184
1 Renaud Dengreville

FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Embed Size (px)

DESCRIPTION

L’Aubrac hivernal, abandonné des hommes et des bovins, ouaté de silence ou raboté de souffle hurlant, n’appartient plus qu’au sauvage dans toute sa royale beauté. Les traces animales inscrivent la vie en pleins et déliés. Les écharpes de brume et de vent animent l’azur et les vallons loin des brouhahas superflus de la vie urbaine. Forêts et haies de résineux se métamorphosent, au gré des jours, en palais des glaces ou délicates oeuvres d’artistes inspirés. Si la vie animale y est quasiment absente, le sculpteur frimas y joue de toutes ses cordes.

Citation preview

Page 1: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

1

Renaud Dengreville

Page 2: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort
Page 3: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort
Page 4: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

A tous mes amis

Page 5: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

A tous mes amis

Page 6: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

6

Page 7: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Textes & Photographies : Renaud Dengreville

Page 8: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort
Page 9: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

9

Frimas[fRima]

Brouillard épais qui se congèle avant de tomber.

Page 10: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort
Page 11: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

11

Le poète choisit les mots justes pour confesser les sentiments que lui inspirent un écrin de verdure. Le peintre effleure sur sa palette les touches de couleur qui, par le filtre de sa sensibilité, donnent une perception nouvelle au sujet observé. Le musicien ferme les yeux pour mieux décrire les accents, souffles et mouvements d’une nature ivre de liberté. Le photographe trouve l’angle juste pour arrêter le moment fugitif.Tous s’approprient la réalité et la transforment. Leurs regards, leurs écoutes, s’éloignent de l’apparence et s’approchent du sens, de la vérité.Par eux, l’on découvre le monde différemment tant il est vrai que l’on avait pas vu, pas compris, pas entendu, pas retenu ce qui était l’essentiel.Leurs expressions sont une forme de compréhension de ce qui nous entoure.Ils ont la clé qui libère le secret, la clé qui ouvre l’âme des êtres et des paysages.L’émotion est leur langage.

J’ai séjourné à Nasbinals, j’ai traversé la Lozère, le Causse Méjean et bien d’autres chemins qu’emprunte inlassablement Renaud Dengreville.Je croyais les connaître… Renaud, lui, parcourt sans relâche et en toutes saisons ces territoires, ces collines, ces hauts plateaux, ces forêts, ces plaines et monts dénudés sur lesquels le vent glacial d’hiver se rue avec force et où vivent les animaux sauvages auprès desquels il s’approche sans jamais les effrayer. Il sait attendre le moment juste où tout s’organise naturellement devant son objectif.

Toutes ces visions sont autant d’images que Renaud a su dérober et qu’il offre à notre contemplation. Simple observateur que nous ne savons plus être, il nous rappelle que le plus beau des théâtres de la vie se trouve toujours face à notre regard, pourvu que nous sachions ou voulions le voir.

Jacques Perrin

Préf

ace

Page 12: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

12

Page 13: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

13

Page 14: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

14

Au plus loin que mes souvenirs le permettent, lors de ma tendre enfance, les yeux rivés aux vitres de la cuisine familiale, une fascination m’envahissait dés la chute des premiers flocons de neige. Déjà, derrière ces carreaux en partie gelés avant que mon père n’allume le poêle à bois, je rêvais, devant ces extraordinaires dessins en forme de plume, aux espaces infinis transfigurés par cette cape blanche et grise. Ce n’était pas seulement une saison qui effrayait les adultes mais devenait dans mes rêves de gosse, un autre pays, une autre planète. Mes parents racontaient que marchant encore à quatre pattes, le contact réel de ce monde étonnant m’étant encore interdit, je me traînais jusqu’au plus prés des fenêtres afin de tenter de déchiffrer le mystère de ces morceaux de blancheur aérienne surgissant de nulle part . Avant ma première année, ayant maîtrisé la station verticale et pourvu d’une irrépressible attirance pour tout ce qui se déroule à l’extérieur de la maison, j’ai enfin connu cette fabuleuse et étonnante rencontre avec ces duvets glacés qui se laissent tomber mollement du firmament, recouvrent toutes formes avec une délicatesse de velours et paraît-il ma joie était égale à celle de notre chien. Au fil des années, j’attendais la première neige avec fébrilité pour aller lire les traces lais-sées par toute la vie sauvage de notre environnement. Je ne pouvais en parler à mon entourage familial car l’hiver et son cortège de désagréments ne risquait pas d’ouvrir un semblant de dialogue. Alors, par timidité, peut-être par égocentrisme, par peur d’être incompris, c’est dans la solitude humaine que j’ai découvert la nature en général et l’hiver en particulier. Seule la période de mon enfance que j’ai passé chez mes grands-parents m’a offert une extraordinaire opportunité. Mon grand-père, paysan taciturne et pourvu d’un rare bon sens m’a guidé, souvent sans paroles, vers les lignes les plus impor-tantes de la vie et fait connaître une des nombreuses façons d’ouvrir le grand livre de la nature. Revenu chez mes parents, frères et sœur, dans la vallée de l’Aubette en Normandie, je n’ai eu de cesse d’explorer tous les trésors qui peuplaient forêts, prairies, ruisseaux et collines. Le long de la petite rivière au courant lent, bordée de

