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Le Magazine de l’Orchestre de chambre de Paris | MARS 2014 | n° 1 Sa relation avec l’Orchestre de chambre de Paris : transmis- sion, compréhension et énergie avant tout ! Deux anciens élèves du Conservatoire national supé- rieur de musique de Paris pré- sentent les concerts de musique de chambre de l’orchestre. L’Orchestre de chambre de Paris investit des quartiers de Paris 18 e , 19 e et d’Aubervilliers dans le cadre de sa résidence avec une multitude d’actions culturelles. p. 03 p. 05 p. 07 Focus sur Grand angle Retour sur Thomas Zehetmair Avant-concerts et insertion professionnelle Un orchestre citoyen

Focus sur Grand angle Retour sur · lopper des actions ici, à l’Espace 93 Chapelle. » Depuis 2009, la phalange a considérablement développé ses actions culturelles. Elle est

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Le Magazine de l’Orchestre de chambre de Paris | MARS 2014 | n° 1

Sa relation avec l’Orchestre de chambre de Paris : transmis-sion, compréhension et énergie avant tout !

Deux anciens é lèves du Conservatoire national supé-rieur de musique de Paris pré-sentent les concerts de musique de chambre de l’orchestre.

L’Orchestre de chambre de Paris investit des quartiers de Paris 18e, 19e et d’Aubervilliers dans le cadre de sa résidence avec une multitude d’actions culturelles.

p. 03 p. 05 p. 07

Focus sur Grand angle Retour sur

Thomas Zehetmair

Avant-concerts et insertion professionnelle

Un orchestre citoyen

Page 2: Focus sur Grand angle Retour sur · lopper des actions ici, à l’Espace 93 Chapelle. » Depuis 2009, la phalange a considérablement développé ses actions culturelles. Elle est

ÉDITOEncore du papier ?

Voici le premier numéro du Magazine de l’Orchestre de chambre de Paris.

Pourquoi un magazine à une époque où l’instantanéité et la promotion dominent, où la diffusion d’informations est saturée par internet ?

Car il existe des moments où l’on souhaite éteindre tous les écrans qui peuplent de plus en plus nos vies. Des moments où l’on souhaite aller plus loin que le simple flux continu de « news », des moments où l’on souhaite se concentrer, comme avant un concert...

C’est pour ce temps-là que nous choisissons de vous accompagner et de vous proposer un regard différent sur l’orchestre, ses artistes et les publics que nous croisons. À l’opposé d’une promotion systématique, nous voulons redonner de la profondeur d’analyse et de lecture aux différentes actions que nous portons. Nous donnons la parole aux artistes qui expliquent leur choix et leurs projets. Nous revenons sur la réalisation d’actions originales, souvent peu connues, menées par les musiciens. Surtout, nous nous efforçons de mettre en connexion toutes ces activités d’un orchestre résolument « autrement » avec des concerts et des évènements proposés par les musiciens, autant dans les grandes salles parisiennes que dans des lieux ou territoires plus inattendus.

Et ensuite, si vous voulez en savoir plus, vous pouvez rallumer un de vos écrans et, sur notre site, poursuivre la découverte de cet orchestre qui souhaite partager avec vous

« autrement ».

Bonne lecture !

NICOLAS DROIN

Directeur général

« Les musiciens forment un ensemble très homogène avec un vrai son commun »

Le chef principal et conseiller artistique de l’Orchestre de chambre de Paris parle de sa relation avec les musiciens : transmission, compréhension et énergie avant tout.

Thomas Zehetmair nous reçoit dans sa loge

du Centquatre, à l’issue d’une répétition avec

l’Orchestre de chambre de Paris. Le rendez-

vous a été pris bien à l’avance, car le chef autri-

chien est souvent entre deux avions. D’ailleurs, il as-

simile sa mission auprès de l’Orchestre de chambre

de Paris à un « voyage ». S’il parle avant tout de

« transmission, de compréhension mutuelle, d’éner-

gie insufflée à l’orchestre », de toute cette dimen-

sion impalpable décisive pour atteindre une conni-

vence entre les deux parties, son objectif est des

plus concrets : « inscrire l’orchestre sur l’échiquier

international ». Il y a sept ans, il dirigeait pour la

toute première fois la phalange parisienne en tant

que chef invité, « un souvenir marquant ». Pour lui,

la spécificité de l’orchestre réside avant tout dans

sa souplesse et dans le niveau de ses interprètes :

