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DOSSIER Fraude et gestion sous la direction de Julien Le Maux Nadia Smaili Walid Ben Amar Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-rfg.revuesonline.com

Fraude et gestion

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D O S S I E R

Fraude et gestion

sous la direction de

Julien Le MauxNadia Smaili

Walid Ben Amar

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JULIEN LE MAUXHEC Montréal, Québec (Canada)

NADIA SMAILIESG-UQAM Montréal, Québec (Canada)

WALID BEN AMARUniversité d’Ottawa (Canada)

D O S S I E R

DOI:10.3166/RFG.231.73-85 © 2013 Lavoisier

De la fraude en gestion à la gestion de la fraudeUne revue de la littérature

L’objectif de cet article est de présenter une revue de la littérature sur le concept de fraude, en insistant notamment sur les apports théoriques et empiriques développés dans la littérature récente. Nous mettons ainsi en évidence l’évolution de la théorie sur la fraude, sur ses déterminants, sur les moyens pour la détecter et pour lutter contre celle-ci.

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La fraude est par essence liée à l’économie. Il n’existe aucun sys-tème économique, aucune période

de notre histoire, qui n’est pas associé à des cas de fraudes spectaculaires. Déjà, dans la mythologie romaine, le dieu du commerce, Mercure, était également le dieu des voleurs1. Au cours des quinze dernières années, les cas de fraude ont eu la particularité, non seulement d’être plus fréquents, mais sur-tout d’atteindre des montants de plus en plus importants. Le récent sondage Global Economic Crime Survey2 mené par PwC indique que 34 % des entreprises au niveau mondial ont déclaré avoir été victime d’un délit économique au cours de l’année pré-cédente. Ce résultat confirme que la fraude est devenue un évènement récurrent et non exceptionnel. En termes de valeur, l’Association of Certified Fraud Examiners (ACFE) fournit une estimation de la fraude égale à 3,5 milliards de dollars pour l’an-née 2011, c’est-à-dire en moyenne 5 % du chiffre d’affaires mondial.Afin de lutter contre ces nombreuses fraudes, le législateur et les différentes autorités de régulation ont multiplié les initiatives pour rendre le cadre légal et réglementaire plus contraignant (exemple : loi Sarbanes-Oxley et Dodd-Franck aux États-Unis, loi de Sécurité financière en France). Parallèlement, la qualité de l’infor-mation comptable publiée et sa vérification par les auditeurs est devenue une priorité visant une plus grande transparence, et, par

conséquent, elle a donné lieu à des réformes majeures (exemple : transition aux normes IFRS, huitième directive européenne sur l’audit légal, rapport Green).La recherche académique a également porté un intérêt certain pour les questions rela-tives à la fraude mais celui-ci a commencé dès les travaux fondateurs de Sutherland (1940) et Cressey (1950). Parallèlement, les cas de fraudes étudiés ne se sont pas limités aux seuls cas récents puisque les travaux remontent jusqu’à l’analyse de la British East India Company à la fin du xviie siècle (Robins, 2007 ; Dorminey et al., 2012). L’objectif de cet article est de proposer une synthèse de la littérature académique sur la fraude en y intégrant les conclusions les plus récentes et en développant une ana-lyse des déterminants et des méthodes de détection.L’article est structuré en trois parties. Nous définissons tout d’abord la fraude et le cadre théorique qui a été développé autour d’elle. Nous analysons ensuite ses princi-paux déterminants. Enfin, nous examinons les principaux outils développés afin de permettre de mieux détecter l’existence d’une fraude.

I – FRAUDE : DÉFINITIONSET TYPOLOGIE

1. Typologie des fraudes

Selon le dictionnaire Petit Robert, la fraude est « une action faite de mauvaise foi dans le but de tromper ». La fraude est un acte

1. Offenbach, dans son œuvre Orphée aux enfers, caricatura Mercure de la façon suivante : « Je dois comme dieu du commerce / Détester la fraude et le dol, / Mais je sais par raison inverse / Les aimer comme dieu du vol ».2. Global Economic Cime Survey 2011, PWC.

