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À LA UNE 2 INFORMATIONS OUVRIÈRES N 0 364 Semaine du 13 au 19 août 2015 Le petit représentant de commerce Comme il semble que ce soit devenu une habitude pour le président de la République de ce pays (Sarkozy en avait aussi usé), François Hollande vient de tenter — à étranger — d’incarner une stature que les développements de la situation intérieure lui refuse. N’est pas César ou Napoléon qui veut ! Après s’être fait le complice de l’ignoble « accord » conclu contre le peuple grec par le capital financier et l’Union euro- péenne, il a choisi, comme nouveau théâtre, l’Egypte et la cérémonie d’ouverture du nouveau canal de Suez. Aux côtés du tortionnaire du peuple égyptien, le maréchal Al-Sissi, Hollande a donné la mesure de sa véritable dimension : celle du petit représentant de commerce des sociétés Dassault, Safran, Thales, DCNS… Offrant ses services de marchand d’armes à la coalition « antiterroriste » organisée autour de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite, il fait miroiter la revente des porte-hélicoptères Mistral (construits pour la Russie). Il revendique ses ambitions de participer au « jeu » des grands de ce monde. Il a réclamé, pour la France, puissance impérialiste de second ordre, un rôle dans le dispositif de guerre contre les peuples qui se met en place aujourd’hui et doit plonger toute la région (qui a le malheur d’être dotée de réserves considérables en pétrole et en gaz) dans un chaos sans cesse plus effrayant. A l’évidence, en faisant rêver aux fastes de l’ex-grande puissance impérialiste, Hollande et ses soutiens espèrent puiser, dans cette aventure, un regain de légitimité. Sans trop se risquer, on peut dire qu’ils ne peuvent y gagner que le rejet grandissant des travailleurs de ce pays ! YAN LEGOFF Marchand d’armes et invité d’honneur du président égyptien Al-Sissi Hollande parade sur le Nil Correspondant I Il y a deux ans, en juillet 2013, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi prenait le pouvoir en Egypte, après un coup d’Etat destituant le président Morsi, membre des Frères musulmans, et engageait, au nom de la lutte contre le terro- risme, une répression d’une bru- talité sans précédent dans l’histoire de ce pays. Jeudi 6 août 2015, François Hollande, invité d’hon- neur du maréchal-président égyptien, a assisté à ses côtés à l’inauguration de l’extension du canal de Suez, à Ismaïlia, et discuté de coopération en rapport avec la Syrie, l’Irak, la Palestine, le Yémen, la Libye. Placé au premier rang des céré- monies et accompagné d’une importante délégation, François Hollande a proclamé que, « aujourd’hui, les relations entre la France et l’Egypte sont fondées sur les intérêts communs : la lutte contre le terrorisme et la sécurité ». La France a vendu, en février der- nier, à l’Egypte vingt-quatre avions de combat Rafale, une fré- gate multi-missions Fremm et des missiles de courte et moyenne portée. Trois Rafale et la frégate ont d’ores et déjà été livrés. Quatre corvettes Gowind sont commandées. Par ailleurs, les deux navires de guerre Mistral, ini- tialement destinés à la Russie et non vendus à cette dernière, intéressent l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Celle-ci voudrait que l’Egypte soit dotée d’une flotte puissante qui puisse intervenir en mer Rouge et en Méditerranée. UN PAYS EN GUERRE A Ismaïlia, François Hollande a réaffirmé sa volonté de « donner à l’Egypte les moyens d’agir ». C’est- à-dire, pour parler clairement, de poursuivre et développer ses interventions militaires. Car l’Egypte est aujourd’hui un pays en guerre, dans une région en proie au chaos et, pour le président français, comme pour la Maison-Blanche, Al-Sissi est un partenaire privilégié qu’il faut soutenir, armer et impliquer plus encore dans la guerre. Dans le Sinaï, les forces armées égyptiennes sont engagées dans une escalade guerrière d’ampleur avec la branche égyptienne de l’Etat islamique. A Gaza, l’armée égyptienne apporte sa totale contribution au blocus imposé par l’Etat d’Israël. Elle détruit systématiquement les tunnels et main- tient fermé le passage de Rafah, seul passage non israélien de la bande de Gaza. Cela témoigne de la collaboration des services de renseignement des deux pays. Notons que la présence de Mah- moud Abbas, président de l’Auto- rité palestinienne, aux cérémonies d’inauguration illustre aussi la pro- fonde subordination de l’Autorité palestinienne à l’Etat sioniste. Com- ment ne pas s’en indigner ? En Libye, l’armée égyptienne a pro- cédé à des frappes aériennes. Ses chasseurs F-16 ont bombardé la région de Dera, en février dernier, pour tenter d’y réduire les positions de l’Etat islamique. Al-Sissi propose que le général Haftar, chef de l’ar- mée de ce qui reste de l’Etat libyen, soit doté d’armement nécessaire. Comme s’il n’y avait pas assez d’armes en Libye depuis l’inter- vention des armées françaises, britanniques et américaines ! Au Yémen, des forces navales égyptiennes ont été déployées. Le pays est plongé dans le chaos. Entre mars et juillet 2015, 1 900 personnes ont été tuées, 4 200 blessées, 1,2 million déplacées et plus de 20 millions ont besoin de l’aide humanitaire pour survivre, soit quatre personnes sur cinq. L’Egypte participe à la coalition militaire arabe constituée sous l’égide de l’Arabie Saoudite. Le 1 er août, elle a prolongé de six mois le mandat permettant de poursuivre l’intervention armée. ET PENDANT CE TEMPS-LÀ, EN FRANCE… “On ne crèvera pas la gueule ouverte sans avoir combattu !” La révolte d’un maire d’une petite commune du Gers contre la fermeture des services publics (lu dans La Croix, 11 août). « Lectoure est une petite ville du Gers. Ici vivent 3 750 habitants, sur une commune de près de 8 000 hectares (…). Cet été, son maire ne déco- lère pas (…) : “On ne crèvera pas la gueule ouverte sans avoir combattu !” En cause, la défense des services publics. Car, à Lectoure, comme dans les communes proches de Mas- seube, Jegun et Valence-sur-Baïse, le centre des finances publiques devra fermer d’ici à l’an pro- chain, alors que le Gers a déjà connu cinq fer- metures de trésoreries depuis 2009. “Est-ce normal d’abandonner les gens comme ça, comme dans une réserve indienne ? , s’in- terroge Gérard Duclos, avant d’énumérer les services qui ont déserté sa commune. On avait tout ici pour que ça fonctionne, et tout ça c’est fini. Le centre de tri de la poste est parti à Fleu- rance, à 10 km au sud. Le tribunal, c’est Rachida Dati qui l’a fermé. On nous dit que le bureau de poste ne fermera pas, je n’y crois pas trop. On avait un hôpital aussi, mais il a fallu fusion- ner avec celui de Fleurance et tous nos services sont partis là-bas. On diminue même le nombre de classes dans nos écoles !” Début août, le premier édile de la petite ville gasconne a donc rassemblé les maires des 26 communes de son canton pour mettre au point un plan d’action. “Nous défilerons dans Lectoure pour sensibiliser la population, explique Gérard Duclos. Après, nous irons informer le préfet. Mais on n’est pas très optimistes, je le dis franchement. ” » Pour le président français, comme pour la Maison-Blanche, le maréchal Al-Sissi est un partenaire privilégié qu’il faut soutenir, armer et impliquer plus encore dans la guerre. Francois Hollande en compagnie du président egyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, à Riyad. Photo AFP

Francois Hollande Hollande parade sur le Nilfini. Le centre de tri de la poste est parti à Fleu-rance, à 10 km au sud. Le tribunal, c’est Rachida Dati qui l’a fermé. On nous

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À LA UNE2 INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 364 Semaine du 13 au 19 août 2015

Le petit représentant de commerce

Comme il semble que ce soit devenu une habitude pour le président de la République de ce pays (Sarkozy en avait aussi usé), François Hollandevient de tenter — à étranger — d’incarnerune stature que les développements de la situation intérieure lui refuse. N’est pas César ou Napoléon qui veut !Après s’être fait le complice de l’ignoble« accord » conclu contre le peuple grec par le capital financier et l’Union euro-péenne, il a choisi, comme nouveauthéâtre, l’Egypte et la cérémonie d’ouverture du nouveau canal de Suez.Aux côtés du tortionnaire du peuple égyptien, le maréchal Al-Sissi, Hollande a donné la mesure de sa véritable dimension : celle du petit représentant de commerce des sociétés Dassault,Safran, Thales, DCNS…Offrant ses services de marchand d’armesà la coalition « antiterroriste » organisée autour de l’Egypte et de l’ArabieSaoudite, il fait miroiter la revente des porte-hélicoptères Mistral (construitspour la Russie). Il revendique ses ambitions de participerau « jeu » des grands de ce monde.Il a réclamé, pour la France, puissanceimpérialiste de second ordre, un rôle dansle dispositif de guerre contre les peuplesqui se met en place aujourd’hui et doitplonger toute la région (qui a le malheurd’être dotée de réserves considérables en pétrole et en gaz) dans un chaos sans cesse plus effrayant. A l’évidence, en faisant rêver aux fastes de l’ex-grande puissance impérialiste, Hollande et ses soutiens espèrent puiser,dans cette aventure, un regain de légitimité.Sans trop se risquer, on peut dire qu’ils ne peuvent y gagner que le rejetgrandissant des travailleurs de ce pays !� YAN LEGOFF

Marchand d’armes et invité d’honneur du président égyptien Al-Sissi

Hollande parade sur le NilCorrespondant

IIl y a deux ans, en juillet 2013, lemaréchal Abdel Fattah Al-Sissiprenait le pouvoir en Egypte,après un coup d’Etat destituant leprésident Morsi, membre desFrères musulmans, et engageait,au nom de la lutte contre le terro-risme, une répression d’une bru-

talité sans précédent dans l’histoire de ce pays. Jeudi 6 août 2015, François Hollande, invité d’hon-neur du maréchal-président égyptien, a assisté àses côtés à l’inauguration de l’extension du canalde Suez, à Ismaïlia, et discuté decoopération en rapport avec laSyrie, l’Irak, la Palestine, le Yémen,la Libye. Placé au premier rang des céré-monies et accompagné d’uneimportante délégation, FrançoisHollande a proclamé que,« aujourd’hui, les relations entrela France et l’Egypte sont fondéessur les intérêts communs : la luttecontre le terrorisme et la sécurité ».La France a vendu, en février der-nier, à l’Egypte vingt-quatreavions de combat Rafale, une fré-gate multi-missions Fremm etdes missiles de courte et moyenne portée. TroisRafale et la frégate ont d’ores et déjà été livrés.Quatre corvettes Gowind sont commandées. Parailleurs, les deux navires de guerre Mistral, ini-tialement destinés à la Russie et non vendus àcette dernière, intéressent l’Egypte et l’ArabieSaoudite. Celle-ci voudrait que l’Egypte soit dotéed’une flotte puissante qui puisse intervenir enmer Rouge et en Méditerranée.

UN PAYS EN GUERREA Ismaïlia, François Hollande a réaffirmé sa volontéde « donner à l’Egypte les moyens d’agir ». C’est-à-dire, pour parler clairement, de poursuivre et

développer ses interventions militaires. Carl’Egypte est aujourd’hui un pays en guerre, dansune région en proie au chaos et, pour le présidentfrançais, comme pour la Maison-Blanche, Al-Sissiest un partenaire privilégié qu’il faut soutenir,armer et impliquer plus encore dans la guerre.Dans le Sinaï, les forces armées égyptiennes sontengagées dans une escalade guerrière d’ampleuravec la branche égyptienne de l’Etat islamique.A Gaza, l’armée égyptienne apporte sa totalecontribution au blocus imposé par l’Etat d’Israël.Elle détruit systématiquement les tunnels et main-tient fermé le passage de Rafah, seul passage nonisraélien de la bande de Gaza. Cela témoigne dela collaboration des services de renseignement

des deux pays.Notons que la présence de Mah-moud Abbas, président de l’Auto-rité palestinienne, aux cérémoniesd’inauguration illustre aussi la pro-fonde subordination de l’Autoritépalestinienne à l’Etat sioniste. Com-ment ne pas s’en indigner ?En Libye, l’armée égyptienne a pro-cédé à des frappes aériennes. Seschasseurs F-16 ont bombardé larégion de Dera, en février dernier,pour tenter d’y réduire les positionsde l’Etat islamique. Al-Sissi proposeque le général Haftar, chef de l’ar-mée de ce qui reste de l’Etat libyen,

soit doté d’armement nécessaire. Comme s’il n’yavait pas assez d’armes en Libye depuis l’inter-vention des armées françaises, britanniques etaméricaines !Au Yémen, des forces navales égyptiennes ont étédéployées. Le pays est plongé dans le chaos. Entremars et juillet 2015, 1 900 personnes ont été tuées,4 200 blessées, 1,2 million déplacées et plus de 20 millions ont besoin de l’aide humanitaire poursurvivre, soit quatre personnes sur cinq. L’Egypteparticipe à la coalition militaire arabe constituéesous l’égide de l’Arabie Saoudite. Le 1er août, ellea prolongé de six mois le mandat permettant depoursuivre l’intervention armée. �

ET PENDANT CE TEMPS-LÀ, EN FRANCE…

“On ne crèvera pas la gueule ouverte sans avoir combattu !”La révolte d’un maire d’une petite commune du Gers contre la fermeture des servicespublics (lu dans La Croix, 11 août).

« Lectoure est une petite ville du Gers. Ici vivent3 750 habitants, sur une commune de près de8 000 hectares (…). Cet été, son maire ne déco-lère pas (…) : “On ne crèvera pas la gueuleouverte sans avoir combattu !” En cause, ladéfense des services publics. Car, à Lectoure,comme dans les communes proches de Mas-seube, Jegun et Valence-sur-Baïse, le centre desfinances publiques devra fermer d’ici à l’an pro-chain, alors que le Gers a déjà connu cinq fer-metures de trésoreries depuis 2009.“Est-ce normal d’abandonner les gens commeça, comme dans une réserve indienne ? , s’in-terroge Gérard Duclos, avant d’énumérer lesservices qui ont déserté sa commune. On avaittout ici pour que ça fonctionne, et tout ça c’estfini. Le centre de tri de la poste est parti à Fleu-rance, à 10 km au sud. Le tribunal, c’est RachidaDati qui l’a fermé. On nous dit que le bureaude poste ne fermera pas, je n’y crois pas trop.On avait un hôpital aussi, mais il a fallu fusion-ner avec celui de Fleurance et tous nos servicessont partis là-bas. On diminue même le nombrede classes dans nos écoles !”Début août, le premier édile de la petite villegasconne a donc rassemblé les maires des 26 communes de son canton pour mettre aupoint un plan d’action. “Nous défilerons dansLectoure pour sensibiliser la population, expliqueGérard Duclos. Après, nous irons informer lepréfet. Mais on n’est pas très optimistes, je ledis franchement. ” » �

Pour le présidentfrançais, comme pour la Maison-Blanche, le maréchal Al-Sissi estun partenaireprivilégié qu’il fautsoutenir, armer etimpliquer plus encoredans la guerre.