« Les musiciens sont capables de jouer tous les ré-

pertoires. Individuellement, ce sont tous d’excel-

lents solistes, et ils forment un ensemble très ho-

mogène. » Instrumentiste soliste, Thomas Zehetmair

l’est également. En septembre dernier, il a dirigé de

son violon Tzigane de Ravel au théâtre des Champs-

Élysées, à l’occasion de la sortie du disque « Ravel-

Debussy » enregistré pour le label Naïve. En février,

il interprète, aux côtés des musiciens, l’Octuor de

Mendelssohn à la salle Cortot, et se produit au

théâtre des Champs-Élysées dans la Fantaisie pour violon et le Concerto pour violon de Schumann, une

partition redoutable. « On fait à ce concerto un mau-vais procès. C’est pourtant l’un des chefs-d’œuvre du répertoire ! Il est très difficile à jouer, et pour ne rien arranger, il est écrit dans le registre grave du violon. Personnellement, je trouve que c’est le re-gistre le plus expressif pour cet instrument. Mais cela ne colle pas avec le mythe du concertiste. » La musique du compositeur allemand est d’ailleurs

chère au chef d’orchestre, qui complète ce cycle

consacré à Schumann avec en février et en avril

ses symphonies nos 1 et 3. « L’orchestration chez Schumann est fantastique ! », déclare-t-il en pied de

nez aux critiques de certains musicologues sur l’ins-

trumentation, supposée maladroite, du compositeur.

En dehors du « grand répertoire », Thomas

Zehetmair met un point d’honneur à dé-

fendre la musique contemporaine. Cette

saison, Philippe Manoury est compositeur associé.

« J’apprécie énormément son travail. Il ne fait aucun

Focus sur…

Thomas Zehetmair

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compromis artistique et refuse la facilité. C’est de la vraie musique et non pas du cross-over. » La création de la version pour orchestre d’Instants pluriels est prévue pour la saison 2014 / 2015 au

théâtre des Champs-Élysées. « Pour cette créa-tion, je partage la scène avec Philippe Manoury puisque l’orchestre, séparé en deux, requiert deux chefs ! » Autre création, celle de Dreamtime, pour

flûte et orchestre de Philippe Hersant, interprété

en janvier par Emmanuel Pahud. « Nous invitons de grands solistes, comme le hautboïste François Leleux qui interprète le Concerto pour hautbois de Strauss en avril », observe Thomas Zehetmair,

avant de préciser que « la musique de Mozart, Beethoven, Schubert constitue le cœur du ré-pertoire ». S’il s’inspire des interprétations histori-

quement informées dans le choix des tempi, des

phrasés, des articulations, il recherche avant tout

« la communication, l’énergie ».

Dans un futur proche, il a pour ambition

de s’installer à Paris. « Ce sera aussi l’occasion de profiter de la vie musi-

cale ici. » Mais cet insatiable globe-trotter ne

renonce pas pour autant au voyage : la saison

2014/2015 de l’orchestre propose une série de

concerts thématisés autour des villes d’Europe.

« Je commence avec Paris et un programme ré-unissant un concerto de Saint-Saëns, une sym-phonie Parisienne de Haydn et Le Bourgeois

Gentilhomme de Lully. Des soirées consacrées à Vienne et Budapest suivront. »

› REPÈRES

1978 : premier prix de l’International Mozart Competition de Salzbourg

1994 : fondation du quatuor Zehetmair

2000-2005 : intégrale des concertos pour violon de Mozart avec Frans Brüggen et l’Orchestra of the Eighteenth Century

2002 : nommé directeur musical du Royal Northern Sinfonia basé à Newcastle

2006 : dirige pour la première fois l’Orchestre de chambre de Paris

2010 : partenaire artistique du Saint Paul Chamber Orchestra aux États-Unis

2012 : nommé chef principal et conseiller artistique de l’Orchestre de chambre de Paris Sortie du disque « Fauré / Saint-Saëns » chez Mirare avec l’Orchestre de chambre de Paris et Deborah Nemtanu