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accompli dans l’illégalité dans le but de tromper délibérément, à soutirer de l’argent contre la volonté de quelqu’un ou à falsifier intentionnellement un document et porter atteinte aux droits ou aux intérêts d’autrui. En général, la fraude comprend trois élé-ments principaux : un élément intentionnel, une volonté de dissimulation et un mode opératoire. Par exemple, la fraude comp-table se distingue d’une erreur comptable par son caractère intentionnel. Selon l’ACFE (2012), la fraude est « l’uti-lisation par une personne de son activité professionnelle pour s’enrichir personnel-lement par le détournement volontaire des ressources ou des actifs de son employeur ». La fraude apparaît alors comme un acte délibéré effectué dans le but d’obtenir mal-honnêtement un avantage par la réduction de l’actif de la victime. Selon le rapport de l’ACFE (2012), 65 % des dirigeants perçoi-vent la fraude comme un risque significatif pour leur industrie, 35 % pensent que le détournement de biens et services est la catégorie de fraude la plus courante et 14 % pensent que les fraudes aux états financiers sont importantes. La classification des fraudes retenues dans la littérature académique et profession-nelle est celle proposée par Wells (2007) et l’ACFE (2012) qui distinguent trois groupes de fraude en entreprise, à savoir le détournement de biens et services, la cor-ruption et la publication d’états financiers falsifiés. Le détournement peut être défini comme un acte de vol ou d’appropriation d’un actif au détriment de l’entreprise. Parallèlement, la corruption est une utilisa-tion abusive d’un pouvoir à des fins privées telles que l’enrichissement personnel ou d’un tiers en contrepartie d’un cadeau, d’ar-gent ou d’autres avantages. Enfin, la fraude

relative aux états financiers (ou fraude managériale) est une manipulation comp-table non conforme délibérément commise par les dirigeants, dans le but de tromper la perception des utilisateurs des états finan-ciers (principalement les créanciers et les actionnaires). La fraude et ses différentes facettes étant définies, il nous semble utile de porter notre attention sur l’histoire de la recherche en matière de fraude.

2. La recherche académique en matière de fraude. Construction du cadre théorique

La recherche sur la fraude en gestion : bref rappel historique

Pour le non-initié, Sutherland est au monde de la criminalité à col blanc ce que Freud est à la psychanalyse. En effet, c’est Sutherland (1940) qui a inventé l’expres-sion de crime à col blanc. Il utilisa cette expression pour définir les actes criminels des sociétés et des individus agissant dans un cadre professionnel. Depuis cette date, l’expression a été utilisée d’une façon plus large pour définir tous les crimes écono-miques et financiers, du service du courrier au conseil d’administration.Donald R. Cressey fut l’un des plus brillants étudiants de Sutherland à l’uni-versité de l’Indiana durant les années 1940. Alors que les recherches de Sutherland se concentraient surtout sur les actes crimi-nels réalisés dans le monde des affaires, Cressey a choisi une autre direction. Réali-sant une thèse de doctorat en criminologie, il a décidé de porter son attention sur les escrocs. Dans le cadre de son travail doc-toral, il obtint les permissions nécessaires pour se rendre dans des prisons et y inter-viewer plus de 200 criminels incarcérés.

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Ces nombreux entretiens lui ont permis de développer un modèle permettant de com-prendre la logique des fraudeurs : le modèle du triangle de la fraude (Cressey 1950).