Page 15: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

15

Renaud Dengreville saules têtards où nichait la chevêche. Les poules-d’eau creusaient ces tranchées veloutées en zigzag rejoignant les jardins en dormance où elles grappillaient quelques animalcules et végétaux qui leur permettront d’attendre les jours meilleurs du printemps. Leurs traces de retour disparaissaient inévitablement dans l’eau glaciale de la rivière. Prés du talus des rabouillères, les lapins avaient retourné la neige en de multiples va-et-vient parsemés des petites boules sombres de leur crottes. Toutes les nuits, ces terriers de lapins recevaient la visite de maître renard, mais à cette saison de neige les chasses de lapin étaient frugales car les proies sur leurs gardes guettaient le moindre indice de la funeste présence. Tant d’yeux et de grandes oreilles veillaient sur la colonie. Il n’en serait plus de même au printemps lors des premières sorties des lapereaux. De buissons en talus, je suivais la trace sinueuse du renard, déchiffrant les lieux habituels où trouver sa nourriture, faite en grande partie de petits rongeurs. Je savais lire le bond effectué sur sa proie, si celle-ci avait réussi à lui échapper ou si la vie avait juste changé de camp. Assoiffé d’espaces nouveaux et sauvages, j’ai découvert dés l’adolescence, la montagne à vaches, riche de sa faune, puis la haute montagne. A quatre mille mètres la neige ne fond plus, même au plus fort de l’été. Etait-ce alors cette incroyable envie de prolonger l’hiver, ses risques, ses difficultés, sa beauté ? Plus que le sommet convoité, seul ou en cordée, c’est l’esthétique de l’itinéraire qui guidait le choix de mes courses. A une paroi difficile, j’ai toujours préféré une ligne plus souple où neige, glace et rocher s’équilibrent en une harmonie en accord avec mon ressenti. Une arête neigeuse et aérienne, dans ce désert minéral, ourlée de congères, me comblait bien davantage que toutes les parois renommées. J’ai souvent vécu «hors-sentiers» et continue de l’être peut-être parce qu’il me semble que la beauté dont je me nourri se trouve justement là, loin des axes qui répondent à des besoins plus matériels et fonctionnels. Aujourd’hui à la retraite, je peux choisir les moments propices à la quête de cette beauté paysagère botanique et animale que l’Aubrac m’offre en toutes saisons et plus encore l’hiver.

Page 16: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

16

Page 17: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

17

Page 18: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Les Paysages

La matière

La Faune

26 Septembre A la Ste Justine toute fleur s’incline.

Page 19: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

19

La durée du jour décline régulièrement. La terre, chauffée durant tout l’été, restitue quelques calories à la fraîcheur des nuits, dégageant ainsi dans l’atmosphère des brumes qui s’étirent dans la vallée. Les cerfs n’ont pas

raté leurs noces bruyantes, oubliant, pour le temps d’un petit mois leur légendaire discrétion. Dans la gaieté des feuillées dorées, le chevreuil se prélasse au soleil pendant que geais et écureuils font bombance au marché

des hêtres, coudriers, sorbiers et compagnie. Il leur faut aussi faire des provisions. Toutes leurs caches ne seront pas retrouvées dans l’hiver mais serviront de pépinière à dame nature qui sait si bien se débrouiller

toute seule. Champignons et châtaignes, que l’homme aura bien voulu laisser, seront servis au banquet des sangliers. Le petit lutin couleur automne court de branches en branches à la recherche de faines et noisettes.

