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ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE P oursuivant sur leur lancée après un début d’année en fanfare, les marchés financiers ont accueilli avec enthousiasme l’avancée des négociations sino- américaines visant à mettre fin à la guerre commerciale dans laquelle s’affrontent les deux super puissances depuis le printemps 2018. Sur le front du Brexit en revanche, la situation n’a guère avancé alors que se rapproche la date butoir du 29 mars pour valider le compromis sur les modalités de sortie. Alors que Theresa May s’efforce toujours d’obtenir une majorité pour un accord à la chambre des Communes, l’hypothèse d’un prolongement des négociations au-delà de la fin mars afin d’éviter une catastrophique sortie sans accord constitue désormais un scénario crédible. Aux États-Unis, un nouvel accord a été trouvé sur la loi budgétaire, permettant d’éviter une nouvelle fermeture de l’Administration américaine mi-février. Toutefois, cet accord ne prévoyant pas de financement pour le mur de Donald Trump, celui-ci a déclaré l’état « d’urgence nationale » pour financer son mur à la frontière mexicaine et il est de ce fait poursuivi en justice par seize États qui contestent la validité de cette déclaration. Par ailleurs, la Maison Blanche a annoncé le report de la date butoir du 1er mars (au-delà de laquelle les droits de douane sur les importations chinoises seraient portés à 25 %) après avoir constaté que des progrès significatifs avaient été accomplis en vue de la signature d’un accord commercial entre les États-Unis et la Chine. Du côté de la politique monétaire, la Réserve Fédérale a conservé un ton accommodant lors de sa réunion mensuelle, insistant sur les risques liés aux facteurs à la fois nationaux et internationaux qui pèsent sur les perspectives économiques. Ce message de patience de l’Institution a été interprété par les marchés comme un signe de pause dans la remontée des taux pour les mois à venir. Enfin, sur le front des données économiques publiées en février, la bonne surprise est venue de la publication du PIB définitif pour le 4ème trimestre 2018, à +2.6% contre une précédente estimation à +2.3%. Si les créations d’emplois ont encore été très dynamiques avec 304 000 nouveaux postes, le taux de chômage s’est néanmoins inscrit en hausse de 0.10 % à 4.0 % en raison du « shutdown » de l’Administration en janvier. Le salaire horaire moyen a également été décevant, avec une hausse de seulement 0.1 % sur le mois tandis que l’indice général des prix à la consommation a légèrement fléchi en janvier de 1.9 % à 1.6 % sous l’effet de l’évolution des prix de l’essence tandis que l’inflation sous-jacente est restée stable à 2.2%. En zone Euro, le contexte économique demeure mitigé. La croissance du PIB allemand au 4ème trimestre 2018 a été confirmée à 0 %, évitant donc de justesse la récession technique, laquelle a cependant été actée en Italie avec une croissance du PIB confirmée à -0.2% au dernier trimestre 2018, après -0.1% au 3ème trimestre. Sur l’ensemble LA NOTE DE CONJONCTURE DE PRO BTP FINANCE #Février 2019 de la zone euro, l’indicateur avancé de l’industrie manufacturière a néanmoins poursuivi son déclin, du fait principalement de l’Allemagne qui est tombée de 49.7 à 47.6, ce qui semble indiquer que la récession du secteur industriel s’est poursuivie au début de 2019. L’inflation totale a de nouveau diminué de 1.5 % à 1.4 en janvier, contre 2.3 % en octobre 2018, tandis que l’inflation sous-jacente est restée stable à 1.1 %. Cette faiblesse persistante de l’inflation demeure une source de préoccupation pour la Banque Centrale Européenne qui semble, tout comme son homologue américaine, disposée à se montrer patiente dans le resserrement de sa politique monétaire. Ainsi, les marchés de taux anticipent désormais le report de la première hausse du taux de dépôts européen à décembre 2019 au lieu de septembre. Enfin sur le plan politique (hors Brexit), l’Union européenne a brandi la menace de représailles en cas de décision de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers sur les voitures européennes tandis qu’en Espagne, le Premier Ministre a convoqué des élections anticipées pour le 28 avril, les derniers sondages augurant d’un parlement toujours très fragmenté. En Chine, les exportations du mois de janvier ont été vigoureuses, en hausse de 9.1 % après avoir chuté de plis de 4% en décembre. Toutefois, observée sur trois mois, la tendance sur la croissance des exportations demeure baissière, affectée par la guerre économique avec les États-Unis. Globalement, l’économie intérieure chinoise est restée sur une dynamique morose : les importations ont chuté de 1.5 %, la consommation est restée faible, et la contraction des ventes de voitures s’est accentuée de 13 % à 16 % en janvier. Toutefois, la croissance de l’encours de crédit, qui constitue un bon indicateur avancé, est marquée par un fort rebond, ce qui est attribuable en grande partie aux prêts bancaires traditionnels. Au Japon, l’économie a connu un rebond au 4ème trimestre 2018, avec une progression de 0.3 % après un recul de 0.7 % au trimestre précédent. Cette croissance s’appuie toujours plus sur des facteurs nationaux : la consommation privée a connu une nouvelle accélération, soutenue par la progression des salaires, et les entreprises ont intensifié leurs investissements, dans un contexte de demande extérieure solide. D ans leur ensemble, les marchés d’actions mondiaux ont encore enregistré une très bonne performance en février, soutenus par la trêve dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Sur le front des matières premières, le pétrole a continué de s’apprécier, atteignant 67 dollars par baril dans un contexte de baisse de la production au niveau mondial. Si les marchés anticipent désormais un dénouement plus favorable de la crise commerciale sino-américaine, SITUATION DES MARCHÉS FINANCIERS

