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Exposé : LA FRANCOPHONIE EN LA FRANCOPHONIE EN AFRIQUE AFRIQUE Université Sidi Mohamed Ben Abdellah Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Dhar El Département de Langue et Littérature Françaises Master : Didactique du Français et Interculturalité (S1)

Francophonie en Afrique-1

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la francophonie en afrique, histoire, enjeux politicoéconomique.

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Exposé :

Année universitaire 2010-211

LA FRANCOPHONIE LA FRANCOPHONIE

EN AFRIQUEEN AFRIQUE

LA FRANCOPHONIE LA FRANCOPHONIE

EN AFRIQUEEN AFRIQUE

Université Sidi Mohamed Ben Abdellah

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Dhar El Mehraz – Fès

Département de Langue et Littérature Françaises

Master : Didactique du Français et Interculturalité (S1)

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Table des matières

1. Introduction sur La Francophonie..................................................................................2

2. Les pays Francophones Africains..................................................................................4

3. L’enseignement de la langue française dans les pays d’Afrique francophone..............7

4. LA FRANCOPHONIE MEDIATIQUE......................................................................11

5. L'Afrique francophone, quel développement durable?................................................17

6. La littérature francophone............................................................................................19

7. Le français langue d’avenir en Afrique........................................................................23

8. L’Afrique assure-t-elle l’avenir de la Francophonie?..................................................26

Bibliographie........................................................................................................................28

Sitographie...........................................................................................................................29

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1. Introduction sur La Francophonie

Le français est parlé par environ 200 millions de personnes sur les cinq continents. L’Afrique, avec 96,2 millions de locuteurs du français, est le continent où s’en trouve le plus grand nombre. L’Organisation internationale de la Francophonie comprend, aujourd’hui en 2010, 56 membres et 14 observateurs, soit plus du tiers des États membres des Nations unies. Trente des pays membres sont africains, et un pays membre associé.

L’un des paradoxes de la Francophonie est que les « pères fondateurs » de cette organisation ne sont pas nés dans l’Hexagone : Léopold Sédar Senghor (Sénégal, 1906-2001), Habib Bourguiba (Tunisie, 1903-2000), Hamani Diori (Niger, 1916-1989), Norodom Sihanouk (Cambodge, 1922-) ont été les promoteurs actifs d’un concept de « communauté organique » francophone. Léopold Sédar Senghor expose son projet de « communauté spirituelle de nations qui emploient le français, que celui-ci soit langue nationale, langue officielle ou bien langue d’usage » aux chefs d’État africains réunis à Tananarive (Madagascar), lors du sommet de l’Organisation commune africaine et malgache (OCAM) en juin 1966. L’idée d’édifier un « Commonwealth à la française » lui serait venue, comme il le dira plus tard, dès 1955, avant même les indépendances africaines. Le désir de « francophonie » a donc tout d’abord été exprimé hors de France, alors que le général de Gaulle lui-même avait gardé à l’époque une attitude prudente et réservée à l’égard d’une communauté ainsi définie.

Le terme de « francophonie » avait quant à lui été inventé par le géographe français Onésime Reclus (1837-1916). Le mot apparaît sous sa plume vers 1880 – autre paradoxe - dans un tout autre contexte historique. Les empires en cours de constitution au dix-neuvième siècle semblent à Onésime Reclus être l’avenir du monde, et la France doit selon lui y prendre sa place. Il prône alors l’expansion de l’empire colonial français, dont le socle et le lien solidaire des civilisations serait la langue française.

Le terme de « francophonie » a donc connu des ambiguïtés et parfois des contradictions, a évolué et recouvert des sens multiples. Selon l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun, « La francophonie est une maison pas comme les autres, il y a plus de locataires que de propriétaires ». Aujourd’hui, la définition courante de la Francophonie est celle d’une communauté de pays, de peuples ou d’hommes « ayant le français en partage », et partant des idées communes. Un des sens que l’on peut attribuer à l’adjectif « francophone », outre les sens linguistique, géographique et spirituel ou culturel, est le sens institutionnel définissant l’ensemble des organisations publiques et privées œuvrant dans l’espace francophone.

L’évolution de l’organisation elle-même reflète le changement de contenu recouvert par le terme de francophonie dans un sens plus affirmé non plus seulement du point de vue culturel, mais aussi politique, aboutissant à celui des objectifs proclamés dans la nouvelle Charte de la Francophonie (23 novembre 2005). Pour ce qui est de l’Afrique, un exemple tout récent le montre : le Conseil permanent de la Francophonie (CPF), sous la présidence d’Abdou Diouf, a pu condamner le 1er mars 2010

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le coup de force perpétré le 18 février 2010 au Niger qui a renversé le président Mamadou Tandja.

Quelques points de repère chronologiques illustrent cette évolution.

17-20 février 1969 La première conférence intergouvernementale des États francophones se réunit à Niamey (Niger). Dans le prolongement de l’action des présidents Senghor, Diori et Bourguiba, il s’agit de trouver les moyens de renouveler les liens unissant la France à ses anciennes colonies nouvellement indépendantes et au-delà à l’ensemble des pays parlant français.

16-20 mars 1970Deuxième conférence intergouvernementale des États francophones à Niamey. Le premier pas de la réalisation du projet francophone est posé avec la création de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) (dénommée en 1998 « Agence de la Francophonie »). La date du 20 mars deviendra en 1988 celle de la journée internationale de la Francophonie.

24-26 mai 1989Sommet de Dakar (Sénégal) et premier sommet de la Francophonie à se dérouler en terre africaine. Les questions d’éducation et de formation sont qualifiées de « domaine stratégique d’intervention ». La création de l’Université internationale francophone Senghor d’Alexandrie est décidée. La France renonce au remboursement de ses créances sur 35 États africains.

Juillet 1989Les premiers « Jeux de la Francophonie » ont lieu à Casablanca et Rabat (Maroc), et réunissent 1 800 participants venus de 30 pays.

2-4 décembre 1995Sommet de Cotonou (Bénin). Une volonté d’affirmation politique de la communauté francophone sur la scène internationale est exprimée, et s’accompagne d’une importante réforme institutionnelle, afin de donner une présence et une visibilité accrue à la Francophonie.

 26-27 novembre 2004Sommet de Ouagadougou (Burkina Faso), le dixième sommet. Des résolutions de la Déclaration concernent en particulier la crise en Côte d’Ivoiré

22-24 octobre 2010Le XIIIème sommet qui devait avoir lieu à Madagascar, se tiendra, en raison de la situation politique interne dans ce pays, à Montreux (Suisse).

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2. Les pays Francophones Africains

Dans l’Organisation Internationale de la Francophonie :27 États et Gouvernements membres et un État observateur (Mozambique).

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Les pays où le français est : unique langue officielle ou co-officielle:

Le français, unique langue officielle

Le français, langue co-officielle

Autre(s) langue(s)officielle(s)

1. Bénin2. Burkina Faso3. Congo4. Congo RD5. Côte d’Ivoire6. Gabon7. Mali8. Niger9. Sénégal10. Togo

11. Burundi12. Cameroun13. Centrafrique14. Djibouti15. Guinée16. Guinée Équatoriale17. Madagascar18. Rwanda19. Tchad

20. Kirundi21. Anglais22. Sango23. Arabe24. Langues nationales25. Espagnol26. Malgache+anglais27. Kinyarwanda+anglais28. Arabe

Les pays où le français est langue d’enseignement:

Le français, langue d’enseignement Langue officielle

Maroc

Mauritanie

Tunisie

Arabe

Arabe

Arabe

Le français, langue étrangère:

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Le français, langue étrangère Langue officielle

1. Cap-Vert 2. Égypte 3. Ghana 4. Guinée-Bissau5. Mozambique6. Sao Tomé et Principe

7. Portugais8. Arabe9. Anglais10. Portugais11. Portugais

12. Portugais

3. L’enseignement de la langue française dans les pays d’Afrique francophone 

a. les raisons historiques et politiques de la pérennisation de la langue française comme langue d’enseignement.