Non seulement la réserve de graisse est cruciale pour passer cette rude saison, mais seules les dames écureuil qui en seront suffisamment pourvues auront assez de lait au printemps pour allaiter la nichée.

Si tous les arbres à fruits ont des invités à leur table, les baies luisantes du sureau voient défiler tous les oiseaux, même ceux au régime insectivore, ainsi que les petits mammifères. Délaissé aujourd’hui par

l’homme, cet arbuste l’accompagne depuis le néolithique.

Le dernier brame

26 Septembre A la Ste Justine toute fleur s’incline.

Page 20: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

20

Un soir vers l’ouest

Page 21: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

21

Page 22: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

22

Buron du buisson haut

Page 23: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

23

Page 24: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

24

le Cerf

Page 25: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

25

Page 26: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

26

le Chevreuil

Page 27: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

27

Page 28: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

28

Page 29: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

29

Page 30: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

30

Page 31: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

31

Le renard

Page 32: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

32

la mésange charbonniére et la mésange bleue

Page 33: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

33

Page 34: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

34

Page 35: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

35

Page 36: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

36

Page 37: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

37

Page 38: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Les Paysages

La Faune

La matière 4 Octobre A la St François la bécasse est au bois.

Page 39: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

39

Après la saison d’estive et quelques coups de semonce hivernale, les vaches ont été descendues dans les vallées. Blaireaux, renards, hermines et quelques oiseaux sédentaires, tels les choucas, vont s’organiser afin d’affronter

les jours de frimas que des signes précurseurs annoncent. Les gelées matinales donnent les premiers signes. En scrutant le ciel on aperçoit, à différents étages, d’altières escadrilles qui, de jour comme de nuit, orientent leur

vol et nos rêves vers le sud. Les hirondelles, fidèles compagnes de l’homme depuis la préhistoire et de moins en moins nombreuses à cause de nos errements, restent assez prés du sol. Ce vol, fait de virevoltes et crochets,

,leur permet de capturer avec leur large bec les indispensables en-cas servant de carburant à la longue route qui les attend. Quelle maîtrise de l’air, de l’économie d’énergie, de l’orientation chez ces petites créatures

de quelques dizaines de grammes, capables de franchir des continents. De nombreuses étapes leur seront nécessaires avant de rejoindre l’Afrique équatoriale. Autant d’oiseaux, autant de stratégies de vol

et d’orientation. Certaines espèces, pressées de rejoindre les quartiers d’hiver, feront ce long voyage en très peu d’étapes et pour cela ont prévu l’énergie suffisante en accumulant un tiers de leur poids

en graisse comme la caille, la pie-grièche ou le traquet motteux. Tous les survivants du voyage vont retrouver leurs quartiers d’hiver, connus depuis des millénaires, et repéreront sans l’ombre d’un doute les lieux de destination habituels de l’espèce.

4 Octobre A la St François la bécasse est au bois.

Les routes du Sud

Page 40: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

40

Buron de Caméjane

Page 41: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

41

Page 42: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

42

Sorbiers chargés de fruits

Page 43: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

43

Page 44: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

44

la cigogne

Page 45: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

45

Page 46: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

46

la bergonnette

le rouge-gorge

Page 47: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

47

Page 48: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

48

l’hermine

Page 49: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

49

Page 50: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

50

Page 51: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

51

Page 52: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

52

Page 53: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

53

Page 54: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

54

Page 55: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

55

Page 56: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

56

Page 57: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

57

Page 58: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Les Paysages

La Faune

La matière 23 Janvier S’il géle à la St Raymond, l’hiver est encore long.

