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jeudi 12 mai 2016 LE FIGARO 30 CULTURE À peine dévoilé, le week-end dernier en téléchargement sur iTunes et la plateforme de streaming Apple Music, le nouvel album de Radiohead, A Moon Shaped Pool, a été accueilli par un immense soupir de soulagement. Ceux qui avaient été agacés par la direc- tion assez étouffante prise sur leurs deux derniers albums, In Rainbows en 2007 et King of Limbs quatre ans plus tard, sa- luent le retour en grâce d’une formation admirée depuis OK Computer en 1997. Ceux qui avaient acclamé ces expéri- mentations y vont aujourd’hui de leur révisionnisme, considérant A Moon Sha- ped Pool comme leur meilleur album de- puis… OK Computer, justement. Pas à un reniement près, ils apprécient de re- trouver une instrumentation acoustique après avoir porté au pinacle les expé- riences échevelées d’un groupe qui avait rompu avec l’esthétique rock dès 2000. Chœur en majesté A Moon Shaped Pool revêt en effet les contours d’un nouveau chef-d’œuvre de la part d’une formation qui figure parmi les plus originales et influentes de la scène britannique des vingt-cinq der- nières années. De celles qui donnent le ton, font et défont les modes au gré de leur inspiration. En privilégiant aujour- d’hui l’écriture de chansons aux textu- res sonores prédominantes depuis quel- ques disques, Radiohead parvient à revenir au premier plan à un âge critique pour la plupart des groupes de rock. Greenwood et Ed O’Brien ont été mises en sourdine, ainsi que les machines, omniprésentes ces dernières années, afin de laisser l’espace à un ensemble à cordes et à un chœur en majesté. Ici, la fluidité est reine, les arpèges de guitares acoustiques feutrées et les rythmiques rentrées servant le propos de chansons qui ressemblent à une quête spirituelle plutôt qu’à des manifestes. Thom Yorke et ses camarades étaient devenus prévisibles, essorant leurs plus fidèles admirateurs à force de produc- tions complaisantes. Le chant du leader, de plus en plus caricatural, avait fini par éloigner le groupe de ses fans. L’embargo critique demeurait cependant, et, avec lui, l’interdiction d’émettre la moindre réserve quant à l’œuvre d’un collectif canonisé dès la fin des années 1990. Après avoir été incompris, voire un peu méprisé sur ses deux premiers albums (Pablo Honey et The Bends), Radiohead avait rejoint le club très fermé des intou- chables. Les albums solo de Thom Yorke et du batteur Phil Selway, pourtant anecdotiques, avaient bénéficié de ce statut à leur tour. Mais c’est du côté du sorcier du son Jonny Greenwood, multi-instrumentiste échevelé, qu’il fallait chercher l’âme. En signant des bandes originales stupéfian- tes, notamment pour les films de Paul Thomas Anderson, There Will Be Blood, The Master et Inherent Vice, Greenwood prouvait l’étendue de son érudition. En 2016, le collectif reprend le dessus, avec un sens du timing impeccable. Les deux concerts du Zénith de Paris (les 23 et 24 mai) comme celui des Nuits de Four- vière à Lyon le 1 er juin se sont remplis en un clic. A Moon Shaped Pool, Radiohead, XL/Beggars, sortie physique le 17 juin. Repérés dès 1992, entre les derniers feux grunge et avant l’émergence de la brit-pop, les musiciens ont toujours for- mé un continent à part. C’est ce qui a fait à la fois leur force artistique et leur diffi- culté à être appréhendés. Jamais à l’aise dans une case, Radiohead a passé sa vie à enjamber les barrières entre les esthéti- ques, quitte à forcer le trait parfois. En 2016, le groupe trouve un nouvel équili- bre entre analogique et numérique et parvient à une impressionnante synthè- se entre ses différentes options. Pourtant, A Moon Shaped Pool ne res- semble à aucun autre de leurs albums. Les guitares électriques de Jonny Radiohead, retour en grâce CHRONIQUE Le groupe anglais sort « A Moon Shaped Pool », son album le plus convaincant depuis de longues années. Radiohead a trouvé un nouvel équilibre. SEBASTIAN EDGE/BEGGARS LA MUSIQUE Olivier Nuc [email protected] François Morellet, une lumière s’éteint François Morellet devant une de ses œuvres lors de la rétrospective que lui consacrait le Centre Pompidou en 2011. JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO DISPARITION Minimaliste avant l’heure, l’artiste avait 90 ans. Le monde de l’art salue celui qui fut le premier à utiliser le néon. PAR VALÉRIE DUPONCHELLE £@VDuponchelle Q ui a rencontré François Mo- rellet a gardé en mémoire le souvenir très doux d’un hom- me intensément civilisé. François Alexis Charles Albert Morellet était né à Cholet en 1926. Ce fils de bonne et prospère famille en avait hé- rité la courtoisie naturelle et un charme intemporel, propre à la province. L’ar- tiste autodidacte est ailleurs, refuse la mode d’alors, l’École de Paris et l’abs- traction lyrique. Marqué par l’exemple de Mondrian, par la découverte de l’art concret au Brésil en 1951 et par les motifs géométriques des « azulejos » de l’Al- hambra de Grenade en 1952, il chercha sa voie mais évita le sérieux pénétrant de la jeune génération qui lui succède désor- mais. L’humour était sa politesse. Et pourtant, quel esprit virevoltant chez ce précurseur du minimalisme lorsqu’il créa au Louvre en 2010 un nouveau dé- cor pour le palais, faisant