2
26/05/16 11:39 Question de Mme Véronique Salvi à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président…nement supérieur, de la Recherche et des Médias, intitulée «Lapresse.be» Page 1 sur 2 about:blank Question de Mme Véronique Salvi à Mme Alda Greoli, vice-présidente et ministre de la Culture et de l’Enfance, intitulée «Concours Mini-miss» Mme Véronique Salvi (cdH). – À la suite de l’annonce du Comité national Miss Belgique d’organiser un concours de Mini-Miss Belgique, le débat autour de ces concours refait surface. La question des concours de mini-miss est intrinsè- quement liée à la problématique de l’hypersexualisation des enfants. Cette problématique n’est pas neuve: cela fait déjà plusieurs années que ce type de concours existe en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce genre de concours est cependant mis en lumière aujourd’hui car il sera organisé par le Comité national Miss Belgique. Je tiens à rappeler que notre Parlement s’est déjà penché sur le sujet, notamment lors de la législature précédente, puisqu’un colloque sur l’hypersexualisation des enfants avait été organisé à l’initiative du Comité d’avis pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. De nombreux acteurs et professionnels de l’enfance étaient présents et ont témoigné de l’impact de l’hypersexualisation sur les enfants. En effet, si les organisateurs et certains parents ne mesurent pas toujours l’impact de ces concours sur les jeunes filles, les pédopsychiatres s’accordent tous pour reconnaître les consé- quences désastreuses sur le développement physique, psychologique ou relationnel des enfants: anorexie, sexualité précoce, impact sur l’estime de soi, utilisation des codes de séduction des adultes chez les enfants, etc. La position du délégué général aux droits de l’enfant sur le sujet est plutôt nuancée car il craint qu’une interdiction de ce type de concours n’entraîne une forme de clandestinité dans leur organisation. Pourtant, la France a interdit l’organisation de concours de mini-miss en 2013. Il serait intéressant de voir s’il existe une évaluation de cette mesure. Comme je l’ai indiqué, les concours de minimiss ne représentent en réalité qu’un aspect de la problématique de l’hypersexualisation. Il faudrait développer une réflexion globale sur le sujet, voire mettre en place une concertation avec les autres secteurs et niveaux de pouvoir concernés par la problématique. Madame la Ministre, sur la base de ces élé- ments, quelle est votre position sur les concours de mini-miss? Quelle est votre marge de manœuvre dans ce dossier? Est-il pertinent de s’inspirer du modèle français? Dispose-t-on déjà d’une évaluation de cette interdiction en France? Pourrait-on la transposer dans notre Fédération? Votre collègue, Mme Simonis, a été interpellée sur le sujet par le biais d’une question d’actualité. Il devrait y avoir une interconnexion entre vos deux départements sur des problématiques telles que celle-ci. Êtes-vous en contact avec votre collègue, voire avec d’autres niveaux de pouvoirs? En effet, si réflexion il doit y avoir sur l’hypersexualisation, elle ne doit pas se limiter à notre Fédération. En tant que parent, ce sujet me préoccupe aussi énormément. Il me semble que le phénomène commence de plus en plus tôt et ne concerne pas uniquement les petites filles. Nous devons réfléchir ensemble, en dehors de tout clivage politique, sur des actions de prévention par rapport à ce type de concours et, de manière plus générale, sur la problématique de l’hypersexualisation. Mme Alda Greoli, vice-présidente et ministre de la Culture et de l’Enfance. – Je suis tout à fait d’accord avec vous. Ces concours fragilisent le droit à l’enfance. En tant que ministre de l’Enfance, je ne cautionne absolument pas l’organisation de tels concours. De nombreuses instances se sont prononcées dans ce sens en Fé- dération Wallonie-Bruxelles, comme la cellule Yapaka, chargée de la coordination de l’aide aux victimes de maltraitance, du ministère de la Communauté française et le délégué général aux droits de l’enfant qui, dans son rapport Enfance, jeunesse et sexualité, consacre un chapitre à ces concours. Il ne prône pas leur interdiction, mais la sensibilisation des parents, des responsables politiques et des organisateurs. Le délégué aux droits de l’enfant semblait indiquer que la question pouvait être traitée de manière isolée, sans tenir compte de la sexualisation de l’espace public et de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS). Cette question concerne aussi mes collègues, Mme Simonis, en charge de l’Égalité des chances, et Mme Schyns, compétente pour les activités d’EVRAS proposées dans le cadre scolaire. Il convient de pallier un vide juridique. Nous

