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Boréal Boréal MARIE-AIMéE CLICHE Fous, ivres ou méchants ? Les parents meurtriers au Québec, 1775-1965 Extrait de la publication

Fous, ivres ou méchants...trerait. À son retour, il vit d’abord sa fille qui venait l’acclamer en jouant des airs joyeux. on pense que la fille de Jephté ne fut pas immolée,

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Parmi les faits divers rapportés par les médias, il en est peu qui émeuvent autant le public que l’assassinat d’un enfant par ses propres parents.

C’est en historienne que Marie-Aimée Cliche aborde ce sujet. Elle privilégie l’étude de cas, explorant les archives judiciaires aussi bien que la presse de l’époque. Elle distingue quatre périodes. D’abord, les cent années qui vont de 1775 à 1875, durantlesquelles le f ilicide est presque entière-ment ignoré. Puis la période 1875-1920, qui correspond à la première découvertedes enfants martyrs, en Europe comme en Amérique. L’année 1920 représente unecoupure au Québec à cause du procès des parents de la petite Aurore Gagnon, qui entraîne une vague de dénonciations. Enfin, la période suivant la Deuxième Guerre mondiale coïncide avec la vulgarisation de la psychologie et marque le début d’une nouvelle ère dans l’histoire de la protection de l’enfance.

En traçant l’évolution des formes de filicide et de la jurisprudence en ce domaine, Marie-Aimée Cliche révèle celle des mentalités dans la société québécoise.

Marie-Aimée Cliche enseigne au département d’histoire de l’Université du

Québec à Montréal. Elle est l’auteur de Maltraiter ou Punir? La violence

envers les enfants dans les familles québécoises, 1850-1969 (Boréal,

2007).

Fous, ivres ou méchants ?

ISBN 978-2-7646-2108-0 Impr

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24,95 $19 B o r é a l

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Marie-aiMée CliChe

Fous, ivres ou méchants ? Les parents meurtriers au Québec,

1775-1965

Extrait de la publication

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Les Éditions du Boréal4447, rue Saint-Denis

Montréal (Québec) h2j 2l2

www.editionsboreal.qc.ca

Extrait de la publication

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fouS, ivreS ou MÉchantS?

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du même auteur

Les Pratiques de dévotion en Nouvelle-France. Comportements populaires et encadre-ment ecclésial dans le gouvernement de Québec, Québec, Presses de l’université Laval, 1988.

Maltraiter ou punir? La violence envers les enfants dans les familles québécoises, 1850-

1969, Montréal, Éditions du Boréal, 2007.

Extrait de la publication

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Marie-aimée cliche

fouS, ivreS ou MÉchantS?

Les parents meurtriers au Québec, 1775-1965

Boréal

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© Les Éditions du Boréal 2011

Dépôt légal: 4e trimestre 2011

Bibliothèque et archives nationales du Québec

Diffusion au canada: DimediaDiffusion et distribution en europe: volumen

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

cliche, Marie-aimée

fous, ivres ou méchants?: les parents meurtriers au Québec, 1775-1965

comprend des réf. bibliogr. et un index.

isbn 978-2-7646-2108-0

1. filicide – Québec (Province) – histoire. 2. filicide – histoire. 3. filicide – cas, Études de. i. titre.

hv6542.c54 2011 364.152’309714 c2011-941637-9

isbn papier 978-2-7646-2108-0

isbn pdf 978-2-7646-3108-9

isbn epub 978-2-7646-4108-8

Extrait de la publication

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introduction

Parmi les faits divers rapportés par les médias, il en est peu qui émeu-vent autant le public que l’assassinat d’un enfant par ses propres parents. chaque fois, les journaux enregistrent des réactions qui vont de la colère à l’incrédulité, le public se demandant si ces parents sont complètement fous ou simplement méchants: mad or bad, comme disent les auteurs anglophones1.

il nous est difficile de croire que, dans les temps anciens, avant l’ère chrétienne, on pratiquait largement l’exposition (c’est-à-dire l’abandon dans un lieu public) des nouveau-nés parce qu’ils étaient infirmes, mal-formés ou simplement afin de limiter la taille des familles. Moins répan-due, la coutume d’offrir un enfant en sacrifice aux dieux existait aussi dans certaines sociétés. La civilisation occidentale a conservé le souvenir de l’histoire d’abraham et isaac (Genèse, XXii), de Jephté et sa fille (Juges, Xi) dans la Bible, et celle d’agamemnon et iphigénie dans la mythologie grecque (illustration 1 et couverture). Le geste meurtrier de ces pères a souvent été présenté comme une manifestation d’obéis-sance exemplaire à la volonté divine. Par contre, le mythe de Médée qui égorge ses deux fils pour se venger d’un mari infidèle suscite une hor-reur sans nom2.

Les parents qui tuent leurs enfants sont-ils fous ou méchants? Le problème est posé en ces termes, en france, au xixe siècle: tandis que Pinel et esquirol entreprennent l’étude scientifique des maladies men-tales qui poussent certains parents à commettre un tel crime, le médecin légiste ambroise tardieu révèle la fréquence des sévices parfois mortels

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que d’autres parents infligent à leurs enfants, sans avoir l’excuse de la folie. Malgré la réputation de tardieu, l’article qu’il publie sur ce sujet en 1860 sombre dans l’oubli pour des décennies. Les recherches médico-légales reprennent ensuite pour aboutir en 1962 à la découverte du «syndrome de l’enfant battu» par une équipe de médecins américains qui soulignent eux aussi que les parents maltraitants ne sont pas forcé-ment des malades mentaux3. il aura donc fallu un siècle pour réussir à démontrer scientifiquement l’ampleur de ce phénomène.