Francois Hollande en compagnie

du président egyptien, Abdel Fattah Al-Sissi,

à Riyad.

Photo AFP

À LA UNE 3INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 364 Semaine du 13 au 19 août 2015

éI

l est juste, dans le journal du Partiouvrier indépendant, Informationsouvrières, de faire connaître et ana-lyser les coups bas portés par le gou-vernement, en réponse aux in-

jonctions du capital financier et de ses ins-truments, le FMI et l’Union européenne.

Oui, ils ont osé toucher au principe d’uni-versalité des allocations familiales. Ils ontpromulgué la loi NOTRe, le 7 août, après laloi Macron. Ils entendent faire voter la loiTouraine. Quant à la loi Rebsamen, leministre préfère retourner à Dijon et lais-ser à son successeur la dure tâche d’essayerde faire appliquer cette loi de destructiondes droits collectifs.

La liste est longue. Une nouvelle exoné-ration d’un milliard pour les patrons, labaisse du taux d’intérêt du livret A, le rap-port de la Dares (1), qui explique que, dansle privé, pour l’année 2013, 81 % des« emplois aidés », payés par la « solidariténationale », ont servi à remplacer desemplois en CDI ou CDD, permettant auxpatrons d’économiser douze mille eurospar an et par salarié !

Faudrait-il attendre le grand soir, ouappuyer et nourrir l’unité qui se forge depuisdes mois, qui s’est manifestée le 9 avril dansles grèves et manifestations contre le pactede responsabilité, la loi Macron et toutes lescontre-réformes scélérates qu’organise legouvernement au nom du capital financier ?

Les éléments d’une rentrée offensive serassemblent. Les syndicats, dans l’ensei-gnement, ont déjà annoncé une riposte uni-taire pour le retrait de la réforme du collègeet contre les suppressions de postes et declasses, notamment dans le premier degré.Les hospitaliers se mobilisent avec leursorganisations contre la loi Touraine. Dansle privé, de multiples grèves sont en cours.

Rien n’est joué. Certes, tout n’est passimple. Mais la réalité, c’est que la classeouvrière, avec l’unité qu’elle sait créer dansses organisations, est capable de continuersur ces principes d’unité et d’indépendance,contre ces contre-réformes, pour les reven-dications. Cette capacité, elle l’a démon-trée, amplifiée dans les derniers mois.

L’unité qui se forge chez les travailleursdu privé et du public ne peut que se ren-forcer avec celle des élus pour l’abrogationde la loi NOTRe, avec celle des agriculteurs…Poursuivre notre combat en tant que partipour l’émancipation des travailleurs pareux-mêmes, cela signifie participer au ren-forcement de ce mouvement en profondeurqui s’est manifesté fin juin, notamment àl’AP-HP contre le plan Hirsch.

Il faut mettre toutes nos forces pour quecette rentrée sociale soit une nouvelle étapepour faire reculer le gouvernement.

Il y a quelques semaines, le 6 juin, millemilitants ouvriers et élus se sont rassem-blés à Paris, à l’invitation d’Informationsouvrières, journal du POI et tribune librede la lutte des classes.

Ils ont débattu, ils continuent de le fairedans ce journal. Ils ont réaffirmé que c’estla lutte de classe, dans l’unité et l’indépen-dance, qui fera reculer le gouvernementHollande-Valls.

C’est bien ce combat pour l’indépen-dance des organisations ouvrières, l’unitéjusqu’à la grève générale, qui peut faire plierce gouvernement à la solde du capital finan-cier, du FMI, de l’Union européenne.

C’est dans ce cadre que le POI prépareson VeCongrès, congrès ouvert, dans le res-pect des opinions de chacun, dans le libredébat, en faisant vivre le « tous ensemble »et en réaffirmant que cela ne peut passerque par la lutte de classe.

Y aurait-il une autre solution que l’ex-propriation des exploiteurs ?

(1) Direction de l’animation de la recherche, desétudes et des statistiques, dépendant du minis-tère du Travail.

ÉDITORIAL

L’expropriationdes exploiteursJean-Charles Marquiset,membre du bureau national du POI

Le gouvernement engraisse les patrons et étranglent travailleurs et paysansYan Legoff

LA LOI MACRON DÉCLARÉE CONFORME À LA CONSTITUTIONLa loi Macron a été validée par le Conseil consti-tutionnel, le 5 août. Elle avait été adoptée à l’As-semblée nationale à coups de massue du « 49-3 »(permettant au gouvernement de faire passer letexte sans vote), à trois reprises. Extension sansprécédent du travail du dimanche, déréglemen-tation et accélération des procédures de licen-ciement, privatisations, remises en cause de lajustice prudhommale… « Le mouvement deréformes pour lever les blocages (…) continue »,s’est félicité Manuel Valls. « Nous allons appliquerles mesures au plus vite », a lancé le ministreMacron, qui prépare un deuxième texte.Le Conseil a retoqué le plafonnement des indem-nités pour licenciement abusif, mais le gouver-nement a promis de revenir à la charge sur cepoint.

LES PROFITS DU CAPITAL EXPLOSENT39,6 milliards d’euros de profits pour les grandesentreprises du CAC au premier semestre. C’est cequ’annonce Le Figaro (6 août). Une augmenta-tion à deux chiffres par rapport à l’an passé (34 %en moyenne !). Certes, la baisse de l’euro a pro-fité aux patrons, mais aussi et surtout les plansde suppressions d’emplois et la rigueur imposéeà leurs salariés (avec le chantage de plans plusdrastiques encore). Citons Renault : 1,4 milliardde bénéfices !Les banques et les compagnies d’assurances sontaussi à la fête : 4,2 milliards pour BNP Paribas, 3,1 milliards pour Axa, 2,2 milliards pour la Sociétégénérale (qui s’apprête à lancer un plan de 850 millions d’euros « d’économies »)… Le syn-dicat des banques de la CGC dénonce le fait queces établissements financiers bénéficient chacun

de dizaines de millions d’euros versés par l’Etatau titre du CICE (principal mesure du pacte deresponsabilité), prétendument pour investir ! « Uneffet d’aubaine particulièrement rentable », lancele syndicat des cadres.Quant à EDF, qui vient d’augmenter ses tarifs de3,5 % au 1er août, elle pourra verser 2,2 milliardsà ses actionnaires.Total, malgré la baisse des cours du pétrole, restela star numéro un : 5 milliards de profits !

UN CADEAU DE L’ÉTAT D’UN MILLIARD POUR LES GRANDES FORTUNESVous n’êtes pas millionnaire ? Tant pis pour vous.Le gouvernement a dépensé un milliard d’eurosl’an passé pour plafonner le montant de l’impôtsur la fortune (ISF), au bénéfice de 8 872 joyeuxet ultra-privilégiés contribuables. L’essentiel decette somme est allé à 3 290 d’entre eux, possé-dant un patrimoine supérieur à 10 millions d’eu-ros : chacun a reçu des services fiscaux uneristourne moyenne de 248 674 euros. Le journalfinancier Les Echos (10 août), qui révèle ces chiffres,indique avec délectation qu’Hollande, en lamatière, a fait encore plus fort que Sarkozy et son« bouclier fiscal ».Explication donnée : les riches sont de plus enplus riches, et le plafonnement de l’ISF coûte doncà l’Etat de plus en plus cher.

LES RETRAITÉS AU RÉGIME SECRéforme après réforme, gouvernement après gou-vernement (de toute couleur), depuis 1992, lessalariés doivent travailler de plus en plus long-temps pour percevoir une retraite, mais dont lemontant, relativement au dernier salaire reçu (cequ’on appelle, en terme technique, le « taux deremplacement »), ne cesse de diminuer.Une étude du ministère des Finances vient d’éta-blir qu’un travailleur né en 1936 a perçu, aumoment de son départ en retraite (s’il a effectué

une carrière complète), une pension égale à 80 % de son dernier salaire, contre 75 % pour unsalarié né en 1946. Concrètement : pour un salairede 2 000 euros en fin de carrière, cela représente,en dix ans, une diminution de la retraite de 100euros par mois.

LE GOUVERNEMENT SE PAIE LA TÊTE DES ÉLEVEURSLe 10 août, les deux plus gros acheteurs indus-triels de viande porcine en France ont décidé deboycotter les enchères du marché de porc bre-ton, estimant le prix trop élevé et annoncé leurintention de se fournir à l’étranger.Un cynisme complet, qui s’appuie, il faut le dire,sur la « concurrence européenne » mise en placepar Bruxelles et les gouvernements, qui étran-glent les campagnes.

En juin dernier, le gouvernement avait défini un« objectif » de 1,4 euro kilo pour la viande de porc.Mais avec interdiction de toute contrainte, bienévidemment !Le 11 août, Valls déclare : « Nous suivons de prèsl’évolution des prix auxquels se sont engagés lesindustriels et la grande distribution. Il faut garan-tir ce niveau de prix ».Menteur ! « Il est interdit àun Etat membre de fixer directement ou d’inter-venir sur le prix des produits concernés », rappe-lait le « médiateur » nommé par le gouvernement,dans son rapport remis le 22 juillet. Bruxelles l’in-terdit, aucun obstacle ne doit être mis devant lesgrands trusts de l’agroalimentaire.Sur Europe 1, le 11 août, le président de la Fédé-ration nationale des éleveurs de porc (FNP) s’em-porte : « Les distorsions salariales en Europetournent à des pratiques mafieuses en Allemagneet en Espagne, on ne peut pas continuer avec desconcurrents, chez nos voisins, qui tournent à cinqeuros de l’heure et s’assoient sur les normes socialesavec l’approbation de la Commission européenne. »Nous ajoutons : avec la totale complicité du gou-vernement Hollande-Valls ! �

Dominique Canut

D epuis le début de l’année,deux centvingt-quatre mille migrants sont ar-rivés en Europe sur les côtes méditer-ranéennes, autant qu’en fin d’année

dernière. Plus de 2 100 d’entre eux se sont noyéspendant la traversée. Sans tenir compte du cha-virage, le 5 août, d’un bateau au large de la Libye,pour lequel on ne connaît pas encore exacte-ment le nombre de disparus. Ils seraient plus de200. Pour mémoire, en avril, 800 personnes,embarquées sur un seul navire, avaient perdu lavie. William Spender, porte-parole du Haut Com-missariat aux réfugiés (HCR), ne s’y trompe pas,en soulignant que « la plupart de ceux qui traver-sent la Méditerranée fuient la guerre ou les persé-cutions ». 34 % d’entre eux sont des Syriens !Ce porte-parole du HCR informe le monde entierqu’ « il n’y a rien, absolument rien, pour les accueillir,l’assistance se limite à quelques groupes de volon-

taires (…). Ce que j’ai vu en Europe est honteux ! »Il propose même les services du HCR pour orga-niser l’accueil de ces réfugiés ! Ce qui montre à quelpoint cette Europe n’est surtout pas l’Europe despeuples. Elle est l’Europe du capital, l’Europe del’oppression des peuples, de la misère et du chaos. Pour ces dizaines de milliers de migrants vivantdans des conditions inhumaines entassés dans lajungle calaisienne ? Rien, sinon quelques associa-tions apportant des couvertures, de la nourritureou encore quelques clous pour construire des abrisen plastique. Je ne viens pas ici vous demander de verser uneobole, pour se donner bonne conscience, pour lesRestos du cœur ou pour d’autres associations quiœuvrent contre la mucoviscidose ou encore contrele VIH, alors que c’est à l’Etat d’assumer ces« causes » nationales, mais de discuter autour devous, avec vos camarades de travail, vos syndi-cats de cette question : « Reculs sociaux et huma-nitaires ne sont-ils pas une seule et même causequi vaille une forte mobilisation ? » �

“Ce que j’ai vu en Europe est honteux !”Coup de Colère…

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TRIBUNE 5Semaine du 13 au 19 août 2015INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 364

L e 29 juin dernier, les syndicats FSU,FO, SNALC, CGT, SUD, FAEN dusecond degré, représentant la trèsgrande majorité des personnels de

l’enseignement secondaire, ont adopté uncommuniqué commun, dans lequel ils réaf-firment l’exigence de l’abrogation de la réformedu collège et, sur cette base, leur décision d’ap-peler à une grève nationale en septembre. Cet appel ne vient pas de nulle part : il est le pro-duit d’un mouvement de fond, dont le point dedépart est la grève interprofes-sionnelle du 9 avril. Ce jour-là,prenant appui sur l’appel uni dela CGT, de FO, de la FSU et deSolidaires contre les mesures quiordonnent toute la politique gou-vernementale, plus d’un tiers des professeurs du secondaireavaient fait grève. Le rejet de la réforme du collèges’est ensuite exprimé dans lagrève massive du 19 mai. On serappelle comment le gouverne-ment a publié par décret laréforme du collège dans la nuitqui a suivi. Il comptait évidem-ment sur le passage en force pour« assommer » les personnels etamener leurs organisations à dis-cuter des seules modalités d’ap-plication de la réforme. C’est lecontraire qui s’est passé : au dik-tat gouvernemental, la majoritédes syndicats a répondu par un refus catégo-rique, débouchant sur l’appel à la grève le 11 juinet, aujourd’hui, sur la décision d’une grève natio-nale en septembre.

GRÈVE NATIONALE EN SEPTEMBREAujourd’hui, l’unité de la majorité des syndicatssur la revendication pour faire reculer la ministreest confortée, et, s’appuyant sur cette unité, l’exi-gence d’abrogation de la réforme du collège s’estprofondément enracinée. Au cours des semainesqui ont précédé les congés scolaires, y comprisaprès la grève du 11 juin, des dizaines d’assem-blées générales et de réunions syndicales ont eulieu, souvent très suivies. Le sentiment dominantest simple : « Trop, c’est trop ! Salaires gelés, manquede postes, classes surchargées, nos garanties sta-tutaires remises en cause, nos droits attaqués…On en a assez : on peut de moins en moins ensei-gner. Et maintenant, la réforme du collège ? Onn’acceptera pas une remise en cause de plus, onne veut pas de cette réforme : on ne lâchera pas ! » C’est dans ce contexte que, le 29 juin dernier,onze syndicats du second degré ont décidé lagrève nationale en septembre pour l’abrogationde la réforme du collège. Dès la prérentrée des enseignants, la tenue desassemblées générales avec les syndicats est àl’ordre du jour pour préparer la grève nationaleen septembre sur la revendication qui soude lespersonnels, en partant des conditions inaccep-tables de la rentrée scolaire. Pour ne prendrequ’un exemple, c’est à cette rentrée qu’entre en

application le décret Hamon, qui abroge le décretde 1950, permettant l’allongement du temps deprésence et l’alourdissement de la charge de tra-vail. Mais s’agit-il uniquement du second degré ?Au moment où les conditions de la rentrée sontpartout inacceptables, la question n’est-elle pasposée de faire converger tous les personnels del’Education nationale avec la grève nationale desenseignants du secondaire ?La réforme du collège est un volet de la loi de

refondation de Vincent Peillon(l’un des prédécesseurs de l’ac-tuelle ministre, Najat Vallaud-Balkacem)qui applique à toutel’école la logique du pacte deresponsabilité et de la réformeterritoriale. Mêmes causes, mêmes effets.Dans le premier degré, la ré-forme des rythmes scolaires dis-loque l’école, explose le cadrenational en une multitude derègles locales, sert de point dedépart à la remise en cause sys-tématique des garanties statu-taires des professeurs des écoles. La réforme territoriale est miseen œuvre à marche forcée. Ence moment même, des mutua-lisations, des restructurationsde services sont décidées dansles rectorats, les inspectionsd’académie, avec, à la clé, des

milliers de suppressions d’emplois. Pacte de responsabilité oblige, la feuille de routeà tenir est implacable : la ministre a récemmentconfirmé son intention de remettre sur le tapis,dans les meilleurs délais, la réforme de l’évalua-tion des enseignants, dont les personnels avaient,en 2012, obtenu le retrait par la grève.

