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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université IBN Khaldoun de Tiaret Faculté des Lettres et Langues Département des Lettres et Langues étrangères Production pédagogique : Langue, Littérature et civilisation française Niveau : Master 1 Spécialité : Didactique du FLE et ingénierie de la formation Filière : Français Par : Belgacem BELARBI Année universitaire 2018 – 2019 1

fll.univ-tiaret.dzfll.univ-tiaret.dz/.../ProductionPedagogique.docx · Web viewEn d’autres termes, si l’on est invité pour 19 heures, il est d’usage de se présenter 10 ou

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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université IBN Khaldoun de Tiaret

Faculté des Lettres et Langues

Département des Lettres et Langues étrangères

Production pédagogique :

Langue, Littérature et civilisation française

Niveau : Master 1

Spécialité : Didactique du FLE et ingénierie de la formation

Filière : Français

Par :

Belgacem BELARBI

Année universitaire 2018 – 2019

1

Université IBN Khaldoun de Tiaret - Faculté des lettres et langues –

Département des lettres et langues étrangères

MASTER 1 – Didactique du FLE et ingénierie de la formation

Unité de découverte   : Langue, Littérature et Civilisation française

Sommaire

1 - Histoire de mots culture et civilisation

a) Définitions des mots culture et civilisation. b) Le sens, la signification, le timbre et l’allure

c) Evolution des termes culture et civilisation

2 - Les grandes dates et périodes de l’histoire

a) La préhistoireb) L’antiquitéc) Le moyen âged) Les temps modernese) L’époque contemporaine

3 – Le 16 ème siècle   :

a) Origines de la Renaissance : Guttenberg, Christophe Colomb et Copernicb) Renaissance et Humanismec) La Renaissance en Franced) Quelques illustres penseurs : Ronsard, Rabelais et Montaigne.

4 – Le 17 ème siécle   :

a) Louis XIV et le château de Versailles (Annexes)b) Le Roi Soleil, l’absolutisme.

5– Le 18 ème siècle   : Les siècle des Lumières .

a) Qu’est ce que le siècle des Lumières ?b) Montesquieu, Voltaire, Diderot et Rousseau

- Test récapitulatif   :

6 – Etiquette et savoir vivre

a) Bonnes et mauvaises manièresb) Salutationsc) Tu ou Vous ?d) Être reçue) Manières de tablef) Galanterie

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7 – Le cinéma et la chanson

a) Le cinéma françaisb) La chanson française : Ecoute des classiques de la chanson française (Annexes)c) Quelle différence y a –t-il entre Un César et un Oscar ? (Annexes)

8 – Le 19 ème siècle   :

a) Les régimes politiquesb) Napoléon Bonapartec) Les courants littéraires : Romantisme, réalisme, naturalisme et symbolisme

9 - Le 20 ème siècle   :

a) La Belle époqueb) L’affaire Dreyfusc) Les prix littérairesd) Les fêtes en France

10 – Synthèse   :

Bibliographie

Annexes

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Préambule   :

Le cours propose une vue d’ensemble, simple et assez complète de littérature et de civilisation française, l’évolution et les grands bouleversements qu’elle a connus depuis la renaissance jusqu’à nos jours. Le but est d’amener l’étudiant à mieux comprendre les tendances les plus actuelles de la société française, c’est-à-dire tout ce qui fait l’esprit français d’aujourd’hui.

1- Histoire des mots culture et civilisation

a) Définition des mots culture et civilisation :

Le terme civilisation — dérivé indirectement du latin civis signifiant « citoyen » par l'intermédiaire de « civil » et « civiliser » — a été utilisé de différentes manières au cours de l'histoire. La civilisation, c'est d'abord l'ensemble des traits qui caractérisent l'état d'évolution d'une société donnée, tant sur le plan technique, intellectuel, politique que moral, sans porter de jugement de valeur. À ce titre, on peut parler de civilisations au pluriel et même de civilisations primitives. Comme ceux de culture, de religion ou de Société, le mot civilisation est devenu un concept clé ou un « maître-mot » pour penser le monde et l'histoire à l'époque des Lumières. Le premier à avoir employé le mot civilisation dans une acception qui relève de la signification qu'il a encore aujourd'hui est Victor Riqueti de Mirabeau, le père de Mirabeau le révolutionnaire. De façon similaire, en 1795, dans Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain de Condorcet, l'idée de civilisation désigne les progrès accomplis par l'humanité dans une nation donnée lorsqu'il fut possible de passer de l'état de barbarie à celui de citoyen, de civil ou de civilisé.

Au XIXe siècle la civilisation, alors envisagée comme un idéal à atteindre et comme un processus de transformation de la société vers cet idéal, fut la principale légitimation donnée à la colonisation impérialiste. Il s'agissait de « civiliser » les peuples du monde dans une vision hiérarchique et évolutionniste des degrés de civilisation auxquels ceux-ci avaient accédé.

L’évolution du vocabulaire tient à de multiples facteurs : logique de la langue, les hasards de l’usage, les influences de l’étranger, les transformations des choses …

« Les problèmes de vocabulaire », note Georges Gusdorf, « sont beaucoup trop sérieux pour être abandonnés à la compréhension des seuls linguistes »1. Ils intéressent en effet, ou devraient intéresser, non seulement les philosophes, mais aussi tous les spécialistes des sciences humaines.

Dès le début du siècle, Lucien Febvre dont Emile Benveniste est ici le fidèle continuateur2, plaidait pour des recherches consacrées à la genèse et à l’évolution des termes les plus significatifs du vocabulaire. Lui-même a donné l’exemple en retraçant en 1929 les premières étapes du mot civilisation3.L’histoire des mots, même les plus gorgés de valeur historique et humaine, est proprement impossible à connaître et à reconstituer, sinon au prix d’efforts disproportionnés avec le résultat.

Les mots culture et civilisation sont certainement deux des termes de la langue française qui justifie le mieux notre entreprise ; l’un et l’autre sont des termes importants du lexique moderne et surtout ce sont des mots particulièrement révélateurs parce qu’ils sont à la fois riches, nobles et engagés. Riches, les deux vocables le sont devenus car, souvent employés, ils se sont lourdement chargés. Culture et civilisation fournissent les thèmes de multiples congrès, colloques, réunions … Culture et civilisation ont perdu en clarté ce qu’ils ont gagné en audience, l’un et l’autre apparaissent dans le vocabulaire courant mais aussi dans le langage scientifique comme des termes mouvants et incertains. Ils sont des termes nobles, des mots 1 Les principes de la pensée au siècle des Lumières, Paris, Fayot, p. 296.2 Lucien Febvre, Eventail de l’histoire vivante, Paris, Armand Colin, 1953, Tome I, p. 47-54.3 « Civilisation, évolution d’un mot et d’un groupe d’idées », exposé fait au Centre de synthèse en mai 1929, publié dans Civilisation, le mot et l’idée.

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prestigieux qui à la fois séduisent et intimident. Ils sont comme ces jeunes femmes très belles et si joliment habillées que nous avons seulement le droit de regarder. Ces deux mots sont réservés ; ils ne font pas partie du vocabulaire des usines ou des casernes mais ils appartiennent à celui des salons ou des congrès (politiques ou universitaires) bref des milieux intellectuel et politique.

b - Le sens, la signification, le timbre et l’allure

Notre recherche est donc centrée sur le mot, pris comme guide et comme témoin. Il doit être confronté avec son entourage, replacé dans son époque, dans son milieu ….Ce travail relève d’une discipline qui peut être appelé étymologie historique, sémantique ou sémasiologie diachronique, lexicologie historique … ou plus simplement histoire de la langue.

Un mot – définition aujourd’hui classique est un signe linguistique composé de deux éléments hétérogènes, une forme (le signifiant) et un contenu (le ou les signifiés formant le champ sémantique). Ce champ sémantique suscite depuis l’Antiquité la réflexion des philosophes. Le sens reste un « élément insaisissable, subjectif et inclassable »4. Le signifié est lui-même une réalité composite, divisible en plusieurs sous-ensembles, nous dirons que chaque signifié, est d’abord comme une boîte à double fond dont le premier compartiment contiendrait le sens et le second la signification.

Le sens se compose de l’idée ou des idées de base du signifié, de l’idée ou des idées premières qui caractérisent et singularisent le référent. Le sens est donné par la définition (logique) du mot, elle ne comporte aucune interprétation du réel. La signification, elle, se situe au second degré, elle est une interprétation de la réalité signifiée au premier degré, c'est-à-dire du sens. Si par exemple un nationaliste et un socialiste s’écrient simultanément : »Il faut défendre la civilisation », il se peut qu’ils donnent au mot civilisation le même sens (un patrimoine d’œuvres, de valeurs, un acquis intellectuel et moral) mais il est douteux qu’ils lui accordent la même signification : les valeurs à défendre, le patrimoine à sauvegarder seront probablement loin d’être identiques.

Dans l’exemple précédent le sens est normatif et la marge laissée à l’interprétation c'est-à-dire à la signification, très étendue. En somme, nous appelons signification ce que couramment l’on nomme conception.

Si l’on dit que A et B n’ont pas la même conception de la démocratie, l’on explique qu’ils n’ont pas les mêmes idées sur un même sujet ; employé par A et B le mot démocratie ne recouvrira pas une réalité identique, il n’aura pas le même signifié : le sens du mot sera le même mais la signification sera différente.

Cette distinction entre sens et signification est sans doute parfois délicate à établir, l’identité du sens étant difficile à repérer sous les divergences des significations.

Le sens et la signification n’épuisent pas le contenu du signifié, il faut y ajouter le timbre et l’  « allure ».

Les mots n’ont pas seulement le pouvoir de signifier, ils ont celui de suggérer ou d’évoquer. Ils peuvent avoir des résonances, des harmoniques qui font appel à l’imagination, à la sensibilité ; ils drainent des valeurs affectives qui forment ce que nous appellerons le timbre ou la valeur expressive du mot. Mais certains termes ont néanmoins un timbre beaucoup plus riche que d’autres : A de certains moments dans la vie d’un peuple », écrit F. Paulhan,

« Dans l’existence même de l’humanité, il est des mots en qui s’amasse une force de sentiment et de vouloir qui les rend singulièrement bienfaisants ou particulièrement redoutables. Il suffit de les lancer pour 4 E. Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966.

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déchaîner l’enthousiasme ou la colère des foules, des partis, des groupes immenses. Liberté, égalité, ordre, patrie, justice et bien d’autres ont montré leur efficacité momentanée ».5

Les mots se différencient également par leur « allure ». Celle-ci tient à l’origine du mot, à l’évolution des usages :

« On ne peut nier que les termes se sentent du lieu où ils sont nés. Les uns sortent d’une étable et gardent comme une odeur de fumier ; d’autres ont vu le jour dans les salons de la bonne compagnie et semblent traîner avec eux le bruissement de la robe de soie. Il y en a de vilains, il y en a d’aristocratiques, il y en a de bourgeois. Tel était vilain en naissant qui a été décrassé par un grand écrivain, tel autre dont le nom remontait aux croisades s’est encanaillé à la halte ou dans les mauvais lieux »6

L’allure, du terme naît de cette appartenance à certains types du langage que l’on peut distinguer selon différents critères : critères stylistiques (langage soutenu, langage familier), sociaux (langage populaire, langage bourgeois …) géographiques (langage provençal, parler breton), etc.

Retracer l’itinéraire sémantique d’un mot revient donc à suivre l’évolution de tous ces éléments, à analyser les changements de sens, de signification, de timbre, d’allure. Les sens de culture et civilisation sont nombreux, leurs significations multiples.

Aussi, après bien des tâtonnements, notre sujet se limite aux rapports culture-civilisation : comment et pourquoi ces deux mots à l’origine si différente, en sont-ils venus à être parfois considérés comme synonymes ?

Aujourd’hui nous visons de retracer les itinéraires sémantiques suivis par des vocables, c'est-à-dire à décrire l’évolution de leurs champs sémantiques.

c) Evolution des mots culture et civilisation

Culture est un mot ancien. Issu du latin cultura , il naît en France vers la fin du XIII siècle. Dans la langue médiévale, il est utilisé concurremment avec de nombreux termes voisins : coture, colture, cultivage, cultivement, cultivoison et surtout couture, le plus usuel pour désigner une pièce de terre cultivée ou le culte religieux.

Dans son sens originel, cultura s’entendait du soin des champs ou du bétail mais ce sens s’est étendu par métaphore de la culture des terres à la culture de l’esprit, et le latin classique a consacré l’usage du mot au figuré.

Ainsi ce n’est sans doute que dans la seconde moitié du XVII siècle, compte tenu du retard des dictionnaires sur l’évolution de la langue, que le sens figuré de culture s’insère dans le vocabulaire courant.

Pour la 1ère fois, peut-être, en 1691 (sixième édition des Caractères7), culture est utilisé au sens général de «   formation de l’esprit   » , le sens figuré a acquis son autonomie.

5 « La double fonction du langage », Revue philosophique, 1927, cité par S.Ullmann, p. 152.6 SARCEY (F.), Le mot et la chose, Paris, Librairie Ollendorf, s.d. p. 6.

7 Jean de La Bruyère, né à Paris le 17 août 1645 1 et mort à Versailles le 10 mai 1696 2 , est un moraliste français. La Bruyère est célèbre pour une œuvre unique, Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle (1688). Cet ouvrage, constitué d’un ensemble de brèves pièces littéraires, compose une chronique essentielle de l’esprit du XVII e   siècle . La Bruyère fut l’un des premiers écrivains à mettre en avant le style littéraire, en développant un phrasé rythmé dans lequel les effets de rupture sont prépondérants. La Bruyère consacre au demeurant toute une section des Caractères, aux effets pervers de l’éloquence. Nombre d’écrivains ont suivi le chemin stylistique tracé par La Bruyère : depuis Marivaux jusqu'à Balzac et Proust, en passant par André Gide.

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Ce passage du sens propre au figuré par le jeu d’une métaphore est un processus courant ; après le latin cultura et parallèlement au français culture, l’anglais culture évolue également de cette manière. Issu, comme son équivalent français, de cultura, le terme britannique désigne tout d’abord au XVe siècle le culte religieux et l’action de cultiver la terre, puis son contenu sémantique s’étend rapidement et il se rapporte, dés le début du siècle suivant au développement de l’esprit, au raffinement des manières8. Ses signifiés sont identiques à ceux du mot français. Jusqu’à l’aube des Lumières, l’évolution des deux termes traduit donc avant tout un mouvement naturel de la langue.

Le XVIII siècle est pour les concepts de culture et civilisation une période de formation. Culture au figuré vit son adolescence, il commence à s’imposer, son acception s’élargit, tandis qu’au même moment naissent civilisation en France, civilization en Angleterre et Kultur en Allemagne.

L’emploi de culture au début du XVIII siècle se répand dans la langue des Lumières. Le mot se retrouve sous la plume des philosophes : Turgot parle de la « culture des arts », d’Alembert de la « culture des lettres », Rousseau de la « culture des sciences », Condorcet de la « culture de l’esprit », etc.

Le mot s’emploie seul au sens de « formation », « éducation ». Puis le mot désigne » l’état d’un esprit cultivé par l’instruction ». En dépit de ces progrès, le statut de culture reste un statut modeste. Le terme ne fait pas partie des mots clefs (Philosophie, Raison, Progrès …) du lexique des philosophes. Pour évoquer le perfectionnement intellectuel des individus ou son résultat : les mots lumières, instruction, éducation qui connaissent alors une grande fortune mais aussi enseignement, érudition, belles lettres, homme d’esprit, bel esprit, esprit fin, esprit fort, etc.

Civilisation est nettement le cadet de culture : sa naissance ne remonte qu’à la seconde moitié du XVIII siècle. Certes, le terme était déjà utilisé auparavant mais comme terme de procédure  « jugement qui rend civil un procès criminel » et son acception « moderne » date exactement de 1757 année où il apparaît sous la plume du marquis de Mirabeau9 dans l’ami des hommes ou traité de la population.

Pour Mirabeau, le mot évoque l’affinement des attitudes, le développement de la politesse, l’adoucissement des mœurs : la civilisation est un acte tendant à rendre l’homme et la société plus policés, plus civilisés. Mais rapidement le sens du mot évolue et civilisation en vient à désigner le mouvement collectif et originel qui fit sortir l’humanité de la barbarie de l’action au résultat, l’état de la société civilisée

Si le terme est devenu rapidement d’usage courant, en revanche son apparition a beaucoup tardé, alors que les mots civil, civilité et civilisé (d’origine latine : civis, civilis,civitas) étaient depuis longtemps utilisés couramment. Pourquoi un tel retard, Emile Benveniste avance deux explications : d’une part, les mots en –isation sont à l’époque très rares et le nombre de création de termes avec cette terminaison est très faible au

8 The Oxford English dictionary, vol.III, 1932, article »culture ».

9 Victor Riqueti, marquis de Mirabeau, dit « l'ami des hommes », né à Pertuis le 5 octobre 1715, et mort à Argenteuil le 13 juillet 1789, est un économiste et philosophe français.

Victor Riqueti est marquis de Mirabeau, comte de Beaumont, vicomte de Saint-Mathieu, baron de Pierre-Buffière et en cette qualité premier baron du Limousin, seigneur de Roquelaure, de Négréaux, de Saint-Auquille, de Pierre-Aigue, du Bignon, Chéronnac, de Brie, Champagnac, Puyméreau1…, ce à la mort de son père (1737) et du fait de son mariage (1743).

Le marquis de Mirabeau est le premier de sa famille à délaisser la carrière militaire pour se diriger vers celle des lettres. Il fait partie de l’école des physiocrates et publie notamment l’Ami des hommes ou Traité sur la population (1756) et surtout Philosophie rurale ou économie générale et politique de l'agriculture, réduite à l'ordre immuable des lois physiques et morales qui assurent la prospérité des empires (1763). Il est le père du Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, et de André Boniface Louis Riqueti, vicomte de Mirabeau, deux grandes figures de la Révolution française.

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milieu du XVIII siècle ; d’autre part et surtout, la notion elle-même était nouvelle et impliquait des changements dans la conception traditionnelle de l’homme et de la société :

« De la barbarie originelle à la condition présente de l’homme en société, on découvrait une gradation universelle, un lent procès d’éducation et d’affinement, pour tout dire un progrès constant dans l’ordre de ce que civilité, terme statique, ne suffisait plus à exprimer et qu’il fallait bien appeler la civilisation pour en définir le sens et la continuité. »10

La naissance du concept de civilisation au XVIII siècle atteste ainsi une coupure dans l’histoire des idées : elle témoigne de l’affranchissement de la philosophie à l’égard de la théologie.

Le concept est révélateur d’autre aspect (complémentaire) de la pensée dominante du siècle. Dans la seconde moitié du XVIII siècle, si la pratique de la colonisation est vivement critiquée, le thème de la nécessaire « civilisation des sauvages » est largement développé

Aujourd'hui les vues sur la civilisation sont plus égalitaires de sorte que le terme désigne davantage un état de fait historique et social à valeur constante qu'un processus de transformation des sociétés. L'idée a cessé de fonctionner en opposition avec celles de barbarie ou de sauvagerie, tandis qu'était affirmé le principe du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». Par suite, c'est dans l'égalité ou l'équivalence de ces entités supposées que peut se jouer l'affrontement, le dialogue ou l'entente des civilisations.

2 - Les grandes dates et périodes de l’histoire 11   :

a. La préhistoire

10 BEVENISTE. E., op.cit. p. 340-341.11 https://www.google.fr/search?q=Les+grandes+dates+et

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b. L'Antiquité

c. Le Moyen Age

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d. Les Temps modernes

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e. L'époque contemporaine

Je retiens12

Les historiens ont déterminé des grandes périodes toutes séparées par des dates marquantes :La préhistoire (- 3 000 000 à - 3 300)L'Antiquité (- 3 300 à 476)Le Moyen Âge (476 à 1492)Les Temps modernes (1492 à 1815)L'époque contemporaine : de 1815 à nos jours

3 – Le 16 ème siècle   : Renaissance  et Humanisme

12 http://www.maxicours.com/se/fiche/5/0/254505.html11

a) Origines de la Renaissance :

Pour comprendre le déferlement des idées humanistes en Europe, il faut indubitablement remonter à ses origines, c'est-à-dire à la prise de Constantinople par le sultan Mehmet II en 1453 qui a permis aux Italiens en premier lieu de redécouvrir les grands textes antiques

La Renaissance est une période située entre le Moyen Age et l'époque classique, de la fin du XIVe au début du XVIIe siècle qui voit une profonde transformation et un grand renouvellement social, culturel et artistique en Europe occidentale. Apparue dans les cités-Etats de l'Italie, elle gagne la France, puis le reste de l'Europe. Le terme "Renaissance" est utilisé en 1855 pour la première fois par l'historien Jules Michelet (1798-1874) pour évoquer la "découverte du monde et de l’Homme" au XVIe siècle. Jakob Burckhardt (1818- 1897), historien suisse, élargit la notion de Renaissance en 1860 dans son ouvrage "Civilisation de l’Italie au temps de la Renaissance" (1860), pour en faire le début de l’humanisme13 et de la conscience modernes.La Renaissance trouve son origine dans l’accroissement démographique, le développement des techniques (l’imprimerie avec Guttenberg en Annexes) et des échanges commerciaux, l’urbanisation et l'apparition d’une bourgeoisie d’affaires. Les changements dans la société et dans l'économie ont entraîné des mutations politiques importantes avec la fin de la féodalité au profit de la notion d'Etat et d'institutions centralisées.Contrairement aux savants du Moyen Age qui n'y voyaient qu'ignorance et barbarie, les penseurs de la Renaissance, appelés humanistes, voient dans l'Antiquité une période de lumière et louent la gloire des civilisations gréco-romaines.La Renaissance est marquée par un essor culturel important avec l’abandon de l’esthétique byzantine et l’instauration du modelé et du réalisme. En peinture et en sculpture, Léonard de Vinci, Raphaël, Titien, le Tintoret, Véronèse et Michel-Ange sont souvent associés à l'apogée de l’art de la Renaissance.En France, la Renaissance, notamment sous le règne de François Ier est la conséquence des guerres d'Italie. En littérature, Rabelais, Marot, Ronsard, La Boétie, Montaigne et le groupe de la Pléiade contribuèrent à asseoir le rayonnement de la langue française. Ainsi, selon les auteurs, la Renaissance commence :

avec Pétrarque (1303-1374) en 1415, avec la première implantation portugaise en Afrique du Nord dans les années 1450 avec l'invention de l'imprimerie par Gutenberg en 1453 : chute de Constantinople (date retenue d'un point de vue académique français pour marquer

la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance) en 1492 : prise de Grenade qui marque la fin de la Reconquista Espagnole (2 janvier 1492) alors que

Ferdinand II d'Aragon et Isabelle Ire de Castille éliminent le dernier royaume musulman de la péninsule espagnole, puis découverte de l'Amérique par Christophe Colomb et finit avec la mort de :

Charles Quint (1558) Giordano Bruno (1600) Henri IV (1610) — date retenue d'un point de vue français — Shakespeare (1616) Galilée (son abjuration en 1633 ou sa mort en 1642)

Pour comprendre le déferlement des idées humanistes en France, il faut indubitablement remonter à ses origines, c’est à dire à la prise de Constantinople14 par le sultan Mehmed II15 qui a permis aux Italiens en

13 Théorie ou doctrine qui place la personne humaine et son épanouissement au dessus de toutes les autres valeurs » Le Robert.

14 Constantinople — latin : Constantinopolis ;— est 'appellation ancienne et historique de l'actuelle ville d'Istanbul en Turquie. Son nom original, « Byzance » venant soit du mot grec signifiant « resserré » en référence au Bosphore, soit d'un mot thrace désignant le « rivage »), reste largement utilisé en histoire. Les Ce nom lui a été donné en hommage à l'empereur romain Constantin   I er , qui choisit d'en faire la capitale de l'empire à partir du 11 mai 330 sous le nom de « Nouvelle Rome ».