Page 59: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

59

La loi générale et incontournable étant la diversité, aucun hiver ne se ressemble : les premiers flocons ne tombent jamais de façon identique à l’année précédente. Parfois ils arrivent à petit pas, incertains, timides, presque

en s’excusant. Puis ils reculent, reviennent en plus grand nombre pour se donner du courage et s’établissent sans bruit, sans heurt, enrobant tout de velours blanc. D’autres années, ils arrivent sans crier gare, en hurlant, en

pleine nuit pour mieux nous encercler. Au matin, tout est gris, aveuglant, car ce diable de vent s’est allié à la tourmente. Un jour, ou plusieurs jours, la tempête a fait rage et tout empêtré dans ses filets. Toute la gamme

possible de l’arrivée des premiers flocons se tient dans ces extrêmes. Qu’ils viennent à manquer le rendez-vous et nous nous sentons un peu orphelins. La neige nous est indispensable, surtout si le froid gèle la terre

sans la protection du manteau neigeux. Certaines années, lorsque l’été indien a offert un sursis de pâture, dépassant ainsi la St Géraud du 13 octobre et la descente d’estive de tous les troupeaux, les bovins se

trouvent piégés par les premiers flocons. Alors les jours et les nuits des animaux se transforment en enfer. Il est parfois difficile de leur amener le foin salvateur en attendant les jours plus cléments qui

permettront de les redescendre enfin dans la vallée.

23 Janvier S’il géle à la St Raymond, l’hiver est encore long.

Premiers filoconsfif

Page 60: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

60

Nasbinal

Page 61: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

61

Page 62: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

62

Forêt de hétres

Page 63: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

63

Page 64: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

64

la vache d’aubrac

Page 65: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

65

Page 66: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

66

l’écureuil

Page 67: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

67

Page 68: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

68

Page 69: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

69

Page 70: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

70

le renard

Page 71: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

71

Page 72: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

72

Page 73: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

73

Page 74: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

74

Page 75: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

75

Page 76: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

76

Page 77: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

77

Page 78: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

78

Page 79: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

79

Page 80: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

La Faune

La matière 2 Février A la chandeleur, l’hiver se meurt ou prend vigueur.

Page 81: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

81

Est-il une création aussi diverse, aussi complexe, aussi avide de couleurs que neige et glace façonnées à partir du même matériau «l’eau» ? Des chefs d’œuvre de transformation se déroulent en été également, surtout chez les

insectes, papillons, libellules et autres. Qu’un génial sculpteur se serve de l’inconsistance de l’eau, en fasse des étoiles de dentelle aux formes infinies qui s’entassent, s’imbriquent, se combinent en d’innombrables mariages

relève pour les non spécialistes, de la magie. Il est des jours où, à hauteur d’homme, l’uniformité du gris paraît désespérante. Notre première impression muterait vite sous l’œil d’un microscope. A mes yeux, l’hiver est la

saison la plus éloignée de la monotonie. Les couleurs du ciel, le matin et le soir, n’ont jamais d’égal lors de la belle saison. La pureté de l’air donne des horizons qui nous bernent sur les distances. Les arbres écrivent

en calligraphie sur la blancheur zébrée d’azur. La forêt devient un théâtre d’ombres chinoises. Tous les animaux inscrivent leur vie en braille selon le temps qu’Eole, dieu du vent, voudra bien leur accorder,

comme il efface, entre deux vagues, les pas des amoureux sur la plage. Cette âpre beauté, cette solitude, cet espace me font mesurer la fragilité de l’homme face à la nature et me positionne à ma vraie place,

minuscule dans cet univers. C’est, à n’en point douter, un des moteurs essentiels qui a obligé l’humain à s’organiser et inventer des stratégies et outils pour se protéger de cette fragilité. A l’abri des affres de la vie sauvage, cela nous a conduit à aimer enfin la nature pour ce qu’elle est ainsi que penser

«protection» pour s’ouvrir davantage à la contemplation.

2 Février A la chandeleur, l’hiver se meurt ou prend vigueur.

Coeur de l’hiver

Page 82: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

82

Buron de Rigambal bas

Page 83: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

83

Page 84: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

84

Buron de Rigambal haut

Page 85: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

85

Page 86: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

86

l’hermine

Page 87: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

87

Page 88: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

88

le lièvre

Page 89: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

89

Page 90: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

90

le pic epeiche

Le Pic vert

Page 91: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

91

Page 92: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

92

Page 93: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

93

Les chevaux

Page 94: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

94

Page 95: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

95

Page 96: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

96

Page 97: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

97

Page 98: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

98

Page 99: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

99

Page 100: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Les Paysages

La Faune

La matière 22 Février Ste Isabelle, si février n’a ses bourrasques, tous les mois feront des frasques.