Octobre 2013 : sortie du disque « Ravel / Debussy » chez Naïve avec l’Orchestre de chambre de Paris

› À NOTER

19 MARS 2014, 18h

Théâtre des Champs-Élysées

Présentation de la saison 2014/2015 En présence de Thomas Zehetmair, Philippe Manoury, Deborah Nemtanu et Nathalie Stutzmann

› EN SALLE

25 FÉVRIER, 20h Théâtre des Champs-Élysées

Schumann / Manoury D. Nemtanu / F. Pujuila / G. Vincent

26 AVRIL, 20h

Théâtre des Champs-Élysées

Manoury / Strauss / Schumann P. Manoury / F. Leleux

orchestredechambredeparis.comLes programmes complets sur

Vidéo Thomas Zehetmair, chef ou soliste ?

« Diriger un orchestre, c’est trouver une ligne directrice,

progresser ensemble, aller toujours plus loin dans l’interprétation

des œuvres »

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Depuis janvier 2014, l’Orchestre de

chambre de Paris propose au public

de la salle Cortot et du Théâtre 13 des

avant-concerts en préambule à ses programmes

de musique de chambre. Pour cette opération, l’or-

chestre s’est associé au Conservatoire de Paris

en recrutant, pour ces présentations, d’anciens

élèves ayant suivi l’option médiation. Le principe

est simple : 15 minutes avant le concert, un mé-

diateur parle des œuvres au public installé dans

la salle. « Il s’agit non seulement de créer un lien

avec le public, mais aussi de rendre la musique

plus accessible en donnant aux auditeurs des clés

d’écoute », explique Micaël Lubin, un des deux an-

ciens étudiants sélectionné. Clarinettiste de for-

mation, il a étudié l’analyse au Conservatoire de

Paris avant de se tourner vers l’enseignement et

la médiation.

Si les présentations durent dix minutes,

elles impliquent plusieurs heures de re-

cherche et de nombreuses étapes de tra-

vail. « La plupart des programmes de musique de

chambre sont élaborés par un musicien de l’or-

chestre. Lorsque c’est possible, je le rencontre

afin de comprendre ses choix musicaux, la ma-

nière dont ces œuvres lui parlent...» À cela s’ajoute

le travail de recherche « parfois important quand

il s’agit de partitions ou de compositeurs mécon-

nus et que l’on doit puiser dans les sources an-

glophones ou germanophones ». Une fois son

contenu établi, le présentateur s’entraîne devant

l’équipe de l’orchestre pour faire les derniers ajus-

tements. « Il faut que le texte paraisse fluide, que

l’on donne l’illusion d’une conversation entre le

public et le présentateur. »

On s’interroge : comment trouver un lan-

gage équilibré, qui s’adresse aussi

bien aux néophytes qu’aux mélomanes

les plus avertis ? Lors de sa première interven-

tion, Micaël Lubin s’exprimait non seulement pour

un public fidèle d’abonnés, mais aussi pour une

classe de collège invitée par l’orchestre, dans

le cadre d’un parcours éducatif. « À force de

m’adresser à des publics très différents, j’ai com-

pris que le discours ne devait pas subir trop de

variations. Je ne m’empêche pas d’utiliser un mot

technique, comme “mouvement” ou “atonal”, mais

toujours suivi d’une explication claire. »

Les présentations suivent un déroulé bien

précis. « D’abord, je replace les compo-siteurs ou les œuvres dans leur contexte

historique, le tout enrichi d’anecdotes. Ensuite, je

donne quelques clés d’écoute pour que l’audi-

teur puisse avoir des repères. Comme la dernière

œuvre du programme intervient 45 minutes plus

tard, il faut qu’elles soient suffisamment fortes. »

Et encore une fois, tout est question d’équilibre :

« Je parle d’histoire et de musique sans être trop

musicologique et en évitant de tomber dans un

côté trop didactique du type musique pour les

nuls. »

Le respect du public est un élément essen-

tiel dans la démarche de l’orchestre. « Nous recherchons la forme la plus vivante pos-

sible, sans imposer quoi que ce soit au public. Il

est libre de venir écouter cet avant-concert, assez

nouveau pour les mélomanes de Cortot. Il s’agit

d’expérimenter la forme la plus adéquate », pour-

suit Micaël Lubin. Les vertus de cette pratique sont

indéniables, notamment pour aller plus loin dans

Deux anciens élèves du Conservatoire national supérieur de musique de Paris présentent au public les concerts de musique de chambre de l’Orchestre de chambre de Paris.

