur les marchés de niche. Cette opé-ration est suivie attentivement par les pro-ducteurs de la zone haute qui ontréhabilité leurs vieux dépulpeurs. En2001, ce même importateur a négociél’achat d’environ 18 t de café au prix de 12 500 kips par kg de café parche, alorsque le cours mondial continue de baisser(1,47 $US en novembre 2001 contre 1,89 $US/kg un an auparavant). On peutespérer que si une filière d’Arabica lavé sedéveloppe, elle pourrait contribuer à mettreen place également une filière de Robustad’altitude lavé pour lequel existe un mar-ché.

L’appui à l’initiative privéeLa vente anarchique de matériel végétaltout venant d’Arabica et de Robusta est àl’origine d’une action visant à former et à

appuyer des opérateurs privés « pépinié-ristes » répartis sur l’ensemble de la zonede production. Plusieurs raisons ontcontribué à développer cette activité.• L’existence de petits foyers de trachéomy-

cose dans les plantations anciennes faitcraindre la diffusion de matériel végétalcontaminé, car les plantations deRobusta sont faites à partir de semen-ceaux sauvages prélevés en plantation.

• Certaines lignées de Catimor, distribuéesentre 1993 et 1996, ne sont pas totale-ment fixées et il est possible d’observerdes attaques de rouille sur les planta-tions issues des descendances de ceslignées. De plus, le port de ces descen-dances est moins homogène.

• La situation excentrée du centre de BanItou ne favorise pas une centralisation dela production de matériel végétal et sadiffusion. Par ailleurs, la capacité de cecentre pour produire des semences n’estpas acquise. Il est également à craindreque les coûts de production soient tropélevés.

• Si la production de matériel végétaldemande une certaine technicité, elle esttoutefois à la portée de planteurs quiauraient bénéficié d’une formation adap-tée.

• Les producteurs de matériel végétal peu-vent être également un excellent relaispour la diffusion de conseils techniques.La décision d’appuyer des volontaires,

producteurs de matériel végétal, a été priseen 1999. Elle est en cours de réalisation.Une dizaine de champs semenciers deCatimor d’une surface de 0,25 ha sont déjàinstallés. Le matériel végétal recommandéa été retenu par le Costa Rica en 1995. Bienqu’il ait été retiré de la vulgarisation dansce pays pour des problèmes de qualité,depuis 3 ans, il semble ne pas présenter lesmêmes inconvénients au Laos. En effet, lespratiques culturales, en particulier unombrage dense, allongent de 2 à 3 semaines

68 DU R A B I L I T É

Recherche et caféiculture

Tableau 9. Nombre de parcelles de cultures annuelles associées aux caféiers dans le jeune âge. / Number of plots with annualintercrops grown with young coffee trees.

Cultures annuelles mixtes / Mixed annual crops Cultures annuelles pures / Pure annual crops

Piment Maïs Maïs Maïs Arachide RizEchalote Riz Piment Choux Piment Arachide Riz Echalote Maïs Chou Arachide Pimento Maize Maize Maize Groundnut Rice Rice Shallot Maize Cabbages GroundnutShallot Rice Pimento Cabbages Pimento Groundnut

Champassak 5 2 12 7 2 3 1 3 2 4

Saravane 18 1 15

Sekong 3 4 1 8

Total 5 2 12 7 2 3 25 1 5 2 27

Répartition Distribution 34 % 66 %

Provinces

Page 10: Filière du café au Laos et stratégies paysannes

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Mai 2002 Plantations, recherche, développement

la durée de maturation par rapport à uneculture faiblement ombragée. En outre,l’augmentation des coûts de main-d’œuvreau Costa Rica est probablement aussi àl’origine d’une dégradation de la qualitéliée à une récolte moins soignée.

Pour le Robusta, les producteurs dematériel végétal devraient pouvoir diffuserdu matériel clonal multiplié par bouturagedirect ou des semences, descendances illé-gitimes des trois clones vulgarisés maisreconnues performantes dans les pro-grammes de sélection conduits en Côted’ivoire entre 1960 et 1975. Des parcs à boissont en cours d’installation et les champs

semenciers devraient être opérationnels en2003 ou 2004.

Cet appui à l’initiative privée est com-plété par un programme d’élaboration defiches techniques destinées à assurer lerôle de relais pour la diffusion d’informa-tions et de conseils aux producteurs.