Le modèle du triangle de la fraude

Cressey (1950) formule l’hypothèse que trois critères définissent les criminels en col blanc : ils connaissent une pression financière qu’ils ne peuvent partager ou faire subir à leur entourage, ils bénéficient d’une opportunité de réaliser une action frauduleuse du fait de leur connaissance approfondie de l’entreprise et ils arrivent à se convaincre que leurs actes ne sont pas criminels :– Le sentiment de faire face à une très forte pression financière crée la motivation de la fraude. Un individu, par cette voie, cherche à résoudre un problème financier qu’il ne peut pas partager avec son entourage. D’un point de vue psychologique, un ego sur-dimensionné peut accentuer ce problème en freinant un individu dans sa volonté de partager ses problèmes ;– L’opportunité identifiée par le fraudeur se manifeste de deux façons : la première

est la perception de l’existence d’une faille dans le système de contrôle et la seconde est le sentiment du fraudeur que son acte ne pourra pas être détecté. – Enfin, la rationalisation supposée dans le modèle du triangle de la fraude est le processus par lequel le fraudeur réalise son acte tout en restant dans sa zone de confort moral. Cressey (1950) montre que l’individu n’a pas le sentiment de frauder lorsqu’il réalise son premier acte. L’exemple classique de cette rationalisation est le cas du vol par les employés qui estiment que leurs conditions de travail sont mauvaises et qu’il est normal de compenser ces dernières en s’appropriant les biens de l’entreprise.Depuis plus de soixante ans, la théorie développée par Cressey (1950) est utilisée dans les nombreuses études académiques pour comprendre les déterminants de la fraude ou expliquer a posteriori les actes de fraudeurs. Toutefois, un nouveau modèle a récemment été développé pour comprendre non pas les acteurs de la fraude mais les actes de ces derniers : le triangle de l’acte frauduleux (Kranacher et al., 2011 ; Dorminey et al., 2012).

Figure 1 – Triangle de la fraude

Source : Cressey (1950).

Opportunité

RationalisationPression

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Le modèle du triangle de l’acte frauduleux

Le modèle du triangle de l’acte frauduleux a été fondé à partir du triangle de Cressey (1950) avec pour objectif de s’intéresser non aux individus mais aux processus de la fraude. Dans cette perspective, les trois facettes de l’acte frauduleux sont les sui-vantes (Kranacher et al., 2011 ; Dorminey et al., 2012) :– l’acte frauduleux consiste à développer une méthodologie et à la mettre en pratique (ex. : détournement d’actifs, vol) ;– la dissimulation représente l’acte ayant pour objectif de cacher la fraude (ex. : fausses écritures comptables, destruction de fichiers informatiques) ;– la conversion est le processus de trans-formation des bénéfices mal-acquis en des actifs utilisables par le fraudeur (ex. : blan-chiment d’argent).L’intérêt principal de ce modèle (figure 2) est qu’il permet de mieux appréhender les moyens pour lutter contre la fraude alors que le modèle traditionnel du triangle de la fraude permet lui d’identifier les fraudeurs.

En étudiant de manière plus précise les déterminants de l’acte frauduleux, il est possible de le prévenir en mettant en place des moyens de détection et de lutte contre ceux-ci.

II – DÉTERMINANTS DE LA FRAUDE

L’objectif de cette section est de présenter les déterminants de la fraude. Nous avons fait le choix de les analyser en portant notre attention sur les principaux acteurs de l’entreprise que sont le conseil d’admi-nistration, les dirigeants, les actionnaires et les auditeurs.

1. Le conseil d’administration face à la fraude

Le conseil d’administration joue un rôle déterminant dans la prévention des fraudes au sein de l’entreprise. Dans cette perspec-tive, les premières études ont tout d’abord analysé la relation entre la composition du conseil d’administration et de son comité d’audit (pourcentage d’administrateurs indépendants, dualité de fonctions de pré-