#Février 2019 - REGARDBTP...0.1 % sur le mois tandis que l’indice général des prix à la consommation a légèrement fléchi en janvier de 1.9 % à 1.6 % sous l’effet de l’évolution

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Page 1: #Février 2019 - REGARDBTP...0.1 % sur le mois tandis que l’indice général des prix à la consommation a légèrement fléchi en janvier de 1.9 % à 1.6 % sous l’effet de l’évolution

ENVIRONNEMENTÉCONOMIQUE

Poursuivant sur leur lancée après un début d’année en fanfare, les marchés financiers ont accueilli avec enthousiasme l’avancée des négociations sino-

américaines visant à mettre fin à la guerre commerciale dans laquelle s’affrontent les deux super puissances depuis le printemps 2018. Sur le front du Brexit en revanche, la situation n’a guère avancé alors que se rapproche la date butoir du 29 mars pour valider le compromis sur les modalités de sortie.Alors que Theresa May s’efforce toujours d’obtenir une majorité pour un accord à la chambre des Communes, l’hypothèse d’un prolongement des négociations au-delà de la fin mars afin d’éviter une catastrophique sortie sans accord constitue désormais un scénario crédible.

Aux États-Unis, un nouvel accord a été trouvé sur la loi budgétaire, permettant d’éviter une nouvelle fermeture de l’Administration américaine mi-février. Toutefois, cet accord ne prévoyant pas de financement pour le mur de Donald Trump, celui-ci a déclaré l’état « d’urgence nationale » pour financer son mur à la frontière mexicaine et il est de ce fait poursuivi en justice par seize États qui contestent la validité de cette déclaration. Par ailleurs, la Maison Blanche a annoncé le report de la date butoir du 1er mars (au-delà de laquelle les droits de douane sur les importations chinoises seraient portés à 25 %) après avoir constaté que des progrès significatifs avaient été accomplis en vue de la signature d’un accord commercial entre les États-Unis et la Chine. Du côté de la politique monétaire, la Réserve Fédérale a conservé un ton accommodant lors de sa réunion mensuelle, insistant sur les risques liés aux facteurs à la fois nationaux et internationaux qui pèsent sur les perspectives économiques. Ce message de patience de l’Institution a été interprété par les marchés comme un signe de pause dans la remontée des taux pour les mois à venir. Enfin, sur le front des données économiques publiées en février, la bonne surprise est venue de la publication du PIB définitif pour le 4ème trimestre 2018, à +2.6% contre une précédente estimation à +2.3%. Si les créations d’emplois ont encore été très dynamiques avec 304 000 nouveaux postes, le taux de chômage s’est néanmoins inscrit en hausse de 0.10 % à 4.0 % en raison du « shutdown » de l’Administration en janvier. Le salaire horaire moyen a également été décevant, avec une hausse de seulement 0.1 % sur le mois tandis que l’indice général des prix à la consommation a légèrement fléchi en janvier de 1.9 % à 1.6 % sous l’effet de l’évolution des prix de l’essence tandis que l’inflation sous-jacente est restée stable à 2.2%.

