36
43AVRIL 2020 www.formule-verte.com M CRISE SANITAIRE Les acteurs de la bioéconomie se mobilisent BIOMASSE BioseDev aide à une valorisation plus écoresponsable REVÊTEMENT Colibri dépollue l’air grâce à ses peintures biosourcées À la recherche de nouveaux modes d’alimentation Dossier PROTÉINES

formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

43AVRIL 2020N°

www.formule

-verte.co

mM

CRISE SANITAIRE

Les acteursde la bioéconomiese mobilisent

BIOMASSE

BioseDev aideà une valorisationplus écoresponsable

REVÊTEMENT

Colibridépollue l’airgrâce àses peinturesbiosourcées À la recherchede

nouveauxmodesd’alimentation

DossierDossierPROTÉINES

Page 2: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

LE MAGAZINEUne synthèse de l’actualité de l’industrie chimique

et de ses fournisseurs.

+ LE CAHIER SPÉCIAL USINES CHIMIQUESPrésente plus de 600 sites de production

répertoriés sur le territoire français.

+ LE GUIDE DES FOURNISSEURSRépertorie près de 1 900 technologies

et offres de services.

LE DIGITALLA NEWSLETTER [EXCLUSIVITÉ ABONNÉS]Une fois par semaine, une newsletter sélectionne une actualité phareen pétrochimie, chimie de spécialités, chimie verte etchez les fournisseurs d’équipements et de services.

INFOCHIMIE.FRRéservé aux abonnés et donnant accès à plus de 60 000 articlesnumérisés pour suivre en continu l’actualité.

À RENVOYER ACCOMPAGNÉ DE VOTRE RÈGLEMENT À :INFO CHIMIE - Service Abonnements - Antony Parc II

10, place du Général de Gaulle - BP 20156 - 92186 Antony CedexEmail : [email protected]

Je souhaite recevoir une facture acquittée

Mme M.

Nom/Prénom :

Société :

Adresse :

Code postal : Ville :

Tél. :

J’inscris mon adresse pour recevoir l’e-newsletter

* TVA 2,10%. Offre valable jusqu’au 31/12/2020. Conformément à la loi du 06/01/1978, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, les rectifier et vous opposer à leur transmission éventuelle en écrivant à ETAI • SAS au capital de47 111 184 € • RCS Nanterre B 806420360 • FR 00806420360 • Service abonnements • Fax +33 (0)1 77 92 98 15 • [email protected]. Pour consulter nos CGV : http://www.infopro-digital.com/pdf/CGV_abo_Groupe.pdf. Pour consulter les règlesRGPD du groupe : https://www.infopro-digital.com/rgpd-gdpr/. © muph - stock.adobe.com

RÈGLEMENT :

Chèque bancaire à l’ordre d’Info Chimie MagazineÀ réception de facture

OUI, je m’abonne pour 1 AN à Info Chimie.

B U L L E T I N D ’ A B O N N E M E N T

Email : @NOMINATIF ET EN MAJUSCULES - INDISPENSABLE pour ouvrir vos accès web

JE CHOISIS L’OFFRE D’ABONNEMENT :

CHI2000

Offre Solo :Info Chimie Magazine

329ETTC*

(CHI1A01)

Offre Duo :Info Chimie Magazine+ Industrie Pharma Magazine

529ETTC*

(CHIPHA01)

Pour suivre l’actualité, approfondir les process et découvrir les innovations de la chimie

Page 3: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

n ces temps de crise sanitaire, on parle bien peu de bioéconomie (hors

alimentaire) en France. A part peut-être de production de bioéthanol, qui doit

bifurquer en grade pharmaceutique, pour la production de gels hydroalcooliques.

La bonne nouvelle est que l’Europe ne l’oublie pas.

Le 2 avril dernier, la Banque européenne d’investissement (BEI) a annoncé le lancement d’une

nouvelle initiative ou « prêt-programme » visant à financer des prêts, à hauteur 700 millions

d’euros, dans le secteur de l’agriculture et de la bioéconomie. Et ceci doit venir en soutien d’un

investissement global de près de 1,6 milliard d’euros, dans toute l’Europe.

«Depuis que la pandémie de coronavirus a atteint l’Europe, la BEI a été pleinementmobilisée

avec la Commission européenne pour déployer un plan de soutien pour les PME les plus

durement touchées, y compris celles du secteur agroalimentaire » consent le vice-président de

la BEI responsable de la bioéconomie, Andrew McDowell. «Néanmoins, le financement à long

terme du secteur par la BEI se poursuit en parallèle, enmettant l’accent sur l’innovation, l’action

pour le climat, la durabilité environnementale et le développement rural » a-t-il ajouté.

Le nouveau dispositif s’adresse à des entreprises privées opérant tout au long des chaînes de

valeur de la production et de la transformation des aliments, des matériaux biosourcés et de

la bioénergie. La bioéconomie est ici prise au sens large : alimentaire et non alimentaire. Il sera

garanti par le budget de l’UE au titre du Fonds européen pour les investissements stratégiques

(EFSI). Concrètement, le prêt-programme est calibré pour soutenir des investissements du

secteur privé allant de 15 à 200 millions d’euros par projet. Le montant des prêts accordés sera

alors de 7,5 à 50 millions d’euros.

Le programme n’est pas une nouveauté puisqu’il

s’inscrit dans la continuité d’une première initiative

lancée en 2018. Elle avait bénéficié d’une enveloppe

de 400 millions d’euros qui a été dépensée presque

entièrement. En effet, le prêt-programme de 2018

avait suscité un intérêt considérable sur le marché.

De nombreuses entreprises privées et coopératives

agricoles, dans plusieurs pays de l’UE, s’étaient

mobilisées. Par exemple, en Pologne, en Irlande, en

Italie, en Lettonie et en France où l’entreprise bretonne

Roullier avait même été la première bénéficiaire du

dispositif. Cette société, experte en solutions pour la

nutrition végétale et animale, avait perçu 50 M€ pour financer des projets de R&D en vue

d’élargir son portefeuille produits. Ces fonds ont aussi servi à financer des investissements

sur ses deux sites basés en Ille-et-Villaine : le Centre mondial de l’innovation Roullier de Saint-

Malo et le Centre d’études et de recherche appliquées de Dinard. Et sans avoir précisément

communiqué sur le montant, de nombreuses autres sociétés françaises ont reçu, par la suite, le

soutien de la BEI, à commencer par Metabolic Explorer ou Afyren qui construisent toutes deux

leur première installation industrielle en Moselle.

Espérons que cet élan donné par l’Union européenne sera suivi de faits de la part des acteurs

de la bioéconomie. On sait que la tendance de fond est toujours bonne et qu’il faudra, au sortir

de la crise, réadresser la problématique des émissions de gaz à effet de serre et du changement

climatique. Mais si le prix du pétrole se stabilise durablement autour de 20 dollars le baril…

Je mets mon joker.

Éditorial

BioéconomieL’Europemetdenouvellesbilles

Sylvie LatieuleRédactrice en [email protected]

Suivre@SylvieLatieule

3FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

« La Banque européenned’investissementa annoncé le lancementd’un « prêt-programme »visant à financerdes prêts, à hauteurde 700 millions d’euros ».

n ces temps de crise sanitaire, on parle bien peu de bioéconomie (hors

alimentaire) en France. A part peut-être de production de bioéthanol, qui doit

bifurquer en grade pharmaceutique, pour la production de gels hydroalcooliques.

La bonne nouvelle est que l’Europe ne l’oublie pas. E

Page 4: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

4 FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

Sommaire N°43 - Avril 2020

DossierPROTÉINES Alarecherchedenouveauxmodesd’alimentation

DÉRIVÉS DU PINDRTpasse sousle contrôledeFirmenich

RECYCLAGE DE POLYMÈRESCarbios va bien construireson démonstrateur à St Fons

COSMÉTIQUELe partenariat entre Deinoveet Sharon Laboratoriestombe à l’eau

BIOCONTRÔLEL’amibed’Amoebaévaluéeparhuitsociété

STRATÉGIECorbion dévoile son planAdvance 2025

OLIGOSACCHARIDESDSMacquiert Glycompour 765M€

HYDROGÈNE VERTNeste investit dansla technologie de Sunfire

08 Repères

06 14

COMBUSTIBLE VERTLessoudièresfrançaisesdébutentleurtransitionénergétique

RECHERCHE & DÉVELOPPEMENTDesmicro-algues pour unetroisièmegénération de biocarburant

33 IndexListe des sociétés

34Marquedurable

En routeversles «écolobriques»

COVID-19Les acteurs de la bioéconomiesemobilisent

REVÊTEMENTSColibri dépollue l’air grâceà ses peintures biosourcées

INGRÉDIENTS BIOSOURCÉSBioseDev aide à unevalorisation de biomasseplus écoresponsable

VerteVerteVitrine

Focus20

Pour s’abonner :www.formule-verte.com

Déjà abonné : [email protected] - 01 77 92 99 14

Face à la forte haussede la population mondialeet aux changements derégimes alimentaires,le secteur de l’agroali-mentaire cherche desmoyens de produc-tion de protéines plusdurables et innovants.Légumineuses, insectes,biotechnologies… autantde solutions complémen-taires pour répondre àcet enjeu majeur.

©D

RT

Photo de couverture : Ÿnsect

©To

moj

o

©IA

R

©Ÿ

nse

ct

Page 5: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

EXTRACTION DE PROTÉINES AVEC LES DÉCANTEURS ET SEDICANTER® FLOTTWEG· la solution idéale pour l’extraction des protéines à partir de

différentes matières premières

· chacune des étapes du processus: extraction, lavage, concentration

et clarification

· rendement élevé en protéines

· normes d’hygiène très élevées

· traitement délicat du produit

· faible consommation d’énergie

À RENVOYER ACCOMPAGNÉ DE VOTRE RÈGLEMENT À :INDUSTRIE PHARMA - Service Abonnements - Antony Parc II

10, place du Général de Gaulle - BP 20156 - 92186 Antony CedexEmail : [email protected]

Je souhaite recevoir une facture acquittée

Mme M.

Nom/Prénom :

Société :

Adresse :

Code postal : Ville :

Tél. :

J’inscris mon adresse pour recevoir l’e-newsletter

* TVA 2,10%. Offre valable jusqu’au 31/12/2020. Conformément à la loi Informatiqueet liberté du 06/01/1978 et LCEN du 22/06/2004, vous disposez d’un droit d’accès et derectification des données que vous avez transmises, en adressant un courrier à ETAI.SAS au capital de 47 111 184 € - 806 420 360 RCS Nanterre - N° TVA FR 00 806 420 360.Toute commande implique l’acceptation des CGV consultables à : http:// www.infopro-digital.com/pdf/CGV_abo_Groupe.pdf. Pour consulter les règles RGPD du groupe :https://www.infopro-digital.com/rgpd-gdpr/. © Blue Planet Studio - stock.adobe.com

REGLEMENT :

Chèque bancaire à l’ordre d’Industrie PharmaÀ réception de facture

OUI je m’abonne pour 1 AN à Industrie Pharma.

B U L L E T I N D ’ A B O N N E M E N T

Email : @

NOMINATIF ET EN MAJUSCULES - INDISPENSABLE pour ouvrir vos accès web

JE CHOISIS L’OFFRE D’ABONNEMENT :

PHA2000

Offre Solo :

299ETTC*

(PHA1A01)

Offre Duo :

529ETTC*

(CHIPHA01)

Industrie Pharma Magazine+ Info Chimie Magazine

Industrie PharmaMagazine

LE MAGAZINEPour s’informer sur l’actualité de l’industrie

pharmaceutique, sur l’avancée des recherchesou les lancements de nouveaux médicaments.

+ LE CAHIER SPÉCIAL USINES CHIMIQUESPrésente plus de 600 sites de production

répertoriés sur le territoire français.+ LE GUIDE DES FOURNISSEURS

Répertorie près de 1 900 technologieset offres de services..

LE DIGITALLA NEWSLETTER [EXCLUSIVITÉ ABONNÉS]Deux fois par mois, une newsletter sélectionnedes solutions pour les usines pharmaceutiquessur des sujets variés : salles propres, équipementsde process, nettoyage, conditionnement,analyse-mesure.INDUSTRIEPHARMA.FRRéservé aux abonnés et donnant accès à plusde 60 000 articles numérisés pour suivre encontinu l’actualité.

Pour suivre l’actualité des labos et des entreprises et approfondirles thématiques spécifiques de la chimie fine et du process pharmaceutique

Page 6: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

6 FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

Emballons le champagnesans plastique■ Lamaison Ruinart a annoncé ausalonVinexpo le développement d’unnouvel emballage qui remplacerales coffrets existants. Cet « écrininnovant et écoresponsable » est issude fibres naturelles de bois provenantde forêts européennes éco-gérées, et estfacilement et entièrement recyclable.Cet étui est 9 fois plus léger que leprécédent coffret, et permet ainside réduire de 60% son empreintecarbone, selon laméthode BEE (Bilanenvironnemental des emballages)de l’Ademe. L’emballage estmoulédirectement à la forme de la bouteille,demanièremonobloc, et est découpé aujet d’eau sous pression. La fermeture sefait par un bouton pression.Un emballage zéro plastique donc !

VerteVerteVitrineVêtements, accessoires de mode ou de téléphonie, alimentation animale, jardinage, décoration…Les produits biosourcés et écoresponsables s’intègrent à tous les produits du quotidien.

©To

moj

o

©M

oncl

er

©M

oncl

er

Des croquettes aux insectes■ Le pari fou de Tomojo ? Nourrir les chiens et les chats avec descroquettes à base d’insectes. La recette de cet aliment remplacela viande conventionnelle par une farine d’insectes,Hermetiaillucens (mouches soldats noires), élevés aux Pays-Bas. Ces alimentssont riches en protéines, acides aminés et acides gras et évitent laprésence d’antibiotiques et d’hormones de croissance. Ces croquettessont également composées de pois, fécule de pomme de terre,lentille, pulpe de betterave et de graisse de canard, dont la grandemajorité (85 %) est d’origine française. La société a égalementdéveloppé des friandises pour chiens à base de farine de ténébrion(des coléoptères), de cassis et de romarin. Tous ces produits sont enplus emballés dans des packagings biodégradables.

Bien au chaud grâce au ricin■ La sociétéMoncler a mis au pointune veste neutre en carbone. Tissu,doublure, boutons et fermeture sont tousfabriqués à partir de graines de ricin. La« qualité et la technicité » répondent auxnormes de l’entreprise pour les vêtementsd’extérieurs. La production de cettedoudoune émet 30 % de CO2 en moins

par rapport à un vêtement fabriqué avecdes matériaux conventionnels, issus dupétrole. La société a choisi de travaillerles graines de ricin car leur utilisationn’affecte pas l’approvisionnementalimentaire, leur culture se faisant sur desterres marginales et ne nécessitant que defaibles volumes d’eau.

Page 7: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

7FormuleVerte - N°43 - Avril 2020FormuleVerte N°43 Avril 2020

Z O O MLe ricin à la modedes années 1960Lamarqueneubaueyewear a lancéune édi-tion spéciale de lunettes « Côte du Soleil »,que la société présente comme entière-ment bio. Cette collection est composée demodèles fabriqués à partir d’un nouveaumatériau : natural 3D. Ce matériau, éco-conçu et compatible avec la technologied’impression 3D, est produit grâce à l’huileextraite des graines de ricin, issues d’uneculture 100 % bio. Ces modèles, inspirés dufilm « La Piscine », rendent hommage à laCôte d’Azur des années 1960.

©N

irM

eiri

Stu

dio

Protéger son téléphone de façonécoresponsable■ La société de technologie mobile Incipio a mis au point une gamme de coques deprotection pour iPhone biosourcées. Ce matériau, Organicore, est fabriqué uniquementà partir de plantes et est 100 % compostable. Ces coques, disponibles en noir, pinprofond, vert, gris pierre et beige gruau, commencent à se décomposer après 6 moisdans le compost approprié. Les tests réalisés par la société montrent que, malgré desmaladresses, votre précieux smartphone sera protégé même s’il chute d’une hauteur dedeux mètres.

Des engraisorganiques et recyclés■ La société Compo a développé la gammed’engraisOrganic & recyclé Algoflash. Adestination du marché du jardin amateur, cesproduits associent des engrais et du terreau100 % d’origine organique à des emballagesutilisant plus de 80 % de matières recyclées.Les ingrédients végétaux et organiquesdes terreaux proviennent, entre autres, dela récupération de déchets de l’industriealimentaire et de compost. L’engrais universelliquide de la gamme est issu de vinasse debetterave, tandis que l’engrais sous formede granulé est composé en grande partiede pépins de raisins, coques de cacao et detourteau végétal. Un produit permettantd’avoir un potager bio et écoresponsable.

Une décoration vraiment chou■ Le designer indien Vaidehi Thakkar,en partenariat avec le studio londonienNirMeiri, a créé Veggie Lights : un abat-jour naturel et compostable fabriquéà partir de feuilles de chou rouge. Ledesigner a mis au point un procédé detransformation des feuilles en matériauproche du papier, le Fiber Flats. Leproduit est ensuite mis à tremper dansun conservateur naturel de couleurs. Lesfeuilles sont ensuite façonnées et placéesà des hautes températures afin quetoute l’humidité s’évapore. Une optionde décoration qui provient tout droit dupotager !