Conclusion Le plateau des Bolovens est un milieu trèscomplexe en pleine mutation et dans lequelde nombreux systèmes de productioncoexistent. La caféiculture, qui connaît undéveloppement spectaculaire, reste le

moteur du développement économique duplateau. Si tous les objectifs assignés auprojet n’ont pas été atteints, il était toute-fois essentiel de connaître et de com-prendre le milieu avant d’agir. Ce projet,qui devait s’arrêter en novembre 2000, a étéprolongé de quelques mois au cours des-quels l’accent est mis sur l’élaborationd’une série de conseils techniques et écono-miques dans le cadre d’une approche inté-grée et non sectorielle comme cela a été lecas. Il reste à espérer qu’une seconde phase voitle jour rapidement afin de consolider lesacquis.

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The 15 000 t of coffee currently producedin Laos have little impact on a worldscale, but they play a major role in the

economy of the Bolovens plateau and theprovinces of Champassak, Sekong and Saravanebetween which the plateau is split.

The plateau is in the South of the country(see map), and covers 4 800 km2, with a popula-tion of 134 000 split between 358 towns and vil-lages (27.9 inhabitants/km2).

Its agricultural activities are coffee, rice, car-damom, banana, other fruits, cabbages, potatoesand cattle rearing, and it supplies the Laotianand Thai markets. In value terms, coffee repre-sents 65% of the 17.5 to 22.5 million dollars gen-erated by agriculture each year.

Since 1993, the coffee commodity chain hasgrown considerably, with 3 000 to 5 000 ha ofnew plantings each year and a resumption ofupkeep in existing plantings, resulting in amarked shift towards monoculture and land sat-uration.

Physical environment and agricul-tural landscapeThe platform of the plateau comprises schistsand Trias sandstone, and backs onto the Anamiterange, sloping gently upwards from theSouthwest to the Northeast, to a peak of 1 700 m.In the quaternary period, a powerful complexvolcanic system covered the platform in basaltflows to the South and Southwest, reaching asfar as the Mekong plain, and in pyroclastic debrisin the North and Northeast. The outlines of theplateau are somewhat imprecise, but 200 mabove sea level is taken as the minimum height,since it marks the switch to alluvial plains, onwhich paddy rice is the dominant crop. Between400 and 900 m, there are sandstone bedrock out-crops and very sandy soils, and above 900 m,patches of hydromorphic black soils of volcanicorigin that are unsuitable for coffee.

The climate is mono-modal, with a rainy sea-son from March-April to October-November.Rainfall figures are between 2 000 and 3 500 mm,depending on altitude. Mean annual tempera-tures are relatively stable, although daily ampli-tude increases in higher areas. The very rigorousdry season below 400 m and the risk of frost

above 1 200 to 1 300 m are an obstacle to theextension of coffee growing.

Changes in coffee production inLaosCoffee, Coffea arabica, varieties typica andBourbon, was introduced into Laos in around1920, and rapidly spread to the villages along-side the colonial plantings in the uplands,between 800 and 1 200 m above sea level, andthen to the plateau as a whole, down to aheight of 600 m. Following leaf rust epidemics,the resistant Coffea canephora, Coffea libericaand Coffea excelsa species gradually replacedArabica from 1950 onwards. By the end of the1960s, the area planted with coffee was onethird Robusta and two thirds Arabica, whereasit is now over 95% Robusta (table 1 and figure 1), with just a few patches of Arabica inthe middle of Robusta, Liberica and Excelsaplantings.

Production reached 5 000 t in colonial times,falling to under 1 500 t in 1955 or thereabouts.By 1970, it had climbed to 7 000 t, beforeanother slump to around 3 000 t as a result ofthe political situation. It was not until 1980that the Laotian government realized the mer-its of coffee. In the 1999-2000 season, Laos pro-duced almost 15 000 t of coffee. Robusta (96%)and Arabica (3%) are exported and Liberica(1%) consumed locally. Coffee growing, whichwas once restricted to medium- and high-alti-tude areas, has now spread to zones between300 and 400 m above sea level.

There are many reasons for the increase incoffee output.

From 1980 onwards, production was encour-aged, but coffee was still marketed within anentirely State-controlled commodity chain, at aprice set by the authorities.

In 1988-1989, the commodity chain was lib-eralized and exports intended to repay theComecom debt were halted. Private operatorsset up in the country and now work freely onthe international market. The “farm gate” coffee price is now set by exporters rather thanthe State.