tanguer les fe- nêtres ovales de l’escalier Lefuel dans l’aile Richelieu. Presque rien qui chan- geait tout par ce qu’il appela « l’esprit d’escalier », sa signature. Et pourtant, quel sens du sacré lorsqu’il accrocha à 83 ans ses tableaux historiques, presque vierges, et ses néons suppliants au cou- vent de La Tourette, monument du Cor- busier, pendant la Biennale de Lyon 2009, à l’invitation de frère Marc. Et pourtant, quelle jeunesse dans sa rétros- pective de lumière à Beaubourg en 2011. «Il a mis la géométrie dans les spasmes, laissé le chiffre Pi ou l’annuaire du télé- phone décider de ses structures formelles. L’abstraction chez Morellet était joyeuse. L’homme était toujours gai, jovial, prêt à un calembour et tous ceux qui l’ont appro- ché l’aimaient et se réjouissaient de le ren- contrer », confie au Figaro son ami Al- fred Pacquement, ancien directeur du Musée national d’art moderne. « Enga- ger une exposition avec un artiste deman- de souvent un délicat travail d’approche et d’apprentissage. Dans le cas de François, c’était un immédiat plaisir de tous les ins- tants. J’ai eu cette chance avec l’exposi- tion “Réinstallations” au Centre Pompi- dou, il y a cinq ans. Il avait eu l’idée de faire renaître des œuvres qui n’étaient plus visibles. Avec Serge Lemoine (ancien directeur du Musée d’Orsay, NDLR), complice de la première heure, nous nous sommes bien amusés, tout en réalisant une magnifique exposition qui retraver- sait toute son œuvre. » Et de se souvenir de leur première rencontre : «Je crois avoir ressenti l’en- jeu de son travail pour la première fois en découvrant, dans l’exposition du Cnac en 1971, ses petites peintures intitulées Ré- partition aléatoire de 40 000 carrés sui- vant les chiffres pairs et impairs du télé- phone. La rigueur de l’abstraction géométrique, la lourde théorie des lignes orthogonales volaient en éclats en laissant place au hasard. » Et de le hisser depuis sur le piédestal. « Morellet était un très grand artiste de stature internationale, fi- dèle à une démarche commencée dans les années d’après-guerre et qu’il n’avait cessé de développer. Il était l’un des tout premiers à avoir fait usage du néon, avait multiplié les murs peints et autres “désin- tégrations” architecturales, comme on peut en voir au Louvre et au Palais-Royal. Ses œuvres, y compris les plus récentes, restaient d’une fraîcheur et d’une liberté remarquables. Il a participé à la grande histoire de l’abstraction en laissant ses œuvres obéir aux lois du jeu et du ha- sard. » Même écho ému et respectueux chez Fabrice Hergott, directeur du Musée d’art moderne de la Ville de Paris. « François Morellet était l’homme le plus gentil et le plus drôle du monde. Mais il ne riait que de lui-même, de son œuvre pas- sée, actuelle, de son histoire, de sa carriè- re, de l’art optique, de toutes les certitu- des. Quand je suis arrivé au Musée d’art moderne, il était venu me voir avec son épouse pour me proposer une exposition qui allait s’appeler “Quand j’étais petit je ne faisais pas grand 1952-2007”, mon- trant de très beaux petits tableaux anciens confrontés à ceux qu’il était en train de faire et qui en étaient un agrandissement. Le résultat a été une merveille, Didier Faustino en avait été le scénographe, et le très beau catalogue, un monument d’es- prit à la Morellet. Tout s’était fait dans la bonne humeur et comme dans un rêve. La dernière fois que je l’ai revu, il y a quelques années, il venait de se faire installer une poche en plastique. Une chose affreuse. Mais il répétait à qui voulait l’entendre : “Ah ! j’ai vraiment de la chance : on vient de m’installer un canal de plus !”» «En route encore une fois vers l’hôpital, François Morellet me disait récemment qu’il se sentait comme une vieille automo- bile, passant le plus clair de son temps au garage », renchérit le jeune Matthieu Poirier, co-commissaire auprès de Serge Lemoine de l’exposition « Dynamo ! » au Grand Palais en 2013. « Cet esprit, cet humour et cette autodérision dont il ne se départissait jamais, étaient tout sauf lé- gers. Ils trahissaient non seulement l’es- prit critique, mais aussi la pudeur d’un artiste se mettant en retrait pour laisser toute sa place à la relation dynamique que ses œuvres instaurent avec leur observa- teur, sur un plan tant sensible que concep- tuel. Tableaux, reliefs ou installations, ces œuvres questionnent constamment, dans ses fondements, la structure de la matière, de l’idée et du visible, et ce depuis près de soixante-dix ans ! Avec les grands inven- teurs du minimalisme et du cinétisme comme Heinz Mack, Jésus-Raphael Soto ou encore Julio Le Parc, aux côtés des- quels il fonda le Groupe de recherche d’art visuel en 1960, Morellet a toujours refusé de choisir entre l’épure géométrique et le chaos vibratoire. En 1967, alors que lui est reprochée l’“agressivité” de ces œuvres qui emploient des néons clignotants et des trames palpitantes, il explique que ces pulsations sont au contraire une réaction à l’“aspect souriant et rassurant” ainsi qu’à la “fausse douceur (d’une) société qui se caractérise par la suppression de toute agressivité” .» Morellet a participé à la grande histoire de l’abstraction en laissant ses œuvres obéir aux lois du jeu et du hasard ALFRED PACQUEMENT