©In

cip

io

©Pr

imav

era

©N

eub

auey

ewea

r

© Pédiconfort

Des chaussuresen plastique…marin■ La marque Pédiconfort a mis aupoint des derbies 100 % recyclées. Il fautrecycler 4 bouteilles en plastique enprovenance des océans pour fabriquerune paire de ces chaussures sportswear,et cela grâce à la technologie Seaqual.Cette fibre a les mêmes qualités qu’unpolyester classique, mais leur productiondiminue significativement l’empreinteécologique d’une paire de chaussures :une consommation d’eau réduite de40 %, jusqu’à 50 % d’énergie consomméeen moins et des émissions de CO2

diminuées de 60 %.

Page 8: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

8

RRRepères [ENTREPRISES]

FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

nombreux marchés, avecles deux tiers de son chiffred’affaires qui couvrent lemême secteur des arômeset parfums pour la santé, lanutrition et les cosmétiquesque Firmenich. Le tiers restant– marchés des adhésifs, desrevêtements ou de l’agricul-ture – pourra constituer desrelais de croissance pour sonnouveau propriétaire. ■

SYLVIE LATIEULE

avec un chiffre d’affairesde 3,7 Mrds € et 8 000 col-laborateurs. Ardian, et lesactionnaires historiques,réaliseront au passage unebelle plus-value. De sourcenon confirmée, la transactionpourrait s’élever à 1,7 Mrd €,alors que DRT était valorisé à1 Mrd € fin 2017.Même s’il doit renoncer àson indépendance et à sanationalité, DRT ne perdrapeut-être pas au change. Iltrouve refuge auprès d’ungroupe industriel d’enver-gure, partageant la mêmeculture familiale et qui luilaissera une certaine indé-pendance. Laurent Labatut,qui garde son poste de direc-teur général, l’assure : « DRTconservera bien sûr sa capa-cité à servir tous ses clients et

DÉRIVÉSDUPIN Actionnaire majoritaire de DRT depuis 2017, le fonds Ardian a cédé ses partsà Firmenich. Ceci fait passer la pépite landaise sous pavillon suisse.

profitera de ce que Firmenichpourra apporter, notammentpour développer ensemble denouveaux produits et la capa-cité industrielle de DRT ». Legroupe suisse devrait notam-ment offrir ses compétencesen R&D, à laquelle il consacre10 % de son chiffre d’affaires,avec 450 chercheurs. Il estégalement prévu qu’il inves-tisse dans l’outil industriel deDRT, constitué de quatre sitesen France (Vielle-Saint-Girons,Castets, Granel et Mourenx),deux aux États-Unis, deuxen Inde et un en Chine. Siune absorption pure et duren’est pas à l’ordre du jour,c’est aussi parce que DRT sesitue en amont de la chaînede valeur de Firmenich, quiest déjà un de ses clientsimportants. DRT dessert de

©D

RT

DRTpassesouslecontrôledeFirmenich

La société landaise prend lanationalité suisse.

DRT était une belle ETIlandaise. Ce spécialiste

des ingrédients naturels etrenouvelables, produits àpartir d’essence de térében-thine et de colophanes, avaitannoncé dernièrement 550millions d’euros de chiffred’affaires, en croissance de 5à 10 % par an, avec un effectifde 1 500 personnes. Mais ens’emparant de la majorité deson capital, fin 2017, auprèsd’actionnaires familiaux quidétenaient 70 % des parts etauprès de Tikehau Capital(30 %), le fonds Ardian aécrit son histoire autrement,contribuant à faire passercette pépite sous pavillonsuisse. Plus précisément sousla coupe de Firmenich, quifigure parmi les leaders mon-diaux des arômes et parfums

RECYCLAGEDE POLYMÈRES

CarbiosvabienconstruiresondémonstrateuràStFons

sommes ravisd’étendre cepar-tenariatà la constructiondenotreusinededémonstration»,a déclaré Jean-Claude Lumaret,directeur général de Carbios.La construction de l’unitéde démonstration débuteracette année, pour une entréeen service courant 2021. Unepremière industrialisation estensuite attendue à l’horizon2024-2025. ■ F.V.

BIOTECHNOLOGIES

PlantAdvancedTechnologiescréelafilialeCellengo

de viser les marchés cosmé-tique, nutraceutique, pharma-ceutique et des bio-pesticides.Cellengo poursuivra les mêmesobjectifs de responsabilité envi-ronnementale quePAT,àsavoirl’utilisationdetechnologieséco-responsables s’inscrivant dansles principes de la chimie verte,la préservation des plantesdans leur environnementd’origine et l’absence d’usagede terres agricoles pour desproductions non-alimentaires.PAT ajoute que Cellengo al’ambition de devenir un acteurincontournable du domainede l’ingénierie métabolique,c’est-à-dire de la synthèse desubstances naturelles végé-tales par des microorganismesreprogrammés.■ F.V.

La société française debiotechnologies Plant

Advanced Technologies (PAT)a fait part le 6 mars de la créa-tion de Cellengo. Cette filiale,détenue à 100 % par la société, aété établie suite à des avancéesimportantes dans le développe-ment d’actifs végétaux obtenuspar synthèse microbienne.Actuellement, PAT propose àses clients des produits issusde la technologie PAT, Plantesà traire, qui rend disponibledes actifs naturels racinaires, àl’image du Prenylium, un actifco-développé avec Clariant, issudes racines de mûrier blanc. Lafiliale Cellengo, qui est vouée àla production de biomoléculespar voie de biosynthèse natu-relle, devrait permettre à PAT

La société spécialisée dansle recyclage enzyma-

tique Carbios a confirmé laconstruction d’une unité dedémonstration pour son pro-cédé de recyclage enzyma-tique du PET, d’une capacitéde 2 000 tonnes par an. C’estla société TechnipFMC quiassistera Carbios dans cetteétape. Comme c’était déjà lecas pour la construction dupilote en 2018, TechnipFMCfournira ses services enconseil, ingénierie, achatsd’équipements et de supervi-sion de construction du futursite en région lyonnaise deCarbios.« LacollaborationentreCarbios etTechnipFMCaété très fructueuseaucoursdesdernièresannées etnous

©C

arb

ios

Carbios doit s’installer surle site deKemOne.

Page 9: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

Metex et Alinova s’associent pour unecommercialisation■ La société de biochimie industrielle Metabolic Explorer (Metex)a signé le 2 mars un partenariat avec Alinova, filiale de la premièrecoopérative céréalière française Axereal, pour la commercialisationde son acide butyrique (AB). Cet AB d’origine naturelle sera vendu surle marché français de la nutrition animale. Ce partenariat s’inscritdans la stratégie commerciale de Metex et structure la mise surle marché de l’ingrédient qui sera produit dans l’usine de la filialeMetex Nøøvista.

Axens commercialise une première licencede Futurol■ La filiale du groupe IFPEN,Axens, a octroyé le 9 mars sapremière licence concernantla technologie d’éthanol cellu-losique Futurol. C’est la sociétépétrolière et gazière croate INAqui a signé ce contrat en vued’une usine de bioéthanol à Sisak

(Croatie). Avec cet accord, Axenssera impliquée dans la concep-tion d’une unité de productioncommerciale de bioéthanol àgrande échelle. Le procédé Futu-rol permettra à INA de produireannuellement 55 000 tonnesd’éthanol, soit 70 millions de litres.

Afyren labellisé « Efficient Solution » parSolar Impulse■ Leproducteurdecomposésbiosourcésd’intérêtparvoiefermentaireAfyrenareçule30marslelabel«EfficientSolution»delafondationSolarImpulse.Cettedernièrechercheàrécompenser1000solutionsrespectueusesdel’environnementetéconomique-mentviables.Acejour,cesont378

entreprises,dont298françaisesparmilesquellesCarbios,quiontreçucelabel.Afyrenadéveloppédesbiomoléculesissuesdelarevalorisationdelabiomassenonalimentairedestinéesauxmarchésdelacosmétique,desarômesetparfums,delanutritionhumaineetanimaleainsiquedelachimiefine.

9

RRRepères[ENTREPRISES]

La société française debiotechnologies Deinove

a annoncé le 30 mars que l’ac-cord avec Sharon Laboratoriesne pourra pas aboutir. Dans lecontexte actuel de crise sani-taire, économique et finan-cière, trop d’incertitudes sontgénérées pour engager unpartenariat sur le long terme.Cet accord, en discussiondepuis le mois de février, étaitpourtant considéré comme de« grande envergure » et devaitpermettre le développementd’une gamme complèted’ingrédients cosmétiques. Ilavait commencé par le verse-ment d’une « mince » avancede 200 000 $ au profit deDeinove. Ce versement ayantété effectué lors de la signa-

A cteur initialement du trai-tement de l’eau, Amoeba

a signé 8 accords avec des spé-cialistes des phytosanitaires envue de tester le lysat de l’amibeWillaertia magna C2c Maky, entant que produit de biocontrôle,dans le traitement de diversescultures. Il s’agit des sociétésBASF, Bayer, Certis, Evergreen,De Sangosse, Stähler, Syngenta,

COSMÉTIQUE

LepartenariatentreDeinoveetSharonLaboratoriestombeàl’eau

BIOCONTRÔLE

L’amibed’Amoebaévaluéeparhuitsociétés

ture de l’accord, il reste acquisà la société montpelliéraine.« Il est décevantdenepas voiraboutir aujourd’hui cet accordavec SharonLaboratoriessur lequel les deux sociétésontbeaucoup travaillé,maisni euxninousne sommesépargnéspar ce changementbrutal et dramatiqued’envi-ronnement », a déclaré CharlesWoler, p-dg de Deinove. ■ F.V.

Nichino/Philagro. Au termede ce processus, Amoebaespère concrétiser 4 accordsde commercialisation pourun lancement de produit àl’horizon 2024. Créée en 2010,basée à Chassieu (Lyon, France)avec une filiale au Canada etaux Etats-Unis, Amoéba estcotée sur le compartiment Cd’Euronext Paris.■ F.V.

©D

ein

ove

Deinove perd un partenaired’envergure.

Découvrez notre nouveau réacteur 300Lpour Synthèses et DSP

Ce nouvel équipement nous permet de vous proposer des réactions sous Pressionde type hydrogénation, hydrolyse mais également de réaliser certaines opérationspermettant d’accélérer les cinétiques réactionnelles, d’accroître les coefficients de solubilitéet de favoriser ainsi l’extraction ou la précipitation/cristallisation de certains composés.

En sortie de procédé sous Pression, des opérations de DSP sont possibles : filtration,recristallisation, désodorisation, solubilisation, dilution, mélanges.

DécouvrDécouvr

Contactez-nous : [email protected], tél direct : 05.56.07.75.91 www.iterg.com

Page 10: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

10 FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

RRRepères [ENTREPRISES]

STRATÉGIE

CorbiondévoilesonplanAdvance2025

Corbion veut se focaliser surle développement d’ingré-dients naturels de conser-vation de la viande et decomposés fonctionnels pourla boulangerie. Au sein del’activité Acide lactique et

Le spécialiste de l’acidelactique et de ses dérivés

Corbion a détaillé le 9 marsà Amsterdam (Pays-Bas)sa stratégie de croissancepour la période 2020-2025,à l’occasion de son événe-ment Capital Markets Day.Dénommé «Advance 2025 »,ce plan vise à faire du groupeun acteur incontournable desconservateurs durables desaliments et de l’acide lactique.Pour ce faire, il s’est réorga-nisé en trois business units(BU) : Solutions alimentairesdurables, Acide lactiqueet spécialités et Incubator.Au sein de la division Solu-tions alimentaires durables,

développé unnouveaupro-cédé de fermentation pour lesrhamnolipides et a atteint desrendements élevés à l’échelledu banc et du pilote. Les rham-nolipides, une classe de bio-surfactants, sont attrayantsen raison de leur biodégrada-bilité favorable, de leur faibletoxicité et, dans certains cas,de leurs propriétés antimicro-biennes uniques », a déclaréF. Quinn Stepan, Jr., p-dgde Stepan Company. Cettesociété américaine, dont lechiffre d’affaires s’élève à2 milliards de dollars, est spé-cialisée dans les polymères,tels que les polyols, les bio-surfactants et fabrique éga-lement d’autres produits despécialité.■ F.V.

Le groupe américainde spécialités Stepan

Company a annoncé le27 mars le rachat de lagamme de bio-surfactants,développée par LogosTechnologies. Cet ingénieristeaméricain a mis au pointla gamme NatSurFact debio-surfactants naturels.Composés de rhamnolipides,tout comme les bio-surfac-tants développés par Evoniket Unilever, ces produitssont destinés au marché desproduits de soins corporels etd’entretien ménager. Le pro-cédé de fermentation déve-loppé par Logos Technologiespermet d’obtenir cesmolécules à partir d’huilesvégétales. «NatSurFact a

©C

orb

ion

TENSIOACTIFS

Stepan rachèteles bio-surfactants de Logos

Partenariat entre Sekab et Vertoro■ Le groupe suédois de clean tech Sekab et l’entreprise pétrolièrenéerlandaise Vertoro ont officialisé le 9 mars leur partenariat pour laconstruction d’un démonstrateur de bioraffinerie à Örnsköldsviken,Suède. Utilisant des résidus issus de l’industrie papetière commematière première, cette unité sera dédiée à la production debiocarburants, de bioproduits et de biomatériaux.

BIOAROMATIQUES

Avantium vendson portefeuille à TNO

seront désormais dévelop-pées par TNO. Cela permettraégalement à Avantium de seconcentrer sur les produitsdéveloppés par sa filialeSynvina, qui lui appartientdésormais à 100 % depuis ledépart de BASF de la co-entre-prise en décembre 2018. « Ceportefeuille de brevets bioaro-matiques s’intègre bien dansla stratégie de développementde TNO. Avantiumconti-nuera de soutenir TNOdansce domaine et pourra fournirdes équipements de test à fluxunique exclusifs pour accélérerles efforts de R&Dde TNO»,a déclaré Zanna McFerson,directrice générale d’Avan-tium Renewable Chemistries.En effet, Avantium possèdeun vaste portefeuille de tech-nologies renouvelables axéessur les polyesters d’originevégétale, pour lesquelles lasociété évalue en perma-nence les meilleures optionsde développement, y comprisleur cession à une partieappropriée.■ F.V.

Le spécialiste néerlandaisde la chimie renouve-

lable a cédé son portefeuillede bioaromatiques à TNO,organisation néerlandaisepour la recherche scientifiqueappliquée. Cette vente, dontle montant n’a pas été révélé,comprend les brevets etsavoir-faire pour les technolo-gies permettant la fabricationde produits bio-dérivés pourles polymères et revêtements.Ces technologies n’entrantpas dans l’orientation stra-tégique d’Avantium, elles

©A

van

tiu

m

Avantiumévalue lesmeilleures options pourses technologies.

spécialités, le groupenéerlandais entendcapitaliser sur lemarché croissant del’acide lactique, deslactates, des estersde lactate et desbiopolymères (dontle PLA). A ce propos,Corbion a démarré laconstruction d’une

usine de 125 000 t/an d’acidelactique à Rayong en Thaï-lande. Sa mise en en serviceest prévue pour 2023. Enfin,la BU Incubator, comme sonnom l’indique, vise à déblo-quer des investissementsau stade précoce pour ledéveloppement de certains

L’usine de Rayong enThaïlande.

produits : les oméga-3 d’ori-gine algale pour la piscicul-ture, les protéines d’algueset les copolymères à libéra-tion contrôlée issus d’acidelactique.Dans le cadre de cette réor-ganisation d’activité, Corbiona constaté que 17 % de sesventes totales sont issusd’actifs jugés non straté-giques. Le groupe envisage desortir notamment de l’acide2,5-furanedicarboxylique(FDCA) et étudie la questionpour les tensioactifs. Avecson plan Advance 2025,Corbion prévoit d’investirentre 60 et 70 millionsd’euros par an. ■ D.O

Page 11: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

CO2 en matière première pourles produits pétrochimiques.En plus de la prise de parti-cipation du Finlandais dansSunfire, les deux sociétésmettront en place undémonstrateur dans une raf-finerie de Neste, constituantune étape clé dans la com-mercialisation de la techno-logie Power-to-X.■ F.V.

Le spécialiste finlandaisdes biocarburants Neste

a acquis début mars une par-ticipation minoritaire dansSunfire. Cette société alle-mande a développé une tech-nologie d’électrolyse à hautetempérature permettantla production d’hydrogènerenouvelable, ainsi que laconversion directe d’eau et de

HYDROGÈNEVERT

NesteinvestitdanslatechnologiedeSunfire

Versalis redémarre Crescentino■ La société chimique d’EniVersalis a annoncé le 8 février leredémarrage de toutes les usinesde Crescentino (Italie). Ellesdevraient être opérationnellesd’ici le premier semestre 2020. Ils’agit des unités de productiondes sociétés Biochemtex, BetaRenewables, IBP Energia et Bio

Products, qui appartenaientau groupe industriel Mossi &Ghisolfi, et qui ont été venduesaux enchères fin 2018. Au cœurde l’ensemble, une unité deproduction industrielle de bioé-thanol que Versalis a modernisévia un investissement de plus de15 millions d’euros.

11FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

RRRepères[ENTREPRISES]

11

BIOTECHNOLOGIES

Evonik investit dans lafermentation de collagèneLe chimiste allemand

Evonik a annoncéle 17 mars le développementd’une plateforme defermentation visant àproduire du collagène. Cetteprotéine, dont la fonctionest de conférer aux tissusune résistance mécanique àl’étirement, sera produite viaun procédé de fermentationdépourvu de matériaux d’ori-gine animale ou humaine. « Ils’agit sans doute de notre plusgrande percée enmatièred’innovation ces dernièresannées : une plateformedeproduction de collagène viala fermentation qui peutefficacement remplacer l’uti-lisation de collagène d’origine

animale sur lesmarchés phar-maceutique,médical et de laculture cellulaire », a déclaréThomas Riermeier, vice-pré-sident et directeur généralde l’activité Santé d’Evonik.Le collagène développé parEvonik présente une struc-ture à triple hélice et d’autrespropriétés biologiques quiimitent les nombreux attri-buts du collagène d’origineanimale, principalementutilisé, sans pour autantles risques allergènes ou detransmission de pathogènes.La protéine, développée par lechimiste allemand, peut ainsiinteragir de manière fiableavec les cellules et tissus etêtre facilement absorbée ouremodelée par l’organisme.Cette plateforme, qui offre unniveau de pureté élevé facile-ment reproductible à l’échellecommerciale, vient compléterles avancées biotechnolo-giques liées à la fermentationdu groupe, telles que la pro-duction de biosurfactantset d’acides gras riches enoméga-3 issus d’algues.■ F.V.

©Ev

onik

Evonikmise sur lesbiotechnologies

OLIGOSACCHARIDES

DSMacquiertGlycompour765M€

Borealis va produire du PP renouvelableen Belgique■ Le chimiste spécialisé dans les polyoléfines Borealis a annoncé ledébut de la production de polypropylène renouvelable sur ses sitesbelges de Kallo et de Beringen. Ces implantations utilisent commematière première le propane à 100 % renouvelable issu de la techno-logie NextBTL de Neste. Le polypropylène renouvelable de Borealisalimentera notamment en aval la société Henkel pour la productiond’emballages durables.

déjà lancé dans l’aventuredes HMO en signant en mai2019 un partenariat avecGlycosyn pour la productionet la commercialisationde 2’-fucosyllactose (2’-FL),également bénéfique pourle microbiome intestinal.L’acquisition de la sociétédanoise permet à DSM d’élar-gir son portefeuille d’ingré-dients pour la nutrition de lapetite enfance.■ F.V.

Le chimiste néerlandaisRoyal DSM a procédé à

l’acquisition de Glycom pourla somme de 765 millionsd’euros. Cette société estspécialisée dans la produc-tion d’oligosaccharides delait maternel (HMO). LesHMO sont un ensemble destructures glucidiques, natu-rellement présentes dans lelait maternel, qui agissentcomme des prébiotiques chezles nourrissons. Autrementdit, ils aident à développer laflore microbienne intestinaleet sont essentiels au déve-loppement immunitaire etcognitif de l’enfant. Glycom,une entreprise danoise de150 employés, produit desHMO par voie fermentaire.Elle a réalisé 74 M€ de chiffred’affaires en 2019 grâcenotamment à Nestlé, clientimportant de l’entreprise. Unautre chimiste, BASF, s’est

©G

lyco

m

Glycomproduit desHMOpar voie fermentaire.

Sumitomo investit 30M$dans Conagen■ La société américaine debiotechnologies Conagenvient de bénéficier d’un inves-tissement stratégique de 30millions de dollars (27,7 M€) dela part du chimiste japonaisSumitomo Chemical. Grâce à lui,Sumitomo compte développerdes produits et des procédés

innovants hautement fonction-nels par biologie synthétique.L’objectif de ces deux parte-naires est de développer et decommercialiser des produitschimiques durables et biosour-cés, via des procédés de fermen-tation ou de bioconversion pardes enzymes.

Page 12: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

12

RRRepères [R&D]

les Etatsmembres et les institu-tions de l’UEmettent enplacedes programmesde plusieursmilliards d’euros en réponse àla crise provoquée parle Covid-19, il est égalementimportant de démontrer quenous poursuivonsnos activi-tés régulières de soutienauxentreprises », a déclaré le vice-président de la BEI, AmbroiseFayolle, responsable desopérations de la banque enAllemagne. Ce nouveau prêtde la BEI a Covestro complètela facilité de crédit syndiquérécemment renouveléede 2,5 Mrds €.■

FRANÇOISEDEVAUGELAS

En pleine crise de Covid-19,la Banque européenne

d’investissement (BEI) aaccordé un prêt de 225 mil-lions d’euros au spécialisteallemand des polymères,Covestro. Ce prêt fournira unfinancement à moyen termepour renforcer les travauxde R&D de la société dans lesdomaines de la durabilité etde l’économie circulaire auniveau européen. « Le cœurdenotre activité de R&Destl’innovation. Ce prêt nous offreuneflexibilité financière sup-plémentaire pour faire avan-cer notre orientation straté-giquedans les domaines de

la durabilité et de l’économiecirculaire », a déclaré ThomasToepfer, directeur financierde Covestro. Les discussionsautour de ce prêt ont démarréen 2019, en même temps quela publication du programme

POLYMÈRES L’acteur allemand de la chimie et des matériaux cherche à développer desproduits plus durables. Au programme, recyclage et utilisation de matières premièresbiosourcées.

stratégique mondial deCovestro pour établir l’éco-nomie circulaire dans tousses domaines d’activité. Lesgrands principes de ce pro-gramme sont l’améliorationdu recyclage des déchets plas-tiques et le développementde technologies et méthodesde production innovantesdans l’utilisation de matièrespremières alternatives.

Unprêt pour soutenirles activités régulières

Le prêt de la BEI constitueun nouvel engagement deCovestro en faveur de ladurabilité. «Aune époque où

Covestroreçoitunprêtde225M€poursaR&D

La plateforme de biotechno-logies industrielles TWB a

annoncé le 25 février la récep-tion d’une dotation de7 millions d’euros de la part del’Etat. Ce financement devraitpermettre à la plateforme deremplir son objectif : accélérerle développement des bio-technologies industrielles afinde répondre aux principauxenjeux sociétaux dont la luttecontre le changement clima-

tique. Cette nouvelle dotationde l’ANR montre la reconnais-sance du bilan 2012-2019 deTWB, et une confiance dansson projet stratégique pour2020-2025.«TWBaacquisplusde150projetspourunvolumetotald’environ35M€, soit15M€deplusqueceque l’ANRavaitfixéàTWBcommeobjec-tif sur cettepremièrepériodedefinancement», souligne lerapport de l’ANR.■ F.V.

BIOTECHNOLOGIES

TWB reçoit une dotationde 7 M€ de l’Etat

■ Deinove a franchi ladeuxième étape-clé duprogramme AGIR (Antibiotiquescontre les Germes InfectieuxRésistants) qui bénéficie dusoutien du PIA. L’objectif estd’identifier de nouvelles struc-tures antibiotiques destinéesà développer des traitementspour lutter contre l’antibioré-

sistance. Cette deuxième étapea permis le criblage de 2 000souches bactériennes, la valida-tion des outils automatisés deDeinove et l’identification d’unetrentaine de potentielles. Lesrésultats obtenus permettentàDeinove de percevoir 1,5 M€ dela part de Bpifrance en avanceremboursable et en subvention.

Deinove avance sur l’antibiorésistance

Le spécialiste breton dessolutions algo-sourcées

Olmix a signé une conven-tion-cadre avec l’INRAE. Leurprincipal objectif est de déve-lopper des systèmes agricolesalimentaires durables et éco-nomiquement viables. Le par-tenariat entre les deux signa-taires remonte à 2012 : Olmixet l’Inra, qui a fusionné avecl’IRSTEA pour devenir l’INRAEau 1er janvier, réalisaient destests d’activités biologiquesde certains composés richesen polysaccharides sulfatésmarins exploitables comme

ingrédients alimentaires.L’objectif de ce précédentpartenariat était d’améliorergrâce aux algues les perfor-mances de production (lait,viande…) et la résistance auxinfections des animaux.■ F.V.

NUTRITION

Olmixet l’INRAEvalorisentlesalgues

©D

ROlmix valorise les alguespour l’agriculture.

FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

©C

oves

tro

Covestro travaille àl’amélioration de ladurabilité des plastiques

Unconsortiumpourétudierdenouveauxmazouts■ Le centre de recherchetechnique de Finlande VTT amis en place un consortiumpour étudier les mazouts issusde la biomasse et des déchetsplastiques. Ce projet de 3 ans,

baptisé Business Finland BioFlex,a pour objectif de déterminer sices carburants peuvent conveniraux centrales électriques et auxmoteurs diesel des navires.Son budget est de 1,6 M€. .

Page 13: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

13FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

tant ainsi la communicationet la compréhension entreles différents acteurs. « Il ya également un travail quiva être réalisé sur la partielabellisation des produitspour faciliter le déploiementen France d’un label dédié« Produit biosourcé » qui aurapourmission de rassurer lesclients finaux », conclut ElodieBienstman. ■

FRANÇOISEDEVAUGELAS

En 2019, le chiffre d’affairesde la peinture issue de

matières premières végé-tales en France est estimé à16 millions d’euros, soit 3 à5 % du marché français. Cesegment du marché encorepeu développé présente unfort potentiel. C’est pour-quoi l’Association Chimiedu Végétal (ACDV) a mis enplace un groupe de travailqui se concentre sur ce sujet.« L’objectif de sesmembresest de travailler ensemblepour structurer la filière dela chimie du végétal et per-mettre l’adoption et la diffu-sion de bonnes pratiques »,explique Elodie Bienstman,chef de projet innovationchez Blanchon et membre

du groupe de travail sur lespeintures biosourcées del’ACDV. Ce groupe rassembleaussi bien des fournisseurs dematières premières que desfabricants de peintures, revê-tements et vernis. « L’objectifprincipal de ce groupe est depromouvoir les avantages dela chimie du végétal et desprojets biosourcés auprès desacteurs économiques en avalpour développer lesmarchés »,insiste Elodie Bienstman.

Lamise au point d’un voca-bulaire commun

L’ACDV a confié à l’IFOPla réalisation d’une étude« Les français et les produitsbiosourcés » pour comprendreles attentes du marché. Résul-

PEINTURESBIOSOURCÉES Connaître les attentes des marchés, promouvoir les bénéfices de lachimie du végétal et développer les interactions entre les acteurs…Le groupe de travail dédiéaux peintures biosourcées de l’ACDV multiplie les missions pour développer ce marché.

tats : l’intérêt des consom-mateurs pour les produitsissus de matières végétalesest réel, tiré par les considé-rations environnementaleset de santé des consomma-teurs. Parallèlement à cela,les autres chantiers en coursdu groupe sont : la mise aupoint d’une fiche marché surles peintures biosourcées, etd’un argumentaire robustescientifiquement afin depermettre à différents inter-locuteurs professionnels demieux connaitre ces produitsnouveaux et leurs atouts.Ces différents travaux, quiont été menés au sein dece groupe, ont égalementpermis de développer unvocabulaire commun, facili-

Travaillerensemblepourdévelopperunefilière

M inagro, société belgedéveloppant des pro-

duits et solutions écologiquespour l’industrie agricole, alancé le 31 mars le SovinolP850. Il s’agit d’un conser-vateur permettant de lutteren toute sécurité contre lescontaminations microbiennesdans les formulations agrochi-miques. Avec ce conservateur,labusinessunitde Minafinpropose une alternative plus

La société de biotechno-logies montpelliéraine

Deinove a annoncé le18 mars le lancement com-mercial de Biome Oleoactif enavril 2020. Ce principe actif,premier actif cosmétique né dela collaboration avec HallstarFrance, est produit par fer-mentation à partir d’un micro-organisme extrêmophile issude la collection de Deinove, etformulé dans un mélange de

sûre aux conservateurs à based’isothiazolinone. Il peut êtreutilisé pour empêcher la dété-rioration des biostimulants,des produits de protection desplantes utilisant des agentsépaississants ou encore desengrais liquides. Sovinol P850est avec la plupart des formu-lants courants et offre uneprotection antimicrobienneefficace. Il est également bio-dégradable.■ F.V.

cire liquide de jojoba et d’huiled’avoine. L’extraction est réa-lisée grâce au procédé brevetéd’oléo-éco-extraction misau point par Hallstar France.Biome Oleoactif contient desacides gras originaux, spéci-fiques au monde bactérien, etest complété par des lipidespolaires, connus pour leurspropriétés hydratantes et leurfonction de vecteurs efficacesde principes actifs.■ F.V.

AGROCHIMIE

Minagrodéveloppeunconservateur

ACTIF COSMÉTIQUE

LepremiernédelacollaborationDeinove-Hallstar

Undiluant biosourcé pour l’hydrométallurgie■ Le spécialiste finlandaisdes biocarburants Neste etl’entreprise Outotec ont mis aupoint un diluant entièrementbiosourcé pour l’extraction desmétaux dans les procédés hydro-métallurgiques. Pour ce faire, les

deux sociétés utilisent l’isoal-cane produit à partir d’huiles etde graisses résiduelles grâce à latechnologie NEXBTH de Neste.Cet isoalcane est déjà exploitépar AT-Tuote pour la productiond’un lubrifiant biosourcé.

Résultats préliminaires d’ACV pour d’Arbiom■ La société spécialisée dans laconversion de biomassepar voie biotechnologiqueArbiom a publié le 20 févrierles premiers résultats del’analyse de cycle de vie (ACV)de sa protéine alternative

SylPro, issue du projet SylFeed.Résultats : comparé aux autressources de protéines, farinede poissons et concentréde protéines de soja, SylPropossède le plus faible impactsur le changement climatique.

©A

CD

V

RRRepères[PRODUITS]

Elodie Bienstman, chefde projet innovation chezBlanchon.

Page 14: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

14FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

Dossier

déjà été substitués par des protéinesalternatives », détaille Anne Wagner,présidente de Protéines France etdirectrice de la R&D chez Tereos.Avant d’ajouter : « Il ne faut pasoublier que l’alimentation humaineet animale vont de paires ». En effet,la production de viande nécessiteune forte consommation de cer-tains végétaux : en moyenne, onestime que les bovins sont à mêmede convertir 9 kg d’aliments en 1 kgde chair, tandis que pour obtenir lamême production de viande de porcil faut 5 kg d’aliments, 2,3 à 2,4 kgsont nécessaires pour les poulets et1,5 à 2 kg pour les poissons. « Il fautcependantêtreprudentscarcertainsdeces animaux consomment égalementdes végétaux qui n’auraient pas étéconsommés autrement (pâturage) »,tempère Antoine Peeters, directeurgénéral adjoint du pôle IAR (Industrie

accès aux protéines vaconstituer un enjeu pré-pondérant de l’alimen-tation dans un avenir

proche. En effet, depuis le début desannées 2000, la demande globaleen protéines croît en moyenne de7 % par an, soit une progression esti-mée à environ 70 % d’ici à 2050. Lesprotéines végétales en particuliersuivent une augmentation de 10 à20 % par an. La raison principale decette hausse ? La croissance démo-graphique mondiale. En effet, en2018 nous étions 7 milliards d’ha-bitants sur Terre, et nous devrionsêtre environ 8,4 Mrds en 2030, voiremême 9,5 Mrds en 2050, soit uneaugmentation de la populationmondiale de 35 %. L’amplificationde la consommation de protéiness’explique également par des chan-gements de régimes alimentaires,qualifiés de transitions alimentaires.La première transition alimentaireest le résultat de l’élévation du pou-voir d’achat dans les pays en voie dedéveloppement, s’accompagnantd’une accentuation de la consom-mation de protéines animales et

Face à la forte hausse de lapopulation mondiale et aux chan-gements de régimes alimentaires,le secteur de l’agroalimentairecherche des moyens de produc-tion de protéines plus durableset innovants. Légumineuses,insectes, biotechnologies… autantde solutions complémentairespour répondre à cet enjeu majeur.

végétales. La deuxième transitionalimentaire, quant à elle, concerneprincipalement les pays occiden-taux : avec l’essor des régimes végé-tariens et flexitariens, on constateune hausse sensible de la consom-mation de protéines végétales. Lesmodes d’élevage et d’agriculturesont une des principales raisons del’essor des régimes végétariens etflexitariens : « Il y a un changementde mentalité chez les jeunes généra-tions qui veulent consommerplus res-ponsable », raconte Olivier Rolland,directeur exécutif de TWB. En effet,l’agriculture est souvent pointéedu doigt lors des constats inquié-tants sur le changement clima-tique et l’érosion de la biodiversité.« En France, la consommationmoyenne de protéines animales estde 90 kg par an et par habitant. Onestime que 2 kg/an/habitant ont

©Im

pro

ve

L’INSTITUT IMPROVE TRAVAILLE AUDÉVELOPPEMENTDE PROCÉDÉSD’EXTRACTIONDES PROTÉINES POUR LE COMPTEDE SOCIÉTÉS.

proche. En effet, depuis le début des L’