15 La chute de Constantinople a eu lieu le 29 mai 1453, lors de la prise de la ville par les troupes ottomanes conduites par Mehmed II. Elle marque la disparition de l’Empire byzantin, et donc la fin définitive de l'Empire romain en tant qu’entité juridique.

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premier de redécouvrir les grands textes antiques ramenés par les savants dans leur fuite vers l’occident. L’Empire romain d’Orient s’écroule et l’on assiste à un déplacement massif des érudits vers les cours italiennes ainsi qu’à une refonte et à une rénovation des savoirs.

C’est ici le point de départ de notre définition moderne de l’humanisme qui rassemble de façon transversale cette attitude de l’esprit centrée sur la redécouverte de la littérature gréco-latine. Les auteurs italiens redécouvrent alors la littérature épurée de toutes les lectures et les scories chrétiennes qui s’étaient auparavant accaparés les grands textes antiques afin d’appuyer leur projet d’édification morale des fidèles en adaptant leurs contenus au message chrétien. Homère (VIIIe siècle av. J.-C. (?)(Grèce), Platon (428/427 av. J.-C., mort en 348/347 av. J.-C.) (Grèce) et Virgile (né vers le 15 octobre 70 av. J.-C. à Andes, dans l'actuelle Lombardie -Italie et mort le 21 septembre 19 av. J.-C. à Brindes) renaissent alors dans des versions plus fidèles et plus proches des textes originaux..

On récupère et on réévalue ainsi le message des anciens à travers une démarche philologique16. On remet à l’honneur les œuvres de Dante (1265-1321), de Boccace (1313-1375) et de Pétrarque (1304-1374). Des foyers de Renaissance importants sont les zones en contact avec les autres civilisations, notamment la civilisation islamique/musulmane   : Sicile , Espagne . Ces zones de contact existent en réalité depuis plusieurs siècles   : l' Andalousie ( royaume de Séville ) depuis l' an mil , la Sicile depuis le XII e   siècle ( Palerme ). L'Italie commence ainsi à importer les sciences et techniques islamiques dans les domaines de l' algèbre , de l' astronomie , de la médecine , de l' alchimie , de la géographie , bien que l'essentiel de l'influence culturelle et philosophique ait été récupérée depuis la chute de l' Empire byzantin qui provoque l'afflux de savants byzantins dans la péninsule italienne. Un grand nombre de «   découvertes   » faites pendant la Renaissance et jusqu'aux Lumières 17 , proviennent en réalité du savoir transmis par les musulmans depuis la Grèce , l' Inde et Babylone . Beaucoup de mots de la langue française attestent de cette influence : algèbre, algorithme (Al-Khuwarizmi), alchimie… Les pays arabes possèdent en effet une avance très importante sur l'Europe dans ces domaines. Les échanges avec l'Extrême-Orient, déjà commencés avec la route de la soie, s'intensifient par voie de terre à la suite du voyage de Marco Polo. Sous l’influence de nouveaux concepts, les mathématiques se développent. Léonard de Vinci (1452-1517) s’y intéresse qu’il intègre à ses études. Copernic (1473-1543) révolutionne la place de l’homme dans le monde en promulguant la fin du géocentrisme (modèle de représentation du monde qui place la terre au centre de l’univers).

b) Humanisme et Renaissance

Le XVe et le XVIe siècle est une période de transition entre le Moyen Âge et les Temps Modernes. Cette période, appelé Renaissance est caractérisée par une série de changements politiques, économiques, sociaux et intellectuels. A cette époque apparaît également le mouvement humaniste : une philosophie qui place l'être humain et les valeurs humaines au centre de la pensée. L'humanisme se caractérise par un retour aux textes antiques, et par la modification des modèles de vie, d'écriture, et de pensée.

Origine de la Renaissance

La fin de l'Empire byzantin

L'Empire byzantin était depuis longtemps entré en décadence. Les débuts de la crise remontent à la prise de Constantinople par les croisés en 1204. L'avènement d'un énergique sultan, Mehmet II, à la tête de l'armée turc, précipita le dénouement. En 1453, une puissante armée ottomane s'installe sous les murs de la ville. Constantinople finit par tomber sous la pression des janissaires. La chute de Constantinople, apparemment, ne bouleversa pas l'Occident : les souverains chrétiens laissèrent s'écrouler le vieil Empire d'Orient.. De nombreux évêques, artistes et hommes de science byzantins se réfugièrent en Occident, et notamment en Italie. Ils apportaient leurs connaissances, leurs idées et leurs bibliothèques de manuscrits antiques. Les savants et artistes italiens tirèrent profit du savoir accumulé en Orient. Ainsi la chute de l'Empire byzantin accélérait-elle la renaissance culturelle de l'Occident.

16 La philologie est l'étude de la linguistique historique à partir de documents écrits. Elle vise à rétablir le contenu original de textes connus par plusieurs sources, c’est-à-dire à sélectionner le texte le plus authentique possible, à partir de manuscrits, d'éditions imprimées ou d'autres ...17 XVIII siècle

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Un monde s'éteint, un monde naît

Tout le monde pouvait constater que le grand idéal médiéval de l'unité était en train de disparaître. Le Moyen Âge avait cherché à réaliser le rêve de l'unité universelle :

Unité de la foi dans l'Eglise de Rome. Unité de la politique sous la direction de l'empereur. Unité de la culture enseignée par les clercs et cimentée par une langue commune : le latin.

Chronologie des événements européens

1450 : Découverte de l'imprimerie par Gutenberg. (Annexes) 1453 : Prise de Constantinople par le sultan Mehmet II. 1479 : Ferdinand d'Aragon épouse Isabelle de Castille : l'unité de l'Espagne est en passe de se réaliser. 1492 : Les Espagnols conquièrent le royaume de Grenade, dernier bastion islamique de la péninsule.

Christophe Colomb découvre l'Amérique.

L'arrivée des humanistes

Durant des siècles, les hommes d'élite avaient été les guerriers, ou, vers la fin du Moyen Âge, les riches marchands et banquiers. Et puis, presque soudainement, voici que tout changeait : des hommes nouveaux faisaient leur apparition sur le devant de la scène. Ce changement se produisit entre la fin du XIVe et le milieu du XVème. Les esprits les plus admirés, ceux qui accédaient à la célébrité, furent ceux qui connaissaient plusieurs langues, qui restaient enfermés durant des mois dans les bibliothèques ou les laboratoires. Ils exploraient les secrets de la nature, dont ils découvraient les lois. Ils maîtrisaient des techniques nouvelles, inventaient et faisaient construire des machines étonnantes. Dans le même temps, ils s'émouvaient devant un tableau, ou en écoutant une belle musique, ou encore en lisant un poème. Bien sûr les rois et princes commandaient toujours. Mais ils confiaient maintenant l'éducation de leurs enfants aux savants et suivaient leurs conseils. Les princes finançaient les coûteuses bibliothèques, achetaient les manuscrits rares et commandaient les tableaux. Ces hommes vivant des choses de l'esprit étaient les nouveaux héros de l'Europe : leur promotion représentait une véritable révolution culturelle. La découverte de manuscrits de la Grèce et de la Rome antiques fut certainement l'élément qui favorisa le plus l'épanouissement de ce mouvement. Le terme latin humanitas fit désigner sous le nom d'humanisme la nouvelle façon de penser et de voir le monde, qui prépara la merveilleuse explosion de la civilisation européenne.

Humanistes célèbres

Erasme

(1469 - 1536)

Le Hollandais Erasme de Rotterdam fut l'une des plus éminentes figures de l'humanisme. Avec ses nombreux voyages, il put entrer en contact avec les principaux mouvements culturels qui apparaissaient alors en Europe. Il fut l'ami intime de Thomas More. Parmi ses ouvrages, « l'Eloge de la folie », dans lequel il dénonce la corruption et les vices du clergé, rejoignant ainsi l'esprit de la Réforme. Cependant, dans son « Essai sur le libre arbitre », il défend la liberté de l'Homme et prend position contre l'idée luthérienne de la prédestination.

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Jean Pic de la Mirandole

(1463 - 1494)

Connu pour sa prodigieuse mémoire et son érudition exceptionnelle, il fut l'un des plus typiques représentants de l'humanisme italien. Il apprit notamment l'hébreu, l'araméen et l'arabe. Il affirmait que l'Homme a été placé par Dieu au centre de l'Univers avec le devoir d'étudier le monde pour comprendre les lois qui le régissent et de s'étudier lui-même pour comprendre les exigences de son âme..

Thomas More

(1477 - 1535)

Thomas More fut l'une des personnalités les plus remarquables de son temps. Chancelier du roi d'Angleterre Henri VIII, il s'opposa à son souverain lorsque celui-ci prétendit devenir chef suprême de l'Eglise anglicane. S'obstinant à reconnaître la supériorité du pape, il fut emprisonné dans la Tour de Londres. Son nom est lié à son ouvrage en latin, « l'Utopie » (1516). S'inspirant de Platon, il y décrit une société idéale, installée sur une île imaginaire, organisée selon les règles de cohabitation pacifique et de tolérance entre hommes de croyance diverses. En Utopie, il n'y a pas de propriété privée, et tous les biens sont mis en commun.

L'influence de la théologie

Le rapport entre l'Homme et Dieu dominait la culture médiévale. La religion imprégnait chaque pensée, chaque instant et chaque geste de la vie de l'homme médiéval. Toutes les autres activités (art, philosophie, poésie et science) pouvaient être nobles. Mais elles étaient d'abord jugées en fonction de leurs conséquences religieuses :

Ou bien elles aidaient l'Homme dans sa marche vers Dieu, et alors elles étaient bonnes et comme la musique sacrée, les poèmes édifiants, les peintures et vitraux illustrant les saints, elles devaient être encouragées.

Ou, au contraire, elles n'y contribuaient pas, et alors elles étaient tenues pour des activités négligeables, voire dangereuses dans la mesure où elles distrayaient l'esprit de sa recherche vers Dieu.

Par conséquent, la science la plus appréciée au Moyen Âge était précisément celle qui était consacrée à la connaissance de Dieu : la théologie. L'Eglise et les clercs lettrés en avaient l'exclusivité. Or, tout ce qui avait été conservé de l'Antiquité grecque et romaine se trouvait relégué dans les monastères et les bibliothèques des universités. Il en était de même des découvertes et de l'apport d'autres civilisations, en particulier de la civilisation arabe. Les moines copistes comprenaient qu'il y avait parmi eux des chefs-d'œuvre de la poésie et de grandes démonstrations scientifiques, de véritables merveilles de l'esprit humain. Mais ils savaient aussi que c'étaient des ouvrages païens, écrits par des auteurs qui avaient eu la malchance de naître avant le Christ, ou qui n'avaient pu connaître son message.

Le retour des Anciens

Bientôt, les œuvres des Anciens ressortirent des bibliothèques et des universités, où elles étaient restées enfermées jusque là. Elles commencèrent à circuler parmi les étudiants dans les écoles et les universités mais aussi dans les tavernes où ils se réunissaient pour discuter et se distraire. Parmi ces étudiants, on trouvait de plus en plus de laïcs, c'est-à-dire, essentiellement, des fils de bourgeois ; ils étaient les futurs médecins et juristes, hommes d'affaires, savants, poètes et artistes. Et cette fièvre ne touchait pas le seul monde de la littérature et de l'art. Les architectes et les ingénieurs étudiaient les monuments de la Rome antique afin de maîtriser les techniques de constructions des Anciens.

L'invention de l'imprimerie

L'une des découvertes qui eut le plus d'impact sur les hommes de la Renaissance fut la découverte de l'imprimerie. Avant l'invention de ce procédé par Gutenberg en 1453, l'écriture des livres était faite à la main, par des clercs, qui étaient les seuls capables de maîtriser les techniques d'écritures : la langue employée dans les manuscrits était le latin. Les universités disposaient d'un quasi-monopole dans l'éducation et la diffusion de l'information. Le savoir était ainsi

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réservé aux clercs, qui disposaient de l'éducation nécessaire à la compréhension des textes. L'imprimerie permit brusquement d'ouvrir l'accès à la connaissance à d'autres cercles. Il devint possible, par l'édition de livres à partir du milieu du XVe siècle…), de mieux comprendre les faits.

La révolution copernicienne

Dans le monde cultivé des universités occidentales, on avait conscience depuis l'intégration des systèmes de l'antiquité grecque (Ptolémée, Aristote, Ératosthène), c'est-à-dire depuis les XIIe XIIIe siècles, que la Terre était ronde. Cette représentation n'était pas encore très diffusée dans la société occidentale avant le XVe siècle. En 1543 paraît le célèbre ouvrage de Nicolas Copernic dédicacé au pape Paul III, grand protecteur des arts et des sciences, celui-là même qui engagea Michel-Ange pour décorer la chapelle Sixtine. Cet ouvrage bouleverse les dogmes de la science officielle, en exposant le système héliocentrique. Cette découverte va soulever des polémiques scientifico-religieuses pendant le siècle qui va suivre. Il va finalement triompher dans le monde scientifique, mais non sans avoir fait des victimes très célèbres comme Galilée En réalité, ce que l'on appelle révolution copernicienne est l'ensemble des transformations des méthodes scientifiques et des idées philosophiques du XVIe au XVIIIe siècle. Ces transformations ont accompagné le changement de représentation de l'univers, faisant passer les représentations d'un modèle géocentrique, selon Ptolémée (Terre au centre de l'Univers), au modèle héliocentrique (Soleil au centre du monde) défendu par Nicolas Copernic, puis perfectionné par Tycho Brahe, Johannes Kepler, Galilée, et Isaac Newton.

Le développement des arts

Littérature

Le XVIe siècle est marqué par l'apparition de la langue française moderne, soutenue par le pouvoir royal de François Ier18, qui donne à cette langue son statut de langue officielle du droit et de l'administration du royaume de France. L'usage du latin commence à décroître, les dialectes continuent d'être parlés par la grande majorité de la population. Parallèlement de nouvelles formes poétiques apparaissent (ode19, sonnet, etc.). Les écrivains marquants sont :

Guillaume Budé (1468 - 1540), ami d'Erasme, de Rabelais, de Thomas More, est un helléniste, philologue (il possédait une riche bibliothèque), théologien. Il fonda le Collège de France (1530) à la demande de François Ier.

François Rabelais (1494 - 1553) a été homme d'Église et médecin ; ses romans comme Pantagruel puis Gargantua (père de Pantagruel) allient truculence et érudition, et développe un humanisme optimiste qui croit en l'homme et en son libre arbitre sans cesser de croire en Dieu.

Michel de Montaigne (1533 - 1592), écrivain français, philosophe du scepticisme : il ne comprend pas les querelles entre catholiques et protestants, il est l'auteur des Essais. Son oeuvre, Les Essais, affirment les droits de la conscience individuelle, et formulent les principes humanistes : justice, liberté, respect de l'homme, droit au bonheur...

La Pléiade

La Pléiade est le nom donné à un groupe de sept poètes, et ce, en référence aux sept filles d'Atlas20, héros de la mythologie grecque. Au XVIe siècle, à Paris se forme un groupe qui réuni de grands poètes, tels que Pierre de Ronsard (Les Odes) ou Joachim du Bellay (Défense et illustration de la langue française). Ils rompent avec la poésie médiévale et cherchent à exercer leur art en français. Constatant la pauvreté du Français, ils vont l'enrichir par de nombreux mots issus du latin (néologismes). À la demande de François Ier, ils participent au développement et à la standardisation du français. Le Français moderne leur doit beaucoup.

Architecture

Les architectes de la renaissance repoussent l'architecture gothique et retournent aux formes et proportions de l'architecture romaine antique. Ils favorisent alors l'esthétique, l'organisation, l'harmonie et la beauté, plutôt que la

18 François Ier (né François d'Orléans le 12 septembre 1494 à Cognac et mort le 31 mars 1547 à Rambouillet) est sacré roi de France le 25 janvier 1515 dans la cathédrale de Reims. Il règne jusqu’à sa mort en 154719 Dans la littérature grecque, une ode, du grec ὠδή (chant), est un poème lyrique en strophes, accompagné de musique.20 L'origine du nom « Pléiades » provient de la mythologie grecque : les Pléiades sont sept sœurs, filles d'Atlas (il est présenté comme le fils du dieu Ouranos) et de Pléioné : Astérope, Mérope (ou Dryope, ou Aéro), Électre, Maïa, Taygète, Célaéno (ou Sélène) et Alcyone.

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technique et la prouesse. Le marbre est utilisé fréquemment. La manifestation la plus évidente de la Renaissance en France fut l'édification de châteaux résidentiels dans le Val de Loire

Sculpture

La Renaissance en sculpture est plus précoce que dans les autres arts. En effet, les hommes de la renaissance disposent encore de sculptures antiques alors que les peintures ont plus largement disparues. Cette renaissance peut être datée, quant à son origine, au XIIIe siècle, et prend naissance dans la ville de Pise, qui est le lieu de conservation d'un nombre important de sculptures antiques. C'est à ce moment là que réapparait le nu en sculpture, bien avant que Donatello ne sculpte son David ou Michel-Ange son Bacchus.

Peinture

Le nu est peint pour lui-même, il devient sujet à part entière et expression esthétique. Les paysages prennent également de l'importance et sont réalisés pour leur valeur intrinsèque, surtout par les peintres des Flandres qui inaugurent une longue tradition. Au XVIe siècle, les princes commencent à se constituer de véritables collections de tableaux. Les allégories et les sujets mythologiques permettent à l'iconographie profane de se développer. Le portrait se diffuse dans les milieux bourgeois de la Renaissance. Le plus célèbre est la Joconde de Léonard de Vinci.

c) La Renaissance en France :

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » François Rabelais

Ces idées traversent les Alpes pour arriver en France. Les érudits donnent des conférences sous l’œil désapprobateur de l’Université, la plus haute autorité intellectuelle de l’époque. Les livres se multiplient et les idées qu’ils diffusent également. A la même époque, les campagnes d’Italie qui s’échelonnent de 1494 à 1559 s’avèrent être un cuisant échec militaire pour la France. En revanche, à leur retour, les Français ramènent avec eux l’influence d’un nouveau mode de vie basé sur la galanterie, un raffinement des manières et un art consommé de l’élégance qui élèvent l’homme au rang de courtisan. Les influences qui en découlent dans les domaines esthétiques et architecturaux sont incomparables. A leur tour, les auteurs français redécouvrent la littérature antique et y appliquent le même examen critique que leurs voisins italiens. Ce développement rencontre un essor favorisé par une plus grande diffusion des savoirs liée à l’industrie de l’imprimerie installée à Paris depuis 1470 puis Lyon en 1473. On édite, on commente, on développe dans tous les domaines des savoirs. La révolution humaniste est en marche.

Christophe Colomb qui découvre l’Amérique en 1492, les voyages de Vasco de Gama la route des Indes ou la circumnavigation de Magellan. L’Imago mundi fondé sur une représentation biblique du monde s’en trouve bouleversé. Les explorations déclarent périmées les cartes de Ptolémée et les théories migratoires des continents à partir des trois fils de Noé21.

21 Théorie selon laquelle, après le Déluge, les trois fils de Noé (Sem, Ham et Japhet) seraient à l’origione de la répartition et du renouvellement des différents peuples sur l’ensemble du globe.

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On réhabilite le français, rédige les premières grammaires. François Rabelais22 s’insurge contre la rhétorique mal digérée et Michel de Montaigne23 se retire dans sa bibliothèque et médite dans ses Essais sur la fragile et précaire condition humaine.

d) Biographie d’illustres penseurs du 16ème siècle :

Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592)

Michel Eyquem, né au château de Montaigne d’une famille de vieille souche gasconne et de noblesse récente, est élevé selon la méthode libérale, sans contrainte, préconisée par Érasme.

D’abord conseiller à la Cour des Aides de Périgueux puis au Parlement de Bordeaux, Montaigne se lie d’amitié avec le poète Étienne de la Boétie dont la mort prématurée le laissera inconsolable. Devenu riche par son mariage avec Françoise de La Chassaigne et par la mort de son père (1568), il cède sa charge de conseiller au Parlement, puis se rend à Paris où il publie les opuscules de La Boétie. Alors il se retire à Montaigne dans sa "librairie", et commence à écrire les Essais (1572) à travers lesquels, façonné par son expérience de magistrat, il s’essaye à tout mettre, mais comme une "marqueterie mal jointe" dont il revendique le désordre "à sauts et gambades" dans un style "simple et savoureux, tel sur le papier qu’en la bouche".

L’horreur du massacre de la Saint-Barthélemy (1574) accentue son désir d’indépendance. Après la première édition des deux premiers livres des Essais (1580) et leur présentation à Henri III, Montaigne part pour l’Italie en passant par l’Allemagne, mais doit bientôt rentrer : élu maire de Bordeaux en 1581,  réélu en 1583, il joue le rôle de conciliateur entre Henri III et Henri de Navarre, futur Henri IV. Après 1586, il travaille à la nouvelle édition des Essais (1588) augmentée d’un troisième livre et de plus de six cents additions aux deux premiers.

René Descartes (1596-1650)

À la source de toute la philosophie moderne, le point de départ de la métaphysique de René Descartes est le "doute méthodique", doute qui a pour conséquence  immédiate la découverte du moi pensant. C’est le fameux "Je pense donc je suis" qui établit l’existence de l’âme et la véracité de Dieu à l’origine de l’idéalisme moderne.

René Descartes est issu d'une famille noble de Touraine. Après des études au collège jésuite de La Flèche où il reçoit un traitement de faveur en raison de ses dons et de sa santé fragile, puis une licence en droit et une instruction militaire en Hollande, il s’engage en 1619 dans les troupes de Bavière. Mais dès 1620, il trouve la méthode qui le guidera dans ses études philosophiques et mathématiques et renonce à la vie militaire. C’est en Hollande qu’il va réaliser son œuvre.

22 François Rabelais, est un prêtre catholique, médecin et écrivain humaniste français de la Renaissance, né à La Devinière à Seuilly, en 1483 ou 1494 selon les sources, et mort à Paris le 9 avril 1553. Ses œuvres, comme Pantagruel (1532) et Gargantua (1534), qui tiennent à la fois de la chronique, du conte avec leurs personnages de géants, de la parodie héroï-comique de l'épopée et du roman de chevalerie mais qui préfigurent aussi le roman réaliste, satirique et philosophique, sont considérées comme une des premières formes du roman moderne.

23 né le 28 février 1533 et mort le 13 septembre 1592 à Saint-Michel-de-Montaigne (Dordogne), est un moraliste de la Renaissance et un philosophe indépendant. Il a également pris une part active à la vie politique, comme maire de Bordeaux et comme négociateur entre les partis, alors en guerre dans le royaume. Les Essais (1572-1592) ont nourri la réflexion des plus grands auteurs en France et en Europe de Shakespeare à Pascal de Nietzsche et Proust à Heidegger. Le projet de se peindre soi-même pour instruire le lecteur est original : « Je n’ai d’autre objet que de me peindre moi-même. »

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En 1631, il découvre les principes de la géométrie analytique et se prépare à publier son Traité du monde et de la lumière. Mais après la condamnation par le Saint-Office de l’ouvrage de Galilée Massimi Sistemi (1632), il y renonce et se résout à présenter son œuvre sous une autre forme. Ainsi s’élaborent le Discours de la méthode et les essais qui lui feront suite (Dioptrique, Météores, Géométrie), sans nom d’auteur, puis les Méditations philosophiques (1641), les Principes de la philosophie (1644) et Les Passions de l’âme (1649). Menacé par les Jésuites et surtout par les théologiens hollandais, Descartes répond à l’appel de Christine de Suède et se fixe à Stockholm où il décède peu après.

Corneille (1606-1684)

La tragédie cornélienne, contrairement à la tragédie antique, n'est pas là pour nous rappeler la toute-puissance du malheur mais la grandeur glorieuse de l'homme, son héroïque capacité à vaincre le destin.

Fils d'avocat, Pierre Corneille fait ses études chez les jésuites dans sa vie natale de Rouen avant de devenir lui-même avocat. Il débute sa carrière dramatique en 1629 avec des comédies (Mélite,  La Galerie du palais, La place royale, L'Illusion comique) et connaît la célébrité avec une tragi-comédie, Le Cid, qui connaît un succès immédiat (1637).