À la fin de la décennie 1960, Phillip resnick impose l’emploi des termes néonaticide et filicide pour distinguer deux formes de crimes qui correspondent à deux problématiques nettement différentes. Le néo- naticide consiste à faire périr un enfant dans les vingt-quatre heures suivant sa naissance, geste habituellement posé par une jeune fille dési-reuse de cacher son état pour des raisons sociales. Le filicide (du latin filius, qui signifie «fils») correspond à la mise à mort d’un enfant âgé de plus de un jour par l’un ou l’autre de ses parents. Quelques auteurs continuent cependant à employer les mots «pédicide» (du latin pedes, qui signifie «enfant»), «libéricide» (du latin liber, qui se traduit par «enfant» au sens filial) ou «infanticide», terme utilisé par le code cri-minel du canada pour désigner le crime commis par des mères qui causent la mort de leur enfant de moins de un an alors que leur esprit est déséquilibré par suite de la naissance et de la lactation4. Pour les fins du présent ouvrage, nous avons adopté la terminologie de resnick (néona-ticide/filicide) et nous étudierons uniquement le filicide.

Dans le but de faire comprendre les différentes causes du filicide, le Dr resnick propose aussi un classement basé sur les motifs du meurtre: l’altruisme, une maladie mentale grave, l’élimination des enfants non désirés, la vengeance conjugale et, enfin, les accidents dont les parents portent la responsabilité. cette classification, qui n’est d’ailleurs pas la première, inspirera bien d’autres auteurs5.

Depuis la décennie 1970, les recherches sur le filicide se sont multi-pliées, et ce, dans plusieurs pays. Les unes s’inscrivent dans la lignée des travaux déjà cités de Kempe et ses collaborateurs sur les enfants battus. D’autres, menées par des psychiatres, visent à comprendre l’état mental des parents, en particulier des mères atteintes de dépression ou de psy-chose puerpérale6. Quelques auteurs ont repris, en la critiquant et en la

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raffinant, la classification de resnick. Le but de plusieurs d’entre eux est de repérer les facteurs de risque afin de prévenir de telles tragédies7.

La majorité de ces études porte sur les filicides commis par des mères, les chercheurs (comme le grand public) étant fascinés par un crime qui va à l’encontre de la croyance que l’amour maternel est inné et universel. Leur curiosité est également piquée par le fait que, contrai-rement au néonaticide, qui est un crime essentiellement féminin, et aux autres formes d’homicides, qui sont le plus souvent commis par des hommes, le filicide est le fait d’un nombre à peu près égal de parents de chaque sexe8. on a donc comparé de façon systématique les motiva-tions des pères et des mères filicides ainsi que le traitement qu’ils reçoi-vent des tribunaux. Le concept de genre, qui renvoie aux rôles différents que la société impose aux individus en fonction de leur sexe, s’est révélé un cadre d’analyse des plus utiles. Parmi les nombreuses auteures qui l’ont appliqué, trois nous semblent particulièrement dignes d’intérêt.

Illustration 1. — Jephté et sa fille. «Jephté vient de remporter une victoire. il avait fait le vœu imprudent, s’il était vainqueur, d’immoler la première personne qu’il rencon-trerait. À son retour, il vit d’abord sa fille qui venait l’acclamer en jouant des airs joyeux. on pense que la fille de Jephté ne fut pas immolée, mais vouée à la virginité. » (Caté-chisme en images, Paris, La Bonne Presse, 1908, no 31.)

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anne campbell oppose l’agressivité masculine «instrumentale» à l’agressivité féminine «expressive». La première serait utilisée consciemment par les hommes pour inspirer la peur et contrôler leur entourage, tandis que la seconde résulterait d’une perte temporaire de maîtrise de soi par les femmes, qui refoulent habituellement leur vio-lence jusqu’au moment où celle-ci explose inopinément. Sans nier entièrement le bien-fondé de cette interprétation, christine alder la juge incomplète. Les cas de filicide qu’elle a étudiés lui semblent telle-ment complexes qu’une thèse aussi univoque ne suffit pas à les expli-quer. ania Wilczynski, enfin, admet la possibilité que les filicides soient commis pour des motifs différents par les hommes et les femmes. Mais elle ajoute que la perception et le traitement de ce crime diffèrent assu-rément selon le sexe de la personne accusée: les hommes sont considé-rés comme des êtres mauvais qu’il convient de punir et les femmes, comme des malades mentales qu’il faut soigner9.

Jusqu’à présent, la quasi-totalité des recherches en ce domaine a été réalisée par des médecins, des psychiatres et des criminologues. Les his-toriens ont consacré de nombreuses études à l’infanticide des nouveau-nés10, mais ils commencent tout juste à s’intéresser au filicide, tel que défini par resnick. ils se sont d’abord penchés sur les cas célèbres d’en-fants martyrs, comme aurore Gagnon au Québec, le petit Pierre Gré-goire en france et Mary ellen Wilson aux États-unis. Des médecins ont également fait l’historique de la découverte du battered child syndrome. tout récemment, des chercheurs américains se sont tournés vers les archives judiciaires de chicago pour repérer les cas de filicide commis à la fin du xixe siècle et au début du xxe11.