PRÉPARER L’INDISPENSABLE RAPPORT DE FORCE INTERPROFESSIONNELTout remettre en cause, tout liquider, aller jus-qu’au bout le plus vite possible, n’est évidem-ment pas le propre de la très zélée ministre del’Education nationale. La ministre de la Fonctionpublique cherche à faire cautionner le gel dusalaire de cinq millions de fonctionnaires. Aprèsl’utilisation à trois reprises du 49-3 pour faire pas-ser la loi Macron, une autre loi Macron est enpréparation. Tout l’été, les députés ont adoptédes mesures toutes plus réactionnaires les unesque les autres. C’est la grève interprofessionnelle qui bloquerace gouvernement et sa politique de destruction.Les développements dans l’Education nationale,la grève à l’AP-HP, qui a contraint le gouverne-ment à reculer, s’inscrivent dans le processus enprofondeur enclenché par la grève interprofes-sionnelle du 9 avril. Dans une situation marquée par la multiplica-tion des grèves, préparer, dès la rentrée scolaire,la grève nationale et les conditions de son élar-gissement contribue à préparer l’indispensablerapport de force interprofessionnel. �

“L’exigence d’abrogation de la réforme du collège s’est profondément enracinée”� Une contribution de Jérôme Legavre, syndicaliste enseignant

“Pourquoi à 5 ? Pourquoi à 3 ?Pourquoi fusionner ?”� Christian Baqué, adjoint au maire de Mombrier, secrétaire départemental de l’Association des maires ruraux de Gironde

L ’intercommunalité, les élus la prati-quent depuis longtemps : nous avonsappris, par choix, par nécessité, ànous organiser, à partager, à mettre

ensemble. Mais ce qui se débat en ce momentà l’Assemblée nationale, c’estle projet de loi NOTRe (1).Après avoir imposé les métro-poles, contraint de reculer engrande partie sur la dévitalisa-tion des départements et deles maintenir, le gouverne-ment s’attaque à nouveau auxcommunes. La loi NOTRetouche aux principes même dela démocratie, au droit descommunes à s’associer et à sedissocier librement dans lecadre d’une intercommunalitélibrement consentie.Ainsi, la loi Sarkozy de 2010 avaitfixé à 5 000 habitants le seuil quele projet du gouvernementactuel veut aggraver : il prévoitd’imposer des collectivités d’unetaille minimale de 20 000 habi-tants. 20 000 ! Seules de nos cinqintercommunalités actuelles enHaute-Gironde, celle de Saint-Savin (22 300) et celle de Saint-André (22 100) atteignent ceseuil. Le maintenir signifieraitdes fusions obligatoires. Pourquoi des seuils ? Et pour-quoi 20 000 ? La question, poséeà Mme Lebranchu comme à laprésidence de l’Assemblée natio-nale par l’Association des maires ruraux mer-credi 24 juin, n’a trouvé aucune réponse claire :« Il y aura des dérogations selon la densité de popu-lation des territoires » ; « il ne faudra pas dépas-ser quarante communes ».Les regroupements obligatoires entraîneront laconcentration des pouvoirs et des moyens pardes collectivités de plus en plus vastes, toujoursplus éloignées des attentes des habitantes et deshabitants, dans lesquelles les communes n’au-ront que des compétences réduites et aucun pou-voir de décision.

“CERTES, LA COMMUNE, NOUS DIT-ON, NE VA PAS DISPARAÎTRE…”Les conséquences sur la représentation des com-munes rurales au sein des assemblées délibéra-tives seraient considérables. Celle-ci a été déjàréduite dans les assemblées actuelles. En réalité, l’objectif général de la réforme vise àanéantir insidieusement le niveau de proximitéqu’est la commune en concentrant les pouvoirset les moyens financiers… en diminution.Certes, la commune, nous dit-on, ne va pas dis-paraître. Mais la volonté est clairement de la dis-soudre dans l’intercommunalité par la raréfactiondes ressources, par des mesures indirectes ouobligatoires, comme de nouveaux transferts obli-gatoires de compétences.Cela signifie, encore une fois, autant de trans-ferts financiers de la commune à l’intercom-munalité, sans l’assentiment des élus des conseilsmunicipaux, un indice supplémentaire sur l’in-tention gouvernementale de dépouiller les com-munes, cellules de base de la démocratie, de leurliberté. Nous avons obtenu, pour l’instant, l’aban-

don de l’élection au suffrage universel des éluscommunautaires. Mais pour combien de temps ?Vidée de ses compétences, asphyxiée financiè-rement, en un mot dévitalisée, que restera-t-ilde cet outil démocratique, de proximité, au ser-

vice des citoyens ? Chacun saitque ce ne sont pas les élus denos communes rurales « quicoûtent cher », alors qu’ils sontlargement bénévoles dans leurmajorité.Et chacun connaît le taux deconfiance politique accordé aumaire et à l’institution que repré-sente le conseil municipal. C’estcette relation de proximité quia permis aux communes, en par-ticulier à nos communes rurales,ces trente dernières années, des’adapter aux enjeux du terri-toire, d’élaborer des politiqueslocales pertinentes et de déve-lopper l’action publique au plusprès des besoins, en s’appuyantsur une coopération intercom-munale choisie.A l’inverse, l’intercommunalitéforcée est le cheval de Troie del’éclatement de notre pacte répu-blicain, qui devrait garantir l’éga-lité des droits et de la justice. Onnous impose des milliards d’éco-nomies sur les années à venir,voulant ainsi nous contraindreà nous faire le relais du pacted’austérité, en particulier en sup-primant des postes d’employés

territoriaux chargés d’assurer les services publics.Nos syndicats intercommunaux sont à nouveauen danger. Les préfets vont recevoir les pleinspouvoirs pour nous contraindre aux fusions.

“EXIGER LE RETRAIT DE CETTE LOI MORTIFÈRE”La mise en place des métropoles absorbant com-munes et départements détruit les services publicsau nom de la compétitivité : elle est en marche. Nous venons d’être élus, réélus, avec commemandat d’administrer notre commune au ser-vice de ses habitants. Comment pourrions-nousle faire si les bases mêmes de la libre adminis-tration des communes sont détruites?N’avions nous pas signé, ensemble, par centainesen 2010, pour le rétablissement de la libre admi-nistration des communes avec les moyens financiers leur permettant d’exercer leurs com-pétences ?Nous n’avons pas reçu le mandat des fusions àtout prix. En lieu et place d’une géguerre entrel’union à cinq (une aberration de 65 communeset 85 000 habitants !) ou à trois (une autre aber-ration qui regrouperait plus de 40 000 habitantset 39 communes !), en anticipation du vote de laloi NOTRe, il conviendrait que les élus de Haute-Gironde s’unissent pour combattre cette loi mor-tifère et exiger son retrait. �

(1) Depuis la rédaction de cette contribution, le projetde loi portant « nouvelle organisation territoriale de laRépublique » (NOTRe) a été adopté adopté définitive-ment, le 16 juillet 2015.

TRIBUNE de discussion

Prix de vente 3 euros.

SUPPLÉMEN

T

AU N° 357

L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes

INFORMATIONS

OUVRIÈRES POI

TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES H E BDOMADA I R E DU

PART I OUVR I E R I N D

ÉP ENDANT

COMPTE RENDU

de l’assemblée-débat

du 6 juin à l’initiative

d’“Informations ouvrières”

INFORMATIONS

OUVRIÈRES

nouvelle série

semaine du

25 juin au 1er juillet 2015)

ISSN 0813 9500

3 euros

Un millier de militants,

ouvriers, démocrates et é

lus

ont participé à l’assem

blée-

débat du 6 juin à l’init

iative

d’Informations ouvrières.

Conformémént à l’engagement

pris le 6 juin, nous pub

lions

le compte rendu intégral

de cette assemblée ; pour

des rai-

sons de pagination et d

onc

de coût financier, nous

publierons,

les contributions écrite

s

dans les prochains nu

méros

hebdomadaires. Comme nous

l’avons dit le 6 juin, la

tribune

de cette assemblée-débat

n’est pas une conclusio

n,

mais le point de départ

d’assemblées-débats

dans tous les départem

ents.

C’est pourquoi la tribun

e

de discussion continu

era d’être

publiée dans Informations

ouvrières, chaque semaine.

Nous vous appelons à vo

us abonner,

à abonner vos amis, vos collè

gues

pour soutenir ce journ

al.

Nous attirons votre atte

ntion

sur le fait que cet été, “

huit cahiers

spéciaux” traiteront d

e l’actualité

des “acquis de 45”.

Un outil indispensable

pour comprendre et agir aujour

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d’hui, au moment même

où le gouvernement et les pa

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veulent tout démanteler.

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� Lucien GAUTHIER, rédac

teur en chef

Phot

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IO

Contacter l’administration d’”Informations ouvrières” : email : [email protected]

LE COMPTE RENDUDE L’ASSEMBLÉE-DÉBATDU 6 JUIN à l’initiative d’“Informations ouvrières” est disponible

“La question n’est-elle pas posée de faire converger tous les personnels de l’Educationnationale avec la grève nationale des enseignants du secondaire ?”

“Nous venons d’être élus, réélus, avec comme mandatd’administrer notre commune au service de ses habitants.Comment pourrions-nous le fairesi les bases mêmes de la libreadministration des communes sont détruites ?”

N’attendez pas. Dès maintenant, renouvelez votre abonnement à

INFORMATIONSOUVRIÈRES

TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES

Hebdomadaire du Parti ouvrier indépendant

TRIBUNE6 Semaine du 13 au 19 août 2015INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 364

L e 6 juin, se tenait une assemblée-débat nationale réunissant un millierde militants ouvriers, démocrates,élus. Patrick Hébert, dans sa contri-

bution, et Lucien Gauthier, dans sa conclu-sion, ont appelé à tenir des réunions dans lesdépartements pour poursuivre le débat, carnous avons devant nous des combats extrême-ment importants à mener.Depuis le 6 juin, il y a eu le recul obtenu par lessalariés de l’AP-HP (hôpitaux de Paris), par craintede l’embrasement dans les hôpitaux, les puis-santes manifestations des paysans pour leur sur-vie, qui ont montré à tous que la force organiséede ceux qui travaillent peut, si on est tousensemble, bloquer le pays, et aurait ainsi la capa-cité de stopper le gouvernement Hollande-Valls-Macron. Ce qui a été imposé en Grèce doit nousalerter, et le fait que les unions départementalesCGT et FO, avec la FSU et Solidaires, aient appeléà Paris et dans plusieurs départements à mani-fester en soutien au peuple grec est positif.

LUTTE DE CLASSE DANS LE DÉPARTEMENTDans le département aussi, la lutte de classe alieu, en voici quelques exemples récents.— Avec leurs syndicats FO et FSU, les salariés dePontourny se battent contre la fer-meture de l’établissement décidépar la mairie de Paris, commeconséquence du pacte de respon-sabilité et de la loi NOTRe. — Les salariés du CEA, qui cher-chent à préserver tous les emplois,en s’opposant à la fermeture dusite de Monts, ont été appelés àcinq manifestations par leurs syn-dicats.— A AEG Power Solutions, les sala-riés sont en grève, à l’appel de leursyndicat CGT, contre la dégrada-tion de leurs conditions de travail.— Le 11, puis le 25 juin, manifes-tations des hospitaliers, des tra-vailleurs de la santé et du médico-social, à l’appeldes syndicats CGT, FO, SUD, contre la loi Tou-raine.— A Azay-le-Rideau, l’action est en cours, à l’écolede musique, pour préserver les postes et l’écoleavec les syndicats CGT, FO et UNSA.— Et aussi, les mobilisations des enseignants, àl’appel de leurs syndicats, contre la réforme desrythmes scolaires, la réforme du collège, etc.

ADRESSE DES UNIONS DÉPARTEMENTALESFO ET CGT AUX SALARIÉSSe prononçant à nouveau contre la loi Macronet toutes les contre-réformes, les unions dépar-tementales CGT et FO s’adressent aux salariés :« Dans ce cadre, l’action des salariés s’inscrit plei-nement dans l’action de résistance aux politiquesd’austérité engagées depuis plusieurs mois par lesconfédérations ouvrières CGT et CGT-FO, avec lagrève du 9 avril et la manifestation unitaire du1er Mai (…). Les UD CGT et CGT-FO appellentleurs sections et leurs syndicats à construire le rap-port de force nécessaire pour faire reculer le gou-vernement par la prise de position communed’assemblées générales dans les entreprises et lesadministrations sur la base de ces revendications,pour élargir la mobilisation à l’ensemble des sala-riés. » Dans le même temps, Hollande, Valls etMacron persévèrent et font voter la loi Touraine,la loi NOTRe, la loi Rebsamen et annoncent uneloi Macron II. Cette situation, après le succès dela grève et des manifestations du 9 avril, aprèsles manifestations paysannes, soulève une sériede questions au sein du mouvement ouvrier.Comment, dans la situation actuelle, défendreles droits des travailleurs ? Le gouvernement Hol-lande-Valls, qui prépare la loi Macron II, laisse-t-il aux travailleurs une autre voie que la grève ?

Quelle issue et quelle perspective danscette situation pour la classe ouvrière ?La question du rôle de l’Union euro-péenne ; la défense de l’indépendancedes organisations face aux tentatives deles associer aux contre-réformes… Etbien d’autres questions encore, car cetteliste ne prétend pas limiter le large débatque toute la situation appelle.C’est la raison pour laquelle le journalInformations ouvrières propose à tousles militants qui le désirent de partici-per à une réunion-débat, qui se tiendrale 26 septembre, de 14 heures à 17 heures(le lieu sera précisé ultérieurement).L’objectif du journal Informationsouvrières, conformément aux traditions

du mouvement ouvrier, est que la discussion soitorganisée, pour permettre l’expression libre depoints de vue différents, et afin qu’une série depropositions sortent de ces échanges. Pour l’or-ganisation du débat, nous vous proposons devous inscrire, de nous faire connaître vos pro-positions.Recevez, chers camarades, nos salutations mili-tantes et fraternelles. Tours, le 10 août 2015 �

Une invitation à débattre, le 26 septembre, en Indre-et-Loire� Lettre de Jean-Marc Bouchet,correspondant départemental d’Informations ouvrières

L ’agriculture, en France, est tellementsous la coupe de l’Union européen-ne, depuis plus de cinquante ans depolitique agricole commune (PAC),

que l’UE peut programmer, au millimètreprès, la liquidation de vingt-deux mille éle-veurs. Il lui suffit, avec les secteurs financiersque sont les banques, la grande distributionet l’industrie agroalimentaire, de baisser dequelques centimes le prix auquel ils achètentle lait ou la viande pour ruiner les éleveurs. Ilsappellent cela « le marché ».Dès lors, que pensez-vous de la question poséedans Informations ouvrières, n° 362, par Philippe Riché, paysan charentais, quand il termine ainsi : « Il faudra bien que les agricul-teurs puissent se regrouper sur leurs revendi-cations (…), en toute indépendance desgouvernements (…), des multinationales, desmarchés financiers » ?