Le débat idéologique sur la place des langues nationales dans l’éducation ne peut se comprendre sans établir un parallèle avec l’histoire coloniale. Durant la colonisation, les langues africaines furent reléguées à un statut d’infériorité et la langue française imposée comme langue officielle Cette hiérarchie se retrouvait dès lors dans la qualification de « dialectes » des langues africaines. Le français fut utilisé comme un moyen de la politique dite d’assimilation qui visait à imposer la culture occidentale. L’utilisation des langues africaines fut interdite et réprimée aussi bien au sein des établissements scolaires qu’au sein de l’administration, où étaient directement destinées les élites des écoles coloniales.La langue française importée durant la colonisation est toujours la langue officielle de nombreux pays. L’absence de politique linguistique nationale au moment de l’indépendance entraîna la suprématie des langues étrangères. Ces dernières auraient alors été l’un des facteurs d’une unification linguistique neutre face à la multiplicité ethnique et linguistique africaine. En effet, il est complexe et couteux d’établir des programmes d’enseignement dans toutes les langues pratiquées, notamment au niveau de l’élaboration des manuels scolaires. De plus, sur quoi se baser pour choisir une langue parmi tant d’autres ?

Les pays d’Afrique du Nord, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, ont été arabisés après l’indépendance. Nous pouvons nous demander quels résultats ont rencontré ces pays. Dans ces pays, l’arabe est donc la langue d’enseignement primaire et secondaire.L’enseignement supérieur reste cependant majoritairement en langue française, ce qui pose certains problèmes. Ayant suivis leur scolarité primaire et secondaire en arabe, les jeunes se voient étudier en français à l’université mais ne maîtrisent pas toujours bien cette langue ce qui peut entraîner des problèmes d’acquisition des savoirs. L’enseignement supérieur

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devrait alors peut-être également être enseigné majoritairement en arabe. De plus, il est à noter que la langue tamazight n’a pas été prise en compte, alors que celle-ci est utilisée par une grande partie de la population. Le processus d’arabisation compte des points positifs mais n’exclue donc pas des aspects négatifs, et montre combien le choix des langues peut être complexe, et qu’il est à première vue plus simple de garder le français.

b. D’une langue imposée à un atout secondaire majeur

L’enseignement en français reste de nos jours majoritaire en Afrique francophone et est problématique pour plusieurs raisons. Pendant la colonisation déjà, « l’école française creusait un fossé entre deux mondes : celui des masses illettrées et celui des élites occidentalisées ». L’éducation en français tend à diviser la société entre ceux ayant un accès durable à l’éducation (minorité) et les autres (majorité). En effet, les jeunes ayant accès à l’éducation, apprennent en français, langue qu’ils ne pratiquent pas quotidiennement, et que leurs parents, surtout dans les campagnes, ne parlent que très peu. Des questions d’ordre scientifique sur l’efficacité de l’enseignement dans une langue différente de la langue maternelle se posent. Dans son ouvrage L’éducation en Afrique, leDéfi de l’excellence, Khadim Sylla affirme que de nombreuses études prouvent la plus grande efficacité de l’enseignement en langue maternelle et soulignent les difficultés rencontrées par l’enseignement dans une langue étrangère :« L’absence de continuum éducatif entre, d’une part, l’environnement clos d’apprentissage de l’élève, éduqué en langue étrangère et, d’autre part, son environnement social dominé par sa langue maternelle, intrinsèquement lié à sa psyché culturelle, explique, dans une large mesure, les difficultés d’acquisition des connaissances et de développement de la cognition chez l’enfant, condamné durant ses premières années de scolarisation à la mémorisation , qui n’est pas propre à développer l’esprit de créativité et d’initiative. ».Ceci ne revient pas à dire que le français doive totalement disparaître de l’enseignement. L’apprentissage du français doit être développé de manière à ce que, du passé colonial, ressorte un atout linguistique, primordial à l’heure de la mondialisation, et non le refus radical de tout ce qui concerne l’ancien colonisateur. Ainsi, alors que les langues nationales reviendraient au premier plan, le français serait un atout secondaire non négligeable qui pourrait servir de passerelle entre les différentes ethnies et vers l’étranger.

c. Comment est perçue la francophonie en Afrique ?

Le fait de parler français est perçu comme un outil de promotion sociale, mais aussi comme un outil d'ouverture à l'autre, notamment dans les pays où plusieurs langues nationales cohabitent. C'est enfin une ouverture vers l'extérieur, sachant que le français est, comme l'anglais, même si quantitativement c'est à une échelle moindre, parlé sur les cinq continents et dans bon nombre d'enceintes internationales. Surtout, dans le contexte actuel d'accélération de la mondialisation et face au risque d'uniformisation qui en découle, parler français est de plus en plus perçu comme un acte d'affirmation de la diversité du monde.

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4Statistiques 2010 sur les individus sachant lire et écrire le français en Afrique

Voici un extrait des statistiques du rapport : la langue française dans le monde 2010, le rapport de l'OIF. On y trouve plusieurs tableaux selon le mode de décompte. Pour certains pays, l'estimation du nombre de francophones a été retenue selon le critère d'alphabétisation. Est francophone quelqu'un qui sait lire et écrire le français.

Cela nous donne donc une image imparfaite du francophone en tant que locuteur mais nous aide néanmoins à nous faire une idée. Ainsi, pour la Côte d'Ivoire (ou pour d'autres pays), il faudrait gonfler le nombre de francophones si l'on considère le nombre de personnes qui parlent le français (presque 90%).

A noter que ces statistiques ne concernent que des pays membres de la francophonie.

 

Afrique : les individus sachant lire et écrire le français

Zone / Pays

Population en 2010 (en milliers)

Francophones (sachant lire et écrire ; en milliers)

En pourcentage de la population  totale

En pourcentage de la population âgée de 10 ans et plus

Afrique du Nord et Moyen-Orient Maroc 32381 10366 32% 39% Mauritanie 3366 429 13% 18%

Afrique Subsaharienne et Océan Indien Afrique Subsaharienne Bénin 9212 2984 32% 47% Burkina Faso 16287 3195 20% 30% Cameroun 19958 7078 36% 60% Centrafrique 4506 1306 29% 40% Congo 3759 2094 56% 78% Congo (République démocratique)

67827 30990 46% 68%

Côte d'Ivoire 21571 7390 34% 48% Gabon 1501 829 55% 73% Guinée 10324 2223 22% 31% Mali 13323 2416 18% 27%

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Niger 15891 1970 12% 20% Rwanda 10277 311 3% ND Sénégal 12861 3132 24% 35% Tchad 11506 1617 14% 21% Togo 6780 2252 33% 46% Océan Indien Comores 691 142 21% 33

Analyse

On remarque que le français est très présent en Afrique équatoriale : Cameroun, RDC, Gabon, Congo. Il l'est assez fortement le long du golfe de Guinée (Bénin, Togo, Côte d'Ivoire, Sénégal) et inégalement dans les pays sahéliens : Mauritanie, Niger, Mali, Tchad. Néanmoins, d'autres indicateurs montrent une très forte progression du français dans ces pays (notamment la Mauritanie) grâce à la scolarisation. Au Maroc, une solide implantation du français se poursuit.

