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GAUMONT et MANDARIN CINEMA présentent UN HEUREUX ÉVÉNEMENT Un film de RéMIBEZANÇON d’après le roman d’éLIETTEABÉCASSIS UN HEUREUX éVéNEMENT - Editions ALBIN MICHEL Avec LOUISEBOURGOIN - PIOMARMAÏ JOSIANEBALASKO - THIERRYFRÉMONT - GABRIELLELAZURE et la participation de FIRMINERICHARD SORTIE LE 5 OCTOBRE 2011 Durée : 1h47 Site officiel : www.gaumont.fr Site presse : www.gaumontpresse.fr DISTRIBUTION / GAUMONT Quentin BECKER / Carole DOURLENT 30, avenue Charles de Gaulle 92200 Neuilly / Seine Tél : +33 1.46.43.23.06 / 23.14 [email protected] / [email protected] RELATIONS PRESSE / MOTEUR ! Dominique SEGALL / Grégory MALHEIRO 20 rue de la Trémoille 75008 Paris Tél : +33 1.42.56.95.95 [email protected]

GAUMONT et MANDARIN CINEMA UN HEUREUX … · Bien sûr j’ai créé des personnages qui sont fictifs mais ... d’un couple qui devient une famille. ... livre, il a fallu qu’on

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GAUMONT et MANDARIN CINEMAprésentent

UN HEUREUX ÉVÉNEMENTUn film de RémiBEZANÇON

d’après le roman d’élietteABÉCASSISUN HeUReUX éVéNemeNt - editions AlBiN miCHel

AvecloUiseBOURGOIN - PioMARMAÏ

JosiANeBALASKO - tHieRRyFRÉMONT - GABRielleLAZUREet la participation de FiRmiNeRICHARD

SORTIE LE 5 OCTOBRE 2011Durée : 1h47

site officiel : www.gaumont.frsite presse : www.gaumontpresse.fr

DistRiBUtioN / GAUMONTQuentin BeCKeR / Carole DoURleNt30, avenue Charles de Gaulle 92200 Neuilly / seinetél : +33 1.46.43.23.06 / [email protected] / [email protected]

RelAtioNs PResse / MOTEUR !Dominique seGAll / Grégory mAlHeiRo

20 rue de la trémoille 75008 Paristél : +33 1.42.56.95.95

[email protected]

SYNOPSIS« elle m’a poussée dans mes retranchements, m’a fait dépasser toutes mes limites, m’a confrontée à l’absolu : de l’amour, du sacrifice, de la tendresse, de l’abandon. elle m’a disloquée, transformée. Pourquoi personne ne m’a rien dit ? Pourquoi on n’en parle pas ? ».

Un heureux événement ou la vision intime d’une maternité, sincère et sans tabous.

eNtRetieN AVeC RÉMI BEZANÇONVANESSA PORTAL & ÉLIETTE ABÉCASSIS

J’étais en montage de mon précédent film quand ma productrice Isabelle Grellat m’a parlé d’un livre dont elle venait d’acquérir les droits : « Un heureux événement » d’Éliette Abecassis. Elle m’a proposé de le lire pour avoir mon avis, soi-disant sans aucune arrière-pensée puisque, pour en faire l’adaptation, elle était à la recherche d’une réalisatrice mère de famille. Je l’ai lu, je l’ai rappelée le soir même et je lui ai dit : ce n’est pas une réalisatrice avec enfant qu’il te faut, c’est un réalisateur qui n’en a pas encore. Mais qui a très envie d’en avoir.Je partage ma vie avec une femme qui écrit, comme moi. À l’époque où le scénario du « Premier Jour du reste de ta vie » était encore en work in progress, Vanessa travaillait sur un autre projet mais, dès que je séchais sur une scène, je ne pouvais pas m’empêcher de prétexter une pause café pour solliciter son aide. En fait, c’était agréable de ne plus être seul dans l’écriture, de pouvoir confronter mes idées, rebon-dir, aller plus loin. C’était stimulant. Il m’a donc paru évident de lui proposer d’écrire « Un heureux événement » avec moi.

RB : Je dois avoir une bonne étoile puisque vous m’avez toutes les deux dit oui. éliette, tu as tout de suite accepté que j’adapte ton livre, et toi Vanessa, tu n’as pas réfléchi très longtemps avant d’accepter d’écrire le scénario avec moi.

VP : mmm... quelques secondes quand même. Adapter c’est prendre le risque de trahir, on le sait bien.

EA : Être trahie par vous deux, je recommence quand vous vou-lez. en fait, j’ai plutôt vécu cette adaptation comme un voyage dans le passé, c’était étrange.

RB : Nous savions que ce roman t’était très personnel, donc la tâche était délicate pour nous.

