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65e année Il NOVEMBRE 1954. LA SOURCE ORGANE DE L'ÉCOLE NORMALE ÉVANGÉLIQUE DE GARDES-MALADES INDÉPENDANTES FONDÉE EN 1859 ET DEVENUE EN 1923 ÉCOLE ROMANDE D'INFIRMIÈRES DE LA CROIX-ROUGE + ADMINISTRATION : LA CONCORDE LAUSANNE 29, RUE DES TERREAUX

FONDÉE EN 1859 ET DEVENUE EN 1923 ÉCOLE ROMANDE D ... · Directrice : M11' I. Hack. Réception: lundi, mardi, jeudi et ven dredi de 9 à 12 h. et de 15 à 17 h. Tél. 24 14 87

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65e année N° Il NOVEMBRE 1954.

LA SOURCEORGANE DE

L'ÉCOLE NORMALE ÉVANGÉLIQUE DE GARDES-MALADES INDÉPENDANTES

FONDÉE EN 1859

ET DEVENUE EN 1923

ÉCOLE ROMANDE D'INFIRMIÈRES

DE LA CROIX-ROUGE

+

ADMINISTRATION : LA CONCORDE

LAUSANNE29, RUE DES TERREAUX

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AbonnementPrix: 8 fr. 50 par an. Le journal paraît mensuellement.Changements d’adresse : 30 et.Rédactrice : Gertrude Augsburger.

Adresses et comptes de chèquesLa Source, Ecole d'infirmières, Lausanne : II. 16 530 (écolages, journal, insignes,

livres de cours, etc.). Tél. 24 14 81.

Assurances collectives de La Source, Lausanne : II. 34 44 (assurance-maladie et assurance invalidité-vieillesse). Tél. 24 1481.

Association des infirmières de La Source, Lausanne : II. 27 12 (cotisations, Retraites populaires. — Mm' Emilie Hagen, caissière, Florimont 15, Lau­sanne). — Présidente : M11* Adrienne Chapallaz, Epinettes 24, Lausanne, tél. 26 22 05.

Foyer Source - Croix-Rouge, Lausanne : II. 10 15 (Bureau de placement, avenue Vinet 31). Directrice : M11' I. Hack. Réception: lundi, mardi, jeudi et ven­dredi de 9 à 12 h. et de 15 à 17 h. Tél. 24 14 87.

AVIS IMPORTANT

Technique professionnelleUne très regrettable erreur s’est glissée dans notre manuel de Technique

professionnelle. Nous prions donc instamment toutes les Sourciennes qui ont acheté ce manuel de faire immédiatement la correction suivante : page 92, cystoscopie, lettre c, deuxième ligne : « novocaïne à 1-2% » (et non 10%!)

Qui a échangé son manteau Source ?A la Journée de juin, une Sourcienne a, par mégarde, échangé son manteau

contre celui de M11' Léa Guex. Cette dernière aimerait retrouver son bien (dou­blure grise) et tient le manteau échangé (doublure bleu foncé) à disposition. Que la Sourcienne en cause veuille bien lui écrire à l’Hôpital des Cadolles, à Neuchâtel.

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65“ année N° 1 Novembre 1954

LA SOURCE

GRANDEUR DU TRAVAIL

Travailler, quelle joie ! Le travail, c’est l’épanouissement ; le travail, c’est l’honneur ; le travail, c’est le pouvoir ; le travail, c’est la vie. Ah ! parlez-moi de travailler, parlez-moi de servir ! N’eussé- je que des bras chétifs, que des lèvres malhabiles, qu’une pauvre ntelligence, qu’un esprit ignorant ; fussé-je sans appui, sans crédit, sans le sou ! si Dieu m’a donné quelque chose à faire ici-bas : j’ai tout !

« Priez et croisez-vous les bras ! » L’Evangile n’a jamais dit cela, les chrétiens n’ont jamais fait cela. Le travail, dans toutes les sphères, à travers tous les âges : travail de l’âme, de la pensée, du corps, tel a été l’ordre de Dieu, tel est la vie du chrétien. J’ajoute : tel est l’impérieux besoin de notre intelligence, la condi­tion sine qua non en dehors de laquelle nous ne vivons plus.

Comtesse Agénor de Gasparin.

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NOUVELLES DE L’ÉCOLE

NominationMIle Madeleine Bonnard sera dès le Ier novembre notre nou­

velle infirmière en chef, en remplacement de Mmc Marguerite Berger. Il est presque superflu de la présenter aux Sourciennes.

En effet, M1Ie Bonnard a fait quasi toute sa carrière dans des services Source. Après avoir passé trois ans au Borinage et un an en privé, elle a travaillé à la Maternité de La Source. Ensuite, un voyage d’études la conduisit à Vienne et en Angleterre ; puis c’est au deuxième étage de la Clinique que nous la retrouvons, de 1936 à 1940. En 1940-1941, elle est l’infirmière des isolements femmes à l’Hôpital Nestlé. En janvier 1942, elle organise l’Hôpital de Lavaux, alors stage de l’Ecole, qu’elle dirigera jusqu’à la fin de 1949. Dès le Ier mai 1950, elle remplace à l’Infirmerie de La Source MUe Adèle Piguet.

Ce long état de service et la grande habitude de former des élèves donnent à Mlle Bonnard toute l’autorité nécessaire pour diriger nos maisons. Nous lui sommes reconnaissants d’avoir accepté cette charge et espérons qu’elle trouvera beaucoup de satisfactions dans son nouveau travail.

UniformeNotre volée du Ier octobre porte le nouveau manteau choisi

par la Commission du costume. Il s’agit d’un vêtement de forme raglan, en gabardine imprégnée bleu marine, et fait en série. Comme par le passé, c’est la maison Bonnard & Cie, à Lausanne, qui le fournit, au prix de 145 fr., retouches en plus, s’il y en a. Ce nouveau manteau est peut-être plus seyant que l’ancien, car il est d’une coupe plus moderne.

Pour les Sourciennes préférant s’en tenir à la tradition, elle pourront, comme autrefois, choisir l’ancien modèle.