En mettant en perspective ces chiffres grâce au reste du rapport, on note donc que le français progresse partout grâce aux progrès de la scolarisation notamment (grâce à une volonté politique d'adoption du français et de généralisation de son usage dans beaucoup de pays), mais aussi grâce à la diaspora établie en France et aux entreprises francophones établies dans ces pays.

d. Les fronts linguistiques de la francophonie En Afrique :

On peut estimer que le français va devenir (elle l'est déjà en partie) la langue d'union d'une grande partie de l'Afrique, peut-être la moitié, plus ou moins. Si elle est en compétition au Rwanda avec l'anglais, dans tout le reste des pays, le français est en nette progression comme on peut le constater dans les statistiques communiquées par les gouvernements à l'OIF pour ses rapports sur la situation de la francophonie. Apparemment, les dernières estimations prévoient une hausse importante du nombre de francophones.Le français devient donc la langue des élites dans les villes et son apprentissage est systématique. Les plus grands freins au développement du français sont le manque de professeurs qualifiés et la faible scolarisation (en durée ou en pourcentage) dans certains pays.Les fronts linguistiques sont les suivants ; au niveau du Rwanda, et depuis le génocide rwandais, une tension avec la France a favorisé l'ouverture vers l'anglais.

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En Madagascar, les élites sont souvent francophones, cependant le pays partage une langue qui est la malgache (même s'il y a des variantes et qu'une minorité est réticente à la propagation de la norme de la capitale). On assiste donc à une situation de coexistence. Le président malgache a tenté d'installer l'anglais sans doute un peu pour vouloir montrer qu'ils ne sont pas si liés à la France, mais les remous dernièrement ont mis un frein à cela. A côté de Madagascar existe aussi une présence francophone à la Réunion qui a une offre universitaire pour les étudiants de Madagascar, l'île Maurice où le français est majoritaire même si l'état a pour langue officielle l'anglais.Au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, le gouvernement a tenté d'ajouter le français comme seconde langue officielle au côté de l'anglais un peu pour embêter son ancienne puissance colonisatrice avec qui il était en froid. Cela n'a pas duré longtemps faute de moyens.Au Cameroun, pays constitué d'une petite partie héritée historiquement d'une colonie anglaise et d'une grosse partie héritée d'une colonie française, la majorité francophone tend à vouloir imposer sa langue mais parfois le français se mélange avec l’anglais.Certains pays sont entourés de pays francophones et adoptent également le français : le Ghana, les Guinées Bissau et Equatoriale.En Afrique équatoriale, le français s'impose comme langue véhiculaire dans de nombreux pays : Gabon, RDC, Congo, Togo, Bénin, Côte d'Ivoire, Niger, Tchad, etc...Au Sénégal, les élites parlent généralement français mais le Wolof tend à absorber les autres communautés linguistiques.Au RDC, le français se répand mais en parallèle de quatre autres langues véhiculaires (lingala...). Au Nord, le français est souvent en compétition avec l'arabe, souvent l'arabe classique car les gouvernements veulent s'inscrire dans une politique d'arabisation : en Mauritanie. En Mauritanie, le gouvernement arabophone veut imposer l'arabe tandis qu'une partie de la population parle un arabe dialectal et une autre le français ainsi que d'autres langues. Le français jouit de par sa présence historique d'une très large diffusion et les pays du Maghreb (Maroc, Tunisie) tablent sur cet héritage pour favoriser l'ouverture à l'international.Au Sud, le français est en situation avantageuse : il existe une forte demande de français dans les pays tels que le Mozambique, l'Angola notamment mais aussi en Afrique du Sud.

4. LA FRANCOPHONIE MEDIATIQUE.

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L’univers de la communication est aujourd’hui le théâtre de mutations sans précédent, du fait de l’avènement puis de l’essor du numérique, du câble, du satellite, de l’Internet, autant de technologies qui ont aboli, ou du moins sérieusement ébranlé les frontières entre les états car ces nouveaux modes de diffusion ignorent les barrières de l’espace et du temps. A l’heure de ces accélérations, déploiements et redéploiements, comment s’organise la francophonie médiatique en Afrique et quels sont ses principaux opérateurs.

e. LA RADIO

Au Maghreb, la Tunisie et le Maroc captent les chaînes de radio France mais sous porteuses, par satellite, de la chaîne de télévision TV5 ; leur accès reste donc limité. Leur réception est alors très instable, RFI est cependant présente dans toute la région.

La chaîne généraliste tunisienne RTCI diffuse en français 14h par jour. Le pays capte également Radio-Alger en français, MEDI 1, Europe 1 et Europe 2, 17 radios françaises privées par satellite. Au Maroc, 70℅ des programmes de la chaîne d’état RTM et 50℅ de ceux essentiellement musicaux, de la radio locale (Casablanca) Casa FM sont diffusées en français. MEDI 1 est la radio la plus écoutée, notamment son magazine féminin bilingue, « les matinées conseil ». Un projet de libération des ondes est évoqué, mais le paysage radiophonique n’a pas beaucoup changé. Dans le reste de l’Afrique, RFI et Africa no 1 diffusent en OC et en FM (les capitales surtout) et se partagent le marché des chaînes étrangères avec la BBC. En Centrafrique où la radio nationale émet en français et sango, RFI n’est écoutée que par un public lettré.

Africa no1 a permis un essor de l’audience radio, notamment en Guinée équatoriale. Elle est préférée à RFI au Togo par ses émissions plus variées.

RFI, qui a mis en place pour l’Afrique et l’Océan indien un réseau de partage d’information sur la toile (ARPINET) dont le centre régional a été installé à Ouagadougou en décembre 98, est également présente sur Worldspace :

ce nouveau mode de diffusion directe numérique par satellite (AfriStar) assure une couverture totale de l’ensemble du continent et permet d’offrir une véritable alternative dans les pays où RFI, ne disposant d’aucun relais FM, est uniquement écoutée en OC.

Les émissions d’information des chaînes publiques gabonaises RTRG 1 et 2 sont très écoutées, mais les stations musicales comme Top FM et Radio Nostalgie, dont les programmes sont en français et en langue vernaculaire, prennent le pas sur Radio Génération Nouvelle .

Au Mali, les quelques 95 radios de proximité (en langues nationales surtout) diffusent des informations, des émissions culturelles et sportives en français, comme la radio nationale ORTM.

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Au Burkina, outre la radio nationale, 53 radios FM émettent majoritairement en français, quelques unes proposant des émissions en langues locales (mooré). La situation est identique au Congo, lingala et kitula constituent les langues vernaculaires. En 1999 est née la radio privée éducative tchadienne Dja FM et le pays a accès par satellite aux chaînes RFI, Africa no 1, Media Tropical et Sport FM. Beaucoup de stations privées gabonaises, auxquelles s’identifient des catégories de population diverses, ont été créées. Le paysage radiophonique mauritanien n’a pas évolué faute de libération.

RADIO FRANCE INTERNATIONALE

RFI est la chaîne de l’influence française en Afrique francophone, elle vient au 4éme rang des radios internationales après BBC WORD et VOICE OF AMERICA et DE UTCHE WELLE.

Constitue un autre fer de lance de la francophonie médiatique avec son programme en français et ses émissions en 19 langues étrangères. RFI a fait l’objet d’une réappropriation singulière par les auditeurs africains, pour qui elle personnifie jusqu’à aujourd’hui une « voix de l’Afrique », attentive aux évolutions du continent, et professionnellement crédible.