VP : tu peux nous le dire maintenant éliette : Barbara c’est toi, non ?

UNE HISTOIRE PERSONNELLEEA : Barbara est très proche de moi, c’est vrai. lorsque je suis devenue mère, j’ai été surprise de la différence qu’il y avait entre le discours ambiant sur la maternité et ce que je res-sentais. J’ai eu l’impression qu’on ne m’avait pas dit la vérité, qu’on m’avait caché tout ce qui se passe réellement quand on a un enfant. Parce qu’il y a cette image d’épinal de l’heureux événement : quand on est enceinte, on s’imagine le petit bébé dans son couffin rose, les parents béats penchés sur le berceau,

etc. et en fait ce qui m’est arrivé ce n’était pas du tout ça, enfin c’était ça aussi, mais pas seulement. C’est une véritable révolu-tion pour une femme de devenir mère, une révolution dans son corps, une dislocation de son identité, une remise en question de son couple. tout est à redéfinir, les liens changent, les enjeux ne sont plus les mêmes. et à la fois on est happée par cette aventure extraordinaire qu’est la maternité, très forte d’un point de vue émotionnel. Donc j’ai voulu en témoigner.

VP : Quand on a commencé à écrire le scénario avec Rémi on s’est pas mal documentés, on a beaucoup lu sur le sujet, on est allés sur des sites dédiés à la maternité, des forums où les femmes se confient et là on s’est rendu compte que ce que Bar-bara vivait, ce bouleversement personnel et ce bouleversement de son couple, beaucoup de femmes le vivaient aussi sans vrai-ment oser en parler, de peur d’être taxées de mauvaises mères.

CE BOULEVERSEMENT SECRETEA : C’est un vrai tabou aujourd’hui, la maternité est peut-être l’un des derniers tabous de notre société. Avoir un enfant c’est merveilleux, point. C’est une fable primitive dédiée à la pérennité de l’espèce humaine, un conte féérique qu’on sert aux femmes, où aucune clé n’est donnée pour affronter le choc émotionnel que ça engendre en réalité. C’est pour cette raison que j’ai voulu raconter l’envers du décor, pour lever ce tabou. Ce roman, je l’ai écrit au jour le jour, je décrivais ce qui m’arrivait, ce que je ressentais : cet amour fou mêlé à cette totale perte de

repères. Bien sûr j’ai créé des personnages qui sont fictifs mais qui sont également très proches de ma vie. Alors oui, d’accord, Barbara c’est un peu moi. C’est ma vérité en tout cas. et toi Rémi, pourquoi as-tu voulu adapter ce livre ?

RB : Parce que tu proposais un traitement vraiment singulier d’un thème qui m’inspire beaucoup : la famille. J’ai déjà parlé de ça dans mon précédent film mais il s’agissait d’un film choral, avec cinq rôles différents. J’ai eu envie de revenir à une histoire à la première personne, comme dans mon premier film « ma vie en l’air ». en lisant « Un heureux événement », j’ai tout de suite adoré Barbara, c’était le genre d’héroïne moderne que je souhaitais mettre en scène. et puis la forme même de ton livre convenait parfaitement à une adaptation, enfin telle que je la conçois : à la fois court, ce qui m’évitait de devoir trop cou-per dans le récit, et riche, avec beaucoup de fond, de réflexions philosophiques, et un ton tragi-comique qui correspond bien au mien. et il restait de la place pour y ajouter mon univers : la scène de séduction entre Barbara et Nicolas à coup de jaquettes DVD par exemple, ou le cauchemar de la perte des eaux...

VP : C’était assez idéal pour nous parce que ton roman est avant tout une introspection littéraire donc ça nous laissait libres d’inventer autour, de créer des actions, des situations pour faire vivre notre Barbara.

RB : C’est pour ça que je t’ai proposé d’écrire le scénario avec moi, Vanessa, parce que j’avais besoin de la vision d’une

femme, ça me paraissait vraiment important que tu m’accom-pagnes dans cette plongée au cœur de l’univers féminin.

VP : mais tu avais déjà abordé cet univers avec les personnages de marie-Jeanne et de Fleur (interprétées par Zabou Breitman et Déborah François ndlp) dans ton précédent film.

PORTRAIT DE FEMMERB : là, quand même, le défi était plus important. Pour brosser le portrait de cette héroïne, il me fallait pénétrer au cœur de ses pensées les plus intimes du début à la fin, entrer dans sa peau, être Barbara à mon tour.

EA : Peut-être que ce sont les hommes qui parlent le mieux des femmes, quand ils savent en parler. Comme maupassant dans « Une vie », Henry James ou tolstoï.