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jeudi 12 mai 2016 LE FIGAROA

30 CULTURE

Àpeine dévoilé, le week-enddernier en téléchargementsur iTunes et la plateformede streaming Apple Music, lenouvel album de Radiohead,

A Moon Shaped Pool, a été accueilli par un immense soupir de soulagement. Ceux qui avaient été agacés par la direc-tion assez étouffante prise sur leurs deux derniers albums, In Rainbows en 2007 et King of Limbs quatre ans plus tard, sa-luent le retour en grâce d’une formation admirée depuis OK Computer en 1997. Ceux qui avaient acclamé ces expéri-mentations y vont aujourd’hui de leur révisionnisme, considérant A Moon Sha-ped Pool comme leur meilleur album de-puis… OK Computer, justement. Pas à un reniement près, ils apprécient de re-trouver une instrumentation acoustique après avoir porté au pinacle les expé-riences échevelées d’un groupe qui avait rompu avec l’esthétique rock dès 2000.

Chœur en majestéA Moon Shaped Pool revêt en effet les contours d’un nouveau chef-d’œuvre de la part d’une formation qui figure parmi les plus originales et influentes de la scène britannique des vingt-cinq der-nières années. De celles qui donnent le ton, font et défont les modes au gré de leur inspiration. En privilégiant aujour-d’hui l’écriture de chansons aux textu-res sonores prédominantes depuis quel-ques disques, Radiohead parvient à revenir au premier plan à un âge critiquepour la plupart des groupes de rock.

Greenwood et Ed O’Brien ont été mises en sourdine, ainsi que les machines, omniprésentes ces dernières années, afin de laisser l’espace à un ensemble à cordes et à un chœur en majesté. Ici, la fluidité est reine, les arpèges de guitares acoustiques feutrées et les rythmiques rentrées servant le propos de chansons qui ressemblent à une quête spirituelle plutôt qu’à des manifestes.

Thom Yorke et ses camarades étaientdevenus prévisibles, essorant leurs plus fidèles admirateurs à force de produc-tions complaisantes. Le chant du leader, de plus en plus caricatural, avait fini par éloigner le groupe de ses fans. L’embargocritique demeurait cependant, et, avec lui, l’interdiction d’émettre la moindre réserve quant à l’œuvre d’un collectif canonisé dès la fin des années 1990. Après avoir été incompris, voire un peu méprisé sur ses deux premiers albums (Pablo Honey et The Bends), Radiohead avait rejoint le club très fermé des intou-chables. Les albums solo de Thom Yorke et du batteur Phil Selway, pourtant anecdotiques, avaient bénéficié de ce statut à leur tour.

Mais c’est du côté du sorcier du sonJonny Greenwood, multi-instrumentiste échevelé, qu’il fallait chercher l’âme. En signant des bandes originales stupéfian-tes, notamment pour les films de Paul Thomas Anderson, There Will Be Blood, The Master et Inherent Vice, Greenwood prouvait l’étendue de son érudition. En 2016, le collectif reprend le dessus, avec un sens du timing impeccable. Les deux concerts du Zénith de Paris (les 23 et 24 mai) comme celui des Nuits de Four-vière à Lyon le 1er juin se sont remplis en un clic.A Moon Shaped Pool, Radiohead, XL/Beggars, sortie physique le 17 juin.

Repérés dès 1992, entre les derniersfeux grunge et avant l’émergence de la brit-pop, les musiciens ont toujours for-mé un continent à part. C’est ce qui a fait à la fois leur force artistique et leur diffi-culté à être appréhendés. Jamais à l’aise dans une case, Radiohead a passé sa vie à enjamber les barrières entre les esthéti-ques, quitte à forcer le trait parfois. En 2016, le groupe trouve un nouvel équili-bre entre analogique et numérique et parvient à une impressionnante synthè-se entre ses différentes options.