Depuis les années 90, RFI a été entraînée dans la spirale des changements politiques de fond survenus sur le continent, et a dû concilier la double exigence d’une radio de souveraineté, conçue pour porter la vision française sur l’actualité, et d’une radio de service public où les acteurs, notamment politiques, de l’Afrique trouvent légitimement à s’exprimer dans leur combat pour la démocratie.

Mission périlleuse, qui a crée des situations dangereuses pour les journalistes, tel que Jean Hélène assassiné en Côte d’Ivoire en 2003, périlleuse aussi dans les rapports quotidiens, parfois conflictuels, avec le pouvoir français. Lors d’une interview, Mme Mathilde LANDIER responsable du service Langue Française explique le rôle que la RFI joue dans le domaine pédagogique en disant que cette dernière présente des émissions spécifiques consacrées à la langue qui s’adresse aux auditeurs maîtrisant le français de différentes manières.

Des programmes bilingues de sensibilisation et de perfectionnement à la langue française sont diffusés dans des émissions en langue étrangères s’adressent à un auditoire francophile non francophone. Ces auditeurs n’ont pas forcément les moyens d’accès à un apprentissage du français en institution. D’autre part, les programmes en français de RFI

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comme « La danse des mots », « Parler au quotidien », « Francophonie »et « Le journal en français facile » permettent à un auditoire francophone de garder le contact avec la langue telle qu’elle est parlée aujourd’hui.

f. LA TELEVISION

Au Maghreb, on peut capter la chaîne cryptée canal+horizons, les chaînes en clair par satellite : TV5, la cinquième, ARTE ou encore Festival, Odyssée, MCM et grâce au bouquet Arabesque, les chaînes du bouquet TPS, TF1, France3, M6 ainsi que la chaîne européenne EURONEWS.

Le français connaît un regain de vitalité en Algérie depuis 1999, le président BOUTAFLIKA s’exprimant en français à la télévision est un signe très fort.

Au Maroc, RTM repend des programmes de CFI, 2M des programmes de la cinquième, mais l’offre de chaînes francophones a nettement diminué depuis des années, face à la montée de l’offre de chaînes arabes.

Les chaînes françaises captées par satellite, connaissent un regain d’intérêt en Tunisie où Canal+horizons est regardée par 50 000 abonnés, au Maroc 35 000 abonnés et en Côte d’ivoire 32 000 abonnés. Dans le reste de l’Afrique on peut recevoir par bouquet satellitaire des chaînes francophones CFI, TV5, RTL9, MCM AFRICA ( Cameroun, Guinée équatoriale, Niger) ….La plupart des chaînes nationales émettent en français et proposent quelques heures en langue locales , ainsi Télé-Tchad : 72℅ de programmes en français, 28℅ en arabe. Au Congo, où l’on peut capter depuis Brazzaville, toutes les émissions produites à Kinshasa, Raga (chaîne privée francophone) figure parmi les chaînes les plus regardées. Les grands hôtels nationaux et internationaux sont équipés pour la réception de chaînes étrangères, les francophones arrivant largement en tête (10 chaînes francophones pour deux étrangères en moyenne au Cameroun).

Peu d’initiatives ont été prises pour diffuser les programmes francophones dans d’autres langues : à Sao-Tomé et Principe, la télévision locale reprend des images doublées par CFI, et, de temps à autre, diffuse des longs- métrages sous-titrés en portugais.

TV5 et CFI sont très prisés du public africain qui manifeste également un grand intérêt pour le sport, les séries et les variétés. Au Cameroun et au Niger, l’essor des nouvelles technologies a permis d’étendre le nombre de chaînes francophones diffusées par satellite et de baisser les coûts, ce qui est très favorable à la francophonie.

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TV5 Monde est la plus ancienne chaîne du câble   :

C’est une chaîne de télévision généraliste francophone internationale, elle est diffusée 24h sur 24h sur les 5continents via 38 canaux satellites à partir de 2 têtes de pont (Paris et Montréal).

La mise en place d’une régie numérique performante pour la diffusion a permis la déclination à partir du programme « maître » de 5 chaînes continentales depuis Paris , TV5 Afrique, TV5 Asie/Océanie, TV5 Europe, TV5 FBS, et TV5 Orient adaptées aux différents publiques et aux fuseaux horaires .

Des gouvernements africains apportent une contribution volontaire au budget de TV5 afrique. Reconnue opérateur direct des sommets, TV5 participe aux instances de la coopération francophone et s’emploie, avec spécifique qu’est une télévision mondiale diffusant tant vers les pays francophones que vers les pays francophones que vers les régions où il s’agit d’assurer à la langue le plus large rayonnement, à contribuer aux programmes mobilisateurs que la francophonie met en œuvre.

Le partenariat avec les télévisions et les producteurs du sud et la couverture de nombre de sujet à travers TV5 Afrique, les actions menées en direction des enseignants de français et des apprenants par l’ensemble du réseau, des émissions et des rubriques telque « Parole de clips » qui propose une fiche pédagogique hebdomadaire sur l’un des clips sous-titrés en français … illustrent l’implication de TV5 dans l’action multilatérale francophone.

g. La presse écrite   :

Au Maroc sont publiés plus que 190 titres francophones, et la presse féminine en particulier est éditée en français : Femmes du Maroc, La citadine…

Jeune Afrique a adopté en janvier 2000 l’appellation : L’intelligent, appel à plus de signatures d’écrivains. Il espère ainsi couvrir plus que les 50℅ du marché africain déjà touchés.

Pour des raisons financières, son concurrent l’hebdomadaire L’autre Afrique a cessé de paraître en janvier 2000. Les titres francophones d’information générale forment la quasi- totalité de la presse locale de la région, mais leur lectorat est souvent limité aux fonctionnaires et aux étrangers.

Au Mali, quatre groupes de presse se partagent le marché des journaux écrits.

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En Guinée, les journaux paraissent une à deux fois par semaine, sans garantie aucune.

Au Bénin, des quotidiens et hebdomadaires apparaissent et disparaissent régulièrement.

Au Gabon, le nombre de titre n’a cessé de diminuer depuis les élections de décembre 1998. Seuls quatre journaux dont deux indépendants sont disponibles.

La presse locale congolaise est très lue, même si les tirages ne dépassent pas les 2000 exemplaires.

Les entreprises de presse tchadiennes connaissent s’importantes difficultés financières et techniques, qui n’ont cependant pas empêché l’apparition de neuf nouveaux titres depuis 1999.

La côte d’ivoire connaît une prolifération journalistique : 13 quotidiens à 25000 exemplaires en moyenne.

La presse hebdomadaire et spécialisé y est également très développée, en témoigne le succès de l’hebdomadaire féminin Top Visage.

Les titres francophones importés sont souvent très faiblement diffusés, et à prix élevé. On y trouve Le monde, l’express, Paris Match, Le point et quelques magazines féminins comme Elle, Femme actuelle.

Ces journaux sont surtout destinés aux expatriés et aux fonctionnaires.

La Mauritanie importe onze journaux mais à diffusion limitée. Au Sénégal les journaux sont disponibles dans tous les centres commerciaux et les librairies.

Les tirages en Afrique francophone restent désespérément faibles en comparaison avec des journaux de la presse anglophone.

L’office de justification de diffusion OJD a délivré une certification reconnaissant la vente moyenne par le journal privé algérien de langue française EL WATAN de 127 300 exemplaires par jour en 2009.

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Belle performance quoique vite relativisée si on la compare au journal arabophone du même pays EL CHOUROUK, qui en atteignant en été 2009, un tirage de 820 000 exemplaires par jour, devient le premier quotidien du monde arabe, détrônant par la même occasion l’égyptien AL AHRAM, descendu à moins de 500 000 exemplaires par jour.

