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ichel—
Paris 6—
01 56 81 40 60
Mai 2014
Numéro 37 18ème Congrès
de Pneumologie
de Langue Française Marseille du 31 janvier au 2 février 2014
L e 18ème Congrès de Pneumologie de Langue Française (CPLF) s’est déroulé du 31 janvier au 2 février 2014, à Marseille, réunissant environ 5000 personnes de la communauté pneumologique francophone : médecins, kinésithérapeutes, infir-miers, prestataires de santé à domicile et exposants.
Cette édition a été consacrée à l’oncologie thoracique, fil rouge, et au sommeil, fil orange. La Fédération ANTADIR s’est vu confier l’organisation d’une session plénière sur les alternatives à la prise en charge des patients présentant un syndrome obésité hypoventilation et d’un symposium intégré sur la téléobservance. Dans ce numéro, vous trouverez les résumés de l’ensemble des communications sur ces deux thèmes.
Mentionnons également l’intervention du Pr Jean-François Muir, lors d’une ren-contre organisée sur le stand d’ANTADIR Assistance, portant sur la règlementation à venir relative à la prescription de la ventilation à domicile. A cette occasion, l’appli-cation « VENTIdom, développée par l’équipe de la CMTS et destinée aux prescripteurs, a été présentée (outil adapté aux iPhone, iPad, Smartphones et tablettes).
Bonne lecture et rendez-vous à Lille, du 30 janvier au 1er février 2015. Le fil rouge de ce prochain CPLF sera l’asthme.
Pr Boris Melloni Président de la CMTS
Commission Médico Technique et Sociale
Dans ce numéro :
Session plénière : Quel choix thérapeutique dans le SAOS ?
PPC fixe ou autopilotée : la question est-elle encore d’actualité ?
Daniel RODENSTEIN - Bruxelles 2222
PPC ou VNI dans le SAOS associé au syndrome obésité hypoventilation ?
Pr Jean-Louis PEPIN - La Tronche 4444
L’OAM, une alternative à la PPC ? Pour quels patients ?
Pr Bernard FLEURY - Paris 8888
Principales expériences françaises et internationales de la téléobservance.
Pr Jean-Claude MEURICE - Poitiers 11111111
La téléobservance : quelles sont les solutions disponibles à ce jour ?
Didier FORET, Dominique LECLERCQ - Paris 14141414
Symposium intégré : Où en est-on de la téléobservance dans le traitement par PPC du SAOS ?
Téléobservance et considérations éthiques
Elizabeth ORVOËN-FRIJA - Paris 18181818
PPC FIXE OU AUTOPILOTEE :
LA QUESTION EST-ELLE ENCORE D’ACTUALITE ? Daniel RODENSTEIN
Clinique Saint Luc - BRUXELLES Belgique
Page 2
L a pression positive continue (PPC) auto-
pilotée permet en théorie de recevoir des
informations supplémentaires par rapport à la PPC
fixe : en détectant les événements, elle informe sur
l’efficacité du traitement et réajuste celui-ci en mo-
difiant la pression en conséquence. Elle possède le
grand avantage de permettre une titration de la
pression à domicile et d’éviter une nuit d’hospitali-
sation en laboratoire de sommeil. Les PPC autopi-
lotées équipent à l’heure actuelle 80 % des patients
traités par PPC en France (données de l’observatoi-
re sommeil de la Fédération française de pneumo-
logie).1 Pour le médecin, elle informe sur le niveau
de pression nécessaire pendant 90 % du temps
(P90) qui est donc en théorie le niveau de pression
efficace pour le patient. Cette information est en
réalité limitée par l’algorithme de décision des PPC
autopilotées qui n’assure que la correction et pas
l’atténuation du phénomène : à chaque événement
(apnée ou hypopnée) relevé, l’appareil augmente la
pression en conséquence, mais l’augmente toujours
de la même façon, sans chercher à déterminer une
pression minimale efficace au vu des événements
précédents. Par ailleurs, les différents modèles de
PPC autopilotée ne possèdent pas le même algo-
rithme de fonctionnement.
Une étude en double aveugle a évalué 5 PPC auto-
pilotées chez un sujet normal.2 Après vérification
de l’absence de trouble du sommeil par polysomno-
graphie, le sujet était équipé d’une PPC fixe (4
cmH2O via un masque nasal) avec retour à son do-
micile pour une période d’adaptation à la machine.
L’absence de modification du sommeil sous PPC
avait été préalablement vérifiée par une deuxième
polysomnographie sous PPC. Une fois le sujet habi-
tué à la machine, il revenait en hospitalisation de
nuit pour une polysomnographie sous PPC fixe ou
autopilotée, en double aveugle (camouflage de la
machine et maintien de l’interface habituel du sujet)
et avec randomisation de l’ordre d’utilisation des
machines. Sous PPC autopilotée, on constatait des
variations de pression au cours de la nuit en l’ab-
sence d’événements respiratoires (pas d’apnée,
d’hypopnée ou de limitation excessive de débit).
Ces variations étaient différentes pour chaque mo-
dèle de PPC autopilotée, parfois non associées à un
événement et parfois secondaires à un événement
résolu (limitation modérée du débit se soldant par
un micro-éveil, avec augmentation de la pression
après le micro-éveil). Le nombre d’augmentations
de pression au-dessus de 4 cmH2O variait entre
trois et quatorze fois sur la nuit d’enregistrement et
la pression maximale atteinte entre 6 et 8 cmH2O
selon les machines.
La durée totale passée avec une pression supérieure
à 4 cmH2O était comprise entre 81 et 312 minutes
(15 à 53 % du temps d’enregistrement).
SESSION PLENIERE : Quel choix thérapeutique dans le SAOS ?