RB : Finalement ce que j’ai compris, c’est que peu importe le sexe d’un personnage, si on veut lui donner chair il faut d’abord comprendre ses enjeux et sa ligne narrative. et même si la ma-ternité est un sujet éminemment féminin, c’est aussi de paren-talité dont on parle, d’un couple qui devient une famille. D’ail-leurs, ça s’est traduit dans le scénario par le fait qu’on a donné une part plus importante au personnage masculin, Nicolas, le compagnon de Barbara.

VP : Quand on a décidé d’écrire ensemble l’adaptation de ton livre, il a fallu qu’on trouve notre angle à nous. C’était un choix

délibéré de notre part de mettre en valeur ce double regard sur l’arrivée d’un enfant.

EA : et c’est une mise en abîme du couple plutôt intéressante, non ?

RB : moi qui écris d’habitude seul, je dois dire que c’était pas-sionnant de travailler à quatre mains, on se connait très bien, ça a facilité les choses. mais effectivement, pour cette colla-boration les sphères privée et professionnelle se sont plus que mélangées. C’était assez vertigineux. on a interrogé nos aspira-tions les plus personnelles, on s’est projetés en parents poten-tiels, on a exploité nos désirs mais aussi nos peurs profondes.

LE VERTIGE DU COUPLEVP : en regardant autour de nous, on s’est rendu compte que beaucoup de couples devenus parents se séparaient assez ra-pidement. C’est un véritable sujet de société dont on commence à peine à parler mais qui n’a jamais été traité au cinéma. l’insee chiffre à environ 25% les couples qui se séparent consécuti-vement à la naissance de leur premier enfant. Je trouve ces chiffres complètement fous. Finalement, ton livre parle de ça, de l’explosion du couple à l’arrivée du premier enfant, du « baby-clash » comme on appelle ça aujourd’hui. Bien sûr, ce n’est pas le simple fait d’avoir un bébé qui met le couple en péril, c’est le fait de ne pas mesurer les changements que cela implique, il y a un nouvel équilibre à trouver.

EA : oui, on croit encore qu’avoir un enfant resserre les liens du couple, c’est faux. Au contraire, s’il y a des problèmes, des ressentiments, des non-dits, ils risquent d’être encore plus pesants, s’il y a des failles elles deviendront béantes. élever un enfant demande beaucoup d’énergie, on a forcément moins de temps pour son couple. il faut le savoir et s’y préparer plutôt que d’imaginer que ça arrangera les choses. De toute manière ce n’est pas le rôle d’un enfant d’arranger les choses.

UNE MÉTAMORPHOSERB : C’est ce violent télescopage entre ce qu’on imagine et la réalité qui m’intéressait, aussi. Barbara est une jeune femme qui vit un peu dans sa bulle, dans l’abstraction, dans les hautes sphères de la métaphysique. elle théorise tout mais manque cruellement de pratique. Avec l’arrivée de son bébé, elle va devoir oublier ses certitudes philosophiques pour se frotter à la réalité, celle qui ne s’explique pas dans les livres.

VP : elle va se reconnecter avec sa part animale, redevenir une femelle. elle va être entraînée dans ce tourbillon de vie et chan-ger par la force des événements, de cet événement-là.

EA : mettre au monde un bébé change la vie mais dès la gros-sesse des changements apparaissent : au niveau physique et aussi au niveau psychique à cause du bouleversement hormo-nal. on est déjà différente. moi qui suis végétarienne, je me sou-

viens que quand j’étais enceinte je n’avais qu’une obsession, manger de la viande ! Vous l’avez repris dans le film d’ailleurs, c’est très drôle. mais en réalité c’est aussi déstabilisant, on ne se reconnait plus. C’est une transformation radicale qui s’opère en soi, une véritable métamorphose. le livre comme le film débutent d’ailleurs sur une parodie de « la métamorphose » de Franz Kafka.

VP : la métamorphose est un thème très stimulant en fin de compte, parce que tous les postulats narratifs de départ doivent forcément être bousculés pour être différents à l’arrivée. C’est pour cette raison qu’on a mis en place une sorte de construction dyptique dans le film.

ConstruCtion en miroirRB : oui, il y a vraiment deux parties bien distinctes dans le film : avant et après l’accouchement. le fantasme et la réalité d’un heureux événement. Avec un sas au milieu, un passage entre les deux, l’accouchement. la première partie est très onirique, on entre dans la subjectivité de Barbara, ce qu’elle ressent, ce qu’elle imagine, ce rêve d’amour parfait, cet idéalisme de la maternité. la mise en scène est donc plus posée, plus cadrée, plus travaillée esthétiquement, avec des mouvements de camé-ra fluides, des couleurs flamboyantes. Avec l’arrivée du bébé, le rideau de fantasme se déchire brutalement, le chaos de la vie reprend ses droits. Barbara passe par différentes phases :

l’appréhension des premiers temps, la fatigue des nuits sans sommeil, puis l’amour fou, la fusion, cette extase à laquelle elle ne s’attendait pas, jusqu’à être totalement déboussolée. la vie sait toujours nous surprendre. le traitement de la se-conde partie est donc plus réaliste. la lumière devient crue, les couleurs délavées, la caméra est portée, plus vive, à l’affût, en mouvement constant, les plans sont plus serrés, la mise en scène plus intimiste.