La fameuse "Querelle du Cid", qui s'ouvre quelques semaines après la première représentation avec les "Observations" de l'académicien et dramaturge Georges de Scudéry, se poursuivra jusqu'en 1660. Elle concerne le non-respect des trois unités de la tragédie classique (une seule intrigue, une seule journée, un seul lieu). Corneille répond pied à pied aux arguments qui remettent en question sa dramaturgie lors des éditions de 1648 et de 1660 : abandonnant ce qui la liait à la tragi-comédie, la pièce est devenue une tragédie à part entière.

Dans le même temps, Corneille se consacre tout entier à la tragédie classique. Le Cid inaugure ainsi, entre 1640 et 1646, Horace, Cinna,Polyeucte, La Mort de Pompée, Rodogune, puis Nicomède en 1651. En 1652, l'échec de sa tragédie Pertharite l'éloigne du théâtre. Revenu avec Œdipe (1659), Sertorius (1662) et Attila(1667), Corneille ne pourra cependant pas se mesurer à son jeune rival, Racine.

Jean de La Fontaine (1621-1695)

Né à Château-Thierry le 8 juillet 1621, novice à l'Oratoire à vingt ans, marié et père de famille à vingt-six, lorsque Jean de La Fontaine hérite de la charge de maître des Eaux et Forêts de son père, en 1658, seule la littérature l'intéresse.

Introduit en 1657 auprès de Fouquet, surintendant des Finances au faîte de sa puissance, il devient son poète favori, rencontre Molière, Racine, Madame de Sévigné. Mais en 1661, Fouquet tombe en disgrâce et La Fontaine qui lui reste fidèle (Élégie aux nymphes de Vaux) perd toute protection. 

À son retour à Château-Thierry, la duchesse de Bouillon, nièce de Mazarin qui vient habiter la ville, lui demande de la distraire. Entre 1664 et 1667 paraissent ainsi vingt-sept Contes et Nouvelles en vers qui donnent à La Fontaine la réputation d'un auteur libertin et élégant. Pour se faire pardonner ses "écrits frivoles", il publie alors son 1er recueil de Fables divisé en six livres, précédé d'une Vie d'Ésope, en 1668. Le recueil connaît un succès immédiat, mais sans que La Fontaine obtienne de pension du roi pour autant. Les Nouveaux  Contes, parus en 1674, sont interdits. Sans ressources, La Fontaine vend la maison paternelle. Les livres VII à XII des Fables paraissent en 1678-1679. Finalement reçu en 1684 à l'Académie française au fauteuil de Colbert, La Fontaine prononce son éloge. En 1693, la publication du livre XII des Fables s'achève sur le poème Le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire qui est aussi son testament. Il meurt le 13 avril 1695.

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Blaise Pascal (1623-1662)

Né à Clermont en Auvergne, son père, savant en mathématiques, mécanique et musique, s’installe en 1631 à Paris où il s’occupe de l’éducation de Blaise suivant des principes humanistes, le formant d’abord aux lettres en développant son esprit de synthèse par les lois de la grammaire, avant de le former aux sciences mathématiques, à la géométrie et à la physique.

Auteur à seize ans d’un Essai sur les coniques fort remarqué, mais aussi esprit pratique, Pascal emploie trois ans plus tard la science mathématique pour soulager son père de l’effort de calcul auquel sa charge de surintendant aux impôts le contraint, avec l’invention de la "pascaline", première machine à calculer.

Intéressé par l’expérience du vide réalisée par Torricelli, disciple de Galilée, après ses Expériences nouvelles touchant le vide, Pascal apporte la preuve de l’existence du vide et de la pesanteur, qui lui permettent d’affirmer que "la nature n’a aucune répugnance pour le vide", et rédige les traités de l’Équilibre des liqueurs et de la Pesanteur de la masse de l’air (d’où le "principe de Pascal" sur les pressions). À la base de la "géométrie du hasard", ses contributions à l’analyse infinitésimale occupent, entre 1650 et 1660, une place plus notable encore. Dans cette intense activité scientifique, Pascal se plie aux exigences de "l’art de persuader" par une expression parfaitement claire.

Par la suite, sous l’influence de sa sœur Jacqueline devenue religieuse, sorti bouleversé par sa "nuit de feu" du 23 novembre 1654 (notée dans son Mémorial), Pascal se rapproche des Jansénistes. À l’origine des dix-huit lettres des Provinciales (1656-1657) qu’il écrit alors, et dont l’impact sera considérable, se trouve la nécessité de défendre son ami Antoine Arnauld et Port-Royal, et donc à nouveau de persuader par le génie de sa prose. Car "cet effrayant génie fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine et donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie comme du raisonnement le plus fort" (Chateaubriand).

Durant les cinq dernières années de sa vie, Pascal se voue à son projet d’Apologie de la religion chrétienne, œuvre inachevée regroupée dans Les Pensées où se trouve formulé son célèbre "pari" sur l’existence de Dieu. Un pari statistiquement avantageux : "Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est, écrit-il. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter."

Racine (1639 – 1699)

Né à la Ferté-Milon en 1639, très tôt orphelin, Jean Racine étudie à Port-Royal, haut lieu du jansénisme. Monté en 1658 à Paris où Corneille domine la scène théâtrale, il  fait jouer sa première tragédie, La Thébaïde, par la troupe de Molière au théâtre du Palais-Royal (1664), puis Alexandre (1665) par la troupe rivale à l'hôtel de Bourgogne, ce qui le brouille à jamais avec Molière. Rompant avec Port-Royal en 1666, les dix années suivantes seront pour lui fécondes en chefs-d'œuvre : Andromaque connaît un triomphe (1667), il fait jouer son unique comédie Les Plaideurs (1668), puisBritannicus (1669), Bérénice (1670), Bajazet (1672), Mithridate(1673), Iphigénie (1674) et Phèdre (1677). En 1677, c'est le grand tournant. Nommé avec Boileau historiographe du roi, il renonce au théâtre et accompagne le roi pendant la guerre de Hollande qu'il raconte dans son Précis historique des campagnes de Louis XIV depuis 1672 jusqu'en 1678. À la même époque, il se réconcilie avec Port-Royal. Il revient au théâtre à la demande de Mme de Maintenon, épouse morganatique du roi, avec les tragédies sacrées Esther(1689) et Athalie (1691). Plaidant à la fin de sa vie en faveur de jansénistes persécutés, il sera enterré à Port-Royal (1699).

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La Bruyère (1645 – 1696)

Jean de la Bruyère, né à Paris en 1645, appartient à la vieille bourgeoisie de la Cité. Après des études de droit, il achète la charge de trésorier des finances de Caen mais vit à Paris où il lit beaucoup. En 1684, sur la recommandation de Bossuet, le Grand Condé lui demande d'achever l'éducation de son petit-fils, le duc de Bourbon.

Après son mariage avec le duc, la jeune mademoiselle de Nantes, fille adultérine de Louis XIV et de madame de Montespan, assistera aux leçons. Mais pour peu de temps. Le 11 décembre 1686, Condé meurt, et l'éducation du duc de Bourbon est considérée comme terminée. La Bruyère reste néanmoins dans la maison de Condé en qualité de "gentilhomme de monsieur le Duc" et continue donc, à Versailles, Chambord, Fontainebleau ou Chantilly, à observer et étudier le "grand monde".

Riche de cette expérience, dans la lignée des Caractères de Théophraste (disciple d'Aristote), il fait paraître en mars 1688, sans nom d'auteur, les Caractères ou mœurs de ce siècle. Le succès de l'ouvrage conduit La Bruyère à l'enrichir jusqu'en 1694. Attaqué par les Modernes (Perrault, Fontenelle), élu à l'Académie en 1693, La Bruyère consacre les dernières années de sa vie, après de fréquents entretiens avec Bossuet, à écrire des Dialogues sur le quiétisme qu'il laissa inachevés, surpris par une crise d'apoplexie (1696).

Retenons   grâce à cette expression mnémotechnique   :

Une corneille accrochée à la racine d’une bruyère boit l’eau de la fontaine.

Corneille Racine La Bruyère Boileau La Fontaine

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4– Le 17 ème siècle   :

a) Louis XIV et le château de Versailles

Au XVIIème siècle, au temps de Louis XIV, les villes avaient peu changé depuis le Moyen-âge, la circulation y était difficile et les maisons manquaient de confort. Mais le confort n'était pas un des critères de ce monarque quand il a demandé aux architectes Le Vau et Mansart de construire à Versailles, ce palais fabuleux, symbolique de son prestige et de celui de la France dans toute l'Europe. Ce monarque qui se voulait roi de droit divin, et qui a établi la monarchie absolue, n’a pas eu la sagesse de son grand-père, Henri IV, et il révoqua l'Edit de Nantes. Aidé par un très bon ministre, Colbert, il créa des manufactures, développa le commerce extérieur avec les Indes et l’Amérique. Malgré cela, ses nombreuses guerres ont laissé la France ruinée à sa mort en 1715.

Le Château de Versailles (Annexes : Des Racines et des Ailes.)

Lieu de résidence privilégié de la monarchie française de Louis XIV à Louis XVI, le château de Versailles, à 16 km au sud ouest de Paris, embelli par plusieurs générations d'architectes, de sculpteurs, d'ornemanistes et de paysagistes, a été pour l'Europe pendant plus d'un siècle le modèle de ce que devait être une résidence royale. Le parc du château de Versailles s'étend sur 715 ha, dont 93 ha de jardins.

Incarnation de l'art classique français, le domaine comprend de nombreux éléments, dont le Petit et le Grand Trianon, le hameau de la Reine, le Grand et le Petit Canal, une ménagerie, une orangerie et la pièce d'eau des Suisses. Son parc bruisse encore des souvenirs de la « vie de cour », à l'époque du roi Soleil et de ses successeurs.

Classés depuis 1979 au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco, les palais et le parc de Versailles constituent l'une des plus belles réalisations de l'art français au XVIIe siècle.

b) Le projet du roi Soleil

L'ancien pavillon de chasse de Louis XIII fut transformé et agrandi par son fils Louis XIV qui y installa la Cour et le gouvernement de la France en 1682. Jusqu'à la Révolution française de 1789, les rois s'y sont succédé, embellissant chacun à leur tour le Château.

Louis XIV fit notamment aménager les Grands Appartements du Roi et de la Reine. La réalisation la plus emblématique reste la Galerie des Glaces, lieu de parade et de réception par excellence. Imaginée par Jules-Hardouin Mansart et décorée par Charles Le Brun, elle fut inaugurée en 1684.

Au siècle suivant, les agrandissements se poursuivent, avec notamment la construction de la Chapelle et de l'Opéra. Le Château compte aujourd'hui 63 154 m2 répartis en 2300 pièces.

Jardins et Parc de Versailles

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De la fenêtre centrale de la Galerie des Glaces se déploie, sous l'œil des visiteurs, la grande perspective des jardins de Versailles qui conduit le regard du parterre d'Eau vers l'horizon.

Le jardinier André Le Nôtre aménagea et prolongea la perspective originelle en élargissant l'Allée royale et en faisant creuser le Grand Canal. Charles Le Brun donna les dessins d'un grand nombre de statues et fontaines.

Musée de l'Histoire de France

Si le Château perd sa vocation de siège officiel du pouvoir en 1789, il devient au XIXe siècle le Musée de l'Histoire de France, voulu par Louis-Philippe. De nombreuses salles accueillent alors les nouvelles collections. Fortes d'environ 60 000 œuvres, les collections du château de Versailles couvrent de très larges domaines.

Ne pas manquer 

Les Grands Appartements du Roi et de la Reine. La Galerie des Glaces, avec ses salons jumeaux – le salon de la Guerre et le salon de la Paix, les ailes

au nord et au sud – dits respectivement « aile de Noble » et « aile des Princes » (ou « aile de Midi »). Jardins et parc du château. D'avril à octobre, lesGrandes Eaux et Jardins musicaux animent le parc du

château. L'occasion de découvrir les fontaines et bosquets et leurs eaux jaillissantes au rythme de la musique.

Le Grand Trianon a été élevé par Jules Hardouin Mansart en 1687. Ce petit palais de marbre rose et de porphyre se distingue par son raffinement et ses proportions élégantes.

Le Domaine de Marie-Antoinette . Du Petit Trianon aux jardins de la Reine, en passant par le Hameau, le domaine, ouvert en 2006, dévoile toute l'intimité de l'épouse de Louis XVI, qui aimait retrouver en ces lieux les plaisirs d'une vie simple et champêtre, loin des fastes de Versailles.

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5 - Le 18 ème siècle  : Le siècle des lumières 

En dépit des courants divers qui le traversent, le XVIIème siècle chrétien monarchique et classique, laisse une impression générale de stabilité. Le XVIIIème siècle au contraire est une période de mouvement aboutissant à une crise violente qui anéantit un système politique et social séculaire et instaure un ordre nouveau. De la Régence au coup d’état du 18 Brumaire, que de chemin parcouru. Une longue fermentation intellectuelle et sociale a préparé la Révolution française, tandis que l’ordre littéraire le préromantisme supplantait peu à peu l’idéal classique.

Déclin de la monarchie

Le règne de Louis XIV avait marqué l’apogée de la monarchie française : le XVIIIe siècle voit son déclin et sa chute. La Régence du duc d’Orléans se traduit par le relâchement des mœurs et aussi de l’autorité. Louis XV ne mérite pas longtemps d’être appelé « le bien –aimé ». La France perd l’Inde et Le Canada (1763). L’Angleterre affirme sa suprématie et la Prusse devient une puissance redoutable. Louix XVI s’engage dans la voie des réformes, mais il se heurte à l’opposition des privilégiés et n’a pas assez d’énergie pour es maintenir au pouvoir. Les difficultés financières s’accroissent sans cesse et provoquent finalement la convocation des Etats généraux.

La société, les mœurs

Salons, cafés et clubs

La cour cesse d’être le centre du pays et la source de l’opinion. Le mouvement des idées se fait contre elle et non plus par elle. Dans son rôle intellectuel elle est supplantée par les salons, les cafés et les clubs. Les salons entretiennent le goût de la conversation brillante, ils font et défont les réputations, procurent aux écrivains des admirateurs enthousiastes, des relations utiles, parfois une aide matérielle et suscitent entre eux une émulation d’esprit. D’abord littéraires et mondains, ils deviennent peu à peu philosophiques.

Apparus pendant le seconde moitié du XVII e siècle, les cafés se sont multipliés rapidement, on y échange des nouvelles, des idées. Diderot a rendu célèbre le café de la Régence, ainsi le café Procope24que fréquentent Fontenelle, Voltaire, Diderot … Quant aux clubs, institution anglaise transplantée en France.

Les mœurs

Le système de Law aggrave la démoralisation et la confusion sociale en permettant des fortunes rapides suivies de ruines retentissantes lors da la banqueroute du financier. Le mouvement des idées va favoriser le

24 Le café Procope est un célèbre, et l’un des plus anciens, cafés-restaurants de Paris. Il se situe au 13, rue de l'Ancienne-Comédie, dans le 6e arrondissement. Il est également accessible par le passage de la Cour du Commerce-Saint-André. Café d’artistes et d’intellectuels, il était fréquenté au XVIIIe siècle par Voltaire, Diderot et d’Alembert. Centre actif durant la Révolution française, il reste longtemps un lieu de rencontre d’écrivains et d’intellectuels (Musset, Verlaine, Anatole France), d’hommes politiques (Gambetta) et du « Tout-Paris ».

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goût pour toutes les jouissances : on croit au bonheur en ce monde, et les philosophes réhabilitent passions et instinct. Mais entre bonheur et plaisir la confusion est tentante : par un épicurisme facile dont Voltaire se fait l’interprète dans le Mondain, on croit trouver la félicité dans le bien-être, le luxe et tous les raffinements que procurent la richesse et la civilisation.

En 1750 Rousseau réagit violemment : une mise en garde contre la décadence des mœurs chez un peuple grisé par sa propre civilisation, tel est le sens profond et durable de son premier discours. L’influence d e Rousseau sera considérable et répandra le goût de la vie simple, du sentiment et de la vertu.

Le XVIIIème siècle, fut aussi appelé le siècle des Lumières, en raison de sa vie culturelle qui a fait de Paris, le centre de l'Europe. Les écrits des philosophes et des écrivains comme Montesquieu, Rousseau, Voltaire et Diderot qui dénoncent les inégalités et remettent en question la monarchie absolue, amèneront les mécontents du régime de Louis XV puis de Louis XVI à s'exprimer violemment.

Devant la vie luxueuse des rois et des nobles, le peuple qui, lui, payait des taxes de plus en plus lourdes pour payer les dettes de l'état appauvri par des guerres coûteuses, s'est finalement révolté pour exiger l'égalité devant l'impôt et l'abolition des privilèges lors de la convocation des Etats Généraux, assemblée composée de la noblesse, du clergé et du tiers-état. Après la prise de la Bastille qui marqua le commencement de la révolution en 1789, les députés de l'Assemblée Nationale ont écrit ce document intitulé, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Les disputes entre les députés Girondins, Jacobins et Montagnards (comme Mirabeau, Marat, Danton et Robespierre), la fuite du roi, arrêté à Varennes, puis l'opposition extérieure (victoires de Valmy et de Jemmapes) et intérieure (par les Vendéens, ralliés aux Chouans) ont conduit le gouvernement révolutionnaire à guillotiner le roi et la reine, Marie-Antoinette, ainsi que de nombreux nobles, prêtres et autres révolutionnaires dont Robespierre et Danton. Malgré ses erreurs, la révolution a légué l'abolition de la monarchie absolue, la déclaration de la première république et la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

Les Lumières renvoient à un mouvement touchant à des domaines aussi variés que la philosophie, l’art, la littérature et la politique. Les Lumières désignent l’ensemble des auteurs français ayant mis leur plume et leur esprit au service de l’homme, de la culture et de la justice. Ce mouvement vaste et multiple ne possède aucun véritable chef de file.

Etymologiquement, le terme qui définit un tel mouvement fondé sur la raison est équivoque, il tire son origine du latin lumen où il désigne tout d’abord la révélation divine pour être repris métaphoriquement par Descartes (1596 -1650) au XVIIe siècle pour caractériser «   la seule lumière de la raison   » seule capable d’entreprendre le combat contre l’obscurantisme, le fanatisme et l’immobilisme de la pensée. C’est à l’Allemand Emmanuel Kant (1724 -1804) que nous devons une célèbre mais déjà tardive définition du mouvement admise de tous :

« Qu’est-ce que les Lumières ? » : « La sortie de l’homme de sa minorité dont il porte lui-même sa responsabilité. La minorité est l’incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable s’il est vrai que la cause en réside non dans son insuffisance de l’entendement, mais dans un manque de courage et de résolution pour en user sans la direction d’autrui. «   Aie le courage de te servir de ton propre entendement   », telle est la devise des Lumières . E. Kant (1784).

Historiquement, en France, « le siècle des Lumières » s’organise autour de deux chutes de règne : celle de Louis XIV (1715) et celle de Louis XVI (1789). On a toutefois tendance à oublier derrière ces illustres figures royales qui bornent le pouvoir du siècle en France que c’est sous le règne de Louis XV (1723 –

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1774), tout d’abord porté de l’esprit libéral de la Régence25 .puis assombri par de mauvais choix politiques et économiques, qu’abonde, se développe et se propage la majeur partie des grands ouvrages liés aux Lumières.

La plus importante des hypothèses et espérances communes aux philosophes et intellectuels de cette époque fut incontestablement la foi inébranlable dans le pouvoir de la raison humaine. La découverte de la gravitation universelle par Isaac Newton fit une impression considérable sur le siècle. Grâce à l'usage judicieux de la raison, s'ouvrait un progrès perpétuel dans le domaine de la connaissance, des réalisations techniques et des valeurs morales.. Ils affirmaient que l'éducation avait le pouvoir de rendre les hommes meilleurs et même d'améliorer la nature humaine.

Chronologie des penseurs du siècle des Lumières (XVIII s.)

Montesquieu,……………………………………………. ………………

18 janvier 1689 10 février 1755

Denis Diderot, …………………………………………..............................................................

5 octobre 1713

31 juillet 1784

Voltaire, …………………………………………………………………………………..

21 novembre 1694

30 mai 1778,

Jean-Jacques Rousseau, ………………………………………………….

28 juin 171 2 juillet 1778

Montesquieu , de son vrai nom Charles Louis de Secondat de La Brède, est un penseur politique, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières, né le 18 janvier 1689 à La Brède (Guyenne, près de Bordeaux) et mort le 10 février 1755 à Paris.

Denis Diderot, né le 5 octobre 1713 à Langres et mort le 31 juillet 1784 à Paris, est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français des Lumières, à la fois romancier, dramaturge, conteur, essayiste, dialoguiste, critique d'art, critique littéraire, et traducteur

François-Marie Arouet, dit Voltaire, né le 21 novembre 1694 à Paris, où il est mort le 30 mai 1778, est un écrivain et philosophe français qui a marqué le XVIII e   siècle et qui occupe une place particulière dans la mémoire collective française et internationale.

25 1715-1723 : régence de Philippe d’Orléans, neveu de Louis XIV.26

Jean-Jacques Rousseau, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 (à 66 ans) à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone.

Montesquieu(1689 - 1755) Lettres persanes (1721) De l'esprit des lois ( 1748 )

Voltaire (1694 - 1778 )

Œdipe ( 1718 ) Zaïre ( 1732 ) Lettres philosophiques ( 1734 ) Zadig ( 1748 ) Le monde comme il va Micromégas ( 1752 ) Candide ou l'Optimisme ( 1759 ) L'ingénu ( 1767 ) La Princesse de Babylone ( 1768

) Denis Diderot (1713 - 1784)

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Les Pensées philosophiques Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient (1749) Le Fils naturel (1757) [ Théâtre ] le Père de famille (1758) [ Théâtre ] La Religieuse (1760)[ Roman ] Le Neveu de Rameau (1762)[ Roman ] Le rêve de d'Alembert (1769) Jacques le Fataliste (1771) [ Roman ] Paradoxe sur le comédien (1773) [ Essais théoriques sur l’art ] Encyclopédie

Rousseau, Jean-Jacques (1712 - 1778)

le Discours sur l’origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761) Du contrat social (1762) Émile ou De l’éducation (1762) Les Confessions (1765-1770 ) Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778, posthume 1782)

Les événements qui délimitent le siècle des lumières sont la mort de Louis XIV, en 1715, et le coup d'état perpétré par Napoléon Bonaparte, le 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), annonciateur de l'empire. Entre ces deux extrêmes, le siècle se décompose en plusieurs temps : d'abord la régence (1715 - 1723), puis les règnes de Louis XV (1723 - 1774) et de Louis XVI (1774 - 1791), enfin la révolution française (1789 - 1799).

La France, qui est alors le pays le plus peuplé d'Europe, connaît, pendant près de quatre-vingts ans, la paix intérieure et la prospérité économique. A mesure que l'esprit philosophique se développe, dans les salons, les cafés ou les club, l'autorité monarchique se dissout, sapée par des tentatives de réformes sans lendemain, comme par l'opposition aristocratique. Forte de sa puissance financière, la bourgeoisie d'affaires manifeste son désir d'annexer le pouvoir politique, ambition qui se concrétisera à partir de 1789.

Dans le domaine des arts, Louis XIV vieillissant voulait "de l'enfance répandue en toutes choses". Sous la régence, cette tendance à la légèreté s'accentue. Elle s'épanouit pendant le règne de Louis XV. Le goût de l'élégance, du confort, et des beaux objets se répand jusque dans les rangs de la bourgeoisie. Mais, dans la seconde moitié du siècle, les philosophes s'insurgent contre les tendances libertines de la société, auxquelles ils associent le style rocaille. Ils prônent un retour aux vertus de la Rome antique et républicaine, qui deviendront en grande partie l'idéal révolutionnaire.