Figure 2 – Triangle de l’acte frauduleux

Acte frauduleux

Dissimulation Conversion

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sident du conseil et du directeur général, nombre de réunions, pourcentage d’experts en finance ou en comptabilité, etc.) et la probabilité de détection de la fraude.Les premiers travaux sur le sujet ont eu ten-dance à conclure à l’efficacité des adminis-trateurs indépendants dans la lutte contre la fraude. Ainsi, Beasley (1996) observe que la présence d’administrateurs indépendants dans le conseil d’administration diminue la probabilité de fraude relative aux états financiers. Toutefois, la taille du conseil et le nombre de conseils externes aux-quels siègent les administrateurs augmen-tent cette probabilité. Dechow et al. (1996) confirment également que la présence d’ad-ministrateurs indépendants atténue le risque de fraude aux états financiers. La recherche académique s’est également intéressée à la relation entre le cumul des fonctions de présidence du conseil et de direction générale et le risque de de fraude. Dechow et al. (1996) font ressortir que dans la majorité des entreprises frauduleuses le directeur général préside le conseil d’ad-ministration. En revanche, Erickson et al. (2006) montrent qu’il n’existe pas de diffé-rences significatives entre l’échantillon des entreprises accusées de fraude et l’échan-tillon de contrôle concernant le cumul de fonctions du président-directeur général et de président du conseil d’administration.Parallèlement, dans le cadre de l’étude de la composition du conseil d’administration, le rôle du comité d’audit a logiquement été analysé. Rendu obligatoire aux États-Unis par la loi Sarbanes Oxley du 30 juillet 2002 et en France par l’ordonnance 2008-1278 du 8 décembre 2008, le comité d’au-dit a notamment pour fonction de veiller à la qualité de l’information financière publiée et à celle du contrôle interne, ce

qui affecte donc indirectement la probabi-lité d’occurrence d’une fraude. L’étude de Abbott et Parker (2000) examine l’impact du comité d’audit sur la probabilité d’oc-currence d’une fraude comptable, en basant leur étude sur le niveau d’indépendance et la fréquence de ses réunions. Les résultats montrent qu’un comité d’audit efficace réduit la probabilité de fraude. Ce résultat est confirmé par Ndofor et al. (2013) qui mettent en évidence qu’un comité d’audit actif permet de limiter la fraude. Nous citons enfin deux études ayant eu pour objet d’analyser l’ensemble des méca-nismes de gouvernance associés au conseil d’administration. Farber (2005) compare certains méca-nismes de gouvernance entre un échantillon de firmes faisant l’objet de poursuite de la part de la SEC et un échantillon de contrôle avant et après la détection de la fraude. Les analyses comparatives suggèrent des diffé-rences significatives concernant le pourcen-tage des administrateurs indépendants dans le conseil une année avant la détection de la fraude. Les entreprises frauduleuses ont significativement moins d’administrateurs indépendants et d’actionnaires majoritaires. De plus, leurs comités d’audit se réunis-sent moins fréquemment et ils ont moins de membres disposant d’une expertise en finance. Contrairement à Farber (2005), en exami-nant un échantillon de firmes ayant commis des fraudes et un autre de contrôle, Beasley et al. (2010) montrent qu’il n’existe pas de différences significatives pour le pourcen-tage d’administrateurs indépendants dans le conseil d’administration. De même, leur étude montre qu’il n’existe pas de diffé-rence dans le pourcentage des membres indépendants dans les comités d’audit. Le

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résultat le plus surprenant est que les firmes frauduleuses ont davantage d’experts en finance et en comptabilité dans leur conseil d’administration. Ces deux dernières études sont caractéris-tiques de l’état actuel de la recherche en matière de relation entre la gouvernance et la fraude : il n’existe à ce jour aucun consensus sur le rôle du conseil d’admi-nistration comme déterminant ou non de pratiques frauduleuses.

2. La rémunération à base d’actions incite-t-elle à la performance ou à la fraude ?

La politique de rémunération des dirigeants est, selon la théorie de l’agence (Jensen et Meckling 1976 ; Fama et Jensen 1983), un mécanisme de gouvernance permettant d’at-ténuer les conflits d’agence et d’aligner les intérêts des dirigeants avec ceux des action-naires. Toutefois, la rémunération à base d’actions ou d’options d’achat d’actions peut être détournée de son objectif initial par les dirigeants et favoriser le risque de fraude financière au détriment des action-naires (Johnson et al., 2009). En période de difficultés économiques, Savage (2009) souligne que le risque de fraude par les dirigeants est accru lorsque la rémunération incitative représente une part importante de la rémunération totale ou lorsqu’elle est axée sur le rendement à court terme. La recherche empirique sur la relation entre la rémunération à base d’actions et la fraude n’aboutit pas à un consensus. L’étude d’Erickson et al. (2006) est la première à examiner la relation entre la politique de rémunération à base d’actions et la proba-bilité de fraude. Les auteurs mettent en évi-dence que la probabilité de fraude augmente proportionnellement avec les actions et les