VP : Ce procédé dual est mis en place dès le début du film d’ailleurs, quand Barbara se regarde dans le miroir de sa chambre. elle est presque à terme, son ventre est tellement lourd qu’elle a du mal à bouger et elle a l’air de se demander comment elle en est arrivée là. en vérité, elle se rend compte que tout ce qu’elle avait imaginé ne correspond pas forcément à la réalité. elle ne se doutait pas qu’elle en viendrait à ne même plus pouvoir se lever normalement du lit à cause de son ventre énorme, donc elle n’a plus aucune idée de ce qui l’attend réellement. elle commence à prendre conscience que ses fantasmes n’offraient peut-être qu’un reflet déformé de la vie et elle va bientôt passer de l’autre côté du miroir. on a vraiment joué avec cette idée dans la construction du scénario. Beaucoup de scènes de la première partie trouvent leur reflet en miroir dans la seconde, des détails reviennent mais trans-formés, une évolution a eu lieu, une révolution même. et tu as poussé le procédé jusqu’au bout dans ta mise en scène.

RB : Avec Antoine monod, mon chef opérateur, on a aussi déci-dé de changer l’émulsion de la pellicule entre les deux parties. D’une pellicule qui sature les couleurs au début, on est passé à une pellicule beaucoup plus sensible qui atténue les contrastes, plus pâle, plus blanche, plus réaliste en fait. Un peu comme si on passait de Gauguin à Caillebotte par exemple. mais bon, ce genre de parti pris esthétique, le spectateur ne va pas forcé-ment le voir, mais il va le sentir j’espère.

UNE ESTHÉTIqUE CHARNELLEEA : Ce qu’on ressent aussi c’est le côté charnel qui s’exprime dans ton film. tu montres beaucoup les corps s’aimer, s’épou-ser, se séparer. et tu mets à nu celui de Barbara d’une manière inédite. Dans l’iconographie de la femme-mère, je pense qu’on est toujours imprégnés de l’image de la Vierge marie, c’est-à-dire cette image de la femme intouchable, de la mère protégée par une aura de virginité, d’asexualité. Comme si la mère ne pouvait pas être femme aussi. or, toi tu es allé totalement à l’encontre de cette iconographie, à coup de sensualité, d’es-thétisme des corps, d’explosion des sens. Parce que la femme enceinte justement, elle est absolument dans la sexualité sinon elle ne serait pas mère, son corps existe bien plus encore, son ventre et ses seins débordent, elle a un appétit incroyable, elle vit dans une sorte de sursensualité, de surféminité. et ça, louise l’a magnifiquement incarné.

eNtRetieN AVeC LOUISE BOURGOINPour jouer le personnage de Barbara, j’avais besoin d’une comé-dienne qui allait accepter cette mise à nu, au propre comme au figuré, qu’impliquait le rôle. Alors quand j’ai rencontré Louise Bourgoin, je lui ai dit : il va falloir qu’on se fasse confiance. « La confiance c’est le ciment invisible qui conduit une équipe à gagner. » Bon c’est pas de moi, c’est de Bud Wilkinson, une légende du football américain. N’empêche, elle m’a dit qu’elle allait me faire confiance, et moi ça m’a suffi.

RB : Louise, qu’est-ce que tu as pensé à la première lecture du scénario ?

LB : Je me suis dit que c’était un projet que je ne pouvais pas laisser passer. C’est un vrai grand rôle, un portrait de femme comme il en existe peu au cinéma. Barbara, ce n’est pas un personnage statique : elle évolue, elle se transforme, elle vit même une véritable métamorphose. en devenant mère, cette intellectuelle lunaire se retrouve obligée de changer son regard sur la vie, elle passe de la métaphysique à la matérialité, elle devient plus pragmatique, plus responsable. l’expérience de la maternité va la sortir de sa zone de confort habituelle et de ses concepts philosophiques pour la confronter à la vérité crue de

la vie. et lui faire prendre conscience de sa propre mortalité. Du point de vue du jeu, c’était un défi à relever. en plus c’est totalement un rôle de composition !