Soit le même exemplaires dont se réclame les chefs de fil de la presse anglophone du continent comme l’hebdomadaire sud- africain SUNDAY TIMES, très loin des 60 000 exemplaires déclarés du quotidien sénégalais L’OBSERVATEUR, l’un des plus élevés aujourd’hui sur la partie francophone du continent . Le POTENTIEL, le premier journal de la république démocratique du Congo peuplée de 68 millions d’habitants, n’arrive guère à vendre plus de 5000 exemplaires par jour !

Dan le domaine de la communication, la francophonie dispose d’atouts forts, avec un large éventail d’opérateurs qui, selon leur spécificité et leurs moyens et malgré les problèmes qu’ils rencontrent dans l’organisation et la diffusion, développent des stratégies dynamiques afin de garantir à la langue française une implantation pertinente et permanente hors l’hégzagon.

5. L'Afrique francophone, quel développement durable?

« La Francophonie : un espace de solidarité pour un développement durable »: a déclaré Abdou Diouf, le Secrétaire général de l’OIF lors du Xème Sommet de la Francophonie en 2004 au Burkina Faso

Définition du développement durable:

Le développement durable est un processus de développement qui concilie l'écologique, l'économique et le social. En effet, il respecte les ressources naturelles et les écosystèmes qui garantit l'efficacité économique en tenant compte les buts socials du développement luttant contre la pauvreté, les inégalités, l'exclusion et recherchant l'équité.

La Francophonie et le développement durable en Afrique:

En Afrique comme dans les autres pays du Sud francophones qui souffrent de la pauvreté et de l'inégalité, le développement durable cherche à faire durer la croissance qui entraînera un progès à un rythme soutenu dans un univers démocrtatique et équitable.

Le développement durable et la démocratie en Afrique francophone:

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Deux concepts, deux projets

Le développement durable et la démocratie sont deux concepts qui se rejoingnent dans l'idéal d'un présent vivable et d'un futur durable: D'une part, parce que la démocratie est une méthode plus qu'une fin qui permet à la société qui l'adopte de délibérer sur de meilleures solutions qui organisent la vie de tous pour que chacun puisse s'épanouir dans la liberté la plus grande. D'autre part, parce que le développement durable, imaginé comme une construction collective, appelle à l'amélioration du bien-être, tant à l'échelle de l'individu qu'à celle de la société.

Or, un peu plus de quinze ans, les pays d'Afrique francophone ont connu une mutation qui les a sortis des régimes à parti unique et les a engagés dans un processus de retour vers des régimes démocratiques ou ressemblables à ces dernières.

Les concepts de démocratie et de développement durable ne sont pas nouveaux dans les débats académiques et politiques africains et sont même devenus, ces dernières années, la référence obligée des acteurs sociaux, des responsables politiques et des institutions internationales. Les uns et les autres mobilisent la notion de démocratie pour revendiquer de nouvelles formes de gestion de la vie politique, économique et sociale. De la même manière, ils recourent à la notion du développement durable pour souhaiter un présent vivable et un futur durable à travers la croissance économique, la réduction de la pauvreté, la préservation des écosystèmes, les changements de valeurs, de comportements et de modes de vie, etc.

La chute des régimes autoritaires survenue en Afrique francophone depuis 1990 a suscité l'espoir dans de nombreux pays, autant qu'il a engagé ceux-ci dans une transition vers des régimes ouverts aux paramètres de la démocratie. Certains pays comme le Bénin, Sénégal, Mali, se sont dotés d'un système démocratique progressif où l'on observe le multipartisme, l'alternance électorale, la progression des libertés civiles, de même que la consolidation des sociétés civiles (ONG, organismes communautaires, associations professionnelles et autres groupes, etc.). Désormais, ces dernières agissent comme groupes de pression et jouent un grand rôle dans l'expression des aspirations populaires. D'autres pays, comme le Togo, la République Démocrtique du Congo (RDC), le Cameroun déploient des efforts qui n'ont pas encore engendré une acceptation minimale des nouveaux régimes. Ce qui a provoqué des crises politiques.

Or et dans la perspective des pays d'Afrique francophone, une démocratie consolidée par ses valeurs et par l'adoption des politiques sociales et économiques bien conçues est susceptible de promouvoir les capacités de chacun et de rendre possible l'implication des citoyens quant à la définition et au choix de leurs initiatives. Au regard de la situation des pays en conflits, l'approfondissement de la démocratie et la consolidation de l'Etat de droit, de même que le respect des droits démocratiques, sont des moyens privilégiés d'une politique au quotidien de prévention des conflits (d'origines politique, ethnique ou régionale) ou de leur règlement pacifique. Donc,il est évident que sans la paix, il ne saurait y avoir ni démocratie, ni développement, ni même expansion du commerce ou investissement et croissance économique.

A cet effet, l'enjeu est clairement, pour la Francophonie, de renforcer par diverses initiatives les principes et la pratique de la démocratie au sens fort du terme, par le soutien qu'elle apporte aux Etats dans la mise en place des politiques nationales du développement

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durable et dans la mobilisation de l'expertise francophone.

Le XIII ème Sommet de l'OIF à Montreux en Suisse

Lors de ce sommet le Samedi 24 Octobre 2010, Les chefs d'Etat et de gouvernement francophones, ont plaidé pour une plus grande place de l'Afrique dans les instances internationales, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies et parmi les 38 chefs d'Etat et de gouvernement présents, de nombreux Africains ont figuré.

De plus, ce sommet a connu plusieurs interventions afriquaines qui se résume en un point pertinent: il s'agit d'accorder une place plus importante à l'Afrique puisqu'elle présente plus de 50% des locuteurs de la langue française et également lui attribuer "un siège avec droit de veto" au Conseil de sécurité et c'est ce qu'a déclaré le président sénégalais Abdoulaye Wade et a dénoncé aussi le président français Nicolas Sarkozy, à l'ouverture de la réunion.

6. La littérature francophone

Bien que la littérature africaine ait pour support linguistiques essentiel les quatre principales langues du continent, à savoir l’arabe, le français, l’anglais et le portugais, langues héritées de l’histoire tourmentée du continent et des différentes colonisations, il n’en demeure pas moins que la littérature la plus médiatisée, celle qui a fait plus parler d’elle, est la littérature francophone.La littérature francophone négro-africaineDans cette dernière, il est né un courant et une philosophie littéraire qui se sont longtemps imposés sur la scène culturelle par la défense de nombre de principes esthétiques et culturels spécifiquement africains, par lesquels ce courant entendait entrer dans l’universalité. Il s’agit bien entendu de la littérature négro-africaine qui a défini et défendu le principe de négritude. L’école française qui s’est établie dans l’AOF et l’AEF (Afrique occidentale française et Afrique équatoriale française), comme celle, établie à Ath Yenni, à Ait Hichem et à Ighil Ali a formé des générations d’élèves qui – en passant par les mailles de la discrimination et du code de l’indigénat – sont devenus des cadres et des intellectuels dont l’outil de travail et d’expression est le français. Les partisans du nationalisme le plus étriqué avaient parlé d’aliénation culturelle et d’acculturation à propos de cette génération qui a fait pourtant sienne les revendications d’indépendance et de libération de leurs peuples respectifs. Césaire et la négritudeLe mot « négritude » est un néologisme qu’Aimé Césaire a employé pour la première fois en 1939 dans son « Cahier d’un retour au pays natal ». «  L a négritude, dit-il est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture ». le mouvement de négritude et la littérature négro-africaine ont connu un sort florissant et se sont vraiment universalisés avec le grand écrivain et ancien président de la République du Sénégal, membre de l’Académie française, Léopold Sedar Senghor, comme aussi avec des écrivains de grand talent comme Mongo Betti, Camara Laye, Edouard Glissant( préfacier de « Nedjma » de Kateb Yassine), Sembene Ousmane, René Depestre, etc. dans une grande revue « Esprit » de septembre 1968, Senghor écrivait : « Je ne veux retenir, ici, que l’apport positif de la colonisation. L’ennemi est un complice qui nous a enrichit en s’enrichissant à notre contact ».La culture Kabyle et les lettres françaises