options détenues par le dirigeant. Harris et Bromiley (2007) confirment l’incitation associée à la rémunération à base d’options dans l’adoption de pratiques comptables frauduleuses. En effet, ils démontrent que la probabilité de réalisation de fraudes est d’autant plus élevée que la rémunération à base d’options représente une part impor-tante de la rémunération des dirigeants. De même, Zhang et al. (2008) démontrent que le risque de fraude est très élevé lorsque les options attribuées sont en dehors de la monnaie. Johnson et al. (2009) apportent une précision sur le mode de rémunération en montrant que l’octroi d’une rémunéra-tion aux dirigeants sous forme d’actions favorise le risque de fraude aux états finan-ciers alors que l’octroi d’options d’achat d’actions ne l’affecte pas. Enfin, Ndofor et al. (2013) confirment que les attributions d’options aux dirigeants augmentent la pro-babilité de pratiques frauduleuses de la part de ces derniers. La principale conclusion de l’ensemble de ces auteurs est que le choix d’un mode de rémunération à base d’options n’est pas un mécanisme permettant d’aligner les inté-rêts des dirigeants à ceux des actionnaires, mais plutôt une incitation aux pratiques frauduleuses. Rares sont les auteurs comme Armstrong et al. (2010) qui estiment que le mécanisme de rémunération à base d’ac-tions ou d’options répond aux exigences des actionnaires et que les cas de fraudes ne restent que des exceptions.

3. Le rôle déterminant des actionnaires dans la fraude

La recherche en gestion a également exa-miné l’influence de la structure de propriété sur la prévention et la détection de la fraude. Dunn (2004) souligne que la concentration

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de la propriété des dirigeants et la présence d’un actionnaire dominant-dirigeant accroît leur pouvoir décisionnel, limite le contrôle exercé par le conseil d’administration et favorise ainsi le risque de fraude. En analy-sant un échantillon de 92 sociétés accusées de fraude par la SEC, Dechow et al. (1996) mettent en évidence une relation positive entre le niveau de propriété détenu par les insiders (dirigeants et administrateurs) et la probabilité de fraude aux états finan-ciers. Dunn (2004) trouve également que la concentration de la propriété des initiés est positivement associée à la manipulation frauduleuse des états financiers.Toutefois, des études plus récentes n’abou-tissent pas aux mêmes conclusions. Tout d’abord, Farber (2005) souligne que le pourcentage d’actions détenu par les actionnaires majoritaires est négativement associé à la probabilité de fraude aux états financiers. Ensuite, Beasley et al. (2010) ne trouvent aucun impact significatif entre le pourcentage d’actions détenu par les actionnaires majoritaires et la présence de pratiques comptables frauduleuses. Concernant la relation entre la structure de l’actionnariat et l’existence de pratiques frauduleuses, la conclusion est similaire aux travaux relatifs au conseil d’adminis-tration : aucun consensus n’existe dans la littérature académique.

4. La relation entre les auditeurs et la fraude

Les travaux portant sur la relation entre la fraude et les auditeurs ont examiné cer-taines caractéristiques de ces derniers et leur impact sur la probabilité de la fraude (indépendance du vérificateur externe, compétence, pourcentage des honoraires de consultation, changement d’auditeur).