Figure : Hypnogramme (panneau supérieur) et enregistrement des pressions (panneau inférieur)
lors de la polysomnographie diagnostique (a et b), sous traitement par PPC fixe (c) ou autopilotée (d-h)
Il a même été constaté un phénomène d’autotrigge-
ring avec une augmentation des pressions sur cer-
taines machines.
Conclusion
Les PPC autopilotées présentent des avantages en
termes de facilité d’instauration de traitement, mais
ne donnent pas d’indication fiable sur les événe-
ments résiduels et présentent parfois des comporte-
ments inappropriés face aux événements respiratoi-
res. Il serait intéressant de pouvoir disposer de PPC
autopilotées avec un système d’autoapprentissage
pour resserrer l’intervalle de modification de la
pression au fur et à mesure de l’utilisation.
Page 3
Références
1. Présentation de l’OSFP – Observatoire sommeil de la Fédération de pneumologie: https://www.osfp.fr/portail/?page_id=223
2. Mwenge GB, Dury M, Delguste P, Rodenstein D. Response of automatic continuous positive airway pressure devices in a normal subject. Eur Respir J 2011 jun ; 37(6) : 1530–3.
PPC OU VNI
DANS LE SAOS ASSOCIE AU SYNDROME OBESITE-HYPOVENTILATION ? Jean-Louis PEPIN
CHU Michallon - GRENOBLE
Page 4
DDDD ifférents évènements respiratoires
survenant pendant le sommeil chez
l’obèse
Le syndrome obésité-hypoventilation (SOH) est
défini par l’association d’une obésité (index de
masse corporelle supérieur à 30 kg/m2), associé à
une hypercapnie (> 45 mmHg) et une hypoxémie
(< 70 mmHg) diurnes et des atteintes respiratoires
nocturnes sans autre cause d’hypoventilation al-
véolaire.1
Le SOH est systématiquement associé à des anoma-
lies respiratoires nocturnes qui sont essentiellement
un SAOS (95 % des patients) et des hypoventila-
tions en sommeil paradoxal.2,3 L’hypercapnie est
liée à une charge mécanique respiratoire augmen-
tée par l’obésité, associée à une incapacité des cen-
tres respiratoires à adapter la ventilation à cette
charge respiratoire. L’objectif d’un traitement par
ventilation est donc de diminuer la charge respira-
toire et au final de restaurer la sensibilité des cen-
tres respiratoires au CO2, ce qui survient en moyen-
ne en trois semaines.
Chez les patients obèses présentant des apnées,
l’apparition d’une hypercapnie diurne est corrélée
à la longueur des événements respiratoires : au-
delà de 30 secondes, l’épuration totale du CO2 est
impossible à la reprise d’une ventilation normale, a
fortiori en raison de la faiblesse de la réponse des
centres respiratoires au CO2. Ainsi, l’hypercapnie
s’installe progressivement dans la nuit avec la ré-
pétition des apnées, et le traitement par pression
positive continue (PPC) prévient l’augmentation
de la capnie en supprimant les apnées. L’hyper-
capnie installée se normalise en quelques semaines
de traitement par PPC. En revanche, le traitement
par PPC doit se faire par une PPC fixe, car les PPC
autopilotées ne permettent pas de détecter les hy-
poventilations associées en sommeil paradoxal qui
sont fréquentes chez ces patients. L’idéal est de
réaliser une titration de la pression en hospitalisa-
tion d’une nuit.
Les hypoventilations en sommeil paradoxal sont
liées à une augmentation importante de la charge
mécanique liée à l’obésité abdominale
(refoulement des coupoles diaphragmatiques et
diminution des volumes pulmonaires). En som-
meil paradoxal, le relâchement musculaire est plus
important que dans les autres stades de sommeil,
le volume courant et la fréquence respiratoire sont
variables, ce qui explique la survenue préférentiel-
le de l’hypoventilation alvéolaire pendant le som-
meil paradoxal. Lorsque l’on fait une mesure
transcutanée du CO2, on constate une augmenta-
tion en marches d’escalier pendant la nuit, chaque
augmentation survenant à l’occasion d’un épisode
de sommeil paradoxal. Ces hypoventilations ne ré-
pondent pas ou insuffisamment au traitement par
PPC. L’existence de désaturations sous PPC ou
d’hypoventilations en sommeil paradoxal sur
l’enregistrement de sommeil constitue donc une
indication de ventilation non invasive. Pour ex-
plorer ces hypoventilations, il est possible de faire
une mesure transcutanée du CO2, ou si cet examen
n’est pas accessible, des gaz du sang en début et
fin de nuit associés à une oxymétrie nocturne
pour vérifier l’absence de désaturation résiduelle.
Page 5
Comment régler la VNI
Le mode le plus simple et le plus courant est un mode de ventilation spontanée en aide inspiratoire avec
un trigger inspiratoire, un trigger expiratoire et une fréquence de sécurité. En général, des niveaux d’aide
inspiratoire et des pressions expiratoires entre 8 et 10 cm d’eau suffisent. Une fréquence respiratoire de
rattrapage d’environ 16 cycles par minute est nécessaire chez ces patients qui présentent des événements
apnéiques centraux par baisse de la sensibilité des centres respiratoires.5,4 Les recommandations nord-
américaines les plus récentes5 intègrent ces données dans un schéma de prise en charge détaillé dans la
figure. L’utilisation d’une fréquence de sécurité n’y est pas systématiquement recommandée et il est rap-
pelé que l’oxygénothérapie n’est pas nécessaire en général chez ces malades. Elle peut même les aggraver
en situation de décompensation aiguë si elle n’est pas associée à une VNI.6
Figure : Proposition de prise en charge ventilatoire du SOH (d’après Berry et al.)