Pour le Québec, il est possible d’effectuer une telle étude en exploi-tant les dossiers judiciaires et les journaux. Les premiers sont conservés dans les centres d’archives de la province et accessibles aux chercheurs pour la période antérieure à 1966. ils comprennent les enquêtes du coroner, les enquêtes préliminaires et les pièces du procès. À cela s’ajoute la correspondance du procureur général (1867-1938), qui révèle les des-sous des procédures judiciaires. une bonne partie des dossiers des pro-cès a malheureusement été perdue (surtout pour les années 1763 à 1850) ou échantillonnée et élaguée pour la période postérieure à 1920. Les journaux à grand tirage qui relatent ce genre de faits divers permet-

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tent de combler un peu ces lacunes. c’est pourquoi nous avons par-couru systématiquement La Patrie (1879-1884), La Presse (1884-1952) et Allô Police (1953-1965), en plus de consulter de façon ponctuelle des journaux locaux comme Le Nouvelliste de trois-rivières, Le Droit d’ot-tawa et La Tribune de Sherbrooke pour nous documenter sur les fili-cides perpétrés dans ces régions.

cette recherche, qui se voulait exhaustive, a permis de repérer 140 affaires de filicide qui se sont déroulées au Québec de 1775 à 1965 inclusivement. ce nombre comprend tous les cas de parents biologiques ou de substituts parentaux (grands-parents, parents adoptifs, beaux-parents) qui ont été tenus pour criminellement responsables par un coroner de la mort de leur enfant âgé de plus d’une semaine et de moins de dix-huit ans. À ce corpus, qui constitue le cœur de notre documenta-tion, s’ajoutent 688 affaires du même genre mentionnées dans les jour-naux et qui ont eu lieu dans le reste du canada ou dans d’autres pays12, et quelques dizaines de cas douteux qui se sont déroulés dans notre pro-vince. enfin, les archives nationales du canada conservent les volumi-neux dossiers des personnes condamnées à mort, dont 27 pour filicide.

La critique de ces sources est évidemment délicate. notamment parce que le processus judiciaire agit à la manière d’un filtre. D’abord, le coroner qui procède à une enquête dans les cas de morts subites ou sus-pectes peut conclure à la responsabilité criminelle d’un parent en se contentant d’une preuve prépondérante. Puis, lors de l’enquête prélimi-naire, le procureur et le juge décident s’il y a lieu ou non d’intenter un procès, compte tenu des preuves disponibles. Parfois, cette décision est prise par le bureau du procureur général, sans enquête préliminaire. enfin, le procès criminel doit établir la culpabilité d’un accusé hors de tout doute raisonnable13. il est donc possible que des meurtriers réussis-sent à passer à travers les mailles du filet de la justice. et l’on ne peut pas exclure la possibilité que certains parents accusés de filicide soient vrai-ment innocents.

Par ailleurs, les personnes soupçonnées de meurtre et passibles de la peine de mort n’ont pas toujours intérêt à dire toute la vérité. c’est pourquoi il importe de distinguer les déclarations qu’elles font immé-diatement après les faits dont elles sont incriminées (à l’enquête du coroner et au moment de l’arrestation) des propos tenus après avoir

Extrait de la publication

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consulté un avocat, et de les comparer avec les dépositions des témoins, dont il faut également établir la crédibilité. La version donnée par les journalistes peut différer aussi des faits exposés dans les dossiers judi-ciaires, mais cet écart lui-même est fort révélateur. un examen attentif des différentes pièces de ces dossiers révèle en effet l’opinion, voire la possible partialité des juges et des journalistes, ainsi que les réactions du public, bref, tout un pan de la mentalité de la société québécoise.

compte tenu du nombre relativement restreint de dossiers retrou-vés au Québec, nous utiliserons la méthode de l’étude de cas de préfé-rence à l’approche statistique, même si certaines données chiffrées demeurent indispensables. Quant aux nombreux cas mentionnés dans les journaux qui se sont déroulés hors de notre province, ils ne nous semblent pas représentatifs des pays concernés, en raison des variations incohérentes de leur nombre d’une décennie à l’autre14, et parce que les journalistes privilégient visiblement les affaires les plus spectaculaires, comme les familicides. Plutôt que d’élaborer des statis-tiques d’une valeur douteuse, nous nous contenterons de puiser dans cette catégorie d’articles, comme dans les dossiers des condamnés à mort, les récits les plus détaillés permettant de mieux comprendre, par voie de comparaison, la situation québécoise.

Dans le but de tirer le meilleur parti possible de cette documenta-tion, nous en ferons l’analyse en employant le concept de genre, tel que défini plus haut. après avoir mis en parallèle le nombre de filicides attri-bués respectivement aux hommes et aux femmes, nous comparerons les motivations de chacun des deux groupes et les peines infligées aux cou-pables. nous chercherons surtout à saisir, en scrutant les propos des juges, des médecins et des journalistes, si le filicide était perçu et jugé différemment en fonction du sexe du parent accusé.