Didier Gadéa, viticulteur : J’airencontré un éleveur de Haute-Saône. Il m’a expliqué que lesmanifestations vont continuer,car ça ne peut pas se terminer.Le directeur de sa coopérativelaitière lui a expliqué que la crisene faisait que commencer ; c’esten 2016 que tout va se nouer. Ilsont perdu beaucoup de leurssubventions sur le premier pilierde la PAC (production), mais cen’est pas compensé par ledeuxième pilier (écologie). Avecla fin des quotas et la baisse desprix, la crise financière est devanteux, pas derrière. De plus, les énormes inves-tissements faits par les éleveurs, depuis six ans,plombent la trésorerie des exploitations. Unexemple : un robot pour traire les vaches, c’estcent cinquante mille euros, pour s’occuper desoixante vaches !Pourquoi les médias ont-ils relaté ces mani-festations en leur donnant une telle impor-tance ? Quand les paysans ont détruit les bornesécotaxe partout, ils n’en ont pas autant parlé.Mais là, il y a une énorme différence : pour lesbornes écotaxe, c’était la FNSEA qui menait ladanse sous son contrôle, et sa principale reven-dication était la baisse du coût du travail. Là,ce sont les fédérations départementales qui ontdécidé, sous l’énorme pression des agriculteurseux-mêmes. Sur le terrain, la FNSEA ne contrôlait plus rien.La preuve : les agriculteurs ne réclamaient pasdes aides, etc., mais des prix rémunérateurs,imposés par l’Etat aux acheteurs : industrielset grandes surfaces. Une telle revendication est« révolutionnaire ». Non pas que les paysanssoient révolutionnaires. Ils sont plutôt conser-

vateurs, mais la revendication formulée montreque les intérêts des producteurs ne sont pas lesmêmes que ceux des industriels et des finan-ciers. Ils refusent comme solution la baisse ducoût du travail et revendiquent la juste rému-nération de leurs productions, ainsi que lecontrôle des frontières. C’est la démonstrationque le corporatisme qui sévit dans l’agriculturen’est plus à leurs yeux la solution. En s’engageant, bien organisés, dans la lutte,par eux-mêmes, en toute indépendance, cesmanifestations ont fait peur au gouvernementqui, en plus, craint que cela ne donne des idéesà d’autres.

Thierry : Attention ! Ce n’est pas une crise del’élevage, car le même système vaut pour toutel’agriculture : les céréaliers aussi, dont les sub-ventions de la PAC ont diminué de 30 % sur lepremier pilier. Les moins impactés par cesbaisses sont les fruitiers et la vigne, car les sub-

ventions y étaient moindres, maisles prix écrasent tout le mondede la même façon. Je suis élu à lachambre d’agriculture. Dans lescoulisses, on m’a expliqué que lesrèglements PAC, pourtant déci-dés en juillet, seront finalementen régression dans le Languedoc-Roussillon. On nous demandenotre avis sur le plan régionald’agriculture durable ; pour lesattributions de terre, ils ont pro-posé des critères et nous deman-dent de les hiérarchiser. Toutesles organisations ont dit non. Lebut, c’est de nous faire valider leur

politique agricole pendant l’été. Ils feront desréunions pendant que nous serons en train defaire nos vendanges et tout sera validé dansnotre dos.

Jacques : Les fruits et légumes, mais aussi leséleveurs souffrent énormément du blocage desimportations par les Russes, à la suite du refusde leur livrer les bateaux qu’ils avaient com-mandés. France Info, le 6 août, parle de huitcent millions d’euros perdus par les éleveurssur les dix-huit derniers mois. En venant, dansla voiture, j’ai entendu à la radio un sénateurinterviewé, qui répondait : « Ah, mais ce n’estrien, la France peut bien perdre cette vente etassumer les conséquences, elle est riche. Quelquesmilliards, ce n’est pas grave. »Mais quand il s’agit d’austérité pour les tra-vailleurs, alors là, son déficit catastrophiquejustifie qu’on se serre tous la ceinture ! Et onest dirigé par des types pareils ! Nos dirigeantsagricoles sont en phase avec les négociationssecrètes qui se mènent sur le traité transatlan-tique avec les Américains. �

Agriculture : “Les manifestations vont continuer”� Un échange avec Didier Gadéa, viticulteur, membre du bureau national du POI

“Nous avons devant nous des combatsextrêmementimportants à mener”

“Ces manifestationsont fait peur au gouvernementqui, en plus, craintque cela donne desidées à d’autres”

TRIBUNE

5Semaine du 6 au 12 août 2015

INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 363

Les sections syndicales CGT et FO de l’INSEE

de Chamalières sont mobilisées contre la

réforme de la réorganisation territoriale et

ses conséquences : quelle est ton analyse

sur cette réforme ?Cyril Carelier : Ma position, comme celle de la

section CGT, est claire : on est résolument contre

la réorganisation territoriale ! C’est une remise en

cause des services publics de proximité pour les

citoyens. Il suffit de voir la configuration de la

nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes pour com-

prendre que certains territoires vont être sacri-

fiés ! Pour les agents, cela va représenter un

bouleversement catastrophique dans les organi-

sations de travail et donc une dégradation des

conditions de travail et une remise en cause des

droits statutaires des personnels. Cette réforme,

c’est le fait du prince. Sarkozy l’a commencée, et

Hollande la continue et l’aggrave ! Cette réforme

va avoir des conséquences pour tout le monde :

les agents, les citoyens, les représentants des col-

lectivités…

Quelles sont les conséquences pour l’INSEE,

à Chamalières ?C. C. : Je rappelle que l’INSEE est une direction

qui relève directement du ministère de l’Econo-

mie et des Finances. C’est envi-ron cinq mille huit cents agentsrépartis dans les directions régio-nales et à la direction générale.Le ministère, par la voix du direc-teur général, veut rapprocher l’ac-tion régionale (c’est-à-dire lesétudes économiques et socialeset leur diffusion) des nouvellescapitales régionales. Pour l’INSEE, à Chamalières, celareprésente vingt postes en moins :soit ils sont transférés à Lyon, dansle cadre de la mobilité géogra-phique imposée, soit ils sont soumis à la mobi-

lité fonctionnelle, pour les agents de Lyon… Mon

point de vue, c’est que ce sera les deux à la fois !

Sur le plan national, cela représente 175 postes

sur 800 agents concernés par cette restructura-

tion dans les directions régionales concernées. A

terme, ce qui est programmé, c’est la disparition

pure et simple du service des études économiques

et sociales régionales et le recours aux cabinets

privés…C’est pourquoi, au niveau local, nous avons refusé

de participer au comité technique, et, ensemble,

CGT, FO et Solidaires, nous avons quitté la salle :

on n’a pas à mettre en place les conséquences

d’une réforme qui est le fait du prince et qui s’ins-

crit dans les dispositions austéritaires de l’Union

européenne, que le gouvernement français tra-

duit en réformes et en lois… Pour nous, contre

ces dispositions, l’heure est à la résistance !Comment s’est passée la mobilisation à

l’INSEE, à Chamalières ?Hélène Ségault : Début juin, la direction générale

nous informe que, dans le cadre de la mise en

œuvre de la réorganisation territoriale, les direc-

tions régionales des régions fusionnées seront

supprimées et gérées dans les nouvelles capitales

régionales… De plus, pour la direction régionale

de Chamalières, on nous annonce le transfert du

service « études » à Lyon. Ce service est impor-

tant : c’est en quelque sorte le « cerveau » de

l’INSEE. Dans le même temps, la direction reprend

le discours du gouvernement sur le fait qu’il ne

faut pas s’inquiéter et que tout se passera bien :

comment ne pas s’inquiéter quand on dit aux

agents qu’un service essentiel disparaît et que

vingt postes sont directement et immédiatement

menacés ! Nous le savons tous : cette réforme ter-

ritoriale, avec les conséquences que l’on découvre,est une réforme qui s’inscrit dansla politique d’austérité. C’est uneréforme de destruction des ser-vices publics, des postes de fonc-tionnaires et de nos garantiesstatutairesC’est pourquoi, à la suite de cesannonces, les sections syndicalesFO et CGT ont réuni en assem-blée générale les personnels del’INSEE. Le message est très clair :on veut garder tous nos services,toutes nos missions, tous nospostes et conserver l’intégralité

de nos droits statutaires ! On ne veut ni mobilité

géographique ni mobilité fonctionnelle ! C’est un

mandat revendicatif net et précis porté par les

syndicats FO et CGT ! Je tiens à préciser que, depuis

ces annonces, l’INSEE de Chamalières est en ébul-

lition et que, au-delà, l’émotion est considérable

dans toutes les directions régionales et à la direc-

tion générale !Quelles actions ont été menées ?H. S. :Au niveau local, nous avons quitté le comité

technique (CT), après avoir lu une déclaration

commune FO et CGT, dans laquelle nous avons

déclaré qu’aucun dialogue social n’est possible

dans le cadre de ce projet. Nous ne sommes pas

là pour dire, sous l’autorité de la direction et, au-

delà, du gouvernement, quel poste doit être sup-

primé ou quelle mission doit être transférée !

Je souligne que, lors du CT national du 9 juillet,

les délégations FO et CGT, ainsi que Solidaires,

ont fait de même… Les délégations CFDT, UNSA,

CFTC et CFE-CGC sont restées dans la salle… Il

n’y a rien à dire de plus : d’un côté, l’axe de la résis-

tance, tel qu’il s’est exprimé en particulier lors de

la grève interprofessionnelle du 9 avril, de l’autre,

la coalition de l’adaptation et de la soumission à

l’austérité !De même, il est important que ce front de résis-

tance FO, CGT, FSU et Solidaires contre la réforme

territoriale et ses conséquences se soit maintenu,

lors de la réunion avec le préfet préfigurateur, à

Lyon, le 22 juin. Le 30 juin, nous étions une trentaine de l’INSEE

devant la préfecture de Clermont-Ferrand, à l’ap-

pel des unions départementales FO et CGT, avec

la FSU et Solidaires, contre la réforme territoriale…

Nous étions avec nos collègues de toutes les autres

directions régionales qui sont confrontés au même

problème : la réforme territoriale n’est pas un pro-

blème « INSEE », c’est un problème général qui

concerne tous les travailleurs… Tu as soutenu l’assemblée-débat du 6 juin à

l’appel du journal Informations ouvrières…

H. S. : Plus exactement, j’ai soutenu le premier

rassemblement du 17 janvier et, très logiquement,

je continue en soutenant le rassemblement du

6 juin… Le fait que des militants qui combattent au quo-

tidien pour les droits des travailleurs se rassem-

blent et discutent de leurs problèmes est très

important. Il faut poursuivre dans cette voie. C’est

ce que nous essayons de faire à l’INSEE : sur des

revendications claires et précises, nous pouvons

créer l’unité d’action. Nous avons en face de nous

un gouvernement et un patronat (aidés par cer-

taines directions syndicales comme la CFDT) qui

se débattent pour imposer l’austérité aux tra-

vailleurs… Mais, et nous le voyons en particulier à l’INSEE,

comme partout, les travailleurs refusent cette poli-

tique et ses conséquences : le 6 juin permet de

discuter de la nécessaire action de classe contre

cette politique… Pour moi, ça s’appelle la grève

générale !

INSEE, à Chamalières (Puy-de-Dôme) : FO et CGT refusent la réorganisation territoriale� Interviews de Cyril Carelier, délégué CGT, et d’Hélène Ségault, déléguée FO à l’INSEE, à Chamalières

“A propos des salaires

et du protocolePPCR”� Le point de vue d’Evelyne Bourgeois, agent hospitalier au CHU de Rouen et syndicaliste CGT

C e n’est pas en changeant desgrilles indiciaires que cela va aug-menter notre pouvoir d’achat,mais bien en augmentant la

valeur du point d’indice. La revendicationsur les salaires devient une priorité. Quandles collègues de l’hôpital arrivent vers le

20 du mois, elles sont toutes à l’affût dumoment où la paie est virée, certaines guet-

tent même ce moment sur leur portable. C’est clair qu’on ne peut pas accepter le gel

des salaires avec le protocole de Lebranchu.

Comment la CGT pourrait accepter un tel

accord ? Ce serait contraire à tous les appels

que nous avons faits ces derniers mois, oùnous avons toujours mis les salaires en avant.

Comment Lebranchu peut espérer que la CGTsigne ça ! Pour moi, ce genre d’accord, où legouvernement nous dit que nous ne serons

pas augmentés, est impensable.

L’accord PPRC renvoie les annonces d’aug-

mentation à 2017. 2017… L’année de la non-

réélection de Hollande ? 2017 c’est loin ! C’est

aujourd’hui, c’est en 2015 qu’il faut que le gou-

vernement augmente les salaires, pas en 2017.

Nous avons énormément discuté entre col-

lègues des manifestations des paysans. Leurs

revendications sont différentes, mais c’est tout

de même leurs revenus qui en prennent uncoup. Ces derniers jours, cela revenait tou-

jours dans les conversations. Des collègues

disaient : « Tu as vu, les paysans, eux, au moins

ils bloquent. » Je crois que des manifestations

et des marches dans Rouen, avec des prises

de parole, d’accord, mais, au bout d’unmoment, cela ne sert plus à rien. Une autrecollègue a dit : « Les paysans ont des tracteurs,

mais, nous, on a des lits. » C’est déjà arrivéqu’on utilise des lits dans une manif. On peut

bloquer des carrefours s’il y a du mondeautour.Il faut arriver à bloquer si on veut obtenir

quelque chose. Arrêtons de faire une journéepar-ci et une par-là. Tous ensemble !

TRIBUNE de discussionPrix de vente 3 euros.

SUPPLÉMENT

AU N° 357

L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes

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3 euros

Un millier de militants,ouvriers, démocrates et élusont participé à l’assemblée-

débat du 6 juin à l’initiative d’Informations ouvrières.Conformémént à l’engagement pris le 6 juin, nous publions le compte rendu intégral de cette assemblée ; pour des rai-sons de pagination et donc de coût financier, nous publierons,les contributions écrites dans les prochains numéros hebdomadaires. Comme nousl’avons dit le 6 juin, la tribune de cette assemblée-débat n’est pas une conclusion, mais le point de départ d’assemblées-débats dans tous les départements.C’est pourquoi la tribune de discussion continuera d’êtrepubliée dans Informationsouvrières, chaque semaine.Nous vous appelons à vous abonner,à abonner vos amis, vos collèguespour soutenir ce journal.Nous attirons votre attention sur le fait que cet été, “huit cahiersspéciaux” traiteront de l’actualitédes “acquis de 45”. Un outil indispensable pour comprendre et agir aujour-d’hui, au moment même où le gouvernement et les patronsveulent tout démanteler.Vous avez besoin d’Informations ouvrières, Informations ouvrières a besoin de vous !