Pourtant, A Moon Shaped Pool ne res-semble à aucun autre de leurs albums. Les guitares électriques de Jonny

Radiohead, retour en grâce CHRONIQUE Le groupe anglais sort « A Moon Shaped Pool », son album le plus convaincant depuis de longues années.

Radiohead a trouvé un nouvel équilibre. SEBASTIAN EDGE/BEGGARS

LA MUSIQUEOlivier [email protected]

François Morellet, une lumière s’éteint

François Morelletdevant une de ses

œuvres lors de larétrospective que luiconsacrait le Centre

Pompidou en 2011.JEAN-CHRISTOPHE

MARMARA/LE FIGARO

DISPARITION Minimaliste avant l’heure, l’artiste avait 90 ans. Le monde de l’art salue celui qui fut le premier à utiliser le néon. PAR VALÉRIE DUPONCHELLE £@VDuponchelle

Q ui a rencontré François Mo-rellet a gardé en mémoire lesouvenir très doux d’un hom-me intensément civilisé.François Alexis Charles Albert

Morellet était né à Cholet en 1926. Ce fils de bonne et prospère famille en avait hé-rité la courtoisie naturelle et un charme intemporel, propre à la province. L’ar-tiste autodidacte est ailleurs, refuse la mode d’alors, l’École de Paris et l’abs-traction lyrique. Marqué par l’exemple de Mondrian, par la découverte de l’art concret au Brésil en 1951 et par les motifs géométriques des « azulejos » de l’Al-hambra de Grenade en 1952, il chercha savoie mais évita le sérieux pénétrant de la jeune génération qui lui succède désor-mais. L’humour était sa politesse. Et pourtant, quel esprit virevoltant chez ce précurseur du minimalisme lorsqu’il créa au Louvre en 2010 un nouveau dé-cor pour le palais, faisant tanguer les fe-nêtres ovales de l’escalier Lefuel dans l’aile Richelieu. Presque rien qui chan-geait tout par ce qu’il appela « l’esprit d’escalier », sa signature. Et pourtant, quel sens du sacré lorsqu’il accrocha à 83 ans ses tableaux historiques, presque vierges, et ses néons suppliants au cou-vent de La Tourette, monument du Cor-busier, pendant la Biennale de Lyon 2009, à l’invitation de frère Marc. Et pourtant, quelle jeunesse dans sa rétros-pective de lumière à Beaubourg en 2011.

«Il a mis la géométrie dans les spasmes,laissé le chiffre Pi ou l’annuaire du télé-phone décider de ses structures formelles. L’abstraction chez Morellet était joyeuse. L’homme était toujours gai, jovial, prêt à un calembour et tous ceux qui l’ont appro-ché l’aimaient et se réjouissaient de le ren-contrer », confie au Figaro son ami Al-fred Pacquement, ancien directeur du Musée national d’art moderne. « Enga-ger une exposition avec un artiste deman-de souvent un délicat travail d’approche etd’apprentissage. Dans le cas de François, c’était un immédiat plaisir de tous les ins-tants. J’ai eu cette chance avec l’exposi-tion “Réinstallations” au Centre Pompi-dou, il y a cinq ans. Il avait eu l’idée de faire renaître des œuvres qui n’étaient plus visibles. Avec Serge Lemoine (ancien directeur du Musée d’Orsay, NDLR), complice de la première heure, nous nous sommes bien amusés, tout en réalisant une magnifique exposition qui retraver-sait toute son œuvre. »

Et de se souvenir de leur premièrerencontre : «Je crois avoir ressenti l’en-jeu de son travail pour la première fois en découvrant, dans l’exposition du Cnac en 1971, ses petites peintures intitulées Ré-partition aléatoire de 40 000 carrés sui-vant les chiffres pairs et impairs du télé-phone. La rigueur de l’abstraction géométrique, la lourde théorie des lignes orthogonales volaient en éclats en laissant place au hasard. » Et de le hisser depuis sur le piédestal. « Morellet était un très grand artiste de stature internationale, fi-dèle à une démarche commencée dans les années d’après-guerre et qu’il n’avait cessé de développer. Il était l’un des tout premiers à avoir fait usage du néon, avait multiplié les murs peints et autres “désin-tégrations” architecturales, comme on peut en voir au Louvre et au Palais-Royal.