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Le début de l’histoire de la France moderne

1789 ( prise de la Bastille ) , 1792 ( abolition de la royauté ) et 1793 ( exécution capital de Louis XVI ) sont les dates-clés qui marqué la fin de l’Ancien France Régime et le début de l’histoire de la France moderne .

Plusieurs facteurs contribuent à la naissance et à l’évolution de cet “ esprit des lumière: absolutisme intolérant de Louis XIV , l’enrichissement de la bourgeoisie , qui demande à participer à la gestion du pouvoir , la prise de la conscience de la part de quelques de questions esprits “ éclairés “ de la misère insupportable du peuple , écrasé par la famine et les impôts , la connaissance des civilisations exotiques et “ sauvages “ l’influence de la littérature ( Richardson ) , de la philosophie ( Locke ) , de la politique ( monarchie constitutionnelle ) anglaises , le progrès des sciences ( surtout l’œuvre de Buffon , l’Histoire naturelle , de 1749 ) , la mode des voyages , la circulation des livres ( imprimés clandestinement en France ou achetés à l’étranger ) et des idées , dans les salons de quelques femmes cultivées et ouverte aux nouveautés , qui reçoivent les écrivains et les philosophies français et étrangers: Madame de Lambert , Madam du Deffand ( don’t la correspondance avec Voltaire est fort intéressante ), Madam Geoffrin , qui fiance l’Encyclopédie , Julie de Lespinasse , protectrices des encyclopédistes, Madame du Châtelet , compagne de Voltaire , et auteur d’un Discours sur le bonheur , qui reçoit dans son château de Lorraine , Madam Rolande , journaliste et auteur d’un intéressant livre de Mémoires .

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Test   :

Certains de mes contemporains célèbres étaient Montaigne et Rabelais. Moi, j'étais un poète lyrique du 16ème siècle. Connaissez-vous ces vers de mon ode à Cassandre: "Mignonne, allons voir si la rose" ou de ce sonnet pour Hélène: " Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle," ? Qui suis-je? Ronsard.

Nous avons beaucoup influencé notre temps et les siècles suivants par nos recherches en mathématiques et nos écrits philosophiques, Les Pensées et Le Discours de la Méthode. Mon collègue a inventé la première machine à calculer et moi, je suis connu pour avoir élaboré une méthode analytique antiscolastique fondée sur la raison, sur la logique, ("Je pense, donc je suis.") Qui sommes-nous? Pascal et Descartes.

Corneille et Racine ont écrit des tragédies inspirées de l'Antiquité mais moi, j'ai préféré écrire des comédies pour me moquer des mœurs de mon temps. Heureusement, Louis XIV aimait rire et m'a souvent soutenu contre les nobles! Je suis mort en jouant Le Malade imaginaire. Quelle ironie du sort, n'est-ce pas? Connaissez-vous mes autres pièces comme Les Femmes savantes, Le Misanthrope, Le Bourgeois gentilhomme, L'Avare et Tartuffe/Don Juan/Les Fourberies de Scapin/L'Ecole des femmes/Les Précieuses ridicules. Qui suis-je? Molière.

Nous étions tous les quatre, des écrivains et des philosophes très célèbres pendant le 18ème siècle. Nous avons critiqué notre société et nos idées ont influencé les révolutionnaires américains et français. Qui sommes-nous? J'ai écrit Les Lettres persanes et L'Esprit des lois. Je m'appelle Montesquieu. Moi, j'ai beaucoup travaillé sur L'Encyclopédie et je m'appelle Diderot. Et moi, j'ai beaucoup parlé du fait que l'homme est naturellement bon et que la société est corruptrice. Avez-vous entendu parlé du "mythe du bon sauvage?" Je suis aussi l'auteur Du Contrat social et des Confessions, entre autres, et mon nom est Rousseau. Quant à moi, j'ai écrit, entre autres, un conte que vous connaissez sûrement. Dans Candide, je raconte les aventures d'un jeune homme très naïf. Je m'appelle Voltaire.

Les enfants français connaissent bien mes fables. Reconnaissez-vous ces vers connus de tous en France? Vous trouverez plusieurs titres à la fin, choisissez celui qui convient.

La Cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue ...    La Cigale et la fourmi:

Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. ...    Le Corbeau et le renard:

La raison du plus fort est toujours la meilleure;  Le Loup et l'agneau:

Rien ne sert de courir; il faut partir à point: ...    Le Lièvre et la tortue:

La Tortue et les deux canards - La Laitière et le pot au lait - Les Animaux malades de la peste - Le Chêne et le roseau - Le Lièvre et la tortue - Le Héron - La Cigale et la fourmi - Le Loup et le chien - Le Loup et l'agneau - Le Renard et le bouc - Le Corbeau et le renard Qui suis-je? La Fontaine.

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Les enfants apprennent aussi les noms des grands savants comme Denis Papin qui a inventé la machine à vapeur à la fin du 17ème siècle. Nous avons également contribué au progrès de la science avec nos recherches au 18ème. Cugnot a inventé le chariot à vapeur, Buffon était un grand naturaliste, les frères de Montgolfier ont inventé le ballon à air chaud, la montgolfière, et moi, j'ai découvert la composition de l'air et de l'eau. Vous connaissez tous ma table des éléments chimiques. Qui suis-je? Lavoisier.

Berlioz, Saint-Saëns et moi, nous étions des compositeurs du 19ème siècle. Vous connaissez certainement mes oeuvres L'Arlésienne et Carmen. Qui suis-je? Bizet.

Que de génies en peinture pendant notre siècle! Et que de changements! Au début du siècle David peignait la Mort de Marat et Le Sacre où Napoléon Ier sacre Joséphine impératrice. Delacroix s'est aussi inspiré de l'histoire quand il a peint l a Liberté guidant le peuple et Entrée des croisés à Constantinople . Géricault, un peintre romantique, est lui, connu entre autres pour Le Radeau de la "Méduse". Courbet et Millet, eux, ont préféré peindre des scènes rurales réalistes comme les tableaux de ce dernier, l'Angélus et les Glaneuses. Daumier, un autre peintre réaliste, amuse bien les enfants quand ils trouvent ses caricatures de politiciens dans leurs livres d'histoire. Corot, lui, a peint le Port de La Rochelle et des paysages. On a dit qu'il était le précurseur de notre mouvement. Nous, nous avons voulu peindre les effets de la lumière et nous sommes des peintres impressionnistes. Qui sommes-nous? Manet qui a choqué nos contemporains en peignant une femme nue qui pique-niquait avec des messieurs tout habillés dans son tableau, le Déjeuner sur l'herbe, Degas qui aimait peindre les chevaux et les danseuses, Pissaro et Renoir ont peint des scènes de la vie, comme le Moulin de la Galette. Moi, je suis connu pour avoir peint, entre autres, le même sujet à différent moments de la journée comme la Cathédrale de Rouen. Avez-vous vu mes tableaux Waterlilies, la Gare Saint Lazare? Je m'appelle Monet. Certains de nos contemporains ont adopté un style un peu différent comme Cézanne, célèbre pour ses tableaux de la Montagne Sainte-Victoire et les Joueurs de cartes, et Seurat, un des maîtres du pointillisme, dont vous connaissez sûrement Un dimanche d'été à la Grande Jatte. D'autres se sont imposés par leur style tout à fait unique comme Henri Rousseau connu pour ses scènes naïves. Un ami du peintre hollandais Van Gogh, Gauguin<

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6 - Etiquette et savoir vivre

Les Français, comme tous les peuples, partagent un certain nombre de codes et de conventions qui règlent les comportements de chacun dans la vie en société. Ces codes forment ce qu’on appelle la politesse, le savoir vivre, les bonnes manières, ou encore l’étiquette. Ces codes de comportement facilitent les relations entre individus, ils contribuent à créer une harmonie sociale. Ils définissent également ce qui est attendu, permis ou interdit dans certaines situations, dictent les obligations de chacun envers la hiérarchie sociale, entre hommes et femmes (la galanterie). Souvent, ils permettent aussi de “situer” un individu par rapport à la norme : l’ignorance ou la connaissance de certains protocoles révèlent en effet un manque dans l’éducation, ou au contraire, des qualités.

a) Bonnes et mauvaises manières

Il faut respecter l’heure, la ponctualité est un acte essentiel du savoir-vivre. Si quelqu’un vous donne rendez-vous dans la rue ou dans un lieu public à une heure précise, on doit arriver à l’heure, le maximum qui peut être toléré est cinq minutes de retard. S’il s’agit d’un rendez-vous d’affaires, professionnel, chez le médecin, le dentiste, il est recommandé d’arriver cinq ou dix minutes plus tôt. Les Français ont la réputation d’être souvent en retard; vrai ou faux, un retard est toujours considéré comme impoli. En France, on s’abstient de téléphoner après 22 heures, sauf à des amis intimes.

Cracher dans la rue est absolument interdit. Roter en public est très impoli. Bailler sans mettre sa main devant la bouche, se moucher ou éternuer bruyamment sont également des comportements très mal considérés.

Dans la rue, il y a des passages spéciaux (devant les feux rouges ou non) que les piétons utilisent pour traverser. Ne pas utiliser les passages piétons, qu’on appelle aussi les « clous », est mal considéré, même si en France ce code de bonne conduite est loin d’être toujours respecté.

Dans les transports publics (bus, train, métro), il est d’usage d’offrir son siège à une personne âgée, à une femme enceinte, à une personne avec un enfant.

Dans un ascenseur, dans les transports en commun, dans la rue, on ne fixe pas les gens du regard. Dévisager une personne est considéré comme très impoli. Parler bruyamment à une personne qui nous accompagne ou au téléphone est également mal considéré.

A la fin d’un repas, il est normal en France de partager l’addition de manière égale entre tous les convives, sauf si l'un d'entre eux insiste pour tout payer. En revanche, il est toujours d’usage dans un dîner à deux qu’un homme invite la femme qui l’accompagne, même si cet usage est moins courant parmi les jeunes gens.

Dans une file d’attente, il faut faire la queue comme tout le monde et attendre patiemment son tour. Il est extrêmement impoli de dépasser quelqu’un ou de venir s’adresser directement au guichet pour traiter ses affaires. Ceux qui se permettent ce comportement seront sanctionnés du regard, ou verbalement sermonnés..

On doit dire merci lorsqu’on reçoit quelque chose, lorsqu’on nous rend un service. Si l’on reçoit un cadeau, il n’est pas impoli de l’ouvrir immédiatement. On peut cependant le faire après une petite phrase

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conventionnelle : « Est-ce que je peux l’ouvrir tout de suite ? ». Même si le cadeau n’est pas de votre goût, ou n’est pas ce que vous attendiez, on ne montre pas sa déception.

b) Salutations

Lorsqu’on entre dans une pièce où il y a des gens, il est d’usage de dire bonjour en arrivant, mais il n’est pas obligatoire de serrer toutes les mains. Les Français sont plutôt formels dans la rencontre, ils associent en général un geste – serrer la main – avec la parole. S’il s’agit d’une première rencontre, on pourra dire : “Enchanté”, “Ravi de vous rencontrer”, ou tout simplement annoncer son nom : “Bonjour, Marcel Duchamp”. Si l’on est présenté à quelqu’un, il est préférable d’attendre que cette personne vous tende la main pour la saluer.

La poignée de main ( l’acte de serrer la main à quelqu’un) est bien plus habituelle en France que dans les pays anglo-saxons par exemple. En arrivant au bureau le matin, il est fréquent que les Français lancent un “Bonjour, ça va?” ou un “Salut Philippe!” en se serrant la main, même s’ils se sont vus la veille. Le soir, en se quittant, il n’est pas rare qu’on se serre la main une nouvelle fois. Serrer la main est ainsi un rituel d’ouverture et de fermeture de la rencontre, l’acte de se saluer et de se quitter est fortement marqué par ce geste. Une rencontre de moins de cinq minutes – dans la rue par exemple – peut être introduite par une poignée de main et terminée par une autre.

Les salutations entre hommes et femmes sont augmentées d’un geste supplémentaire : faire la bise. Il n’est pas anormal de serrer la main à une femme, mais un homme embrassera plutôt sur chaque joue une femme qu’il connaît : parent, collègue ou amie. Assez souvent, lorsque la relation n’est pas encore très développée, un homme prendra la main d’une femme pour la saluer mais se penchera en même temps vers elle pour l’embrasser, signifiant ainsi que la relation est plus proche, plus amicale. Tout comme la poignée de main, faire la bise marque fortement le temps de la rencontre, et là aussi, il n’est pas inhabituel qu’une brève conversation dans la rue soit introduite par des bises et finie par d’autres bises en se quittant, même après quelques minutes.

Ce rituel de la bise provoque quelquefois des hésitations, ou même des embarrassements : bien qu’embrasser une fois sur chaque joue semble être la norme, certaines personnes prolongent jusqu’à trois, ou quatre bises, embrassant ainsi dans le vide si l’autre personne s’est déjà retirée. Si c’est le cas, on rit puis recommence, en précisant quelque chose comme “Moi, j’en fais quatre !” Les femmes se font plus souvent la bise entre elles que les hommes le font entre eux, sauf s’il s’agit d’un proche parent (père, frère, cousin etc.) Lorsque les hommes s’embrassent, on parle plutôt d’une “accolade”, qui consiste à mettre ses bras autour du cou, tout en donnant quelques tapes dans le dos.

Dans le cas où deux personnes se rencontrent d’une certaine distance (de chaque côté de la rue par exemple), un certain code est aussi en usage : si l’on connaît bien cette personne, et si la relation avec elle est plutôt informelle, un petit signe discret de la main est d’usage. En revanche, si l’on croise dans la rue une personne avec laquelle on entretient une relation formelle (professeur, supérieur hiérarchique etc.) ou qu’on connaît assez peu, il est préférable de marquer cette rencontre par un hochement de la tête seulement. Si cette personne est accompagnée, il est recommandé de s’abstenir de faire un signe, sauf si cette personne fait elle-même un geste. Enfin, si la personne ne vous a pas remarqué (ou fait semblant de ne pas vous remarquer), là encore, il est préférable de ne faire aucun signe.

c) Tu ou vous ?

Un simple pronom et une forme verbale font un monde de différence dans les relations interpersonnelles en France. Le passage du “vous” au “tu” est un rituel fréquent, qui marque l’évolution d’une relation. Utiliser le pronom tu signifie en effet plus de proximité, plus d’intimité, moins de formalité dans les contacts, la communication et même les sujets de conversation. Ce changement est immédiatement perceptible pour chaque individu, une sorte de relâchement mental et physique se produit, qui transforme la façon d’agir et de

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se comporter. Le passage du vous au tu se fait plus facilement entre personnes du même sexe que de sexes opposés, l’âge joue aussi un rôle important. Ce passage est souvent formalisé par une question posée ainsi : “On pourrait se tutoyer maintenant, ce serait plus simple ?” ou “Ça vous dérangerait si on se tutoyait ?”

Il y a un grand nombre de cas de tutoiement spontanés : les jeunes enfants par exemple s’adressent aux adultes en utilisant le pronom tu jusqu’à ce qu’ils apprennent – vers 7 ou 8 ans – à distinguer les circonstances où il faut faire un choix. Par ailleurs, les jeunes du même âge, les adolescents, se tutoient de manière spontanée, sans distinction de sexe. Les membres d’une même famille se tutoient : sauf dans des cas aujourd’hui exceptionnels, les enfants ne disent jamais vous à leurs parents. Le tu spontané est aussi d’usage dans certains cercles, clubs, associations; cela a pour effet de renforcer le sentiment d’unité et d’appartenance au groupe.

En général, on vouvoie les personnes que l’on rencontre pour la première fois, le supérieur hiérarchique, une personne plus âgée que soi. Il existe certains cas où une personne est autorisée à tutoyer, tandis que son interlocuteur emploie le vous : un professeur parlant à un jeune élève, un adulte à un jeune enfant, une personne âgée s’adressant à une personne beaucoup plus jeune. Cette situation n’autorise pas la personne qui est tutoyée à tutoyer son interlocuteur à son tour, ce qui montre que le vouvoiement n’est pas seulement une marque de formalité, mais aussi un indicateur de hiérarchie sociale qui permet de montrer son respect.

Dans une première rencontre, le choix entre le vous et le tu n’est pas toujours facile, il existe des circonstances où l’on hésite, et où une solution doit être trouvée verbalement. Même si le premier contact est chaleureux, il est plus prudent d’utiliser le vous jusqu’au moment où les interlocuteurs trouvent un protocole. En général, c’est la personne la plus âgée, ou celle qui se trouve dans une position hiérarchique supérieure, ou celle qui reçoit qui va décider : “On pourrait peut-être se dire tu?” Dans les régions du sud de la France, ainsi qu'en Espagne ou en Italie, dire tu dès la première rencontre est beaucoup plus fréquent que dans le nord, où souvent le tutoiement spontané est ressenti comme une agression.

L’usage du vous a longtemps prédominé dans la société française, jusqu’à la fin du 18e siècle. Le philosophe des Lumières Jean-Jacques Rousseau, auteur de Emile, ou de l’éducation (1762), juste avant la Révolution, recommande ainsi le tutoiement systématique dans la famille. Aujourd’hui, l’usage du tutoiement est de plus en plus répandu, notamment parmi les jeunes générations. On attribue généralement cette évolution à l’influence de la langue anglaise, dans laquelle le pronom “you” est perçu comme l’équivalent du “tu” français, ce qui n’est pas nécessairement vrai.

d) Etre reçu

Lorsqu’on est invité pour une soirée, un dîner, un cocktail chez quelqu’un, il est nécessaire d’observer cette règle : ne pas arriver à l’heure ! En d’autres termes, si l’on est invité pour 19 heures, il est d’usage de se présenter 10 ou 15 minutes plus tard, car arriver plus tôt serait arriver trop tôt. En revanche, si l’on prévoit un “vrai” retard de plus de trente minutes, il est poli de téléphoner à ses hôtes pour les prévenir.

Que peut-on apporter à ses hôtes lorsqu’on est invité ? Un bouquet de fleurs bien sûr (le plus naturel possible, et sans papier d’emballage), mais une boîte de chocolats est probablement un meilleur choix. Il faut en effet considérer que votre hôtesse, si elle reçoit beaucoup d’invités, ne sera peut-être pas très disponible pour s’occuper de plusieurs bouquets de fleurs qu’il faut préparer, mettre en vase etc. L’élégance suprême consiste à envoyer des fleurs avant, la veille ou le jour de l’invitation, avec une carte de visite et quelques mots de remerciements.

Les Français aiment la conversation en général, mais elle doit rester de “bon ton” selon l’usage. Ne rien dire est considéré de mauvais goût, mais vouloir trop briller est également mal considéré. On évitera des sujets de conversation trop polémiques, comme la politique, la religion, la morale, les impôts, afin de ne pas révéler trop ouvertement ses opinions. Il faut également éviter de critiquer certaines professions (avocats, enseignants, médecins etc.), car il est toujours possible que l’un des invités exerce l’une de ces professions.

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Parler trop de soi-même ou monopoliser l’attention sur soi est également mal considéré. Il faut attendre que son interlocuteur ait fini sa phrase pour parler à son tour, il faut éviter aussi de contredire ouvertement cette personne, même si l’on ne partage pas ses opinions. Il est important d’écouter ce qu’on nous dit, en particulier les réponses aux questions que l’on a posées. Il est impoli de “retenir” quelqu’un pendant trop longtemps, même si cette personne paraît vous écouter avec intérêt. Si un autre invité salue et s’adresse à la personne à qui l’on parle, il est préférable de les laisser pour se joindre à un autre groupe.

Lorsque l’on quitte ses hôtes, il est bien sûr essentiel de les saluer et de les remercier personnellement. En général, il n’est pas nécessaire de saluer les autres invités avant de partir, mais les circonstances peuvent varier grandement. Dans le cas d’un petit groupe, il est évident que votre départ sera remarqué, il sera alors poli de saluer tout le monde, soit individuellement, soit en s’adressant au groupe. Il est possible aussi qu’un départ entraîne plusieurs autres départs. Les salutations de départ peuvent parfois durer un certain temps chez les Français, il n’est pas rare en effet qu’après les “au revoir” d’usage, la conversation soit relancée à nouveau pour quinze ou vingt minutes. L’idée de “partir” pour les Français est plus un “projet” qu’une intention ferme et déterminée que l’on exécute immédiatement. En bref, un départ trop brusque sera considéré comme anormal et impoli.

Il est poli d’envoyer un message de remerciement ou de téléphoner à vos hôtes le lendemain de leur invitation, mais cet usage est beaucoup moins répandu en France qu’en Allemagne ou dans les pays anglo-saxons. Si vous avez fait des promesses à vos hôtes ou à l’un des invités, tenez ces promesses.

e) Manières de table

Le repas autour d’une table avec des convives est un temps où les qualités de savoir-vivre et de politesse de chaque individu sont largement testées. Les invités autour d’une table mangent, mais se parlent aussi, s’observent, s’écoutent sur une période qui peut souvent durer plus de deux heures.

C’est généralement l’hôtesse qui place ses invités à table, il faut donc attendre qu’elle vous indique votre place. En général, si vous êtes un homme, vous serez placé entre deux femmes, car la maîtresse de maison souhaite alterner les convives de chaque sexe. Les hommes normalement ont le devoir de s’occuper et de faire la conversation avec leur voisine.

La serviette que l’on a trouvée placée sur son assiette sera posée à moitié dépliée sur ses genoux (pas autour du cou !), et les mains (pas les coudes !) seront placées sur la table, de chaque côté des couverts. On trouvera les couteaux et la cuillère pour le potage à droite de l’assiette, alors que les fourchettes seront à gauche. Il est fréquent que trois verres soient placés devant l’assiette : le plus grand sera pour l’eau, le plus petit pour le vin blanc, et le moyen pour le vin rouge. Le pain est placé dans une corbeille non loin de soi, mais l’usage interdit d’en prendre un morceau pour “grignoter” avant le premier plat (on peut le faire au restaurant cependant). On ne boit pas avant d’avoir mangé et c’est l’hôtesse qui invitera les convives à commencer.

Les invités se servent généralement eux-mêmes en se passant les plats. Les hommes se chargent de servir les femmes, ainsi que de remplir leur verre. Si vous jugez que vous avez assez bu, laissez votre verre plein, on ne vous reservira plus ! Lorsque vous buvez, n’oubliez pas de vous essuyer les lèvres avant, afin de garder votre verre transparent durant tout le repas. Essuyez vos lèvres aussi après, si possible en tenant votre serviette à deux mains. Si l’hôtesse vous demande de vous resservir, il est poli de refuser une première fois, pour ne pas avoir l’air gourmand. Attendez qu’elle vous demande une nouvelle fois pour accepter. En revanche, si vous n’aimez pas un plat, essayez d’en manger un peu quand même, pour ne pas offenser vos hôtes. Enfin, l’usage de laisser un petit quelque chose dans l’assiette pour montrer qu’on n’est pas gourmand ou qu’on a assez mangé n’est en fait guère pratiqué : les convives ont plutôt le sentiment que ne pas finir son assiette risque d’offenser les hôtes et surtout l’hôtesse, qui a choisi et préparé les plats.

Les règles de savoir vivre à table sont nombreuses, ce sont avant tout des interdits : on ne parle pas la bouche pleine, on ferme la bouche en mangeant; on ne souffle pas sur le potage pour le refroidir; on ne

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coupe pas sa salade avec son couteau, ni son omelette, ni les pâtes. Les pommes de terre ne doivent pas être écrasées, mais séparées avec le côté de la fourchette. On “pousse” les morceaux de viande, les légumes sur sa fourchette avec un morceau de pain, pas avec le couteau. On ne prend jamais une arête de poisson avec ses doigts, on la dépose du bout des lèvres sur la fourchette et on la place sur le côté de l’assiette. Il est normalement très impoli de “saucer” son assiette avec du pain, bien que la tentation soit grande ! On n’écrase pas le fromage sur son pain, on le mange par morceaux. On ne coupe pas le pain avec son couteau, on le “rompt” avec ses mains. Lorsqu’on a fini,, on pose ses couverts (fourchette et couteau) sur son assiette, sans les croiser, la pointe de la fourchette tournée vers le bas. L’usage du cure-dents est rigoureusement interdit, on n’en trouve pas sur la table. Lorsque l’hôtesse en donne le signal, les invités peuvent quitter la table, ils déposent alors leur serviette (non pliée) près de leur assiette en se levant.

f) Galanterie

La “galanterie française” est l’une des fiertés nationales. Elle concerne essentiellement les relations entre hommes et femmes. Ses origines sont anciennes, remontant aux usages courtois du Moyen Age, par lesquels les chevaliers devaient honorer, servir et protéger leur dame. La galanterie révèle ainsi un certain paradoxe : alors que les femmes souffrent généralement d’un statut inférieur dans la société civile, essentiellement dominée par les hommes, elles jouissent toutefois dans la sphère mondaine et parfois domestique d’une position haute, essentiellement conventionnelle il est vrai.