La Source aurait, du fait de ce changement, plusieurs man­teaux — provenant d’élèves ayant quitté en cours d’études — à

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revendre à un prix très avantageux. Celles que cela intéresserait voudront bien s’annoncer.

Placements de stagiairesGenève, Clinique chirurgicale : Ch. Clôt. — Clinique de théra­

peutique médicale : C. Delafontaine, R. Rôsti. — Hôpital Nestlé : F. Martin. — Hôpital des Cadolles : M.-J. Verboven.

CAUSERIE MÉDICALE

Propos sur la médecine psychosomatique 1

par le Dr P.-B. Schneider, P. D.,médecin-chef de la Policlinique psychiatrique, Lausanne

... Cette médecine mécaniste et purement physiologique dont je vous ai parlé a de magnifiques succès à son actif, mais elle n’a pu réduire l’homme à un organisme physico-chimique. De là ses limites et ses échecs devant tous les problèmes pathologiques où la vie psychique intervient. Or, où et quand ne se manifeste-t-elle pas ? Qu’il faille posséder les connaissances de la médecine orga­niciste pour devenir un bon médecin coule de source. Le « guéris­seur » du film qui porte ce titre avait eu la sagesse un peu nar­quoise d’inscrire dans sa salle d’attente qu’il ne traitait ni le cancer ni la tuberculose ni la syphilis. Mais encore faut-il savoir ou pouvoir diagnostiquer ces affections. C’est surtout en quoi le guérisseur, le charlatan ou le mège (et sur un autre plan certains psychologues) peuvent être par ignorance des personnages extrê­mement dangereux. Us ne possèdent ni la formation théorique ni l’expérience clinique pour poser un diagnostic précis. Inutile, je pense, d’exposer à des infirmières les conséquences désastreuses d’une telle carence.

1 Extraits d’une conférence présentée à la Journée de La Source, le 19 juin 1954.

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Laissons le cinéma de côté et avec lui les guérisseurs. 11 s’agis­sait simplement de vous montrer une des raisons du retour de la pensée médicale à la conception psychosomatique. Celle-ci est ancienne et jusqu’au début de ce siècle les traités et les articles scientifiques donnent des exemples typiques de l’action des fac­teurs psychiques sur les fonctions du corps. Faut-il rappeler La rose artificielle de Mackensie, observation parue en 1886, citée récemment par M. le professeur Jéquier-Doge dans un rapport sur la médecine psychosomatique ? Une malade de trente-deux ans présente une allergie pour les odeurs de foin et de roses. Elle réagit, comme tant d’autres patients, par un rhume avec conjonctivite et bronchite asthmatiforme. Son médecin (c’était un psychosoma­ticien avant la lettre) lui présente une rose artificielle et quelques minutes plus tard la crise habituelle se déclenche aussi violem­ment que si la rose avait été naturelle. Depuis lors, on a étudié les bases physico-chimiques et humorales de l’allergie, mais en excluant les émotions, les passions et les conflits psychiques, conscients ou inconscients. Il a fallu le regain d’intérêt des Améri­cains pour ces problèmes pour qu’on leur accorde la place à laquelle ils ont droit...

... Vous savez que la tendance psychosomatique nous est venue des Etats-Unis accompagnée souvent d’un certain tapage bien enfantin. On comprend mieux la réaction américaine lorsqu’on connaît les excès de certains de leurs hôpitaux qui étaient devenus des usines médicales perfectionnées où le diagnostic se fait à la chaîne et où les traitements sont standardisés. Médecine imper­sonnelle, s’il en fut une, contre laquelle un mouvement extrême­ment salutaire se créa. Bientôt il prit conscience de sa force, car les Etats-Unis qui cherchent leur équilibre psychique étaient mûrs pour accepter la pathogénie psychosomatique. Les nombreuses écoles psychanalytiques apportèrent leur contribution et don­nèrent à cette tendance son originalité. En effet, les grands clini­ciens du siècle passé, qui avaient décrit avec tant de pertinence l’influence du psychisme sur le corps, se contentaient de signaler les conflits conscients auxquels étaient soumis leurs patients. Ce

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n’est pas un reproche, car ils ne pouvaient pourtant pas connaître la psychanalyse avant son édification par Freud. Le mérite des psychosomaticiens américains est d’avoir utilisé les découvertes dans ce domaine pour l’étude des maladies physiques dont l’étio­logie était encore très peu claire ou multiple. Faut-il en conclure que cette nouvelle médecine psychosomatique a donné une solu­tion définitive à ces énigmes ? Loin de là et les quelques considéra­tions que je donnerai par la suite vous montreront la modicité de son apport, du moins jusqu’à ce jour.

Auparavant, j’aimerais revenir à des problèmes plus simples et vous citer brièvement les recherches de H. G. Wolff et de son école du New York Flospital où j’ai eu le privilège de faire un stage de quelques mois. Depuis près de vingt ans, Wolff, qui est un interniste possédant également une formation psychiatrique, étudie les effets des émotions sur le corps. Il a réuni un matériel extrêmement abondant qui montre très clairement que tous nos systèmes d’organes réagissent plus ou moins violemment et plus ou moins longtemps aux variations affectives et qu’ils sont surtout sensibles aux menaces psychologiques venant de l’extérieur...

... En fait l’école de Wolff a voué tout son intérêt aux modifi­cations organiques déterminées par des situations psychiques conflictuelles (« stressful life situations »). Ils l’ont fait, comme d’autres psychosomaticiens, de trois façons différentes : en étu­diant les corrélations entre les événements vécus par le sujet et les maladies ou les troubles physiques qu’il a pu présenter, ils se sont servis de la méthode dite anamnestique ou biographique. Ils ont pu, d’autre part, observer pendant des semaines, des mois ou même des années des sujets sains ou malades, dont ils connaissaient bien la vie et la psychologie. En répétant des épreuves physiolo­giques à de nombreuses reprises, les sujets se trouvant en face de conflits différents et dans des états affectifs dissemblables, ils ont accumulé toute une série de faits extrêmement intéressants. En particulier, le sujet Tom, qui présente une éventration gastrique, se prête volontiers à ces expérimentations depuis de nombreuses années. Enfin, ils interviennent au cours d’expériences physiolo­

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giques en introduisant dans une conversation neutre des sujets affectivement brûlants, inquiétants, traumatisants. Ils observent alors les modifications des fonctions des organes qu’ils étudient. Bien plus, les médecins essaient aussi d’estimer les effets physiques de leur attitude en désécurisant ou au contraire en rassurant les sujets en cours d’expérience, tentant d’évaluer ainsi les effets somatiques d’une attitude psychothérapique.