The rise in the price paid to coffee growers(table 2) has been accentuated by two factors:

• the 1994 frosts in Brazil, which led to a leap inprices that have not fallen since, due to aworldwide supply shortfall;

• the drastic devaluation of the kip in relation tothe dollar since the 1996-1997 season.The rehabilitation of the road and track net-

work on the plateau since 1994 has enabled bothcoffee and vegetable transport to Paksé andexchanges between upland and lowland areas. Inparticular, farmers in upland areas now special-ize in coffee and buy rice from the neighbouringalluvial plains.

State interventionAn initial evaluation of the Laotian coffee sector(Varghese, 1983) resulted in the introduction of acoffee rehabilitation and development programme.Mean yields increased from 250-300 kg/ha in 1983to 400-450 kg/ha in 1990-1991.

By then, the State had already decided on asecond operation, the “Lao Upland DevelopmentProject” (LUADP), which lasted from 1991 to1995 and was funded by the World Bank. Frenchpart-funding of the project was used to assigntwo CIRAD coffee specialists, one of whom wasin charge of setting up the Ban Itou experimen-tal station, primarily with a view to producingimproved planting material, while the other con-centrated on research and development.Selected Robusta and Arabica varieties wereintroduced and tested on smallholdings and sta-tions. Phytotechnic operations concentrated onregeneration by stumping and the use of eryth-rina to provide Arabica with shade.

In 1996, the Agence française pour ledéveloppement (AFD) decided to intervene, andordered a feasibility study which resulted in thelaunch in late 1997 of the “Projet de développe-ment rural du plateau des Bolovens” (PDRPB)headed by the Bureau pour le développement dela production agricole (BDPA), which involved aCIRAD specialist.

The project was launched once coffee growingwas already expanding fast. Production leaptfrom 8 270 t in 1996-1997 to 13 560 t in 1997-1998,with an estimated mean yield of 550-600 kg/haand a further 3 000 to 5 000 ha planted each year.Coffee prices shot up. The PDRPB exceeded itsproduction targets (PDRPB, 1997). New areas

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Research and coffee growing

The coffee commodity chain in Laos, and farmer strategiesDuris D.1, Bonnal P.2, Pilecki A.11CIRAD-CP, TA 80 / PS3, bd de la Lironde, 34398 Montpellier Cedex 5, France2CIRAD-TERA, TA 60 / 15, 73 rue Jean-François Breton, 34398 Montpellier Cedex 5, France

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are now being planted with Robusta seedlingstaken from old plantings, and Arabica Catimorseeds collected from the LUADP’s smallholderdemonstration plots.

The Laotian coffee commoditychainThe study of the structure of the commoditychain and how it was organized (figure 2), whichwas one of the PDRPB’s priorities, began in yearone. Only the Robusta commodity chain wastaken into account. Arabica production, which isvery low and above all less profitable due to itspoor quality, is still marginal.

ProducersAccording to the census conducted in late 1998,coffee is produced by 17 000 families in 247 vil-lages, with an average of 2.05 ha of coffee each,in the zone between 400 and 1 200 m above sealevel (table 3). Around 69% of farmers grow cof-fee.

Since 1996, some large privately owned indus-trial-type plantations have been set up, coveringanything between several dozen and several hun-dred hectares. These large coffee estates wereset up on land allocated by the State and takenfrom the smallholder sector, and planted withArabica Catimor. The surveys conducted by thePDRPB suggest that the area planted withArabica is much greater than the official figuresclaim.

Coffee is processed by the dry method alone,after a single harvesting round between Januaryand March for Robusta and between October andDecember for Arabica. It is generally drieddirectly on beaten earth areas, with no particularsteps taken to protect the coffee at night or dur-ing showers. It was not until the 1998-1999 sea-son and after a strong campaign by the authori-ties and exporters that producers began to usesheets or trays.

Around 5% of the coffee is shelled in the vil-lages using dual-purpose rice/coffee machines,at a cost of 500 kips/kg of green coffee (1998cost). The beans are then sold by weight, directlyto wholesalers or exporters. The remainder issold as dry cherry, with a relatively high mois-ture content, either by the bag (60 to 80 kg), orby the thang (7 to 12 kg) (tables 4 and 5).

During the 1998-1999 season, a study of coffeeprimary marketing was conducted. The PDRPBbought 100 bags of dry cherry and processed it.The results are shown in tables 4 and 5.