Grand angle

Créer un lien avec le public, et rendre la musique plus accessible en proposant

des clés d’écoute

« Nous recherchons la forme la plus vivante possible »

Micaël Lubin

Avant-concerts et insertion

professionnelle

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› EN SALLE

8 MARS, 17h30

Salle Cortot

17h10 : avant-concert présenté par Micaël Lubin Brahms / Ravel

22 MARS, 17h30

Salle Cortot

17h10 : avant-concert présenté par Lorenda Ramou Mozart / Glazounov

26 MAI, 19h30

Théâtre 13 / Seine

19h30 : avant-concert présenté par Lorenda Ramou Vivaldi / Couperin / Bach / Telemann / Leclair / C. P. E. Bach

› INTERVIEW

orchestredechambredeparis.comLes programmes complets sur

Franck Della Valle et Marc Duprez, violonistes. Concert du 8 mars

la relation avec le public et désacraliser le rituel

du concert classique. « La société a évolué mais les formes de concert sont restées les mêmes depuis un siècle. L’enjeu, au-delà de l’enrichisse-ment en termes de contenu, c’est le renouvelle-ment du public. »

Des actions tout aussi vertueuses en ma-

tière d’insertion professionnelle. « Ces présentations sont pour moi un trem-

plin. C’est une activité que je souhaite dévelop-per. On me donne l’occasion de faire ce que j’aime et d’avoir une crédibilité. Ce n’est pas si souvent que l’opportunité de montrer et développer son potentiel se présente. C’est une grande chance ! »

Quelle est la genèse de votre partenariat avec l’Orchestre de chambre de Paris ?Sabine Alexandre : L’orchestre nous a contac-tés afin que nous réfléchissions ensemble à des actions de médiation culturelle. L’une de nos priorités est de développer une nouvelle façon d’aller vers les publics. Sélectionner d’anciens élèves formés en médiation pour présenter les concerts de musique de chambre de l’orchestre a immédiatement trouvé un écho avec nos pré-occupations actuelles.

En quoi consiste au juste la formation de médiation culturelle ?Philippe Brandeis : Depuis plus de 20 ans, le Conservatoire œuvre à la diversification des études pour compléter l’axe central de la forma-tion – qui reste bien sûr l’enseignement artis-tique. Nous avons récemment développé une discipline optionnelle de médiation musicale. Nous formons ainsi les élèves sur une année à des interventions avant ou pendant le concert, destinées à des scolaires, à des familles ou à un public averti. Nos élèves parviennent à adapter leurs discours en fonction des différents publics.

Quel est le but de cette opération ? S’agit-il d’un levier pour leur carrière ?P. B. : Absolument. La médiation se développe aujourd’hui de façon incroyable. Cela devient peu à peu un métier à part entière. En tant que responsables de formations, nous sommes très attentifs à cette évolution. Nous essayons de faire aux élèves les propositions les plus cohé-

Rencontre avec Sabine Alexandre, responsable du troisième cycle, de la professionnalisation et de la médiation, et Philippe Brandeis, directeur des études musicales et de la recherche du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.

rentes possible avec la réalité du monde du tra-vail qui les attend.

S. A. : Avant, les orchestres français considé-raient la médiation comme quelque chose d’op-tionnel. Les projets pédagogiques n’allaient guère au-delà de répétitions ouvertes au public. Aujourd’hui, les orchestres sont de plus en plus innovants dans ce domaine.