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En Kabylie, l’appropriation de la langue française était le passage à l’écriture littéraire, roman, poésie, conte théâtre, etc. Pour écrire en français, les écrivains Kabyles de la première génération avaient pour première substrat la tradition orale Kabyle d’une très grande richesse. D’ailleurs, une grande partie des travaux réalisés en français consistait en des traductions de contes et de poèmes, comme le cas de Si Saïd Boulifa qui était en même temps enseignant de langue Kabyle. Le cas de Belkacem Ibabizène occupait, disait-il la position de «  l’homme frontière » entre les deux cultures. Il serait en effet le « versant » de la négritude promue par L.S.Senghor.Le parcours littéraire de Jean Amrouche et de Taous Amrouch, trace les contours de cette dualité culturelle et linguistique qui exalte l’âme et la parole Kabyle en français. En même temps que se dessinait le mouvement de négritude en Afrique avec Aimé Césaire et L.S.Senghor, Jean Amrouche convoque la personnalité et l’âme de Youghourthen dans son livre « L’éternel Yugurtha » (1946) pour servir de creuset et de substrat historiques dans un pays où on a essayé – et essaie toujours- de faire table rase de l’histoire millénaire.De nombreux poèmes et contes récités par sa mère ont été traduits en français par Taous Amrouche sont un fleuron de la littérature Kabyle de langue française.

La littérature francophone maghrébine

Seront alors qualifiés de « maghrébins » les écrivains qu’un lien profond unit à leur communauté d’origine, celle communément - et trop commodément - appelée « civilisation arabo-musulmane ». (En effet, les Arabes de religion musulmane y sont largement majoritaires, mais figurent également des juifs - le Tunisien Albert Memmi, le Marocain Edmond El Maleh - ; des chrétiens - l’Algérien Jean Amrouche - ; des Berbères - Mohammed Khaïr-Eddine au Maroc, les Kabyles Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri en Algérie -). Le Maghrébin est conscient et convaincu d’appartenir à une terre commune, à une société façonnée par l’histoire et reposant sur des traditions communes ; cette « communauté » s’est formée et renforcée autour d’une revendication nationale, contre laprésence de la France en Afrique du Nord.

L’exacerbation des conflits nés de la colonisation et la montée en puissance du mouvement national (MNA : Mouvement national algérien, PPA : Parti du peuple algérien, MTLD : Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, ont laissé des empreintes dans la littérature algérienne de langue française. Cela a donné ce qu’on peut appeler « l’école réaliste » algérienne avec l’émergence de M.Dib, M.Mammeri, Feraoun, tandis que K.Yassine avec Nedjma constitue un cas atypique par un style à la Faulkner et une complexité encore à l’étude.

Il est tout à fait acquis que la littérature de ces deux écrivains se situe dans l’algérianité et dans la dénonciation du système colonial en tant qu’instrument de paupérisation et d’humiliation de la société algérienne. Outre ces aspects, Mammeri et Feraoun situent leurs récits et leurs travaux dans une berbérité assumée, et plus clairement encore, dans une atmosphère et d’ambiance de fière Kabylité. En outre, ils revendiquent sans complexe l’humanisme français et universel. M.Mammeri dit : « La langue française est pour moi, non pas du tout la langue honnie d’un ennemi, mais un incomparable instrument de libération, de communion, ensuite avec le reste du monde , je considère qu’elle nous traduit infiniment plus qu’elle nous trahit » et il ajoute, pour préciser sa vision de la langue française :  « je me demande, si l’argument que l’on oppose souvent, à savoir qu’on s’aliène dans une langue qui n’est pas la sienne, n’est pas un très un très mauvais argument,

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car, il traduit quelque chose de superficiel : à un certain degré de profondeur, on ne peut se sentir aliéné  dans une langue. C’est même l’inverse, parce qu’on dispose alors d’un moyen de sortir de soi. Chacun a, bien sûr, une langue maternelle, mais accéder à une langue comme le français est un enrichissement considérable et je ne suis pas prêt à renoncer à tout ce que cette langue m’a apporté et continue de m’apporter. Je m y sens tout à fait à l’aise […], il se peut que les ghettos sécurisent, mais qu’ils stérilisent, c’est sûr. » Par ailleurs, en tant que « francophones », ces auteurs écrivent directement en français. Ce qui élargit sensiblement l’auditoire mais peut provoquer des réticences, dans la mesure où cette langue est perçue comme un héritage de la colonisation et qu’elle vient concurrencer l’arabe classique, celui du Coran. Ces écrivains assument ce choix, l’expliquent et le justifient ; mais certains tiennent à préciser : « de langue française, d’expression arabe », ce que confirme Albert Memmi évoquant « ces curieuses littératures francophones [...] fortement originales dans leurs contenus, sinon toujours dans leurs formes ».

Caractéristiques de la littérature francophone maghrébine

Cette littérature voit le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qui favorisa la prise de conscience nationale, et elle cohabite avec celle en arabe classique ; nourris de culture française, les écrivains maghrébins utilisent cette langue française pour affirmer leur volonté d’exister.

Elle privilégie largement la forme romanesque, sans doute la plus apte à rendre témoignage des difficultés, à dénoncer les injustices, à faire état des revendications. Elle n’oublie pas la poésie ni l’essai, l’une autorisant l’épanchement des sentiments personnels; et par exemple les recueils de Jean Amrouche, de Nabile Farès, d’Abdellatif Laâbi), l’autre permettant de disserter, d’argumenter, articles consacrés à la décolonisation en Algérie, au Maroc, en Tunisie ; et aussi les diverses études de Tahar Ben Jelloun sur l’immigration et le racisme ; d’Albert Memmi sur le colonialisme et les relations entre communautés...). Elle néglige en revanche le théâtre, que viennent concurrencer des pièces populaires en arabe dialectal, comme l’illustre l’œuvre de Kateb Yacine.

La violence qui caractérise de nombreuses productions n’est pas seulement verbale : des auteurs sont morts assassinés, tels Mouloud Feraoun en 1962, Jean Sénac en 1973, Tahar Djaout et Youcef Sebti en 1993 sur le sol algérien...

Si l’on s’efforce de « mettre de l’ordre » parmi les écrivains maghrébins on peut envisager un classement historique, par générations :

  D’abord celle des fondateurs, des « classiques », marquée - pour simplifier - par la prise de conscience identitaire et la réflexion sociale. Ce sont surtout : en Tunisie, Albert MEMMI (né en 1920). En Algérie, Mouloud FERAOUN (1913-1962), Mouloud MAMMERI (1917-1989), Mohammed DIB (né en 1920), Malek HADDAD (1927-1978), KATEB Yacine (1929-1989). Au Maroc, Ahmed SEFRIOUI (né en 1913), Driss CHRAÏBI (né en 1926).