Ses œuvres, y compris les plus récentes, restaient d’une fraîcheur et d’une liberté remarquables. Il a participé à la grande histoire de l’abstraction en laissant ses œuvres obéir aux lois du jeu et du ha-sard. »

Même écho ému et respectueux chezFabrice Hergott, directeur du Musée d’art moderne de la Ville de Paris. « François Morellet était l’homme le plus gentil et le plus drôle du monde. Mais il ne riait que de lui-même, de son œuvre pas-sée, actuelle, de son histoire, de sa carriè-re, de l’art optique, de toutes les certitu-des. Quand je suis arrivé au Musée d’art moderne, il était venu me voir avec son épouse pour me proposer une exposition qui allait s’appeler “Quand j’étais petit je ne faisais pas grand 1952-2007”, mon-trant de très beaux petits tableaux anciensconfrontés à ceux qu’il était en train de faire et qui en étaient un agrandissement. Le résultat a été une merveille, Didier Faustino en avait été le scénographe, et le très beau catalogue, un monument d’es-prit à la Morellet. Tout s’était fait dans la bonne humeur et comme dans un rêve. La

dernière fois que je l’ai revu, il y a quelquesannées, il venait de se faire installer une poche en plastique. Une chose affreuse. Mais il répétait à qui voulait l’entendre : “Ah ! j’ai vraiment de la chance : on vient de m’installer un canal de plus !”»

«En route encore une fois vers l’hôpital,François Morellet me disait récemment qu’il se sentait comme une vieille automo-bile, passant le plus clair de son temps au garage », renchérit le jeune Matthieu Poirier, co-commissaire auprès de Serge Lemoine de l’exposition « Dynamo ! » au Grand Palais en 2013. « Cet esprit, cet humour et cette autodérision dont il ne se départissait jamais, étaient tout sauf lé-gers. Ils trahissaient non seulement l’es-prit critique, mais aussi la pudeur d’un artiste se mettant en retrait pour laisser toute sa place à la relation dynamique que ses œuvres instaurent avec leur observa-teur, sur un plan tant sensible que concep-tuel. Tableaux, reliefs ou installations, ces œuvres questionnent constamment, dans ses fondements, la structure de la matière,de l’idée et du visible, et ce depuis près de soixante-dix ans ! Avec les grands inven-teurs du minimalisme et du cinétisme comme Heinz Mack, Jésus-Raphael Soto ou encore Julio Le Parc, aux côtés des-quels il fonda le Groupe de recherche d’art visuel en 1960, Morellet a toujours refusé de choisir entre l’épure géométrique et le chaos vibratoire. En 1967, alors que lui est reprochée l’“agressivité” de ces œuvres qui emploient des néons clignotants et des trames palpitantes, il explique que ces pulsations sont au contraire une réaction à l’“aspect souriant et rassurant” ainsi qu’à la “fausse douceur (d’une) société quise caractérise par la suppression de toute agressivité” .» ■

“Morellet a participé à la grande histoire de l’abstraction en laissant ses œuvres obéir aux lois du jeu et du hasard”ALFRED PACQUEMENT

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La Croix -jeudi 12 mai 2016

Culture20

François Morellet, l’homme des lumières

étoiles filantes

Sur la Croisette, l’insouciance perdue

tLe plasticien français est décédé hier à l’âge de 90 ans.tAnimé par un double esprit de jeu et de rigueur, il avait créé une œuvre épurée et spirituelle.

Son visage respirait la malice et la simplicité. Son œuvre la clarté et la force de la sobriété. Le plasticien François Morellet, dont le nom demeure sans doute peu connu du grand public, était un artiste de tout premier plan, qui avait, dès les années 1960, fait de la lu-mière sa « matière première ». Les grands musées et manifestations du monde lui avaient ouvert leurs portes, de Venise à Séoul et de Ber-lin à Los Angeles, en passant évi-demment par Paris, où le Centre Georges-Pompidou lui consacrait une rétrospective en 2011.

Un an plus tôt, le Louvre l’avait invité à créer des vitraux pour l’escalier Lefuel (édifié au début des années 1850), réalisation pé-renne, radieuse et épurée, d’un plasticien contemporain dans le temple de l’art ancien…

Fr a n ç o i s M o re l l e t n a î t l e 30 avril 1926 à Cholet, dans une fa-mille reconnue : sa mère est la fille du maire de la ville et son père, sous-préfet de Mayenne puis di-recteur d’une entreprise de jouets. Les lettres et la culture font partie du quotidien des Morellet, avec un zeste de fantaisie, puisée chez Al-phonse Allais, Pierre Dac et Fran-cis Blanche. François Morellet en gardera un goût prononcé pour les jeux de mots et d’esprit qu’il intègre à son travail.

Tandis qu’il étudie le russe aux langues orientales et se passionne pour la musique, le jazz notam-ment – il épousera d’ailleurs une pianiste, Danielle Marchand, en 1946  –, le jeune homme com-mence à dessiner et à peindre. D’abord séduit par la figuration d’un Dufy ou d’un Modigliani, François Morellet est frappé par les formes et motifs extra-euro-péens dont la géométrie, à la fois abstraite et signifiante, jouera sans nul doute un rôle dans l’éclo-sion de son style propre. C’est au retour d’un voyage au Brésil qu’il livrera ses premières créations

géométriques, au tout début des années 1950.

L’influence de Mondrian qu’il a découvert avec admiration semble alors évidente : croise-ment rigoureux de lignes perpen-diculaires, harmonies ou chocs complémentaires des couleurs.