PROTÉINESA la recherche de nouveauxmodes d’alimentation

Page 15: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

[PROTÉINES]Dossier

15

et Agro-Ressources), et délégué géné-ral de Protéines France. L’élevageconsomme cependant de grandesquantités de légumineuses commesource de protéines végétales. La pluscélèbre d’entre elles n’est autre quele soja dont la production annuellefrançaise atteignait les 420 000tonnes en 2019. Ce végétal, dontles tourteaux servent notamment àl’alimentation des bovins, est égale-ment très utilisé dans l’alimentationhumaine, principalement commealternative à la viande dans lesrégimes végétariens. Lentilles, pois,féveroles, pois chiches… les légumi-neuses sont plus nombreuses qu’onne l’imagine. Ces végétaux consti-tuent une matière première de choix.Le groupe Roquette est par exempledevenu, en moins d’une dizained’année, un des leaders mondiauxdu pois. Cependant, la France, pre-mier producteur agricole européenet cinquième exportateur mondialdu secteur agricole, ne valorise quetrès peu ses protéines sur le territoire.Tous les ans, 20 millions de tonnesde blé sont exportées, sans aucunevalorisation, et 40 % des protéinesvégétales consommées sont impor-tées. « Aujourd’hui, nous ne sommespas autonomes en ce qui concernel’alimentation animale. De grandesquantités de tourteaux de soja, entreautres, sont importées : 60%des tour-teaux de soja consommés en Europesont importés, en France ce sont40%», alerte Anne Wagner (Tereos etProtéines France). Face à la demandecroissante en protéines animales età l’élevage intensif, Olivier Rolland(TWB) se questionne : « Prenonsl’exemplede l’Arabie saouditequi cibled’augmenter sa production aquacolede77000 tonnesdepoissonsaudébutdesannées2010,à600000tonnesd’icià2030dans le cadrede saVision2030,la question de l’alimentation de tousces poissons sepose. Comment fournirles aliments nécessaires à leur crois-sance dans de telles quantités ? »

Exploiter le boiset les insectes

C’est pour répondre à cette ques-tion que de nombreux travaux derecherche sont menés afin de déve-lopper des protéines alternativesou du futur. Mais qu’entend-on par ©

Ÿn

sect

FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

>

ŸNSECT ÉLÈVE SES LARVES D’INSECTESDANSDES FERMES VERTICALES.

protéines du futur ? Pour AntoinePeeters (pôle IAR), « elles englobenttout ce qui est issu des végétaux etdes nouvelles ressources telles queles algues, les biotechnologies, lesinsectes et autres protéines complé-mentaires de la viande ». « Au senslarge, elles sont issues de ressourcesprotéiquesdifférentesdecellesque l’onconsomme aujourd’hui », complèteAnne Wagner (Protéines France).« Quand nous considérons les pro-téines du futur, un des enjeux portesur l’ensemble de la chaîne de valeurjusqu’à l’alimentation humaine infine, chaîne de valeur qui doit êtreplus durable, avec des exigences d’effi-cacité et de rendements tout au longde la chaîne »,poursuit Olivier Rol-land (TWB). En effet, la productionde végétaux nécessite des intrants,que ce soient des engrais ou des pes-ticides. La question de la consomma-tion d’eau est également importante.« Pour nourrir 9,5Mrds d’habitants etrelever lesdéfisduchangement clima-tique,nousallonsdevoiradapternotrefaçon de produire, d’autant plus dansun contexte où les surfaces agricolessont des surfaces finies », estime ledirecteur exécutif de TWB. Il est doncnécessaire d’explorer les opportuni-tés pour développer des moyens deproduction alternatifs pour mettreau point des protéines. Pour répondreà cet enjeu, plusieurs entreprisescherchent de nouveaux procédés.C’est le cas de la société Ÿnsect, spé-

DES INSECTESRICHESENPROTÉINESLes humains ne sont pas les

seuls à consommerdes pro-

téines animales : poissons,

volailles et porcsmangent

également des sous-produits

animaux, co-produits obte-

nus lors de la productionde

viande. Afinde faire face à

la demande croissante en

viande, la société Ÿnsect

produit des ingrédients pour

l’alimentation animale à

base de larves deMolitor, un

scarabée frianddes co-pro-

duits desfilières céréalières.

La société amis aupoint un

procédé exclusif d’élevagede

cet insecte communenEurope

dans des fermes verticales,

les « Fermilières », produisant

protéines, huiles et engrais de

hautequalité. «Actuellement,

nous produisons 1000 tonnes

par and’ingrédients. Notre

futur site près d’Amiens,

actuellement en construction,

nous permettra deproduire

environ 50 000 tonnes par an »,

se félicite Antoine Hubert,

p-dg de la société. L’utilisation

d’insectes commealiment

pour les animaux semble

plus que logique : le régime

alimentaire des truites est

composé à 40%d’insectes,

et la part des insectes dans

l’alimentationdes oiseaux est

enmoyennede 50%. Il a donc

semblé naturel à la société

d’intégrer des scarabées

dans les rations données aux

animauxd’élevage. « Pour

l’instant, nos aliments sont à

destinationdes animauxde

compagnie et des poissons.

Mais nous espérons pouvoir

nous lancer sur lemarchédes

volailles et porcs d’ici deux ans

quand la réglementation euro-

péenne le permettra », espère

AntoineHubert. Sachant que

ces élevages représentent les

trois-quarts de l’alimentation

animalemondiale.

Page 16: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

DELAVIANDEDELABORATOIREFaire pousser de la viande en

laboratoire. Un des pionniers

en lamatière estMark Post,

professeur à l’université de

Maastricht (Pays-Bas) qui, en

2013, a créé le premier burger

développé en laboratoire. La

société hollandaiseMeatable

s’est appuyée sur les travaux

du professeur, ainsi que sur

la technologie développée

par l’université de Cambridge

(Angleterre), afin de déve-

lopper de la viande de porc

à partir d’une seule cellule

animale. Cette cellule souche

se développe par la suite

en cellulesmusculaires ou

graisseuses, qui contribuent

au goût. La start-up espère

passer au stade industriel

à l’horizon 2025. La société

israélienne Aleph Farms pro-

duit elle aussi de la viande en

laboratoire, à la différence

qu’elle exploite des cellules

de bœuf. Cette start-up sou-

haite réduire l’impact envi-

ronnemental de la production

de viande tout en permettant

un accès à une viande saine

à tout lemonde, n’importe

où et à toutmoment. Pour

ce faire, l’entreprise a réa-

lisé une expérience unique :

produire de la chair dans la

Station spatiale internatio-

nale (ISS), à 339 kmde toute

ressource naturelle.

16FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

Dossier

16

[PROTÉINES]

cialisée dans l’élevage d’insectes etleur transformation en ingrédientsà destination de l’alimentation desanimaux domestiques et d’élevageet de la fertilisation des plantes.«Nous souhaitonsparticiperau chan-gement dans l’alimentation animaleet donc le moyen de production ani-male. Nous cherchons de nouveauxingrédients pour compléter l’offre enprotéines animales utilisées notam-ment dans la pisciculture et suivrela croissance mondiale de manièredurable », explique Antoine Hubert,p-dg de la société. L’objectif de cettesociété, qui utilise très peu de surfaceau sol pour sa production, grâce àses fermes verticales, est de réduirela pression sur la ressource alimen-taire en produisant des ingrédientsà partir de scarabées. L’utilisationd’insectes comme source de pro-téines animales n’a rien de nouveau(comme les élevages de vers à soie),mais ils étaient consommés à pluspetite échelle, et la production de cegenre de ressources était jusqu’icidifficilement rentable.Autre exemple avec la sociétéArbiom qui prône le«wood-to-food».Elle finalise la mise au point du pro-duit Sylpro dans le cadre du projetSylfeed. Le Sylpro est constitué d’unelevure que l’on a fait se développersur des substrats fermentesciblesissus de la cellulose et de l’hémi-cellulose de feuillus, alors que lalignine a été auparavant écartée. Lalevure subit ensuite un traitementpour arrêter la fermentation et c’estl’ensemble de cette biomasse qui vaconstituer le produit fini, avec l’avan-tage de contenir plus de 60 % de pro-

téines. En février dernier la sociétécommuniquait sur le succès de sespremiers essais sur des juvéniles desaumons atlantiques.

Les laboratoires, vecteursde l’innovation

Mais les biotechnologies ont aussileur place sur ce segment des nou-velles protéines. « Il ne faut pasoublier que les biotechnologies jouentun rôle important dans l’alimenta-tion depuis des temps ancestraux.Elles interviennent dans la fabrica-tion du fromage, du pain, des yaourtsou encore des aliments fermentés àpartir du manioc », rappelle OlivierRolland (TWB). C’est ainsi que lesmicroalgues pourraient entrer enlice, comme le suggère la start-uptoulousaine Kyanos qui chercheà produire des protéines à partird’algues bleues. D’autres sociétésproposent même de produire de laviande en laboratoire. Pour toutesces nouvelles sources de protéines,il apparaît de nouveaux enjeuxclés : la qualité nutritive, la mise aupoint de formulations permettantde retrouver la sensorialité (goût,texture…). « Nous allons avoir besoinde solutions pour les arômes et lesagents texturants, et lesgrands leadersdans ce domaine vont avoir un vrairôle à jouer de par leur savoir-faire »,projette Olivier Rolland. Il faut doncs’attendre à voir des partenariats secréer. Néanmoins Antoine Hubert(Ÿnsect) l’assure :« Iln’yapasdecom-pétitionentre lesdifférentes sourcesdeprotéines. Il y a beaucoup de solutionscomplémentaires.C’est la convergencedes technologies et l’augmentation delademandequiontpermisdedévelop-

>

RÉGLEMENTATIONNOVEL FOODLesnovel foodsontdesalimentsou ingrédients

alimentairesnonconsommésdans laCommunauté

européenneavant1997. Ilspeuventêtred’origine

végétale, animale, issusde la recherchescientifiqueet

technologique,maisausside traditionsoudecultures

alimentairesdepays tiers. Afind’entrerdanscette

catégorie, cesnouveaux ingrédientsdoiventprésenterau

moinsunedescaractéristiques suivantes :

●Posséderunestructuremoléculaireprimairenouvelle

oudélibérémentmodifiée

●Être composésdemicro-organismes,dechampignons

oud’alguesouêtre isolésàpartir deceux-ci

●Être composésdevégétauxouêtre isolésàpartir

devégétauxoud’animauxendehors (à l’exception

despratiquesdemultiplicationoude reproduction

traditionnellesetdont lesantécédents sont sûrs)

●Résulterd’unprocédédeproductionquin’estpas

courammentutilisé

©Ÿ

nse

ct

Page 17: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

>17FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

[PROTÉINES]Dossier

per ces solutions alternatives ».En attendant, il faut s’atteler à lastructuration de la filière. C’est jus-tement à cette problématique quetentent de répondre le pôle IAR etProtéines France. Dans un rapportpublié en 2016, les deux structuresont pointé plusieurs verrous à leverdont l’optimisation de la teneur enprotéines des matières premières(végétales comme animales), et ledéveloppement des procédés defractionnement, extraction et trans-formation de la matière. « La Franceprésente de nombreux atouts : uneforte productionagricole, des capacitésindustrielles et de R&D et un très bon

réseauB toB.Nousavonsbesoind’unestructuration de filière et de la chaînedevaleur », explique Antoine Peeters(pôle IAR). C’est sur ce point que seconcentre Protéines France. Cetteassociation de 22 entreprises – coo-pératives agricoles, start-up, acteursindustriels, distributeurs… - a pourrôle de représenter les différentsmaillons de la chaîne de valorisationdes protéines et de développer unefilière, «de laproductionà ladistribu-tion en passant par tous les maillonsintermédiaires », précise la prési-dente de l’association, Anne Wagner.Mais même si ces innovations sontconcluantes, un accompagnementdes sociétés pour lancer leurs pro-duits sur le marché peut être néces-saire. « Le sujet réglementaire estencore lourd. Nous avons enclenchéune réflexion sur le type d’activités àmettre en place pour les petites struc-tures,pour lesaccompagnerdans leursdémarches novel food par exemple »,raconte Antoine Peeters (pôle IAR).En effet, nombreuses sont les pro-téines alternatives qui doiventrépondre à la réglementation novelfood avant de pouvoir être misessur le marché. Cette réglementationconcerne les aliments qui n’étaientpas consommés avant 1997. Desentreprises, souhaitant valoriser dif-féremment des matières premièresdéjà exploitées, doivent égalementrépondre à cette règle. Un autre pointd’appui est alors l’institut Improve.« Quand on fractionne une plantepour obtenir des ingrédients par desprocédés quimodifient suffisammentla matière pour qu’elle ne soit plusconsidérée comme native, vous êtesobligés de passer par le novel food »,détaille Denis Chereau, directeurgénéral d’Improve. « Nous travail-lons pour des sociétés qui cherchentà accélérer l’innovation. La plupartdu temps, nos clients travaillent surdesmatières premières déjà existantesqu’ils cherchent à valoriser différem-ment. Leur objectif est demettre sur lemarchédenouveauxproduitssanspar-tir de zéro », explique Denis Chereau.Fruit d’un partenariat public/privéfrançais, Improve est la première pla-teforme européenneouvertedédiéeàla valorisation des protéines. Un lieu« designé »pour offrir aux acteurs dusecteur cette ouverture sur le futur.

LES LARVES D’INSECTES SONTUTILISÉESCOMME SOURCEDE PROTÉINES

POUR L’ALIMENTATION ANIMALE

LES BIOTECHNOLOGIES SONTUNE VOIEPROMETTEUSE POUR LEDÉVELOPPEMENT

DES PROTÉINES DU FUTUR.

©TW

B/B

apti

ste

Ham

ousi

n

Page 18: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

18FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

[PROTÉINES][Dossier

Profiter du potentiel des microalgues pourproduire des protéines, c’est le créneauretenu par la start-up toulousaine Kyanos.Créée en 2016 par Vinh Ly, un ancien ingé-

nieur de l’aéronautique, la société a choisi de s’intéresserplus spécialement à l’AFA, encore appelée Klamath ouPastel d’eau, une microalgue bleue moins connue que laspiruline, mais tout aussi intéressante pour les ingrédientsqu’elle est susceptible de contenir. A commencer parune teneur en protéines supérieure à 60 %, ainsi que denombreux nutriments : antioxydants, immunostimulants,neurotransmetteurs, antidépresseurs. «Cettemicroalguebleueest produitenaturellementdans le lacKlamath,situéenOregonauxEtats-Unis et elle est connuepouraméliorer les capacités cognitives et renforcer le capitalsanté » résume Pierre-Alain Hoffmann, Chief Science Offi-cer. Mais ce lac a une capacité de production finiede 1000 t/an et le réchauffement climatique menace.Cet écosystème protégé a déjà vu apparaître des contami-nants qui ont eu pour conséquence des ruptures d’appro-visionnement au niveau mondial. D’où l’idée de Vinh Lyde se lancer dans la culture de cette microalgue bleue endéveloppant un procédé de production innovant.En matière de production de microalgues, trois optionsse présentent. On peut faire le choix de miser sur leurspropriétés d’organismes autotrophes. Ceci conduit à de laproduction en bassins de culture ouverts avec une faibleépaisseur d’eau où peut s’exercer la photosynthèse natu-relle. L’autre option est de miser sur les propriétés d’hété-rotrophie des microalgues. Ceci consiste à les considérercomme des bactéries et à les cultiver dans des réacteursfermés, nourries au carbone organique. Enfin, la mixotro-phie, déjà popularisée par la société Fermentalg, consisteà jouer sur les deux tableaux. Mais alors que Fermentalgpratique la mixotrophie en milieu fermé pour éviter la pro-lifération de microorganismes secondaires indésirables,Kyanos parie sur le bassin ouvert.

Unprocédé appelé cyclotrophie

C’est ainsi que la start-up a breveté un procédé, appelécyclotrophie. Il a l’avantage de séparer en continu lamicroalgue bleue des microorganismes secondaires quisont recyclés en permanence et vont même servir de nour-

riture aux microalgues. Pierre-Alain Hoffmann parle mêmed’un véritable procédé symbiotique entre des microorga-nismes secondaires sélectionnés qui se développerontconjointement avec l’algue bleue, mais bloqueront ledéveloppement de contaminants. «Nous sommes lespre-miers àavoir développécette culture symbiotique. C’estune innovationde rupture » assure le CSO.Par ce biais, la société revendique la mise au point d’unprocédé capable de produire 100 t/an/ha de matièresèche, dont 65 % de protéines. A titre de comparaison, ilannonce des rendements de 25 t/an/ha pour les culturesde microalgues lagunaires et 15 t/an/ha pour les culturesvégétales classiques.Kyanos, qui a fait appel à un partenaire techniquereconnu, le CRITT Bioindustries de Toulouse, pour sespremières étapes de développement, est hébergée par lapépinière Pierre Potier de Toulouse Métropole. Son objec-tif est maintenant de lever des fonds pour se doter de sespropres locaux et surtout construire son propre pilote dedémonstration, car il n’existe pas d’installation réutilisablecompte tenu de la nouveauté de la technologie. A noterégalement que Kyanos est soutenue par la société d’ingé-nierie Altran qui l’assiste dans la conception de sa futureunité de production.En attendant, Kyanos emploie deux personnes et vise unenouvelle embauche cette année en espérant atteindreun effectif de 20 personnes à l’horizon 2025. Deux com-pléments alimentaires sont déjà commercialisés soussa marque, Kyanos Brain et Kyanos Blue, avec le doubleobjectif de préparer le marché français à la consomma-tion de cette microalgue, qui présente l’avantage d’êtredéjà autorisée à la consommation, et de financer l’innova-tion de l’entreprise pour son développementdans les années à venir.■ SYLVIE LATIEULE

BIOTECHNOLOGIES

KyanosmisesurlePasteld’eaupourproduiredesprotéinesPlus besoin d’aller en Oregon pour se procu-rer la précieuse algue bleue, AFA Klamath.La start-up toulousaine Kyanos met au pointun procédé de production en lagune,à haut rendement.

nieur de l’aéronautique, la société a choisi de s’intéresser P

©K

yan

os

Page 19: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

BULLETIN D’ABONNEMENT À renvoyer par courrier ou email à : Le Journal de l’environnementService Abonnements - Antony Parc II - 10, place du Général de Gaulle - BP 20156 - 92186 Antony Cedex • email : [email protected]

Règlement :m Chèque bancaire ou postal joint à l’ordre du Journal de l’environnementm À réception de facturem Je souhaite recevoir une facture acquittée

m OUI, je m’abonne au Journal de l’environnementLe Journal en ligne + Le Fil Juridique + L’Actualité

PMes coordonnées : m Mme m M.