Tous les résultats obtenus par ces méthodes créent une nou­velle physiologie, une physiologie psychologique. Elle montre que tous les systèmes d’organes réagissent aux influences psychiques et pour Wolff ces réactions ont un but. Elles servent à protéger l’organisme contre les attaques de l’extérieur, que celles-ci soient physiques ou non. La maladie apparaît lorsque ces attaques se répètent trop souvent ou sont trop violentes, ce qui équivaut, sur le plan psychique, à des conflits non résolus, à la présence d’évolutions névrotiques proprement dites ou à des situations psychologiques extrêmement défavorables. Il va sans dire que Wolff n’a pas l’ambition démesurée d’expliquer de cette façon toutes les maladies dites psychosomatiques, comme la colite ulcé­reuse, l’ulcère gastrique ou duodénal, l’asthme bronchique, l’hyper­tension artérielle ou encore l’eczéma. Il entend simplement prou­ver que les facteurs psychiques sont aussi actifs et même dans certains cas seuls responsables de l’affection.

Décrivons très brièvement quelques-unes de ces expériences : par une méthode ingénieuse, Wolff et ses collaborateurs ont pu mesurer la quantité de sébum secrétée par la peau du visage en un certain temps. Chez des sujets normaux, cette quantité aug­mente, c’est-à-dire que la face se lubrifie et devient plus brillante, lorsqu’on provoque au cours d’une conversation auparavant neutre de l’anxiété chez le sujet en introduisant un thème de discussion dont on connaît la portée affective. On sait que l’acné vulgaire des jeunes gens est une affection des glandes sébacées. Or, le nombre de pustules d’acné d’un patient observé chaque jour pendant une longue période augmentait dès qu’il était angoissé. On voit ainsi les rapports entre le normal et le pathologique et les précisions.

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intéressantes que ces recherches donnent sur les mécanismes physiologiques qui entrent en jeu. A ce sujet disons que Wolfï a bien insisté sur le petit nombre de réactions fonctionnelles dont dispose l’organisme humain. A des excitations psychologiques très diverses, le système digestif, par exemple, ne peut réagir que par une hyper- ou une hypomotilité ou par une hyper- ou une hypo- sécrétion. Il en est de même de presque tous les autres systèmes d’organes...

... Ces réflexions nous conduisent tout naturellement à d’autres problèmes de la médecine psychosomatique, problèmes qui inté­ressent surtout le versant psychologique de cette branche de la médecine qui ne veut en aucun cas devenir une nouvelle spécialité, mais qui se considère comme un essai de synthèse des spécialités existant déjà.

Jusqu’à ces dernières années, en effet, on a démembré la médecine et par contrecoup l’homme malade, ce qui est peut-être plus grave. On n’a plus affaire à un patient, mais à un « cardiaque », à un « hépatique ». Le chirurgien n’opère plus une personne, mais un « sein » ou un « estomac ». L’interne s’occupe de la salle des « digestifs » ou des « cœurs ». Les spécialités se subdivisent encore. Il y a le médecin qui ne s’intéresse qu’aux varices et l’autre méde­cin qui est un as en électrocardiographie. Par fragments, on obtient ainsi un examen extrêmement complet et exact d’un malade, examen fait par de très nombreux médecins qui n’ont posé au patient que des questions concernant leur domaine res­treint. Le dossier regorge de renseignements dits objectifs, de résultats de laboratoire et d’autres investigations. C’est un magni­fique « check-up », comme disent les Américains, mais bien inutile s’il n’y a pas une synthèse finale. Or, le démembrement d’une certaine médecine est tel que bientôt plus personne ne peut ou ne veut faire cette synthèse, qui nécessite une compréhension du malade aussi bien psychologique que sur le plan organique. L’orientation ou la tendance psychosomatique veut avant tout redonner au patient la première place et non plus à l’organe malade seulement.

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L’autre ambition des psychosomaticiens est d’établir des liens durables et solides entre la psychiatrie et la médecine dite soma­tique. Il est certain que la connaissance des maladies mentales graves, des psychoses, ne donne que peu de renseignements sur les problèmes cliniques que j’ai soulevés. Il a fallu l’évolution récente de la psychiatrie qui est sortie des asiles pour s’intéresser aux problèmes psychopathologiques de l’homme moyen apparemment normal pour que les autres branches médicales renouent avec elle. L’apport du psychiatre peut être positif. Il ne fait plus simplement des diagnostics par exclusion, mais il peut affirmer l’existence d’une évolution psychogène ou d’une névrose sur des documents cliniques et psychologiques de valeur. La conception de bien des jeunes internes qui estiment qu’un cas est fonctionnel ou « psy­chiatrique », parce que les examens dits objectifs n’ont rien montré, est fausse et surtout très primitive. Elle montre les diffi­cultés énormes que bien des médecins éprouvent en face du pro­blème des rapports du corps et de l’âme...