The aim of the study was to check whether itwas possible to introduce a quality policy,encouraging producers to shell their coffeethemselves, roughly sort it and sell it, leavingresponsibility for packing operations to theexporters, so as to reduce the price penalty onLaotian coffee. In fact, this proved impossible,

due to competition between buyers, a lack oforganization of the sector, inflation and low pro-fessional skills among upstream operators. Ineffect, at the time, traditional primary marketingwas artificially very advantageous for producers,since they were paid an average of 98% of themean world price in March and April, althoughLaotian coffee sells for 10% less than the Londonstock market price. Buyers failed to foresee thefall in prices (table 2), and some of them lost agood deal of money.

If the downward trend continues, set “farmgate” prices are likely to be less attractive, andgains should be made that can be transferred toproduction.

TradersCollectors, who are mostly based in countytowns, go from village to village and buy around85% of the crop. Producers themselves deliveraround 10% of coffee to county towns. Lastly, 5%of coffee is despatched direct to buyers andexporters. The main collectors hire middlemen,who are paid commission (1 000 to 2 000 kips perbag). Each collector covers some 5 to 20 villages,each of which is visited by several collectors,enabling negotiations with producers, particu-larly towards the end of the season. The collec-tors know the farmers well and have longstand-ing links with the wholesalers and exporters forwhom they work. In general, the collectors fundprimary collection operations, either throughbank loans or from their own funds. They arepaid cash on delivery of 6- to 8-t lots to theexporters or buyers.

In the county towns, the collectors shell 45%of the dried cherry collected. The beans are thenoften sorted roughly and sold on to exporters orwholesalers belonging to the Laotian coffeeexporters’ association. The first wholesalersarrived in the sector in 1996, and they sell coffeeon to exporters, who are the last link in thechain. The exporters in turn shell 50% of the drycherries, and are in charge of packing green cof-fee according to market standards (11% maxi-mum moisture content, elimination of majordefects, bagging). At the start of the season,exporters fund 30 to 50% of the cost of theiroperations out of their own funds, with banksproviding the rest at an interest rate of 22%. Theincome from earlier exports serves to fund pur-chases towards the end of the season. In view ofthe inflation rate1, the actual cost of bank loansis no more than 2% of the dollar value of thecoffee, particularly as certain traders gambleon the difference between the official andunofficial exchange rates. Most exporters actas loaders on behalf of one or more interna-tional traders based in Bangkok and Singapore,while the others use Laotian brokers to findmarkets.

The Arabica chain operates in much the sameway, but all the coffee, which is dry-processed, issold, with some difficulty, through brokers.Laotian Arabica coffees sell at well below (- 25 to- 30%) the basic price for “natural Arabica”,which currently sells for around US$ 1.30/kg.

Production systems and farmerstrategiesA trip across the plateau reveals three main agri-cultural zones:• from 200 to 400 m above sea level, upland rice

on cleared land is dominant (rice on rai2);• from 400 to 900 m above sea level, upland rice

is gradually replaced by tree crops (coffee,fruit trees) as the altitude increases;

• over 900 m above sea level, rice totally disap-pears, and is replaced by tree crops (coffee),vegetables (cabbages, potatoes) and cattlerearing.This apparent simplicity in fact masks a wide

range of production systems. The PDRPB there-fore also set out to study the environment ingreater depth.

The main differences between the croppingsystems are the crops grown and the degree ofland availability, largely due to the topose-quence: the lowland area, between 200 and 400 m above sea level, generally has a lot ofavailable land, the intermediate zone, between400 and 900 m, is characterized by high landpressure, and the upland area, above 900 m, bymoderate to high land pressure, due to the poorquality of some of the available land.

Coffee is found in half the production systemsdescribed, and is grown between 400 and 1 200 mabove sea level. However, these production sys-tem studies were done when coffee prices werehigh, and producers are almost certain to changetheir strategy following the drop in world prices.

New Robusta plantings are being set up withseedlings taken from old plantings, while seedsfrom the commercial plantings set up between1993 and 1996 are being used for Catimor planti-ngs. Improved planting material requirementsare very limited, as shown by the requests regis-tered at the Ban Itou propagation station (table 6), which account for under 10% of theestimated 3 000 to 5 000 ha of spontaneousextensions.

Likewise, the owners of the large coffeeestates set up since 1996 chose to purchase theirplanting material from smallholders.

Three main types of system have been identi-fied according to the length of the fallow period,each of which can be split into sub-systems

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Mai 2002 Plantations, recherche, développement

1. Between February and March 1998, the exchange rateagainst the dollar rose from 4 350 to 4570 kips on the offi-cial market and 5 090 to 5990 kips on the parellel market.2. Rai is the Laotian term for slash-and-burn agriculture.

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based on the type of agricultural and animal pro-duction activities and the techniques used. Theyare summarized in table 7.