Nom ......................................................................................................................................

Prénom .................................................................................................................................

Société .................................................................................................................................

Adresse : ...............................................................................................................................

Code Postal Ville .................................................................................

E-mail ....................................................................@ ..........................................................NOMINATIF ET EN MAJUSCULES - INDISPENSABLE pour ouvrir vos accès web

Tél.

JDE2000

2 newsletters exclusives pour votre veille environnementale

Actualité / Juridique

* TVA 2,10 % - Offre valable jusqu’au 31/12/2020, réservée aux nouveaux abonnés et limitée en France métropolitaine. Les informations demandées sont indispensables au traitement de votre abonnement. Conformément aux lois du 6/1/1978 et LCEN du 22/6/04, vouspouvez accéder aux informations vous concernant, les rectifier et vous opposer à leur transmission éventuelle en écrivant au Service Abonnements. Groupe Industrie Services Info - SAS au capital de 38 628 352 € - 442 233 417 RCS Nanterre - N° TVA FR 29 442 233 417 - Pourconsulter nos CGV: http://www.infopro-digital.com/pdf/CGV_abo_Groupe.pdf. Pour consulter les règles RGPD du groupe : https://www.infopro-digital.com/rgpd-gdpr/.© stock.adobe.com

Le Journal en ligne50 nouveaux articles / semaine+ Les archives depuis 2004

Le Fil Juridique quotidienL’ensemble des modificationsréglementaires françaises

La newsletterquotidienne

L’actualité environnementale

Pour une gestion à 360° des risques :Air - Eau - Déchets - Climat - Risques et SantéSites et Sols - Energie - Politique et Société

Je choisis l’offre d’abonnement :

l 1 an - 349€HT*

(soit 356,33 €TTC)(JDE1ADL1AB)

l Offre multi utilisateurs(tarifs préférentiels sur devis :[email protected])

Page 20: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

[CRISE SANITAIRE]FF [Focus

20

tion de grade pharmaceutique sur son sited’Arcis-sur-Aube (Aube). Cette distillerie,normalement destinée à la production debioéthanol pour les biocarburants, propo-sera désormais des produits labellisésBiocidal et PharmEthyl, confirmant ainsileur destination à l’industrie pharmaceu-tique et des biotechnologies.

Cap sur la production de gelhydroalcoolique

Également producteur d’alcool, maisaussi de sucre et d’amidon, le groupeTereos est allé plus loin en engageantcinq de ses usines dans la production degel hydroalcoolique. Sont concernées lesusines d’Artenay (Loiret), d’Origny-Sainte-Benoite (Aisne), de Lillers (Pas-de-Calais),de Connantre Morains (Marne) et de Nesle(Somme) situées dans le Nord, le Grand Estet le Centre. Cette production est mise àla disposition gratuitement des AgencesRégionales de Santé et des hôpitaux desrégions proches, qui connaissent dessituations critiques. « Faceà l’épreuve sansprécédent que traverse notre pays, nousavons considéré denotre devoir d’apporternotre contribution et notre soutien auxpersonnels soignants qui luttent chaquejour pour sauver des vies. C’est un enga-gement partagé par tous les coopérateurset toutes les équipes de notre groupe »,a déclaré Alexis Duval, président du direc-toire de Tereos.Même son de cloche avec le spécialiste desingrédients et protéines d’origine végétaleRoquette. Il a annoncé avoir dédié uneligne pilote à la production de gel hydroal-coolique à Lestrem (Pas-de-Calais). Depuisle 24 mars, la société produit ainsi 5 000litres par semaine de solution désin-fectante. Pour ce faire, Roquette, qui neproduit pas de solution hydroalcooliquehabituellement, a dû mener des travauxd’adaptation sur son procédé. Ainsi,4 000 litres vont être envoyés gratuite-ment chaque semaine au CHU de Lille sousla forme de cubitainers d’1 m3. Roquettefournit également, à titre gracieux,

n n’a pas beaucoup parlé debioéconomie depuis le débutde la crise du coronavirus.Et pour cause, les priorités

sont ailleurs puisqu’il s’agit avant toutde nourrir et soigner les populations. Laproblématique du changement clima-tique est temporairement laissée de côtéalors que les émissions de gaz à effet deserre sont en chute libre, avec la baisse del’activité économique au niveau mondialet des déplacements réduits à leur strictminimum. Pourtant, les acteurs de labioéconomie ne sont pas restés les brascroisés. À commencer par les producteursde bioéthanol qui ont été très tôt sollicitéspour produire le plus possible d’alcool engrade pharmaceutique. Le bioéthanol esten effet un des composants clés des gelshydroalcooliques. C’est lui qui apporte desproduits virucides permettant de neutra-liser le SARS-CoV2. Interviewé le 23 marsdans les colonnes d’InfoChimie, SylvainDemoures, secrétaire général du Syndicatnational des producteurs d’alcool agricoleou SNPAA, annonçait que : « la Francene manquera pas d’alcool pour fabriquerdu gel hydro-alcoolique ». L’alcool pourla fabrication des gels hydroalcooliquesest un marché à petit volume qui est, entemps normal, de l’ordre du pourcent desdébouchés. Néanmoins, étant donné que,avec le confinement dans de nombreuxpays, des marchés comme ceux des carbu-rants ou de la parfumerie et des spiritueuxse sont effondrés, des volumes très impor-tants peuvent être réorientés vers la fabri-cation d’alcool pharmaceutique. C’est cequ’à notamment fait le producteur fran-çais de bioéthanol, Cristal Union, qui adécidé d’arrêter la production de bioétha-nol courant pour se consacrer à la produc-

FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

n n’a pas beaucoup parlé de bioéconomie depuis le début de la crise du coronavirus. Et pour cause, les priorités

sont ailleurs puisqu’il s’agit avant tout O

COVID-19

Lesacteursdelabioéconomiesemobilisent

L’industrie papetière est tiréepar le besoin d’emballages.

©Pi

xab

ay

©IA

R

Devant l’ampleurde la crise sanitaire,les acteurs de labioéconomie ontcontribué chacun à leurmanière au mouvementde solidarité. Retour surquelques initiatives quiont eu lieu en France.

Page 21: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

21FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

FFFocus[CRISE SANITAIRE]

21212121

40 litres par semaine de solution hydroal-coolique à l’Établissement Français duSang et 60 litres hebdomadaires à laCommunauté de communes de FlandresLys (avec qui le groupe a tissé des lienshistoriques). Enfin, 500 litres par semainesont destinés aux besoins internes deRoquette afin « de continuer à protéger lesemployés et leurs familles, tout en permet-tant la continuité des opérationsde l’entre-prise au service desmarchés alimentaire etpharmaceutique ». Le groupe précise qu’ilmaintiendra cet engagement «aussi long-temps que nécessaire, en alignement avecles instructions des autorités de santé ».Sur la plateforme de Bazancourt-Pomacledans la Marne, c’est la société ARD quis’est organisée pour contribuer à l’élande solidarité national face à l’épidémiede Covid-19, avec la production rapide desolutions hydroalcooliques. ARD a ainsifait appel à sa filiale Wheatoleo spécialiséedans les tensioactifs biosourcés, ainsi qu’àplusieurs sites des filiales industrielles dugroupe Vivescia parmi lesquels Nealia,Kalizea, Malteurop, les Grands Moulinsde Paris, etc. Fin mars, l’entreprise reven-diquait la production de près de 15 000litres de solution désinfectante poursubvenir aux besoins d’acteurs de larégion Grand-Est : le Centre Hospitalier

©os

med

Intercommunal nord Ardennes CHIna deCharleville-Mézières, l’hôpital et l’EHPADde Rethel, le CHU d’Amiens, les Gendar-meries locales, des pharmacies, centresmédicaux, médecins généralistes, etc. Siaujourd’hui, ARD dispose d’une capacité à5 000 litres/jour, la société pourrait portersa production de solution hydroalcooliquede 7 000 l/j pour suivre la demande.

Demande soutenue dansl’industrie papetière

Outre les filières sucrière et amidonnière,la filière papetière s’est révélée tout aussiessentielle dans la lutte contre le Covid-19. Même si elle n’est pas en premièreligne, elle fait l’objet d’une demande trèssoutenue en produits d’emballage. Demême pour les papiers d’hygiène ou lespapiers bureautiques, comme le détaillePaul-Antoine Lacour, délégué général deCopacel dans son interview ci-joint.Mais alors que la crise bat son plein,d’autres acteurs cherchent à se posi-tionner directement sur le terrain del’innovation. A commencer par la sociétéspécialisée dans la production de biomo-lécules végétales, Plant Advanced Techno-logies (PAT). Elle a démarré le 16 avril destests préliminaires anti-SARS-CoV-2 surdeux de ces principes actifs en développe-ment. Les actifs testés, produits grâce à satechnologie exclusive, auraient démontréin vitro et in vivo une capacité à régulerl’inflammation générale, ainsi qu’unecapacité antivirale in vitro sur des virusrespiratoires de type bronchiolite (RSV)et grippe (H1N1). La société a déjà mis aupoint un principe actif PAT1657 destinéaux traitements anti-inflammatoiresde la peau (dont le psoriasis). « En casde résultats positifs sur le SARS-CoV-2, lasociété pourrait bénéficier d’unpositionne-ment original de ses produits grâce à leurdouble actionantivirale et anti-inflamma-toire permettant de lutter à la fois contrela charge virale et contre l’inflammationimportante responsable des dysfonc-tionnements pulmonaires observés chezles patients atteints de formes sévères »,espère la société. Elle précise qu’en cas derésultats positifs, le développement deces produits « nécessitera un suivi rigou-reux des protocoles en vigueur » avant depouvoir traiter les patients touchés parce virus.Même approche pour le groupe améri-cain Amyris qui a reçu le 26 mars lespremiers résultats des tests concernantun adjuvant de vaccin. Suite à ces tests,

réalisés en partenariat avec l’Institut derecherche sur les maladies infectieuses(IDRI), la société est en discussion avec unleader de l’industrie pharmaceutique pourutiliser son squalène issu de la fermenta-tion de sucre en tant qu’adjuvant pourdes vaccins contre la grippe, et d’éven-tuels vaccins contre le Covid-19. « Fort denotre succès historique avec un traitementantipaludéen, nous examinons actuelle-ment plusieurs de nos molécules issues dela fermentation pour une efficacité poten-tielle dans le traitement du Covid-19 »,a expliqué John Melo, p-dg d’Amyris.

Des intermédiaires biosourcéspourmolécules anti-Covid

Quant à la société de biotechnologies CircaGroup, elle a offert le 6 avril sa capacitéde production de lévoglucosénone (LGO)à des experts à la recherche de buildingblocks dans le développement de théra-pies contre le coronavirus. Une de cesmolécules recherchées est la ribonolac-tone, qui peut être synthétisée à l’aide deLGO. « La LGO est un excellent matériaude départ pour la synthèse de composésbiologiquement actifs, y compris ceux quiont une activité anticancéreuse, antimi-crobienne ou anti-inflammatoire. Cettemolécule chirale offre la possibilité d’ac-céder à des intermédiaires auparavantdifficiles à synthétiser tels que les dihydro-pyranes énantiopures, les désoxy-sucreset la ribonolactone, cette dernière étantun composant de plusieurs médicamentsactuellement à l’étude pour le traitementdu Covid-19 », a expliqué Jason Camp,directeur technique de Circa Group. Lasociété produit de la LGO en continu dansson unité pilote FC5 en Tasmanie (Austra-lie), en partenariat avec Norske Skog, et lesvolumes produits se comptent en tonnes.« L’expertise de Circa pour fabriquer de laLGO s’est développée au fil des années – etmaintenant cette capacité de fabricationpeut être utilisée pour la ribonolactone etd’autres éléments constitutifs importantsde la chimie médicinale. Nous encoura-geons les chercheurs et ceux qui étudientles traitements potentiels contre les coro-navirus à envisager de nouvelles possibi-lités offertes par la LGO », a déclaré TonyDuncan, p-dg de Circa Group.Ces nouvelles encourageantes nesauraient cependant occulter une autremenace, celle d’un prix du pétrole qui s’estlittéralement effondré au dessous des 20 $le baril. Alors que l’on fleurtait autour de60 à 70 $ le baril, ce plongeon ne manquera

La production de bioéthanola basculé en gradepharmaceutiquechez Cristanol.

Plusieurs filières se sontmobilisées pourproduire du gel hydroalcoolique.

>

Page 22: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

22FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

[CRISE SANITAIRE]FF [Focus

pas de peser sur la compétitivité des solu-tions biosourcées qui prétendent rempla-cer des solutions fossiles. On sait pourtantque la bioéconomie présente des externa-lités très positives en termes d’empreintecarbone, d’emplois industriels relocalisés

Formule Verte : Dans quel contexteavez-vous lancé l’appel à productionde gel hydroalcoolique ?Christophe Masson : Nous avons lancécet appel suite à la publication du décretde l’Etat, le vendredi 13 mars, permettantla fabrication de gel hydroalcoolique parl’industrie cosmétique. Il faut savoir que laproduction de gel hydroalcoolique répondà des réglementations concernant lesbiocides qui ne sont pas celles de la cosmé-tique. Il y a eu une adaptation réglemen-taire permettant à nos usines de produirece gel. Spontanément, de nombreusesPME et grandes sociétés ont mis en œuvreune production sans attendre notre appel.On s’est vite aperçu d’un manque de lienentre les fournisseurs et les hôpitaux. C’estdans ce cadre qu’on a lancé une premièreopération qui était de dire d’une part auxindustriels « si vous le pouvez, lancez laproduction car nous sommes en défi-cit de gel », donc on a fait un appel à laproduction. Nous avons par la suite lancéune plateforme de mise en relation entreles hôpitaux et les fournisseurs de gel.Ce qui a permis jusqu’à 24 mars de

FILIÈRE COSMÉTIQUE

«Onafaitunappelàlaproductiondegelshydroalcooliques»

La Cosmetic Valley a lancé unappel auprès des industriels de lacosmétique pour produire du gelhydroalcoolique en grande quantité.Cette industrie, deuxième exportatricefrançaise après l’aéronautique, semobilise fortement pour lutter contre

l’épidémie. Entretien avec Christophe Masson,directeur général de Cosmetic Valley

répondre à l’urgence pour fournir en gel leshôpitaux. Nous arrivons désormais dansune phase où il faut mieux centraliser etprioriser la distribution de gel puisque lebesoin est général (société civile, hôpi-taux, usines…). C’est ce qu’a fait l’État avecle lancement de la plateforme de mise enrelation stopcovid19.fr, qui a pour objectifde mettre en relation les fournisseurs degel et ceux qui en ont besoin. Nous avonsconvenu avec l’État de leur transmettrel’ensemble de nos contacts pour une meil-leure efficacité et centralisation dans ladistribution.

Oùsesituentlespointslespluscritiquespourvotreindustrie:logistique,sécurité,approvisionnement…?C.M. : Nous avons une nouvelle problé-matique qui se présente à nous : l’appro-visionnement de nos usines en matièrespremières et en articles de conditionne-ment. Toute cette dynamique d’appel àla production amène à de grosses capa-cités de production, mais de potentielleslimitations en capacité à s’approvisionneren alcool et en packaging se font ressen-

tir. Cela risque de devenir le sujet le plusprégnant dans les semaines qui viennent.C’est dans ce contexte que Cosmetic Valleya mis à disposition son outil Impact+ :cette plateforme a été mise en place il ya quelques années par le pôle de compéti-tivité pour faciliter les échanges entre lesentreprises sur des rebuts ou des stocksnon-utilisés pour limiter le gaspillage. Cetteplateforme est aujourd’hui ouverte à toutel’industrie pour essayer de faciliter notrecapacité à produire des gels.