Pour comprendre comment ce type de crime a été commis, dénoncé et puni au cours d’une période de deux siècles, nous tiendrons compte, naturellement, de l’évolution des lois criminelles en relation avec les progrès de la psychiatrie et de la médecine légale.

afin de mieux faire ressortir cette évolution, nous avons opté pour un plan principalement chronologique. un premier chapitre servira à brosser de façon statistique un tableau d’ensemble du filicide au Qué-bec. après quoi, nous distinguerons quatre périodes. D’abord, les cent

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années qui vont de 1775 à 1875 durant lesquelles le filicide est presque entièrement ignoré (chapitre 2). Puis la période 1875-1920, qui corres-pond à la première découverte des enfants martyrs, en europe comme en amérique (chapitre 3). L’année 1920 constitue ensuite une coupure incontournable au Québec à cause du procès des parents Gagnon, qui soulève une vague de dénonciations (chapitre 4). enfin, la période sui-vant la Seconde Guerre mondiale coïncide avec la diffusion de la psy-chologie, appliquée notamment aux parents filicides, et avec les recherches menant à la définition du syndrome de l’enfant battu (cha-pitre 5). cette découverte et ses suites marquent le début d’une nouvelle ère dans l’histoire de la protection de l’enfance.

Pour chacune de ces quatre périodes, nous analyserons d’abord le discours des experts — psychiatres, médecins et hommes de loi —, puis nous étudierons les procès les plus représentatifs de la période dans la province de Québec, en les comparant avec ceux du reste du canada et des autres pays. notre but est de saisir l’évolution des formes de fili-cide, celle de la jurisprudence en ce domaine et, à travers celle-ci, l’évo-lution des mentalités dans la société québécoise.

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Extrait de la publication

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chaPitre PreMier

un sombre tableau

un simple coup d’œil au tableau 1 révèle que le nombre de filicides connus du public augmente lentement, tout en demeurant peu élevé, de 1868 à 1949, et double brusquement par la suite. faut-il conclure à une explosion de ce type de crime à l’époque du baby-boom? Plus vrai-semblablement, cette augmentation reflète l’activité du journal Allô Police — fondé en 1953 et qui se spécialise dans les faits divers crimi-nels —, la vigilance des travailleurs sociaux et l’amélioration des méthodes d’enquête policière.

Les 140 affaires repérées se déroulent à peu près partout sur le terri-toire québécois (tableau 2) et elles impliquent 157 parents (tableau 3). Dans 17 d’entre elles, les deux conjoints sont accusés, et une dix- huitième affaire implique à la fois la mère et la grand-mère de la victime. un seul cas de récidive se présente: un père qui tue sa fillette de trois ans en 1922 est acquitté faute de preuves et en fait périr une autre en 19291. ce total de 157 personnes inclut les parents biologiques et les substituts parentaux comme les beaux-parents, les grands-parents et les parents adoptifs, mais pas les couples qui gardent un enfant en pension. Les cas impliquant ces derniers pourront cependant servir d’éléments compa-ratifs à l’occasion.

Le fait le plus remarquable est que ce crime est commis plus souvent par les mères biologiques que par les pères: 82 en regard de 60. Même en tenant compte de la situation particulière de sept mères célibataires2, l’écart demeure considérable. ces chiffres correspondent à ceux qu’a établis resnick, qui avait dressé un bilan de la littérature mondiale sur le

un sombre tableau 15

Extrait de la publication

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sujet pour la période de 1751 à 1967: le filicide était alors attribué deux fois plus souvent à des mères qu’à des pères. Le même auteur a ensuite constaté qu’à l’époque actuelle les hommes sont devenus à peu près aussi nombreux que les femmes à commettre de tels crimes. au canada, de 1995 à 2005, plus de pères que de mères ont tué un de leurs enfants (177 et 139 respectivement), et la même répartition s’observe dans la province de Québec (40 hommes en regard de 28 femmes ont commis un filicide, et 10 hommes et 1 femme un familicide) pour la période de 1997 à 20073. ce changement serait-il dû aux lacunes dans les don-nées disponibles avant 1966? ou s’agit-il d’une transformation histo-

Tableau 1. — Nombre d’affaires de filicide dans la province de Québec, 1770-1965

Période Nombred’affaires Moyenneannuelle

1770-1779 1 0,1

1820-1929 1 0,1

1830-1839 1 0,1

1860-1869 2 0,2

1880-1889 4 0,4

1890-1899 6 0,6

1900-1909 8 0,8

1910-1919 10 1

1920-1929 12 1,2

1930-1939 14 1,4

1940-1949 15 1,5

1950-1959 36 3,6

1960-1965 30 5

total 140

Sources: La Patrie, 1879-1884; La Presse, 1884-1952; Allô Police, 1953-1965, Bibliothèque et archives nationales du Québec (divers fonds d’archives judiciaires); Bibliothèque et archives canada, fonds rG 13 (personnes condamnées à mort au canada, 1867-1976).

remarque: ce tableau comprend tous les cas où les parents sont tenus pour responsables de la mort de leur enfant à l’issue d’une enquête du coroner, même si quelques-uns sont acquittés par la suite.

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un sombre tableau 17

rique coïncidant avec la révolution sexuelle et familiale qui a touché l’ensemble de l’occident, et particulièrement le Québec? L’étude des circonstances entourant le filicide apportera quelques éléments de réponse à ces questions.