RB : Le fait que tu n’aies pas encore d’enfant était un plus pour moi. En écrivant le scénario, je me suis servi de l’ex-périence d’Éliette Abécassis, et ce qu’elle raconte dans son livre était suffisamment riche. Je pense qu’un témoignage supplémentaire n’était pas nécessaire, il y aurait eu risque de télescopage. Moi je n’ai pas encore d’enfant non plus et j’ai apprécié de fantasmer là-dessus plutôt que de témoi-gner de mon vécu. Et puis Barbara est une primipare, elle n’a aucune expérience en tant que mère, tout ce qu’elle vit avec son bébé est de l’ordre de la première fois. Il fallait réussir à jouer ça. La peur de l’inconnu, en fait.

LB : Je n’ai jamais été enceinte et effectivement j’ai eu à la fois très envie de le jouer et très peur aussi. la peur ne m’a pas lâchée durant tout le tournage.

RB : La peur peut parfois être un moteur, c’était intéressant de t’en servir pour ton personnage.

LB : Je doutais tellement à cause de mon inexpérience en la

matière que quand je croisais une femme enceinte, je la harcelais de questions. J’ai dû rendre complètement chèvre sandrine (la maquilleuse, enceinte de sept mois au moment du tournage) ! les prothèses de ventre m’ont aidée aussi. Plus je suis travestie, déguisée, changée, plus j’arrive à construire un personnage différent de ce que je suis, c’est une évidence. et puis le temps d’installation des faux-ventres était un temps que je pouvais pleinement consacrer à entrer dans la peau de mon personnage, très concrète-ment. Je me levais aux aurores pour qu’on me colle les pro-thèses sur tout le bassin et la poitrine, et qu’on les colore en y projetant de la peinture afin de leur donner cet aspect de carnation humaine. Je devais rester debout pendant cinq heures d’affilée, si je m’asseyais je risquais de créer des plis sur le latex. Du coup je commençais la journée déjà fa-tiguée, et un peu shootée aussi par tous les solvants bizar-roïdes du maquillage-sFX, ça collait bien avec l’état d’une femme enceinte, épuisée par les changements hormonaux et le ventre lourd, c’était parfait.

RB : Tu m’as aussi dit avoir très peu été en contact avec des nourrissons dans ta vie. Tu croyais que ce serait un handicap pour le rôle alors que c’était franchement un atout : c’était important que le monde des bébés soit une totale découverte pour Barbara.

S’ADAPTER AUX BÉBÉSLB : J’étais tout aussi dépassée que mon personnage. Au début, j’ai cru qu’on n’allait jamais y arriver, c’était difficile de s’abandonner dans le jeu alors que le bébé que je tenais dans les bras me balançait sa main dans la figure ou racontait sa vie en onomatopées. et petit à petit on s’est apprivoisés. entre les scènes, je restais avec les bébés pour qu’ils s’habituent à moi, je jouais avec eux, je les rassurais, je suis même allée passer quelques dimanches avec eux chez leurs parents.

RB : Oui, il fallait s’adapter aux bébés, c’est exactement ça. Ils étaient prioritaires. C’était assez cocasse de voir une équipe de 50 personnes suivre un plan de travail calqué sur des horaires de siestes et de biberons.

LB : il y a eu des moments magiques. Comme les scènes d’al-laitement, où j’ai senti sur mon sein les mouvements de suc-cion du bébé. Je n’ai pas eu besoin de jouer la comédie à ce moment-là, j’étais tremblante d’émotion.

RB : Quand on écrit un scénario on ne se rend pas immé-diatement compte de l’impact qu’auront nos mots. Et ces deux-là : « Barbara allaite », en les écrivant je ne savais pas encore à quel point ça allait être délicat. Surtout que je voulais quelque chose de très réaliste, que ce soit pour les scènes d’allaitement comme pour celle de l’accouche-ment. L’équipe des effets spéciaux a fait des miracles.

LB : Un accouchement c’est toujours risqué dans un film, ça peut vite être un peu grotesque. là, c’était lA scène. si on la ratait, le film serait raté parce qu’on n’y croirait plus.

L’EXIGENCE DE RÉALISMERB : On avait bien conscience de l’enjeu donc on s’est préparés un maximum avant le tournage. Avec mon chef opérateur, on est allés filmer de véritables accouchements avec l’autorisation des futurs parents. On voulait s’impré-gner de la réalité, fixer les émotions, travailler nos cadres. C’était très impressionnant, et ça nous a été d’une aide précieuse quand on a tourné l’accouchement du film. Toi aussi d’ailleurs tu avais préparé cette scène très en amont.

