Forêt , économie verte et lutte contre la pauvreté

Forêt, économie verte et lutte contre la pauvreté

Chapitre III : la forêt écosystème social et symbolique

Nicole Huybens, Ph.D.

Introduction

février 2012 Nicole Huybens - Lyon 2

Au-delà de ce cas… Anecdotique ? D’une autre époque ? Notre humanité commune, c’est aussi cette

inscription particulière dans la nature La forêt n’est pas qu’un objet pour satisfaire

nos besoins Une nature « nous » (comme dans « ils nous

manquent de respect »). En lien avec d’autres discours rationnels, pour

inspirer des pratiques humaines dans la nature et particulièrement dans la forêt


Envers et contre toute « raison » ? Comprendre notre humanité commune dans sa

complexité Il est déraisonnable de nier l’importance de

l’intangible, des symboles dans la prise de décision et elles seront mieux éclairées avec eux AUSSI

La forêt : pas seulement un écosystème biologique, c’est une système éco-techno-symbolique (Berque, 2010)

De là, le titre du chapitre : la forêt un écosystème social et symbolique


Deux portes d’entrée pour le chapitre III

L’éthique de l’environnement : les représentations traditionnelles de la relation homme – nature et une proposition pour les humains d’aujourd’hui dans la nature d’aujourd’hui

La forêt symbolique : un arbre, ce n’est pas seulement une machine qui fait la photosynthèse et un élément dans un écosystème complexe, il signifie. Comprendre.

On est dans « l’intangible »février 2012 Nicole Huybens - Lyon 5

Distinguer… Sciences : des faits, des discours tentant de démêler le

vrai du faux. Décrire Ethique : des valeurs, des raisonnements tentant de

démêler le bien du mal, le meilleur dans les circonstances. Prescrire

Economique : des calculs de rentabilité. Calculer Droit : des règles, des normes. Imposer Esthétique : le beau/le laid. Ressentir Symbolique : du sens, du sacré. Signifier

Filles et fils du temps et des culturesfévrier 2012 Nicole Huybens - Lyon 6

… pour relier L’un ne remplace pas l’autre Tous les acteurs font des amalgames Distinguer pour relier consciemment,

pas pour rejeter Il faut des disciplines pour qu’il y ait

multidisciplinarité Le réel n’est pas disciplinaire


février 2012 Nicole Huybens - Lyon 8Forêt symbolique

Forêt socio-économique

Forêt science

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Lieu d’initiation

L’ÉTHIQUE DE L’ENVIRONNEMENT


Conceptions de la relation homme - nature

AnthropocentrismeEcocentrismeBiocentrisme


Anthropocentrisme Séparation de l’homme (sujet) et de la nature

(objet). Permet la science et la technologie modernes

et une empreinte environnementale démesurée (la nature est un objet exclu du champ de l’éthique).

Ethique utilitariste (logique économique). Maximiser les conséquences positives pour l’humain au moindre coût, y compris pour la nature

Anthropiser la naturefévrier 2012 Nicole Huybens - Lyon 11

Ecocentrisme Les écosystèmes et leur fonctionnement. Toute vie

se comprend, a une fonction à l’intérieur d’un écosystème.

Importance des experts et des sciences L’humain est un sujet : il doit décider de se

conformer aux lois de la nature qui servent d’éthique.

Ethique conséquentialiste et des bonnes pratiques (éviter les conséquences négatives sur les écosystèmes)

Réduction de l’homme à la nature : naturaliser l’homme


Biocentrisme Respect de toute vie Tous les êtres vivants ont un dignité propre

quelle que soit leur utilité pour les humains (rituels et interdits).

L’humain n’est pas un « sujet », la nature n’est pas un objet. Un « nous » interdépendant

Ethique déontologique ou morale des interdits. Anthropomorphiser la nature : l’humain ne fait

qu’un avec la biosphère et la nature a des facultés humaines (mère nature se venge…)


On ne peut pas choisir pour toute l’humanité

Représentations rarement discutées. Si elles l’étaient, peu probable que les

acteurs se mettent d’accord sur une des trois.