Le nombre total d’enfants tués par leurs parents de 1775 à 1965 s’élève à 192. Dans 20,7% des cas (29 sur 140), on est en présence d’un filicide multiple qui a touché deux enfants ou plus d’une même famille. c’est un résident de trois-rivières qui détient le lugubre record: en 1929, il assassine sa femme et ses sept enfants. on ne retrouve pas, au Québec, de parent serial killer accusé d’avoir assassiné successivement plusieurs de ses enfants, comme Minnie McGee, de la nouvelle-Écosse, qui a empoisonné cinq des siens. Par contre, on connaît un cas de néo-naticide en série: un homme des cantons-de-l’est tue l’un après l’autre les trois enfants issus d’une relation incestueuse avec sa fille4.

ces parents filicides du Québec sont principalement des canadiens

Tableau 2. — Répartition géographique des 140 affaires de filicide, 1775-1965

Districtjudiciaire Nombred’affaires

Bas–Saint-Laurent, Gaspésie 4

Saguenay, Lac-Saint-Jean, chibougamau 4

Québec 18

trois-rivières 8

estrie 16

Montréal 53

outaouais 7

abitibi-témiscamingue 6

côte-nord 0

Laurentides-Lanaudière 6

Montérégie 18

total 140

Sources: voir le tableau 1.

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français, mais on dénombre aussi une dizaine de canadiens anglais, un franco-américain, quatre immigrants d’europe de l’est, trois d’origine italienne, trois amérindiens et un noir venu des antilles. Leur milieu socioprofessionnel a été établi en fonction du métier exercé par le père et, plus rarement, par la mère, quand elle travaille à l’extérieur du foyer. Le tableau 4 montre que les classes ouvrières et agricoles sont les plus représentées.

Les belles-mères, dont la réputation exécrable n’est plus à faire, occupent le premier rang parmi les substituts parentaux filicides. Leur nombre nous semble cependant bien modeste. une étude réalisée aux États-unis en 1976 a révélé que les enfants vivant avec un beau-parent sont sept fois plus exposés à la maltraitance que les autres. en ontario, en 1983, ce risque était apparemment quarante fois plus élevé5. Les don-

Tableau 3. — Répartition des affaires de filicide selon le lien de parenté entre leurs auteurs et les victimes, 1775-1965

Liendeparenté Nombre

Suicides Tentatives

depersonnes desuicide

Père biologique 60 7 6

Mère biologique (incluant sept mères célibataires) 82 17 7

Beau-père 1

Belle-mère 4

Père adoptif 3

Mère adoptive 2

Grand-père 2 1

Grand-mère 3 1 1

total 157 26 14

hommes 66 8 6

femmes 91 18 8

Sources: voir le tableau 1.

remarque: le total atteint 157 personnes pour 140 affaires, parce que dans 18 affaires deux per-sonnes sont impliquées. Par ailleurs, un même homme a été accusé dans deux affaires de filicide.

Extrait de la publication

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un sombre tableau 19Tableau 4. — Milieu socioprofessionnel des parents impliqués dans les affaires de filicide

Hommes Femmes

01. Dirigeants de grandes entreprises 0 0

02. hauts fonctionnaires 0 0

03. Semi-indéterminés 0 0

04. Petits commerçants et industriels 3 0

05. fonctionnaires locaux 0 0

06. Semi-indéterminés 0 0

07. Gens d’affaires 1 0

08. Professions libérales 1 0

09. administrateurs publics 0 0

10. Semi-indéterminés 0 0

11. cadres intermédiaires 2 0

12. cols blancs qualifiés 6 0

13. Semi-indéterminés 1 0

14. cols blancs semi- et non qualifiés 5 1

15. Semi-indéterminés 1 1

16. cultivateurs et professions assimilées 19 0

17. artisans 0 0

18. Semi-indéterminés 0 0

19. ouvriers qualifiés 3 0

20. Semi-indéterminés 7 1

21. ouvriers semi- et non qualifiés 23 4

22. travailleurs manuels 0 0

23. indéterminés, non classables 3

24. chômeurs et assimilés 11 2

total des activités indiquées 86 9

Sources: voir le tableau 1.

remarque: cette classification reproduit celle du livre de Gérard Bouchard, Tous les métiers du monde. Le traitement des données professionnelles en histoire sociale, Québec, Presses de l’université Laval, 1996.

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20 fous, ivres ou méchants?

nées dont nous disposons ne nous permettent pas d’effectuer des com-paraisons semblables, mais une chose demeure certaine: l’histoire d’aurore Gagnon, torturée à mort par sa belle-mère, a frappé plus que toute autre l’imaginaire des Québécois.