...Vous aimerez certainement savoir si aux Etats-Unis la médecine psychosomatique a pratiquement exercé une influence quelconque. Je le pense, bien que mon expérience soit très réduite après un séjour de courte durée dans un pays qui est un continent. On constate avant tout cette influence dans l’enseignement aux étudiants en médecine et dans les cours de « post-graduates », c’est-à-dire de médecins, cours qui sont toujours fréquentés par de très grands auditoires. On montre à ces étudiants l’importance de la vie psychique en médecine. Dès le début de leurs études, on tend à leur donner des notions de psychologie normale. Avant de leur parler des grandes psychoses, des maladies mentales consti­tuées, dont le médecin praticien n’aura que très rarement l’occa­sion de s’occuper, on les familiarise avec les problèmes psycho­somatiques dont je vous ai entretenus. Les discussions, d’ailleurs, sont très vivantes et les confrontations entre les différentes disciplines médicales vraiment fertiles. De plus en plus, l’accent est mis sur la nécessité d’une' anamnèse de toute la personne du malade, sur l’obligation d’établir un contact affectif réel avec le

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patient et sur l’effet de la psychothérapie sur un grand nombre d’affections. Nos médecins savent tout cela, me direz-vous ! J’en suis persuadé, mais je sais aussi que beaucoup d’entre eux l’ont appris trop tardivement avec bien des difficultés pendant les pre­mières années qui ont suivi leur installation. Plusieurs universités américaines ont modifié leur programme d’étude et ont introduit des cours théoriques et pratiques de psychologie médicale comme branche correspondant à notre programme du deuxième examen propédeutique. Ils reconnaissent ainsi l’importance de la connais­sance des différentes tendances psychologiques médicales. Ce faisant, ils ne veulent pas révolutionner l’enseignement des disci­plines classiques, mais simplement accorder aux influences psy­chiques la place à laquelle elles ont droit.

L’homme ne vit jamais seul. Il fait partie d’une société de semblables et, la plupart du temps, il appartient à plusieurs sociétés de structure différente. La famille en est une, le milieu de ses amis une autre, l’atelier ou le bureau une troisième, l’école une quatrième. On peut en compter encore bien d’autres. L’adaptation à ces sociétés est assez difficile et elle est fréquemment défectueuse. D’autre part, la société elle-même représente un tout, une unité organique, et cette unité peut aussi tomber malade, ce qui se manifeste par la grande fréquence de certaines affections parmi les membres de la société envisagée. On en vient à une médecine sociale qui existe depuis que l’on lutte d’une manière scientifique contre les épidémies. Cette médecine étudie des phénomènes de masse et jusqu’à ces dernières années elle se contentait aussi d’envisager les facteurs physiques ou organiques qui pouvaient déclencher des maladies. Or, l’observation de certaines affections touchant des communautés ou certaines sociétés a troublé bien des esprits. Les explications classiques ne jouent plus et l’on a également envisagé dans ce domaine la participation éventuelle de facteurs psychologiques.

Donnons tout d’abord un exemple assez simple entrant bien dans le cadre de la psychosomatique. On sait par des statistiques très importantes que les médecins meurent en moyenne plus

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jeunes que l’ensemble de la population et que cette surmortalité est avant tout la conséquence d’affections cardio-vasculaires, en particulier coronariennes. Il en est de même pour d’autres pro­fessions, les banquiers, les directeurs d’entreprise, etc. On parle maintenant de la maladie des directeurs, des « managers ». Quelle explication donner à ce phénomène pathologique qui touche un groupe social ou des groupes bien définis ? On peut imaginer d’une part que les personnes qui choisissent ces professions sont prédis­posées par leur constitution à présenter par la suite des affections cardio-vasculaires graves. Il y aurait un choix inconscient de la profession. Il faudrait le prouver et je crois que l’on en est encore bien loin. On sait par contre que les professions médicales et directoriales obligent ceux qui les exercent à affronter sans cesse de grandes responsabilités, qu’ils sont constamment soumis à une forte tension psychique qui peut varier très rapidement suivant des circonstances imprévisibles. Ils sont donc les victimes de traumatismes psychiques répétés, alors que physiquement ils ne doivent pas fournir des efforts sévères. C’est cette explication que l’on donne et le faisant, on pense sans même le savoir, en psycho­somaticien...

... Vous ne m’en voudrez pas trop de toutes ces digressions au sujet de la médecine psychosomatique. Je voulais seulement vous faire saisir l’importance de l’influence des facteurs psychiques de n’importe quel ordre. Certains groupes de médecins psychosoma­ticiens ont certainement survalorisé leur action. C’est très humain et on ne peut leur en vouloir. Le danger que cette conception envahisse la médecine est d’ailleurs minime. Elle fait entrer en lice des éléments affectifs qu’on n’accepte jamais sans luttes intimes. La reconnaissance par le médecin de l’influence de certains conflits émotionnels oblige celui qui la fait à un début d’auto-analyse. Il se produit des phénomènes que je comparerai à ceux de l’induction électrique ou de la résonance à distance sous l’effet de vibrations invisibles. Le médecin vibre lorsque les difficultés affectives, les conflits psychiques de son patient correspondent à ses propres difficultés et à ses propres conflits. C’est très désagréable et l’on

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réagit souvent en se défendant. On ignore purement et simplement ce qui se passe dans la psyché du patient et l’on en revient à la médecine qui n’envisage pas ces questions. Bien des résistances et des attaques contre la conception psychosomatique n’ont pas d’autre origine.

Si je vous signale ce détail en apparence insignifiant, c’est qu’il me paraît représenter un des obstacles les plus importants à une compréhension réelle avec le psychiatre qui étudie ces questions. C’est aussi que ce mécanisme joue pour les infirmières et qu’il est peut-être utile que vous vous en rendiez compte pour mieux comprendre vos malades. Mais, j’aborde un sujet vraiment trop brûlant qui ne peut être traité en quelques lignes.

LETTRE D’AMÉRIQUE

New York, le 15 septembre 1954.Chères Sourciennes,

Lorsque, le 12 janvier dernier, je quittai Genève pour m’embarquer quelques jours plus tard au Havre à destination des Etats-Unis, c’est en toute bonne foi que je promis à Mlle Augsburger d’envoyer bientôt de mes nouvelles pour le Journal. Bien sûr, j’allais écrire ! J’aurais tant à dire !... Huit mois ont passé... Dois-je m’excuser ? Oui, certes, puisque j’avais promis d’écrire « bientôt » ! Mais il y a à mon silence des circonstances atténuantes et lorsque je vous aurai donné quelques aperçus de la vie que j’ai menée au cours de ces huit mois, vous en jugerez par vous-mêmes et vous me pardonnerez peut-être !