Souvent, un artiste qui trouve sa voie est tenté de la théoriser, de la traduire en un mouvement, un collectif. En 1960, François Morel-let participe ainsi à la fondation du Groupe de recherche d’art vi-suel (Grav) avec les Hongrois Véra et Feri Molnar. Et c’est sous la bannière du Grav qu’il expo-

sera en 1963, à Paris, sa première œuvre utilisant des néons : 4 Pan-neaux avec 4 rythmes d’éclairage interférents.

Contre une paroi de musée ou de galerie, insérée à un élément d’architecture ou même partie in-tégrante d’un bâtiment, ses struc-tures de néon vont prendre au fil du temps de multiples dimen-sions, nuances et ampleurs.

François Morellet est de ceux qui souhaitent faire vivre et vibrer l’art dans le quotidien des gens et non dans les seuls lieux réservés à sa contemplation.

Ici des angles aigus, là des courbes sensuelles – les deux pou-vant s’affronter, illustrant l’inso-luble quadrature du cercle… – ou des tubes lumineux ruisselant avec une grâce millimétrée du plafond jusqu’au sol. Toujours ce jeu, puissant mais sans agressi-vité, avec l’espace modelé par la lumière et avec le regard du spec-tateur, rendu plus brillant par le reflet des néons.Emmanuelle Giuliani

CannesDe notre envoyé spécial

Qu’il est loin le temps de l’insou-ciance ! L’époque où, si l’on en croit les témoignages des vétérans, l’at-mosphère sur la Croisette était lé-gère, allègre, vivifiante. Quand ac-teurs vedettes et maîtres du 7e art étaient encore abordables. Au-jourd’hui, une armada d’attachés de presse fait barrage, éloigne, sé-lectionne, trie, au profit d’un indi-gent buzz médiatique.

Qu’il est loin le temps de l’insou-ciance ! Le Festival de Cannes 2016 est en état d’alerte. Depuis des se-maines, services de police et de

renseignement peaufinent un dis-positif de sécurité serré, visible et invisible, pour tenter de repous-ser la tentation terroriste, en mal d’efficacité et de publicité pour ses sombres besognes.

Le rendez-vous cannois, qui brasse sur un très petit périmètre une foule considérable, de pro-fessionnels comme de badauds, concentré de célébrités en mon-diovision, suivies par les réseaux sociaux, serait évidemment la cible idéale et la caisse de réso-nance rêvée pour les artificiers du malheur. Lesquels auraient, sur ce théâtre d’opérations, de quoi justi-

fier leurs exactions. Tant cette fête du cinéma qui célèbre la liberté de créer, et les excès qui l’accom-pagnent, déploie la gamme de ce qu’ils prétendent abhorrer. Bien que nourris de cet imaginaire qui les fascine et parfois les inspire…

Vaisseaux militaires dans la baie, au milieu des yachts, inspections en zodiac, nageurs-sauveteurs, dé-mineurs, armées, forces de l’ordre disséminées, un demi-millier de caméras municipales braquées sur les passants, contrôles renfor-cés pour accéder aux projections. À la veille de l’ouverture, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’inté-

rieur, est venu sur place confirmer : « Nous sommes face à un risque qui n’a jamais été aussi élevé et face à un ennemi déterminé à nous frap-per à chaque instant. » La menace est dans tous les esprits. Ambiance. Suivre le Festival de Cannes, c’est habituellement entrer dans une bulle coupée du monde (dont elle offre sur grand écran une palette infinie de reflets). Une autre bulle la recouvre désormais.

Jamais le palais des festivals, alias « le bunker », n’avait autant mérité ce surnom guerrier qui dé-signe une position retranchée.Jean-Claude Raspiengeas

François Morellet devant l’une de ses æuvres. P. Bastien/Divergence

Les lettres et la culture font partie du quotidien des Morellet, avec un zeste de fantaisie, puisée chez Alphonse Allais, Pierre Dac et Francis Blanche.

essentielDanse T Didier Deschamps candidat à sa propre succession à ChaillotLe chorégraphe, dont le premier mandat à la tête du Théâtre national de Chaillot prend fin en juillet, a pré-senté mardi les 30 spectacles programmés en 2016-2017. « Confiant » en ses chances d’être reconduit à la direction, il peut se féliciter de la hausse du taux de remplissage, passé de 77 % à 84 % pour la saison en cours. D’importants travaux de rénovation du désormais nommé « Théâtre national de la danse » ont été entrepris pour 19 millions d’euros.

ÉditionPhilippe Robinet prend la tête de Calmann-LévyCalmann-Lévy a un nouveau patron, Philippe Robinet, 52 ans, nommé hier directeur général. Il succède à Florence Sultan, 52 ans également, qui dirigeait Calmann-Lévy, une filiale de Hachette Livre, depuis juin 2008. Arnaud Nourry, PDG de Hachette Livre, a souligné le « parcours d’éditeur très à l’écoute de tous les lectorats », et le « sa-voir-faire pointu en matière de promotion des ouvrages » de Philippe Robinet. Celui-ci était président-directeur gé-néral de Kero, qu’il a cofondé et qui a rejoint Hachette Livre en 2015. Il dirigera désormais Kero et Calmann-Lévy.