Short-fallow coffee-based systems General speaking, growers adopt two parallelstrategies. One consists in improving existingplantings so as to increase income as fast as pos-sible, and the other in extending the areaplanted so as to move towards a monoculturesystem like the one practised in the uplands.Farms practising such systems are generallymore or less self-sufficient in terms of rice.

Old plantings are roughly rehabilitated byreducing the number of orthotropic shoots at thetime of harvesting. The oldest plantings, particu-larly those with a lot of weeds, are used to grazecattle. New plantings are set up on a year onerai, along with rice, or a year two rai with vari-ous crops. The rai, which used to be used tograze cattle after harvesting the rice, is fencedoff to stop the animals trampling the young cof-fee trees. The surveys conducted suggest that itis possible to achieve yields of 600 to 700 kg/hawhen combining coffee with cattle rearing in theleast degraded plantings.

It can reasonably be assumed that old coffeeplantings have reached their production poten-tial with current practices, which can be esti-mated at 500-700 kg/ha in these favourablezones.

A distinction can be made between threecases in such systems: the lower intermediatezone (between 400 and 500 m above sea level),the upper intermediate zone (between 500 and900 m) and the upland zone (over 900 m).The lower intermediate zoneThis zone marks the switch between the lowlandzone and the intermediate zone, which is domi-nated by coffee. Growing conditions are mar-ginal. These rai systems combine annual crops(food and commercial crops) and tree crops(fruit trees or banana and coffee). Coffee, whichis usually grown on less than 0.50 ha, is often arelatively recent introduction (less then tenyears ago), and produces between 250 and 350 kg/ha in a good year. Coffee is beingextended, despite the climatic risks and landsaturation in some villages. It is sometimesgrown as a catch crop in new teak plantings.The upper intermediate zoneThe higher the zone, the more land is taken upby coffee. The oldest plantings are between 25 and 30 years old. Since price liberalization,coffee has made rapid progress, at the expenseof crops on rai. Rai was traditionally used togrow rice, but has gradually been converted toRobusta. Coffee-annual crop intercropping isincreasing, the most common combinationsbeing maize-pimento-coffee (Champassakprovince), rice-coffee (Saravane province) and

groundnut-coffee (Saravane and Sékongprovinces). Coffee covers between 1 and 5 ha oneach farm, with yields of between 500 and 800 kg/ha.

In the highest areas of this zone, providedland is available, some farmers are continuing toaccumulate land by setting up so-called “cold”plantings: according to tradition, only plantingsconfer permanent rights of use, unlike rai.Fallow is roughly cleared without burning, andplanted with seedlings taken from old Robustaplantings. The coffee trees are grown undershade, with minimum upkeep.

Generally speaking, there is a marked trendtowards monoculture of Robusta coffee trees inthe systems in this zone, where land saturation isa major obstacle to extension. The labourrequired for coffee growing is generally drawnfrom within the family, but hired workers areincreasingly being taken on for harvesting.The upland zoneCoffee is still dominant and rice rai has beenreplaced by cabbages, potatoes and morerecently carrots, after clearing fallow with trees.The coffee trees are fenced off to protect themfrom cattle, which are left to graze during theday but penned at night.

Again, in zones with available land, some fami-lies have begun accumulating land by setting up“cold” plantings, and some very old, often aban-doned coffee plantings have been replanted inthis way.

Coffee-based systems without fallow These systems generally correspond to coffeemonoculture with cattle left to graze during theday and penned at night. They are concentratedin intermediate and upland zones, between 700 and 1 100 m above sea level. The land onfarms is generally saturated.

Coffee plantings are well maintained andcan be considered to have reached their maxi-mum production potential given their age,which is generally over 15-20 years, and theirinitial vegetative condition. According to thePDRPB surveys, Robusta yields are between600 and 1 000 kg/ha and Arabica between 1 000 and 2 000 kg/ha.

Farmers and their families are entirely relianton rice from the lowlands to meet their foodrequirements.The intermediate zoneAt this level, cattle are left in the coffee plantingsovernight. Systems without fallow are primarilyfound in the upper parts of the intermediatezone, between 700 and 900 m above sea level.There are also small coffee plantings of between0.5 and 1 ha near houses, which are totally fencedoff to keep animals out. These plantings were setup recently using improved planting materialfrom the Ban Itou seed production station.

Arabica is beginning to be grown in the upperpart of this zone.The upland zoneRobusta coffee monoculture systems are alsodominant, with a marked tendency to convertRobusta to Catimor. The farms in this zone veryoften keep some cattle, which are left to grazeduring the day and penned at night.