Un homme galant ouvrira la porte à une femme pour la laisser passer devant lui. Cependant, s’il s’agit d’un endroit public, comme un bar ou un casino par exemple, l’homme généralement précédera la femme qui l’accompagne, peut-être pour s’assurer que l’endroit est sûr ou convenable. Dans la rue, l’homme réserve le côté trottoir (le « haut du pavé ») à une femme, afin de la protéger des risques possibles pouvant venir du côté rue. A la gare, à l’aéroport, c’est l’homme qui se charge des bagages lourds, il aidera à monter les valises d’une femme, à les placer dans le compartiment d’un train. Dans un escalier, un homme précède une femme en descendant, pour la retenir au cas où elle tomberait. Il doit aussi la précéder en montant : il ne pourra pas lui venir en aide si elle trébuche, mais pour des raisons évidentes, il ne voudra pas embarrasser une femme en la suivant.

Au restaurant, un homme tirera légèrement le siège pour inviter une femme à s’asseoir. Les hommes doivent attendre que les femmes soient installées avant de s’asseoir à leur tour. Un homme complimente une femme sur sa manière de s’habiller, sur son élégance : « Vous êtes ravissante ce soir », « Cette couleur vous va parfaitement ». Celle-ci le remerciera avec un sourire, en acceptant le compliment.

L’homme sert à boire à la femme qui l’accompagne, lui offre les plats en premier, paie l’addition au restaurant.

Un homme aidera une femme à enlever son manteau, où à le remettre. Il la raccompagnera jusqu’à la porte, ou mieux, jusqu’à chez elle. S’il la raccompagne en voiture, il lui ouvrira la portière avant de monter lui-même. A l’arrivée, il descend de la voiture en premier pour ouvrir la portière.

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5 - Cinéma et Chanson  :

a) Le cinéma français

La télévision et la radio ont beaucoup changé depuis les années 80 quand le gouvernement a permis la création de chaînes et de stations privées.  Malgré la liberté de presse et d'information, celles-ci étaient auparavant un monopole de l'état. Il y a donc eu une explosion dans le nombre de stations locales et nationales. Aux stations de l'état comme France-Inter ou France-Musique/France-Culture, se sont ajoutées d'autres d'un genre très différent comme Skyrock et Fun.  Quant à la télé, le nombre de chaînes est resté limité pendant quelques années. Aujourd'hui, on peut regarder entre autres,  des chaînes d'état, France 2 et France 3, une chaîne culturelle, Arte, la chaîne TF1, qui a été privatisée, M6 qui diffuse beaucoup de vidéo-clips pour les jeunes et une chaîne par câble payante, Canal +.  Les chaînes payantes dépendent financièrement de la publicité et celles de l'état reçoivent aussi des subventions du gouvernement financées par une taxe que les gens paient à l'achat de leur téléviseur puis chaque année.  Ces chaînes ne sont pas spécialisées dans un domaine particulier comme les actualités, le temps ou le cinéma mais montrent beaucoup de films (surtout la chaîne payante) et des émissions très variées.  En général, sur ces chaînes, on remarque qu'il y a moins de jeux, moins d’émissions sur le sport, moins de violence dans les films et les feuilletons qu'aux Etats-Unis mais plus de nudité dans les publicités et dans les films, et plus d'émissions culturelles (à l'exception de PBS aux U.S.) surtout sur les chaînes d'état.  On peut cependant voir sur certaines chaînes payantes, de plus en plus d'émissions de "téléréalité" tandis que les nouvelles chaînes publiques comme France 4 et France 5, ont une vocation culturelle et éducative.  Sur les chaînes publiques, la publicité continue à être diffusée entre les émissions, jamais pendant. La publicité est aussi très contrôlée sur toutes les chaînes. La loi ne permet pas les publicités sur l'alcool y compris la bière, les cigarettes, ou la plupart des médicaments. La création de nouvelles chaînes a-t-elle permis une amélioration des émissions de télévision? Beaucoup de gens ne semblent pas être très satisfaits.  L'accès récent par satellite et par cable aux nombreuses chaînes spécialisées et étrangères pourra peut-être répondre aux désirs des téléspectateurs.  En 2005, le CSA (le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) a autorisé la diffusion de huit nouvelles chaînes de télévision spécialisées distribuées par la TNT, dont quatre gratuites comme Jeunesse TV pour les enfants et I-Télé, une chaîne uniquement d'information.  Deux des nouvelles chaînes payantes sont Canal+, Cinéma et Canal+ Sport.

Les Français continuent à s'intéresser beaucoup au cinéma. "Ce septième art" a beaucoup évolué depuis l'invention du cinématographe des frères Lumière en 1895 et les premiers films muets des grands cinéastes comme Georges Méliès et Abel Gance (Napoléon). Le cinéma s'associera ensuite au mouvement surréaliste avec Cocteau (à ses débuts) et les metteurs en scène espagnols Bunuel et Dali. Un peu plus tard, certains réalisateurs travailleront avec des écrivains comme Carné et Prévert (Les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis), Pagnol et Giono (Regain) pendant que d'autres mettront en images des œuvres littéraires comme L'Espoir d'André Malraux. Parmi d'autres grands cinéastes citons Renoir (le fils du peintre) qui réalisa La Bête humaine, La Grande Illusion, au sujet de l'amitié entre 2 officiers ennemis, et La Règle du jeu, l'histoire d'un couple mort qui peut revenir sur terre et y rester s'ils sont capables de s'aimer vraiment. René Clair, lui, a été admis à l'Académie Française après avoir réalisé de nombreux films tel Le Silence est d'or. Clouzot a démontré son talent dans par exemple Le Salaire de la peur et Les Diaboliques. Aux côtés de ces cinéastes, de grands acteurs se sont révélés comme Gabin, Jouvet, Jean-Louis Barrault, Michèle Morgan, Simone Signoret, Jeanne Moreau, Jean Marais, deux grands comédiens, Fernandel et Bourvil etc. Dans la deuxième moitié du 20è siècle, de jeunes cinéastes et acteurs relèveront le défi d'assurer la continuation du cinéma français. Parallèlement au mouvement littéraire du nouveau roman, certains réalisateurs réinventeront de

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nouvelles techniques de tournage et introduiront des thèmes différents. Parmi ces cinéastes de la Nouvelle Vague, citons Resnais pour son film Hiroshima mon amour, Godard qui tourna A Bout de souffle (avec Belmondo), et Truffaut, le réalisateur du film Les Quatre cents coups. Les expériences se sont poursuivies dans les années 70 avec des films ("cinéma-vérité") qui dévoilent un réalisme social et politique en dénonçant les problèmes de la société. Aujourd'hui, les cinéastes (Chabrol, Tavernier, Blier, Varda, Berri, Mocky, Sautet, Rappeneau, Besson etc.) qui doivent faire face à la rivalité de la télé et du cinéma américain, essaient d'obtenir un succès commercial tout en réalisant un cinéma de qualité.  Ils offrent ainsi une grande variété de films, s'inspirant de l'histoire (Le Retour de Martin Guerre, Au Revoir les enfants de Louis Malle), de la littérature (Germinal,Cyrano de Bergerac), de la musique (Tous les matins du monde), de la société, de ses changements et de ses problèmes (Sans toit ni loi, Coup de foudre). Coline Serreau aura réussi de bonnes comédies (Trois hommes et un couffin et Romuald et Juliette). De grands acteurs et actrices se sont illustrés comme Catherine Deneuve (Le Dernier métro de Truffaut, Indochine) Jean-Louis Trintignant (Ma nuit chez Maud de Rohmer), Philippe Noiret (Les Ripoux de Zidi), Michel Serrault (La Cage aux folles), Miou-Miou (Entre nous , Tenue de soirée), Isabelle Huppert (Madame Bovary, Entre nous), Isabelle Adjani (Camille Claudel, la Reine Margot), Daniel Auteuil (Jean de Florette avec le grand acteur Yves Montand) pour ne citer que quelques-uns. L'énorme succès de Gérard Depardieu vient du fait qu'il peut tout jouer, des personnages dramatiques (Danton) comme des rôles dans des comédies (le Placard avec Daniel Auteuil et Les Compères avec le comédien Pierre Richard). En ce début de siècle, le cinéma français continue à marquer son originalité, à se distinguer du cinéma américain comme le film de Jeunet avec Audrey Tautou et Mathieu Kassovitz, Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, l'illustre si bien.  Avec son plus petit budget, il accorde peu d'importance aux effets spéciaux comme dans les films d'action, de science-fiction ou d'épouvante américains. Il donne encore souvent plus d'importance aux dialogues qu'à l'action et met plus d'emphase sur la psychologie des personnages. Il laisse parfois le spectateur décider la fin des films qui ne finissent pas toujours bien, les bons et les méchants étant en général des personnages nettement bien moins définis. N'ayant pas hérité le puritanisme américain, les Français adultes acceptent mieux la nudité dans leurs films mais sont souvent moins tolérants pour ce qui concerne la violence.

b) La chanson française : (En annexes : Ecoute de quelques auteurs compositeurs et/ou interprètes)

Comme le cinéma, la musique et la chanson française d'aujourd'hui sont très variées, ayant été très influencées par la musique étrangère, en particulier africaine, sud-américaine, antillaise et surtout anglaise (avec les Beatles) et américaine. Depuis la 1ère guerre mondiale, les Français adorent le jazz et le blues, le rock et plus récemment le rap. Parallèlement, des compositeurs d'un style varié (Milhaud, Poulenc) sont devenus célèbres. Plus tard, Michel Legrand qui préférera surtout le jazz composera la musique de nombreux films. La chanson française souvent satirique ou sentimentale qui remonte au Moyen Age, a été très populaire au cours des siècles notamment depuis la création des cafés-concerts à Paris. A travers leurs chansons réalistes, les chansonniers ont exprimé les valeurs de leur temps. L'un deux, Aristide Bruant a été immortalisé par le peintre Toulouse-Lautrec. Cette tradition a été perpétuée avec les chanteurs dits "à texte" parce qu'ils accordaient beaucoup d'importance aux paroles de leurs chansons qui étaient poétiques et dont le message était politique, parfois anticlérical, ou satirique. Bien après leur mort, ces grands chanteurs/compositeurs, Serge Gainsbourg, Léo Ferré, Edith Piaf (La Vie en rose), Georges Brassens ou le Belge, Jacques Brel pour ne citer que quelques-uns, continuent à être appréciés et à exercer une influence sur la nouvelle génération de bons chanteurs. Dans les années 70, né des idées de la révolution des jeunes en 68, un message pacifiste et écologiste s'est ajouté aux chansons de Maxime Le Forestier ou de Yves Simon qui rejetaient en même temps la chanson commerciale et qui connaissaient un succès comparable à celui de chanteurs populaires comme Johnny Hallyday, Claude François, Serge Lama, Julien Clerc ou Mireille Mathieu. Pendant les années 80, des groupes de rock français tels Niagara et Indochine ont réussi à plaire aux jeunes qui leur avaient auparavant préféré les grands groupes anglais et américains. De nouveaux chanteurs comme Patricia Kaas, Liane Foly, Olivia Ruiz, Manu Chao, Zazie, Anaïs, Christophe Maé, ainsi que les Canadiennes Céline Dion et récemment Cœur de Pirate ainsi que les rappeurs MC Solar et Diam's, se sont imposés sur la scène française par leur style tout à fait personnel ou en démontrant l'héritage de leurs prédécesseurs, mélangeant souvent les styles, le rock avec le jazz ou le blues par exemple. La chanteuse Zaz

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qui joue du jazz, en est un des derniers exemples. Maurice Chevalier, le chanteur populaire au début du 20ème siècle, ne se reconnaîtrait pas dans les célèbres chanteurs/compositeurs Pascal Obispo et Jean-Jacques Goldman.

La presse écrite, elle, a moins changé mais le nombre de journaux, de quotidiens (publiés tous les jours) a baissé. Par contre, les magazines hebdomadaires (publiés une fois par semaine) ont augmenté. La presse française qui est protégée par la liberté de presse depuis la 3ème république, tend à être une presse d'opinion car les journaux relatent des faits d'actualité sans cacher leurs tendances politiques. Un Français a le choix entre des journaux de droite comme Le Figaro ou France-Soir, ou encore La Croix, un journal catholique, des journaux de centre-gauche comme le journal très respecté, Le Monde, ou communiste comme L'Humanité, en plus du journal local. Parmi les magazines, on peut lire des magazines d'actualité comme l'Express, féminins comme Elle/Marie-Claire/Femme actuelle ...ou satiriques comme Le Canard enchaîné. Bien des journalistes français démontrent un style assez recherché dans leur façon d'écrire illustrant ainsi l'importance que beaucoup de Français attachent à l'art de bien savoir manipuler sa langue.

Voici une liste de chanteurs francophones. Pour chacun d’eux, trouve au moins un titre de chanson.

Chanteurs Chansons

Salvatore Adamo ...............................................................................

Jacque Brel ...............................................................................

Calogero ...............................................................................

Céline Dion ...............................................................................

Patrick Fiori ...............................................................................

Jean-Jacques Goldman ...............................................................................

Johnny Hallyday ...............................................................................

Indochine ...............................................................................

Michel Jonas ...............................................................................

Patricia Kaas ...............................................................................

Francis Lalanne ...............................................................................

MC Sollar ...............................................................................

Yannick Noah ...............................................................................

Pascal Obispo ...............................................................................

Michel Polnareff ...............................................................................

Renaud ...............................................................................

Michel Sardou ...............................................................................

Laurent Voulzy ...............................................................................

Christophe Willem ...............................................................................

Zazie ...............................................................................

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c) Quelle différence y a – t il entre un Oscar et un César ?26 (Vidéo en annexes)

8 - Le XIX ème siiècle   :

Introduction

Après les années de terreur qui ont suivi la révolution, c'est un jeune général, devenu consul puis empereur qui apportera une relative stabilité en France à la fin du XVIIIème et au début du XIXème siècle. Malgré de grandes réalisations et plusieurs victoires comme celle d'Austerlitz, Napoléon Ier sera finalement battu en Russie puis à Waterloo et exilé à Sainte-Hélène où il mourra. Il aura pu cependant créer de nouvelles structures administratives, les lycées et les universités, la Banque de France et le franc, et tout un recueil de lois, le Code Civil. On lui doit aussi la construction de célèbres monuments qui voulaient rappeler l'Antiquité romaine comme l'église de la Madeleine, et la gloire des empereurs romains victorieux comme l'Arc de Triomphe au bout de l'avenue des Champs Elysées à Paris.

Le reste du XIXème siècle fut marqué par une série de révolutions (parfois sanglantes) en 1830, en 1848 et en 1871 (la Commune), de monarchies (Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe, le roi bourgeois) et de deux républiques. Du point de vue économique et social, la France a vécu également de très grands changements d'abord sous l'empire de Napoléon III, neveu du premier, puis sous la IIIème république. La tour Eiffel construite pour l'exposition universelle de 1889 était un exemple de l'utilisation de l'acier que la révolution industrielle avait apporté. Cette révolution a aussi transformé les structures de la société en donnant naissance à une nouvelle classe sociale, celle des ouvriers. Ceux-ci effrayèrent certains gouvernements par leurs requêtes comme le droit de vote, de grève et de former des syndicats. D'autres gouvernements comme celui de Napoléon Bonaparte, et de la IIIème république (amenée par la défaite de l'empereur à Sedan) leur en accordèrent certains. En Afrique et en Asie, la France a développé son empire colonial exploitant les populations sous le prétexte de mission civilisatrice. En France, on comprend que les dialectes régionaux étaient encore parlés et qu'il fallait unifier tous les Français en leur apprenant le français. Jules Ferry a donc fait voter la loi qui a rendu les écoles laïques gratuites et obligatoires. En cette fin de siècle, la France est enfin devenue une démocratie capable de faire face aux crises économiques et politiques (affaire Dreyfus et annexion de l'Alsace et de la Lorraine par les Allemands).

Un coup d’œil d’ensemble sur le XIX siècle français révèle avant tout sa complexité. Au rythme heurté des évènements politiques correspond tout un enchevêtrement de courants d’idées et de mouvements littéraires. Aussi ne songeons-nous pas à le résumer d’un mot, comme le « siècle de la renaissance », le « siècle classique » ou le « siècle des lumières ». Privé de ce moyen commode de l’embrasser d’un seul regard, nous sommes en revanche préservés de la tentation de le simplifier abusivement et peut être sentons-nous mieux ainsi sa richesse et sa diversité, du ROMANTISME au REALISME, passant par le naturalisme pour finir avec le SYMBOLISME.

a) Les régimes politiques

De 1800 à 1900 la France a connu sept régimes politiques :

Le consulat (Bonaparte prit le pouvoir lors du coup d’état des 18-19 Brumaire (9 et10 novembre 1799) et instaura un nouveau régime, le consulat. Premier consul, Napoléon Bonaparte.

26 www.selenie.fr/article-differences-entre-oscar-cesar-82372868.html40

L’empire ( le 18 mai 1804 , après diverses sollicitations savamment orchestrées, le Sénat proclama Napoléon Bonaparte Empereur des français sous le nom de Napoléon I° et déclara l’empire héréditaire. La restauration (nom donné à la période de l’histoire de France qui vit le rétablissement de la monarchie au cours de laquelle régnèrent Louis XVIII (1814-1815 ,1815-1824 ) et Charles X ( 1824-1830 ).

La monarchie de juillet (régime politique de la France correspondant au règne constitutionnel de Louis Philippe de 1830 à 1848. La monarchie de juillet, monarchie constitutionnelle présentée comme « la meilleure des républiques ».

La seconde république (révolution française de février 1848 qui aboutit au remplacement de la monarchie par la II République française.

Le second empire (1852-1870) (Louis Napoléon proclama l’Empire le 2 décembre 1852 prenant le titre de Napoléon III.

La troisième république (1870-1940) Régime politique de la France de 1875 à1941. La III République fut le plus durable des régimes républicains. Née d’une défaite en 1870, elle s’effondra lors de la seconde guerre mondiale en juillet 1940 dans le chaos d’une autre défaite face à la même nation allemande.

C’est dire que le XIX siècle apparaît comme une période d’extrême instabilité.

b) Napoléon Bonaparte

Après les années de terreur qui ont suivi la révolution, c'est un jeune général, devenu consul puis empereur qui apportera une relative stabilité en France à la fin du XVIIIème et au début du XIXème siècle. Malgré de grandes réalisations et plusieurs victoires comme celle d'Austerlitz, Napoléon Ier sera finalement battu en Russie puis à Waterloo et exilé à Sainte-Hélène où il mourra. Il aura pu cependant créer de nouvelles structures administratives, les lycées et les universités, la Banque de France et le franc, et tout un recueil de lois, le Code Civil. On lui doit aussi la construction de célèbres monuments qui voulaient rappeler l'Antiquité romaine comme l'église de la Madeleine, et la gloire des empereurs romains victorieux comme l'Arc de Triomphe au bout de l'avenue des Champs Elysées à Paris

c) Les courants littéraires  :

. Le Romantisme:

Romantisme (littérature), courant littéraire, culturel et artistique européen dont les premières manifestations, en Allemagne et en Angleterre, datent de la fin du XVIIIe siècle. Il se manifesta par la suite en France et en Italie, mais aussi en Espagne, au Portugal et dans les pays scandinaves au cours des premières décennies du XIXe siècle. Le romantisme est un courant de sensibilité et de pensée qui a influencé l'art et la culture de toute l'Europe, et non une école.

C'est en tant que tel que le romantisme a marqué la création littéraire, que ce soit en Allemagne (Novalis, Wackenroder, Tieck, Kleist), en Angleterre, (Blake, Wordsworth, Coleridge, Byron, Shelley, Keats), en France (Stendhal, Lamartine, Vigny, Hugo, Musset, Gautier) ou en Italie (Manzoni, Leopardi).

Il y a déjà, en effet, dans les œuvres de Rousseau comme dans celles de Senancour, les premières expressions d'un des aspects les plus importants du romantisme : le sentiment de la nature, exprimé comme une extase fondée sur la ressemblance entre le paysage intérieur (celui de l'âme) et le paysage extérieur. Il y a déjà, aussi, dans René ou les Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand, une peinture de

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ce «mal de vivre» ou de ce «mal du siècle» qui devait être le thème privilégié de la poésie romantique, celle de Vigny ou de Musset par exemple.

Caractéristiques

Il est vrai que tous les romantismes nationaux eurent en commun d'être des mouvements destructeurs, rejetant les préceptes rationalistes du siècle des Lumières et les canons esthétiques du classicisme. En outre, à travers tout le courant européen du romantisme, des traits généraux s'affirmèrent nettement : la critique du rationalisme, la renaissance de l'intérêt pour la période médiévale gothique, le goût pour les paysages d'un Orient poétisé et pour l'évocation de la vie intérieure, la prééminence accordée au rêve et à l'imagination créatrice, et surtout un intérêt accru pour l'individu, perçu comme origine de la représentation.

Préromantisme et romantisme (v. 1780-1820)

Rousseau avec Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761) et les Rêveries du promeneur solitaire (1778), Mme de Staël avec Delphine (1802) et Corinne (1807), Chateaubriand avec Atala (1801) et René (1802), Senancour avec Oberman (1804), sont habituellement désignés comme les précurseurs du romantisme en France. Cette étiquette de précurseur leur convient en effet si l'on s'en tient à une définition du romantisme français comme école. Mais le lyrisme mélancolique, le sentiment d'une identité entre l'être intérieur et l'être de la nature, les élans successifs d'exaltation et de désespoir, le dégoût de la vie (que dépeint le René de Chateaubriand et qui définit l'âme romantique) sont tout aussi présents chez Rousseau que chez Lamartine ou Musset.

En outre, sur le plan thématique, les poètes romantiques utilisent couramment des mythes de l'Antiquité grecque ou romaine.

Les mythes faisant référence à la nature d'un point de vue panthéiste étaient, en particulier, un moyen d'exprimer le sentiment d'une identité secrète entre la nature créée et l'âme humaine : c'est le thème fameux du paysage comme reflet de l'âme (ou de la nature comme miroir de l'âme). La poésie, avant Baudelaire et sa poétique des Correspondances, était donc déjà, pour les romantiques, un outil privilégié pour dévoiler les liens cachés qui organisent l'univers.

Ce sont les Méditations (1820) de Lamartine qui constituent traditionnellement l'acte de naissance du lyrisme romantique en France.

La poésie romantique française, dès l'origine, eut pour maître-mot l'émotion. Marquant l'émergence de l'individu, elle met en avant l'expression, à la première personne, des sentiments et des états d'âme du poète. Loin des recherches formelles gratuites, cette poésie ne semble avoir d'autre thème, d'autre principe unificateur ni d'autre fin que le sujet lui-même. Celui-ci, fasciné par la complexité de son être intérieur, écrit moins pour un lecteur que pour y trouver «un soulagement de [son] propre cœur» (Lamartine).

En 1836, Jocelyn, suivi de la Chute d'un ange (1838), œuvre de Lamartine, se présente d'ailleurs comme une «épopée de l'âme». La Confession d'un enfant du siècle (1836) et les Nuits (1835-1837), de Musset, peignent aussi le dégoût de l'existence et les tourments d'une âme qui n'a pas en ce monde ce qu'elle désire. Quant à Vigny, il décrit dans Stello (1832), puis dans Chatterton (1835) ce qu'il appelle une «épopée de la désillusion», à travers l'itinéraire d'individus inaptes à trouver leur place dans la société.