� Lucien GAUTHIER, rédacteur en chef

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Contacter l’administration d’”Informations ouvrières” :

email : [email protected]

LE COMPTE RENDUDE L’ASSEMBLÉE-DÉBATDU 6 JUIN à l’initiative d’“Informations ouvrières”

est disponible

“On ne peut pas accepter le gel des salaires. Comment la CGT pourrait accepter un tel accord ?”“Cette réforme, c’est le fait du prince.Sarkozy l’a commencéeet Hollande la continueet l’aggrave !”

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La semaine prochaine, prendont notamment la parole dans cette rubrique :� Dominique Saint-Araille, syndicaliste à l’AFPA (Association de la formation professionnelle des adultes) ;

� Jean Pierre Fournier, secrétaire de l’Allier du MODEF (Mouvement de défense des exploitations familiales).

Pour faire parvenir vos contributions à Informations ouvriè[email protected]

INFORMATIONS OUVRIÈREST R I B U N E L I B R E D E L A L U T T E D E S C L A S S E S Hebdomadaire du POIINFORMATIONS OUVRIÈRES N0 364

SEMAINE DU 13 AU 19 AOÛT 2015

Depuis son origine, le mouvementouvrier fut toujours très attentif à ladémocratie, aux formes institution-

nelles avec lesquelles la bourgeoisie exerçaitson pouvoir politique sur la société, parceque c’était en leur sein qu’il pouvait seconstruire, s’organiser, se renforcer. Repre-nant dans notre dernier cahier une citationde Marx, nous avons vu par exemple l’im-portance que celui-ci attachait déjà à un votedu Parlement anglais de 1825 reconnaissantle droit de « coalition » des ouvriers et per-mettant ainsi la constitution des premierssyndicats, les trade-unions.Rédigeant avec Friedrich Engels, au milieu deXIXe siècle, leManifeste du Parti communiste,dans les mesures d’urgence dont il fait desmots d’ordre pour les internationalistes, il enénumère plusieurs (dans le deuxième cha-pitre) qui relèvent clairement de la démocra-tie politique, comme la revendication del’impôt progressif, la centralisation entre lesmains de l’Etat des moyens de transport,l’éducation publique et gratuite de tous lesenfants. Que ces revendications n’aient plusaujourd’hui leur pertinence ou ne puissentplus être formulées sous la même forme nechange rien à la logique de leur mise enavant à l’époque.Ainsi, le mouvement ouvrier a constammentintégré le combat pour la démocratie, soustoutes ses formes, au combat pour la libéra-tion des masses populaires du joug de l’ex-ploitation capitaliste. Ses principaux théori-ciens, Marx et Engels bien sûr, aussi Lénine,Rosa Luxemburg, Jean Jaurès, Léon Trotsky,lui ont tous consacré articles, ouvrages etbrochures d’agitation, ainsi que leur engage-ment personnel à maintes et maintes occa-sions.

Dans le manifeste du Parti ouvrier indépendant

Cette volonté du mouvement ouvrier dedéfendre, avec la démocratie, la culture et lacivilisation ne relève pas de la morale ; laclasse ouvrière est aujourd’hui historique-ment la seule à pouvoir défendre le formi-dable patrimoine que l’humanité a accumu-lé au cours de son histoire, parce que juste-ment la seule à encore pouvoir engendrer lesnouveaux pas en avant que mettront forcé-ment à l’ordre du jour l’abolition du vieuxmonde, qui l’entraîne au contraire au chaos.Dans le manifeste adopté lors de son congrèsde fondation, en juin 2008, le Parti ouvrierindépendant proclame qu’il « se constituepour l’unité des peuples, des travailleurs etdes organisations contre l’arbitraire, contrel’injustice, pour la démocratie et la souverai-neté ». S’inscrivant ainsi dans toute la tradi-tion du mouvement ouvrier que nousvenons de rappeler, il s’élève contre « toutesles remises en cause multiples de ce quiconstitue encore les fondements de la sociétédans laquelle nous vivons depuis 1945 ».Cette référence à 1945 n’est pas fortuite. Ellerenvoie à la période pendant laquelle nousconstatons, dans ces cahiers d’été, que la classeouvrière conquiert de considérables droitsnouveaux et dont l’obtention permet enmême temps, à ce moment, d’être la sourced’un grand progrès général, de réelles avan-cées sur le terrain de la démocratie.

� François PÉRICARD

Conquêtes de démocratie,conquêtes de civilisation !

21 avril 1944, élections municipales dans tout le pays. Il n’y avait plus eu d’élections en France depuis l’avant-guerre. Pour la première fois, les femmes sont appelées au vote et participent au suffrage devenu enfin vraiment universel. Elles sont 12 millions à avoir en poche leur carte électorale, flambant neuves. On enregistre dans presque toutes le villes de France des taux de participation identiques à ceux des hommes.

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DEPUIS 70 ANSSpécial

“acquis de 45”

Cahier n°6

Le droit de vote des femmesPour la première fois en France, elles sont électrices et éligibles

Non, ce n’est pas « le général deGaulle qui a donné le droit devote aux femmes » ! Affirmationqui semblera stupide à beau-coup de nos lecteurs, et tout

à fait inappropriée dans nos colonnes… A juste titre. Mais comment ne pas relevercette ineptie répandue aujourd’hui commeune banalité et une évidence dès que l’évé-nement est rappelé, et pas seulementd’ailleurs par les seuls nostalgiques réperto-riés du « Général », mais par tout un chacundans le petit monde de la politologie bien-pensante. Il en fut par exemple encore ainsitrès récemment, lors du 70e anniversaire desélections municipales d’avril 1945 où, effecti-vement, les femmes purent enfin exercerpour la première fois ce droit démocratiqueélémentaire.Sa conquête venait pourtant de très loin dansnotre histoire, mais à un moment bien parti-culier : celui de la mobilisation révolutionnairedes masses populaires qui aspiraient profon-dément à un avenir meilleur, plus juste, plusdémocratique. Y correspondait enfin, notam-ment, cette concrétisation d’une stricte éga-lité entre les hommes et les femmes dansl’expression du suffrage qui pouvait enfin por-ter réellement le nom d’universel.Mais que de combats menés pour en arriverlà, alors que les femmes avaient joué un rôleimportant dans notre histoire dès le débutde la Révolution française, comme le rap-pelle Nicole Perron en page II.De révolution en révolution, elles se sontaffirmées de plus en plus. En 1830, elles com-battent les armes à la main, et le premierdrapeau tricolore qui apparaît sur une bar-

ricade est brandi par une jeune femme, sujetde la magnifique allégorie La Liberté éclai-rant le peuple, du peintre Eugène Delacroix.Entre 1830 et 1848, des femmes, souventinfluencées par Saint-Simon (auquel on attri-bue la phrase célèbre : « L’homme et la femme,voilà l’individu social »), commencent à seregrouper, publient les premiers journauxféminins, voire féministes (La Femme libre)…et pétitionnent pour obtenir une révision dela Constitution.

De révolution en révolution…

En 1848, elles réclament leur participationau suffrage universel, mais ne sont pasadmises à participer à l’élection de l’Assem-blée constituante. Les « Femmes de 1848 » fon-dent La Voix des femmes, qui stigmatisel’« îlotisme perpétuel » et la non-validité lesconcernant de la formule républicaine « Liberté,Egalité, Fraternité ». A Paris, comme en pro-vince, elles ouvrent des clubs, liant droit devote et droit au travail, et obtiennent l’ouver-ture d’ateliers nationaux leur étant réservés.La répression les touche durement en juin, etla IIe République continue de les exclure dusuffrage « universel ».Nicole Perron relate également dans son rap-pel historique (page II) le rôle décisif que jouentles femmes pendant la Commune de Paris.Sous la IIIe République, le « féminisme » sedéveloppe par la création d’associations, dejournaux et la participation à des congrès inter-nationaux. Les militantes revendiquent l’ac-cès à l’enseignement, l’amélioration de leursconditions de travail, et, de plus en plus sou-vent, l’obtention de droits civils et politiques.

C’est sur ce dernier terrain qu’elles rencon-trent le plus de résistance. Et il faut tout le cou-rage de Victor Hugo pour écrire en 1872 : « Ily a des citoyens, il n’y a pas de citoyennes. C’estun état violent, il faut qu’il cesse », car celasemble une exception. Le mouvement « suffragiste », à l’origine trèsminoritaire, commence à se développer autourde Hubertine Auclert, conduisant, au débutdu XXe siècle, à ce que l’ensemble des asso-ciations féministes intègrent dans leur pro-gramme la revendication du droit de vote. En1914, le suffragisme, dont la base s’est élargie,bénéficie de premiers soutiens politiquesimportants, dont celui des socialistes. Mais laguerre ajourne un débat parlementaire quisemblait s’annoncer de façon favorable.Dans l’entre-deux-guerres, les mouvementsféministes reprennent leur combat, et l’As-semblée nationale vote l’établissement d’unsuffrage pleinement universel, à plusieursreprises (1919, 1932, 1935, 1936), mais leSénat s’y oppose dans un délire de ce quel’on appellerait aujourd’hui le « machisme »des notables à moitié séniles de la « HauteAssemblée », tous plus réactionnaires les unsque les autres. Aux arguments traditionnels (les femmes n’ontpas d’éducation civique, elle sont influencéespar l’Eglise, elles pourraient mettre en péril lalaïcité), s’en ajoutent d’autres (dont celui selonlequel elles auraient, en Allemagne, joué un rôle majeur dans l’arrivée au pouvoir deHitler !…). En fait, la résistance à la recon-naissance du droit des femmes est toujourstrès forte et, si Léon Blum introduit pour la pre-mière fois trois femmes au gouvernement duFront populaire (dont deux à des postes >>>

A p r è s 1 7 8 9 , la lutte desfemmes pour

leur émancipationpolitique ne s’est pasfoca l i sée tou t de suite sur l’acquisi-tion du droit de vote,malgré les premièresprises de position ence sens formuléesthéoriquement parCondorcet, dès juillet1790 (« Sur l’admis-sion des femmes audroit de cité », où ilexplique que leurinterdire de « concou-rir à la loi » en élisantdes représentantsviole « le principe del’égalité des droits »),e t pa r l a c é l èb reOlympe de Gouges(septembre 1791,« La déclaration desdroits de la femme et

de la citoyenne »). Les femmes ont surtout pesésur la vie politique en défendant ce que les sans-culottes appelleront le droit à l’existence et qui seconcentre sur le prix du pain : le 5 octobre 1789,c’est un cortège de femmes qui va chercher à Ver-sailles et ramène à Paris le roi et la reine (« le bou-langer, la boulangère et le petit mitron »),supposés intervenir dans la régulation du mar-ché des grains. Elles joueront encore un rôledécisif dans les manifestations du printemps etde l’été 1793, qui arracheront à la Convention lecontrôle du prix du pain (le décret sur le maxi-mum). Certaines ont fondé « le club descitoyennes républicaines révolutionnaires »,mais celui-ci sera interdit en octobre 1793.

Nourrir, instruire…

Le rôle politique des femmes dans la Communede 1871 est considérable. La place qu’elles y ontoccupée peut se mesurer à la vulgarité des injuresqui ont frappé les « pétroleuses » : « Nous nedirons rien de leurs femelles par respect pour lesfemmes à qui elles ressemblent quand elles sont

mortes », éructe le versaillais Maxime Du Camp.« Les femmes », n’étant pas une « communauté »,s’engagent diversement pour la Commune oucontre elle : on sait que George Sand l’exécra.Le puissant mouvement des « communeuses »commence avec une victoire acquise par unefraternisation avec les soldats de « MonsieurThiers » : ces anonymes de Montmartre, sou-vent avec leurs enfants dans les bras, gardentleurs canons et lancent sans l’avoir prévu le mou-vement qui aboutit à l’élection de la Commune,le 28 mars. Moitié moins payées que leurs compagnons,frappées également par le chômage, souvent àla tête de familles monoparentales, conséquenced’une pratique de l’union libre fort répandueparmi les ouvrières, ces militantes sociales déve-loppent le mouvement coopératif : « La Mar-mite », de Nathalie Lemel, qui se fixe l’objectifde nourrir les plus déshérités. Elisabeth Dmi-trieff, envoyée par Karl Marx pour une missiond’information au sein du peuple de Paris, orga-nise avec l’Union des femmes des ateliers coopé-ratifs. André Léo, membre de la commission del’assistance et du travail, obtient de la mairie duXVIIIe arrondissement (dont son compagnon,Benoît Malon, autre membre de l’Internatio-nale, est le maire) des commandes d’habits pourles gardes nationaux.D’autres combattent pratiquement pour l’ins-truction des enfants pauvres : Louise Michelenseigne rue Houdon, Paule Minck ouvre uneécole gratuite dans l’église Saint-Pierre de Mont-martre. Présentes dans les clubs politiques quis’installent dans les églises, elles donnent uneinstruction laïque et fustigent l’Eglise qui a pac-tisé avec l’Empire. Elles ne sont pas seulementambulancières, mais combattantes, commecelles qui animent l’Union des femmes pour ladéfense de Paris et les soins aux blessés : Elisa-beth Dmitrieff combattra dans le faubourg Saint-Antoine, Louise Michel au fort d’Issy, etc. Cetengagement illustre le caractère ouvrier de laCommune, qui n’exclut pas non plus évidem-ment des revendications valables pour toutesles femmes, relevant de la démocratie. Elles paient chèrement leur combat, tuées surplace, ou condamnées à mort par les tribunauxmilitaires ou à la déportation en Nouvelle-Calé-donie, comme Louise Michel et Nathalie Lemel.

Nicole PERRON �

>>> « à vocation féminine »), celles-ci n’enrestent pas moins non-électrices et inéligibles.Pendant la Seconde Guerre mondiale, les femmes,évidemment rendues responsables par Vichy dela défaite, doivent faire face aux difficultés del’Occupation et subissent comme les hommessurexploitation, antisémitisme et déportation.Certaines s’engagent dans la Résistance, mais lestâches qui leur sont confiées sont souvent d’ar-rière-plan, bien qu’aussi dangereuses. C’est peut-être l’une des raisons qui amène l’Assembléeconsultative d’Alger à voter, le 21 avril 1944, uneordonnance, dont l’article 17 reconnaît enfin ledroit de vote aux femmes françaises, et le droitd’être éligibles, ordonnance que signe de Gaulle.

