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FOUILLES OPÉRÉES DANS LES BOIS COMMUNAUX DE SAUVILLE (VOSGES) Le 24 juillet 1866 Author(s): F. de Saulcy Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 14 (Juillet à Décembre 1866), pp. 243-246 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41742990 . Accessed: 20/05/2014 19:58 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.131 on Tue, 20 May 2014 19:58:54 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

FOUILLES OPÉRÉES DANS LES BOIS COMMUNAUX DE SAUVILLE (VOSGES) Le 24 juillet 1866

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FOUILLES OPÉRÉES DANS LES BOIS COMMUNAUX DE SAUVILLE (VOSGES) Le 24 juillet 1866Author(s): F. de SaulcySource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 14 (Juillet à Décembre 1866), pp. 243-246Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41742990 .

Accessed: 20/05/2014 19:58

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FOUILLES

OPÉRÉES

DANS LES BOIS COMMUNAUX DE SAUV1LLE

(VOSGES)

Le 24 juillet I860

La commune de Sauville possède une forêt connue sous le nom de forêt des Lochet« , dans laquelle se trouvent plusieurs groupes de tumuli dont l'existence m'avait été signalée il y a deux ans. J'en fis ouvrir quelque-uns l'an dernier, mais sans aucun succès ; le seul objet que j'aie pu extraire était uu bracelet tout uni, de bronze, mais brisé en plusieurs morceaux.

Au mois de juillet dernier je me décidai à attaquer deux autres tombelles voisines des premières, mais sans grand espoir, grâce au souvenir de mon insuccès précédent. Je devais être amplement dédommagé de cet insuccès, ainsi qu'on va le voir.

Dans chacune des tombelles ouvertes la première fois, il était facile de reconnaître plusieurs sépultures distinctes, caractérisées par des amas oblongs de grosses pierres fortement enchevêtrées les unes dans les autres, et formant jusqu'à quatre tombes établies parallèlement, pour un seul tumulus.

La disposition que j'ai reconnue cette année est toute différente et mérite, je crois, qu'on la décrive minutieusement. Voici en quoi elle consiste :

Une fois les terres supérieures dégagées et rejelées vers la base du tumulus, nous reconnûmes l'existence de quatre grandes pierces fichées, marquant les extrémités de deux diamètres perpendiculaires l'un à l'autre. Il paraissait évident que .ces pierres de fortes dimen- sions marquaient les limites du sépulcre; aussi fût-ce à l'intérieur de.

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244 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. la circonférence, le long de laquelle ces pierres étaient réparties, que les recherches furent faites avec soin.

Du premier coup nous nous trouvions sur la tombe du person- nage principal renfermé dans le tumulus. Le premier objet qui fut rencontré était une petite fibule avec ressort à boudin, malheureuse- ment brisée et placée à environ 30 centimètres de l'une des grandes pierres fichées, en remontant du point où était placée la fibule. Vers le pied de cette pierre une large tache de vert-de-gris ne tarda pas à se montrer, et la terre ainsi maculée ayant été remué à l'aide d'un couteau, et avec les plus grandes précautions, nous dégageâmes un magnifique torques de bronze couché à plat, mais que remplissait à l'intérieur une terre grasse et noire, indice certain de matières animales décomposées. Là avait été évidemment le cou du cadavre, et entre le torques et le pied de la pierre fichée il y avait justement la place nécessaire pour recevoir une tète humaine. De celle-ci pas la moindre tr.ice, pas une dent, malgré la durée presque indéfinie de ces petits os. Quelques menus fragments de fer entièrement rongés par l'oxydation se trouvèrent à proximité du torques, sur le corps duquel ils avaient laissé une assez forte tache de rouille.

Il était désormais évident que le corps avait été placé, la téle à la circonférence du tumulus, contre l'une des grandes pierres fichées, et que les pieds du cadavre étaient au centre. Dès lors la fibule se trouvait dans la région de la poitrine. En continuant à dégager les terres superposées, on arriva sur une grande tache de terre noirâtre qui marquait incontestablement la place du cadavre. Celui-ci avait reposé sur un lit de pierres établi au-dessus du terrain vierge. On ne tarda pas à retrouver deux beaux bracelets placés au point ou devaient se trouver les poignets du cadavre, et dans ces deux bracelets exis- taient encore quelques grosses esquilles du radius et du cubitus, assez fortement colorées de vert-de-gris, et que la présence du sel de cuivre qui les imprégnait avait garanties contre la dissolution complète.