Le romantisme et l’étranger : Si le classicisme du XVII siècle était spécifiquement français, le romantisme apparaît comme un mouvement européen. La poésie romantique a des sources nationales mais elle subit l’influence anglaise et allemande. Les méditations de Lamartine (1820), la bataille d’Hernani (1843) marquent les grandes dates du romantisme. Sa nature : Il est difficile de le définir dans sa diversité. Préférant l’imagination et la sensibilité à la raison classique, il se manifeste par un magnifique épanouissement du lyrisme personnel qu’avait préparé Chateaubriand et avant le préromantisme du XVIII siècle .Il est inspiré par l’exaltation du moi, exaltation inquiète et orgueilleuse .Ce lyrisme traduit aussi un large mouvement de communion avec la nature et avec l’humanité toute entière.

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. Le réalisme   :

Le courant réaliste est apparu en France entre 1850 et 1890. Il s’oppose alors au romantisme de la première moitié du siècle. Le concept du réalisme se manifeste aussi bien en littérature avec Champfleury et Louis Edmond Duranty, et par la suite Émile Zola et Guy de Maupassant, qu’en peinture avec Gustave Courbet. En effet, ce terme fut utilisé pour la première fois, presque comme une insulte, par les critiques à propos d'un tableau de Courbet, le fameux Enterrement à Ornans. Cette conception du réalisme, en littérature, aboutit en 1880 à la théorisation du naturalisme par Émile Zola

Les artistes « réalistes » refusent toute espèce d'idéalisme mensonger, qui donne de la réalité humaine et sociale une vision aseptisée, à la fois incomplète et fausse. Mais ces changements ne sont pas du goût de tous : on leur reproche leur vulgarité, leur manque de « goût », voire leur obscénité. La polémique prend une telle ampleur que Madame Bovary, le célèbre roman de Gustave Flaubert, pourtant très critique à l'égard du réalisme, mais embrigadé malgré lui dans ce courant, est traduit en justice pour immoralité en 1857, la même année que Baudelaire pour ses Fleurs du mal. De même Zola, le fondateur du naturalisme, est tympanisé dans tous les journaux bien-pensants, ce qui n'empêche pas ses romans de très bien se vendre. Les grands romanciers dont il se réclame, Balzac et Stendhal – que l'on redécouvre dans les années 1880 – connaissent aussi un vif succès auprès du public, succès qui s’étend à toute l’Europe.

Ce que l'on reproche alors au réalisme, c'est sa superficialité et son incapacité à percevoir la profondeur des êtres et des choses pour s'attacher à des détails ; c'est sa prétention naïve à peindre objectivement le monde, à travers des verres qui ne seraient pas déformants ; c'est aussi son refus de l'art, accusé de mensonge, au nom de la vérité sacralisée.

Les mots réalisme et naturalisme sont, certes, proches, mais ne signifient pas tout à fait la même chose pour autant. En effet, quand Champfleury parlait de réalisme, il désignait simplement la littérature du vrai, la volonté de reproduire le réel. C’est Émile Zola qui en premier utilisa le terme naturalisme en 1880 dans son célèbre essai Le Roman expérimental. Émile Zola donne alors une nouvelle dimension au réalisme, il y ajoute une facette qui se prétend scientifique et qui est supposée permettre une analyse objective de problèmes ou de faits tels que l’hérédité et l’alcoolisme.

Noms des auteurs et œuvres

Honoré de Balzac (la Comédie humaine , dont le Père Goriot, Eugénie Grandet) Gustave Flaubert (Madame Bovary), dont l'appartenance au mouvement réaliste est encore contestée Guy de Maupassant (Bel-Ami et La Rempailleuse qui, paradoxalement, pourrait appartenir au

courant romantique) Stendhal (Le Rouge et le Noir) Émile Zola (Les Rougon-Macquart, Thérèse Raquin) Victor Hugo (Les Misérables) Champfleury (Le Réalisme , les Bourgeois de Molinchart)

. Réalisme et Naturalisme

Ces deux courants recouvrent la 2ème moitié du XIX siècle et concernent essentiellement les romanciers.

L’écrivain réaliste et naturaliste veut montrer le monde tel qu’il est avec le progrès et ses dangers et non exprimer sa personnalité à travers un idéal auquel il croit. Se fondant sur l’observation et la documentation, les auteurs réalistes empruntent leurs personnages à la vie courante et aux couches modestes de la société. Ils

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privilégient le récit objectif présenté ou par les yeux (l’école du regard) ou par la pensée d’un personnage (le réalisme subjectif) auquel ils s’efforcent de donner des réactions propres.

Mais le réalisme ne présente qu’une réalité plausible. Le lecteur se contente de l’illusion du réel car l’écrivain réaliste ne reproduit rien : il anime de son regard singulier un fragment du monde visible auquel il donne une cohérence interne, un sens à la fois nécessaire et relatif. Le réel n’est pour lui qu’un matériau d’où il prélève les faits. Son objectivité apparente peut prendre souvent valeur de dénonciation.

Dans un siècle marqué par le développement des sciences (lois de l’hérédité, déterminisme du milieu), le courant réaliste, en réaction contre le romantisme, s’impose peu à peu jusqu’à devenir dominant à l’époque de Flaubert. Zola va encore plus loin avec le mouvement naturaliste qui veut analyser scientifiquement le comportement humain.

. Le Symbolisme :

Symbolisme : mouvement littéraire de la fin du XIXe siècle qui mit l'accent sur la valeur suggestive du langage, seule apte à déchiffrer l'univers considéré comme «le symbole d'un autre monde». En 1886, Jean Moréas publia dans le Figaro un article généralement considéré comme l'acte de naissance du symbolisme («Manifeste du symbolisme»). Bien que sa portée théorique soit plutôt restreinte, ce texte eut l'avantage de fédérer des écrivains en recherche, dont les visées étaient parfois fort différentes. Cependant, même après l'article de Moréas, la définition du symbolisme resta floue, bien que ce courant corresponde à l'aspiration commune de plusieurs poètes qui prétendaient entrer en contact avec le sens caché de l'univers par l'intermédiaire du symbole. Quoi qu'il en soit, cette sensibilité commune donna lieu à l'une des expressions les plus abouties du sacré en littérature. Les principaux précurseurs français du symbolisme furent les poètes Gérard de Nerval («Je crois que l'imagination humaine n'a rien inventé qui ne soit vrai») et Charles Baudelaire avec sa théorie des «correspondances». Le malaise profond ressenti par les écrivains de la fin du XIXe siècle est aussi à l'origine de ce mouvement de rejet absolu. Contre la poésie descriptive du Parnasse, contre le naturalisme de Zola et le réalisme de Flaubert, ou encore contre le romantisme social de Hugo, les symbolistes proclamèrent l'existence d'un autre monde masqué par le monde sensible, qu'il leur appartenait de déchiffrer. De fait, s'il est vrai que le courant symboliste s'inspira du romantisme allemand et du préraphaélisme anglais, il trouva en France parmi les «décadents» et les «hermétiques», héritiers de l'illuminisme de Nerval, ses plus grands instigateurs. Des écrivains tels Huysmans, Verlaine, Villiers de l'Isle-Adam, Charles Cros (ces deux derniers nourris respectivement de la lecture de Hegel et de Schopenhauer), ou encore, Jules Laforgue, par leur liberté de langage, leur génie de la suggestion et leur sens du rythme et des sonorités, renouvelèrent le fond et la forme des genres poétique et narratif. Dès 1880, les mardis du salon littéraire de Stéphane Mallarmé consacrèrent ce climat spirituel, en présidant à l'initiation des nouveaux adeptes de la beauté. Alors que les mouvements de Jean Moréas (le «romanisme») et Charles Maurras (le «naturisme») s'éloignaient progressivement du symbolisme au profit d'un néoclassicisme hellénisant, Mallarmé s'attacha à définir l'esthétique idéaliste du nouveau courant dans un article («Divagations», 1897) et dans l'avant-propos au Traité du verbe de René Ghil (1886). Remy de Gourmont, les poètes Laurent Tailhade, Gustave Kahn (l'inventeur du «vers libre»), Henri de Régnier, Viélé-Griffin, les belges Verhaeren et Maeterlinck, mais aussi le jeune André Gide (André Walser, 1891) furent d'ardents symbolistes. Bien que la poésie et le roman soient leurs modes d'expression privilégiés, les symbolistes s'emparèrent progressivement de la scène, avec des pièces de Maurice Maeterlinck (l'Intruse, 1890; Pelléas et Mélisande, 1892), de Paul Claudel (Tête d'or, 1890), de Villiers de l'Isle-Adam (Axel, 1894) ou encore de Saint-Pol Roux (la Dame à la faulx, 1899). Français à l'origine (du moins en tant que mouvement), le symbolisme prit bientôt une dimension internationale, et s'enracina plus particulièrement en Russie (Balmont, Blok), en Angleterre (Oscar Wilde), en Belgique (Rodenbach), et même en Amérique latine (Rubén Dario). Ainsi, pour la première fois dans l'histoire de la littérature, un mouvement esthétique prit la dimension du monde moderne, étendant ses ramifications jusqu'au Japon où la publication, en 1905, d'une anthologie des auteurs symbolistes français conduisit certains poètes nippons à envisager de nouvelles règles prosodiques.

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D'ailleurs, les apports du symbolisme, qui marqua incontestablement de son empreinte les théories surréalistes, continuent de se faire sentir aujourd'hui encore chez un certain nombre d'écrivains de tous les pays.

. Le reste du XIXème siècle fut marqué par une série de révolutions (parfois sanglantes) en 1830, en 1848 et en 1871 (la Commune), de monarchies (Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe, le roi bourgeois) et de deux républiques. Du point de vue économique et social, la France a vécu également de très grands changements d'abord sous l'empire de Napoléon III, neveu du premier, puis sous la IIIème république. La tour Eiffel construite pour l'exposition universelle de 1889 était un exemple de l'utilisation de l'acier que la révolution industrielle avait apporté. Cette révolution a aussi transformé les structures de la société en donnant naissance à une nouvelle classe sociale, celle des ouvriers. Ceux-ci effrayèrent certains gouvernements par leurs requêtes comme le droit de vote, de grève et de former des syndicats . En Afrique et en Asie, la France a développé son empire colonial exploitant les populations sous le prétexte de mission civilisatrice. En France, on comprend que les dialectes régionaux étaient encore parlés et qu'il fallait unifier tous les Français en leur apprenant le français. Jules Ferry a donc fait voter la loi qui a rendu les écoles laïques gratuites et obligatoires. En cette fin de siècle, la France est enfin devenue une démocratie capable de faire face aux crises économiques et politiques (affaire Dreyfus et annexion de l'Alsace et de la Lorraine par les Allemands).

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9 – Le 20 ème siècle   :

Deux fois détruite par les guerres mondiales (1914-18, et 1939-45), la France a relevé le défi pour se reconstruire et devenir à nouveau la puissance qu'elle avait été. Après avoir mis fin à la Grande Guerre par le traité de Versailles en 1919, les Français marqués par les grandes batailles (la Marne et Verdun) qu'ils venaient de vivre, ont dû faire face à des crises économiques dont la grande dépression. Peu après, les troupes d'Hitler ont contourné la fameuse ligne Maginot et les Français sont vaincus en 1940.

Pendant les années d'occupation allemande, la France est divisée géographiquement et politiquement entre ceux qui collaborent (gouvernement de Vichy, dirigé par un des héros de la 1ère guerre, le maréchal Pétain) et ceux qui résistent (comme Jean Moulin) encouragés lors de l'appel du 18 juin du général de Gaulle.

Au mois d'août 1944, Paris sera libérée grâce aux troupes alliées qui avaient débarqué en Normandie en juin. La paix signée, le gouvernement de la quatrième république est faible et incapable de résoudre les conflits dans ses colonies causés par les deux guerres d'indépendance en Indochine (au Viêt-nam) puis en Algérie.  De Gaulle rappelé au gouvernement, sera élu président en 58 puis en 65. C'est lui qui créa une nouvelle constitution donnant plus de pouvoirs au président et ainsi fonda la 5ème république. Il accorda aussi l'indépendance aux colonies en Afrique y compris à l'Algérie, et créa le nouveau Franc. De son empire colonial, la France n'a plus aujourd'hui que des DOM-TOM (des départements et des territoires outre-mer) et des POM (pays d'outre-mer).

Après un boum économique et technologique sans précédent, secoué dans ses valeurs traditionnelles par la révolution des étudiants en mai 68, (démission du général de Gaulle en 69) le pays se modernisa dans toutes ses structures, économiques, politiques, sociales et culturelles. Clovis avait fait de Paris, sa capitale. Ses successeurs y ont centralisé le pouvoir et la vie culturelle. Aujourd'hui, le programme de décentralisation commencé sous la présidence de Mitterrand, un socialiste, donne plus de pouvoirs aux élus locaux, encourage les compagnies à s'installer en province, crée des musées et des théâtres un peu partout et arrête ainsi l'exode vers Paris qui continue cependant à jouer son rôle de capitale. Les Français se disent heureux mais inquiets devant le problème continuel du chômage, (surtout chez les jeunes), et de l'immigration illégale. Les incertitudes causées par leur intégration à l'Union Européenne les rendent moins enthousiastes ayant de plus en plus le sentiment de perdre leur autonomie et leur identité culturelle

a)- La Belle époque   :

La Belle Époque est une période historique de progrès social, économique, technologique et politique en Europe, s'étendant de la fin du XIX e   siècle au début de la Première Guerre mondiale en 1914.L'expression est née après la Première Guerre mondiale pour évoquer la période antérieure à la Grande Guerre et postérieure à la dépression économique de 1870 à 1895. Dans cette désignation, il y a une part de réalité (expansion, insouciance, foi dans le progrès…).

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La France de la Belle Époque est aussi l'un des plus grands empires coloniaux de l'époque. Cet empire est exposé lors des Expositions universelles. La colonisation était à l'époque souvent perçue comme positive parmi une certaine élite républicaine, souvent de gauche, et les critiques ont mis du temps à se mettre en place, mais elles ont existé ; Georges Clemenceau (parti radical) s'y est opposé avec véhémence lors de joutes oratoires contre Jules Ferry. Excepté la gauche classique, la droite monarchiste (Maurras) et une certaine frange marginale de la gauche marxiste ou encore la masse des paysans et ouvriers, ont toujours été contre la colonisation lors de la Belle Époque.

Après la guerre franco-prussienne, l'Europe vit une longue période de paix de quatre décennies, chose rare et favorable aux progrès économiques et techniques. Tous ces progrès touchent plus particulièrement la France, le Royaume-Uni, la Belgique, l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche-Hongrie.

Dans toute l'Europe, la main-d’œuvre s'organise en syndicats ou en partis politiques : c'est pendant cette période qu'apparaissent les premiers partis socialistes européens, de plus en plus influents.

Les populations de cette époque sont très optimistes et insouciantes quant à l'avenir, grâce aux extraordinaires progrès techniques. Le positivisme27 et le scientisme28 ont fait leur apparition. La Belle Époque se fait ressentir essentiellement sur les boulevards des capitales européennes, dans les cafés et les cabarets, dans les ateliers et les galeries d'art, dans les salles de concert et les salons fréquentés par une moyenne bourgeoisie qui profite des progrès économiques.

Paris est une ville en pleine urbanisation et modernisation, à l'image de la France. Elle incarne à elle seule le prestige de la France à la Belle Époque. Fortement rénovée par Haussmann, la capitale se peuple de plus en plus.

La culture politique dominante était la République, sous la forme française de la démocratie libérale avec un large consensus patriotique.

La culture républicaine s'est imposée progressivement en s'enracinant dans des fêtes, rites et symboles nationaux, comme la Marseillaise (hymne national en 1879) et la fête nationale du 14 juillet (fête nationale en 1880). La culture républicaine se voulait héritière du libéralisme des Lumières et s'inscrivait autour du positivisme. La culture dominante a essayé de répondre aux attentes de la classe moyenne et bourgeoise en protégeant notamment les droits des individus et en favorisant la liberté d'entreprise. Elle a eu un rôle décisif sur la laïcité, l'instruction publique et la formation du citoyen.

L’Affaire Dreyfus a durablement marqué les esprits, tant par son hostilité que son intensité, et malgré la grâce présidentielle dont a joui le militaire en 1901, cette affaire a eu pour conséquence de constituer en France deux blocs antagonistes, sur un fonds religieux.

b) L’affaire Dreyfus

L’affaire Dreyfus est un conflit social et politique majeur de la Troisième République survenu à la fin du XIX e   siècle , autour de l’accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, Français d’origine alsacienne et de confession juive, qui sera finalement innocenté. Elle a bouleversé la société française pendant douze ans, de 1894 à 1906, la divisant profondément et durablement en deux camps opposés, les « dreyfusards » partisans de l’innocence de Dreyfus, et les « antidreyfusards » partisans de sa culpabilité. En mars 1898, Émile Zola est photographié par Félix Nadar dans l'attitude qu'évoque la conclusion de

27 Le terme positivisme désigne un ensemble de courants qui considère que seules l'analyse et la connaissance des faits vérifiés par l'expérience peuvent expliquer les phénomènes du monde. La certitude en est fournie exclusivement par l'expérience scientifique. Il rejette l'introspection, l'intuition et toute approche métaphysique pour expliquer la connaissance des phénomènes.28 Il s'agit donc d'une confiance (le terme de foi ne s'applique pas dans le domaine expérimental) dans l'application des principes et méthodes de la science expérimentale dans tous les domaines.

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« J'accuse...! » : « J'attends ». « J’accuse… ! » est le titre d'un article rédigé par Émile Zola lors de l'affaire Dreyfus. Il est publié dans le journal L'Aurore du 13 janvier 1898 sous la forme d'une lettre ouverte au président de la République française, Félix Faure.

Les impressionnistes avaient ouvert la voie en 1874 en étudiant la variation des couleurs en fonction de la lumière. Auguste Renoir et Claude Monet continuent à travailler de cette façon à la Belle Époque. Mais d’autres peintres ouvrent de nouvelles voies de recherche. C’est le cas de Gauguin qui juxtapose des aplats de couleurs vives et simplifie à l’extrême le tracé pour faire ressortir l’authenticité des scènes. Cézanne et Van Gogh accentuent ces tendances en recourant à des couleurs très heurtées et à un dessin qui fait de Cézanne le précurseur des cubistes.

Les formes sont traitées par les cubistes de façon révolutionnaire; la vision du réel est éclatée, décomposée, pour être restructurée selon des conceptions intellectuelles où les formes qui s’imposent sont le cube, la sphère et le cylindre. Pablo Picasso et Georges Braque ou Juan Gris sont les maîtres de la tendance.

Les Demoiselles d'Avignon achevées par Picasso en 1907 sont considérées comme le premier manifeste cubiste. La construction du tableau est rigoureuse, les tracés géométriques articulent la composition, les emprunts du peintre aux civilisations africaines donnent à l'œuvre un caractère étrange qui a été très contesté au moment de l’exposition.

Les expositions universelles de 1889 (présentation de la tour Eiffel) et de 1900 (électricité : Paris, ville lumière !) sont les symboles de la Belle Époque.

Pendant les années d'occupation allemande, la France est divisée géographiquement et politiquement entre ceux qui collaborent (gouvernement de Vichy, dirigé par un des héros de la 1ère guerre, le maréchal Pétain) et ceux qui résistent (comme Jean Moulin) encouragés lors de l'appel du 18 juin du général de Gaulle.

Au mois d'août 1944, Paris sera libérée grâce aux troupes alliées qui avaient débarqué en Normandie en juin. La paix signée, le gouvernement de la quatrième république est faible et incapable de résoudre les conflits dans ses colonies causés par les deux guerres d'indépendance en Indochine (au Viêt-nam) puis en Algérie.  De Gaulle rappelé au gouvernement, sera élu président en 58 puis en 65. C'est lui qui créa une nouvelle constitution donnant plus de pouvoirs au président et ainsi fonda la 5ème république. Il accorda aussi l'indépendance aux colonies en Afrique y compris à l'Algérie, et créa le nouveau Franc. De son empire colonial, la France n'a plus aujourd'hui que des DOM-TOM (des départements et des territoires outre-mer) et des POM (pays d'outre-mer).

Après un boum économique et technologique sans précédent, secoué dans ses valeurs traditionnelles par la révolution des étudiants en mai 68, (démission du général de Gaulle en 69) le pays se modernisa dans toutes ses structures, économiques, politiques, sociales et culturelles comme le montre ce musée sur la photo, le centre Pompidou (Beaubourg) dont l'audace architecturale ne cesse de surprendre mais qui attire de très nombreux visiteurs. Clovis avait fait de Paris, sa capitale. Ses successeurs y ont centralisé le pouvoir et la vie culturelle. Aujourd'hui, le programme de décentralisation commencé sous la présidence de Mitterrand, un socialiste, donne plus de pouvoirs aux élus locaux, encourage les compagnies à s'installer en province, crée des musées et des théâtres un peu partout et arrête ainsi l'exode vers Paris qui continue cependant à jouer son rôle de capitale. A la veille du XXIème siècle les Français se disent heureux mais inquiets devant le problème continuel du chômage, (surtout chez les jeunes), et de l'immigration illégale. Les incertitudes causées par leur intégration à l'Union Européenne les rendent moins enthousiastes ayant de plus en plus le sentiment de perdre leur autonomie et leur identité culturelle, sentiment aggravé par ce que certains appellent l'invasion culturelle américaine. La quête des Français pour améliorer leur qualité de vie et pour se

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définir continuera au XXIème siècle.  Tournés vers l'avenir, ils n'en oublient pas pour autant les leçons du passé.

d) Les prix littéraires :

Prix Nobel de littérature

Le prix Nobel de littérature récompense annuellement, depuis 1901, un écrivain ayant rendu de grands services à l'humanité grâce à une œuvre littéraire qui, selon le testament du chimiste suédois Alfred Nobel, « a fait la preuve d'un puissant idéal ...

Gagnants

Svetlana Aleksievitch 2015

Patrick Modiano 2014

Alice Munro 2013

Mo Yan 2012

Tomas Tranströmer 2011

Mario Vargas Llosa 2010

Herta Müller 2009

J. M. G. Le Clézio 2008

Doris Lessing 2007

Orhan Pamuk 2006

Harold Pinter 2005

Elfriede Jelinek 2004

J. M. Coetzee 2003

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Imre Kertész 2002

V. S. Naipaul 2001

Gao Xingjian 2000

Günter Grass 1999

José Saramago 1998

Dario Fo 1997

Patrick Modiano prix Nobel de littérature 2014

A 69 ans, le romancier devient le quinzième Français à recevoir la prestigieuse récompense.

Le romancier français Patrick Modiano a reçu jeudi le prix Nobel de littérature 2014. A 69 ans, il devient ainsi le quinzième Français à recevoir la prestigieuse distinction. 

Modiano a été récompensé pour «l’art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l’Occupation», a indiqué l’Académie suédoise dans un communiqué. Son «univers est fantastique, ses livres se répondent les uns aux autres», a expliqué le

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secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise Peter Englund à la télévision publique suédoise SVT, qualifiant l’auteur de «Marcel Proust de notre temps».

«Cela me semble un peu irréel parce que je me souviens de souvenirs d’enfance, même Camus, je devais avoir 12 ans, et puis d’autres», a dit le romancier lors d’une conférence de presse chez son éditeur Gallimard, à Paris. «Cela me semble un peu irréel d’être confronté avec des gens que j’ai admirés» , a-t-il ajouté. «C’était comme une sorte de dédoublement avec quelqu’un qui s’appelait comme moi (...) Tout cela a été un peu abstrait», a-t-il ajouté. «J’ai vu que j’étais (dans les listes, ndlr), mais je ne m’attendais pas du tout.»