LB : oui, j’ai pris des cours de pré-accouchement avec des femmes enceintes pour apprendre à respirer pendant les contractions. J’ai également suivi une sage-femme dans une clinique parisienne, elle m’a permis d’assister à une dizaine d’accouchements. C’était très marquant. le sang, les sécré-tions, le placenta... on vit dans une société assez aseptisée, on n’a pas l’habitude de voir ça, pourtant c’est quelque chose de naturel. N’empêche, je me demande si je ne préfèrerais pas accoucher sans mon compagnon quand même, j’aurais trop peur que ça le dégoute de moi à vie ! Je me souviens que dans son livre, éliette décrivait Nicolas comme ça : « il était aussi épouvanté que s’il venait de sortir d’un film d’horreur avec pour actrice principale... sa femme ».

RB : Le fait que cette sage-femme soit présente sur le pla-teau en tant que consultante, et que le rôle de l’obstétricien qui t’accouche soit joué par un véritable obstétricien, ça a dû aussi t’aider, non ?

LB : oui, leurs conseils, leurs gestes et leur regard m’ont rassu-rée. Ce qui était important pour moi c’était de savoir comment on crie, comment on souffle, comment on souffre. Parce qu’à chaque centimètre de dilatation du col de l’utérus, on souffre différemment. le tournage de la scène d’accouchement a duré deux jours. Deux jours vraiment intenses, allongée sur la table de travail, les pieds dans les étriers, harnachée à la prothèse, au tensiomètre, au boitier de mon micro HF, une fausse perfusion dans le bras, les projecteurs dans le visage, cette ambiance fer-mée de studio avec tout le monde autour... J’avais chaud, j’étouf-fais et à force de souffler pendant des heures, je me suis mise en état d’hyperventilation et j’ai fini par tomber dans les pommes.

ACCOUCHER D’UNE ÉMOTION

RB : J’ai laissé ce plan dans le film. Tu es toute blanche et tu dis : je vais tomber dans les pommes... et effectivement, tu tombes vraiment dans les pommes. Tu m’as fait passer pour un tortionnaire ce jour-là.

LB : mais non ! Je tiens à rassurer tout le monde : aucun comé-dien n’a été maltraité durant le tournage. en fait, tu es même tout le contraire d’un tortionnaire, tu diriges plutôt dans la dou-ceur, dans la confiance. tu ne me noyais pas d’indications,

tu ne me disais jamais : tu devrais jouer comme ci ou comme ça, tu me parlais plutôt d’autre chose, quelque chose qui me touchait et me permettait d’avoir l’émotion requise au bon mo-ment. Avec une phrase, ou même un seul mot. C’était inspirant. et toutes ces femmes qui ont accouché sous mes yeux m’ont inspirées aussi. les observer m’a permis de jouer certaines choses que je n’aurais jamais osées sinon. tout était dans leur regard car, malgré leur souffrance, elles gardaient toutes une certaine dignité face à l’équipe médicale, aux gens qu’elles ne connaissaient pas. Je m’en suis servie en jouant. J’ai aussi pensé à elles quand on a posé le bébé sur ma poitrine après l’accouchement. Je m’attendais à ce qu’elles soient dans un débordement d’émotion, pas du tout : déjà elles étaient épui-sées, et leur regard était plutôt comme un radar détaillant leur bébé, elles l’observaient en se demandant s’il allait bien, s’il avait ses dix doigts. J’ai joué ce que j’ai vu, je trouvais ça plus intéressant que les pleurs et l’étalage de grands sentiments.

RB : Mais à un moment donné tu as fini par verser une larme, tu te souviens ?

LB : oui, quand je me suis tournée vers Pio et que j’ai vu qu’il était en larmes, ça m’a fait pleurer immédiatement. Au fond ça m’a beaucoup touchée, j’ai trouvé ça très beau.

RB : On avait proposé à Pio aussi d’assister à des accouche-ments, mais il n’a pas voulu, il préférait préserver la virgi-

nité de son regard, il voulait avoir l’air de vivre ce moment comme si c’était la première fois.

TRUCS ET ASTUCESLB : Pio c’est un acteur instinctif, physique, avec une grande maîtrise de l’espace, de son corps et de son jeu. il fait beau-coup de sport, c’est quelqu’un de très sain, de solide et de rassurant. il m’a appris plein de trucs. Par exemple, pour la scène où je devais être complètement saoule, juste avant la prise il m’a fait tourner sur moi-même jusqu’à ce que je ne marche plus droit du tout.

RB : C’est pour ça que tu t’es pris le mur quand j’ai dit « moteur » ?

LB : euh... oui. mais j’avais l’air vraiment bourrée, t’es d’accord.

RB : Oui, très crédible.