Page 101: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

101

J’ai toujours aimé les deux portes qui commandent l’hiver. Celle de l’automne des brumes, des branches déjà vides qui un matin, sans bruit, se réveillent en costume de noces. Celle de sortie, qui se fait tirer l’oreille jour

après jour par le soleil qui grimpe dans le ciel, la neige qui ne se décide pas à quitter la scène. Bien que les territoires de l’Aubrac ne soient pas comparables à ceux des pôles, ils m’inspirent toutefois crainte et fascination à la fois.

J’ai évidemment conscience d’être privilégié dans ce milieu hostile car ma survie ne dépend pas comme pour nos frères les bêtes libres, d’une pitance glanée en cours de route. Vu de ma hauteur, ce paysage qui paraît

inorganique, désolé, mystérieux, au point de douter que la vie s’y déroule quand même, offre ce sentiment subjectif qu’est la notion de beauté. La neige n’est pas un voile, une couverture jetée sur le monde en

attente de jours meilleurs, mais un monde en soi. Toute la nature est organisée avec cette saison comme avec les autres. Pour les plus fragiles, le plus souvent les oiseaux, lorsque la table n’est pas accessible,

l’exil temporaire, malgré la somme considérable de risques affrontés, reste la seule solution de survie. A part quelques baies de sorbier, de viorne et houx, servies au maigre banquet des grives, le marché

alimentaire d’hiver se trouve sous le manteau neigeux. Les trotte-menu ont accumulé dans leurs galeries quantité de graines et bulbes qui les mettent à l’abri des disettes. Mais leur chair est convoitée par tant de ravisseurs. L’hermine, dans son blanc manteau et sa taille longiligne, est la plus acharnée

à la traque jusque dans les souterrains des campagnols. Les renards, à l’ouïe si fine, écoutent depuis la surface tout mouvement sous la neige. Un bond d’une remarquable précision comblera de sa

prise l’appétit du moment.

22 Février Ste Isabelle, si février n’a ses bourrasques, tous les mois feront des frasques.

La survie

Page 102: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

102

Aprés la tourmente

Page 103: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

103

Page 104: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

104

Ferme de Déroc

Page 105: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

105

Page 106: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

106

le faucon crecerelle

la buse

Page 107: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

107

Page 108: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

108

le geai

Page 109: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

109

Page 110: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

110

le chevreuil

Page 111: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

111

Page 112: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

112

les canards et le Héron

la buse et le milan

Page 113: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

113

Page 114: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

114

Page 115: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

115

Page 116: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

116

Page 117: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

117

Page 118: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

118

Page 119: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

119

Page 120: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

120

Page 121: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

121

Page 122: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Les Paysages

La Faune

La matière 10 Avril A St Macaire, reviennent les giboulées d’hiver.

Page 123: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

123

A peine l’étau de frimas se desserre que perce-neige et crocus pointent le bout du pétale. Découvrir ce dernier qui tente, encore fripé, une sortie à l’air libre à travers une neige croutée de mille diamants est un merveilleux

spectacle. S’il en était besoin, la scène prouve que la force de la vie est la plus forte. Pourtant, si la température se montre de plus en plus clémente, c’est la période des ventres plats pour ceux qui n’ont pas servi de proie aux

bouches affamées. L’alouette lulu charme nos oreilles et emplit tout entier le ciel de son chant. Les nappes d’herbe jaunies, débarrassées de neige, lui suffiront à picorer quelques graines et retrouver son habitat estival.

Le rouge-gorge, que l’on croit, à tort, être toujours le même, égrène dans la haie d’épicéa son chant métallique. Les mésanges de toutes espèces papillonnent et nous réchauffent le cœur de leurs rondes sylvicoles. Les

jonquilles ont pointé leur œil couleur soleil et les bourgeons de saule ne peuvent plus supporter leur corset. Fini le blanc silence, c’est germinal, si bien nommé, comme au temps du calendrier républicain.

Les concerts permanents sont odes à la vie et la terre libère dans l’azur tout ce qu’à mûri son alchimie hivernale.