Patrick Modiano s’est aussi interrogé sur les raisons du choix du jury et a dédié son prix à son petit-fils suédois. «Je voudrais savoir comment ils ont expliqué ce choix, j’ai hâte de voir quelles sont les raisons pour lesquelles ils m’ont choisi», a-t-il déclaré. «J’ai un lien avec la Suède. Mon petit-fils est suédois, je lui dédie ce prix parce que c’est son pays», a-t-il ajouté.

Son éditeur, Antoine Gallimard, pensait «qu’il aurait fallu attendre 30 ans pour qu’un autre Français soit couronné par le Nobel après Le Clézio». Et aussi que ce prix récompensait «plutôt des livres qui brassent les époques, les évènements. Là, ils ont choisi une œuvre qui est dans l’intimité, le mystère», a-t-il noté.

L'œuvre de Patrick Modiano est un jeu de piste permanent, où rien n’est laissé au hasard. Un critique littéraire de l’Express avait relevé qu’au moins cinq personnages, issus de cinq romans, logeant à cinq adresses différentes, partageaient un seul numéro de téléphone : Auteuil 15-28. Le romancier français a centré toute son œuvre sur le Paris de la Seconde Guerre mondiale, dépeignant le poids des événements tragiques d’une époque troublée sur le destin de personnages ordinaires.

Son style sobre, limpide, a fait de lui un écrivain accessible et apprécié du grand public comme des milieux littéraires. «Ses livres parlent beaucoup de recherche, recherche de personnes disparues, de fugitifs [...]. Ceux qui disparaissent, les sans-papier et ceux avec des identités usurpées», a souligné Peter Englund.

Traduit en 36 langues

Protégé de Raymond Queneau, Patrick Modiano a publié son premier roman, la Place de l’Etoile, en 1968. Il a depuis écrit une trentaine de romans, tous publiés chez Gallimard. En 1974, il a écrit, avec le cinéaste Louis Malle, le scénario d’un film à succès, Lacombe Lucien, l’histoire d’un adolescent tenté par l’héroïsme, et qui plonge dans la collaboration dans la France de 1944. Il est également l’auteur d’autres scénarios, ainsi que d’un essai avec Catherine Deneuve sur la sœur tôt disparue de l’actrice, François Dorléac.

Juré en 2000 du Festival de Cannes, il a aussi écrit des paroles de chansons, comme Etonnez-moi Benoît !, interprétée par Françoise Hardy, et publié un entretien avec l’essayiste Emmanuel Berl (Interrogatoire).

Il obtient en 1972 le Grand Prix du roman de l’Académie française pour les Boulevards de ceinture, le Goncourt en 1978 avec Rue des boutiques obscures et le Grand Prix national des lettres pour l’ensemble de son œuvre en 1996. Patrick Modiano est traduit en quelque 36 langues, dont en suédois dans la maison d’édition d’Elisabeth Grate, qui publie également les œuvres de Jean-Marie Le Clézio, dernier prix Nobel de littérature français, consacré en 2008.

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Le prix Nobel de littérature 2015

Attribué à la Biélorusse Svetlana Alexievitch L'auteur de "la Fin de l'homme rouge" succède à Patrick Modiano.

En attribuant le prix Nobel de littérature à la Biélorusse Svetlana Alexievitch, qui faisait figure de grande favorite, l’académie suédoise récompense une auteure qui a la passion du réel. De livre en livre, cette écrivaine engagée, née en Ukraine en 1948, dénonce la guerre, la violence, le mensonge dont fut tissée l’histoire de l’ancien empire soviétique. Première femme de langue russe à recevoir cette récompense, elle prend la suite de Pasternak (1958), Soljenitsyne (1970) et Brodsky (1987).

Son œuvre forte et cohérente chemine à la lisière du documentaire. Les livres de Svetlana Alexievitch – six à ce jour – sont bâtis à partir de récits, tous patiemment collectés, dans un souci de vérité et de justesse. « Je vais vers l’homme pour rencontrer son mystère », dit-elle, « d’âme à âme, parce que tout se passe là ». Svetlana Alexievitch n’a jamais recours à la fiction : seul le récit lui paraît être véritablement à la hauteur de ce qui arrive. Elle en donne la preuve dès son premier ouvrage, La guerre n’a pas un visage de femme, publié en 1985, rassemblant les souvenirs des combattantes de la seconde guerre mondiale. Rompant avec la geste héroïque, l’ouvrage fait entendre la vérité de cette « inhumaine besogne humaine » qu’est la guerre. Il est jugé « antipatriotique, naturaliste, dégradant » par les pouvoirs en place. Mikhaïl Gorbatchev, malgré la polémique, n’interdit pas le livre. Il se vend en URSS à plusieurs millions d’exemplaires.

« Sculpter une époque »

Mais c’est Les Cercueils de zinc (1989), consacré au retour d’Afghanistan, qui la mène devant la justice en même temps qu’il la fait connaître en Europe. Sept ans plus tard, La Supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l’Apocalypse, traduit en dix-sept langues, – et à ce jour encore interdit en Biélorussie –, donne la pleine mesure de son talent : un chœur d’hommes et de femmes y raconte le calvaire subi après l’accident nucléaire. Magistrale polyphonie que l’on retrouve dans son dernier ouvrage en date, La Fin de l’homme rouge (2013, prix Médicis essai), consacré à cet « homo sovieticus » qu’il s’agit de sauver du mensonge et de l’oubli en en racontant les rêves, les épreuves et surtout le tragique destin. « Sculpter une époque », voilà ce qui importe à l’écrivaine, rendre ses spasmes et ses tremblements. Non pas l’histoire, telle que consignée dans les archives et les chroniques autorisées, mais « l’histoire des émotions, de l’esprit, de l’expérience humaine ».

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Fille d’instituteurs qui l’ont inscrit aux Komsomols (les Jeunesses communistes), élevée dans une petite ville, Svetlana Alexievicth a fait des études de journalisme en Biélorussie. Très critique du régime d’Alexandre Loukachenko qui préside aux destinées de son pays depuis plus de vingt ans, elle vit aujourd’hui à Minsk, après un long séjour à Berlin.

Le Prix Goncourt 2015

Le prix Goncourt est un prix littéraire français récompensant des auteurs d'expression française, créé par le testament d'Edmond de Goncourt en 1896. La Société littéraire des Goncourt fut officiellement fondée en 1902 et le premier prix Goncourt fut proclamé le 21 décembre 1903. Ce prix annuel est décerné au début du mois de novembre par l'Académie Goncourt, après trois présélections successives, en septembre et en octobre, parmi les romans publiés dans l'année en cours. C'est le prix littéraire français le plus ancien et considéré comme le plus prestigieux.

Le prix Goncourt 2014 va à... Lydie Salvayre

Dans "Pas pleurer", la romancière raconte la guerre d'Espagne, et l'engagement de Georges Bernanos aux côtés des républicains.

Lydie

Le prix Goncourt 2014 a été attribué ce mercredi 5 novembre à Lydie Salvayre pour son roman «Pas pleurer» (Seuil). La romancière obtient le prix au 5e tour de scrutin avec six voix, contre quatre à Kamel Daoud, auteur de «Meursault, contre-enquête» (Actes Sud). Le jury a déjoué tous les pronostics, puisqu’on prévoyait un combat final entre Daoud et David Foenkinos, auteur de « Charlotte » (Gallimard).

Dans «Pas pleurer», l’auteur de «la Compagnie des spectres» revient sur l’engagement de Georges Bernanos pendant la guerre civile espagnole, ainsi que sur l’histoire de sa famille. La romancière, Lydie Arjona de son vrai nom, ancienne psychiatre, est en effet la fille de républicains espagnols en exil. Elle écrit: «L'été radieux de ma mère, l'année lugubre de Bernanos: deux scènes d'une même histoire.»

La lauréate, les larmes aux yeux, a déclaré: «Je suis très heureuse, je suis très émue.» C'est aussi une très belle rentrée littéraire pour son éditeur, le Seuil, qui, en plus du Goncourt, décroche le prix Médicis avec «Terminus radieux» d'Antoine Volodine, et compte bien attraper demain jeudi le prix Décembre avec le «Sigmund Freud» d'Elisabeth Roudinesco. 

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«Nous avons d’abord couronné un roman d’une grande qualité littéraire, un livre à l’écriture très originale, même si je regrette qu’il y ait parfois trop  d’espagnol», a déclaré Bernard Pivot, président du jury.

Pierre Assouline, qui tweetait récemment son inquiétude quant au lauréat de l’année, craignant sans doute le sacre de David Foenkinos, ne cache pas son soulagement, et ne cache pas non plus que Salvayre n'était pas son premier choix:

Ceux qui ont défendu dans le jury Kamel Daoud, comme moi, sont ravis que ce soit finalement Lydie Salvayre. Si le lauréat avait été Daoud, cela aurait été plus historique, mais c’est son premier roman, il va écrire d’autres livres.

Dans «Meursault, contre-enquête», le journaliste algérien Kamel Daoud revisite «l’Etranger» de Camus, du point de vue arabe. On rappelle que dans «l’Etranger», paru en 1942, Meursault est condamné à mort pour avoir tué un Algérien, qui n’est jamais nommé. Soixante-deux ans plus tard, Daoud, dans une sorte de spin- off littéraire , offre la parole au frère de «l’Arabe», relit le chef d’œuvre de Camus sous l’angle des rapports coloniaux et donne un nom au personnage le plus fantomatique du roman français.

Mathias Enard remporte le prix Goncourt 2015 avec Boussole

VIDÉO - Le romancier français de 43 ans décroche cette prestigieuse distinction pour son septième roman, publié aux éditions Actes Sud.

Mathias Enard est le lauréat du Prix Goncourt 2015 pour son roman ambitieux aux tonalités nocturnes Boussole (publié chez Actes Sud). Il a été récompensé dès le premier tour avec six voix, contre deux à Tobie Nathan (Ce pays qui te ressemble) et deux à Hédi Kaddour (Les Prépondérants).

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Il succède au palmarès à Lydie Salvayre (Pas pleurer). Roman de près de 400 pages, Boussole peut être lu comme un pont jeté entre l'Europe et l'Orient, à travers le regard du musicologue autrichien Franz Ritter, accompagné de la mystérieuse Sarah.

À travers Alep, Damas, Palmyre ou encore Téhéran, on y croise de nombreux voyageurs, aventuriers, écrivains, musiciens, artistes, surgis des siècles passés. Le livre s'ouvre sur une longue phrase envoûtante qui débute ainsi: «Nous sommes deux fumeurs d'opium chacun dans son nuage, sans rien voir au-dehors, seuls, sans nous comprendre jamais nous fumons, visages agonisants dans un miroir, nous sommes une image glacée à laquelle le temps donne l'illusion du mouvement…».

Né en 1972 à Niort, Mathias Enard a été étudiant à l'École du Louvre (art islamique) avant de faire de longs séjours au Moyen-Orient après avoir appris l'arabe et le persan à l'Inalco (Langues O). Son premier roman (La perfection du tir) paraît au moment de la création du collectif Inculte, il y a une dizaine d'années, où l'on trouve également Maylis de Kerangal, Claro, Mathieu Larnaudie, Arno Bertina…

« Un des objectifs était de lutter contre l'image simpliste et fantasmée d'un Orient musulman et ennemi»

Mathias Enard

À cette époque, il est déjà installé à Barcelone où il enseigne. En 2005, il publie chez Actes Sud Remonter l'Orénoque puis trois ans plus tard Zone (qui rafle les prix Décembre et du Livre Inter). En 2010, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants remporte le prix Goncourt des lycéens.

Deux ans plus tard, Rue des voleurs brosse le portrait d'un jeune Marocain de Tanger sur fond de «Printemps arabe». Le roman est sélectionné par l'Académie Goncourt dans sa première liste. Mathias Enard est également traducteur de l'arabe et de l'espagnol.

Récemment, il déclarait à propos de Boussole, son septième roman: «Un des objectifs était de lutter contre l'image simpliste et fantasmée d'un Orient musulman et ennemi, en montrant tout ce qu'il nous a apporté (…).» Après avoir passé deux ans à Berlin, le lauréat du Goncourt va rejoindre sa seconde terre d'élection, Barcelone, où il tient un restaurant…

d) Les fêtes en France  :

Le muguet du 1er mai

Origine et la tradition du muguet du 1er mai

Le muguet

Le muguet est une fleur "porte-bonheur" qu'on offre habituellement le 1er mai, jour de la fête du travail. Cette tradition date de 1561, année ou le roi Charles X décida d’en offrir à toutes les dames de la cour. Comme il en avait reçu à cette même date, l’idée lui plût et c’est lui qui lança cette bonne habitude !

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Le nom latin du muguet est : convallaria maïalis. En anglais on l'appelle: Lily of the Valley, c'est joli, non ?

Fête du Travail

Le 1er Mai est le jour de la ‘Fête du travail’. C’est pendant la seconde guerre mondiale, en 1941, sous le gouvernement de Vichy, que cette date fut officialisée. En 1947, à la Libération, le 1er Mai devient un jour férié et payé. Premier janvier: Férié/LaïqueOn décore la maison avec du gui, symbole du bonheur. On s’embrasse à minuit en se souhaitant "bonne année". On réveillonne toute la nuit.Epiphanie (Fête des Rois): Premier dimanche après le Jour de l’An.Catholique : apparition de Jésus aux Trois Mages. On partage une galette dans laquelle on a caché une fève. Celui ou celle qui trouve la fève devient le "Roi" ou la "Reine" et on lui place une couronne sur la tête.Chandeleur: 2 février/Non-férié/Catholique Jésus a 40 jours et Simeon le nomme : "Lumière des Nations".C’est le jour des "chandelles". On fait des crêpes à la maison. Tradition : Faites sauter des crêpes dans la poêle avec une pièce de monnaie dans la main gauche si vous voulez faire rentrer la fortune à la maison.Saint Valentin: 14 février/Non-férié/Laïque, l’origine est anglo-saxonne.C’est la fête des amoureux : on offre des fleurs à celui ou celle qu’on aime.Mardi-Gras: 40 jours avant Pâques/Non-férié/Catholique.Dernier jour du Carnaval avant le Carême, qui commence avec le jeûne du Mercredi des Cendres et finit 40 jours plus tard, à Pâques. Le jour du Carnaval, des chars grotesques défilent dans les rues et les enfants se déguisent. 1er Avril: Non-férié/LaïqueJour des plaisanteries, des blagues, des canulars, des fausses nouvelles dans les médias. Les enfants s’accrochent des petits poissons de papier dans le dos.Rameaux7 jours avant Pâques: Dimanche/Catholique : en souvenir de l’entrée de Jésus a Jérusalem.Des rameaux (jeunes branches) sont bénis à la messe. Les rameaux sont déposés ensuite dans les maisons, ou sur les tombes.Pâques22-25 avril: Dimanche et lundi/Férié/Catholique : en souvenir de la Résurrection de Jésus.C’est l’occasion de grandes messes. Les enfants cherchent des œufs en chocolat dans les maisons et jardins que les cloches de Rome ont fait tomber du ciel. Ce sont en fait les parents qui les ont cachés. Fête du Travail: Premier mai/fériéLaïque : commémoration de la manifestation des syndicats d’ouvriers américains en 1886.Les familles vont cueillir le muguet dans les forêts et on en décore les maisons. Des manifestations sont organisées par les syndicats pour symboliser l’unité des travailleurs.Victoire 1945: 8 mai/férié/Laïque : commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-45).Des cérémonies ont lieu en souvenir des soldats tués pendant la guerre. Des gerbes de fleurs sont déposées sur la tombe du Soldat Inconnu, au pied de l’Arc de Triomphe à Paris et sur les Monuments aux Morts.Ascension: 40 jours après Pâques/Jeudi/férié/Catholique : Jésus monte au ciel.Des messes sont célébrées dans les églises.Pentecôte: 50 jours après Pâques/ Dimanche et lundi/férié/Catholique : Commémore la descente du Saint Esprit sur les Apôtres.Des messes sont célébrées dans les églises.Fête des Mères: Dernier dimanche de mai/Laïque (cir. 1950)Les enfants offrent des cadeaux à leur mère.Fête des Pères: Troisième dimanche de juin/LaïqueLes enfants offrent des cadeaux à leur père.

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Fête de la Musique : 21 juin /Non-férié /Laïque : créée dans les années 80 Des concerts sont organisés partout dans le pays. Chacun peut organiser son propre concert dans la rue, sur les places. C’est une grande fête populaire qui a lieu dans plus en plus de pays. Fête Nationale: 14 juillet/férié/Laïque : commémore la prise de la Bastille en 1789.Des défilés militaires ont lieu, en particulier sur les Champs Elysées à Paris. On tire des feux d’artifice partout dans le pays. Des bals populaires sont organisés dans toutes les villes.Assomption: 15 août/férié/Catholique : en souvenir de la montée de la Sainte Vierge au ciel.Des défilés et des processions ont lieu partout dans le pays. Des bals populaires sont organisés, ainsi que des feux d’artifice.Toussaint: Premier novembre/férié/Catholique : fête de tous les SaintsC’est une fête en souvenir des morts. Le 2 novembre, on se rend dans les cimetières pour fleurir les tombes avec des chrysanthèmes.Armistice de 1918: 11 novembre/férié/Laïque : Commémoration de la fin de la Première Guerre mondiale (1914-18).Des cérémonies ont lieu en souvenir des soldats tués pendant la guerre. Des gerbes de fleurs sont déposées sur la tombe du Soldat Inconnu, au pied de l’Arc de Triomphe à Paris et sur les Monuments aux Morts.Sainte Catherine: 25 novembre: Non-férié/CatholiqueCette fête célèbre les jeunes filles de 25 ans qui ne sont pas encore mariées. Les "catherinettes" sont les reines des réceptions organisées en leur honneur. Elles portent un chapeau qu’elles ont confectionné elles-mêmes. C’est une féte de moins en moins célébrée aujourd’hui.Noël: 25 décembre/férié/ Catholique :Naissance de Jésus. C’est une fête familiale. Un sapin de Noël et une crèche sont installés dans la maison. Les enfants reçoivent des cadeaux du "Père Noël". Des messes sont célébrées le 24 à minuit, après le repas familial.

d) Le Slam en quelques mots

« C'est ce que j'ai découvert dans le slam : tout le monde peut écrire, tout le monde a le droit de s'exprimer en jouant avec les mots. Mais les gens ne le savent pas forcément. Et moi je regrette qu'à l'école on ne m'ait jamais fait écrire un poème ». Grand Corps Malade

Le slam est une forme de poésie urbaine, moderne et vivante. Il a la particularité de n’avoir aucune règle de thématique, de style, ou de format de texte. Au départ, il se présente comme une joute verbale, avec un public, un jury choisi par hasard dans ce même public. Ces rencontres de slam sont nées dans des bars de Chicago vers 1984. Il arrive en France en 1995 et un peu plus tard chez nous. L’un de ses représentants les plus connus en France est « Grand Corps Malade », que nos élèves ont d’ailleurs rencontré lors de l’un de ses concerts en Belgique. La fonction première du slam est de pouvoir prendre la parole devant un auditoire. On peut le considérer comme de l’expression populaire. Chacun peut prendre la parole, à condition d’avoir quelque chose à dire, et d’oser se présenter devant le micro.

Au départ le slam se faisait sans musique. Il a maintenant évolué et les deux branches coexistent. Les rencontres de slam se font sans musique, mais les représentations des slameurs professionnels se font généralement avec un accompagnement musical.

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10 - Synthèse   :

1) Les caractéristiques dominantes de la société française du 16 ème siècle   :

Une période cruciale, dans la mesure où la France connaît une évolution importante dans certains domaines :

a.     La Renaissance littéraire en France : De grands écrivains (Rabelais, Montaigne, Ronsard)

b.     Naissance du concept de l’humanisme

2) Evolution et caractères dominants de la Société française du 17ème siècle :

a.     Apogée de la monarchie absolue (sous le régime de Louis XIII et Louis XIV). Le territoire français ressemble à ce qu’il est aujourd’hui. Le développement du commerce et de l’industrie.

b. C’est l’époque du faste à Versailles (le musicien Lully, les jardins de Le Nôtre). Cette époque se termine dans la famine suite aux guerres de   Louis XIV.

c.      Les beaux-arts : la magnificence du régime trouve en particulier son expression dans une architecture grandiose dont le plus majestueux est celui du palais de Versailles(en annexes)29 La sculpture et la peinture traduisent cette même aspiration de noblesse.

d)      Evolution des idées morales : Le véritable objet de la littérature du 17ème siècle est l’analyse et la peinture de l’homme. Les problèmes politiques et sociaux, la misère retiennent l’attention des esprits et des philosophes : La Bruyère, Molière, La Fontaine…

 3) Rayonnement de la civilisation française au 18ème siècle : Le siècle des Lumières.

a. Déclin de la monarchie et sa chute.

29 Vidéo sur le château de Versailles, de la série Des Racines et des Ailes, France 3.58

b. Relâchement des mœurs.

c. Vulgarisation des idées républicaines. (Salons, Cafés, Clubs).

d.      Les philosophes rejettent les solutions théologiques et l’autorité des traditions. La science détrône la métaphysique, au niveau de la pensée, elle exerce une influence sur la littérature. Jamais la France n’a connu une civilisation aussi brillante. Le 18ème siècle est non seulement le symbole d’un art de vivre plus raffiné, il représente aussi la période où la France sert de modèle à l’Europe entière. Dans Cette ambiance, les philosophes français se considèrent comme citoyens du monde, croyant à l’universalité de la raison, ils répandent un idéal de paix et de civilisation30.

4) Un coup d’œil d’ensemble sur le 19ème siècle révèle sa complexité à tout point de vue :

a.     Sur le plan littéraire on passe du Romantisme, au Réalisme, du Réalisme au Symbolisme.

b.    Sur le plan politique, de 1800 à 1900, la France a connu sept régimes politiques :

       Le Consulat

       L’empire

       La réstauration

       La monarchie de Juillet

       La seconde république

       Le second empire

       La troisième république

c)     Sur le plan littéraire, continuant la tradition du 18ème siècle, beaucoup d’écrivains militent pour la cause républicaine ou socialiste. l’argent devient un thème littéraire de premier plan (Balzac – Zola). Les auteurs peignent l’insolence de ses privilégiés et la misère de ses victimes.

d)    L’Industrie

  L’application de la machine à vapeur aux chemins de fer et à la marine révolutionne les moyens de transports.

Le développement de la population urbaine augmente l’importance des questions sociales

Edification d’énormes fortunes grâce au mouvement industriel. La bourgeoisie devient la classe dirigeante. Les voyages d’exploration et les expéditions coloniales prennent de plus en plus de l’ampleur.

1) Société et civilisation française de 20ème siècle

30 Une chronologie des grands penseurs du 18ème siècle : Montesquieu, Voltaire, Diderot et Rousseau.59

En ce début du 21ème siècle, on est mieux placé pour analyser les événements majeurs dans la société française du 20ème siècle. La perspective devient plus nette. De ce fait, aussi bien la période antérieur à la guerre de 1914 que celle de l’entre-deux -guerres peuvent être analysées avec plus de lucidité.

a)     Le 20ème siècle a vu naître un septième art, le cinéma qui a ébranlé les structures des genres, des arts traditionnels, du langage et même de la pensée.

b)     Guerres mondiales et décolonisation : avant la guerre de 1914, la France fut secouée par des crises. La séparation des églises et de l’état d’une part, des conflits sociaux qui divisèrent les esprits et eurent des répercussions sur la pensée et la littérature d’autre part.

c)     De nouveaux mouvements de pensée apparaissent, la plus importante est la quête des essences ou la recherche du Moi. Nous assistons à une remise en question de toutes les valeurs léguées à la France par :

* Des siècles du christianisme, L’Humanisme de la renaissance. La philosophie des lumières.

Le résultat est que : l’angoisse a envahi l’homme devant toute sorte de menaces pesant sur la civilisation occidentale.  Deux mouvements parallèles y suivent :

* Certains perpétuent, les traditions ancestrales

* D’autres tendent à opérer dans la littérature et dans les arts une révolution perpétuelle.

Le premier mouvement est à la recherche d’une église, le deuxième prêche pour telle ou telle idéologie.