There are also Catimor gardens covering 0.25 to 0.50 ha near the houses, which are veryintensively managed, with yields often exceeding2 000 kg/ha. Manure from the cattle pens isspread around the coffee trees. Intercroppingwith vegetables just after planting is common.

Major constraints on farmsThe spectacular changes in the rural landscapelinked to the coffee boom in fact mask strongconstraints on the farms. The money from coffeehas primarily been used to improve the livingstandards of farmers (renovating their accom-modation and buying Chinese motorized cultiva-tors to transport consumer goods) and villagers(participation in buying equipment for the vil-lage), and to a lesser extent to pay for the occa-sional hired labour required for rehabilitating orextending coffee plantings.

The loans granted by the Banque de promo-tion agricole (BPA) are intended to fund coffeemarketing (64% of loans) and agricultural pro-duction (table 8). Although it is theoreticallypossible to obtain individual loans, access tocredit is in fact subject to the formation of solidgroups of 7 to 15 people with the same objectives(renovating old plantings or setting up newones). Red tape can lead to delays in grantingloans, which are often made available too late inrelation to the agricultural calendar.

Moreover, smallholder production levels arestill very low, preventing farmers from saving.Despite the existence of the rice bank and vil-lage mutual funds, borrowers are tempted to“divert” loans for their domestic requirements,particularly in the off-season, betweenSeptember and December.

This situation also leads to pressure fromtraders wanting to buy the crop on the tree(fresh cherries), to be processed by the collec-tor. This has serious consequences for coffeequality (poor drying, careless harvesting), and isan obstacle to the development of washedArabica production.

Labour availability is low (population density:27.9 inhabitants/km2). Arabica is harvested atthe same time as rice, while Robusta is harvestedbetween January and March. In the latter case,there is less of a labour shortage, as lowlandfarmers can move to the coffee zones. The labourshortage is worsening with the development oflarge Arabica estates. There is usually just oneharvesting round, which has an adverse effect on

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Research and coffee growing

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quality, particularly for Arabica, which is subse-quently heavily penalized.

Although the agricultural services havelarge numbers of staff, they have very littleimpact in rural areas as their budget coversonly staff salaries. Their agents are thereforebased in the provincial capitals and countytowns, but do not have the means to travelaround. It is also important to stress that theavailable agricultural technicians are insuffi-ciently qualified.

Although producers have welcomed the intro-duction of Catimor trees, there is now a problemof a lack of access to inputs, particularly fertiliz-ers. This is due to the shortage of fertilizers onthe market in Paksé, the largest town in theregion, the difficulty of supplying rural zones dueto poor communication routes, and the high costof fertilizers. The high productivity of Catimorlines necessitates at least some inorganic fertil-izers to prevent tree exhaustion.

Impact of the different projects onthe coffee componentThe main aims of the PDRPB were defined dur-ing the feasibility study in September 1996, andwere to optimize exploitation of the agriculturalpotential of the Bolovens plateau while conserv-ing natural resources, and to improve the incomeof farmers on the plateau by developing anddiversifying the commercial crops grown, with aview to sustainable development.

The project’s strategy was based the followingspecific objectives:• to improve knowledge of the physical environ-

ment, production systems, the main commer-cial commodity chains (coffee, cardamom,cabbages, banana) and markets;

• to develop and disseminate appropriate cropmanagement sequences established throughparticipatory research in the field;

• to strengthen collective and individual devel-opment by encouraging private initiatives onthe part of entrepreneurs supplying servicesto farmers, and the establishment of economicinterest groups;

• to organize technical support so as to defineits content and ensure the dissemination oftechnical advice through agricultural techni-cians and those directly involved in the sector.

Farmer strategiesFor almost ten years, coffee growers saw a con-stant rise in “farm gate” prices (table 2), firstlywith the liberalization of the commodity chain,followed by high world rates and the devaluationof the kip against the dollar. The rise was alsosustained by fierce competition betweenexporters, particularly towards the end of theseason. In 1996-1997, world coffee supply out-stripped demand for the first time in some years,

and prices began to fall, but by the start of theproject, in November 1997, the situation in Laoswas still euphoric for both exporters and produc-ers. During the first year of the project, certainpatterns developed that posed a few risks for thedevelopment of the Bolovens plateau.• Increased spatial differentiation between the

different zones, due to coffee development,which was exacerbated by the devaluation ofthe kip. Living standards in upland areasincreased significantly, and the demand forlabour to harvest crops logically led to theproletarianization of those living in the low-lands.