Qu’attendez-vous de cette collaboration ?P. B. : C’est une mise en application directe de la formation. Ce partenariat avec l’Orchestre de chambre de Paris est intéressant pour les deux partenaires : il contribue à donner à notre for-mation une visibilité et une mise en application professionnelle et, de l’autre côté, il permet à l’orchestre de travailler avec des jeunes profes-sionnels formés et compétents.

S. A. : La vision de l’éducation évolue. Nous sommes très heureux de constater que les or-chestres cherchent à conquérir de nouveaux pu-blics. La survie de la musique classique en dé-pend. La frontière entre le musicien et le public tend à disparaître.

« Ces présentations représentent pour moi un véritable tremplin »

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Se rencontrer et favoriser le « vivre ensemble »

I l faut imaginer une de ces tours colossales

construites dans les années 1970 avec ses

26 étages, ses 208 appartements et ses

quelque 900 habitants. Voilà pour la présenta-

tion du 93 rue de la Chapelle, un immeuble de

logements sociaux situé à quelques encablures

du boulevard périphérique. Tout au long de l’an-

née, l’association « Vivre au 93 Chapelle » pro-

pose gratuitement aux locataires, dans les lo-

caux aménagés du rez-de-chaussée, toutes

de l’association, Jean-Michel Métayer, nous re-

çoit dans son bureau. « Cette action a pu voir

le jour grâce à la Délégation à la politique de

la ville et à l’intégration (DPVI). Chaque quar-

tier possède une équipe de développement lo-

cal en lien avec les artistes. Nous avons été

mis en relation avec l’orchestre par cet intermé-

diaire et nous avons souhaité profiter de sa pré-

sence dans le 18e arrondissement pour déve-

lopper des actions ici, à l’Espace 93 Chapelle. »

Depuis 2009, la phalange a considérablement

développé ses actions culturelles. Elle est ac-

tuellement en résidence dans des quartiers des

18e et 19e arrondissements de la capitale et d’Au-

bervilliers. Gilles Pillet, directeur de la communi-

cation et du développement, décrit une « action

citoyenne articulée autour de quatre axes prio-

ritaires : l’éducation, l’insertion professionnelle,

l’action ciblée sur un territoire et la solidarité ».

L’orchestre a ainsi pour ambition « d’atteindre

des personnes qui ne vont pas au concert, de

créer des contacts humains entre le public et

les musiciens. »

À l’Espace 93 Chapelle, les musiciens

viennent à tour de rôle présenter leur

instrument. « Nous avons eu le violon-

sortes d’ateliers, de la chorale au tricot en pas-

sant par du soutien scolaire. Depuis septembre,

ils bénéficient d’une initiation à la musique clas-

sique, grâce à l’Orchestre de chambre de Paris,

qui donne dans ce village vertical des ateliers-

découverte. Par un samedi matin, nous avons

rejoint le flûtiste Bernard Chapron quelques

minutes avant son intervention. Le président

L’Orchestre de chambre de Paris investit les zones urbaines sensibles par une résidence dans des quartiers de Paris 18e et 19e et Aubervilliers.

Reportage à l’Espace 93 Chapelle, où le musicien Bernard Chapron initie parents et enfants à la flûte traversière.

Retour sur…

Action citoyenne dans le 18e

Bernard Chapron, flûtiste

Gilles Bertocchi, corniste, et Jean-Michel Ricquebourg, trompettiste

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Un atelier où corniste et enfants jouent ensemble

du cor avec des tuyaux d’arrosage

celle, la trompette et le cor. Cela attire en gé-

néral entre 15 et 25 personnes. L’idée est de

développer des actions participatives. Les musi-

ciens font jouer les enfants à chaque fois. Lors

de la session précédente, le corniste a démontré

qu’on pouvait jouer du cor avec un tuyau d’arro-

sage », observe Jean-Michel Métayer.

Donnée essentielle, les actions se font

sur la base du volontariat. Aujourd’hui,

les deux-tiers de l’orchestre sont mo-

bilisés. « C’est indispensable, à une époque où

Quelle place la municipalité accorde-t-elle aux actions culturelles ?Une place importante. La commission culture soutient chaque année plusieurs di-zaines de projets. Le 18e est un territoire où vit une population très mixte et où le tissu associatif est dense et riche. La Chapelle est un des quartiers emblématiques du 18e « populaire ». L’action culturelle y nourrit une dynamique vertueuse d’ouverture, d’anima-tion et de mieux vivre ensemble.