Page 6
Les niveaux de pression nécessaires ne sont à l’évi-
dence toutefois pas les mêmes en sommeil para-
doxal (où le volume courant et la fréquence se mo-
difient en permanence) et en sommeil lent. Pour
essayer d’adapter l’aide ventilatoire au mode de
sommeil, deux modes ventilatoires ont été dévelop-
pés : le mode AVAPS et le mode iVAPS. Dans le
mode AVAPS, on définit un volume cible et la ma-
chine ajuste le niveau d’aide inspiratoire nécessaire
pour l’atteindre. Dans le mode iVAPS, un algorith-
me permet un ajustement sur la pression et la fré-
quence respiratoire. L’étude de Storre et al. a mon-
tré que le mode AVAPS corrigeait mieux la pCO2
nocturne que la PPC et la VNI en mode standard,
en revanche ces modes semblent provoquer plus de
microéveils au moment des modifications de pres-
sion.7-9 Une étude a par ailleurs évalué la VNI stan-
dard versus l’AVAPS en cas d’utilisation d’un pro-
tocole de titration prédéfini et n’a pas retrouvé de
différence sur la pCO2 transcutanée et gazométri-
que.10
Quelle prise en charge au long cours ?
La question de la poursuite de la VNI au long
cours n’est pas tranchée dans la littérature, mais il
est montré que la perte de poids améliore les hypo-
ventilations en sommeil paradoxal et les apnées, et
il semble donc raisonnable d’essayer de repasser à
une PPC voire de tenter un sevrage progressif des
patients en cas de perte importante de poids, no-
tamment après une chirurgie bariatrique.11 Par ail-
leurs, les études de cohorte montrent que la morta-
lité des patients obèses est essentiellement liée à
leurs comorbidités cardiovasculaires et métaboli-
ques et il importe donc d’intégrer la ventilation
dans une prise en charge globale de ces comorbidi-
tés, avec une réhabilitation à l’effort et une activité
physique, si besoin sous VNI.12 La survie de ces
patients sous VNI est excellente (95 % à cinq ans)
lorsqu’ils sont observants.13
Conclusion
L’hypercapnie diurne dans le SOH relève de deux
mécanismes distincts, ce qui implique donc d’ex-
plorer soigneusement le patient avant de décider
du mode d’aide ventilatoire adapté. Cette aide
ventilatoire doit se concevoir dans une prise en
charge globale dont l’objectif principal reste la per-
te de poids qui peut permettre de diminuer l’assis-
tance ventilatoire. Des études sont en cours afin
d’évaluer la possibilité d’un dépistage du SOH
chez les patients obèses en ville par mesure des
bicarbonates veineux.
Références
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state-of-the-art review. Respir Care 2010 ; 55
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5. Berry RB, Chediak A, Brown LK, et al. Best clinical
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respiratory failure : a randomised controlled trial.
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the lung : 2. Obesity and sleep-disordered breath-
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12. Dreher M, Kabitz H-J, Burgardt V, Walterspacher
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proves exercise capacity in patients with obesity.
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13. Borel JC, Burel B, Tamisier R, et al. Comorbidities
and mortality in hypercapnic obese under domicili-
ary noninvasive ventilation. PloS One 2013 ; 8
(1):e52006.
Page 8
LLLL ’OAM : un traitement efficace
Le traitement par PPC n’est utilisé plus de
4 heures par nuit que par 60 % des patients au-
delà de trois ans de traitement.1 Ce défaut d’ob-
servance est préjudiciable à son efficacité et expli-
que l’intérêt qu’il peut y avoir à proposer un trai-
tement moins contraignant. L’orthèse d’avancée
mandibulaire (OAM) a prouvé sa supériorité sur
l’application d’une simple gouttière mandibulaire
(métaanalyse Cochrane 2007). Elle n’a en revan-
che pas la même efficacité que la PPC sur la ré-
duction des apnées sous réserve que la plupart
des études utilisaient une OAM sans titration jus-
qu’au niveau maximal toléré par le patient. Une
étude de 2004 a montré que l’OAM titrée était
aussi efficace que la PPC chez 60 % de sujets
ayant un SAS sévère (index d’apnées hypopnées
moyen à 42/h), efficace partiellement chez 20 %
des sujets et inefficace chez 20 %. 2 Une étude
plus récente comparant une OMA titrée à une
PPC fixe retrouvait une efficacité identique sur la
somnolence (échelle d’Epworth), la vigilance (test
sur simulateur de conduite), le contrôle de la
pression artérielle et la qualité de vie.3 L’explica-
tion pourrait être une meilleure observance sous
OAM avec un appareil porté en moyenne 5 heu-
res par nuit dans l’étude contre 4 heures pour la
PPC. L’observance de l’OAM était de 80 % à 1 an
(plus de 5 heures plus de 70 % des jours) dans une
autre étude.4 Actuellement en France, environ
12 000 patients utilisent une OAM contre 500 000
patients utilisant une PPC.
Titrer l’OAM pour chaque patient
Les orthèses actuelles permettent une titration de
l’avancée mandibulaire et donc une plus grande
efficacité du traitement. Une avancée suffisante de
la mandibule est nécessaire pour élargir la filière
mais doit se faire progressivement (1 mm par se-
maine). Cette avancée doit être définie chez cha-
que patient apnéique qui présente fréquemment
des modifications morphologiques des voies aé-
riennes supérieures : infiltration graisseuse du
L’ORTHESE D’AVANCEE MANDIBULAIRE, UNE ALTERNATIVE A LA PPC ?
POUR QUELS PATIENTS ? Bernard FLEURY
CHU Saint-Antoine - PARIS
Figure : Comparaison de l’efficacité du traitement par PPC ou OAM (d’après Philips et al.)