• Increased land pressure, resulting in a differ-entiation between inhabitants of a given vil-lage that prevented farmers with fewer pro-duction factors gaining access to land. At thesame time, there was a marked shift towardscoffee monoculture.

• A rejection of the idea of setting up economicinterest groups, probably due to past experi-ences of collectivism. However, services devel-oped, particularly sales of planting material(seeds and seedlings) from commercial plant-ings.

• Fierce competition between buyers, which pro-vided no incentive to improve coffee quality,and pressure from exporters to maintain theexisting situation: selling dry cherries, pur-chases based on volume.In the second year, production targets were

exceeded without any significant intervention onthe part of the project, and international marketprospects were less than favourable, whereas theinitial hypotheses had assumed that world priceswould remain at around US$ 2.25/kg for a fewyears. Moreover, the extension of Catimor coffeeplantings, for which the crop managementsequence for the Bolovens plateau has not yetbeen finalized, is continuing. Catimor coffee isprocessed by the dry method, and sells for littlemore than Robusta. The prospect of a significantfall in prices looks increasingly likely, whichwould not be without its consequences for farm-ers: a reduction in plantation upkeep, a risk ofdeteriorating quality, a reduction in plantingrates.

The strategy for the coffee component of theproject was slightly adjusted in November 1998 totake account of the probable fall in coffee pricesand develop washed Arabica production whilesticking to the project’s initial aims:• to support production through phytotechnic

operations intended to maintain the productionpotential of old and new plantings;

• to improve coffee quality and conduct specificoperations aimed at developing washed Arabicaproduction;

• to support private initiatives aimed at producingplanting material, to bring production centres

closer to users and make up the productionshortfall at the Ban Itou station.

Support of productionDespite the stumping demonstrations given dur-ing the Lao Upland Agricultural DevelopmentProject (LUADP), which were welcomed bygrowers, there is virtually no real interest in thetechnique, since just 5.5 ha were stumped volun-tarily during the three years of the project, out ofa requested 9 ha. There are several reasons forthis. The free stumping on offer under theLUADP, which was done by project technicians,only ever concerned very small areas. Moreover,the 200-kip contribution per coffee treerequested from farmers by the current project,which is also doing the work, did not signifi-cantly reduce demand in relation to the previousproject. However, once the contribution wasincreased to 500 kips, the rate charged by pri-vate firms, growers considered that the opera-tion was not worthwhile in view of coffee prices.Moreover, growers are in a land accumulationphase, despite the increasing difficulty of gainingaccess to land. Lastly, the “gentle” rehabilitationtechniques used by growers have resulted in sig-nificant productivity gains, but the farmers haveno doubt not yet realized that these techniqueswill not enable the trees to express their fullpotential.

The second aim in rehabilitating old coffeeplantings was to modify coffee tree management,switching from free growth to capping. The tech-nique is beginning to spread in Catimor planti-ngs, but is still only occasionally used in Robustaextensions.

Intercropping coffee with annual crops forthe first two years is common, particularly asextensions are generally planted on first- or sec-ond-year rais. The survey (table 9) revealed therelative diversity of the combinations practised,although there were three main annual crops(rice, groundnut and maize). Combining severalannual crops with coffee is the dominant prac-tice in Champassak province, due to its proxim-ity to the town of Paksé, the region’s main eco-nomic centre. In the other provinces, the annualcrops are primarily intended to cover the foodrequirements of the farmers and their families.

The spontaneous extension of ArabicaCatimor without an appropriate crop manage-ment sequence tailored to the conditions on theBolovens plateau, and above all without any pos-sibility of using inorganic fertilizers due to theirlack of availability and cost, meant that urgentsteps had to be taken. To reduce the risks of cof-fee tree exhaustion, very dense Erythrina shad-ing can be used to limit production. The failureof the plantings set up in the open or with insuf-ficient shade between 1993 and 1995 andincreased awareness among farmers mean that

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the shading technique is now widely used byCatimor growers and is starting to be used forRobusta. At the same time, a network of fertil-ized experimental plots was set up, and the firstobservations suggest that fertilizers have a posi-tive effect as of year 3. However, a Flemingiaintercrop has a slight depressive effect.