En zone Euro, le contexte économique demeure mitigé. La croissance du PIB allemand au 4ème trimestre 2018 a été confirmée à 0 %, évitant donc de justesse la récession technique, laquelle a cependant été actée en Italie avec une croissance du PIB confirmée à -0.2% au dernier trimestre 2018, après -0.1% au 3ème trimestre. Sur l’ensemble

L A N O T E D E C O N J O N C T U R ED E P R O B T P F I N A N C E

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de la zone euro, l’indicateur avancé de l’industrie manufacturière a néanmoins poursuivi son déclin, du fait principalement de l’Allemagne qui est tombée de 49.7 à 47.6, ce qui semble indiquer que la récession du secteur industriel s’est poursuivie au début de 2019. L’inflation totale a de nouveau diminué de 1.5 % à 1.4 en janvier, contre 2.3 % en octobre 2018, tandis que l’inflation sous-jacente est restée stable à 1.1 %. Cette faiblesse persistante de l’inflation demeure une source de préoccupation pour la Banque Centrale Européenne qui semble, tout comme son homologue américaine, disposée à se montrer patiente dans le resserrement de sa politique monétaire. Ainsi, les marchés de taux anticipent désormais le report de la première hausse du taux de dépôts européen à décembre 2019 au lieu de septembre. Enfin sur le plan politique (hors Brexit), l’Union européenne a brandi la menace de représailles en cas de décision de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers sur les voitures européennes tandis qu’en Espagne, le Premier Ministre a convoqué des élections anticipées pour le 28 avril, les derniers sondages augurant d’un parlement toujours très fragmenté.

En Chine, les exportations du mois de janvier ont été vigoureuses, en hausse de 9.1 % après avoir chuté de plis de 4% en décembre. Toutefois, observée sur trois mois, la tendance sur la croissance des exportations demeure baissière, affectée par la guerre économique avec les États-Unis. Globalement, l’économie intérieure chinoise est restée sur une dynamique morose : les importations ont chuté de 1.5 %, la consommation est restée faible, et la contraction des ventes de voitures s’est accentuée de 13 % à 16 % en janvier. Toutefois, la croissance de l’encours de crédit, qui constitue un bon indicateur avancé, est marquée par un fort rebond, ce qui est attribuable en grande partie aux prêts bancaires traditionnels. Au Japon, l’économie a connu un rebond au 4ème trimestre 2018, avec une progression de 0.3 % après un recul de 0.7 % au trimestre précédent. Cette croissance s’appuie toujours plus sur des facteurs nationaux : la consommation privée a connu une nouvelle accélération, soutenue par la progression des salaires, et les entreprises ont intensifié leurs investissements, dans un contexte de demande extérieure solide.

Dans leur ensemble, les marchés d’actions mondiaux ont encore enregistré une très bonne performance en février, soutenus par la trêve dans la guerre

commerciale entre les États-Unis et la Chine. Sur le front des matières premières, le pétrole a continué de s’apprécier, atteignant 67 dollars par baril dans un contexte de baisse de la production au niveau mondial. Si les marchés anticipent désormais un dénouement plus favorable de la crise commerciale sino-américaine,

SITUATION DESMARCHÉS FINANCIERS

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ils ont également réagi positivement aux discours plus accommodants des Banques Centrales américaines et européennes. Par ailleurs, le mois de février a concentré un nombre important de publications de résultats, lesquels se sont majoritairement traduits par des chiffres en ligne ou meilleurs que prévus pour le 4ème trimestre 2018, assortis cependant de prévisions prudentes pour le premier semestre 2019.