Ainsi, Carcello et Nagy (2004) montrent que la probabilité de la fraude relative aux états financiers est faible lorsque l’ancien-neté de l’auditeur augmente. Cependant, Casterella et al. (2004) montrent que les entreprises dont l’auditeur a été présent dans l’entreprise pour trois ans où moins font face à moins de sanctions de la part de la SEC. Parallèlement, Cormier et Lapointe-Antunes (2006) ont évalué l’efficacité de l’utilisation des facteurs de risque liés à la fraude et de l’expérience de l’auditeur dans la détection de la fraude au Canada. Les auteurs analysent la fraude corporative incluant la fraude aux états financiers et le détournement de fonds. En utilisant une approche par questionnaire auprès des audi-teurs, les auteurs suggèrent que l’évaluation des facteurs de risque, l’expérience du véri-ficateur et l’utilisation des procédures ana-lytiques de base (telles que la comparaison des résultats et l’analyse de certains indica-teurs financiers) favorisent la détection de la fraude par les auditeurs.

III – DÉTECTER ET LUTTER CONTRE LA FRAUDE

L’objectif de cette section est de mettre en évidence l’ensemble des variables mises en évidence par la littérature académique pour évaluer la probabilité d’existence d’une fraude.

1. Les variables comptables et financières déterminantes

Il est logique que l’essentiel de la littérature se soit attaché aux indicateurs comptables pour évaluer l’existence ou non d’une fraude. En effet, l’information comptable est par définition obligatoire et publique et elle permet de comparer les sociétés entre

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elles. De nombreux auteurs ont cherché à isoler les variables les plus pertinentes dans la détection de fraude et une synthèse des résultats est présentée ci-après.Feroz et al. (1991), à partir de l’examen de 224 enquêtes de la SEC entre 1982 et 1989, montrent que les postes les plus concernés par les manipulations frauduleuses sont les comptes clients dans (50 % des cas), et les stocks (25 % des cas).Beneish (1997) poursuit les travaux de Feroz et al. (1991) en élargissant l’acteur ayant procédé à la détection de la fraude : l’autorité boursière ou les médias. L’échan-tillon retenu est composé de 363 enquêtes de la SEC concernant 49 sociétés fraudu-leuses ainsi que 15 firmes frauduleuses ayant été détectées par les médias entre 1987 et 1993. L’approche retenue est basée sur les accruals discrétionnaires mesurés par la méthode de Dechow et al. (1995). Ses résultats montrent que l’occurrence de la fraude est négativement liée au niveau des accruals discrétionnaires et à la per-formance boursière passée. Au contraire, le délai de paiement des clients est positive-ment lié à la probabilité de la fraude. Différents travaux ont également déve-loppé des modèles intégrant uniquement des données publiées dans les documents comptables et qui permettent de détec-ter efficacement l’existence de pratiques frauduleuses. À l’aide d’une méthodologie basée sur l’approche neuronale, Green et Choi (1997) développent un modèle basé sur cinq variables permettant de détecter une fraude : niveau des créances douteuses/chiffre d’affaires, créances douteuses/créances totales, chiffre d’affaires sur créances totales, marge brute/chiffre d’af-faires et créances totale/actif comptable). À partir d’un échantillon de 86 cas de fraudes

aux états financiers aux États-Unis entre 1982 et 1990 comparé à 86 sociétés non frauduleuses, le taux de réussite du modèle prédictif est de 74,03 %.Summers et Sweeney (1998) proposent un modèle plus complet intégrant la participa-tion des insiders à partir de variables finan-cières (score d’Altman, rendement de l’ac-tif, taux de croissance du chiffre d’affaires sur trois ans, ratio de créances sur stocks, changement ou non d’auditeur) et transac-tions d’initiés (variation de la participation des insiders), les auteurs arrivent à un taux de prédiction correct de 72,2 % sur 51 cas de fraudes entre 1980 et 1987.Beneish (1999), à partir d’un échantillon de 74 firmes américaines ayant manipulé leurs états financiers, a isolé cinq variables financières significatives dans la détection de fraudes aux états financiers : le taux de croissance du délai de paiement des clients, le taux de croissance de la marge brute, le taux de croissance du ratio entre les immo-bilisations corporelles et la valeur de l’actif total, le taux de croissance des ventes et la variation des accruals sur le chiffre d’af-faires. Ce modèle permet de prédire cor-rectement 76 % des sociétés frauduleuses.Cecchini et al. (2010) développent un modèle de détection de fraude basé sur une méthode statistique d’apprentissage lors de la classification d’une population en sous-population. Les cinq variables ayant le pouvoir prédictif le plus significatif sont :– le ratio entre les dépenses administratives et commerciales et les investissements, le ratio entre les ventes et les investissements qui ont une relation négative avec la proba-bilité de fraude. – le ratio entre le chiffre d’affaires et la valeur comptable des actions préféren-tielles, le ratio entre l’actif comptable et