Improving qualityImproving the quality of dry-processed Robustaand Arabica is aimed at reducing the pricepenalty applied to Laotian coffee, in the hopethat producers will benefit. The first measureproposed, with the support of exporters and theauthorities, was to modify farmer practices byencouraging them to dry their beans on trays orsheets. Generally speaking, the technique hasbeen adopted, and the penalty has fallen, onaverage, from – 20% to – 5%.

The second operation, aimed at developingshelling by the farmers themselves, met withstrong opposition from exporters, for two rea-sons: the exporters have bought high-capacityshelling equipment, and they are convincedthat growers are incapable of producing goodquality, sufficiently dry coffee. The operationwas completed in two stages. Firstly, a detailedanalysis was carried out of the purchasing sys-tem and its impact on prices and quality (tables4 and 5). Growers were then trained in coffeeprimary processing techniques, with the aim ofmaking them more responsible by enablingthem to sell processed products and of introduc-ing a policy of organizing producers by develop-ing a service sector.

For Arabica, the aim of the quality improve-ment operations was to make greater pforitsfrom the product by marketing good qualitywashed coffee. In 1999, growers from three vil-lages were equipped with drum pulpers andproduced around 3 t of washed Arabica thatsold for 12 000 kips/kg of green coffee, com-pared to 5 400 kips/kg for natural Arabica. Theoperation was repeated in 2000, and 5 t ofArabica were sold at 11 500 kips/kg of parch-ment coffee, to a French importer specializingin niche markets. Growers are following the

operation with interest in the uplands, andhave refurbished their old pulpers. In 2001, thesame importer negotiated the purchase ofaround 18 t of coffee at 12 500 kips/kg ofparchment coffee, whereas world rates werecontinuing to fall (US$ 1.47 in November 2001,compared to US$ 1.89 a year before). It is to behoped that if a washed Arabica production sec-tor develops, it could continute to the development of a washed upland Robusta sector, for which there is also a market.

Support of private initiativesAnarchic sales of just any type of Arabica andRobusta prompted an operation aimed at train-ing and supporting private nurserymen spreadthroughout the production zone. There were sev-eral main reasons behind the move.• The existence of small vascular wilt foci in

old plantings suggested that there was a riskof disseminating contaminated plantingmaterial, as Robusta extensions are set up using wild seedlings taken from planti-ngs.

• Certain Catimor lines distributed between1993 and 1996 were not totally fixed, and leafrust attacks have been seen in some of theplantings produced from progenies of theselines. Moreover, their progenies have a lesshomogeneous growth habit.

• The relatively isolated position of the Ban Itoucentre is not ideal for centralizing plantingmaterial production and dissemination.Moreover, it is not certain that the centre willbe capable of producing enough seeds, and itis also likely that production costs will be toohigh.

• Although producing planting material requiresa degree of technical skill, it is not beyond thereach of growers, provided they are givenappropriate training.

• Planting material producers can also be anexcellent relay for passing on technicaladvice.The decision to support volunteer planting

material producers was taken in 1999, and theoperation is now under way. Around ten 0.25-ha

Catimor seed gardens have already been set up.The planting material recommended was chosenby Costa Rica in 1995, and although it was with-drawn from distribution there due to qualityproblems, in the three years since it was adoptedin Laos, it does not seem to have had the samedisadvantages. In fact, cropping practices inLaos, particularly dense shading, extend theripening period by two or three weeks comparedto crops with little shade. Moreover, the increas-ing labour costs in Costa Rica probably con-tributed to the drop in quality, due to carelessharvesting.

For Robusta, planting material producersshould be able to distribute clonal material,either propagated through cuttings or as seeds,the illegitimate progenies of the three clonesthat were disseminated and proved to performwell in the breeding programmes conducted inCôte d’Ivoire between 1960 and 1975.Propagation plots are being set up, and the seedgardens should be operational by 2003 or 2004.

This support of private initiatives has alsoseen the establishment of a programme to pro-duce technical advice notes intended to helpdisseminate information and advice to produc-ers.

Conclusion The Bolovens plateau is a very complex, rapidlychanging environment in which there are manydifferent production systems. Coffee growing,which is developing spectacularly, is still the dri-ving force behind the economic development ofthe plateau. While not all the targets set for theproject have been reached, it was essential tostudy and understand the environment beforetaking any action. The project, which was due tobe wound up in November 2000, was extendedfor a few months, during which the emphasis wasplaced on drawing up a set of technical and eco-nomic advice notes as part of an integratedapproach, rather than the sectorial approachadopted in the past.

It is to be hoped that a second phase will belaunched soon, so as to build on these achieve-ments.

74 SU S T A I N A B I L I T Y

Research and coffee growing