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  Puis la génération de 1970, qui traite des mêmes thèmes que ses aînés, mais souvent avec une violence accrue, et à la recherche d’une écriture originale. Quelques auteurs : en Algérie, Assia DJEBAR (née en 1936), Mourad BOURBOUNE (né en 1938), Nabile FARES (né en 1940), Rachid BOUDJEDRA (né en 1941). Au Maroc, Abdelkebir KHATIBI (né en 1938), Mohammed KHAÏR-EDDINE (1941-1995), Abdellatif LAÂBI (né en 1942), Tahar BEN JELLOUN (né en 1944).

Une troisième génération, principalement de romanciers, peut-être à l’écriture plus traditionnelle mais s’engageant davantage dans la réalité présente, sociale et politique. On retiendra notamment : en Tunisie, Abdelwahab MEDDEB (né en 1946). En Algérie, Rachid MIMOUNI (1945-1995), Rabah BELAMRI (1946-1995), Boualem SANSAL (né en 1948), Maïssa BEY (née en 1950), Tahar DJAOUT (1954-1993), Yasmina Khadra (né en 1955). Au Maroc, Abdelhak SERHANE (né en 1950), Fouad ROUI (né en 1958).

Une littérature « cousine » est apparue depuis quelques années, celle des « Beurs » comme Azouz Begag, Farida Belghoul, Nina Bouraoui, Mehdi Charef, Nacer Kettane, Leïla Sebbar... Les thèmes peuvent être voisins mais l’ « ancrage » principal, lui, est européen.

Ainsi, quoique la littérature francophone ait pu passer pour une « anomalie » au Maghreb, force est de constater qu’elle perdure, qu’elle s’engage avec franchise et originalité sur des questions d’actualité, qu’elle conquiert un large public, autochtone mais aussi extérieur. Les premières générations sont encore en activité et les jeunes auteurs se multiplient, certains étant appelés à rejoindre, grâce à leur talent, les « classiques ».

La littérature francophone maghrébine carcérale

L’espace public est investi non seulement par les mouvements des droits de l’homme et des associations, il l’est aussi par l’activité littéraire et les hommes de lettres qui font partie de la société civile. A travers le cas de laâbi, il a été montré que la prise de conscience civique et culturelle ainsi que les choix esthétiques des écrivains la nouvelle littérature de souffles-innovateurs par rapport aux romans marocains de la première génération écrits sur le modèle du roman occidental du XIX ème siècle – préparent le terrain pour les solutions à apporter au dilemme identitaire sur de nouveaux modes de conceptualisation, et incite à penser à de nouvelles lectures de tendances littéraires moins étudiées comme la littérature judéo-marocaine francophone , la littérature d’écrivains marocains expatriés, et franco- marocains, ainsi que les littératures subversives au Maroc d’aujourd’hui, notamment la littérature féminine et la littérature carcérale . les écrivains de la littérature carcérale comme Tahar ben jelloun, Fatna el Bouih, Youness Fennich, Ahmed Merzouki, Rachida Yacoubi,… manifestent une volonté de problématiser davantage les rapports entre la littérature, la société et le pouvoir et de revendiquer plus de libertés civiles par le biais de la littérature.

CONCLUSION de la littérature francophone.

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Le parallèle établi entre les textes poétiques et romanesques maghrébins et négro-africains d’expression française nous permet de voir clairement que le rapport de l’écrivain à la langue d’emprunt a graduellement changé depuis les indépendances. De l’imitation quasi- servile du modèle occidental et de la soumission aux normes de cette langue, l’écrivain passe à la phase de l’affirmation de soi pendant laquelle il tente de créer son propre style. La démarcation par rapport au modèle de naguère se fait tantôt par la subversion de la langue véhiculaire (distorsion au niveau syntaxique et lexico-sémantique - néologisme et traduction littérale charriant les interférences linguistiques), tantôt par le recours à la tradition orale et/ou écrite (par rapport à la littérature maghrébine) et par le développement de thèmes nouveaux qui créent ce que Michel Laronde appelle, en l’appliquant à la littérature beur, un « décentrage »  par rapport au modèle. Le discours se fait contestation et l’écriture expression de désenchantement, voire réaction contre soi (l’opposant est décidément le congénère, l’alter ego, le double de soi). Ainsi l’homogénéité de la tradition orale ou la remise en question de certaines valeurs locales, endogènes, telles qu’elles sont mises en texte par les écrivains africains (une écriture souvent pamphlétaire) constituent un antidote contre la fascination et la modernité véhiculée par le modèle occidental et contre le narcissisme pathologique (créé par les systèmes politiques nationaux), mais ce renouveau esthétique dont le fondement est essentiellement historico-culturel se fait d’abord par le maniement de la langue française utilisée comme un véritable véhicule de dépassement.

7.  Le français langue d’avenir en Afrique

Jeudi 24 juin 2010  

Colloque organisé à l’Assemblée nationale sous la présidence de

Bernard Accoyer, Président de l’Assemblée nationale,en partenariat avec l’Institut français des relations internationales (Ifri).

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L’année 2010, marquée par le Cinquantenaire des Indépendances de 14 pays africains francophones, il est utile de faire le point sur les relations entre la France, la francophonie et l’Afrique subsaharienne, et aussi d’ouvrir la réflexion sur les prochaines décennies.

Ainsi, d’ici 2050, le nombre d’habitants des pays africains francophones devrait connaître une très importante croissance, permettant au français de gagner un nombre élevé de locuteurs. Il convient de s’interroger sur la façon dont ce potentiel pourra être mis en valeur, notamment à travers les actions menées par l’Organisation Internationale de la Francophonie et la France.

Alors que le nombre de francophones est en augmentation, la place du français dans les organisations internationales, mais aussi régionales, semble menacée par la « globalisation » de l’usage de l’anglais, et surtout l’émergence, dans certains pays francophones, de langues nationales (wolof, bambara) disposant d’assez d’audience pour concurrencer le français comme langue officielle.

Au-delà de la promotion de la langue française, la francophonie s’est dotée de principes et d’institutions pour promouvoir des normes et valeurs à caractère universel.

Aujourd’hui, le français est utilisé par 200 millions de locuteurs à travers le monde, avec une croissance forte en Afrique. La démographie des pays africains francophones, à l’horizon 2010 laisse présager que le français restera une des langues les plus dynamiques aux niveaux continental et mondial. Cependant, d’importants défis se glissent sur le chemin d’une francophonie conquérante.

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Au sein même des États officiellement francophones, de grandes difficultés sont rencontrées pour une utilisation du français comme langue de référence au sein de la population. Ceci pose évidemment la question du manque de moyens pour les secteurs de l’éducation et en particulier de l’enseignement du français, et la concurrence des langues locales (ex : au Mali et au Sénégal, le Bambara et le Wolof se sont imposés comme langues vernaculaires et pourraient à terme devenir des concurrentes institutionnelles). Un effort considérable doit être engagé pour le développement du français au sein des pays membres.

le français est actuellement la langue le plus en développement au monde même si elle part d'assez bas en nombre de locuteurs par rapport à d'autres langues comme l'anglais, l'espagnol, le chinois, le ourdou.Ceci dit, le français jouit d'une implantation sur les 5 continents, et hérite d'une présence dans de nombreuses institutions (ONU, Unesco,...) qui rendent l'usage du français possible à tous les niveaux.

Le français souffre dans son image de la compétition avec une langue qui partage de nombreux points communes, l'anglais, mais dont l'usage a progressé au cours du XXe siècle (notamment avec les deux guerres mondiales qui ont affaibli la France et donc la place de sa langue dans le monde à la faveur de l'anglais dont le pays le plus représentatif, les Etats-Unis (et non le Royaume-Uni) était sorti avantager des deux guerres et en position de force. Cela dit, symboliquement et économiquement, la place des pays anglophones se réajuste depuis les attentats du 11 Septembre et la crise économique mondiale, ainsi qu'avec l'émergence des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).