Ainsi s’explique l’installation d’un désarroi profond, les conceptions psychologiques, morales sont remises sans cesse en question par une jeunesse française à la recherche d’une stabilité.

2) L’instabilité politique

a)     La IIIème république (1870-1940) n’a pas survécu au désastre de 1940, elle fut remplacée pendant la durée de l’occupation allemande par l’état français du maréchal Pétain.

b)     Après la libération naquit une IVème république qui s’est révélé incapable de résoudre le drame sanglant de l’Algérie.

c)     De 1940 à 1945, la France va connaître une des plus graves crises de son histoire : défaite, occupation, humiliation, misère. De Gaulle avec la résistance extérieure et intérieure permettra sa reconstitution.

d)     La Vème république est née d’une crise, celle de la guerre d’Algérie, marquée par le retour du général De Gaulle qui achève la décolonisation.

Dans cet atmosphère d’apocalypse, la nouvelle génération française, lui faudra beaucoup de courage pour dépasser ses angoisses et repousser les tentations qui suivent la guerre et ses horreurs : fantaisie, désinvoltes, goût du bizarre, provocations déplaisantes, des inquiétudes profondes côtoyaient de grands espoirs.

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- Sur le plan littéraire : les problèmes de la condition humaine contribuent à l’émergence d’une philosophie de l’absurde d’une part et à l’apparition d’une littérature engagée d’autre part.

3)    Les événements de Mai 1968 : ont tout d’abord secoué les universités, le quartier latin, les reporters parisiens, les postes radio de la France entière, puis le monde du travail français. Ce mouvement a été globalement contre la rigidité des hiérarchies et des disciplines.

a      Les conséquences de Mai 1968 : Mai 68 marque la fin d’un monde, c’est le passage culturel d’une époque à une autre. La crise de mai 68 aura marqué de nombreux esprits par sa force, sa nouveauté, son originalité. Ses conséquences sur la société française en matière de politique, de mœurs, de morale ont été radicales.

. La lutte pour l’égalité sociale

. Le refus de la société de consommation

. Le refus de l’autorité

. L’émancipation de la femme

Pour De Gaulle le référendum de 1969 lui sera fatal, il quitte le pouvoir en Avril.- Après De Gaulle, la présidence de Georges Pompidou (1969 – 1974) est surtout marquée par un enrichissement significatif des français. En 1973, la crise pétrolière va orienter, les choix politiques et économiques de la France, le président Giscard d’Estaing (1974 – 1981) va suivre avec des nuances cette politique. - Le grand changement politique sera en 1981 avec l’arrivée de la gauche au pouvoir sous la présidence de François Mitterrand. En 1995 élection d’un président de la droite, Jacques Chirac, réélu en 2002, puis de Nicolas Sarbosy en Mai 2007. François Hollande dirige actuellement le pays.

 4) Les partis politiques

La vie politique en France s’organise autour de deux blocs, la droite et la gauche.

1)     À droite deux tendances dominent :

* Une tendance gaulliste, qui se réclame des idées du général De Gaulle (RPR).

* L’autre rassemblement à droite, l’union de la démocratie française (UDF) regroupe les tendances chrétiennes sociale et libérale européennes.

Ces deux partis vont s’unir pour former l’union pour la majorité présidentielle (UMP), qui deviendra le parti « Des Républicains ».

2)     À gauche, on trouve également deux traditions :

* tradition socialiste démocratique (P.S)

* tradition marxiste – léniniste, parti communiste (P.C).

3)     À côté de ces grands partis, deux forces occupent une place particulière : À l’extrême droite, le front national (F.N). À gauche les Verts soucieux de respect écologique.

5) Le rôle de l’état en France

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En France, l’état occupe une place très importante, il intervient dans tous les domaines de la vie des citoyens : logement, enseignement, soins, transports, santé, éducation…)

 a)   L’administration : elle est puissante et très organisée, fortement hiérarchisée.

b) Les fonctionnaires : représentent environ 28% de la population active. Les français ont une préférence pour la fonction publique, synonyme de sécurité et de retraite assurée.

c)  Hiérarchie de l’administration

. L’administration centrale, celle des ministères avec leurs grandes directions

. L’administration locale, avec ses préfectures de régions, les préfectures de départements et les sous-préfectures d’arrondissements qui toutes représentent le pouvoir central.

6) La Justice :

C’est la Révolution et Napoléon qui sont à l’origine de l’organisation du droit en grands codes dont les plus célèbres sont :

. Le Code civil (1804)

. Le Code pénal (1810)

7) La France dans l’Europe et dans le monde

Après la seconde guerre mondiale, la France a contribué à la création d’une zone de libre échange dans le cadre d’une Europe puissante. Le but était de :

.  La réalisation du marché unique

.  La mise en œuvre de la monnaie unique (l’euro €).

. La création de l’espace Schengen (1993).

. La mise en place d’un espace juridique.

. L’organisation d’une Europe industrielle.

 a) La Francophonie : Le mot francophonie a de multiples sens :

a)  Un sens linguistique

b) Un sens géographique

c) Un sens culturel

De la même manière, les cultures francophones sont devenues des réalités, littérature, musique, cinéma, modes, la culture francophone est partout.

b) La France, une grande puissance agricole :

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La deuxième puissance agricole mondiale. Elle a su développer un mode de vie rural et une agriculture diversifiée.

L’agriculture française est devenue une agriculture industrielle spécialisée :

c) Élevage industriel en Bretagne.

d) Culture de la vigne.

L’image traditionnelle du paysan ne correspond pas à la réalité d’aujourd’hui : c’est un entrepreneur moderne, mais la France entretient toujours l’image d’une Campagne charmante. Aujourd’hui, 75% des Français vivent en ville, alors que le monde agricole ne représente plus que 13% de la population rurale.

8) La France, une culture vivante :

L’académie française a été fondé par le cardinal de Richelieu en 1634, mais à côté de cette institution académique traditionnelle, une autre culture se développe, celle des jeunes des cités qui fabriquent leur propre langage (la chanson, les humoristes… etc.). C’est la France plurielle.

a)   L’art de vivre à la française.

Toute une industrie se développe autour de cet art de vivre. Place Vendôme (les bijoux), Avenue Montaigne (la haute couture), rue Saint-Honoré (Prêt-à-porter de luxe), c’est le triangle d’or et c’est là que se trouve réuni tout ce qui peut faire rêver et fait de Paris la capitale de luxe.

b)   L’industrie du luxe :

Plusieurs marques sont synonyme de beauté, d’élégance et d’un art de vivre qui contribuent beaucoup à façonner une certaine image de la France (Plusieurs exemples ont été donnés).

c)   La gastronomie française

Le plaisir de la table est un élément essentiel dans l’art de vivre à la française, ainsi toute une culture gastronomique a été développée autour de ce mode de vie. Les français sont à l’origine d’un nombre considérable d’ouvrages, guides, livres de recettes, livres de cuisiniers (le guide Michelin).

La gastronomie est devenue un art fait de création et entretenu avec beaucoup de délicatesse.

-          Médiatisation forte de grands chefs cuisiniers

-          Transmission de l’art gastronomique de génération en génération.

-          Des chefs cuisiniers aussi célèbres que les grands couturiers.

-          Les fromages, les vins, des régions entières sont célèbres pour leurs productions.

d)    Le Tourisme :

La France accueille chaque année plus de 70 millions de touristes grâce à sa : géographie, son climat, ses paysages, son histoire, son patrimoine et sa culture. (Plusieurs monuments célèbres dans le monde entier).

e)  La famille :

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Trois grands modes de vie en commun : -  Le mariage ;   L’union libre ; Les PACS

f)   La religion

La France est un pays laïc depuis la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905). Elle est majoritairement chrétienne : 75% Catholique ; 3% protestants ; avec 4 millions de fidèles, l’islam est devenu la deuxième religion en France. Cependant l’église a perdu beaucoup de son influence en particulier sur le plan des mœurs.

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- http://www.maxicours.com/se/fiche/5/0/254505.html/m1,

- www.selenie.fr/article-differences-entre-oscar-cesar-82372868.html,

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Annexes   :

1 - Article d’Edgar MORIN à méditer dès la rentrée universitaire pour qu’à la fin du semestre chaque étudiant nous expose son point de vue en rapport avec ce qu’il a saisi de cet article.

Au-delà des LumièresEdgar MORINPhilosophe et anthropo-sociologue, directeur de recherches émérite au CNRS

Après l’explosion de la Renaissance, le siècle des Lumières est un moment capital dans l’histoire de la pensée européenne. La grande dialogique qui s’ouvre après la Renaissance, c’est-à-dire la relation à la fois antagoniste et complémentaire entre la foi et le doute, la raison et la religion, trouve son centre dans Pascal, homme de raison et de religion, homme de foi et de doute. Cette grande dialogique au siècle des Lumières se trouve marquée alors par une prépondérance (peut-être une hégémonie) de la raison. Il est certain que la Renaissance, qui a opéré la résurrection d’une philosophie qui n’est plus servante de la religion, a rétabli et retrouvé le thème de l’autonomie de la raison issue des Grecs et a permis l’essor de la science sur des bases empirico-rationnelles avec Galilée, Descartes, Bacon. Cet essor de la science permet de connaître mais en séparant les objets de connaissance les uns des autres et les séparant du sujet connaissant, en somme en en dissolvant la complexité. Cette raison qui se manifeste déjà dans les sciences, va devenir souveraine au cours du XVIIIe siècle français. A ce moment-là, la raison en tant que raison constructive des théories et raison critique, va se déployer ; la raison critique va critiquer les mythes, les religions, d’une façon que je dirai, finalement aveugle parce qu’elle ne perçoit pas le contenu humain des mythes et de la religion. Cette raison, en quelque sorte, construit ses théories - notamment les théories scientifiques – et construit l’idée d’un univers totalement accessible à la raison et l’idée d’une humanité guidée par la Raison. Cette Raison Souveraine devient providentialisée, et elle devient elle-même en mythe quasi-religieux qui va même conduire à un moment extrême et provisoire à une véritable déification, puisque Robespierre institue le culte de la « Déesse » Raison. Dans cette perspective, la science est productrice de l’authentique connaissance c’est-à-dire de la vérité. C’est une époque où les sciences physiques, chimiques, biologiques prennent leur essor. Et s’impose alors cette idée que l’univers serait totalement intelligible (c’est cette intelligibilité

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intégrale qu’exprime le démon de Laplace. Il imagine qu’un démon doté de facultés mentales supérieures serait capable de connaître non seulement tous les événements du passé mais tous les événements du futur). La Raison guide l’humanité vers le progrès et le Progrès devient ainsi la loi inéluctable de l’histoire. Cette idée de loi inéluctable est formulée par Condorcet. Le futur va devenir radieux et l’humanisme lui-même s’épanouit sous deux aspects. Le premier aspect, ‘ Dieu ’ étant supplanté, est de considérer l’homme comme le sujet de l’univers qui doit, à ce titre, finalement le maîtriser (c’est bien la mission de maîtrise de la nature que Descartes, Buffon, Marx assignent à la science ). Mais l’autre aspect de l’humanisme c’est l’égale dignité de tous les humains. Quels qu’ils soient, ils méritent tous le même respect, cette théorie porte en elle non seulement la liberté mais également l’émancipation. Et 1789, avec l’expression des droits de l’Homme, le moment naissant de la révolution française plein de promesses, peut être effectivement caractérisé ainsi que le disait Hegel comme - 21 -- 22 -« un splendide lever de soleil ». Avec Rousseau déjà, le thème de l’affectivité (de la sensibilité) devient un thème qui s’oppose à la raison et il indique que la raison seule a un caractère abstrait et presque inhumain. Rousseau montre à sa façon le caractère abstrait de la rupture entre l’humain et le naturel en donnant à la nature une importance quasi maternelle, matricielle. Voltaire, sarcastiquement, disait de Rousseau « il veut nous faire marcher à quatre pattes ». Chez Rousseau il y a aussi ce thème que la civilisation apporte une dégradation humaine. Il formule le mythe de l’homme naturel qui suppose non pas qu’il existait une humanité idyllique à l’origine dans une sorte de jardin d’Eden, mais qu’il existe des potentialités humaines qui sont inhibées dans les civilisations, réprimées dans nos sociétés. D’où une interrogation sur le progrès. Le progrès n’est plus conçu comme une sorte de gain permanent du mieux. La question devient : que perd-t-on quand on gagne un progrès, un progrès technique, un progrès matériel, un progrès urbanistique ? Problème effectivement extrêmement actuel dans notre crise de civilisation. La Révolution française s’est bâtie simultanément sur le triomphe et la crise des Lumières. Le triomphe, avec le message émancipateur de 1789. La crise, avec cette terreur, ce culte de la raison. Je pense à Alejo Carpentier, dans son magnifique roman, Le Siècle des Lumières, il nous indique que les Lumières arrivent dans les Caraïbes avec la guillotine. Quant au Romantisme, il est en quelque sorte, le jaillissement de ce qui a été refoulé par les Lumières. L’esprit de communauté, la relation mystique avec la nature, la vertu du religieux, sont des choses qui effectivement apparaissent avec une sorte de réhabilitation du Moyen Age. C’est aussi, en quelque sorte, un sentiment très profond de la nature comportant la beauté du nocturne (Edward Young avait déjà écrit Les Nuits, au milieu du XVIIIe siècle). Et puis il y a la promotion de la passion par rapport à la raison. Mais le Romantisme tardif, ou plutôt le Romantisme des Romantiques devenus vieux comme Hugo ou Lamartine, ou le Romantisme des jeunes de la deuxième moitié du XIXe siècle, comme Rimbaud, intègre en lui-même le message des Lumières et, en quelque sorte, se voue au progrès humain que constitue l’émancipation des opprimés. Le socialisme et surtout la pensée de Marx, va régénérer l’idée de progrès. Le progrès lui-même qui s’effectue à travers, non pas une sorte de progression linéaire, mais à travers un conflit, la lutte des classes. Celui-ci permettra à la classe exploitée et majoritaire, le prolétariat, non seulement de s’affranchir mais encore de créer la société sans classe et, corrélativement, le développement des forces productives permettra l’épanouissement de la technique et de l’abondance. La révolution socialiste universelle est en quelque sorte le moyen, l’étape, par lequel se réalisera ce progrès. De même que le mythe et la religion ont contaminé l’idée de Raison à la fin du XVIIIe siècle, on peut dire là aussi que le religieux s’est infiltré en profondeur dans la promesse marxiste puisque en quelque sorte le monde nouveau s’accomplit sur un véritable messianisme ; le messie étant le prolétariat industriel, l’apocalypse la Révolution, la promesse le triomphe de la société sans classe. Nous pouvons voir aussi, à la suite de la Révolution française, que la laïcité républicaine (sans entrer dans la thématique révolutionnaire) de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, reprend l’héritage des Lumières. Les instituteurs notamment sont porteurs de ce message face aux curés de villages. Ce message de laïcité est le suivant : le progrès est porté par le développement de la raison, de la science, de l’éducation. Il était évident que la raison ne pouvait que progresser, que la science et l’éducation également ne pouvaient apporter que des bienfaits... Toutes ces évidences, ou plutôt toutes ces solutions, font aujourd’hui problème. Elles sont terriblement obscurcies : nous voyons que chacun de ces termes supposés être totalement bénéfiques révèle aujourd’hui des ambivalences, un mixte de bien et de mal. La science a aussi conçu l’arme nucléaire, Hiroshima et - 23 -Nagasaki. Elle a créé la capacité de produire la mort massive de l’humanité. Et, dans le domaine biologique, elle est capable de produire des manipulations génétiques qui peuvent servir au meilleur et au pire. La technique elle-même peut être utilisée pour le meilleur et pour le pire. Et les forces

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scientifiques/techniques/économiques incontrôlées par les humains conduisent vers des dégradations irréversibles à commencer par les dégradations de la biosphère qui elles mêmes auront des conséquences extrêmement néfastes pour la survie de l’humanité. Disons que le quadri-moteur constitué par science, technique, économie, profit, et qui était censé produire le progrès, propulse aujourd’hui le vaisseau spatial Terre sans qu’il n’y ait aucun pilote dans le vaisseau ; il porte en lui une double menace de mort : la mort de la biosphère et la mort nucléaire. C’est donc un formidable renversement. La science est certainement élucidante, mais en même temps elle est aveuglante dans la mesure où elle ne réussit pas encore à faire sa révolution qui consiste à dépasser le réductionnisme et la fragmentation du réel qu’imposent les disciplines closes. Elle est incapable de restituer des visions d’ensemble. Mais on peut espérer effectivement, qu’une science nouvelle puisse se développer, se régénérer. De même, on peut penser que la technique qui a produit des machines obéissant à une logique purement mécanique - logique du reste que les technocrates et les éconocrates ont appliquée à l’ensemble des sociétés – va produire des machines meilleures, plus sensibles aux complexités ; on peut penser que l’économie n’est pas condamnée à la loi concurrentielle du néolibéralisme et porte d’autres possibilités comme le commerce équitable, l’économie solidaire ou simplement l’économie citoyenne. De toute façon, le progrès comme certitude est mort. On peut même dire que nous sommes devant une grande incertitude. Il y a une possibilité de progrès mais le progrès a toujours besoin d’être régénéré. Aucun progrès ne peut être assuré de durer s’il n’est pas régénéré. Ainsi, par exemple, la torture avait disparu des pays d’Europe au XIXe siècle, elle est réapparue dans tous les pays d’Europe au XXe siècle. Et surtout nous voyons aujourd’hui l’alliance de deux barbaries : la vieille barbarie de la guerre qui, avec les guerres de religion, guerres d’ethnie, guerres de nation, guerres civile, revient en force avec tout ce qu’elle apporte de haine, de mépris, de destructions et de meurtres... Et la barbarie technicienne, la barbarie abstraite du calcul qui ignore l’humain de l’humain, c’est--à --dire sa vie ses sentiments, ses élans, ses souffrances Tous ceci nous conduit à l’idée qu’il faut dépasser les Lumières. Il nous faut chercher l’au-delà des Lumières. Quand je dis « dépasser », je l’entends au sens hégélien de aufheben, qui veut dire intégrer ce qui est dépassé, intégrer ce qu’il y a de valide dans le progrès mais avec quelque chose d’autre. Qu’est-ce que c’est que cet au-delà des Lumières ? Cela signifie tout d’abord qu’il faut dépasser, réexaminer la raison, il faut dépasser la rationalité abstraite, le primat du calcul et le primat de la logique abstraite. Il faut se débarrasser de la raison provincialisée. Il faut prendre conscience des maladies de la raison. Il faut dépasser la raison instrumentale dont parle Adorno, qui est au service des pires entreprises de meurtre. Il faut même dépasser l’idée de raison pure car il n’y a pas de raison pure, il n’y a pas de rationalité sans affectivité. Il faut une dialogique entre rationalité et affectivité, une raison métissée par l’affectivité, une rationalité ouverte. Il faut donner force à ce courant minoritaire dans ce monde occidental ou européen, celui de la rationalité autocritique, qui de Montaigne à Levi-Strauss, reconnaît ses propres limites et comporte l’autocritique de l’Occident. Autrement dit, il nous faut une rationalité complexe qui affronte les contradictions et l’incertitude sans les noyer ou les désintégrer. Ce qui signifie, une révolution épistémologique, une révolution dans la connaissance. Il nous faut essayer, de répudier l’intelligence aveugle qui ne voit que des fragments séparés, qui est incapable de relier les parties et le tout, l’élément et son contexte, qui est incapable de concevoir l’ère planétaire et de saisir le problème écologique. On peut dire que la tragédie écologique qui a commencé, est la première catastrophe planétaire provoquée par la carence fondamentale de notre mode de connaissance et par la méconnaissance que comporte ce mode de connaissances. C’est donc l’effondrement de la conception lumineuse de la rationalité (c’est-à-dire celle qui apporte une lumière éblouissante et dissipe les ombres avec des idées claires et distinctes, avec la logique du déterminisme) qui, par elle-même, ignore le désordre et le hasard. Il nous faut concevoir une réalité complexe, faite d’un cocktail toujours changeant d’ordre, de désordre et d’organisation. Il faut savoir qu’il y a un principe d’organisation mais aussi de désorganisation dans l’univers avec le principe de la thermodynamique. Il faut comprendre que l’univers est complexe et comportera toujours pour notre esprit incertitude et contradiction. Il faut comprendre qu’elle « est obscure la source même d’où naît notre lumière » comme disait Jean de la Croix. Il faut comprendre que c’est l’imprévisible et l’improbable qui arrivent très souvent. Il faut remplacer le progrès déterministe, le progrès nécessaire dans tout, c’est-à-dire dans la conception de la vie, la conception de l’histoire, la conception de l’univers. Il y a deux exemples qui montrent que l’imprévu arrive : lors des guerres médiques, lorsque la petite Athènes a su par deux fois repousser le gigantesque empire perse et lors de la seconde guerre mondiale , devant Moscou, fin 1941, lorsqu’un hiver à la précocité inattendue a bloqué les armées nazies. Il faut abandonner l’idée abstraite de

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l’humain qui se trouve dans l’humanisme. Idée abstraite parce qu’on réduit l’humain à homo sapiens, à homo faber, à homo economicus. L’être humain est aussi sapiens et demens faber et mythologicus, economicus et ludens, prosaïque et poétique, naturel et métanaturel. Il faut savoir que son universalisme est devenu concret au moment de l’ère planétaire où l’on peut découvrir que tous les humains ont non seulement une communauté d’origine, une communauté de nature à travers leurs diversités, mais aussi une communauté de destin. Alors l’humanisme abstrait peut devenir concret. Le progrès dépend aussi désormais de la conscience humaine. Le progrès acquis doit sans cesse se régénérer. La possibilité de progrès se trouve dans ce que Marx appelait « l’homme générique », dans les potentialités inhibées par nos sociétés, par la spécialisation, par la division du travail, par la sclérose... Cette idée, que l’on trouve chez Rousseau, est extrêmement importante chez Marx. Dans nos sociétés, seuls les poètes, les artistes, les inventeurs - en tant qu’êtres déviants – sont capables d’être créateurs et de générer quelque chose. Alors, à ce moment-là se dessine une possibilité d’essayer de reformer quelque chose, d’aller au delà des Lumières, en les intégrant. Il faut conjuguer quatre voies qui jusqu’à présent ce sont trouvées séparées. La première voie est la réforme de l’organisation sociale qui ne peut pas être seule la voie du progrès mais qui ne peut pas être abandonnée. La seconde voie est celle de la reforme par l’éducation qui doit se faire très en profondeur pour que l’éducation puisse aider à faire évoluer les esprits. La troisième est la réforme de vie. Et la réforme éthique proprement dite est la quatrième. Nous devons concevoir que s’il y a véritable progrès, alors il y a possibilité de métamorphose. S’il y a une société-monde, elle sera le produit d’une métamorphose, car ce sera une société de type nouveau et non pas une reproduction gigantesque de nos Etats nationaux actuels. Ceci est sans doute improbable mais toute ma vie j’ai espéré dans l’improbable et parfois mon espoir s’est trouvé exaucé. Notre espérance est le flambeau dans la nuit : il n’y a pas de lumière éblouissante, il n’y a que des flambeaux dans la nuit.

Vidéos   :

1- Des Racines et des ailes ; Le château de Versailles, reportage de France 3, du 23 10 2013

2- Gutenberg et l’invention de l’imprimerie

3- C’est quoi la différence entre un César et un Oscar.

4- Chanson française :

Edith PIAF Je ne regrette rien Léo FERRE Avec le temps, la solitude Charles AZNAVOUR : A ma fille ; la bohème ; Hier encore Jaques BREL Ce plat pays ; Ne me quitte pas BARBARA Dis quand reviendras- tu ? Jean FERRAT La montagne ; Aimer à perdre la raison Georges MOUSTAKI Ma liberté ; le temps de vivre Alain SOUCHON Foule sentimentale Michel FUGAIN  C’est un beau roman RENAUD Mistral gagnant Véronique SANSON Ma révérence Patrik BRUEL Qui a le droit

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