A partir de ce moment je ne doutai pas qu'il n'y eût à retrouvrer les anneaux de jambe dont le mort avait été orné pendant sa vie. J'avais compté sur un anneau à chaque jambe, et je fus fort agréa- blement surpris en en rencontrant deux au lieu d'un, le premier placé à hauteur du mollet, et le second vers la cheville. A l'intérieur de ces quatre anneaux se trouvaient encore des esquilles verdies des tibias et des péronés qui les traversaient.

Ces six anneaux sont tous du même style et du même dessin. Ils sont formés de cordons de 24 et de 21 grosses perles rondes, et

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FOUILLES DANS LES BOIS COMMUNAUX DE SAUVILLE. 245 entièrement massifs. L'un d'eux seulement était brisé en deux mor- ceaux, et depuis fort longtemps déjà, car l'oxydation des surfaces séparées par la fracture était identique avec celle des surfaces extérieures.

Le torques lui-même est massif. Il est formé de deux pièces dont l'une se rajuste par deux chevilles pénétrant dans le corps du collier, et la pièce mobile comporte à son centre une sphère massive de la dimension d'une grosse noix, et offrant à sa partie extérieure une encoche dans laquelle est restée une pâte à l'aspect ferrugineux, très-rongée, et qui semble n'avoir été qu'une sorte d'émail. De chaque côté de la boule centrale on compte trois grosses perles diminuant progressivement de taille, et dont la première présente une encoche semblable à celle de la boule centrale, mais dont toute trace d'émail a disparu. Ces deux séries de boules en perles sont terminées par un fleuron assez élégant, dont le motif se répète sur le corps môme du collier, à l'autre extrémité du diamètre que ter- mine la boule principale.

Nous avons vu tout à l'heure que le nombre des grosses perles de quatre des anneaux était de 21 ou 3 X 7 : il est bon de remarquer que les boules du torques forment également le nombre 7. Je suis donc bien tenté de croire que le choix de ces nombres, 3, 7 et 21, n'est pas fortuit et que chez les peuplades dont un des chefs a été déposé dans ce tumulus les nombres en question, comme chez les autres peuples de l'antiquité, jouissaient d'une certaine réputation toute mystique.

Cette première sépulture une fois explorée à fond, nous avons cherché dans les positions homologues par rapport aux deux pierres fichées latérales, et cette fois nous n'avons rencontré aucun objet d'ornement; quelques faibles traces noirâtres nous ont seules prouvé que nous ne nous étions pas trompés, et que là encore deux corps humains avaient été déposés.

Faisant face au cadavre si richement pourvu de bijoux de bronze, s'est immédiatement révélée la présence d'un quatrième corps qui était également décoré d'une parure de bronze ; mais tous les objets, collier, bracelets et anneaux qui formaient cette parure étaient d'une dimension assez grêle pour que nous nous soyons crus en droit de supposer que le corps qui avait reposé en ce point était celui d'une femme. Tous ces ornements, oxydés jusqu'au cœur, étaient brisés en morceaux.

En résumé, la tombelle de Sauville a contenu quatre corps : celui d'un homme, dont le cou et les membres étaient ornés de très-beaux

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bijoux de bronze; celui d'une femme, placé vis-à-vis et ne portant que des ornements beaucoup plus légers et du même métal, et enfin ceux de deux autres personnages sans aucune trace de bijoux.

Cpjnme cette tombelle a été construite d'un seul coup, sans qu'il y ait le moindre indice qu'on y soit revenu à quatre fois, il paraît assez naturel d'admettre que le chef pour qui fut construite cette sépulture, y fut inhumé en compagnie de sa femme et de deux de ses serviteurs, qu'on lui adjoignit probablement sans consulter le

goût de ceux-ci. J'allais oublier de dire qu'à hauteur de l'épaule gauche de la

femme nous avons trouvé un vase de poterie noirâtre assez grossière et orné sur la panse de deux lignes creuses sur lesquelles viennent s'abouter des chevrons doubles formant une ornementation très-

fréquente sur les poteries dites celtiques. Il semble qu'il y ait eu sur ou dans ce vase une espèce de petite écuelle de même fabrique.

Une seconde tombelle, ouverte à environ trente mètres de la pre- mière, n'a fourni qu'un gros bracelet de fer, oxydé jusqu'au cœur.

En résumé, les tombelles de la forêt des Lochets (commune de

Sauville) ont été construites à l'époque de transition de l'âge du bronze à celui du fer, et lorsque le fer était encore un métal assez

précieux pour que l'on songeât à en faire des bijoux.

F. de Saulcy.

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