Relevons encore, un demi-siècle plus tard, lefaible pourcentage de femmes présentes à l’As-semblée nationale (6 % en 1946-1947, 10,9 % en1997). Ce constat peut appeler plusieurs expli-cations, mais cette inégale représentation selonles sexes ne saurait trouver une solution satis-faisante dans la loi dite « sur la parité », car celle-ci s’intègre parfaitement dans les institutionsréactionnaires de la Ve République, notammentquand elle prévoit que les partis politiques peuvent carrément exclure les femmes de leurscandidatures à la représentation en payant, sousforme d’amendes, ce « droit » au sexisme qu’ilss’arrogent.

Odile DAUPHIN �

Le droit de vote des femmes (suite)

II Le poids des “acquis de 45”

A u début duXXe siècle,d’abord en

Grande-Bretagne,puis en France, les« suffragettes »,militantes fémi-nistes bourgeoises,sont les premières à réclamer le droitde vote pour lesfemmes, mais leurpréoccupation n’estpas que le suffrageuniversel soit ac-cordé aux femmesdu prolétariat. Ellesdemandent seu-lement le droit devote pour elles etsont prêtes à ac-cepter un droit devote censitaire,

qu’elles appellent le « droit des dames ». Il n’y aura donc jamais d’alliance entre lesfemmes socialistes et ces féministes bour-geoises. Car le mouvement ouvrier a toujourslié le combat pour les droits des femmes aucombat d’ensemble pour l’émancipation dela classe ouvrière. Il a également toujoursconsidéré que la société capitaliste plaçait lesfemmes travailleuses dans un double rapportd’oppression : comme femmes travailleusesà l’usine et comme chargées des tâches ména-gères et familiales dans leur famille. Parce qu’ilcombat pour l’égalité économique et socialeentre tous, le mouvement ouvrier combat pourl’égalité économique et sociale de la femme.Egalité qui exige de remettre en cause le sys-tème de la propriété privée des moyens deproduction.

Combat pour l’émancipation sociale

et aussi pour les droitsdémocratiques

Le combat pour l’émancipation étant directe-ment relié au combat pour les droits démocra-tiques, et notamment pour le droit de vote desfemmes, les femmes socialistes n’ont pas laisséles suffragettes porter le flambeau d’un combatjuste qu’elles dénaturaient, mettant en dangerla revendication du suffrage intégral pour toutesles femmes. Ainsi, dès la première conférence internationaledes femmes socialistes en 1907 (lire ci-dessous),Clara Zetkin, militante socialiste allemande, lanceun appel aux partis socialistes : « Que le Partisocialiste qui organise la lutte des classes s’em-ploie pour donner le suffrage universel auxfemmes, et celles-ci viendront intensifier cettelutte. » Clara Zetkin en profite pour dénoncerl’action des suffragettes : « Les féministes bour-geoises ne demandent pas le suffrage universel.Elles tiennent à leurs prérogatives de classe (…).Nous repoussons le suffrage restreint pour lesfemmes comme une injure : c’est une arme de labourgeoisie. » Sur cette base, la conférence deStuttgart votera une résolution en faveur du suf-frage universel sans distinction de sexe. La seconde conférence internationale desfemmes (1910) décide de franchir un pas enorganisant les actions avec l’objectif de l’ob-tention du droit de vote des femmes. La réso-lution alors adoptée indique : « Nous estimonsqu’une propagande intensifiée en faveur del’égalité politique des sexes dans les milieuxouvriers est devenue inéluctable. »Multipli-cation de pétitions, interventions au Reichs-tag, motions, rubriques régulières dans lebulletin des femmes socialistes : le combatpour le droit de vote mobilisera les femmessocialistes pendant de longues années.

Christel KEISER �De la Révolution française à la Commune de Paris

Louise Michel, que le peuple de Parisappelle « La Louise »,vouant affection et admiration à cette institutrice,formidable militanteanarchiste qui lui prodigue conseils et encouragements, et en fait à tout jamaisune grande figure du mouvement ouvrierfrançais.

Féministes bourgeoises et militantes ouvrières

Clara Zetkin,l’infatigable orga-nisatrice du combat des femmes socialistesen Allemagne et, au nom de la IIe Internationale, dans tous les pays du monde.

C’est à Stuttgart, en 1907, juste avantle congrès de la IIe Internationale,que se réunit la première confé-

rence internationale des femmes socia-listes, à l’initiative de Clara Zetkin,militante socialiste allemande et rédactriceen chef de Die Gleichheit (« Egalité »), le bulletin des femmes socialistes. Cin-quante-huit déléguées de quinze pays ysont présentes. Dans son discours introductif, à propos dusuffrage universel, Clara Zetkin indique : « Sonobtention constituerait pour nous uneconquête capitale », tout en reconnaissantqu’il ne réglera pas tous les problèmes. Evo-quant les obstacles qui se dressent sur le che-min des femmes, elle ajoute : « Le plus gravede ces conflits est celui qui existe entre la néces-sité pour la femme qui travaille en usine etson devoir de mère », qui ne disparaîtra pasavec le suffrage universel.A Copenhague, en août 1910, se réunit ladeuxième conférence internationale desfemmes socialistes. Venues de dix-sept pays,les cent déléguées vont débattre pendant

deux jours, en particulier du suffrage uni-versel et de la guerre menaçante. Une résolution décidant une journée inter-nationale de lutte pour le droit de vote desfemmes est adoptée, qui précise que « lesfemmes socialistes de tous les pays doiventl’organiser en accord avec leurs organisationspolitiques et syndicales ».

Le premier jour de la révolution russe

Pour 1911, la date choisie est le 19 mars, pourcélébrer le quarantième anniversaire de la pro-clamation de la Commune de Paris, à laquelleles femmes ont largement participé. Elles ontmis en place crèches, cantines, organismes desolidarité, mais ont aussi participé en premièreligne aux combats durant la Semaine sanglante(lire ci-contre l’article de Nicole Perron). Le 19 mars 1911, plus d’un million de femmesmanifestent dans toute l’Europe et aux Etats-Unis. En 1912, pour la première fois, la Jour-née internationale des femmes a lieu le 8 mars,ainsi qu’en 1913. Le 8 mars 1914, cette journéepour le droit de vote et contre la guerre impé-rialiste qui menace prend une ampleur inéga-lée. Mais c’est en 1917, en Russie, que la traditiondu 8 Mars se met réellement en place. Le 7 mars1917, les ouvrières des usines textiles de Petro-grad se rassemblent pour préparer le 8 Mars.Exténuées par le travail, confrontées, seules, àla terrible vie quotidienne — les maris, les frères,les fiancés étant au front —, elles manifestentpour réclamer du pain et la paix. C’est le pre-mier jour de la révolution russe. Désormais, le 8 Mars est entré dans l’histoire :c’est la journée des femmes de la classe ouvrièremondiale, contre l’exploitation, contre l’op-pression et pour l’obtention de tous leurs droitsdémocratiques.

C. K. �

Les conférences des femmes socialistesLa Journée internationale des femmes

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Spécial “acquis de 45” (6) Conquêtes de démocratie,

Magnifique allégorie de la République, Marianne, apparut dès la Révolution française, cette jeunefemme brandissant le drapeau tricolore sur les barricades de la révolution de 1830, immortaliséepar le grand peintre Eugène Delacroix, n’aurait pourtant pas eu le droit de vote de son temps.

Petrograd, Russie, 1917, les ouvrières du textile.

IIIdans la lutte des classes en FranceINFORMATIONS OUVRIÈRES N0 364 SEMAINE DU 13 AU 19 AOÛT 2015

La protection judiciaire de la jeunesseUn tournant dans le traitement de la délinquance juvénile

Dans les conditions de l’époque, uncertain nombre de résistantsconstatent, au fur et à mesure de lalibération du pays et de l’ouverturedes prisons, qu’un grand nombre

de jeunes mineurs y croupissent. A la veille de laguerre, en 1939, 12 165 mineurs avaient étéjugés. En 1943, le chiffre de jeunes jugés va pas-ser à 34 800, soit près de trois fois plus.Jusqu’au début du XXe siècle, la réponse au phé-nomène de la délinquance des mineurs a sur-tout été d’ordre répressif. En 1934, une importante campagne de presseavait dénoncé les bagnes d’enfants, amorçant,après la fermeture de certains d’entre eux, undébut de réforme de plusieurs établissements. A l’issue de la guerre, des résistants frappés parnombre de situations tragiques seront à l’ini-tiative de l’ordonnance du 2 février 1945, quis’inspire de la théorie de la défense sociale etpose deux principes majeurs.L’un est concentré dans l’article premier du pre-mier chapitre : « Les mineurs de 18 ans auxquelsest imputée une infraction qualifiée de crime oudélit ne seront justiciables que des tribunaux pourenfants. » C’est ce qu’on appelle le privilège dejuridiction auquel correspond la mise en placede juridictions et d’institutions spécialisées. Ainsiest constituée dans chaque tribunal une juri-diction spécialisée pour les mineurs. Le jugeaffecté à cette tâche prend le nom de juge desenfants.Le second principe de cette ordonnance estsimple : la mesure éducative est la règle, et lasanction, l’exception. Ainsi, l’article 2 de l’or-donnance stipule : « Le tribunal pour enfantsprononce suivant les cas les mesures de protec-tion, d’assistance, de surveillance, d’éducationou de réforme qui sembleront appropriées. » L’ex-cuse de minorité est la règle.La raison d’être de l’ordonnance de 1945 estqu’on ne peut juger et traiter les mineurs délin-

quants de la même façon que les adultes. C’estpourquoi elle institue des juridictions spéciali-sées avec des juges spécialisés. De plus, elleestime que les mineurs ne peuvent plus êtrecondamnés à des peines pénales que de façontout à fait exceptionnelle, les mineurs relevantprioritairement des mesures de protection, deréforme et d’éducation.Sont distingués les mineurs de 13 ans qui ne peuvent jamais faire l’objet d’une peine et ceuxqui ont entre 13 et 18 ans. Pour ces derniers, leprincipe édicté pour tous les mineurs restevalable, mais l’ordonnance prévoit qu’ils pour-ront faire l’objet d’une condamnation à une peinelorsque les circonstances et leur personnalitél’exigeront.Bien que déjà prévus par l’ordonnance de 1945,les pouvoirs du juge des enfants dans le domainedes mesures éducatives seront étendus et pré-cisés ultérieurement par des mesures de pré-

vention, qu’il s’agisse des mesures d’assistanceéducative à l’égard des mineurs dont la santé, lasécurité, la moralité sont en danger, ou dont lesconditions d’éducation sont gravement com-promises.Il serait trop long d’entrer dans l’illustrationdétaillée de la mise en place liée à l’ordonnancedes différents services sociaux spécialisés. Cequi est sûr est que cette ordonnance constitueun tournant en la matière, en considérant quel’enfant délinquant comme l’enfant maltraitérelèvent tous deux d’une même catégorie. L’unet l’autre sont les victimes de situations sociales,familiales et psychologiques dont ils ne peuventêtre tenus pour responsables. C’est à la sociétédans son ensemble de traiter les causes à l’ori-gine des mauvais traitements ou des actes dedélinquance considérés pour l’essentiel commedes symptômes d’une situation donnée.

Gérard BAUVERT �

S’il était une question qui nécessitait des décisionsrapides en 1944-1945, c’était bien celle des conséquences sur la jeunesse de la guerre et de l’Occupation. Si la vie de l’immense majo-rité de la population en avaitété fortement affectée, celle d’une importante partie de la jeunesse était bouleversée de fond en comble.Pères prisonniers, exode, puis, à partir de 1943, mise sur pied du Service du travail obligatoire (STO)en Allemagne, déportations,camps d’internement,familles déplacées, etc. : des centaines de milliers de jeunes, parfois de très jeunes, étaient livrés à eux-mêmes, sans pointsd’appui, repères, commeconséquence directe et brutale de l’éclatement et de la dispersion de très nombreuses familles.

Tous les gouvernements successifs contre l’ordonnance du 2 février 1945L’acharnement des différents gouvernementscontre l’ordonnance du 2 février 1945 obéità la même logique que les attaques contre laprotection sociale collective

Des quarante-neuf articles quecomp te l ’ o rdonnance du2 février 1945, aucun n’est restéintact !… On ne parle pas ici demodifications d’ordre « tech-

nique ». Non, depuis plus de trente ans,d’une façon ou d’une autre, tous les gouver-nements qui se sont succédé ont œuvrédans la même sens, chercher à faire dispa-raître ce qui est le cœur de l’ordonnance surla délinquance des mineurs : on ne peutjuger et traiter les mineurs de la même façonque les adultes. Pour cela, diverses manœuvres et strata-gèmes ont été élaborés. L’un, récurrent enquelque sorte : en finir avec l’excuse deminorité. Ne pouvant d’un seul coup sup-primer les tribunaux ni les juges pourenfants, on tente de vider l’ordonnance de1945 de sa substance. On garde « le cadre » eton dynamite l’intérieur. On veut faire de« l’excuse de minorité », qui est la règle, l’ex-ception. En 2006, par exemple, Nicolas Sarkozy, alorsministre de l’Intérieur, a fait adopter une loiqui précise qu’« il serait vain de penser queseul l’éducatif est de nature à éviter les réci-dives du mineur délinquant ». Traduction :l’aide éducative et l’assistance aux famillessont remplacées par « la lutte contre l’insé-curité », dont chacun sait qu’elle repose surles forces de police. Dans cette optique, l’ado-lescent, mineur de 16 à 18 ans, est assimilé àl’adulte et encourt les mêmes mesures judi-ciaires que les majeurs. Quant aux personnelsde la protection judiciaire de la jeunesse, ilsdevront partager leurs informations, parexemple avec les maires, ce qui, notamment,viole le principe de droit relatif à la confiden-tialité en ce qui concerne les mineurs.

Ainsi, poursuivant une offensive permanente,on tente de substituer aux réponses éducativesliées aux problèmes sociaux rencontrés uneréponse répressive résumée par la formule de« la lutte contre l’insécurité ». Utilisant des faits

divers aussi graves qu’exceptionnels — impli-quant des mineurs —, chaînes de télévision,médias, hommes politiques de tous bords pré-tendant, prendre « l’opinion publique » àtémoin, n’ont de cesse de pilonner l’ordon-

nance du 2 février 1945, chacun y allant de ses« analyses », invoquant une supposée « diffé-rence » entre les adolescents d’aujourd’hui etceux d’hier, afin d’accréditer que les jeunes de16 ans sont désormais des adultes. Argumentparticulièrement fallacieux, car si des secteursentiers de la jeunesse sont effectivementconfrontés aujourd’hui à des conditions de vietrès difficiles, celles de l’immédiat après-guerre,que nous avons relevées au début de notrearticle, ne l’étaient certainement pas moins.