La réponse est considérée comme complète lorsque IAH < 5/h, partielle si IAH >5/h mais réduit d’au moins 50 % et échec en cas de réduction de moins de 50 % de l’IAH
Page 9
pharynx, affaissement du plancher de la bouche.
L’efficacité du traitement peut donc être limitée par
l’avancée à atteindre et ses conséquences sur l’arti-
culation temporomandibulaire. Il convient de défi-
nir l’avancée minimale optimale en coopération
avec un odontologiste pour chaque patient. Une
prise en charge que l’on peut proposer serait d’aug-
menter l’avancée d’1 mm par semaine en vérifiant
la tolérance et l’efficacité sur des paramètres clini-
ques (réduction visée du ronflement supérieur à
70%, douleur dentaire ou articulaire et articulé den-
taire) et paraclinique (index de désaturation ODI <
5 heures). Lorsque l’efficacité semble bonne ou que
la tolérance devient insuffisante, il convient de re-
contrôler systématiquement la polygraphie ou la
polysomnographie.
A quels patients proposer une OAM ?
Il n’existe pas de facteur prédictif de succès ou d’é-
chec de traitement, même si le taux de succès est
plus élevé dans les SAS légers à modérés.2 La réali-
sation d’une endoscopie pendant le sommeil pour
repérer un obstacle a une bonne sensibilité (91 %)
mais une spécificité médiocre (53 %). 5
Les recommandations de la Société de pneumologie
de langue française sont de proposer l’OAM ou la
PPC en première intention en cas de SAS léger à
modéré mais de la réserver en deuxième intention
(refus ou intolérance à la PPC) en cas de SAS sévère
(recommandations de grade B). 6
Le patient doit systématiquement participer à la
décision de traitement en étant informé des impré-
cisions et des limites du traitement, mais aussi des
effets secondaires. Dans une étude de 2012, il a été
montré que les patients choisissaient l’OAM dans
49 % des cas et la PPC dans 51 % des cas après une
information aussi complète que possible.7 En cas
de choix du patient en faveur de l’OAM, il faut en
premier vérifier l’absence de contre-indication : 6 le
patient doit avoir une valeur d’ancrage suffisante
pour l’OAM, c’est-à-dire au moins huit dents par
arcade. Le parodonte doit être sain sur l’évaluation
clinique par le chirurgien-dentiste, mais également
paraclinique (au minimum par panoramique den-
taire et si besoin par des clichés rétroalvéolaires
pour détecter les lyses alvéolaires). L’obésité est un
facteur de moins bon pronostic mais ne devrait pas
faire récuser d’emblée le malade. Les études récen-
tes rapportant une efficacité comparable à celle de
la PPC sur les conséquences du SAOS, au moins de
sévérité modérée, devront amener à rediscuter la
place de l’OAM dans notre stratégie thérapeutique
du SAOS.
Conclusion
L’OAM est une alternative efficace et bien tolérée à
la PPC et doit être proposée autant que possible
aux patients atteints de SAS. Son efficacité est pro-
bablement liée à une meilleure observance.
Références
1. Gagnadoux F, Le Vaillant M, Goupil F, Pigeanne T, Chollet S, Masson P, et al. Influence of marital status and employment status on long-term adher-ence with continuous positive airway pressure in sleep apnea patients. PloS One 2011 ; 6(8):e22503.
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����
Page 10
Références (suite)
3. Phillips CL, Grunstein RR, Darendeliler MA, Mi-hailidou AS, Srinivasan VK, Yee BJ, et al. Health outcomes of continuous positive airway pressure ver-sus oral appliance treatment for obstructive sleep apnea : a randomized controlled trial. Am J Respir Crit Care Med 2013 Apr 15 ; 187(8) : 879–87.
4. Dieltjens M, Braem MJ, Vroegop AVMT, Wouters K, Verbraecken JA, De Backer WA, et al. Objectively measured vs self-reported compliance during oral appliance therapy for sleep-disordered breathing. Chest 2013 Nov ; 144(5) : 1495–502.
5. Vroegop AV, Vanderveken OM, Boudewyns AN, Scholman J, Saldien V, Wouters K, et al. Drug-induced sleep endoscopy in sleep-disordered breathing : Report on 1,249 cases. The Laryngo-scope 2013 Oct 23; doi: 10.1002/lary.24479
6. Recommandations pour la Pratique Clinique. Rev Mal Respir 2010 sep ; 27(7) : 806–33.
7. Krucien N, Gafni A, Fleury B, Pelletier-Fleury N. Patients’ with obstructive sleep apnoea syndrome (OSAS) preferences and demand for treatment: a discrete choice experiment. Thorax. 2013 May;68(5):487–8.
Page 11
J ean-Claude Meurice a d’abord rappelé la dé-
finition de la télémédecine selon le code de santé
publique :1 c’est une forme de pratique médicale à
distance utilisant les technologies de l’information
et de la communication. Elle met en rapport, entre
eux ou avec un patient, un ou plusieurs profes-
sionnels de santé parmi lesquels figurent nécessai-
rement un professionnel médical et le cas échéant
d’autres professionnels apportant leurs soins aux
patients. Elle s’inscrit dans quatre grands items :
���� La téléconsultation : s’exerce dans le cadre de
la permanence des soins (appels auprès du SAMU
par exemple) ou à distance du fait de l’éloigne-
ment du consultant.
���� La téléexpertise : aide à la décision médicale
apportée à distance par un médecin à un autre
médecin.
���� La téléassistance : aide technique apportée à un
médecin par un confrère qui se trouve à distance.