Je suis donc l’heureuse titulaire d’une bourse me permettant d’étudier pendant un an à New York, à « Teachers College » lequel, fondé en 1888, fait partie depuis 1898 de l’Université de Columbia, elle-même fondée en 1754. Teachers College forme des éducateurs qui, outre l’enseigne­ment, préparent tous les programmes scolaires officiels allant de l’école enfantine à l’Université y compris. De plus, il offre des cours dans l’en­seignement et l’administration de programmes spéciaux parmi lesquels figure celui pour infirmières diplômées. La section chargée de ce dernier programme est dirigée par Mrs. L. McManus, une infirmière qui a obtenu

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son doctorat en « Nursing Education » en 1947 ; elle est secondée par un groupe important de professeurs dont la plupart sont infirmières. Les différentes sections du collège sont loin d’être étanches. L’on encourage au contraire les élèves à profiter des cours des diverses sections, comme aussi de ceux qui se donnent dans les autres écoles et facultés de l’Univer­sité.

Mon but en acceptant la bourse en question ? M’éloigner pendant un temps du poste que j’occupe pour avoir le temps de penser tranquillement aux problèmes que pose à l’heure actuelle la profession d’infirmière et étudier — avec d’autres qui, comme moi, cherchent à y voir clair — les dits problèmes, tout en profitant des études déjà faites dans ce domaine. Par l’abondance de leur littérature spécialisée et par les nombreuses « expériences » qui se poursuivent dans ce pays, les Etats-Unis offrent réellement des possibilités d’étude extraordinairement riches et variées. L’esprit libéral de Teachers College et l’importance qu’attache son corps enseignant à permettre à chaque élève un maximum de souplesse dans son programme, de même que le nombre relativement élevé d’étudiants étran­gers qui y sont inscrits en faisait pour moi l’université idéale. J’ai donc choisi, pour la session de printemps, qui s’étend sur près de quatre mois, du 3 février au 27 mai, un programme qui me permettrait à la fois de mieux connaître les Etats-Unis — afin de mieux comprendre ce que j’allais y voir et y entendre ■— et d’étudier quelques-uns des principes de base de l’éduca­tion en général à côté de certains aspects particuliers à la préparation des infirmières. Voici les sujets de mes cours : Administration de l’école d’in­firmières — Services d’hygiène sociale — Psychologie de l’éducation — Etudes et travaux de recherches (comment s’y prendre pour faire l’étude de certains problèmes concernant les infirmières) — L’éducation aux Etats-Unis. Pour certains de ces cours des travaux écrits étaient exigés chaque semaine. De plus il nous a fallu lire un certain nombre d’ouvrages et en analyser par écrit le contenu (pour ma part huit livres en douze semaines), sans parler des innombrables articles et publications diverses dont il nous fallait prendre connaissance. Pour couronner le tout, il m’est échu en outre de préparer deux allocutions, l’une pour un déjeuner Croix- Rouge qui avait lieu à l’occasion de l’assemblée générale de l’Association des infirmières américaines, le 28 avril, et l’autre à l’occasion du bi­centenaire de l’Université de Columbia que Teachers College célébrait spécialement le 12 mai, jour de l’anniversaire de Florence Nightingale.

Vivre à New York et n’en connaître que le chemin de chez soi à l’Uni­versité serait folie. Aussi avais-je d’emblée résolu de consacrer chaque semaine un jour à voir les musées et autres richesses que contient cette

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ville tentaculaire. Mes bonnes résolutions n’ont pas toujours tenu ; mais heureusement que j’ai des amis ici et ils se sont chargés de s’assurer que je ne passe pas tout mon temps la tête dans des bouquins !

C’est grâce aussi à mes nombreux amis américains que j’ai pu passer les quatre mois d’été entre la session de printemps et celle d’automne de la façon la plus agréable et la plus enrichissante qui soit. J’ai visité plusieurs écoles d’infirmières à New York, Boston, Détroit, Minneapolis et Baltimore en faisant entre temps une escapade de quinze jours au Canada pour assister à la Conférence internationale de service social et rendre visite à la Croix-Rouge canadienne. J’ai en outre parcouru en voiture la plus grande partie de l’Etat du Minnesota, en compagnie d’infirmières-visiteuses qui en connaissaient tous les recoins et tous les us et coutumes. J’ai vu, à ma grande joie, de petits hôpitaux (20 à 40 lits), de petites sections de Croix-Rouge, de petites paroisses où chacun se connaît et s’appelle par son prénom. Mais rassurez-vous... j’ai aussi vu la plus grande carrière du monde pour l’extraction, à ciel ouvert, du minerai de fer, la plus grande fabrique d’automobiles du monde, le plus grand magasin du monde... On ne commence à connaître les Etats-Unis que lorsqu’on prend conscience de ces extrêmes.

Et me voici maintenant au seuil de ma deuxième session de cours à Columbia. Elle durera du 23 septembre au 27 janvier et j’en attends un enrichissement aussi grand que celui que m’a donné la session de prin­temps, plus peut-être, car la période d’adaptation est passée et je me sens bien chez moi ici.

La bourse que j’ai reçue m’a été offerte par l’Association des anciennes élèves de l’école d’infirmières rattachée au « Presbyterian Medical Center » à New York, en souvenir de la première directrice de l’école, Miss Anna C. Maxwell. En plus des frais de cours, la bourse comporte logement et nourriture à Maxwell Hall, la maison des infirmières de l’école. Cette maison à douze étages, perchée sur le bord de l’Hudson, à l’extrémité nord-ouest de cette étroite île rocheuse qui se nomme Manhattan, est baignée de soleil et exposée à tous les vents. J’y occupe un appartement très confortable composé d’une chambre à coucher, d’un salon, d’une salle de bain et d’une cuisine, laquelle tient toute dans une armoire, y compris un potager à gaz à quatre trous, un four, un frigidaire et un évier... beau­coup plus qu’il ne m’en faut car j’ai accès à titre gracieux à la salle à manger de l’école et c’est là que je prends la plupart de mes repas.