La répartition des moyens employés pour faire mourir l’enfant (tableau 5) confirme la préférence des hommes pour les armes à feu et celle des femmes pour le poison, chose déjà constatée dans bien d’autres pays6. toutes proportions gardées, les hommes optent plus souvent pour un objet tranchant ou contondant, tandis que les femmes recou-rent plutôt à la noyade, à la suffocation et à l’asphyxie par le gaz. cela ne signifie pas que les femmes utilisent des méthodes moins brutales que les hommes, comme le prétendent quelques chercheurs. il est plus facile pour l’agresseur de tuer d’un coup de hache un enfant endormi que de maintenir sous l’eau un bambin qui se débat. noémie n., qui a noyé son fils de treize mois dans une baignoire, admet: «Ça a été long, il a souffert7.»

après le filicide, certains parents mettent fin à leurs jours (18 femmes et 8 hommes) ou tentent de le faire (8 femmes et 6 hommes), ce que cer-tains spécialistes considèrent comme un «suicide élargi», qui consiste à emmener ses enfants avec soi dans l’autre monde8. Près du quart de ces 40 personnes laissent une lettre dans laquelle la plupart (7 sur 9) expri-ment un état de souffrance psychologique, le «psymal», selon l’expres-sion d’edwin Shneidman. «J’étais lasse de souffrir», écrit céline, qui tente de s’enlever la vie après avoir étouffé son fils de trois ans9.

Le filicide peut être motivé par l’intention altruiste du parent d’épargner à ses enfants les souffrances de la vie, comme l’expliquent alberte a., en 1938, et alphonse a., en 1961. La première note: «La vie ne me dit plus rien. Je serai plus heureuse morte [mais] je ne peux pas partir en laissant les enfants dans la misère. cela vaut mieux pour eux aussi10.» et le second: «Je crois que c’est le temps de mettre fin à ses douleurs et aux miennes. adieu les peines de la terre.» Par ailleurs, quatre hommes suicidaires tentent de se justifier en rejetant sur leur femme la responsabilité de leur geste, attitude qu’on observe encore aujourd’hui. Mathieu M. se montre particulièrement accusateur: «adieu, S. ce fut très dur de tuer les enfants. Je n’avais pas le choix devant votre irresponsabilité de mère. voilà où vous nous avez

Extrait de la publication

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table des matières

introduction 7

chapitre premier • un sombre tableau 15

LEFILICIDEINTENTIONNEL 25

La maladie mentale 25

La vengeance 31

Se débarrasser d’un fardeau encombrant 34

LEFILICIDENONINTENTIONNEL 34

Les corrections trop violentes 34

Impatience avec un bébé 35

Négligence et manque de soins 35

LECONTEXTE 36

CONCLUSION 37

chapitre 2 • ignorance ou indifférence? (1775-1875) 39

LEDISCOURSDESEXPERTS 40

L’explication par la folie 40

L’explication par la cruauté 46

Les experts devant les tribunaux 48

L’ALIÉNATIONMENTALEETLESLOISANGLAISES 50

table des matières 271

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272 fous, ivres ou méchants?

LEFILICIDEAUQUÉBECETAUCANADA 53

Les filicides non intentionnels 54

L’affaireTaylor 55

L’affaireWood 58

Les filicides intentionnels 59

L’affaireTopping 60

CONCLUSION 63

chapitre 3 • La «boisson infernale» (1876-1919) 65

LESEXPERTSETLALOI 66

Dégénérescence et folie morale 66

La mélancolie 68

Le libéricide 69

Les femmes criminelles 71

Le filicide et la loi au Canada 74

PROTÉGERLESENFANTS 76

Protéger contre la négligence et l’ignorance 76

Lerisquedesuffocation 76

Lesdangersdessiropscalmants 82

Des conseils contradictoires 82

Des risques de toutes sortes 86

Des accidents mortels 86

un usage intempestif 89

Des meurtres camouflés? 90

Lemanquedesoins 91

Manque de soins médicaux 92

Manque de nourriture et d’hygiène 94

Manque de surveillance 95

Protéger contre la brutalité 97

Martyrssousuntoitétranger 97

L’affaire Peters 100

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table des matières 273

Martyrssousletoitfamilial 102

L’alcool,sourcedetouslesmaux 103

Ivre ou méchant? L’affaire Fouquet 105

QUANDLAFOLIEEST-ELLEUNEEXCUSE? 109

Hallucinations et scrupules religieux 109

L’altruisme des mélancoliques 113

L’impulsion irrésistible 114

L’affaireDubois(1890) 115

L’affaireHarvey(1889) 119

L’affaireCreighton(1908) 121

CONCLUSION 123

chapitre 4 • L’effet Gagnon (1920-1945) 125

LEDISCOURSDESEXPERTS 126

La psychiatrie évolue 126

La loi reste immuable 128

Les médecins s’interrogent 129

L’AFFAIREGAGNONETSESSUITES 130

Folle ou méchante? 132

Dénoncer la maltraitance 138

Tropjeunepourseplaindre 141

Tropcraintifpourseplaindre 141

Tropsûrdeluipourêtrecru 142

Pasassezgravepourintervenir? 143

«Cen’étaitpasdemesaffaires» 145

LESCAUSESCLASSIQUESDESFILICIDES 150

La folie 150

Lestroublespsychotiques 150

Lestroublesdel’humeur 151

Négligence coupable ou excusable? 154

Se débarrasser d’un enfant encombrant 157

CONCLUSION 163

Extrait de la publication

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274 fous, ivres ou méchants?