Lacosmétiqueestunefilièreexportatrice,est-cequevousavezsouffertdelapandémiedèssonorigineenChine?C.M. : Notre industrie n’a été que peuimpactée au moment de la contaminationen Chine : nous n’avions pas de problèmed’approvisionnement au niveau de lamatière première puisque l’on travailleessentiellement en circuit court. Nosusines ont continué à fonctionner à100 % car nous devions toujours fournirnos distributeurs au début de l’épidémie,qui a eu un impact économique modérépour le premier trimestre. Par contre, l’arri-vée de la crise en occident pose des sujetsbeaucoup plus dramatiques. Il y a une fortediminution de la demande des consom-mateurs, les distributeurs ont donc leursstocks mais ne vendent plus. Nous n’avonsplus besoin de fournir les distributeurs, etcela se ressent en cascade sur toute lafilière. Il y aura un gros impact économiquesur les 2ème et 3ème trimestres. Mais ily a tout de même un point positif : c’estla Chine qui repart. C’est un élément trèsencourageant et un signe d’espoir pourque l’on puisse, une fois la crise passée,relancer notre économie. ■

PROPOSRECUEILLISPAR FRANÇOISEDE VAUGELAS

©C

osm

etic

Val

ley

que « cela n’aura qu’un temps ». « C’est unmouvement de fond dans la société quede favoriser le recyclage, le biosourcé et lecompostable. Il ne disparaîtra pas avec lacrise du coronavirus » a-t-il assuré. ■

LARÉDACTION

ou de sauvegarde des revenus de l’agricul-ture. Mais pour l’heure ces bénéfices nesont toujours pas comptabilisés. Interrogésur le futur de la bioéconomie, Jean-Fran-çois Gallet, directeur général de Sphère,leader de l’emballage ménager, estime

>

Page 23: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

23FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

FFFocus[CRISE SANITAIRE]

Formule Verte : Pourquoi avez-vousdemandé à ce que l’industrie papetièresoit reconnue comme « nécessaire à lasécurité de laNation ou à la continuitéde la vie économique et sociale » ?Paul-AntoineLacour :Notre demande aétémotivéeparlaraisonsuivante:audémarragede la crise, nous avons constaté beaucoup demises en retrait de la part de salariés. Il y aeu une première vague avec la question de lagarde d’enfants au moment de la fermeturedesécoles.Une2èmevaguedemisesenretraita été constatée avec les personnes fragiles,puis une 3ème vague concernant les sala-riés malades atteints par le virus ou dont lessymptômespouvaientlaissersuspecterqu’ilsétaientporteurs.Ilyaaussidespersonnesquisomatisent, qui ont des angoisses très fortes,et qui ont donc été arrêtées. Et l’objectif pournous est de mettre en évidence auprès dessalariésquecertes,ilestimportantd’êtreconfi-nés, c’est agir de façon citoyenne, mais il esttout aussi important lorsque l’on est dans unsecteur si nécessaire à la vie du pays de conti-nueràallersursonlieudetravail,dèslorsquetoutes les mesures ont été mises en œuvresur le lieu de travail. La situation actuelle meten évidence que si l’industrie papetière s’ar-rête, il y aura de nombreuses conséquencesd’un point de vue économique, que ce soitauniveaudeschaîneslogistiques,puisquelesgrandes surfaces sont approvisionnées par

FILIÈRE PAPETIÈRE

«Si l’industriepapetières’arrête, ilyauradenombreusesconséquenceséconomiques»

Le 18 mars, Copacel, l’Unionfrançaise des industries des cartons,papiers et cellulose, demandaitque l’industrie papetière françaisesoit reconnue comme « nécessaireà la sécurité de la Nation ou à lacontinuité de la vie économique et

sociale ». Dans un entretien exclusif, Paul-AntoineLacour, délégué général de Copacel, explique cettedemande et fait le point sur la situation de la filière.

des flux logistiques utilisant des caisses encarton, mais également l’emballage alimen-taire, qui est très largement fondé sur desmatériaux de type papier cartons, les sacsde meuneries en papier qui approvisionnentles boulangeries. De manière analogue, ilest également important de fabriquer tousles produits d’hygiène que ce soit du papiertoilette, essuie-mains, mouchoirs… Et égale-ment les papiers graphiques et de spécialités.Je parle ici des papiers utilisés pour la fabri-cation des masques chirurgicaux, les papierspour protéger les compresses, les noticesdes médicaments, etc. On a un ensemble deproduits fabriqués par notre industrie dontl’arrêt de fabrication aurait, à plus ou moinscourt terme, des conséquences majeures surla continuité de la vie économique et socialedu pays.

Quel est l’impact de la crise sanitaireactuelle sur la production de l’industriepapetière ?P.-A.L. :La demande est très soutenue pourles produits liés à l’emballage (alimentaire,caisses en carton, sacs…). De même pour lespapiers d’hygiène. Les papiers graphiquesun peu moins. Mais les papiers bureautiquescontinuent de fonctionner, grâce notam-ment au télétravail et à tous les scolaires. Demanière plus anecdotique, mais égalementrévélatrice de l’utilité de notre industrie, les

dérogations de déplacements étaient audébut nécessairement sur du papier et nonsurdessupportsdetypesmartphoneouautre.La demande est forte dans notre secteur. Enrevanche,onestaffectésparlamiseenretraitde nos salariés. Quelques petites usines sesontarrêtées,etd’autrestournentenmodedefonctionnement dégradé, c’est-à-dire qu’ellesne tournent pas en pleine capacité, du fait del’absence de salariés.

Quels sont les points qui pourraientêtre critiques pour votre industrie ?P.-A.L. : Le point critique principal, c’est laquestion des collaborateurs. La question desressources humaines est l’élément détermi-nant pour le fonctionnement des entreprises.C’est notre sujet majeur. Nous avons constatéde nombreuses mises en retrait, mais noussommes actuellement dans une situationstabilisée.Ilyaégalementunpointdevigilancepourlesentreprisesquiutilisentduvieuxpapiercomme matière première. Cela ne concernequ’une partie de l’industrie, mais c’est un sujetimportant.Noussommesdansunesituationoùuncertainnombredecentresdetridesdéchetssont fermés ou en mode de fonctionnementdégradé.Federec,quirassemblelesopérateursdes déchets, annonçait hier (30 mars, ndlr) que40 % des sites étaient fermés. Cela conduit àune réduction des volumes de vieux papierpar rapport à un fonctionnement normal,ainsi qu’à des augmentations de prix trèsfortes, parfois causées par un comportementspéculatif d’acteurs. Il y a un troisième pointproblématiqueaussiauniveaudelalogistique.Les transporteurs font également face à unepénuriedechauffeursdansuncertainnombred’entreprises.Ilssontdoncamenésàsélection-nercertainsfluxplutôtqued’autres. Ilsontparailleurs des difficultés de gestion de leurs fretsretours : ils livrent les papeteries en différentsconsommables, mais ils n’ont parfois pas defretretourdeparlafermeturedenombreusesentreprises. Il y a donc une hausse assez fortedes coûts des transports que l’on ressentégalement.■

PROPOSRECUEILLISPAR FRANÇOISEDEVAUGELAS

©C

opac

el

Page 24: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

[JEUNE SOCIÉTÉ INNOVANTE]FF [Focus

24

rablesàdespeinturesacryliques enmatièrede pouvoir couvrant et d’opacité. Ellecontient également des agents texturantsprovenantd’algues rouges, de l’huile depinet des pigmentsminéraux », précise CédricLaurent. Avant d’ajouter : « La majeurepartie de notre produit (98%) est d’originenaturelle, seuls quelques ingrédients telsque les conservateurs restent d’originepétrosourcée ».Par la suite, l’entreprise a décliné sapeinture biosourcée (Colibri Nature) en194 coloris et en une sous-couche primaire(Colibri Impres’). Mais Colibri Peinture estallé encore plus loin, en proposant unepeinture à la fois biosourcée et dépol-luante. « Notre produit Colibri Pure’ esten mesure de capter le formaldéhyde del’air intérieur. Et contrairement à d’autrespeintures acryliques similaires qui captenten fait leurs propres émissionsde composésorganiques volatils, notrepeinturenepiègequedesCOVexogènes, n’en émettantpasàl’origine », explique Cédric Laurent. Ce quiconstitue un avantage non négligeablepour des secteurs où un air intérieur sainest primordial : hôpitaux, écoles, crèches,etc. C’est ainsi qu’il a ajouté cette fonc-tionnalité à d’autres gammes de produitscomme la lasure pour bois (Colibri Bois’)ou la peinture pour les loisirs créatifs(Colibri Artist’). A noter que les peinturesvendues par Colibri restent plus onéreusespar rapport à des produits classiques, avecun surcoût à l’achat compris entre 15 et20 %. Mais cela ne semble pas influencerl’engouement pour les produits de Colibri.

Dématérialiserla commercialisation

L’aspect innovant de ses produits apermis à Colibri Peinture d’être priméen 2019 dans la catégorie Ecologie des

écorer de manière naturelleet sans polluer. C’est ce quepromet la société ColibriPeinture avec ses produits.

Cette entreprise, basée à Blagnac (Haute-Garonne), développe, produit et commer-cialise des peintures décoratives aussiperformantes que des produits acryliques,mais qui ont la particularité d’être à lafois biosourcées. L’histoire de Colibri Pein-ture a commencé lorsque son fondateurCédric Laurent, qui a une carrière de plus

de 15 ans dansla construction,a fait un constatsur l’offre de pein-tures décoratives.« En 2016, j’aivoulu préparer lachambre de monfutur enfant. Etje me suis renducompte qu’il n’yavait aucunepeinture saine etnaturelle. Aprèsréflexion, j’aidécidé de créerColibri Peinture en

juin 2018 afin de proposer des peinturesrépondant à un cahier des charges spéci-fique : allier santé, bien-être et environ-nement », se souvient le dirigeant. Dansce cadre, il aura fallu deux ans à ColibriPeinture pour créer son premier produit.«Notrepeinture est formuléeàpartir d’unerésine à 95 % issue de matières premièresvégétales, et offredesperformances compa-

FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

La société Colibri Peinture commercialise despeintures à la fois respectueuses de l’environnementet performantes. Dotés d’un pouvoir couvrantéquivalent à des peintures acryliques classiques,ces produits élaborés à partir de ressourcesvégétales sont en mesure d’assainir l’air intérieur.

Cette entreprise, basée à Blagnac (Haute-D

REVÊTEMENTS

Colibridépolluel’airgrâceàsespeinturesbiosourcées

©C

olib

riPe

intu

re

Cédric Laurent, fondateurde la société Colibri Peinture

©C

olib

riPe

intu

re

Les peintures décoratives deColbri Peinture offrent un

pouvoir à la fois couvrant etdépolluant.

Page 25: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

25

FFFocus

252525FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

Trophées « Transformons la France » enrégion Occitanie-Toulouse, par le journalLa Tribune. En plus de se démarquer parson innovation, Colibri Peinture a fait lechoix de se différencier des acteurs tradi-tionnels par son modèle de commercia-lisation. « Pour la vente de nos produits,nous avons opté pour unmodèle disruptifde vente directe entièrement en ligne. Celaévite les intermédiaires et nous permetainsi de gagner en transparence, en proxi-mité et en agilité vis-à-vis de nos clients »,précise Cédric Laurent. Et cela lui permetd’ores et déjà de répondre à la demandeau niveau international, en particulieren Suisse, en Belgique et au Luxem-bourg. Avec une croissance régulière surles prochains mois, l’entreprise pourraitatteindre 1,5 million d’euros de chiffred’affaires dès cette année et les 6 M€ àl’horizon 2022.

Se doter de ses propresinstallations

Malgré le succès de ses produits, Colbri, quisouhaite rester dans le domaine des pein-tures décoratives, ne compte pas se repo-ser sur ses lauriers. En matière de R&D, lasociété travaille actuellement à un moyende remplacer les biocides de ses peinturespar d’autres substances plus vertueuses.En outre, elle étudie la diversification deson portefeuille de produits avec la possi-bilité d’utiliser des ingrédients à base delait. Au niveau industriel, il compte sedoter de ses propres installations commele détaille Cédric Laurent : «Actuellement,nous sous-traitons la fabrication de nos20000 litresdepeinturesquenousvendonschaque année. L’idée serait de nous doterde notre propre unité de fabrication et denotre laboratoire d’ici à 24mois ». ■

DINHILLON

COLIBRI PEINTUREENBREF● Fondation en juin 2018

● Siège à Blagnac (Haute-Garonne)

● Effectif : 2 salariés + 7 collaborateurs

indépendants

● Activité : développement et commer-

cialisation de peintures décoratives

biosourcées

● Chiffre d’affaires prévu en 2020 : 1.5M€

● Chiffre d’affaires envisagé en 2022 :

6M€

● Distinctions: lauréat 2019 du Trophée

Transformons la France - Région

Occitanie-Toulouse catégorie Ecologie

Les articlesde FormuleVerte

sont protégéspar le droit

d’auteur

Avant d’en faire des copiesdans le cadre de votre activitéprofessionnelle, assurez-vousqu’un contrat d’autorisation

a été signé avec le CFC

www.cfcopies.com

01 44 07 47 70

Page 26: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

[ÉCONOMIE CIRCULAIRE]FF [Focus

26

conduit à m’intéresser à un procédé debroyage haute énergie par voie sèche, quifonctionnait à température ambiante etsans eau ni solvant », se souvient FlorentBoissou. Avant d’ajouter : « Développéuniquement en laboratoire, ce procédén’a jamais été porté à l’échelle industrielle.Avec les résultats concluants de mestravauxde thèse, j’ai donc eu l’idée de créerune société pour exploiter le potentiel decette technologie pourd’autres composés ».

Accéder aux oligosaccharidesde la biomasse

Le principe de la technologie consiste enun broyage mécanique à l’aide de billesen mouvement planétaire, couplé à de lacatalyse chimique. La biomasse est ainsidécomposée grâce à des phénomènesà la fois d’impact et de friction. « Cettetechnologie permet notamment de dépo-lymériser des polysaccharides en oligosac-charides. Nous avons fait le choix de nepasaller jusqu’auxmonomères car certainssucres, comme ceux issus de la cellulose,ont une plus grande valeur sous la formed’oligomères », indique Florent Boissou.

t s’il était possible d’allierhaut rendement, flexibilité,durabilité et bas coût dans unmême procédé de production?

C’est ce que propose la société poitevineBioseDev spécialisée dans la valorisationde coproduits végétaux non alimentairesen ingrédients fonctionnels. Créée enoctobre 2019 et hébergée à l’universitéde Poitiers, cette start-up a développé unprocédé novateur permettant d’extraire

des mélanges d’oli-gosaccharides àpartir de biomassevégétale. Le début del’aventure de Biose-Dev a commencé lorsde la thèse d’un descofondateurs de lasociété, Florent Bois-sou. « A l’époque, jemenais mes travauxde thèse sur la valori-sation de la biomasselignocellulosique enbio-tensioactifs encollaboration avecla société ARD. Cesrecherches m’ont

FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

La start-up poitevineBioseDev a développéun procédé novateur deproduction d’ingrédientsfonctionnels.Ne générant aucundéchet, cette technologied’extraction en continu eten voie sèche permet devaloriser des coproduitsvégétaux de manièreplus durable.

E

INGRÉDIENTS BIOSOURCÉS

BioseDevaideàunevalorisationdebiomasseplusécoresponsable

©B

iose

Dev

©B

iose

Dev

Julien Souquet-Grumey etFlorent Boissou, les deux cofondateurs

de la société BioseDev.

BioseDev a développé unpilotede laboratoire en batchpour la fabrication d’échantillons.

Page 27: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

27

FFFocus[ÉCONOMIE CIRCULAIRE]

272727FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

Avant d’ajouter : « Selon l’applicationvisée,il nous est tout à fait possible d’adjoindreuneétapedepurificationà la suitedenotrebroyage ». Selon BioseDev, le fait que sonprocédé n’utilise ni eau ni solvant, favo-riserait l’obtention de labels écologiquestels qu’Ecocert.En ce qui concerne la matière première àtraiter, le procédé développé par BioseDevpermet de prendre en charge une largepalette de biomasses. « Notre technolo-gie polyvalente est en mesure de traiteraussi biendes coproduits lignocellulosiques,des dérivés d’algues ou encore de l’amidon.Il nous est même possible de travailler surdes fractions d’amidon purifié ou d’algi-nates modifiées », détaille Florent Boissou.Avant de souligner : « Notre procédépermet d’avoir accès à des molécules peufaciles d’accès avec des procédés tradi-tionnels. Et contrairement à un procédéen voie liquide, il permet d’obtenir direc-tement un produit sous forme de poudre,avec une teneur de seulement 2 à 3 % englucose, ce qui est plus intéressant aupointde vue réactionnel ». Outre les bénéficestechniques, BioseDev affirme que sonprocédé se révèle peu onéreux à déployerà l’échelle industrielle, étant composéd’équipements unitaires bien éprouvés.

Unbusinessmodel évolutif

Pour le moment, BioseDev donne accèsà sa technologie novatrice sous la formede prestations de services sur trois volets.D’une part, le groupe fournit de l’aide à laR&D allant du prétraitement de biomasse,en passant par la conception de produitsbiosourcés, jusqu’à la dépolymérisationcontrôlée de polysaccharides. « Pour cefaire, nous avons signé une conventiond’adossement avec l’université de Poitiers,nous permettant d’accéder aux labora-toires de l’Institut de chimie des milieuxet matériaux de Poitiers », précise JulienSouquet-Grumey, cofondateur et direc-teur général de BioseDev. D’autre part,BioseDev fournit des prestations d’ana-lyse et de caractérisation de composés.Enfin, la start-up est en mesure d’effectuerde la production à façon d’échantillonsd’oligosaccharides à partir de polysaccha-rides parmi lesquels l’amidon, la cellulose,l’hémicellulose, les carraghénanes, les algi-nates, la chitine, etc. « Dans un premiertemps, nous souhaitonsdémontrer l’intérêttechnologique de notre procédé. Pour cela,nous avons déjà développé un dispositifde laboratoire permettant de produireen batch des échantillons de l’ordre de

nouveaux projets collaboratifs de valori-sation de biomasse, qu’ils soient acadé-miques ou industriels. « Si au départnous étions concentrés sur les coproduitsagricoles et de la sylviculture, nous nousintéressons également à d’autres typesde biomasse. Pour l’heure, nous avonsinitié des partenariats pour la valori-sation d’amidons, d’algues, de pectinesou encore de la chitine et du chitosan.Et nous avons récemment été sollicitéspour étudier le potentiel des roseaux ouencore de la betterave », indique JulienSouquet-Grumey. Sur le volet de la valo-risation, le groupe pourrait également nepas se contenter d’exploiter les oligosac-charides, mais également d’autres frac-tions comme la lignine.Du point de vue des installations, Biose-Dev pourrait bien se doter à terme deson propre site regroupant sa R&D etsa production. Pour l’heure, l’entreprisetable sur un chiffre d’affaires de 54 000 €en 2020, et de 150 000 € en 2021. Si toutse déroule comme escompté, BioseDevpourrait ne plus se contenter de pres-tations de services, comme le préciseJulien Souquet-Grumey : « A terme, nouspourrions proposer notre procédé par lebiais de licences technologiques. Et nouspourrions aller encore plus loin en termesd’activités, en devenant un producteurd’ingrédients à part entière. En effet, aulieu de produire des ingrédients biosourcéspour d’autres, pourquoi ne pas ambition-ner dans quelques années de le faire pournotre propre compte ? ». ■

DINHILLON

©B

iose

Dev

la centaine de grammes », indique JulienSouquet-Grumey. En outre, la start-up adéveloppé avec un partenaire industrielune installation en continu, permettantune production de l’ordre de quelquestonnes par heure. «D’ici à septembre2020,nous devrions disposer d’un pilote kilo-batch.A lafin2021,nousavons le projet denousdoterd’undémonstrateurd’unecapa-cité de production de 20 kg/h, ce qui impli-quera le recrutement d’un opérateur »,détaille Julien Souquet-Grumey.En ce qui concerne les autres dévelop-pements, BioseDev est à la recherche de

Le principe de la technologiede BioseDev consiste en unbroyage

utilisant des billesmétalliques.