J’ai profité ces derniers jours avant l’ouverture des cours pour suivre — en compagnie de M1I= A. Gysler, du Bon Secours, qui fait ici un bref stage — dans ses premières journées d’orientation la nouvelle volée qui

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vient d’être admise à l’école du Presbyterian. Cent vingt élèves... c’est beaucoup ! Cela ne ressemble en rien à La Source... et pourtant ?... l’uniforme rayé bleu et blanc, le chant des cantiques au culte du matin, l’inscription gravée au fronton de l’hôpital : « From the Higheth cometh Healing » qui se rapproche si étroitement de la nôtre : « Je le pansay Dieu le guarit » sont là pour me rappeler qu’il y a entre toutes les infir­mières du monde un lien très réel. Miss A. Nutting I, après le congrès du Conseil international des infirmières qui s’était tenu à Cologne, en 1912, l’exprimait ainsi : « Dans tout ce qui compte vraiment, nous sommes vraiment unies. » (« We are really one in ail the things that really matter. »)

Yvonne Hentsch.

LUCERNE — LA VESKA — L’INFIRMIÈRE

La ville aux nombreuses tours recevait au début d’octobre les parti­cipants au cours organisé par la Veska. Ceux-ci, dont le cadre habituel est un hôpital, avaient quitté leurs occupations journalières pour tenter de voir plus sainement, plus juste, leurs problèmes professionnels. Ces problèmes sautaient des menus aux machines à laver et, par le lit du malade super-aménagé et la lumière veilleuse indirecte, arrivaient au point crucial et douloureux : le manque de personnel infirmier.

Ce sujet avait fait accourir non seulement des diaconesses et des infirmières, mais aussi un nombre impressionnant d’économes d’hôpitaux et quelques médecins, ces derniers trop rares à notre avis.

Le manque de personnel, le manque d’infirmières, comment y parer ? Il ne suffit pas d’en pleurer, il faut aller de l’avant avec ce qu’on a. Pour cela s’arrêter parfois dans son labeur et réfléchir, repenser son travail, reviser son organisation. Le but à atteindre en vaut la peine : c’est le mieux du malade, un séjour moins long dans nos établissements.

De tous les débats, il ressort nettement que l’infirmière ne doit plus être la seule après le médecin à s’occuper du malade. Si la science fait

1 Miss Nutting est connue dans le monde entier car elle est l’auteur, avec Miss Dock, de la plus grande encyclopédie de l’histoire du nursing qui ait jamais été écrite. Elle fut également la.première directrice de la Section des infirmières à Teachers College. La citation ci-dessus provient du livre récemment publié par Miss Mary Roberts : American Nursing — History and Interprétation, MacMillan Co., 1954.

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des pas de géant, elle oblige l’infirmière à un effort soutenu pour s’adapter chaque jour à de nouveaux moyens d’investigation et de traitement. Il faut donc qu’elle apprenne de plus en plus à laisser à des aides tous les travaux que ces dernières peuvent faire. Sans ignorer ces travaux, elle doit en contrôler l’exécution, les superviser. Ceci n’est pas une petite affaire, car qui seront ces aides ? On a parlé de « Schwesternhilfe », de « Spitalhilfe »...

L’aide-infirmière est une jeune fille qui, pensant embrasser un jour cette profession, veut voir ce que cela signifie. Entre dix-huit et vingt ans, elle vit une année au maximum dans un hôpital, elle y fait, selon ses aptitudes, toutes sortes de travaux au lit même du malade. Après ce temps d’essai, ou bien elle entre dans une école d’infirmières, ou bien elle reprend une occupation ailleurs.

L’aide hospitalière, elle, fait sa vie à l’hôpital, où elle passe des années, remplissant mille tâches paraprofessionnelles soit au lit du malade, soit en préparant du matériel, soit en entretenant les chambres. Si elle est moins initiée que sa cousine de nom à certains traitements, elle acquiert pourtant une routine du travail et devient pour l’infirmière une aide précieuse.

Pour que ces deux catégories d’aides rendent les services espérés, il faut que leur position, leurs activités, soient bien délimitées. Il faut que l’infirmière sache ce qu’elle peut et doit leur demander.

Si, pour cette collaboration, un effort est demandé à l’infirmière, l’administrateur, lui, a pour tâche d’améliorer les conditions de travail de tout son personnel. Non seulement du point de vue financier, mais surtout pratique. Il veille par exemple à ce que les blocs à main soient remplacés par une cireuse électrique, les lits sans roulettes par un lit facilement transportable. A la buanderie, il fera son possible pour éviter le transport à bras de trop lourdes charges ; il réfléchira mûrement en choisissant du matériel nouveau, préférant avant tout celui qui est aisé­ment déplaçable.

L’employeur doit encore obtenir pour son personnel un horaire égal et cela sans oublier les heures de pointe de la journée d’hôpital. Il lui faut équilibrer les forces dont il dispose, les répartir équitablement, les utiliser toutes, même celles qui sont amoindries. Une infirmière ayant peu de santé pourra s’occuper d’un centre de stérilisation, alors qu’au lit du malade ses forces ne suffisent plus. Elle reste ainsi utile à son prochain et pourvoit à son entretien.

Je n’ai pas parlé des médecins. Eux aussi ont leur part dans l’amé­lioration de l’organisation de la journée de l’infirmière. Ce point fera

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l’objet d’une étude plus approfondie que la Veska entreprendra et qui amènera certainement, du côté médical comme du nôtre, une meilleure compréhension, d’où une meilleure collaboration. Ceci toujours pour le bien du malade.

Si je vous ai longuement parlé de tous ces sujets que nous connaissons chacune par le menu, c’est qu’il fut bon, à Lucerne, de constater que dans notre pays des personnalités s’en préoccupent, que peu à peu des solutions se trouvent. Le manque d’infirmières est grand, il durera encore des années ; à nous donc, qui avons choisi cette profession, de la rendre plus attrayante, plus à la portée de celles qui nous succéderont. Pour cela réfléchir, communiquer nos suggestions à nos employeurs, à nos associa­tions d’infirmières. Osons dire ce que nous pensons, ce que nous espérons.

Pour finir, je voudrais citer un mot d’un médecin présent à Lucerne : « Ce qui me fit du bien ici, c’est de voir qu’aujourd’hui l’infirmière n’est plus négative à l’égard du manque d’infirmières, mais qu’elle est devenue un agent positif, cherchant et trouvant elle aussi des solutions à ce lourd problème. » Ces mots ont une valeur certaine ; ils signifient que notre opinion doit et peut se faire entendre.