LB : il m’a donné plein d’astuces de ce genre, je lui suis reconnaissante. Quand on a su qu’on allait jouer ensemble, on s’est beaucoup vus avant le tournage pour répéter, s’exercer avec des bébés et apprendre à se connaître. on allait avoir des scènes très intimes à partager, des scènes de baisers, d’amour, de sexe. Donc on a préparé cette inti-mité. Du coup, on est devenus très proches. et aujourd’hui, Pio c’est comme mon frangin.

eNtRetieN AVeC PIO MARMAÏJ’ai adoré travailler avec Pio Marmaï sur mon précédent film, c’est quelqu’un de précieux. J’ai eu envie d’approfondir le travail avec lui, alors ça m’a paru une évidence de lui proposer le rôle de Nicolas dans ce film-ci. Je n’écris jamais en pensant à des acteurs, ça influencerait trop mes dialogues et mes personnages mais j’avoue que là, avec ma coscénariste on a assez rapidement pensé à lui.

RB : Alors Pio, pourquoi tu as accepté ce rôle ?

Pm : t’es con, tu m’as dit que tu l’avais écrit pour moi !

RB : Oui mais tu aurais pu refuser...

Pm : Ben non, je n’avais pas vraiment le choix, je te dois mon premier rôle au cinéma... en fait tu as envie que je te lance des fleurs, c’est ça ? ok. Je te dois tout, mec. tu m’as sorti du caniveau. Voilà c’est dit ! Non mais sérieusement, quand tu m’as parlé de ce projet, j’ai été assez intrigué de la manière dont tu allais traiter le sujet. le regard qu’on porte sur la mater-nité au cinéma, et plus généralement dans notre société, c’est un regard un peu naïf, tout beau tout sympathique, attendre un enfant c’est un événement formidable, le but ultime d’un couple, et comme dans les contes de fées on ne voit jamais ce qui se passe après, quand l’enfant est là. la perspective que tu proposes est plutôt inédite, c’est ce qui m’a donné envie de participer à ce projet.

RB : Ça t’a donné envie d’avoir des enfants aussi ?

Pm : euh non. enfin un jour sans doute mais là, pas tout de suite. Je trouve ça très beau dans l’idée, mais c’est aussi un peu anxiogène, parce que la vie n’est plus du tout la même après l’arrivée d’un enfant. Nicolas, mon personnage, va devoir changer de boulot, devenir plus stable et accepter certains sacrifices. Pour se rassurer, pour se dire qu’il n’est pas complè-tement devenu vieux, il va aussi se comporter comme un ado attardé par moments. C’est paradoxal parce qu’on dirait que la paternité déclenche obligatoirement le passage à l’âge adulte et en même temps, entraîne une forme inévitable de régression.

Être père

RB : Oui c’est sans doute pour équilibrer, pour mieux négo-cier le virage. Mais bon, ton personnage n’était déjà pas bien mature dès le départ...

Pm : oui c’est vrai, Nicolas sa grande ambition c’est de pouvoir tenir une conversation rien qu’avec les dialogues de « Retour vers le futur », nom de Zeus !

RB : C’est quoi pour toi le véritable rôle du père ?

Pm : il y avait une scène du film où un pédiatre l’expliquait à

Barbara, alors en fusion totale avec sa fille : l’équilibre d’un couple est remis en question à l’arrivée d’un enfant, les rôles évoluent et chacun doit trouver sa nouvelle place. Je crois qu’il concluait que le rôle du père c’est de s’interposer entre la mère et l’enfant. J’étais assez d’accord avec ça... mais cette scène tu l’as enlevée au montage.

RB : Je trouvais ça trop explicatif, je préfère suggérer les choses plutôt que les expliquer. Je considère toujours que le spectateur est intelligent et qu’il n’a pas besoin qu’on lui explique ce qu’il a sans doute déjà compris.

Pm : C’est exactement comme pour un acteur : il n’est pas utile d’en rajouter dans son jeu, sur-jouer c’est manquer de confiance.

RB : Surtout au cinéma où la moindre intention de jeu prend des proportions énormes. J’ai eu les mêmes échanges avec Sinclair au sujet de la musique qui ne doit jamais prendre le pas sur l’image. Des violons, même ma-gnifiques, sur une scène d’émotion, ça peut tout gâcher. Finalement tout est une question de dosage.

Pm : l’intelligence du spectateur, j’aime bien ce concept.

PRÉPARER LE RôLE

RB : Pour préparer ton rôle tu m’as dit avoir fait un stage

de six mois dans un vidéoclub avant le tournage. Tu peux me l’avouer maintenant, c’est des conneries.