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les investissements et le ratio entre l’actif comptable et les investissements à court terme ont une relation positive avec la pro-babilité de la fraude.Enfin, Dechow et al. (2011) mettent en évidence une relation entre les éléments hors bilan et l’occurrence d’une fraude. Ils démontrent qu’un volume important de contrats de location simple est clas-sique dans les sociétés frauduleuses. De plus, ces dernières s’engagent significati-vement plus dans des contrats de location simple lors des manipulations fraudu-leuses. L’objectif est alors de réduire le taux d’endettement.

2. La nécessaire intégration de variables non comptables

L’utilisation des variables comptables et financières a certes fait l’objet de nom-breuses études mais les utilisateurs peuvent logiquement douter de leur qualité. Dans cette perspective, un courant de recherche plus récent s’est développé pour isoler des variables non comptables, mais dont la publication est obligatoire, qui permettent d’évaluer la probabilité d’une fraude.Brazel et al. (2009) et Dechow et al. (2011) mettent en évidence qu’une mesure non comptable est particulièrement utile dans la détection de fraude : la réduction du nombre d’employés. En effet, si l’hypothèse de complémentarité entre le montant de l’actif et le nombre d’employés est admise, une réduction du nombre de salariés associée à une augmentation de l’actif comptable montre que ce dernier est surévalué. À partir d’un échantillon de 2 190 enquêtes (Accounting and Auditing Enforcement Releases AAER) réalisées par l’autorité boursière américaine aux États-Unis entre 1982 et 2005, Dechow et al. (2011) ont

identifiées 676 firmes ayant publié des états financiers erronés dans au moins un état financier trimestriel ou annuel. La princi-pale variable non financière ayant un lien avec l’occurrence d’une fraude est la réduc-tion du nombre d’employés. Cette variable est mesurée par la variation du rapport entre le nombre de salariés et la valeur comptable de l’actif entre l’année N-1 et l’année N. Cette conclusion confirme celle de Brazel et al. (2009) sur l’intérêt de la prise en compte des indicateurs non comptables pour la détection des fraudes comptables.

CONCLUSION

L’objectif de cet article est de synthétiser les résultats des principales études portant sur la fraude et particulièrement sur la fraude comptable et financière. Dans un premier temps, nous avons décrit le processus de la fraude, ses motivations et ses formes. Ensuite, nous avons présenté les principaux indicateurs comptables et les moyens de lutte contre les fraudes. L’analyse des différentes études sur cette question montre particulièrement l’impor-tance de la gouvernance à travers ses diffé-rentes formes, formelle ou informelle, dans la prévention et la détection de la fraude. En effet, le conseil d’administration, le comité d’audit, l’auditeur externe, l’activisme des actionnaires et le contrôle interne sont des mécanismes qui jouent un rôle important dans la lutte contre la fraude. En dépit de ces avancées académiques et professionnelles dans la détection de la fraude, elle reste un phénomène assez répandu dans le monde des affaires avec des conséquences économiques impor-tantes. En fait, malgré le développement de modèles et d’indicateurs de détection, la

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fraude continue de changer de forme et de moyen à travers le temps créant ainsi une sorte de décalage temporel permanent entre l’acte de fraude et sa détection. D’où, le défi des différents acteurs de gouvernance et des instances de régulation à actuali-ser en permanence leur savoir en matière

de détection de la fraude. Le cas le plus frappant est celui de la cybercriminalité et le manque de recherche académique sur ce sujet. Les recherches futures devraient explorer et proposer des nouvelles formes de détection et contribuer la compréhension des nouveaux schémas de fraude.

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