���� La télésurveillance : transmission à distance
d’indicateurs physiologiques recueillis soit par le
patient, soit par un autre professionnel de santé,
soit par un système électronique et qui sont inter-
prétés par un médecin. C’est le cas par exemple
du réseau Pneumotel, opérationnel depuis 2008 et
qui permet de recueillir à distance les données spi-
rométriques des patients transplantés pulmonai-
res ou allogreffés de moelle osseuse. Les patients
réalisent eux-mêmes leur spirométrie plusieurs
fois par semaine, l’objectif étant de détecter préco-
cement l’apparition d’une bronchiolite oblitérante.
La télésurveillance se distingue de la téléconsulta-
tion en ce qu’elle concerne un patient déjà connu.
Elle permet en théorie d’identifier les patients
dont l’état nécessite une intervention voire une
correction rapide de leur traitement. Elle permet
un suivi à visée préventive ou post-thérapeutique,
de préparer une décision thérapeutique. Le cadre
juridique de la télémédecine a été encadré en
France par la loi HPST en 20091 et la téléobservan-
ce est devenue une obligation en 2013 dans le syn-
drome d’apnées du sommeil (SAS).
Les premières études (2004) portaient sur un nom-
bre de patients assez faible, mais elles ont permis
de vérifier la faisabilité de la transmission par les
réseaux de téléphonie portable : 100 % des don-
nées demandées étaient transmises.2,3 L’effet sur la
réduction des coûts n’a pas été évalué pour le mo-
ment.
La première étude randomisée a été publiée en
2007.4 L’observance après trois mois de traitement
n’était pas statistiquement différente, mais sem-
blait meilleure dans le groupe Télésurveillé. Une
PRINCIPALES EXPERIENCES FRANCAISES ET INTERNATIONALES
DE LA TELESURVEILLANCE Jean-Claude MEURICE
CHU - POITIERS
SYMPOSIUM INTEGRE : Où en est-on de la téléobservance dans le traitement par PPC du SAOS ?
Page 12
étude de 2009 ayant inclus 250 patients pendant
douze mois a retrouvé un net gain d’observance à
6 et 12 mois dans le groupe Télésurveillance, mais
aussi sur la qualité de vie et les symptômes de
qualité du sommeil.5 En 2011 une étude a élargi le
champ d’action à une véritable télémédecine : 20
patients atteints de SAS (index d’apnées-
hypopnées [IAH] moyen : 58,1) bénéficiaient d’u-
ne nuit de titration à distance du niveau de pres-
sion positive continue (PPC) efficace, le patient
étant à son domici-
le.6 Pour contrôler
l’efficacité du dis-
positif, une poly-
s o m n o - g r a p h i e
était réalisée une
semaine plus tard
en laboratoire avec
essai d’optimisation
de la pression. Le
niveau de pression
télétitré n’était pas
s tatist ique-
ment diffé-
rent du ni-
veau optimi-
sé en labora-
toire (9,15 vs 9,20 cmH2O). L’IAH était réduit en
moyenne à 3,8 par heure et le pourcentage de la
nuit passé avec une saturation inférieure à 90 % de
19,8 à 4,4. Il n’y avait pas en revanche d’informa-
tion dans ces études sur l’impact des abandons de
traitement, la perception des patients, le suivi du
risque cardiovasculaire et métabolique, la deman-
de de soins (consultations en urgence, hospitalisa-
tions) et la viabilité économique.
Plusieurs études sont en cours en France pour
évaluer l’intérêt médical et économique d’une té-
lésurveillance dans le SAS. Les études OPTISAS,
sous l’égide de la FFP et la FSM sont deux essais
randomisés organisés de façon mixte par des fa-
bricants de dispositifs médicaux, des prestataires
de soins à domicile (PSAD), des sociétés de tech-
nologies de l’information et de la communication
(TIC) et des fournisseurs de télécommunication(cf.
Figure).7 L’étude OPTISAS 1 a inclus 206 patients
sans comorbidité
cardiovasculaire
avec six mois de
suivi. Le suivi
comprenait l’oxy-
métrie sous PPC
mais aussi le res-
senti du patient
par questionnaire
sur tablette tactile.
Les événements
recueillis faisaient
l’objet d’une
correction par
l e P S A D
(bouche sè-
che, aéropha-
gie, désaturations persistantes…). L’étude OPTI-
SAS 2 a inclus de façon randomisée contrôlée des
patients ayant des comorbidités cardiovasculaires.
L’objectif principal était l’amélioration de la ten-
sion artérielle à six mois et il a été retrouvé une
différence significative entre les deux groupes. Les
inclusions des deux études sont terminées et les
résultats prévus pour avril 2014.
L’étude RESPIRADOM (réseau Morphée) prévoit d’inclure 200 patients (135 actuellement inclus)8888 Elle associe à l’observance des éléments du dossier médical et une éducation thérapeutique sous forme de serious game. Le critère de jugement principal est l’observance au traitement
par PPC à trois mois. L’objectif principal est une évaluation scientifique et médicoéconomique (cf.Figure)
Page 13
L’étude PREDIVARIUS (groupe Sommeil de la
SPLF) prévoit d’inclure 800 patients avec un IAH
supérieure à 30.9 L’objectif est la prédiction du type
d’appareil nécessaire (PPC fixe ou autopilotée) en
fonction des données de télémédecine obtenues
après 7 jours sous autoPPC. L’intérêt de cette stra-
tégie est non seulement d’apporter des arguments
permettant de mieux définir les conditions d’utili-
sation de ces autoPPC dans le traitement du SA-
HOS, mais aussi d’en déterminer le mode ventila-
toire le plus efficace et le mieux toléré en fonction
du comportement de la pression au cours de la
nuit, pour un patient donné. Tous les patients étant
dotés d’une télésurveillance et cette étude bénéfi-
ciant d’une évaluation médico économique, celle-ci
devrait représenter un apport important dans le
cadre de l’expérience de la mise en place de cette
technique au sein des différents centres et presta-
taires impliqués, tout en apportant des éléments
objectifs en termes de coût réel de cette technique.