Comment la résidence de l’Orchestre de chambre de Paris a-t-elle été mise en place et en quoi consiste-t-elle ? L’orchestre est venu pour la première fois en 2010 dans le quartier La Chapelle. Son implication très forte dans le tissage de liens avec les associations locales a donné envie aux habitants d’aller plus loin avec lui. La Mairie a suivi de près cette expérience et a manifesté son désir de la réitérer. La ré-sidence de 2013 a ainsi bénéficié du sou-tien de la commission culture et la commis-sion d’octobre 2013 a acté, à nouveau, un soutien pour 2014. La résidence est éten-due à trois territoires, renforçant ainsi le tra-vail sur la mobilité des publics. Le quartier La Chapelle est en pleine mutation. Il nous semble important que la résidence de l’or-chestre s’inscrive dans cette dynamique.

Quelles sont les attentes de la Mairie ?Cette résidence entre en résonance avec une réflexion plus large que nous menons sur la découverte et la pratique musicale. L’ouverture prochaine de la Philharmonie, à proximité du 18e, nous encourage à repen-ser l’action culturelle et la médiation auprès des publics. L’expérience de l’orchestre dans le 18e devrait permettre de capitali-ser sur ce qui a déjà été réalisé et de rele-ver ensemble les défis à venir.

3 QUESTIONS À CARINE ROLLAND, ADJOINTE À LA CULTURE DE LA MAIRIE DU 18e ARRONDISSEMENT

les écarts se creusent entre les populations, de faire tomber les barrières socioculturelles », note

Bernard Chapron, avant de constater « une prise de conscience du milieu de la musique, comme le prouvent les actions du Philharmonique de Berlin. » À onze heures tapantes, une quinzaine

de participants prennent place. Parmi eux, une

majorité d’enfants accompagnés d’adultes, et

quelques individus de tous âges. « Nous vou-lons permettre à nos petits-enfants d’écouter de la musique en étant actifs », témoignent les

grands-parents de Vivian et Constantin. D’autres,

comme Annette, s’intéressent aux « interactions entre les enfants et les musiciens. La musique c’est aussi une manière d’éviter la violence. » Le quartier, confronté à d’importants trafics de

drogue et à la proximité d’un camp de roms, est

au cœur des préoccupations.

Au cours de la matinée, Bernard Chapron

fait voyager son public avec des flûtes

ramenées d’Afrique, d’Amérique du Sud,

de Chine ou du Japon. Il interprète des partitions

majeures du répertoire. En outre, il n’hésite pas

à faire participer les enfants, à l’aide de flûtes en

PVC qu’il a lui-même fabriquées. « Un instrument à vent, ce n’est ni plus ni moins que de la plom-berie améliorée », affirme le flûtiste. Rires immé-

diats de l’assemblée. L’intervention s’achève sur

un conte musical, que lit la jeune Aya, élève à

l’école coranique.

› SOUTIENS

LA RÉSIDENCE D’ORCHESTRE EST SOUTENUE PAR :

- la Fondation Daniel et Nina Carasso ; La Fondation Daniel et Nina Carasso est une fondation familiale créée début 2010, en mémoire du fondateur de Danone en France et aux États-Unis, et de son épouse. En soutenant des initiatives dans les domaines de l’alimentation durable et du rapport entre le citoyen et l’art, elle a pour objectif de concourir à l’épanouissement de l’être humain et à la préservation de notre environnement. www.fondationcarasso.org

- la Ville d’Aubervilliers et le département de la Seine-Saint-Denis dans le cadre de la convention de coopération culturelle et patrimoniale conclue avec la Ville d’Aubervilliers

- les mairies des 18e et 19e arrondissements de Paris

- Terreal www.terreal.com

- ICF - La Sablière

orchestredechambredeparis.com/orchestre-citoyen/residences

Pour en savoir plus :

VidéoAtelier cor et trompette au 93 Chapelle

Sarah Veilhan, violoncelliste

› EN SALLE

15 JUIN 2014

Aubervilliers

Mozart / Hummel / Schubert F. Leleux / D. Nemtanu

orchestredechambredeparis.comLe programme complet sur

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ÉVÉNEMENT

L’Orchestre de chambre de Paris reçoit les soutiens de la Ville de Paris, de la DRAC Île-de-France – ministère de la Culture et de la Communication, des mécènes de Crescendo, cercle des entreprises partenaires de l’orchestre, du Cercle des Amis et de la SACEM pour ses résidences de compositeurs.