Les “tribunaux correctionnels pour mineurs” de Sarkozy

Il en va ainsi par exemple avec la création destribunaux correctionnels pour mineurs (TCM),établis par la loi du 10 août 2011. Au lieu decomparaître devant un tribunal pour enfantsavec un juge des enfants — avec des asses-seurs de la vie civile, choisis pour leur com-pétence dans le domaine de la jeunesse, et unsubstitut des mineurs —, les adolescents deplus de 16 ans soupçonnés d’avoir commiscertains faits en état de récidive relèvent d’unTCM, composé d’un juge des enfants, maisaussi de magistrats non spécialisés. Combinéà d’autres dispositifs de même ordre, le TCMmet à mal la règle de la spécialisation etconduit davantage encore à juger les mineurscomme des majeurs, ce qui constitue unedérive aussi grave qu’aberrante.La version « consolidée » de l’ordonnance du2 février 1945 mise en œuvre à partir du 1er jan-vier 2015 (par le gouvernement Hollande, donc)maintient les tribunaux correctionnels pourmineurs (TCM), une des dispositions « phares »du gouvernement Sarkozy. Si les « peines plan-cher » instaurées par Sarkozy ont été abrogées,l’essentiel des attaques élaborées, depuis desdécennies, par les gouvernements successifsprécédents sont confortées avec les TCM. Onretrouve là la même méthode utilisée pour toutesles autres questions relevant de la protectionsociale collective. G. B. �

Les magistrats, les avocats, les personnels de la protection judiciaire de la jeunesse, avec leurs organisations syndicales et professionnelles, s’opposent systématiquement aux attaques contre l’ordonnance du 2 février 1945, n’hésitant pas à manifester et à faire grève.

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conquêtes de civilisation Spécial “acquis de 45” (6)

On ne peut juger et traiter les mineursdélinquants de la même façon que les adultes.

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En 1939, plusieurs organismes spé-cialisés fusionnent pour fonder leCentre national de la recherchescientifique (CNRS). Alors que la

France était déjà entrée dans laSeconde Guerre mondiale, leCNRS était notamment chargé« de faciliter les recherches et tra-vaux intéressant la défense natio-nale et l’économie nationale ».Ob-jectif d’Etat, plus que de science,donc.Le régime de Vichy ne dissout pasle CNRS, mais met en place d’autresorganismes de recherche appliquée :l’Institut de recherches sidérurgiques(IRSID) et l’Institut français dupétrole (IFP) en novembre 1943, leCentre national d’études des télécommuni-cations (CNET), le 4 mai 1944. La recherchefondamentale est alors ainsi clairement misede côté. A la Libération, la recherche appli-quée est confiée à de grands organismes spé-cialisés et créés à cet effet en 1945, leCommissariat à l’énergie atomique (CEA) etl’Office national d’études et de recherchesaéronautiques (ONERA), et, en 1946, l’Insti-tut de recherche agronomique (INRA).C’est dans le contexte général de 1945 que lephysicien Paul Langevin est amené à décla-rer « qu’il est temps de mettre fin aux abus depatrons qui se sont systématiquement déchar-gés du coût de la recherche sur les organismespublics », et qu’intervient l’ordonnance du2 novembre 1945 qui réorganise de fond encomble le CNRS et l’oriente alors nettementvers la recherche fondamentale.

Son comité national, étant l’émanation théo-rique de l’ensemble de la communauté scien-tifique, a vocation à représenter toute lascience. Le CNRS est désormais doté de ses

propres laboratoires de recherche,tout en décidant la répartition del’ensemble des crédits de recherchedu budget de l’Education nationale. Cependant, si les chercheurs del’INRA sont fonctionnaires, si les per-sonnels du CEA et de l’ONERA sontsous statut de contractuels, il n’en estrien pour le CNRS. En août 1945, undécret aligne la rémunération deschercheurs sur celle des enseignantsdu supérieur de niveau équivalent.Le 29 février 1952, un projet de sta-tut des personnels techniques et

administratifs du CNRS est remis aux syndi-cats. L’intersyndicale SNPTA-CGT, FO, CFTCet CGC « reconnaît que ce projet est susceptible(d’apporter) des améliorations à une majoritéde personnels ». Ce statut est promulgué le28 mai 1952. La question du statut des cher-cheurs du CNRS — ils sont 600 en 1944, 1 000en 1945 et 2 200 en 1952 — est discutée au seindu SNERS-FEN (syndicat national de l’ensei-gnement et de la recherche scientifique), puisdu SNCS-FEN (qui se constitue le 15 mars 1956après que les chercheurs se sont séparés duSNERS). Un grand nombre des chercheurs du CNRS,alors au nombre de 3 000, se mobilisent etjouent un rôle essentiel dans la lutte pour l’ob-tention d’un statut de chercheur à temps plein.Celui-ci voit le jour le 9 décembre 1959.

Jean-Pierre FITOUSSI �

Spécial “acquis de 45” (6) Conquêtes de démocratie, conquêtes de civilisation

INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 364SEMAINE DU 13 AU 19 AOÛT 2015

Dès que la bourgeoisie eut besoin de regrou-per de grandes masses d’ouvriers dans lesvilles, près de ses usines, la question de leurlogement se posa de façon aiguë. Ce ne furentd’abord que taudis infects et exigus, insa-lubres, des conditions de vie effroyables,dignes de l’esclavage. Les fondateurs du mou-vement ouvrier, Marx et Engels, dénoncèrentavec véhémence cette situation comme une« institution nécessaire » pour la classe domi-nante afin de surexploiter et d’opprimer leprolétariat, notamment dans les descriptionsqu’ils firent des workhouses anglaises, véri-tables bagnes pour ouvriers.En un siècle d’industrialisation massive despays les plus avancés, cette situation ne connutque de rares améliorations, très limitées, notam-ment en France grâce à la création des habita-tions à bon marché (HBM). Mais c’est seulementà partir de 1944-1945 que l’exigence élémen-taire du droit au logement social fut reconnuecomme telle et trouva des débuts de solution.

L e droit au logement social, c’est ledroit pour toutes les familles, lesjeunes, les retraités, quels que soientleurs revenus et leur origine, à dispo-

ser d’un logement à loyer modéré, compa-tible avec leurs ressources, aux normes deconfort et de surface, avec le droit au main-tien dans le logement. Après la Seconde Guerre mondiale et son cor-tège de destructions, en octobre 1944, se meten place le ministère de la Reconstruction etde l’Urbanisme (MRU), ayant une représenta-tion dans chaque département.En 1948, c’est la création des habitations à loyermodéré (HLM) et leurs offices publics (OPHLM).Ces organismes sont à but non lucratif. Leurexistence est indissolublement liée aux circuitsde financements publics capables de subven-

tionner directement la construction, comme lesystème d’aide à la pierre. Entre 1953 et 1975, leparc HLM représente 8 millions d’habitations,80 % ont bénéficié de l’aide de l’Etat (prêts à trèsfaibles taux d’intérêt et d’une très longue durée,1 % sur quarante-cinq ans, 2 % sur soixante-cinqans). L’aide à la pierre et le 1 % patronal per-mettent la mise en place de grands ensemblesdans des zones urbaines prioritaires.Parallèlement, une loi de 1948 bloque les loyersdu secteur privé par un calcul favorable aux loca-taires et leur permet le maintien dans les lieux.Pour les capitalistes, ces conquêtes et leur coûtleur devinrent vite intolérables. C’est pour-quoi la Ve République a cherché à en finir avecelles. Dès 1962, le financement à bon marchéa subi une première attaque avec l’augmen-tation des taux et une recherche d’investisse-ments privés pour permettre le désengagementfinancier de l’Etat.Mais c’est en 1977, avec la loi Barre-d’Ornano,que fut porté le coup le plus important contrele logement HLM, avec la réforme radicale deson financement. Loi qui s’appuie sur un rap-port (1975) du Premier ministre RaymondBarre et qui part du principe que le logementsocial doit obéir aux lois du marché et ne doitplus être financé de manière avantageuse pourles familles. Cette loi met en place des mesureschangeant la nature même des nouveaux loge-ments, les prêts HLM étant remplacés par desprêts locatifs aidés (PLA). Les nouveaux loyersvont augmenter régulièrement de façon signi-ficative. Après 1977, et plus particulièrementaprès 1992 (traité de Maastricht), toutes leslois auront un seul objectif, respecter les cri-tères de Maastricht, soumettre la construc-tion du logement HLM à la concurrence libreet non faussée, démantelant ainsi peu à peule secteur public HLM.

Renée LAURENT �

La mise en place des institutions de la recherche scientifique

C’est toujours une caractéristique d’unepériode révolutionnaire et progressiste quede voir les fleurs de la culture s’épanouir, lacréation artistique contribuer à élever l’êtrehumain au-delà de son quotidien. Il en futainsi dans pratiquement tous les domainesconcernés au lendemain de la guerre : litté-rature, cinéma, arts plastiques, peinture, plangénéral de réouverture de tous les muséesnationaux et de nouvelle mise en valeur deleurs collections, etc. Nous n’en avons prisici que deux exemples, ceux du théâtre et dela musique (et plus tard de la danse), réser-vés pendant des siècles à une élite, celle duroi et de la cour sous l’Ancien Régime, puisde la bourgeoisie (principalement parisienne)et qui n’étaient pas auparavant accessiblesau peuple.

A vec la création du Festivald’Avignon en 1947, puis du nou-veau Théâtre national populaire(TNP) en 1951, Jean Vilar défend et

développe le concept de service public duthéâtre : « Le Théâtre national populaire estdonc, au premier chef, un service public. Toutcomme le gaz, l’eau, l’électricité (1). »

Il le met en œuvre avec une troupe de comé-diens permanents, avec l’aide de JeanneLaurent, chargée du théâtre auprès du secré-tariat aux Beaux-Arts, alors attaché auministère de l’Instruction publique. La trou-pe se consacre au répertoire dramatique,que Jean Vilar rénove profondément, ainsiqu’à la découverte de nouveaux auteurs,Jacques Audiberti, Albert Camus, JeanGiraudoux, Eugène Ionesco… Son travails’adresse à toute la population, et par unepolitique de réduction des prix des places,aux couches populaires. Jeanne Laurent tra-vaille en relation avec les réseaux d’éduca-tion populaire et avec la CGT.Elle engage également les débuts de la décen-tralisation théâtrale, selon un rapport établipar le comédien et metteur en scène CharlesDullin. Cette décentralisation — qui n’a rienà voir avec les lois de décentralisation que lepays connaîtra plus tard — a pour ambitionde porter la création artistique sur tout le ter-ritoire, pour toute la population. Elle s’appuiesur les troupes de théâtre apparues pendantet au lendemain de la guerre. C’est autour etpour ces troupes que sont créés, au début desannées 1950, inspirés du TNP, les premiers

centres dramatiques nationaux, à Strasbourg,Saint-Etienne, Toulouse, Rennes… Les moyensnouveaux alloués par l’Etat permettent à cestroupes de se professionnaliser et de travaillertout au long de l’année. En 1954, un décretdistingue les groupements amateurs et le tra-vail professionnel, en protégeant ce dernier.Ce décret est aujourd’hui menacé par le gou-vernement.Dès l’après-guerre, la musique connaît éga-lement un tel développement. Avec la créa-tion de l’Office de radiodiffusion-télévisionfrançaise (ORTF), le 27 juin 1964, quatreorchestres et un chœur permanents sont créés.Le compositeur Marcel Landowski est chargé,en 1966, d’élaborer un plan de développe-ment, sur tout le territoire, des orchestres,conservatoires et écoles nationales de musique.Ce plan était partiellement amorcé dans lesplans quinquennaux de reconstruction dupays qui se succédaient en ce domaine depuisles années 1950.

Jean-Baptiste CARON �

(1) Jean Vilar, « Le TNP service public », dans Le Théâtre,service public, 1953, p. 173.

L’explosion de la vie culturelle et de la création artistique

Le grand comédienGérard Philipe, dans une inter-prétation du Cid de Corneille qui fera date, sur la scène du Théâtre nationalpopulaire.

L’architecte Le Corbusierconstruit, de 1947 à 1951, à Marseille, sa première « Cité radieuse »,intégrée dans la politique de soutien à la construction que mènent alors les pouvoirspublics.Une vue du toit-terrasseaménagé pour accueillir une école maternelle.

La reconnaissancedu droit au logement social

En août 1945, un décret aligne la rémunérationdes chercheurssur celle des enseignantsdu supérieur de niveauéquivalent.

Ayant à plusieurs reprises salué dans nos colonnes de grands succès de la recherche scientifique(comme récemment la découverte du boson de Higgs ou la mission Rosetta), nous avons relevé laplace importante qu’ont occupée dans la préparation de ces programmes (bien sûr, en collaborationavec des agences internationales) les organismes issus de la période de l’après-guerre en France.Revenons un instant sur la naissance de ces institutions et les statuts de leurs personnels.

Déjà en 1936, les personnels de recherche en grève, avec leur syndicat CGT, manifestent pour obtenir un statut.

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IVdans la lutte des classes en FranceLe poids des “acquis de 45”

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LA VIE DU PARTI 7INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 364 Semaine du 13 au 19 août 2015

Dans son dernier courrier aux élus du dépar-tement, le comité de l’Allier du POI a publiéen annexe le communiqué de Jean Bartholin,conseiller départemental de la Loire, et deGérard Schivardi, maire de Mailhac (Aude), endate du 25 juillet 2015, et le tract du POI« L’avertissement des agriculteurs » (29 juillet).

LOI NOTRe : HARO SUR LES COMMUNES !

Le projet de loi NOTRe a donc été définiti-vement adopté, par un accord entre l’As-semblée nationale et le Sénat, en

commission mixte paritaire (CMP), le 9 juillet.Sous l’autorité de l’Union européenne, le gou-vernement Hollande-Valls veut économisercinquante milliards d’euros sur les services ren-dus à la population — entre autres, treize mil-liards sur les collectivités. L’Organisation de coopération et de développe-ment économique (OCDE), institution issue duplan Marshall lors de la guerre froide, préconise,en bon apôtre du libéralisme et de la compétiti-vité, de supprimer le département et de regrou-per les communes ! L’offensive est méthodique.

Durant la dernière période, nous avons eu la« loi métropole », celle sur la commune nou-velle. Dès le budget 2016, la pression gouverne-mentale va s’exercer pour réformer la dotationde fonctionnement, visant à favoriser région,métropole et intercommunalité. Dans ce cadre,l’étude de la loi « nouvelle organisation territo-riale de la République », dite NOTRe, a débutéen novembre 2014. Le projet contenait 40articles ; on en est aujourd’hui à 59 ! Comme ilest d’usage, il s’agit d’un texte fourre-tout,cachant ainsi les dangers. Une « fuméeblanche » est sortie de la commission paritaire,à la fois pour éviter un clash et ne pas reculersur les propositions budgétaires. Avec un pro-bable recours au Conseil constitutionnel, la loine sera sans doute pas publiée avant fin août.Au-delà de la régionalisation confortée et dudépartement siphonné de ses missions, cette« réforme » vise surtout à affaiblir autant quepossible la commune.Avec la crise, rien n’est garanti. Les tenants desrègles des traités européens, de la BCE, des dik-tats de la Commission européenne, font feu de

tout bois et tentent d’accélérer les destructions.Or la résistance s’organise de toutes parts. Endépit de leurs pensées politiques, les associa-tions des maires et des maires ruraux sontcontraintes de prendre en compte ce qui res-semble à une révolte des maires, en liaison avecles baisses des dotations.(…) Personne, ni les éleveurs, ni les élus, ni lestravailleurs n’entendent se faire « macroniser » !Ce serait la disparition de la majorité d’entreeux. Et, avec eux, c’est le Code du travail, l’école,les services publics, les communes et départe-ments, le pays tout entier que ce gouvernement,complice de l’Union européenne, entend« macroniser ».