Le français bénéficie aussi d'une solide implantation en Afrique qui fait que sa présence doit actuellement y être plus importante qu'en Europe (mais moins concentrée, le français coexiste avec d'autres langues). Le français est voué à jouer un rôle important dans l'activité économique et culturelle des 2/3 nord de l'Afrique.

En cela le français reste une langue d'avenir pour les échanges économiques et culturels pour les pays du bassin méditerranéen et les pays d'Afrique sub-saharienne, tendance qui est amenée à se renforcer dans les décennies à venir. La place du français dans la science ; la traduction

Les informations dans une langue étrangère ne sont pas forcément accessible à quelqu'un parlant français et si on ne peut trouver ces informations que dans cette langue, c'est un réel handicap. Le travail de traduction prend donc toute son importance afin que notre langue et l'étendue de son utilité ne stagne pas

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face à d'autres langues. Publier des rapports scientifiques en anglais semble être le sésame de la réussite et de la renommée. Certains se disent qu'il ne sert plus à rien de publier en français car "tout le monde" parle anglais. Ce qui est dommage c'est que l'on renonce à s'adresser à la communauté scientifique qui ne parle pas anglais dans ce cas-là, Le problème ira en s'aggravant à moins d'une volonté politique et économique forte qui consisterait à prendre en charge au niveau de l'état (ou des états francophones le souhaitant) la traduction des œuvres scientifiques françaises vers l'anglais et à rendre accessible les œuvres anglaises en français afin que les scientifiques français ne soient pas handicapés par la non connaissance d'une autre langue .Les entreprises privées ne peuvent se permettre de supporter le coût de la traduction de toutes les œuvres vers le français et de même les scientifiques français ne peuvent investir leur temps dans la traduction de leurs travaux, ce n'est pas leur travail, Cela ne laisse donc pas le choix , il s'agit que l'état facilite et prenne en charge financièrement la traduction, ce qui devrait être un impératif et une priorité nationale pour la survie, la visibilité et l'accessibilité de la recherche en France. Cela peut donc revêtir plusieurs aspects, notamment :

- la traduction d'œuvre vers le français (ce que font les maisons d'édition) pour rendre accessible le patrimoine intellectuel et culturel du monde dans notre langue- la traduction de données vers le français (pour rendre accessible et donc appréhendable le monde et les informations sur celui-ci)

8. L’Afrique assure-t-elle l’avenir de la Francophonie?

Dans le même Colloque

Depuis le discours du Secrétaire général de la Francophonie (Abdou Diouf) sur le point suivant : « La Francophonie en Afrique : quel avenir? »

Il dit : « … s’il est une certitude, c’est que l’Afrique incarne, pour la Francophonie, tout à la fois son passé, son présent et son avenir.

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La Francophonie est née en Afrique, et l’Afrique constitue, depuis lors, pour une grande part, la raison d’être et d’agir de la Francophonie. En d’autres termes, une Francophonie sans l’Afrique, serait une Francophonie sans avenir …» il a donné, bien évidemment, des explications à cela, en fait, des arguments pour valider ses mots. Il a ajouté aussi :

«Le français est susceptible de voir tripler son nombre de locuteurs dans les quarante prochaines années, grâce à l’évolution démographique de l’Afrique et aux progrès de la scolarisation. »

D’après l’article publié par RFI le 12 octobre 2010 sur son site Web : Le rapport annuel sur la francophonie dans le monde a été rendu par

L’Observatoire de la langue française de l’OIF, le mardi 12 octobre 2010, qui montre que :

La langue française : Progresse en Afrique. Régresse « partout ailleurs ». Nous verrons pourquoi au fur et à mesure

Officiellement, il y a 220 millions de francophones sur le globe, ce qui représente 20 millions de plus qu'en 2007.

En fait, l’augmentation du nombre des francophones ne « progresse » qu’au niveau du Continent africain et sa croissance démographique.

L'Afrique (qui comprend à présent la moitié des francophones) pourrait représenter en 2050 près de 85% des locuteurs francophones. Mais à la condition que l’amélioration de la scolarisation continue parce que, le français est une langue d'enseignement, en Afrique. La langue française :

Est la deuxième langue enseignée A 116 millions apprenants sur le monde. Est la neuvième langue parlée.

L'Afrique constitue le dernier abri de la francophonie : attendu que dans le reste du monde, « l'influence » de la langue française recule. En Europe, particulièrement, l'anglais règne.

L'apprentissage de plusieurs langues étrangères disparaît progressivement. "se retrouve donc en concurrence avec l'anglais, évidemment, et avec l'espagnol dont l'enseignement progresse partout.

Le choix d'une langue est désormais utilitaire et le français offre de moins en moins de débouchés universitaires ou professionnels. "

D’après deux articles publiés dans Le Devoir 

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Dans le premier article de Monique Durand :

► Près de 60 millions de filles ne peuvent pas étudier.► Au Burkina Faso 38% des filles qui vont à l’école, arrêtent leurs études au niveau du

primaire.

Dans le deuxième article Fanny Costes, dit que :

► « Le français, un luxe inutile au Rwanda »► L’anglais est venu pour envahir cette langue.

Conclusion

Francophonie vivanteDominique Wolton est un grand spécialiste de la francophonie. Dans son dernier livre, Demain la francophonie, il avance plusieurs pistes sans lesquelles son avenir serait compromis .il préconise la consolidation d’une francophonie politique qui irait au-delà de la forme actuelle de l’OIF .mais ce nouvel espace ne serait pas un environnement institutionnelle clos, mais plutôt un par espace ouvert qui ferait la promotion d’une « Francophonie vivante ». Ceci passerait un renforcement des investissements sur le terrain culturel et universitaire .la création d’un « Erasmus francophone » par exemple serait un bon signe. Il faudrait aussi créer des outilles pour permettre plus de mobilité en francophonie, notamment en acceptant la création d’un passeport francophone pour les étudiants et les chercheurs.Ces propositions rejoignent celles de l’universitaire canadien Jean-Louis Roy, auteur de l’Encyclopédie de la francophonie.il avance que la priorité

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principale pour une viabilisation de la francophonie serait de lutter contre l’illettrisme en Afrique. En outre, il faut  « créer un espace culturel commun à la francophonie » qui associe les pouvoirs publics, les grandes entreprises, les universitaires, les associations et les ONG. Enfin il serait renforcé la place du français dans les grandes institutions internationales.Malgré toutes ces propositions, peut-on espérer que la viabilité de la francophonie culturelle ne se fera qu’à travers le monde ? Est-il possible aussi de ne compter que sur l’implication de la France ou encore sur l’éradication de l’illettrisme en Afrique ? Bref ces différentes propositions peuvent-elles, à ce jour, suffire pour assurer à la francophonie un avenir doré ? C’est là tout l’enjeu du problème qui se pose à l’organisation internationale de la francophonie.

Bibliographie

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BONN Charles, Littérature francophone du Maghreb. Textes et documents pour la classe, Paris, CNDP, 1992.

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DEJEUX Jean, Littérature maghrébine d’expression française, Paris, PUF Que sais-je ? n° 2675, 1992.

MEMMI Albert, Anthologie des écrivains francophones du Maghreb, Paris, Présence Africaine, 1969 ; rééd. 1985.

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Le français en partage.over-blog.com

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Sitographie

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