BIOSEDEVENBREF●Date de création : octobre 2019

● Siège : Poitiers (Vienne)

● Activité : prestations de R&D et de

production à façon d’ingrédients

fonctionnels à partir de biomasse

végétale

●Marchés potentiels : cosmétique,

nutraceutique, agroalimentaire,

détergence, etc.

● Effectif : 2 collaborateurs

● Chiffre d’affaires prévu en 2020 :

54 000 €

● Chiffre d’affaires prévisionnel

en 2021 : 150 000 €

● Partenaires scientifiques :Université

de Poitiers, Institut desmilieux et

matériaux de Poitiers (IC2MP), CNRS,

incubateur Technopole Grand Poitiers,

École nationale supérieure des ingé-

nieurs de Poitiers (Ensip)

● Financements publics : Bpifrance,

RégionNouvelle-Aquitaine, Région

Start-up Nouvelle-Aquitaine

Page 28: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

[ÉNERGIE]FF [Focus

28

sées dans la production de bicarbonate.Une autre soudière de la région, exploi-tée par Solvay à Dombasle-sur-Meurthe(Meurthe-et-Moselle), est confrontée auxmêmes problématiques d’émissions degaz à effet de serre. « C’est une industriequi est historiquement en base charbon,car le charbon, comme les autresmatièrespremières utilisées telles que le sel et lecalcaire, était unematière première localeet le procédé s’appuie sur des fours à chauxquiutilisentdu coke (issudu charbon,ndlr).De plus, le procédé nécessite de grandesquantités d’énergie », explique GildasBarreyre, directeur énergie du groupeSeqens. En effet, le procédé de fabrica-tion du carbonate et du bicarbonate (misau point par Solvay entre 1861 et 1865)nécessite énormément de vapeur pour les

étapes de calcination.Et pour produire cettevapeur, les sociétésconsomment plusieurscentaines de milliersde tonnes de charbon(entre 150 000 et 200000 tonnes pour le sitede Novacarb et entre200 000 et 250 000pour le site de Solvay)en provenanced’Afrique du Sud. Lesdeux sites français,qui consommentà eux seuls plus de400 000 tonnes de

est sous la neige que, le27 février, la premièrepierre du projetNovawood a été posée

sur le site de production de bicarbonateet carbonate de sodium de Novacarb àLaneuveville-devant-Nancy (Meurthe-et-Moselle). Cette filiale de Seqens entame,avec la construction d’une centrale decogénération de biomasse, sa transitionénergétique. En effet, ce site de produc-tion de carbonate et bicarbonate de soude,ou soudière, émet de grandes quantitésde dioxyde de carbone : pour produire550 000 tonnes de carbonate, et 150 000tonnes de bicarbonate, ce sont 600 000tonnes de CO2 qui sont relâchées dansl’atmosphère tous les ans dont 150 000tonnes environ sont en réalité réutili-

FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

est sous la neige que, le 27 février, la première pierre du projet Novawood a été posée

sur le site de production de bicarbonate C’

COMBUSTIBLE VERTSeqens lance laconstruction d’uneunité de cogénérationbiomasse sur son site deLa Madeleine, Solvayétudie la possibilité desCSR à Dombasle…Les soudières françaisescherchent à sortir ducharbon pour réduireleurs émissions de CO2

et maintenir leur activité.

Lessoudièresfrançaisesdébutentleurtransitionénergétique

La première pierreduprojetNovawooda été posée le 27 février.

©Se

qen

s

©Se

qen

s

La soudière de Laneuveville-devant-Nancy est exploitée par

Seqens depuis 1865.

Page 29: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

29

FFFocus[ÉNERGIE]

292929FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

DESDÉCHETS ENGUISEDECOMBUSTIBLELes combustibles solides de récupé-

ration (CSR) sont préparés à partir de

déchets qui doivent être classés comme

non-dangereux, et ne peuvent plus être

recyclés dans les conditions écono-

miques et techniques dumoment (« enl’état des techniques disponibles »), ceque reprend la loi relative à la transition

énergétique pour la croissance verte de

2015. Le CSR peut être produit à partir

de déchets industriels banals, d’encom-

brants, de refus de tri des ordures ména-

gères et de résidus de broyage.

Il est enmoyenne constitué de 30 à 50 %

de plastiques, de 10 à 20 % de papier-car-

ton, de 10 à 15 % de bois de chantier, le

reste étant composé de résidus textiles,

de pneus et autres élastomères. Les CSR

se caractérisent par un potentiel éner-

gétique relativement élevé, ce qui les

destine à une utilisation en cimenteries

(pour ceux de haute qualité) ou bien

dans des chaudières.

La production de ce combustible s’ins-

crit dans la politique actuelle de réduc-

tion de l’enfouissement des déchets

de 50 % à l’horizon 2025, ce qui devrait

correspondre à 12 millions de tonnes

de déchets enfouis enmoins. Selon

l’Ademe, 2,5 millions de tonnes

de CSR seront produites annuellement

en France.

charbon, ont donc décidé de réduire leurempreinte carbone via une démarche detransition énergétique.

Des déchets énergétiques

Afin de réduire son empreinte environne-mentale, la démarche de transition éner-gétique lancée par Novacarb se fait selondeux axes : le premier est le recyclage de150 000 tonnes de CO2 pour la synthèsedu bicarbonate de soude ; le second estun travail sur l’efficacité énergétiquedes procédés et un transfert d’usage (dela vapeur vers l’électricité décarbonée).Actuellement, le site consomme près d’1,2TWh d’énergie. L’objectif est de réduiredrastiquement cette consommation en serapprochant du 1 TWh. Un maximum del’énergie consommée proviendra d’énergiesrenouvelables dont la biomasse, le rested’électricité décarbonée et en appoint, le gaznaturel, moins carboné. C’est ce que Nova-carb compte faire avec le projet Novawood.Cette centrale de cogénération biomasse,qui utilise du bois déchet et des traverses dechemin de fer fournies par la SNCF commecombustible, permettra au site de fermer,d’ici à 2022, deux chaudières à charbonet ainsi de réduire ses émissions de CO2de 150 000 tonnes par an, soit l’équivalentdes émissions de 60 000 voitures. Le groupeSolvay a déjà entamé en février 2019 laconstruction de ce type d’installation dansson usine de carbonate de soude de Rhein-berg (Allemagne). Cette chaudière, dont lamise en service est prévue au deuxièmetrimestre 2022, permettra une réductionde 30 % des émissions de CO2 du site,soit environ 150 000 tonnes par an, ainsiqu’une réduction d’un quart de la consom-mation de combustibles fossiles du site. Ladeuxième étape de la sortie du charbonde Novacarb consistera en la constructiond’une centrale de valorisation de combus-tibles solides de récupération (CSR) sur lesite industriel de Laneuveville-devant-Nancy : c’est le projet Novasteam. Cettematière est principalement fabriquée àpartir des refus de tri des déchets solides.« Le projetNovasteamdevrait permettre deréduire nos besoins en charbon de 30 %, cequi entraîneraunediminutiondenosémis-sionsdecarbonede67000tonnes», détailleGildas Barreyre. Cette unité devrait entreren fonctionnement d’ici à 2023/2024, etprovoquer la fermeture de deux chau-dières à charbon supplémentaires. « Nousutiliserons également du gaz naturel dansnotremixénergétiqueafindecompléternosbesoinsenénergie.Celanouspermettrad’ar-

tion énergétique sur chacun de ses sites enEurope. Chez Seqens, nous n’avons qu’unsite à Laneuveville-devant-Nancy et nousdevons nous appuyer sur ces différentessources d’énergies renouvelables, de récu-pération ou bas carbone sur notre site »,explique Gildas Barreyre.Une autre raison pour la sortie du charbonde ces industries est que l’utilisation decette roche sédimentaire comme sourced’énergie n’est pas une solution pérenne.« L’Etat espère sortir du charbon d’ici à2028, il est en voie de bannissement. Lataxe carbone est plus élevée sur le char-bon que sur les autres sources d’énergie »,pointe Gildas Barreyre. Rien qu’en 2019,Seqens a dû payer 5 millions d’euros detaxe carbone. «Un tel impact surnos résul-tats, impactant directement nos capacitésd’investissement dans le maintien et ledéveloppement de ces activités, ce n’est paspérenne », rajoute-t-il. Et la viabilité dessoudières est nécessaire. Lors de la céré-monie de la première pierre de la futurechaudière à cogénération biomasse, lesénateur de Meurthe-et-Moselle Jean-François Husson a rappelé que le dépar-tement regroupe « les deux dernièressoudières de France. Il est très importantde lesmaintenir, elles représentent environ5 000 emplois ». Le projet de chaudière àCSR de Solvay pourrait entrer en serviceen 2022, tandis que la démarche de tran-sition énergétique de Seqens devraitpermettre au site de Novacarb d’atteindrele zéro charbon d’ici à 2024, soit avec4 ans d’avance sur les ambitions gouver-nementales. ■

Á LANEUVEVILLE-DEVANT-NANCY,FRANÇOISEDEVAUGELAS

rêter complètement l’utilisationducharboncomme source d’énergie », explique GildasBarreyre. Avant d’ajouter : « A terme, nousémettronsmoinsde250000tonnesdeCO2 ,dont150000tonnesentrentdans lacompo-sitiondubicarbonate.Soitunebaissede60%des émissions totales du site et de 85 % desémissions denotre productiond’énergie »

Une transition pourla pérennité du site

Le groupe Seqens est déjà familier avecle CSR et la cogénération biomasse : cesdeux technologies sont déjà exploitéessur la plateforme chimique de Roussil-lon. Aujourd’hui, cette plateforme neconsomme plus que 30 % de charbon, etdevrait, d’ici 3 à 4 ans, ne plus utiliser decharbon. Le CSR intéresse également legroupe Solvay : une concertation préa-lable s’est déroulée du 20 janvier 2020au 13 février 2020 sur un projet potentielde transition énergétique de l’usine defabrication de carbonate de soude et bicar-bonate de sodium du site de Dombasle.Solvay s’est associé à Veolia pour rempla-cer les trois chaudières à charbon, quipermettent la production de vapeur, parune unité de cogénération sur base deCSR. Si ce projet de l’ordre de 180 millionsd’euros voit le jour, il devrait permettre àcette soudière de réduire de 50 % ses émis-sions de CO2. Ces deux projets s’inscriventdans la démarche de transition énergé-tique déjà entamée par Solvay et fontsuite à deux autres projets : une unité decogénération biomasse à Bernburg (Alle-magne) et une turbine à gaz sur son sitede Rosignano (Italie). « Solvay peutmettreenplace différentes technologies de transi-

Page 30: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

[ÉNERGIE]FF [Focus

30

collaborent pour développer un biocar-burant de troisième génération. « Cada-rache s’affirme comme un moteur de latransition énergétique. Notre objectif prin-cipal est la R&D en énergies bas carboneou peu émettrices de gaz à effet de serre »,ajoute-t-il. « La nécessité de diminuer lesémissions de carbone, et la probléma-tique de la valorisation du CO2 issu desfumées industrielles redynamise l’enjeudesbiocarburants », complète Juliette Imbach,responsable de l’implantation régionaleSud de la recherche technologique duCEA. Au sein du Biam, l’objectif principalest donc la compréhension des processusbioénergétiques des micro-algues ainsique leurs mécanismes de réponse à leurenvironnement direct. Cela dans le butde proposer des solutions énergétiqueset environnementales pour un dévelop-pement durable. Une des plateformestechnologiques de cet institut, Hélio-Biotec, se concentre sur les mécanismesmoléculaires permettant la conversion del’énergie solaire et du CO2 atmosphériqueen biocarburants de troisième génération.

Débloquer un verrou

Les différentes études menées sur l’espèceChlamydomonas reinhardtii– «une sourisde labiologie végétale »pour David Pignol,directeur du Biam – ont montré que lesmicro-algues ne produisaient des lipidesqu’en conditions de stress. Autrement dit,si le milieu environnemental de ces alguesne présente pas des conditions optimales(lumière, température, disponibilité desnutriments…), elles vont synthétiserdes huiles, permettant la production debiodiesel. Cependant, cette synthèse delipides stoppe le développement de cesmicro-organismes. « Nous travaillons surun verrou scientifique. L’enjeu de l’étudedes micro-algues est de coupler la capta-tion et la fixation du CO2 à la productiondemolécules à haute valeur énergétique »,explique David Pignol. Avant d’ajouter :« Nous réalisons des modifications géné-tiques pour permettre une production delipides et un développement cellulaire de

Les biocarburants sont unmoyen de diminuer l’empreintecarbone des carburants liquides.Et les micro-algues sont une piste

prometteusepour laproductiondesbiocar-burants de demain », affirme FrançoisIoos, directeur de la division Biofuels deTotal. En effet, en plus de leur capacité àcapter de grandes quantités de dioxyde decarbone (CO2) – pour produire 1 tonne debiomasse, les micro-algues consomment2 tonnes de carbone – ces organismesproduisent de nombreuses moléculesd’intérêt, dont des lipides, convertiblesen biocarburants, et de l’hydrogène. Etcomme le rappelle Jacques Vayron, direc-teur du centre du Commissariat à l’énergieatomique (CEA) de Cadarache (Bouches-du-Rhône), « en 5 minutes, ce sont300 000 tonnes de CO2 qui sont émisesdans le monde ». C’est dans ce cadre quele CEA, l’institut de biosciences et biotech-nologies d’Aix-Marseille (Biam) et Total

FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

Le CEA de Cadarache, l’un des plus importantscentres de R&D sur l’énergie en Europe, se concentresur les micro-algues pour développer une troisièmegénération de carburants durables. Encore en phasede R&D avec de nombreux partenaires, il espère undéveloppement à échelle industrielle d’ici 10 ans.

«

DIFFÉRENTESGÉNÉRATIONSDEBIOCARBURANTSIl existe trois générations de biocar-

burants, dont les deux premières sont

commercialisées. Ceux de la première,

dits conventionnels, sont, selon la direc-

tive RED, des carburants liquides utili-

sés pour le transport et produits à partir

de biomasse alimentaire.

Les biocarburants dits avancés ou de

deuxième génération reposent sur la

transformation de ressources lignocellu-

losiques, principalement des coproduits

agricoles (bois, paille), en carburants

liquides.

Ils ont la particularité de ne pas entrer

en concurrence avec l’agriculture à des-

tination alimentaire, ni d’entraîner un

changement indirect de l’usage des sols.

Enfin, les biocarburants de troisième

génération sont produits à partir de

micro-organismes photosynthétiques,

comme les micro-algues ou les cyano-

bactéries.

RECHERCHE &DÉVELOPPEMENT

Desmicro-alguespourunetroisièmegénérationdebiocarburant

Page 31: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

31

FFFocus[ÉNERGIE]

313131FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

façon à ce qu’il n’y ait aucune corrélationavec le stress ».Les différentes études menées sur laplateforme HélioBiotec ont égalementpermis aux chercheurs d’identifier uneenzyme facilitant la conversion des lipidesen hydrocarbures, ainsi qu’une protéineintervenant dans la production d’hydro-gène. C’est la Fatty Acid Photodecarboxy-lase (FAP), découverte il y a deux ans, quipermet aux micro-algues de convertirdirectement les acides gras, composésmajoritaires des lipides, en hydrocarbures.Pour cette réaction, un seul co-facteur estnécessaire : la lumière. Plus précisément,l’énergie des photons bleus. Ce méca-nisme moléculaire permettrait de réaliserde nombreuses économies en énergie ense passant des étapes de transformationsréalisées par l’Homme. « Nous essayonsd’optimiser l’enzyme pour permettre lasynthèse d’hydrocarbures à façon. Ellepeut également produire d’autres hydro-carbures, tels que le propane, le diesel ou lekérosène», explique Damien Sorigué, cher-cheur au Biam. Pour ce faire, chromato-graphe en phase gazeuse et spectromètrede masse sont utilisés pour identifierquelles molécules sont produites, et ainsidéterminer les gènes les plus adaptés àune production industrielle. Cette sélec-tion de gènes devrait permettre de créer

de nouvelles souches de micro-algues. Cesmicro-organismes ont également la parti-cularité de synthétiser de l’hydrogène.Et des protéines, les flavodiirons (FLV),récemment mises en avant par le Biamont un effet sur l’émission de ce gaz. Enbloquant la synthèse de ces protéines àl’aide d’une mutation génétique, les cher-cheurs ont montré une augmentation dela production d’hydrogène d’environ 30 %.« Nous avons utilisé une souche sauvageque nous avons modifiée génétiquementpour supprimer la synthèse de FLV. Nousavonsainsi puproduireplusd’hydrogène»,raconte Adrien Burlacot, chercheur au CEAde Cadarache.