Conclusion
La télémédecine dans le SAS a prouvé sa faisabilité
dans des études internationales. Des études sont en
cours en France pour déterminer son intérêt médi-
cal et médicoéconomique dans la prise en charge
du patient.
Références
1. Code de la santé publique — Article L6316-1. Code de la santé publique.
2. Lankford DA. Wireless CPAP patient monitoring : accuracy study. Telemed J E-Health Off J Am Tele-med Assoc 2004 ;10(2):162–9.
3. DeMolles DA, Sparrow D, Gottlieb DJ, Friedman R. A pilot trial of a telecommunications system in sleep apnea management. Med Care2004 Aug ;42(8):764–9.
4. Stepnowsky CJ, Palau JJ, Marler MR, Gifford AL. Pilot randomized trial of the effect of wireless telemonitoring on compliance and treatment effi-cacy in obstructive sleep apnea. J Med Internet Res 2007 ;9(2):e14.
5. Sparrow D, Aloia M, DeMolles DA, Gottlieb DJ. A telemedicine intervention to improve adherence to continuous positive airway pressure: a randomised controlled trial. Thorax 2010 Dec 1 ;65(12):1061–6.
6. Dellacà R, Montserrat JM, Govoni L, Pedotti A, Navajas D, Farré R. Telemetric CPAP titration at home in patients with sleep apnea–hypopnea syn-drome. Sleep Med2011 Feb ;12(2):153–7.
7. OPTISASL : présentation sur le site de la FFP [Internet] . Avai lable f rom : http: / /w w w . f f p n e u m o l o g i e . o r g / a r t i c l e . p h p 3 ?id_article=191
8. Présentation de l’étude RESPIRADOM [Internet]. Available from : http://respiradom.fr/
9. Meurice JC. Comment améliorer l’observance vis-à-vis de la PPC dans le syndrome d’apnées du som-meilL : du «LcoachingL» à la télémédecine. Rev Mal Respir2012 jan;29(1)7–10.
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LA TELEOBSERVANCE :
QUELLE SONT LES SOLUTIONS DISPONIBLES A CE JOUR ? Didier FORET, Dominique LECLERCQ
Fédération Antadir - PARIS
SSSS olutions de recueil de l’observance La téléobservance nécessite de rajouter
un dispositif supplémentaire à l’appareil de pres-
sion positive continue (PPC). Il existe deux gran-
des familles de solutions.
Les solutions « propriétaires » — Elles sont com-
mercialisées par les fabricants de PPC et s’adap-
tent uniquement sur les machines du même fabri-
cant. Elles ne sont pas toutes compatibles avec les
machines d’ancienne génération. Leur principe est
toujours le même : assurer l’extraction des don-
nées stockées dans la PPC et le transfert des don-
nées par un boîtier vers une plateforme dédiée,
sans conservation possible des données par le boî-
tier. Elles ne sont pas conçues pour effectuer une
mesure. Il s’agit des systèmes SmartLink – Smart-
Call (DeVilbiss, compatibles avec la gamme Sleep-
Cube), InfoSmart-Info GSM (Fisher & Paykel
Healthcare, compatibles avec la gamme ICON),
Encore Anywhere – PR One (Philips Solutions
Santé à Domicile, compatibles avec la gamme PR
One), EasyCare Online – S9 (ResMed, compatibles
avec la gamme S9), Sefam Connect – DreamStar
(Sefam, compatibles avec les gammes DreamStar
(sauf Intro) et GoodKnight (sauf GK 420G)) et ho-
mecareONLINE – somno2CLOUD (Weinmann :
compatibles avec la gamme SOMNO).
Les solutions « ouvertes »— Elles s’adaptent sur
toutes les PPC quels que soient l’ancienneté et le
fabricant. Il en existe actuellement huit dont trois
sont issues du même fabricant. Le dispositif de
mesure est en revanche différent selon le fabri-
cant. Elles répondent toutes aux normes techni-
ques et réglementaires.
• Les dispositifs à détection de variation de flux d’air :
ils se fixent en sortie de PPC. Il s’agit des dispositifs
MO+ (Sefam), Nowapi (ALMS), T4P (SRETT) et Té-
léObs/Twitoo (S2A). Ils se différencient notamment sur
le mode d’alimentation du boitier : pile au lithium pour
le T4P, et branchement au secteur pour le MO+,le No-
wapi et le TéléObs/Twitoo. La solution TéléObs/Twitoo
est un système couplé qui communique par Bluetooth
dans lequel le TéléObs mesure les données et le Twitoo
les transmet via GPRS vers la plateforme. A noter que
le Twitoo peut également transmettre d’autres types de
données (poids, tension artérielle, SaO2 …).
• Les dispositifs à détection de consommation électrique
de la PPC : ils sont placés en amont de la PPC. Si le
système Intensity (L3 Médical) traite lui-même les
données mesurées et envoie directement les données
d’observance, le système TS-Easy (Géri Communica-
tion) envoie des données brutes de courbes de puis-
sance électrique, et des algorithmes de traitement sur
la plateforme génèrent les données d’observance.
Page 15
• Le dispositif à détection de la fréquence vibratoire de
la turbine de PPC (Sensitive, L3 Médical) : il se place
directement sur la PPC. Un accéléromètre tridimen-
sionnel capte les vibrations de la turbine et un algo-
rithme qui tient compte des modèles de PPC validés
permet de détecter la présence d’un patient.
• Le dispositif de récupération des données placées dans
la PPC Interactive (L3 Médical) consiste à remplacer
la carte SD fournie par le fabricant de la PPC par une
carte SD communicante. Les données sont envoyées
en Wifi sur une tablette qui sert de relais pour la
transmission GPRS vers la plateforme.