LE RASSEMBLEMENT DES ÉLUS DEVANT LE SÉNAT, LE 24 JUIN, EST LUI AUSSI UN AVERTISSEMENT C’est par le libre débat entre eux que les éluss’organisent pour gagner, pour l’abrogation dela loi NOTRe. Comment réussir : n’est-ce pas laseule question qui vaille ? (…)

� APPRÉCIATION ET SUITES DE L’ASSEMBLÉE-DÉBAT DU 6 JUIN SOUS L’ÉGIDE DU JOURNAL INFORMATIONS OUVRIÈRES

Nous avions pu prendre connaissancede quelques éléments de compterendu dans le numéro d’Informa-

tions ouvrières qui a suivi la conférence du6 juin. S., qui a participé à la conférence, a donnéquelques éléments supplémentaires decompte rendu ; les camarades qui avaient pulire le compte rendu intégral paru dans le sup-plément ont témoigné (telle B., « impres-sionnée » par l’intervention du camarade dusyndicat CGT des marins de Marseille) de l’in-térêt de cette discussion. Nous étions tous d’accord sur l’appréciationselon laquelle réunir à Paris, sous l’égide dujournal Informations ouvrières, journal duPOI et tribune libre de la lutte des classes,plus de mille militants ouvriers, syndicalistesde la CGT, de FO, de la FSU, des élus, des mili-tants du PG, du PS…, n’était pas chose banale,et que réussir à organiser cette discussioncommune entre militants était d’une impor-tance capitale dans la situation présente.Les vingt IO supplémentaires (les dispositionspratiques ont été prises pour que tous les adhé-rents qui en ont demandé puissent en dis-poser dans les meilleurs délais) vont nous per-mettre d’aller revoir tous ceux qui, de près oude loin, se sont intéressés à cette discussion, enleur proposant de participer à la réunion or-ganisée le 11 septembre (20 heures), à Bor-deaux. L’invitation sera envoyée dès qu’elle sera dis-ponible.

� GRÈCEDes camarades ont rendu compte du rassem-blement à Saint-Pierre, de leur intervention aunom du POI, des échanges et des liens noués àcette occasion, qui peuvent permettre de pour-suivre la discussion avec plusieurs camaradesdans le cadre des suites de la conférence du6 juin et de la préparation du congrès ouvert duPOI (fin novembre 2015).

� BUREAUX DE POSTE : SAINT-PIERRE, GIRONDEUne réunion est organisée jeudi à Saint-Pierre parla municipalité. Deux camarades y participeront,avec mandat de proposer que les élus s’adressentau préfet pour exiger le maintien des bureaux deplein exercice et des heures d’ouverture. Un élusera contacté pour information, puisqu’il s’agitaussi de sa commune, et sachant que nous avions,en tant que POI, rencontré le maire de cette com-mune (Gironde), qui avait apprécié les éléments« techniques » que nous lui avions apportés (surla différence entre un bureau de plein exercice etune agence communale, par exemple) ; il avaitacheté IO, et est susceptible de s’y abonner.

� CARTES ET TIMBRESNotre trésorière a fait le bilan des timbres payésà la trésorerie départementale (100 % de jan-vier à mai).

� CAMPAGNE D’ABONNEMENT À INFORMATIONS OUVRIÈRES

Hier soir, nous comptabilisions 21 abonnementsà IO couvrant l’été (ou partie). A noter que5 abonnements sont des premiers abonnements(des camarades qui ne s’étaient jamais abon-nés auparavant). �

BORDEAUX (GIRONDE)

Le comité de l’Entre-Deux-Mers du POI fait le bilan de son activité

Echos de l’activité des comités du POI et des initiatives pour la préparation du Ve Congrès ouvert du POI

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I Je souhaite prendre contact avec le Parti ouvrier indépendant � Je souhaite adhérer �

Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Bulletin à retourner à : Parti ouvrier indépendant 87, rue du Faubourg-Saint-Denis 75010 Paris

Campagne de souscription à Informations ouvrières

� Pour améliorer votre journal et répondre aux tâches de l’heure � Pour laisser plus de place au libre débat� Pour traiter plus largement de l’actualité nationale et internationale � Pour rendre compte du combat du POI

EN JANVIER 2016, UNE NOUVELLEFORMULE POUR VOTRE JOURNAL.

Un journal qui s’améliore et se modifie pour exprimer avecplus de force encore ce qu’il est : “Informations ouvrières”

Avec le lancement de la campagne d’abonnement d’été à “Informations ouvrières”, nousdébutons une souscription pour la nouvelle formule d’“Informations ouvrières”. Pour aiderce journal qui ne vit que de ses ventes, sans publicité, sans aide et sans mécène,

nous vous appelons à verser pour la souscription financièrepour la nouvelle formule d’IO :

OBJECTIF : 150 000 EUROS (chèques à l’ordre d’“Informations ouvrières”)

ALLIER > Dans le courrier n° 32 aux élus du département (31 juillet)

Le comité départemental publie régulièrement un courrier aux élus

� La commission départementale de coopérationintercommunale (CDCI) de l’Allier du 22 mai, « Pré-sentation de réflexions sur le redécoupage desintercommunalités dans l’Allier », sans perdrede temps, a mis à son ordre du jour une ten-tative de consensus pour un premier examendes destructions à opérer dans notre départe-ment, en application du projet de loi NOTRe,non encore voté à cette date, et non encorepublié à ce jour.

Dix-sept intercommunalités sur vingt-deux devraientêtre regroupées ! Ce serait la perte de l’autono-mie fiscale des communes !Combien de syndicats intercommunauxdevraient-ils être supprimés à nouveau ?Discrétion, dans l’ordre du jour, sur les « com-munes nouvelles », dont s’inquiètent des res-ponsables d’intercommunalités, qui vont auxrenseignement pour faire des propositions auxcommunes rurales.Voilà le « menu » que l’on veut faire avaler àtous les élus !Les élus ont un mandat des habitants : défendrela commune. Les élus savent que le présidentde l’intercommunalité n’est pas leur « supé-rieur hiérarchique », qu’ils n’ont de compte àrendre qu’à leurs seuls électeurs, que ce gou-vernement est minoritaire et rejeté de toutesparts.N’est-ce pas le point de départ incontournablepour la défense et la survie de la République,de ses départements et communes ?

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PARTI OUVRIER INDÉPENDANT 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris - Tél. : 01 48 01 85 85 - E-mail : [email protected] - Site : parti-ouvrier-independant.fr

Dossier

La jeunesse frappée en premier 

L a promotion de la drogue bénéficie desommes colossales. Des drogues sont pré-sentées comme douces et envahissent les

banlieues paupérisées par le chômage, despoliticiens prônent leur légalisation sous pré-texte de faire chuter les prix et les trafics, enréalité pour ouvrir toujours plus les débou-chés. Les capitaux réinvestis dans l’immobi-lier, la Bourse, le sport, le tourisme, le cinémaélargissent leur pouvoir de nuisance, en serendant utiles et agréables aux dirigeants poli-tiques. La révolte de la jeunesse contre la précarité etl’injustice est ainsi neutralisée dans une décom-position, où les paradis artificiels détruisent lesindividus plus ou moins vite, jusqu’à ce quel’ampleur de la gangrène entraîne une opéra-tion de police, présentée comme le grand net-toyage, dont les effets sont très limités dansl’espace et dans le temps.

Quand l’Etat utilise les mafias 

Lucky Luciano, patron de la mafia améri-caine Cosa Nostra, était en prison à NewYork lorsqu’il a reçu la visite d’un repré-

sentant du gouvernement américain. On lui aproposé sa libération contre l’aide de la mafiasicilienne pour le débarquement américain enSicile en 1943.

Le deal est vite passé. La mafia sicilienne reprendune place majeure dans la vie politique italienne,dans les fourgons de l’armée américaine, et seraun pilier de la Démocratie chrétienne pendanttoute la période des années 1950-1980 (voir leprocès Andreotti). Dans son livre Le Monde desmafias (éditions Odile Jacob, 2005), Jean-Fran-çois Gayraud résume ainsi le problème (1) : «C’esttout un système politique (présidents, ministresde la Justice, gouverneurs, maires, etc.) et judi-ciaire dont le comportement apparaît rétros-pectivement douteux (...). Fondamentalement,les Etats-Unis ne ressentent pas alors de vraimalaise face au crime organisé. La libre entre-prise est un tout. Cosa Nostra aimait autant l’ar-gent et l’anticommunisme que l’establishmentaméricain. Au fond, le crime organisé faisait déjàpartie de l’American way of life. »La bourgeoisie américaine qui arrête certainschefs de Cosa Nostra dans les années 1934-1937aux Etats-Unis s’en sert pour briser des grèves,et, en 1944-1945, face à la poussée révolution-naire de l’après-guerre, l’alliance est officielle.Hoover, le chef du FBI, a toujours freiné la luttecontre Cosa Nostra.

La guerre et la drogue 

En 1979, après avoir provoqué l’interven-tion militaire de l’URSS en Afghanistan,les Etats-Unis ont décidé d’utiliser ce ter-

rain d’affrontement pour prendre unerevanche sur leur débâcle au Vietnam (2). LaCIA finance, via un réseau monté par BenLaden alors allié des Etats-Unis, le recrute-

ment de combattants djihadistes ; elle favoriseles réseaux de production et de distribution dedrogue pour décomposer l’armée soviétique.La CIA autofinance les combattants par lesfonds tirés du trafic. Après le retrait destroupes russes, le chaos et les affrontementsprovoquent une guerre pour le contrôle desréseaux de diffusion de la drogue, et al-Quaidaprend son autonomie. Après dix ans de guerreet d’occupation américaine, l’Afghanistanproduit toujours 80 % de l’opium mondial.

Le capital financier renforce ses positions 

L a force des mafias tient au capital consi-dérable accumulé qui est indispensableau bon fonctionnement du système

financier (banques, fonds spéculatifs, hol-dings).A partir de 1976, le FMI et la Banque mondiale,sous le contrôle direct de l’impérialisme amé-ricain, imposent par les traités du FMI, puis del’OMC, le flottement des monnaies qui impliquela libre circulation des capitaux et la libre spé-culation. Il est interdit de pratiquer un quel-conque contrôle des changes, sous prétexte quecela fausserait la fixation par le marché de lavaleur d’une monnaie. Tous les rapports d’experts en criminologie l’ontsouligné : les mafias ont bénéficié de ces chan-gements, car si le transport de drogue est ris-qué, l’argent qui en découle est si massif qu’ilest difficile de le transférer d’un pays à un autredans des valises de billets. Avec les transferts parinformatique et la libre circulation de l’argent,moins de problèmes. De nombreux scandalesont révélé l’ampleur de ces investissements dansles comptes des banques. Les traités de librecommerce entre les Etats-Unis et l’Amériquelatine ont grandement accéléré le trafic dedrogue. Au Mexique, la corruption n’a fait quecroître et la gangrène mafieuse de l’Etat s’étaleau grand jour (assassinat de quarante-trois étu-diants par des policiers dirigés par un gang quitenait toute l’administration régionale).

La mafioïsation des économies s’étend

Apartir de 1990, les pays de l’Est sont inté-grés dans le FMI et signent la libre circu-lation des capitaux. Il en résulte une

inflation destructrice qui lamine le pouvoird’achat des salaires et des retraites, et multi-plie tous les trafics spéculatifs. Les dirigeantsstaliniens constituent une oligarchie en liai-son étroite avec le capital financier américain,qui pille ces pays et transfère massivementson argent à Londres, Zurich, Chypre et autresparadis fiscaux. La mafioïsation de l’économies’est transmise aux pays de l’Est par laconnexion entre une bureaucratie corrom-pue, dont les privilèges étaient menacés par lachute du mur de Berlin, et une bourgeoisieavide de privatiser et reconquérir les marchésde ces pays.

Une “cash machine”

L a crise financière de 2007-2008, qui n’esttoujours pas résorbée, a constitué unappel d’air pour les mafieux, le besoin

urgent de liquide des banques a permis lerecyclage de l’argent sale, et donc d’agrandir lepérimètre des activités légales, car les banquesont été obligées de reconstituer leurs réserves,et tous les capitalistes en difficulté ne sont pasregardants quand il s’agit de faire face à uneéchéance difficile (3). La cascade de faillitesbancaires provoque une course à l’argentliquide, et si la banque centrale prête dessommes colossales à taux zéro, ce fut aussil’occasion pour les mafias de se présenter ensauveur en prêtant leur argent liquide. Eneffet, les financiers de la mafia prennent soinde réinvestir leur liquide dans des secteursappelés « cash machine », comme les jeux, quirendent difficile de détecter l’origine des mou-vements de fonds (4). L’impérialisme utilise les trafiquants pour com-battre le mouvement ouvrier, soutient les régimesde dictature militaire où la corruption facilitel’essor des mafias. Lorsque tel ou tel chef mafieuxa dépassé les bornes en attirant l’attention pardes vagues de meurtres ou des violences spec-taculaires, on déclenche une « opération mainspropres » qui tente de freiner les trafics.Les « dark pool » (échanges de l’ombre) entrebanques représentent, aujourd’hui, la moitiédes transactions financières de la planète. �

(1) L’expansion des mafias dans les soutes des interven-tions militaires américaines en Amérique latine, au Kosovo,en Asie, dans l’ex-URSS, est décrite minutieusement dansce livre. (2) Brzezinski, conseiller à la sécurité d’Etat des Etats-Unis, a fourni ces éléments dans son livre Le Grand Echi-quier.(3) Les banques créent de la monnaie par le crédit et doivent faire face à leurs échéances, en ayant des réservesobligatoires. La déréglementation financière avait faci-lité le rapport réserves-engagements, (soixante-douzefois chez Lehman Brothers, au lieu de douze fois la normelégale). (4) Las Vegas a été construite en plein désert par le tréso-rier de Cosa Nostra aux Etats-Unis (Meyer Lansky).

L’ACTUALITÉ INTERNATIONALE Semaine du 13 au 19 août 2015INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 364

Un dossier de Christian Coudène

Selon un rapport de l’ONU de janvier 2010, l’argent de la drogue a sauvé le système financier international en 2008. Les banques étaient à court d’argent liquide,et, malgré les efforts des banques centrales qui renflouaient massivement le système bancaire, il y aurait eu beaucoup plus de faillites sans les liquidités dont disposent les mafias, 400 milliards de dollars par an provenant de la drogue, et 1 000 milliards pour l’ensemble des trafics.L’Union européenne a exigé de prendre en compte le trafic de drogue et la prostitution dans le calcul du PIB, donnant ainsi cyniquement une reconnaissance officielle à la contribution de ces secteurs à la « richesse » d’un pays. Ce qui a été fait par le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne.Cette économie souterraine non seulement s’étend, mais elle s’intègre toujours plus dans l’économie légale.

L’économie de la drogue

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Lucky Luciano.

Un fléau pour la jeunesse...

Champ de pavot en Afghanistan.

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La Bourse de Wall Street, à New York.

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Saisie de cocaïne à Lima en 2014.