Presse T La brève existence du quotidien The New DayThe New Day, lancé il y a dix se-maines par le groupe de presse du Trinity Mirror (The Daily Mirror, The Sunday Mirror…), a cessé de paraître. Lancé à 2 millions d’exemplaires, gra-tuitement le premier jour, puis au prix de 50 pences (63 cen-times d’euros), le titre traitait les actualités essentielles en privilégiant une « vision posi-tive et optimiste des nouvelles ». Il avait choisi de fonctionner sans site Internet, mais de miser sur les réseaux sociaux. Il lui fallait 200 000 lecteurs, il en avait 40 000.

XSur la-croix.com tLe bicentenaire

de Pierre Larousse et l’édition du dictionnaire 2017

tÀ Strasbourg, La Défense d’aimer de Richard Wagner

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16 | culture VENDREDI 13 MAI 20160123

30 AVRIL 1926 Naissance à Cholet (Maine-et-Loire)1961 Fonde le collectif le GRAV, groupe de recherche d’art visuel1967 Exposé par la gale-rie Denise René, à Paris1986 Rétrospective au Centre Pompidou 2010 Installe au Louvre, L’Esprit d’escalier10 MAI 2016 Mort à Cholet

François Morellet éteint ses néonsL’artiste maître de l’abstraction avait intégré à son travail la géométrie et les contraintes, jusqu’à l’absurde

DISPARITION

J e vais beaucoup mieux quetous mes copains morts !Mais il ne faut pas s’obstiner,j’arrive à la limite… Je voustiendrai au courant ! » Ainsi

se confiait le facétieux plasticienFrançois Morellet en 2011, lors desa rétrospective au Centre Pom­pidou. Aventurier de l’abstrac­tion, ou rigoureux rigolardcomme il aimait à se définir, l’ar­tiste est décédé dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 mai, àl’âge de 90 ans. A Cholet, dans cetAnjou natal qu’il n’a jamaisquitté.

Aventurier, pourtant, FrançoisMorellet le fut bel et bien. Dé­jouant les dogmes, moquant les esprits de sérieux, inventant uneœuvre dont les paradoxesn’étaient qu’apparents : à la fois mathématique et ludique, légèreet insondable, aussi poétique quegéométrique. « Il n’y a pas dans mon travail de vérité intouchable,on peut y mettre ce qu’on veut. Duchamp a clamé que c’était le re­gardeur qui faisait l’œuvre, encoreune chose que ce salaud a diteavant moi ! », s’amusait­il.

Même dans ses dernières an­nées, aidé d’une canne et un peuoublieux, cet amoureux des im­provisations jazz gardait ce goûtpour le jeu, qu’il a porté en art àsa plus haute sophistication. « Je m’adore ! Toutes ces couillonna­des chics et pas chères me plaisentbeaucoup », se réjouissait­il ainsien visitant son exposition au Centre Pompidou, où ses digres­sions de néons brillaient de millefeux malicieux.

Règles strictesNé le 30 avril 1926 à Cholet, dansle Maine­et­Loire, ce fils de nota­bles découvre, dès l’enfance,grâce à son père, le délice desjeux de mots, en lisant AlphonseAllais, Pierre Dac et autres mem­bres du salon des incohérents.Formé à la peinture dès ses 16 ans, il commence en réaliste avant de subir les influences fon­damentales de l’art concret et deses lignes roides venues deSuisse, mais aussi des arts pre­miers, notamment les tapasocéaniens et leurs répétitions deformes, qu’il découvre dans lesannées 1940. Moins attendue

chez celui qui s’avoue une pas­sion tardive pour le baroque ba­varois, sa fascination pour l’Al­hambra de Grenade, découverten 1952 : « Quelle précision, quelle intelligence ! La forme d’art la plusprécieuse et décadente ! »

Fort de ces inspirations, il pro­duit ses premières peintures au sortir de la guerre, tout en repre­nant l’usine familiale de jouets.

C’est en 1951 qu’il se lance dansl’abstraction géométrique, avant d’exposer dès l’année suivanteaux côtés de l’Américain Ell­sworth Kelly, dont il restera pro­che. Peu à peu, les règles s’impo­sent dans son travail. Il peaufineson sens de l’absurde systémati­que en se passionnant pourl’Oulipo : comme les écrivainsqui, dans le sillage de Perec, fontde la contrainte l’instrument deleur liberté créative, Morellet dé­cide d’imposer des règles strictesà la composition de son œuvre. Digressions sur le nombre pi, dé­composition d’un arc brisé enfragments, répartition aléatoirede 40 000 carrés suivant les chif­fres pairs et impairs d’un an­nuaire, valses de parallèles à 0°,45°, 90°, etc. Ce « nul en maths »donnera toujours la solution duproblème dans ses titres.