Systèmes de transmission des données.
Ils utilisent tous les réseaux de téléphonie mobile
selon le principe du roaming ou accord d’itinéran-
ce (faculté pour un abonné d’un réseau de télépho-
nie mobile de pouvoir se connecter via le réseau
d’un autre opérateur que le sien). Il existe deux
types de roaming et quelques variantes pour cha-
cun d’eux.
• Le roaming multi opérateurs peut se faire sans restric-
tion (le boîtier recherche le signal le plus fort ou le
plus rapide et s’y connecte), avec restriction (le boîtier
se connecte aux réseaux disponibles selon un ordre de
priorité établi par contrat et selon la stabilité du signal
reçu pour chaque réseau), ou uniquement sur les zo-
nes frontalières.
• Le roaming mono opérateur : il n’y a changement de
réseau que lorsque le patient se déplace à l’étranger (de
l’opérateur en France vers son partenaire dans le pays
visité) ou dans les zones « blanches » (zones non cou-
vertes par l’opérateur) ou dans les DOM-TOM. Cette
solution semble être progressivement abandonnée, car
il n’existe pas de solution de remplacement si l’opéra-
teur tombe en panne notamment.
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Plateformes et portails de recueil des données
L’accès est sécurisé et personnalisé par un identifiant et un mot de passe. La durée d’observance est in-
dividualisée pour chaque patient par jour et par période de 28 jours, avec possibilité d’afficher des cour-
bes d’observance et des histogrammes. Il est également possible d’utiliser des filtres de recherche sur
l’ensemble des patients pour afficher uniquement les patients non observants ou les problèmes de non-
transmission. Enfin, pour certaines solutions « propriétaires », il est possible de procéder à un « télé-
réglage » de la machine de PPC au vu des données médicales récupérées. Il est également possible pour
les PSAD de bénéficier d’une extraction ou d’un interfaçage des données vers leur système d’informa-
tion habituel pour un suivi du patient. Notons que les solutions Nowapi et T4P ont fait le choix de ne
pas passer par un hébergeur de données aux normes ASIP et ne peuvent donc pas recueillir de données
de santé à caractère personnel. Les diverses solutions de téléobservance sont résumées dans le tableau.
Tableau : Les solutions de téléobservance testées par l’Antadir au 3 février 2014
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Quel retour des prestataires sur ces
systèmes ?
Une enquête a été menée par l’Antadir auprès des
directeurs des dix-neuf prestataires de santé à do-
micile (PSAD) adhérents à la Fédération Antadir
concernés par cette obligation réglementaire, par
courriel (18 questionnaires ont été renseignés). Il y
a eu plus de 10 000 dispositifs installés et opéra-
tionnels au 10 janvier 2014, tous modèles confon-
dus. Les dispositifs ont été retenus pour la présen-
tation des résultats s’ils avaient été installés au
moins par 2 PSAD et au moins cinquante fois.
Pour chaque PSAD, seules les trois principales so-
lutions utilisées ont été retenues, ce qui faisait
trente-cinq réponses au total, tous dispositifs
confondus.
L’ergonomie de la plateforme de transmission des
données était jugée satisfaisante dans 80 % des cas
(69 % « plutôt satisfaisante »). Des difficultés ponc-
tuelles ont été rencontrées à l’installation dans
77 % des cas : réseau non trouvé ou saturé, boîtier
défectueux, absence de prise de courant, refus
d’accès à la chambre par le patient. Les difficultés
liées au réseau sont en cours de résolution grâce
au passage progressif au roaming multi opérateurs.
Dans 63 % des cas, le prestataire a rencontré des
difficultés à la récupération des données : 73 %
dans l’interfaçage, 27 % par non-concordance en-
tre l’observance notée sur la plateforme et l’obser-
vance transmise, 23 % par non-concordance entre
les données notées sur la plateforme et les données
extraites depuis la plateforme. Il existait également
des problèmes de transmission des données à la
plateforme (73 %), des problèmes de mise à jour
régulières de la plateforme la rendant inaccessible
(14 %) des problèmes de consolidation des don-
nées avec délai (45 %) et enfin des difficultés à
coupler la PPC au boîtier (14 %). Ces problèmes
tendent à disparaître grâce aux remontées faites
aux fournisseurs.
Si 100 % des patients étaient compréhensifs vis à
vis de la mise en oeuvre de la téléobservance, 72 %
restaient interrogatifs et 22 % inquiets. Il n’y a eu
que quarante refus d’installation. Concernant leurs
inquiétudes au sujet de l’exposition aux ondes
électromagnétiques, il est à noter que l’ensemble
des solutions n’émet d’ondes qu’au moment de la
transmission des données vers la plateforme (soit
environ 5 minutes par jour).
Conclusion
Les solutions de télésurveillance sont nombreuses
et commercialisées, soit par les fabricants de PPC
eux-mêmes, soit par des sociétés indépendantes. Si
de nombreux problèmes ont été rencontrés au dé-
marrage des installations, une fiabilisation des dis-
positifs a été notée au cours du temps et en parti-
culier après les tests menés par l’Antadir et les re-
montées des PSAD adhérents à la Fédération.
Page 18
É lizabeth Orvoën-Frija a rappelé que le mé-
decin devait être le garant de l’observance avant
même l’instauration de la nouvelle réglementation,
que ce soit d’un point de vue réglementaire ou éthi-
que (respect des bonnes pratiques et des recom-
mandations de sociétés savantes).1 L’observance
devait déjà être au minimum de trois heures par
nuit. L’usage de technologies de l’information et de
la télécommunication est d’ailleurs déjà courant
par les prestataires de soins à domicile (PSAD) en
partenariat avec le médecin et ne pose pas de pro-
blème tant que la confidentialité des données est
assurée. Dans la nouvelle réglementation, le rem-
boursement est conditionné à une observance re-
cueillie électroniquement au domicile du patient et
transmise directement à la caisse d’assurance mala-
die.2 Les périodes sont de 28 jours, le patient doit
utiliser sa machine au moins 84 heures et au moins
3 heures par jour pendant au moins 20 jours.