10 Avril A St Macaire, reviennent les giboulées d’hiver.

La vie la plus forte

Page 124: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

124

Ruisseau des Pléches

Page 125: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

125

Page 126: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

126

Vaches à Lous Passadous

Page 127: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

127

Page 128: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

128

le renard

Page 129: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

129

Page 130: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

130

la bécassine

Page 131: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

131

Page 132: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

132

la grenouille

Page 133: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

133

Page 134: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

134

La perdrix

Page 135: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

135

Page 136: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

136

Page 137: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

137

Le grèbe

Page 138: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

138

Page 139: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

139

Page 140: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

140

Page 141: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

141

Page 142: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

142

Page 143: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

143

Page 144: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

144

Page 145: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

145

Page 146: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort
Page 147: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Depuis tant d’années déjà que je traque, de jour comme de nuit, à toutes saisons, la vie sauvage et les paysages dans de somptueuses lumières. Qu’ai-je appris? Si peu de choses tant il y aurait à savoir… j’ai glané des milliers de photos ! Mais elles ne sont qu’un immense raccourci du réel, une infime pause dans le déroulé du temps, un arbitraire. Il faut une somme d’images pour exprimer une portion des sentiments les plus profonds qui nous habitent à côtoyer cette nature. Je suis heureux s’il reste de cette quête une étincelle qui puisse éveiller un jeune regard, une joie de vivre, une passion. Je n’ai que de piètres outils pour témoigner de mon époque et il y a différentes manières de tenter d’y parvenir. Soit jouer comme tout le monde avec les bulles de savon des monopoles intellectuels, politiques, de l’info versée en continu sans temps ni repaires pour réfléchir. Ou bien se coltiner sans compromis avec le réel brut. C’est ce versant, si peu fréquenté, qui s’est imposé à moi dés mon plus jeune âge et me colle toujours à la peau. J’ai vite su que je n’arriverais jamais à saisir cet espace qui lie les choses entre elles et cela me stimule toujours. Saisir l’image d’un animal n’est déjà pas chose aisée, mais que savons-nous du réel de cet animal : le rang social qu’il tient avec ses congénères, visibles ou non, son âge, ses instincts, sa façon de s’insérer, de se nourrir, de se reproduire dans son environnement ? Dans l’immense complexité du vivant et les rapports que les éléments tissent entre eux, mon image n’est qu’un lambeau de réel, une touffe de poils accrochée aux ronces que le temps fera disparaître. Mais je ressens un bonheur sauvage à la traquer, et elle devient un prétexte qui décuple le plaisir de partager mon expérience et mon regard.

Page 148: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

148

Page 149: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

149

Page 150: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

150

Page 151: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

151

Page 152: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

152

Page 153: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

153

Page 154: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

154

Page 155: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

155

Page 156: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

156

Page 157: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

157

Page 158: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

158

Page 159: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

159

Page 160: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

160

Page 161: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

161

Page 162: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

162

Page 163: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

163

Page 164: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

164

Page 165: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

165

Page 166: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

166

Page 167: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

167

Page 168: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

168

Page 169: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

169

Page 170: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

170

Page 171: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

171«Je suis fils d’une femme, d’un homme et de la forêt. Mon grand-père, chez qui j’ai grandi une partie de mon enfance, était paysan et garde forestier, mon père, ouvrier du bois. La maison où je suis né était en lisière des bois et en bois. En bois aussi mon berceau. Lorsque j’ai respiré pour la pre-mière fois, l’air qui est venu emplir mes poumons sentait l’écorce, l’humus, la feuille et la fougére. Et je me demande parfois si le lait qui m’a nourri n’était pas mêlé de sève» L’incohérence et le massacre de l’homme vis à vis de la nature m’ont obligé à donner par le papier une image réelle du trésor qui nous entoure. Pour les be-soins d’images lors de ma participation au film «LE PEUPLE MIGRATEUR», j’ai parcouru une partie de notre belle planète. J’ai découvert des paradis parce que les humains qui les peuplaient avaient un profond res-pect pour leur environnement et une grande admiration pour toute forme de vie. Je persiste depuis à chanter en images la beauté de notre territoire. Par nos comporte-ments quotidiens nous participons, sans même nous en rendre compte, à l’appauvrissement de notre planéte. C’est le devant de notre porte que je désire montrer dans toute sa beauté et un peu sa complexité.