De ce fait, sur les bourses européennes, le recul de l’aversion au risque s’est amplifié, permettant une poursuite de la progression des indices d’une ampleur comparable à la forte hausse déjà enregistrée en janvier. Sur le mois, l’indice Stoxx50 des principales valeurs progresse à nouveau de près de 5%, portant la performance annuelle sur 2 mois seulement à +10.25 %, à comparer avec un recul de 10.21% pour l’ensemble de l’année 2018 !

Tout comme en janvier, les secteurs cycliques (construction, chimie, technologie), en progression de 5 à 7%, ont surperformé les secteurs défensifs (Services aux collectivités et opérateurs télécom en particulier) dont les cours ont stagné. Parmi les valeurs financières, le secteur de l’assurance (+6.1%) surperforme largement le secteur bancaire (+4.3%) avec d’excellentes publications de résultats qui contrastent fortement avec ceux des banques, majoritairement décevants.

Au 28 février 2019, les principales Bourses mondiales affichent les évolutions suivantes :

Sur 1 mois Depuis le 31/12/2018

Indice CAC40 + 4.93 % + 10.11 %

Indice Stoxx50 (Europe) + 4.96 % + 10.25 %

Indice Dow Jones (en $) + 3.67 % + 11.10 %

Indice Nikkei (en Yen) + 2.94 % + 6.95 %

REGARDBTP Teneur de Comptes Conservateur de Parts - Société anonyme à directoire et conseil de Surveillance au capital de 3 800 000 €Siège social : 7 Rue du Regard 75006 PARIS − RCS PARIS 451 292 312

PRO BTP FINANCE Société de Gestion de Portefeuille agréée par l’AMF sous le n° GP 97-83 − Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 3 100 000 €Siège social : 7 rue du Regard 75006 PARIS - RCS PARIS B 379 892 946

Après un bon début d’année, la situation s’est révélée plus complexe en février sur les marchés obligataires. Pendant la majeure partie du mois, les taux d’intérêt ont poursuivi leur détente en réaction au discours plus accommodant des Banques Centrales de part et d’autre de l’Atlantique. En zone euro, seuls les rendements de la dette italienne se sont tendus, à contre-courant de ceux de l’ensemble des autres pays, dans un contexte de politique intérieure toujours très confuse et de doutes persistants sur les projections budgétaires du gouvernement. En toute fin de mois, la révision à la hausse de la croissance du PIB américain, couplée à une sensible remontée des taux britanniques en raison de rumeurs quant à un éventuel report de la date du Brexit, ont amorcé un mouvement de remontée rapide des taux sur l’ensemble des échéances de la courbe. Ainsi le taux à 10 ans européen s’inscrit à 0.19% fin février contre 0.16% le mois précédent.

De ce fait, les emprunts d’états européens ont retracé une partie de la performance engrangée en janvier, les maturités les plus courtes s’inscrivant même en territoire négatif. Seules les obligations de type crédit, toujours portées par la forte hausse des sous-jacents actions, se sont inscrites en performance positive en février, creusant sensiblement l’écart avec les emprunts d’états de maturité équivalente.

Performance des principaux indices obligataires au 28 février 2019 :

Sur 1 mois Depuis le 31/12/2018

Indice BOFA 1/3 ans - 0.11 % - 0.05 % (emprunts d’état)

Indice BOFA 3/5 ans - 0.20 % + 0.21 % (emprunts d’état)

Indice BOFA 5/7 ans - 0.17 % + 0.73 % (emprunts d’état)

Indice Barclays 3/5 ans + 0.51 % + 1.19 % (secteur privé)

EONIA - 0.03 % - 0.06 % (taux sans risque)