S. Bauler.

CHRONIQUE DE L’ASSOCIATION

L’union fait la forceNous aimerions voir de nouvelles recrues, soit à l’Association Source,

soit à l’ASID, et nous faisons tout spécialement appel aux jeunes diplô­mées. Venez grossir nos rangs afinl° d’établir et de resserrer les liens d’amitié et d’entraide entre Sour-

ciennes ;2° de nous aider à développer notre profession ;30 de défendre notre cause ;40 de participer activement à la propagande de recrutement.

L’Association poursuit différents buts. Nous avons besoin de chaque infirmière, célibataire ou mariée, jeune ou moins jeune. Venez vous joindre à nous et, surtout, apportez-nous des suggestions pour notre Home, pour Noël, pour l’amélioration de notre profession. N’hésitez plus à faire ce petit sacrifice financier ; je vous assure qu’il en vaut la peine

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et que l’Association vous réserve bien des joies. Elle est en outre une œuvre d’entraide et de solidarité à l’égard de compagnes peu favorisées par le sort. Par l’ASID, elle établit un contact entre toutes les infirmières suisses ; par le Conseil international, elle nous rapproche des infirmières du monde entier.

Aidez-nous à trouver des personnes qui, désirant témoigner leur intérêt à l’Association Source, s’inscriraient comme « membres amis ».

N’oubliez pas que vingt Sourciennes d’une même localité ou région peuvent créer une section. Le Comité central s’efforcera de les aider et de leur faciliter la tâche.

A bon entendeur, salut !G. L.

Nouveaux membresDès maintenant, nous donnerons régulièrement les noms des Sour­

ciennes qui s’inscriront soit à l’Association Source soit à l’ASID. Voici donc la liste de celles qui sont entrées dans nos associations dès 1954, et à qui nous souhaitons une cordiale bienvenue :

ASID. — Mlles Violette Genton, Liliane Fuchsloch, Hélène Reichel, Clémence Henrioud, Ruth Jaques, Colette Fallet, Nelly Mercier, Aimée Briggen (actuellement Mrae Mekhitarian), Susy Ramseier, Denise Golay, Irma Schmid, Mme Gabrielle Margot-Dutoit.

Association Source. — Mlles Hélène Mercier et M.-Th. Henchoz, Mme Gertrude Simoness-Rochat.

Membres amis : Mme Alice Deluc-Giovannoni, Mlle Irène Jabas.

FoyerL’Association se trouvant dans l’obligation de résilier son bail dans

un avenir très prochain, nous prions les infirmières qui auraient des meubles ou des objets déposés au Foyer de La Source, de les retirer d’ici au 30 novembre au plus tard.

Paquets de NoëlNous vous rappelons que Mn° Hack, directrice du Foyer de La Source,

attendra jusqu’au début de décembre vos dons, en espèces ou en nature, pour nos compagnes âgées ou malades. Un grand merci à l’avance.

Quant aux dons (en espèces seulement) destinés aux paquets de Noël de l’ASID, ils doivent être envoyés au compte de chèques de l’ASID, n° VIII. 422 74. Indiquer au dos du chèque : « Paquets de Noël ».

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Assemblée générale extraordinaire

Samedi 13 novembre ig54, à 14 h. 30 précises, au Cercle démocratique, Valentin 2, Lausanne (trolleybus n°s 1, 2 ou 6 ; arrêt Riponne).

Ordre du jour1. Nouveau Foyer.2. Modification des statuts.3. Election.4. Propositions individuelles.5. Divers.

Lors de cette assemblée, nous devrons prendre une importante déci­sion concernant notre Foyer. En conséquence, nous vous invitons à venir nombreuses. Par votre présence active, vous témoignerez votre intérêt pour votre nouveau Foyer et votre attachement à votre association pro­fessionnelle.

Le Comité central.

A L’HOPITAL DES CADOLLES

Dix ans déjà ! Quelle charmante soirée nous avons passée aux Cadolles pour fêter ce bel anniversaire ! Quel anniversaire ? Mais celui de l’arrivée des Sourciennes, le 29 août 1944.

Il appartient à Mlle L. Guex, l’actuelle directrice, de saluer l’assem­blée, composée d’infirmières actuellement à l’hôpital et de quelques invités.

Pendant deux heures, nous assistons à un programme varié compre­nant : discours, productions diverses de chant, piano, violoncelle, flûte douce et danses. Toutes ces productions furent présentées par des infir­mières avec autant de grâce et de gentillesse que de talent.

Nous avons le plaisir d’entendre M1Ie Irma Hack, qui fut la première directrice « Source » de l’Hôpital des Cadolles, nous parler non sans quelque émotion de son arrivée à l’hôpital, accompagnée de MIle Gabrielle Guye. Elle brosse un tableau de ce qu’était l’hôpital à ce moment-là et ce qu’il est actuellement. Tant de réparations, transformations, amélio­rations ont été faites en dix ans, qu’il est presque impossible de recon­naître, du moins de l’intérieur, le vétuste hôpital d’alors.

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M. Paul Rognon, qui était directeur des Services sociaux en 1944 nous entretient des difficultés qu’il a rencontrées quand il fallut dénoncer le contrat avec l’Institution de Saint-Loup et de la tâche peu facile qui lui avait été dévolue à ce moment-là.

Une infirmière de la première heure narre quelques anecdotes vécues au cours de la première année. Ensuite, M. le pasteur Méan, trouvant qu’il manque à la soirée un poème, en composa un charmant au pied levé, en demandant à l’assistance de lui fournir les rimes. Que je n’oublie pas de dire la surprise et la joie que nous fit Mlle Guex en chantant de sa belle voix de mezzo une berceuse de Mozart et un air italien ancien de Giordani.

Merci à tous ceux qui ont contribué à faire de cette fête, suivie d’une collation, une soirée pleinement réussie. A dans dix ans !

M.-L. Vouga.

RÉUNIONS DE SOURCIENNES

Clarens, 8 octobre. — C’est chez Mlle Althaus qu’a eu lieu la pre­mière rencontre de la saison, avec l’animation habituelle des Sourciennes quand elles se retrouvent. Etaient présentes Mlles Ida Steuri, R. Hubert, M. Légeret, A. Dovat, H. Ernst, E. Dubi, G. Roehring, M. Trog, J. Rei- chel, E. Panchaud, Mme Decrevel-Henchoz.