L’humanité est faite de ces représentations (au moins)

Dans l’explicitation, on comprend Décrire n’est pas prescrire


Métamorphoser l’éthique de l’environnement

Articuler ce que chaque représentation a de mieux dans une autre forme

Pour inventer une réponse contemporaine pertinente qui permet d’envisager « l’économie verte » dans un monde plus libre, plus juste, plus vert et plus responsable

Se libérer du caractère souterrain et souverain de ces idées qui ensorcellent notre intelligence en les explicitant


Concepts clés d’une éthique multicentrique

Ethique pratiquée (conviction, conséquences et valeurs humanistes)

Liberté et responsabilité pour les humains Accepter la co-évolution, le partenariat, le co-

pilotage du destin terrestre Tous les humains dans leur complexité Dialogue Gouvernance Humaniser l’humanité


LA FORÊT SYMBOLIQUE


La forêt symbolique Un élément du réel (une forêt) révèle ou

explique un « mystère », issu de l’intuition des humains

Importance des mythes, des symboles et des rituels

Répondre à des questions humaines de sens

Ni décrire, ni prescrire mais signifier


La forêt, tout un symbole ! 19Nicole Huybens

La forêt tout un symbole ! Vie, source de vie, cycle de la vie Immortalité et fécondité : fruits, tronc creux, racines

vivaces Régulation parfaite, harmonie originelle, immaculée Symbole de protection, refuge, mais aussi de

perdition Symbole de connaissances : lieu d’initiation, s’y

perdre pour se retrouver, renaître adulte, chasseur ou shaman

Le bois accompagne l’après-vie : matrice pour une renaissance

Le matériau bois est vivant


Arbre debout Symbole axial Pousse vers le haut et vers le bas, il relie le

monde inférieur humain, terrestre et le monde souterrain au monde divin

Rend accessible une information sacrée (arbre à prières)

Symbole de la présence de l’Absolu au sein de la réalité humaine

Arbre comme un humain : racines de l’inconscient, les branches de la croissance, le sommet de la spiritualité


Symbolique culturelle XVIIe siècle en Amérique du nord : affreuse, lugubre,

sauvage, déserte, barbare et mélancolique, ensorcelée, effrayante, sombre et sinistre

Royaume du diable et de la liberté Défricher : avancée culturelle. Couper les arbres :

signifie un élargissement de conscience, la culture prend le pas sur la nature

La forêt, c’est l’envers du village, de la culture, c’est le sauvage qui répugne (avant) et attire (aujourd’hui)

Contemporaine : réservoir de ressources et source de bien-être, symbole de pureté. Les arbres coupés, les paysages dénudés : symbole de notre inadéquation dans la nature aujourd’hui

Exemple : la forêt boréale du Québec

Interprétation à partir d’éléments symboliques d’une controverse virulente à propos des interventions humaines dans la forêt boréale du Québec

Les « racines » sont de l’ordre symbolique


mai 2011 Nicole Huybens- MDDEP 23Forêt imaginaire

Excellente régénération

Forêt sociale

Forêt science

Crise forestière

Emploi

Propriété publique

Forêt éthique

Gestion privée

Gouvernance

Econom

ieProt

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re

honte

tristessetrahison

Paradigmes systémiques

finaliste et stochastique,

de la complexité

Anthropocentrique,

Biocentrique,

Écocentrique,

Multicentrique

Forê

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Forêt merveilleuse

Forêt sacrée

24

Exemple : la forêt boréale symbolique

La forêt combat : Prométhée contre le paradis perdu. Quête sociale. Combat entre la nature et la culture

La forêt liberté :. Terrain de jeux, paradis pas perdu, forêt décor. Quête individualiste. Lieu d’aventure exaltante.

La forêt merveilleuse : la vie, l’immortalité, la parfaite harmonie. L’art, la beauté pour connaître (Orphée). Une coupe : colère, tristesse, trahison, apocalypse.