Un rendement prometteur

Les chercheurs sont désormais à larecherche des meilleures souches algalespour la production d’hydrocarbures,de lipides et d’hydrogène. « Nous espé-rons améliorer la sélection des souchespour une meilleure productivité en huile.Nous aimerions produire 60 000 litres delipides par hectare et par an », projetteFrançois Ioos (Total). Le géant pétrochi-mique, qui développe depuis près de 20ans des biocarburants, croit en les capa-cités de production de ces micro-orga-nismes. En effet, le rendement en huiledes micro-algues pourrait être de 20 à 30fois supérieur à celui des végétaux oléa-gineux utilisés pour la production desbiocarburants de première et deuxièmegénération, à savoir le colza, le tournesolet l’huile de palme. Afin de déterminerquelles sont les souches micro-algales lesplus adaptées, la plateforme HélioBiotecréalise différents tests de culture dans desphotobioréacteurs. Ces dispositifs sontpilotés par ordinateur afin de contrôler encontinu de nombreux paramètres (tempé-rature, pH, vitesse d’agitation, intensitélumineuse…) et l’apport de nutriments.Il faut cependant identifier une souchequi sera capable de se développer enconditions naturelles, dans un environne-ment non contrôlé, car comme le préciseLaurent Fourage, chargé du programmemicro-algues chez Total, « lesmicro-alguesseront cultivées en lagunes et non pas enphotobioréacteurs ». Même si les biocar-burants de troisième génération semblentprometteurs, ils restent un objectif futur :« Si nous pouvions montrer des résultatsà l’échelle industrielle d’ici 5 à 10 ans, celaserait très satisfaisant », conclut FrançoisIoos (Total). ■ACADARACHE, FRANÇOISEDEVAUGELAS

Les photobioréacteursdu CEA Cadarache permettentde cultiver desmicro-algues

en conditions contrôlées.

©L.

God

art/

CEA

Plusieurs espècesdemicro-alguessont étudiéesafin d’identifierla souche la plusadaptée.©

G.L

esén

éch

al/C

EA

LECEADECADARACHEENBREF●Date de création : 14 octobre 1959

● Localisation : Saint-Paul-Lez-Durance

(Bouches-du-Rhône)

●Directeur : Jacques Vayron

● Activités :Recherche et développe-

ment en énergies bas carbone ou peu

émettrices de gaz à effet de serre (éner-

gie nucléaire, nouvelles technologies

pour l’énergie) et études sur l’écophy-

siologie végétale et lamicrobiologie

● Collaborateurs : 2 400 salariés, dont

130 doctorants et post-doctorants.

Environ 2 000 emplois indirects

● Installations : 480 bâtiments dont

20 installations nucléaires de base

(INB) civiles et 1 INB défense

Page 32: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

Pour suivre l’actualité des entreprises et des labos,découvrir les développements industriels et les innovations

À RENVOYER ACCOMPAGNÉ DE VOTRE RÈGLEMENT À :FORMULE VERTE - Service Abonnements - Antony Parc II

10, place du Général de Gaulle - BP 20156 - 92186 Antony CedexEmail : [email protected]

Je souhaite recevoir une facture acquittée

Mme M.

Nom/Prénom :

Société :

Adresse :

Code postal : Ville :

Tél. :

J’inscris mon adresse pour recevoir l’e-newsletter

* TVA 2,10%. Offre valable jusqu’au 31/12/2020. Conformément à la loi Informatique et liberté du 06/01/1978 et LCEN du 22/06/2004, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données que vous avez transmises, en adressant un courrierà ETAI. SAS au capital de 47 111 184 € - 806 420 360 RCS Nanterre - N° TVA FR 00 806 420 360. Toute commande implique l’acceptation des CGV consultables à : http:// www.infopro-digital.com/pdf/CGV_abo_Groupe.pdf. Pour consulter les règles RGPD dugroupe : https://www.infopro-digital.com/rgpd-gdpr/. © pixabay.com

REGLEMENT :

Chèque bancaire à l’ordre de Formule VerteÀ réception de facture

OUI je m’abonne pour 1 AN à Formule Verte.

B U L L E T I N D ’ A B O N N E M E N T

Email : @NOMINATIF ET EN MAJUSCULES - INDISPENSABLE pour ouvrir vos accès web

JE CHOISIS L’OFFRE D’ABONNEMENT :

FMV2000

Offre solo :Formule Verte

199ETTC*

(FMV1ADL01)

Offre duo :Formule Verte+ Info Chimie Magazine

409ETTC*

(CHIFMV01)

LE MAGAZINEPrésente les enjeux des industriels etdes acteurs de la chimie verte : plastiquesbiosourcés, cosmétiques naturels…Vision globale de la biomasse et desénergies, chiffres clés, fonctionnement.

LA NEWSLETTERUne fois par semaine,une vision synthétiquede l’actualité et desinnovations vertes.

FORMULE-VERTE.COMToutes les archives du magazine.Focus sur les articles phares dudernier numéro.

Page 33: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

33FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

Index[SOCIÉTÉS]

Entreprises citées dans ce numéroAACDV p. 13

Afyren p. 9

Alinova p. 9

Altran p. 18

Amoéba p. 9

Amyris p. 21

Arbiom p. 13

ARD p. 21

Avantium p. 10

Axens p. 9

BBioseDev p. 26

Borealis p. 11

CCarbios p. 8

CEA p. 30

Cellego p. 8

Circa Group p. 21

Colibri Peinture p. 24

Conagen p. 11

Copacel p. 21, 23

Corbion p. 10

Cosmetic Valley p. 22

Covestro p. 12

Cristal Union p. 20

CRITT Bioindustries p. 18

DDeinove p. 9, 12, 13

DRT p. 8

DSM p. 11

E-FEvonik p. 11

FFirmenich p. 8

G-IGlycom p. 11

Improve p. 17

INRAE p. 12

KKyanos p. 16, 18

LLego p. 34

Logos Technologies p. 10

MMeatable p. 16

Metex p. 9

Minagro p. 13

NNeste p. 11, 13

OOlmix p. 12

PPlant Advanced Technologies

p. 8, 21

Pôle IAR p. 14

Protéines France p. 14

RRoquette p. 15, 20

SSekab p. 10

Seqens p. 28

Sharon Laboratories p. 9

SNPAA p. 20

Solvay p. 28

Sphère p. 22

Stepan p. 10

Sumitomo p. 11

TTereos p. 14, 20

TNO p. 10

Total p. 30

TWB p. 12, 14

VVersalis p. 11

Vertori p. 10

VTT p. 12

YYnsect p. 15

Liste des annonceursANNONCEURS PAGECFC 25CPH 3e de couv.FLOTTWEG FRANCE 5FORMULE VERTE 32

INDUSTRIE PHARMA 5INFO CHIMIE 2e de couv.ITERG 9JDLE 19Salon Clean Beauty 4e de couv.

Antony Parc II10, place du Général de GaulleBP 20156 - 92186 ANTONY CedexTél. : 0177929292Site internet :www.formule-verte.comPour joindrevoscorrespondants, composez le017792,suividesquatrechiffres indiquésaprèschaquenom.Pour leuradresserune-mail, taper l’initialeduprénom,[email protected](ex. :[email protected])

Président,directeurdelapublication :Julien Elmaleh

Directricegénéraledéléguée :Isabelle André

Directeurdupôlemagazinesspécialistes :Pierre-Dominique Lucas

Directricedesrédactions :Sylvie Latieule(95 87)

Secrétairesderédaction :Ariane Boixière-Asseray (95 85),

Rédaction :Dinhill On (chef de rubrique,95 80), FrançoisedeVaugelas(0179067794),Nicolas Viudez (95 81), Mathilde Lemarchand(ChimiePharmaHebdo,9583)

DirecteurStudioMagazines :Thierry Michel (96 30)assisté de Frédéric Dirr (96 31)

Premierrédacteurgraphiste :Thierry Meunier (96 29)

Publicité :Patricia Raphel (directricecommerciale Pôle Industrie MagazinesSpécialistes - 96 58),Marie-Christine [email protected](assistante technique - 96 56)

Représentants :Rhône-Alpes : Directrice de clientèleGratiane Picchetti Tel. : 0631453295Email :[email protected]

Marketing,diffusion,abonnements :Directeur : Guillaume de CorbièreDirectrice de la gestion des abonnementsgroupe : Nadia ClémentDirectrice de la diffusion et du marketingdirect : [email protected] : Nina [email protected]

Pours’abonner :8 : www.formule-verte.com' : 33 (1) 77929914 - du lundi au vendredi

(9 à 12h - 14h à 17h / 16h vendredi)7 : 33 (1) 77929815* INFOPRO Digital - Service abonnements

- Antony Parc 2 -BP 20156 - 92186 Antony Cedex

1an,France :199€TTC(TVA2,10%incluse)Etudiants, étranger, multi-accès : nousconsulter

Règlement à l’ordre d’ETAI(pour l’UE, préciser le numéro de TVAintracommunautaire)

Dépôt légal : Avril 2020CPPAP : 1221 T 91487

Achevé d’imprimer sur les pressesde Corlet Imprimeur - ZI, route de Vire

BP 86 - 14110 Condé-en-NormandieISSN 2117-4172

Société éditrice : EDITIONS TECHNIQUES POURL’AUTOMOBILE ET L’INDUSTRIE (ETAI)

SAS au capital de 57 029 328 eurosSiret : 806 420 360 00117

Principal actionnaire : Infopro Digital SAS

Origine du papier : AllemagnePas de fibres recycléesCertification : PEFC

Impact sur l’eau (P tot) :0,001 kg/tonne

Toute l’équipe de Formule verte vous remerciede votre soutien.

Nous sommes au rendez vous avec vous et pour vousen ces temps de mutation et de transition

Prenez bien soin de vous et de vos proches.

Page 34: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

Marque durable?

Enrouteversles«écolobriques»

voir un impact positif sur l’environnement. Voici l’objectif ambitieux dugéant danois du jeu de construction. Un but difficile à atteindre quandon sait que le groupe Lego produit, chaque année, plus de 2 milliards debriques de construction en acrylonitrile butadiène styrène (ABS), un ther-moplastique dérivé du pétrole. Le groupe a donc lancé en 2015 une initia-

tive de recherche de matériaux durables pour concevoir ses kits de construction à thème :un investissement de 130 millions d’euros devrait permettre à la société de trouver unmatériau durable pour remplacer l’ABS qui, en 1963, a pris la suite de l’acétate de cellulose,obtenu à partir du bois ou du coton.Pour rentrer dans ce processus de durabilité, Lego se tourne vers les ressources végétales.En effet, la société utilise du polyéthylène (PE) biosourcé, mis au point par le brésilienBraskem, pour fabriquer « des plantes à partir de plantes » : ce sont les 80 éléments végé-taux (feuilles, buissons et arbres) qui sont fabriqués en PE. Soit 2 % des 3 600 modèlesd’éléments disponibles dans les kits de construction. Avec cette première étape et ce retouraux sources végétales, Lego entrevoit le futur du groupe. En effet, l’objectif est d’atteindreles 100 % de briques en matériaux durables d’ici à l’horizon 2030. Cependant, le Danois necompte pas faire de compromis sur la qualité actuelle de ses jouets, et doit donc partir dezéro pour trouver les matériaux qui répondront aux normes très élevées de qualité, sécu-rité et durabilité que la marque s’impose, et que pour l’instant seul l’ABS fournit. « Nousavons besoin de produits sûrs et durables pour plusieurs générations d’enfants », annonce lasociété. Car s’il y a bien une caractéristique qui définit Lego, c’est la résistance au temps deses produits : qui n’a pas dans son placard des kits datés de plusieurs années, voire décen-nies ? Et c’est pour s’assurer de cette résistance au temps, et de la sécurité des enfants, quela décision surprenante de produire des éléments non biodégradables a été prise.Malgré le fait que ces briques résistent au temps, vous souhaitez vous en séparer ? Lego a

mis en place le programme « Replay » grâce auquel des milliersde briques de construction sont récupérées chaque année, etdes nouveaux kits sont ainsi constitués. Ils sont ensuite distri-bués aux enfants dont les familles sont dans l’incapacité deleur fournir des jouets. Avec ce programme, la société fait unpas vers l’économie circulaire et évite la dissémination de sesproduits dans la nature.Mais produire des briques en bioplastique et recycler lesanciens kits ne sera pas suffisant pour avoir un impact positifsur l’environnement. Alors, le géant danois s’est associé à laWorld Wildlife Foundation (WWF) pour s’assurer du caractèrerenouvelable et durable de la canne à sucre dont est issu lePE biosourcé. Ensuite, il travaille activement à la réduction deson empreinte carbone. Panneaux photovoltaïques, systèmesd’éclairage à LED, systèmes de refroidissement par circulationd’air… La société ne lésine pas sur les innovations pour dimi-nuer ses émissions de gaz à effet de serre. Des investissementsont également été effectués dans des parcs éoliens offshoresen Allemagne et au Royaume-Uni, permettant ainsi au grouped’utiliser 100 % d’énergies renouvelables. La société a même

réussi l’exploit de produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme dans ses bureaux, usineset magasins, tous sites confondus. Un autre point sur lequel Lego travaille intensément : ladurabilité de ses emballages. Depuis 2019, la société a enclenché une démarche de rempla-cement des sacs plastiques par des sacs en papier provenant de ressources durables.La marque s’est engagée à ce que 100 % des emballages des kits de construction soientdurables et recyclables d’ici à 2025. ■ F.V.

voir un impact positif sur l’environnement. Voici l’objectif ambitieux du

briques de construction en acrylonitrile butadiène styrène (ABS), un ther-A

34 FormuleVerte - N°43 - Avril 2020

©Le

go

Les élémentsconstituants les feuilles,buissons et troncdes kits sont en plastiquebiosourcé.

« Lego veutproduire 100 %de briquesdurablesd’ici à 2030 »

Page 35: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

Pour suivre les informations stratégiques et exclusives des décideursdes industries de la chimie et de la pharmacie

L’HEBDOMADAIRE42 numéros par an. Une parution tous les lundis,

pour rester informé sur l’actualité des industries chimiques,pharmaceutiques et biotechnologiques et de leurs

fournisseurs en France et dans le monde.

LE DIGITALL’HEBDOMADAIRE NUMÉRIQUEEn avant-première le vendredi dans votre boîte e-mail.

LES SITESINFOCHIMIE + INDUSTRIEPHARMA150 000 articles numérisés réservés aux abonnés.

À RENVOYER ACCOMPAGNÉ DE VOTRE RÈGLEMENT À :CHIMIE PHARMA HEBDO - Service Abonnements - Antony Parc II

10, place du Général de Gaulle - BP 20156 - 92186 Antony CedexEmail : [email protected]

Je souhaite recevoir une facture acquittée

Mme M.

Nom/Prénom :

Société :

Adresse :

Code postal : Ville :

Tél. :

J’inscris mon adresse pour recevoir la version numérique

* TVA 2,10%. Offre valable jusqu’au 31/12/2020. Conformément à la loi Informatique et liberté du 06/01/1978 et LCEN du 22/06/2004, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données que vous avez transmises, en adressant un courrier à ETAI.SAS au capital de 47 111 184 € - 806 420 360 RCS Nanterre - N° TVA FR 00 806 420 360. Toute commande implique l’acceptation des CGV consultables à : http:// www.infopro-digital.com/pdf/CGV_abo_Groupe.pdf. Pour consulter les règles RGPD du groupe :https://www.infopro-digital.com/rgpd-gdpr/. © Anusorn - stock.adobe.com

REGLEMENT :

Chèque bancaire à l’ordre de Chimie Pharma HebdoÀ réception de facture

OUI je m’abonne pour 1 AN à Chimie Pharma Hebdo.

B U L L E T I N D ’ A B O N N E M E N T

Email : @NOMINATIF ET EN MAJUSCULES - INDISPENSABLE pour ouvrir vos accès web

JE CHOISIS L’OFFRE D’ABONNEMENT :

CHH2000

L’hebdomadaire etla version numérique

1 099ETTC*

(CHH1A01)

Version numérique

999ETTC*

(CPW1A01)

L’hebdomadaire est envoyé sur votremessagerie. Il est personnel et nontransférable.

L’HEBDOMADAIRE LE DIGITAL

Page 36: formul w.  · 2020. 5. 15. · N°43 AVRIL2020 ww w. formul e-verte.com M CRISESANITAIRE Lesacteurs delabioéconomie semobilisent BIOMASSE BioseDevaide àunevalorisation plusécoresponsable

The new Beauty Era | Better for the people and the planet

| OCTOBER 12 & 13, 2020 | THE BREWERY – LONDON