chapitre 5 • Plaindre l’enfant ou le parent (1946-1965) 165

LEDISCOURSDESEXPERTS 166

La mélancolie n’explique pas tout 166

Les Américains découvrent le syndrome de l’enfant battu 168

PAUVRESPARENTSOUPAUVRESENFANTS? 171

Ces pauvres parents! 171

«Jamaisellen’auralesenfants» 172

L’affaire Georges Hébert 172

L’affaire Kaipiainen 177

Quand les services sociaux s’en mêlent 180

Lesmeurtriersmalades 183

Derrièrelamélancolie 187

Les médecins québécois découvrent les bébés battus 190

Pasdepreuve,pasdecoupable 191

Despreuvesjugéesinsuffisantes 192

Desaveux,maisdesexcuses 193

Le cercle vicieux pauvreté, négligence, alcool 195

Lapauvretéest-elleuneexcuse? 196

Etl’alcool? 199

CONCLUSION 201

conclusion générale 203

Postface • Le verdict à l’endroit du Dr turcotte: simple hasard ou tournant historique? 207

remerciements 211

notes 213

Bibliographie 239

Liste des illustrations et des tableaux 261

index onomastique 263

Extrait de la publication

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crédits et remerciements

cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la fédération canadienne des sciences humaines de concert avec le Programme d’aide à l’édition savante, dont les fonds proviennent du conseil de recherches en sciences humaines du canada.

Les Éditions du Boréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du canada par l’entremise du fonds du livre du canada (fLc) pour leurs activités d’édition et remercient le conseil des arts du canada pour son soutien financier.

Les Éditions du Boréal sont inscrites au Programme d’aide aux entreprises du livre et de l’édition spécialisée de la SoDec et bénéficient du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.

illustration de la couverture: tirée de hubert Pascal, Le Roman d’Aurore, la petite persécutée, Montréal, Pierre Dior, 1950 (collections de Bibliothèque et archives nationales du Québec). en médaillon: abraham et isaac, tiré de Catéchisme en images, Paris, La Bonne Presse, 1908, no 62.

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Extrait de la publication

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Mark abley

Parlez-vous boro?

Marcos ancelovici et francis Dupuis-Déri

L’Archipel identitaire

Bernard arcand

Abolissons l’hiver!

Le Jaguar et le Tamanoir

Margaret atwood

Cibles mouvantes

Comptes et Légendes

Denise Baillargeon

Naître, vivre, grandir. Sainte-Justine, 1907-2007

Bruno Ballardini

Jésus lave plus blanc

Maude Barlow

Dormir avec l’éléphant

Maude Barlow et tony clarke

L’Or bleu

Pierre Beaudet

Qui aide qui?

Éric Bédard

Les Réformistes

Recours aux sources

thomas r. Berger

La Sombre Épopée

Gilles Bibeau

Le Québec transgénique

Gilles Bibeau et Marc Perreault

Dérives montréalaises

La Gang: une chimère à apprivoiser

Michel Biron

La Conscience du désert

Michel Biron, françois Dumont

et Élizabeth nardout-Lafarge

Histoire de la littérature québécoise

françois Blais

Un revenu garanti pour tous

Mathieu Bock-côté

La Dénationalisation tranquille

Jean-Marie Borzeix

Les Carnets d’un francophone

Gérard Bouchard et alain roy

La culture québécoise est-elle en crise?

Serge Bouchard

L’homme descend de l’ourse

Le Moineau domestique

Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu

Gilles Bourque et Jules Duchastel

Restons traditionnels et progressifs

Joseph Boyden

Louis Riel et Gabriel Dumont

Philippe Breton et Serge Proulx

L’Explosion de la communication

à l’aube du xxie siècle

Dorval Brunelle

Dérive globale

Georges campeau

De l’assurance-chômage à l’assurance-emploi

claude castonguay

Mémoires d’un révolutionnaire tranquille

Luc chartrand, raymond Duchesne

et Yves Gingras

Histoire des sciences au Québec

Julie châteauvert et francis Dupuis-Déri

Identités mosaïques

Jean chrétien

Passion politique

adrienne clarkson

Norman Bethune

Marie-aimée cliche

Fous, ivres ou méchants?

Maltraiter ou punir?

chantal collard

Une famille, un village, une nation

nathalie collard et Pascale navarro

Interdit aux femmes

collectif

La Révolution tranquille en héritage

Douglas coupland

Marshall McLuhan

Gil courtemanche

La Seconde Révolution tranquille

Nouvelles Douces Colères

harold crooks

La Bataille des ordures

Les Géants des ordures

extrait du catalogue

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tara cullis et David Suzuki

La Déclaration d’interdépendance

Michèe Dagenais

Montréal et l’eau

Louise Dechêne

Habitants et Marchands de Montréal au xviie siècle

Le Peuple, l’État et la guerre

au Canada sous le Régime français

Serge Denis

Social-démocratie et mouvements ouvriers

Benoît Dubreuil et Guillaume Marois

Le Remède imaginaire

carl Dubuc

Lettre à un Français qui veut émigrer au Québec

andré Duchesne

Le 11 septembre et nous

christian Dufour

La Rupture tranquille

valérie Dufour et Jeff heinrich

Circus quebecus. Sous le chapiteau

de la commission Bouchard-Taylor

renée Dupuis

Quel Canada pour les Autochtones?

Tribus, Peuples et Nations

Shirin ebadi

Iranienne et libre

Joseph facal

Quelque chose comme un grand peuple

Volonté politique et pouvoir médical

Joseph facal et andré Pratte

Qui a raison?