La forêt sacrée : la reliance : le lien avec le cosmos (forêt cathédrale) et entre les humains (générations passées et futures) ou autour d’un idéal commun (forêt credo).

février 2012 Nicole Huybens - Lyon

L’au-delà du rationnel comme bagage…


Quelles précautions symboliques viendraient adoucir la culpabilité, la tristesse, la honte, la colère associées aujourd’hui à la coupe, image de notre inadéquation contemporaine à l’égard de la nature ?

D’autres exemples et études de cas pour le livre

La « forêt guérison » d’un shaman amérindien

Les forêts sacrées de Kayas des Mijikenda au Kenya (Patrimoine mondial de l’UNESCO)

Mobilisation sociale inédite pour sauver une forêt du domaine rural dans le Sud-Est de la Côte d’Ivoire : le rôle des logiques socio-anthropologiques (Koné Inza)


Pour résumer Les questions d’éthique et de sens sont

cryptées quand à peu près le seul sens donné à la nature est d’être « des ressources naturelles » pour satisfaire des besoins humains même en lien avec les générations futures.

Les nier est irrationnel On ne peut pas humaniser l’humanité sans

prendre en compte la complexité humaine Le paradis est perdu ! Tant mieux : nous avons

la conscience, la liberté et la responsabilité aussi.février 2012 Nicole Huybens - Lyon 27

Démocratie participative et représentative Régulation mondiale pour les problèmes sans

frontières Les interventions humaines en forêt seront

plus « humaines » si elles prennent en considération Les impacts environnementaux des activités en forêt Les aspects socio-économiques (usages multipliés des ressources,

bien-être des communautés, création et répartition des richesses) les aspects éthiques et symboliques souvent cryptés, énoncés

dans des émotions dont il est important de reconnaître l’existence, la nécessité, la pertinence pour assumer la communauté de destin qui unit tout ce qui vit sur la terre.


Conclusion : un monde plus libre

Quelque part, sur une île entre rêve et réalité, les légendes des temps oubliés marchent encore parmi les ombres d’une forêt immortelle.

Yaxin, le faune Gabrielfévrier 2012 Nicole Huybens - Lyon 29

Merci

Armstrong K. (2005), Une brève histoire des mythes, Boréal. Beauchamp, A. (1993) Introduction à l'éthique de l'environnement, Montréal Paris, Éditions Paulines, Médiaspaul. Berque A. (2010) Des fondements ontologiques de la crise et de l’être qui pourrait la dépasser, VertigO – la revue électronique en

sciences de l’environnement, Vol 10 n° 1, avril 2010, en ligne. Bouchard Gérard (2003). Raison et contradiction. Le mythe au secours de la pensée,Nota bene/Cefan. Callon, M., Lascoumes, P. & Barthe, Y. (2001) Agir dans un monde incertain : Essai sur la démocratie technique, (Paris, Seuil). Camerini, C. (2003) Les fondements épistémologiques du développement durable : entre physique, philosophie et éthique, (Paris,

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complexité. (Saarbrücken, Éditions universitaires européennes). Larrère C. 2009, La justice environnementale, Multitudes, 2009/1 n° 36, p. 156 à 162. Larrère C. 2006, Ethiques de l’environnement, Multitudes, 2006/1 n° 24, p. 75 à 84. Lewis, N., Deuffic, P. & Ginelli, L. (2005) L’importance des forêts dans la construction sociale, pistes exploratoires. Rapport,

CEMAGREF, Bordeaux. Morin, E. (1977, 1980, 1986, 1991, 2000, 2001, 2004) La Méthode I à VI, (Paris, Seuil). Oliveira Gomes, C. D. (2005) L'indispensable de la mythologie : Comprendre et connaître les grands mythes, (Levallois-Perret,

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culturels et théologiques : Actes du congrès 1995 de la société canadienne de théologie. (vol. 56), Fidès, 21-53. Serres, M. (1990) Le contrat naturel, (Paris, F. Bourin). Simard, L. (2005) Le débat public en apprentissage : Aménagement et environnement : Regards croisés sur les expériences

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Quelques références

Documents

Forêt , économie verte et lutte contre la pauvreté