La définition même de la télémédecine dans le code
de Santé Publique en fait par ailleurs un acte médi-
cal, nécessitant au minimum un professionnel mé-
dical.3 Les droits fondamentaux du patient ne peu-
vent être altérés par l’usage de la télémédecine :
respect du secret médical, confidentialité de ses
données, droit à l’information et participation aux
décisions le concernant.4 C’est d’ailleurs une partie
de l’ambiguïté de la nouvelle loi qui prévoit de ren-
dre la téléobservance obligatoire et ne requiert donc
pas l’accord du patient.
La téléobservance fait partie intégrante de la télé-
médecine si elle engendre une réponse médicale ; le
chiffre brut de l’observance n’est donc pas suffisant
pour le médecin ; il doit s’accompagner des autres
paramètres actuellement fournis par les PSAD, qui
sont des informations sur les événements résiduels
et les fuites notamment. Par ailleurs, la téléobser-
vance sera acceptable éthiquement du point de vue
du patient, à partir du moment où elle engendrera
un bénéfice pour sa prise en charge médicale. Cela
implique d’essayer pour le médecin comme pour le
prestataire de lui en expliquer les bénéfices, mais
aussi d’essayer de recueillir son accord, même si la
surveillance devient une obligation légale. Les don-
nées transmises à l’Assurance Maladie devraient
l’être également au patient dans un souci de respect
et de transparence.
On peut concevoir que l’inobservance pose un pro-
blème sociétal au regard du coût du traitement qui
est supporté par la collectivité. Un sondage Opi-
nionWay montre d’ailleurs que la majorité des pa-
tients interrogés à propos de leur télésurveillance
comprennent l’enjeu économique de l’inobservance
et trouvent acceptable que le remboursement soit
conditionné à l’observance.5
TELEOBSERVANCE ET CONSIDERATIONS ETHIQUES Elizabeth ORVOËN-FRIJA
PARIS
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Constater une inobservance pour arrêter un rem-
boursement ne peut toutefois se justifier que si un
temps suffisant est laissé au patient pour accepter la
mise en place du traitement, son adaptation à celui-
ci et si une information claire est donnée sur les mo-
dalités et les enjeux pour le patient et la société, y
compris sur les coûts de la location de la machine.
C’est d’ailleurs ce qui pose problème pour les pa-
tients déjà traités et observants qui devront prochai-
nement être surveillés, pour qui le contrat de sur-
veillance se trouve modifié : auparavant, les don-
nées globales étaient transmises au médecin, pour-
quoi transmettre bientôt à l’Assurance Maladie, et
uniquement les données d’observance ? On peut
également comprendre l’inquiétude des patients
concernant la confidentialité des données transmi-
ses sur des réseaux de téléphonie portable dont il
nous est souvent dit qu’ils sont facilement pirata-
bles. La CNIL a récemment rappelé que les données
transmises devaient être strictement limitées à ce
qui est nécessaire au regard de la loi, et sans jamais
permettre l’identification fortuite du patient. Elle ne
requiert pas l’accord du patient pour la transmis-
sion de l’observance mais prévoit son accord expli-
cite pour la transmission des autres données. Un
renforcement de la réglementation sur la protection
des données personnelles est en cours au niveau
européen.
Enfin, du point de vue du médecin, on peut déplo-
rer qu’il soit oublié dans le circuit de surveillance,
puisque les données sont transmises à l’Assurance
Maladie. Cela est en contradiction avec la défini-
tion légale de la télémédecine et peut nuire à la re-
lation médecin-malade. Il faut différencier arrêt de
remboursement et arrêt de traitement et, à ce titre,
le Dr Orvoën-Frija a rappelé le droit du patient à
ne pas se traiter. Il est à espérer, qu’au vu de cette
nouvelle réglementation, les patients ne se traitant
pas ne le feront pas uniquement pour des raisons
financières. L’arrêt de traitement doit rester une
décision collégiale entre le médecin et son patient,
et il serait dommageable que le médecin ne reçoive
plus l’ensemble des informations nécessaires à la
prise en charge de son patient, comme c’est le cas
actuellement via les PSAD.
Conclusion
La télésurveillance de l’observance dans le SAS a
pour bénéfice attendu une diminution des coûts de
remboursement, mais ces économies sont à mettre
en balance avec le coût du système de surveillance.
Elle peut être acceptable pour le patient et le méde-
cin à condition que le système de surveillance per-
mette également une amélioration de la prise en
charge du patient et qu’un temps suffisant soit lais-
sé à celui-ci pour accepter le traitement.
Références
1. Recommandations pour la Pratique Clinique. Rev
Mal Respir 2010 ; 27(7) : 806–33.
2. Arrêté du 9 janvier 2013 portant modification des
modalités d’inscription et de prise en charge du disposi-
tif médical à pression positive continue pour le traite-
ment de l’apnée du sommeil et prestations associées au
chapitre Ier du titre Ier de la liste des produits et presta-
tions remboursables prévue à l’article L. 165-1 du code
de la Sécurité sociale.
3. Code de la Santé publique – Article L6316-1. Code
de la Santé publique.
4. Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux
droits des malades et à la qualité du système de santé.
2002-303 Mar 4, 2002.
5. Sondage Opinionway sur le télésuivi :
www.synalam.fr/le-synalam-et-la-presse-1-12-28
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