FWB - Mini Miss - Mai 2016

Embed Size (px)

DESCRIPTION

FWB - Mini Miss - Mai 2016

Citation preview

26/05/16 11:39Question de Mme Véronique Salvi à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président…nement supérieur, de la Recherche et des Médias, intitulée «Lapresse.be»

Page 1 sur 2about:blank

Question de Mme Véronique Salvi à Mme Alda Greoli, vice-présidente et ministre de la Cultureet de l’Enfance, intitulée «Concours Mini-miss»

Mme Véronique Salvi (cdH). – À la suite de l’annonce du Comité national Miss Belgique d’organiserun concours de Mini-Miss Belgique, le débat autour de ces concours refait surface. La question desconcours de mini-miss est intrinsè- quement liée à la problématique de l’hypersexualisation desenfants. Cette problématique n’est pas neuve: cela fait déjà plusieurs années que ce type de concoursexiste en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce genre de concours est cependant mis en lumièreaujourd’hui car il sera organisé par le Comité national Miss Belgique. Je tiens à rappeler que notreParlement s’est déjà penché sur le sujet, notamment lors de la législature précédente, puisqu’uncolloque sur l’hypersexualisation des enfants avait été organisé à l’initiative du Comité d’avis pourl’égalité des chances entre les femmes et les hommes. De nombreux acteurs et professionnels del’enfance étaient présents et ont témoigné de l’impact de l’hypersexualisation sur les enfants. En effet,si les organisateurs et certains parents ne mesurent pas toujours l’impact de ces concours sur les jeunesfilles, les pédopsychiatres s’accordent tous pour reconnaître les consé- quences désastreuses sur ledéveloppement physique, psychologique ou relationnel des enfants: anorexie, sexualité précoce,impact sur l’estime de soi, utilisation des codes de séduction des adultes chez les enfants, etc. Laposition du délégué général aux droits de l’enfant sur le sujet est plutôt nuancée car il craint qu’uneinterdiction de ce type de concours n’entraîne une forme de clandestinité dans leur organisation.Pourtant, la France a interdit l’organisation de concours de mini-miss en 2013. Il serait intéressant devoir s’il existe une évaluation de cette mesure.

Comme je l’ai indiqué, les concours de minimiss ne représentent en réalité qu’un aspect de laproblématique de l’hypersexualisation. Il faudrait développer une réflexion globale sur le sujet, voiremettre en place une concertation avec les autres secteurs et niveaux de pouvoir concernés par laproblématique. Madame la Ministre, sur la base de ces élé- ments, quelle est votre position sur lesconcours de mini-miss? Quelle est votre marge de manœuvre dans ce dossier? Est-il pertinent des’inspirer du modèle français? Dispose-t-on déjà d’une évaluation de cette interdiction en France?Pourrait-on la transposer dans notre Fédération? Votre collègue, Mme Simonis, a été interpellée sur lesujet par le biais d’une question d’actualité. Il devrait y avoir une interconnexion entre vos deuxdépartements sur des problématiques telles que celle-ci. Êtes-vous en contact avec votre collègue,voire avec d’autres niveaux de pouvoirs? En effet, si réflexion il doit y avoir sur l’hypersexualisation,elle ne doit pas se limiter à notre Fédération. En tant que parent, ce sujet me préoccupe aussiénormément. Il me semble que le phénomène commence de plus en plus tôt et ne concerne pasuniquement les petites filles. Nous devons réfléchir ensemble, en dehors de tout clivage politique, surdes actions de prévention par rapport à ce type de concours et, de manière plus générale, sur laproblématique de l’hypersexualisation.