David hackett fischer

Le Rêve de Champlain

vincent fischer

Le Sponsoring international

Dominique forget

Perdre le Nord?

Graham fraser

Vous m’intéressez

Sorry, I don’t speak French

alain-G. Gagnon et raffaele iacovino

De la nation à la multination

Lysiane Gagnon

Chroniques politiques

L’Esprit de contradiction

robert Gagnon

Questions d’égouts

Danielle Gauvreau, Diane Gervais et Peter Gossage

La Fécondité des Québécoises

Yves Gingras et Yanick villedieu

Parlons sciences

Jacques t. Godbout

Le Don, la Dette et l’Identité

L’Esprit du don

Peter S. Grant et chris Wood

Le Marché des étoiles

allan Greer

Catherine Tekakwitha et les Jésuites

Habitants et Patriotes

La Nouvelle-France et le Monde

Scott Griffin

L’Afrique bat dans mon cœur

Steven Guilbeault

Alerte! Le Québec à l’heure des changements climatiques

Jean-claude hébert

Fenêtres sur la justice

Michael ignatieff

L’Album russe

La Révolution des droits

Terre de nos aïeux

Jane Jacobs

La Nature des économies

Retour à l’âge des ténèbres

Systèmes de survie

Les Villes et la Richesse des nations

Daniel Jacques

La Fatigue politique du Québec français

Les Humanités passagères

Nationalité et Modernité

La Révolution technique

Tocqueville et la Modernité

Stéphane Kelly

À l’ombre du mur

Les Fins du Canada

La Petite Loterie

Mark Kingwell

Glenn Gould

Will Kymlicka

La Citoyenneté multiculturelle

La Voie canadienne

tracy Kidder

Soulever les montagnes

robert Lacroix et Louis Maheu

Le CHUM: une tragédie québécoise

céline Lafontaine

Nanotechnologies et Société

Jean-christophe Laurence et Laura-Julie Perreault

Guide du Montréal multiple

adèle Lauzon

Pas si tranquille

Michel Lavoie

C’est ma seigneurie que je réclame

Jocelyn Létourneau

Les Années sans guide

Passer à l’avenir

Que veulent vraiment les Québécois?

Jean-françois Lisée

Nous

Pour une gauche efficace

Sortie de secours

Jean-françois Lisée et Éric Montpetit

Imaginer l’après-crise

Jocelyn Maclure et charles taylor

Laïcité et liberté de conscience

Marcel Martel et Martin Pâquet

Langue et politique au Canada et au Québec

Monia Mazigh

Les Larmes emprisonnées

Michael Moore

Mike contre-attaque!

Tous aux abris!

Patrick Moreau

Pourquoi nos enfants sortent-il de l’école ignorants?

Michel Morin

L’Usurpation de la souveraineté autochtone

anne-Marie Mottet

Le Boulot vers…

christian nadeau

Contre Harper

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Pascale navarro

Les femmes en politique changent-elles le monde?

Pour en finir avec la modestie féminine

antonio negri et Michael hardt

Multitude

Pierre nepveu

Gaston Miron

Lise noël

L’Intolérance

Martin Pâquet

Tracer les marges de la Cité

Jean Paré

Conversations avec McLuhan, 1960-1973

roberto Perin

Ignace de Montréal

Daniel Poliquin

René Lévesque

Le Roman colonial

José del Pozo

Les Chiliens au Québec

andré Pratte

L’Énigme Charest

Le Syndrome de Pinocchio

Wilfrid Laurier

Jean Provencher

Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent

John rawls

La Justice comme équité

Paix et démocratie

nino ricci

Pierre Elliott Trudeau

noah richler

Mon pays, c’est un roman

Jeremy rifkin

L’Âge de l’accès

La Fin du travail

christian rioux

Voyage à l’intérieur des petites nations

antoine robitaille

Le Nouvel Homme nouveau

françois rocher

Guy Rocher. Entretiens

Jean-Yves roy

Le Syndrome du berger

Louis Sabourin

Passion d’être, désir d’avoir

christian Saint-Germain

Paxil(®) Blues

John Saul

Dialogue sur la démocratie au Canada

Louis-Hippolyte LaFontaine et Robert Baldwin

Mon pays métis

rémi Savard

La Forêt vive

Dominique Scarfone

Oublier Freud?

Michel Seymour

De la tolérance à la reconnaissance

Patricia Smart

Les Femmes du Refus global

David Suzuki

Ma dernière conférence

Ma vie

Suzuki: le guide vert

David Suzuki et Wayne Grady

L’Arbre, une vie

David Suzuki et holly Dressel

Enfin de bonnes nouvelles

charles taylor

L’Âge séculier

Les Sources du moi

Pierre trudel

Ghislain Picard. Entretiens

christian vandendorpe

Du papyrus à l’hypertexte

Yanick villedieu

La Médecine en observation

Un jour la santé

Jean-Philippe Warren

L’Art vivant

L’Engagement sociologique

Hourra pour Santa Claus!

Une douce anarchie

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mise en pages et typographie: les éditions du boréal

achevé d’imprimer en octobre 2011sur les presses de l’imprimerie gauvin

à gatineau (québec).

ce livre a été imprimé sur du papier 100% postconsommation,

traité sans chlore, certifié ÉcoLogo

et fabriqué dans une usine fonctionnant au biogaz.

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