Un collectif politique, le GRAVEn 1961, il fonde avec d’autres ar­tistes tout aussi trublions, dontbeaucoup ont fui l’Amérique la­tine, comme Julio Le Parc, un col­lectif hautement politique, leGRAV, ou Groupe de recherche d’art visuel. « On s’était lancésdans la “participacion del specta­dor” !, résumait­il joyeusement.C’est la période où j’ai basculé dans le plaisir de faire des choses très agressives. On faisait partici­per le spectateur en le brutalisant,moi peut­être plus encore que les autres… On étudiait beaucoup lesphénomènes optiques, en lisantdes livres très au­dessus de notre âge ! Dès 1962, on était convain­cus que la vraie peinture de ta­bleau était finie, finie. »

Comme la plupart de ses com­pères d’alors, il ne rencontre pasle moindre succès commercial.« Mais j’avais d’autres moyens degagner ma vie : ça permet d’êtreplus radical, comme Duchamp ouCézanne. On n’a alors aucun mé­rite à faire des œuvres plus dures,le seul mérite qu’on a, c’est de con­

En 2008, devant son œuvre « Lunatique neonly 16 quarts de cercle n°1 », lors d’une exposition au Musée Würth, à Erstein (Bas­Rhin).PASCAL BASTIEN/

DIVERGENCE

tinuer à en faire. » C’est ainsi enpionnier que, à la même époqueque Dan Flavin aux Etats­Unis, il commence à exploiter les lumiè­res pas si froides du néon dansses installations. « J’ai passé beaucoup de temps à trouver desstratégies pour ne pas me salir lesdoigts. C’était invendable mais lesjeunes adoraient. Ce qui m’amuse,

c’est que certains pays mettent dela transcendance dans tout ça, àcommencer par l’Allemagne. Maisau prix où c’est maintenant, il fautbien mettre quelque chose de­dans ! »

Le GRAV lui vaut ses premièresreconnaissances internationa­les. La puissante galerie DeniseRené le repère, en 1967. Mais deson propre aveu, il lui faut atten­dre la dissolution du groupe, quiexplose avec Mai 68, pour penserautrement, et se remettre à pein­dre. Avec des règles, toujours, im­placables. « J’essaie de mettre lemoins possible de moi­même dans ces œuvres, le moins de déci­sions subjectives, analysait­il.Mon message, c’est de dire qu’iln’y a pas de message. Je suis, plusque la moyenne, indifférent.J’aime cette citation de Cioran : “Siun être humain perd la possibilitéde l’indifférence, il devient un cri­minel potentiel.” »

Les années 2010, son retourFrançois Morellet n’a cessé de­puis d’inventer des systèmes. Dé­coupant deux cercles en 16 hui­tièmes, faisant dégringoler desnéons selon tous les angles pos­sibles, imaginant mille usages àl’équerre et au rapporteur, mais aussi au hasard. « Les théories ab­surdement logiques, voilà ce que j’adore. Dans mes œuvres il y atoujours une règle. Je triche beau­coup dans la vie, mais jamais avecmes systèmes. Tout ce que vouspouvez voir, c’est très peu de mafaute. » Les années 1970 l’amè­nent à exposer à travers toute l’Europe (Pays­Bas, Pologne, etsurtout Allemagne).

Grand prix à la Biennale de SaoPaulo en 1975, collaboration avec Leo Castelli à New York : c’est la décennie de tous les succès. Maisil faut attendre 1986 avant qu’ungrand musée français, le CentrePompidou, ne le consacre enfin.Si cet infatigable géant n’a jamaiscessé de créer, les années 2010sont celles de son grand retour.

Le Musée national d’art mo­derne expose en ce moment unede ses installations les plus « ro­mantiques » : une jetée de bois qui se perd dans une mer denéons, comme un pied de nez àl’au­delà.

emmanuelle lequeux

philharmoniedeparis.fr - 01 44 84 44 84Porte de Pantin

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le vendredi 13 mai 2016, à partir de 15 heures.

... à l’Odéon-Théâtre de l’EuropeThéâtre de l’Odéon 6e

Pour assister à une représentation de

*10 invitations offertes aux premiers appelants, conformément au règlement du jeu.

Offre gratuite, sans obligation d’achat, jusqu’à concurrence du nombre de places disponibles. Le règlement du jeu déposé chez Me Augel huissierde justice à Paris, est adressé gratuitement sur demande à : Jeu Les Offres Culturelles du Monde - 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris.Les demandes de remboursement des frais de participation (selon modalités définies dans le règlement) doivent parvenir à la même adresse.

LA MOUETTED’Anton TchekhovMise en scène Thomas OstermeierAvec :Bénédicte Cerutti, Valérie Dréville, Cédric Eeckhout,Jean-Pierre Gos, François Loriquet, Sébastien Pouderoux dela Comédie-Française, Mélodie Richard, Matthieu Sampeur.

Dimanche 5 juin 2016 à 15 heures

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