Mme Alda Greoli, vice-présidente et ministre de la Culture et de l’Enfance. – Je suis tout à faitd’accord avec vous. Ces concours fragilisent le droit à l’enfance. En tant que ministre de l’Enfance, jene cautionne absolument pas l’organisation de tels concours. De nombreuses instances se sontprononcées dans ce sens en Fé- dération Wallonie-Bruxelles, comme la cellule Yapaka, chargée de lacoordination de l’aide aux victimes de maltraitance, du ministère de la Communauté française et ledélégué général aux droits de l’enfant qui, dans son rapport Enfance, jeunesse et sexualité, consacre unchapitre à ces concours. Il ne prône pas leur interdiction, mais la sensibilisation des parents, desresponsables politiques et des organisateurs. Le délégué aux droits de l’enfant semblait indiquer que laquestion pouvait être traitée de manière isolée, sans tenir compte de la sexualisation de l’espace publicet de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS). Cette question concerne aussimes collègues, Mme Simonis, en charge de l’Égalité des chances, et Mme Schyns, compétente pour lesactivités d’EVRAS proposées dans le cadre scolaire. Il convient de pallier un vide juridique. Nous

26/05/16 11:39Question de Mme Véronique Salvi à M. Jean-Claude Marcourt, vice-président…nement supérieur, de la Recherche et des Médias, intitulée «Lapresse.be»

Page 2 sur 2about:blank

allons lancer un appel à concertation avec les autorités fédérales pour combler ce vide juridique.

Dans l’attente d’une solution, nous obligerons les organisateurs à signer et respecter une chartecommune, qui pourrait leur être proposée par un comité éthique composé notamment de professionnelsde l’enfance et de la santé. Cette charte prévoirait entre autres que chaque organisateur s’identifiecomme tel, déclare préalablement ses activités auprès d’un organisme de la Fédération, définisse unmode de sélection et d’évaluation clair basé sur un règlement accessible à tous, sépare les concourspour enfants de ceux pour adultes et informe les parents des dangers d’un tel concours. Cette mesuren’est qu’une première étape. Nous ouvrirons aussi une réflexion sur le droit à l’image des enfants. Il estévident que ces concours ne doivent en aucun cas être encouragés par les autorités publiques. LaFédération ne leur proposera aucun soutien. En tant que ministre de l’Enfance, je voudrais aussisensibiliser les parents aux dangers de tous ces concours, quelles que soient les disciplines: sports,culture etc. Nous ne réalisons pas les dégâts psychologiques causés à ces enfants qui deviennent, sousl’impulsion des parents, des «bêtes de concours». C’est absolument regrettable. Les enfants ont le droitde grandir tranquillement.

Mme Véronique Salvi (cdH). – Votre position à l’égard de ces concours de mini-miss estextrêmement claire et je vous en remercie: vous ne laissez pas de marge à la rumeur. Concernant lesdifférents moyens à mettre en œuvre pour atteindre l’objectif que vous vous êtes fixé, et que je partagelargement, il faudra travailler pour combler le vide juridique, mais cela ne sera pas limité auxcompétences de la Fédération. Il est urgent de collaborer avec le niveau fédéral. Nous reviendrons sansdoute tout au long de la mandature sur les moyens qui seront à notre disposition et sur la manière dontil vous sera possible de vous concerter avec le niveau fédéral à propos de cette thématique. Cette idéede charte est un premier pas. Il importe de sensibiliser les parents. Ces derniers n’ont pas toujoursconscience des dégâts que cela peut causer aux enfants. Trompés par les dehors sympathiques de cesconcours, ils inscrivent leur petite fille sans se rendre compte des dangers et des conséquencespsychologiques d’une telle compétition où l’enfant n’a pour seul objectif que d’arriver le premier. Lesparents, parfois accompagnés de toute la famille, sont derrière l’enfant pour l’encourager. Cette charte,à laquelle l’ensemble des organisateurs devront adhérer, me semble donc un premier pas important. Enréfléchissant plus loin, si un organisateur n’adhère pas à la charte, quels seront les moyens dévolus auxuns et aux autres? La question du droit à l’image est également un aspect important, qui devra êtreexaminé en concertation avec le pouvoir fédéral, puisque cette compétence, le respect de la vie privée,est aussi de son ressort. La première discussion de cet après-midi en ouvrira d’autres et je vousremercie pour vos positions sans langue de bois à ce sujet.