Page 172: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

172

Page 173: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

173

1991-1995 : assistant réalisateur de Claude Nuridsany et Marie Perennou sur le film MICROCOSMOS - Galatée Films /Jacques Perrin

1995 : auteur du livre GUETTEUR DE VIE - Splendeur d'Aubrac, 265 photos, textes écrits en collaboration avec Colette Gouvion. Faune et flore des forêts d'Aubrac . Editions du Rouergue nominé au Prix NATURE 1995, Prix des Presses de la Lozére.

1997 : auteur du livre CAUSSES -de pierre et d'étoiles , 350 photos, Textes coécrits avec Colette Gouvion - Editions du RouergueRegards sur les grands Causses Lozériens , Aveyronnais , leur flore , leur faune , les hommes.

1997 : auteur des 320 photos pour la réalisation du livre CONQUES-moyennageuse , mystique , contemporaine. Textes de Marie Renoue - Editions du RouergueTravail sur le village Aveyronnais de Conques,son abbatiale romane, les vitraux contemporains de Pierre Soulage. Un prix d'art et d'architecture .

1998 - 2001: Travail sur le film de Jacques Perrin LE PEUPLE MIGRATEUR comme conseiller technique en ornithologie , responsable du centre d'élevage en Normandie et photographe de plateau en France et à l'etranger.

2003 : Réalisation du livre EAUX SAUVAGES, 170 photos, Textes de Colette Gouvion - Editions FlammarionTravail sur le parcours de l'eau du Groenland à l'equateur en passant par la France , et l'Aubrac.

2009 : Auteur du livre UNE FRANCE SAUVAGE L'AUBRAC, 248 photos, textes coécrits avec Colette Gouvion - Le RouergueOuvrage sur la vie animale sauvage, la flore et les paysages si particuliers, au fil des saisons, sur le plateau de l'Aubrac trés peu peuplé dans le département le plus haut de France.

2009 : auteur du Livre UN DERNIER BERGER , 250 photos, textes de Colette Gouvion - Le RouergueLa vie, le travail ,et les relations d’un berger avec ses brebis et son environnement sur le plus haut des grands causses, le Mejean.

Bibliographie

Page 174: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

174

Page 175: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

175

Page 176: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

176

Page 177: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

177

De l’auteur :

Pour leur soutien :

Un ouvrage comme celui-ci est le fruit et l’aboutissement de bien des rencontres et de très nombreux échanges. Depuis Achille, mon grand-père, jusqu’à Arthur, en passant par Colette, Elliot et Jacques tant de rencontres se sont faites. Le regard de ma femme et celui de mes amis compte beaucoup dans la décision du projet. Bien sûr dame nature est la seule responsable sans laquelle je ne serai qu’un promeneur.

Un ami, Antoine, m’a fait rencontrer par hasard Stephane Sichi des éditions «Au Fil du Temps». Son regard critique et son exigence professionnelle ont fait le reste pour mener à bien, avec complicité, FRIMAS.

Merci à tous

La société EDOKIALMr Olivier Nicolas – Graphi ImprimeurMr Jean Michel Estève – Association L’AveyronnaiseMr Antoine Tournier – Maison de l’AubracLe Centre Européen d’Art et de Civilisation Médiévale - ConquesL’association Nature Aubrac…

Page 178: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

178

Page 179: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

179

Page 180: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Editions Au fil du TempsRoute de Trinquies

12 330 SOUYRI (France)

www.fil-du-temps.com

Direction artistique : SICHI Stéphane

Relecture & Corrections : GALIBERT Jacques

N° ISBN : 978-2-918298-12-0

Dépot Légal : Décembre 2011

Page 181: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort
Page 182: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort
Page 183: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort
Page 184: FRIMAS - Quand l'Aubrac s'endort

Prix de vente : 29.50 €

ISBN : 978-2-918298-12-0

L’Aubrac hivernal, abandonné des hommes et des bovins, ouaté de silence ou raboté de souffle hurlant, n’appartient plus qu’au sauvage dans toute sa royale beauté. Les traces animales inscrivent la vie en pleins et déliés. Les écharpes de brume et de vent animent l’azur et les vallons loin des brouhahas superflus de la vie urbaine. Forêts et haies de résineux se métamorphosent, au gré des jours, en palais des glaces ou délicates œuvres d’artistes inspirés. Si la vie animale y est quasiment absente, le sculpteur frimas y joue de toutes ses cordes.

Renaud Dengreville