L’orchestre rend hommage à Pierre Duvauchelle, créateur de la marque Orchestre de chambre de Paris, et remercie Alexandre Tharaud pour la cession amiable de cette marque.

Licence d’entrepreneur de spectacles : 2-1070176Ne pas jeter sur la voie publique.Dépôt légal : ISSN : 1769-0498

Réalisation et coordinationService communication : Émilie Tachdjian, Gilles PilletTextes : Elsa Fottorino, Émilie TachdjianConception graphique : Agence MixteRelecture : Christophe ParantPhoto couverture : Estelle Poulalion / Shootin’ PartyCrédits photo : Jean-Baptiste Millot, Marco Borggreve, M. Tammaro / Virgin Classics, Nancy Glor, Mark Bouman, Simon Fowler, Julien Mignot, D.R.Impression : Imprimerie Chartrez

SUIVEZ-NOUS

www.orchestredechambredeparis.com

L’ORCHESTRE À MADRIDLe 4 mars à 19h30, l’Orchestre de chambre de Paris investit l’Au-ditorium national de Madrid dans un programme autour de Ravel, Tchaïkovski, Fauré et Bizet avec à sa tête Thomas Zehetmair et le violoncelliste français Gautier Capuçon (photo).auditorionacional.mcu.es

Venez découvrir la saison 2014/2015 de l’orchestre le 19 mars à 18h au théâtre des Champs-Élysées en pré-sence de Thomas Zehetmair, Philippe Manoury, Deborah Nemtanu et Nathalie Stutzmann, nouvelle artiste associée. Animé par Antoine Pecqueur.Réservation : 0 800 42 67 57 (n° Vert gratuit) du lundi au vendredi de 14h à 18h

AU THÉÂTRE DU CHÂTELETDans cette pétillante comédie musicale, le compositeur et parolier Stephen Sondheim détourne les contes de l’enfance (Cendrillon, Le Petit Chaperon rouge, Raiponce, etc.) dans l’univers décalé de Broadway, sous les influences musicales de Ravel, Satie, Stravinski, Rachmaninov…Réservation : chatelet-theatre.com 01 40 28 28 40

AGENDA

Théâtre 13 / Jardin

Les Concerts Salade / Blues au 13

16 mars - 15h30

Théâtre des Champs-Élysées

Chausson / Schumann / Paganini J. J. Kantorow / L. Korcia / A. Hallenberg

19 mars - 20h

Tous les programmes des concerts sur orchestredechambredeparis.com

Renseignements et réservations : 0 800 42 67 57 (n° Vert gratuit) du lundi au vendredi de 14h à 18h

Salle Cortot

Mozart / Glazounov À cor et à cordes

22 mars - 17h30

Théâtre des Champs-Élysées

Manoury / Strauss / Schumann T. Zehetmair / F. Leleux

26 avr. - 20h

Cité de la musique

Saint-Saëns / David L. Equilbey / B. Chamayou / C. Dubois / J-M Winling / accentus

6 mai - 20h

PRÉSENTATION DE LA SAISON 2014/2015

Orchestre de chambre de Paris218 avenue Jean-Jaurès - 75019 Paris

Vidéo La saison 2014 / 2015

Salle Cortot

Piazzolla / Della Valle / Chostakovitch / Bach / Michael Jackson

10 mai - 17h30

Le CENTQUATRE – Paris

Concert jeune public Alasdair Malloy

12 au 16 mai

Cathédrale Notre-Dame de Paris

Mozart / Sir Roger Norrington

22-23 mai - 20h