Genève, 19 octobre. — Après la relâche de l’été, on aurait souhaité plus de monde pour écouter le très intéressant exposé de Mme Lescaze sur le sujet actuel et brûlant de l’assurance-maternité obligatoire. Après une discussion très animée, nous tombons d’accord sur la conclusion que l’avant-projet (qui sera voté par les hommes uniquement !) n’est pas satisfaisant, et qu’au lieu d’obliger toutes les femmes de dix-neuf à cin­quante ans à s’assurer, il vaudrait mieux faire une propagande active pour les assurances-maladie comprenant les risques de maternité, et pour les allocations familiales qui n’existent, jusqu’à présent, que dans quelques cantons seulement. A. F.-S.

Etaient présentes Mracs et Mllcs M.-M. Guhl-Biedermann, O. de Stoutz-Heinzelmann, M. Dugerdil, J. Margot, I. Gabin-Chatelain, E. Ber- tholet, L. Kaufmann, M. Borgel-Lude, I. Renaud-Brousoz, E. Lacroix- Kohler, R. Brunner, G. Binggeli-Huber, Y. Quadri-Jacquard, A. Faessler- Spiro. Mlle le Dr R. Girod et M11' A. Chapallaz s’étaient jointes à nous.

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Berne, 8 octobre. — Nous étions sept pour commencer la couverture tricotée ! Il faudrait que nous soyons plus nombreuses, à la prochaine séance, car Noël sera vite là. Mmes J. Guignard-Ryser, E. Herzig-Pra- dervand, E. Klainguti-Berger, Y. Bovey-Schüpbach, N. Rinderknecht- Huber, D. Studer-Moser, F. Bolliger-Robert.

Lausanne, 19 octobre. — Dix-huit Sourciennes, réunies au Café du Jorat, dans une jolie petite salle, autour d’une fondue, ont prouvé que l’initiative de l’Association de Lausanne a été couronnée de succès. Ce fut très gai et ...très bon, et nous souhaitons une autre fois être encore plus nombreuses. Mmes et MIles A. Barbaz, E. Hagen, E. Zbinden, P. Muller- Curtet, E. Panchaud, N. Léchaire, E. Tschumi-Dreyfus, L. Gaillard-Arm, R. Haldy-Glauser, M. Jaquier, F. Muller-Gagnaux, H. Belet, A. Dutruy, A. Toberer-Viguet, D. Bornand, S. Dupertuis, G. Margot-Dutoit, Jaton- Rochat.

FAIRE-PART

Mariace. — Mlle Denyse Praz et M. Max Zemp, le 16 octobre.

Naissances. — Odile, fille de Mm= Simone Bouffet-Roulet, le 22 sep­tembre, à Combloux (Haute-Savoie). — Pierre-Alain, fils de Mrae Anne- Françoise Chauvy-Schnetzler, à La Source, le 5 octobre. — Bernard- Philippe, fils de Mme Henriette Cavin-Foretay, le 7 octobre à La Source.

Deuil. — Mme Elise Herminjard-Gafner a perdu son mari, père de Mme Ruth Corlet-Herminjard.

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CALENDRIER

LausanneLundi 8 novembre, à 14 h. 30 : Réunion amicale au Foyer. Puisque nos

rencontres sont supprimées en décembre et janvier, ce sera la dernière fois que nous nous retrouverons dans notre vieux Foyer. Nous serons nombreuses, espérons-le, à venir rappeler des souvenirs et... parler de l’avenir.

Samedi 13 novembre, à 14 h. 30 : Assemblée générale extraordinaire de l’Association (voir Chronique de l’Association).

Genève

Mardi g novembre, à 13 b. : Réunion d’ « anciennes » chez Mlle Fuchs, Cour Saint-Pierre 3.

Mardi 23 novembre, dès 20 h. : Venez nombreuses manger la fondue au Restaurant « Bolozon », rue du Vieux-Collège 4. S’inscrire chez M,le Charrière, rue des Pitons 32, tél. 243644. Rappelez cette date à celles de vos amies sans mémoire !

Vevey et environs

Vendredi 26 novembre, dès 20 h. : Rencontre à la Confiserie Demont, rue du Théâtre 3, à Vevey.

NeuchâtelVendredi 12 novembre, à 20 h. 30, à l’Hôpital des Cadolles : Conférence de

M. le Dr Clerc sur Le facteur Rhésus.

Berne

Jeudi 11 novembre, dès 20 h. : Rencontre à la Pergola.

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LAUSANNEJ.A.

ADRESSES

Mlle Claire Bornand, Paris Mission Hospital, P.O. Senanga, N. Rhodesia, Afrique.

Mme Mathilde Jeanrenaud-Baciocchi, rue de Lyon 74, Genève.Mlle Hélène Zschokke, Bancroft Red Cross Hospital, Bancroft, Ontario,

Canada.MUe Irène Beney, Clinique Cecil, Lausanne.Mme Nelly Butty-Sulmoni, rue de l’Eglise, Romont.M11' Geneviève de Langenhagen, Hôpital américain, Neuilly-sur-Seine,

France.Mme Odette Mouron-Favre, avenue de Rosemont 1, Lausanne.Mme Jeanne Damien-Cornilescu, « La Prairie », Eben-Hézer, ch. de

Rovéréaz 18, Lausanne.Mmo Raymonde Viquerat-Ménétrey, Saint-Roch 21, Yverdon.Mlle Mary-Lise Piot, Clinique Bircher, Zurich.Mme Madeleine Hofer-Rouyat, Hôpital, Fleurier.MUe Blanche Werner, av. Paul-Chaix 2, Genève.

Au moment de mettre sous presse, nous apprenons avec consternation le décès du

Colonel PAUL RYNCKI

médecin en chef de la Croix-Rouge, délégué de la Croix-Rouge au Conseil d’administration de La Source.

Nous retracerons la carrière du disparu dans notre prochain numéro.

Lausanne. — Imprimerie La Concorde.