Pm : euh... oui. mais j’ai préparé mon rôle d’une autre fa-çon : on a passé beaucoup de temps à répéter ensemble avec louise, parce que ce qu’il fallait incarner, au-delà de nos personnages, c’était un couple. il fallait réussir à faire exister ce rapport frémissant entre elle et moi, cette notion de couple avec un quotidien, une complicité, des petites manies, des souvenirs communs, etc. C’est assez difficile à tricher ce genre de choses, donc c’était important qu’on se voit en amont, qu’on passe du temps ensemble, qu’on se marre, qu’on apprenne à se connaître. et puis certains de nos amis ont eu l’amabilité de nous prêter leur bébé quelques après-midis, on s’en est occupés ensemble, on les a sortis au parc, c’était bien. Notre seule crainte c’était qu’on soit shootés par des paparazzis. ils en auraient peut-être tiré des conclusions hâtives !

RB : C’est vrai que tu étais plutôt à l’aise avec les bébés sur le plateau.

Pm : moi je peux regarder un bébé pendant deux heures d’affilée, ça me vide complètement la tête, ça me laisse un peu béat. en revanche, c’est un partenaire qui ne joue pas, il vit tout simplement, donc s’il a envie de rire il rigole, s’il a envie de vomir il vomit, et s’il a envie de couiner il couine pen-dant deux heures et du coup il y a 50 personnes qui s’arrêtent

de bosser et qui vont se mettre en quatre pour le calmer.

RB : Oui ce qui marchait le mieux c’était de faire intervenir le perchman.

LA DIFFÉRENCE ENTRE UN BÉBÉ ET UNE MOTOPm : Ah attraper la perche ils aimaient bien c’est vrai ! en fait, on n’était plus du tout au service de la caméra comme on dit, mais au service des bébés. le silence, tu ne le demandais pas quand on allait tourner mais quand le bébé arrivait sur le pla-teau, pour que l’ambiance soit calme, zen. Parce que si le bébé sent de l’agitation, s’il s’énerve, il peut vite partir dans les aigus et là, s’il monte dans les décibels, c’est pire qu’une bécane en échappement libre.

RB : Je ne pensais pas que tu serais capable de comparer un bébé à une bécane. Je sais bien que c’est ta passion de customiser les motos et que tu ne peux pas t’empêcher d’en parler mais bon, quand même ça n’a rien à voir.

Pm : la moto effectivement, si on a envie qu’elle s’arrête on l’éteint. le bébé tu ne peux pas. Ça n’a rien à voir t’as raison.

RB : Bon mais même si tu as perdu un peu de tes capacités auditives, tu as apprécié ce tournage, j’espère. Parce que moi j’étais plutôt content de tourner à nouveau avec toi.

Pm : moi aussi. on commence à se connaître toi et moi. Déjà

deux films ensemble, c’est un bon début. et ça a des avan-tages : j’ai l’impression de très vite piger où tu m’emmènes dans le jeu. J’apprécie aussi que tu me laisses une part de liberté, d’improvisation, c’est une marque de confiance. Non franchement bosser avec toi et ton équipe avec qui j’ai mes petites habitudes maintenant, c’est super cool. Bon, sauf la fois où je devais changer la couche de mon bébé...

RB :...et où tu t’en es tellement bien sorti qu’on a été obligé de retourner la scène, ça faisait trop père parfait alors que tu étais censé galérer.

Pm : la vérité c’est que la petite faisait ses dents, du coup elle criait tellement que je n’avais qu’une envie c’est qu’elle arrête, donc je me suis appliqué comme jamais. J’ai fouillé dans mes souvenirs, j’ai pensé à la fois où j’ai remonté une Harley 1000 Fonte les yeux bandés.

RB : On en revient toujours aux bécanes...

Pm : N’essaie pas de changer de sujet. Donc, je change mon bébé et normalement vous deviez mettre un mélange de jaune d’œuf et d’avocat dans la couche. sauf que là vous avez laissé son vrai caca tout frais. et vous ne m’avez pas prévenu évidemment...

RB : C’était plus réaliste !

Pm : très drôle.

eNtRetieN AVeC JOSIANE BALASKOJosiane Balasko est à mon avis l’une des plus grandes actrices de comédie que nous ayons en France, il n’y a qu’à voir sa filmogra-phie pour en être convaincu. Mais elle est aussi très respectée pour son jeu dramatique, elle peut aller dans l’émotion d’une manière très subtile. Cette alliance parfaite est rare chez une comédienne. Comme elle est aussi réalisatrice, la diriger a été d’une simplicité désarmante. On s’est tout de suite compris sur tout.

OUZO CONNECTION

RB : Josiane, est-ce que tu te souviens de notre première rencontre ?

JB : oui, c’était à Athènes, dans un festival où nous présentions tous les deux un film, toi c’était « le Premier Jour du reste de ta vie », et moi « Cliente ». sauf que je n’avais pas vu ton film, ni toi le mien. Du coup on a parlé d’autre chose. et on a bu de l’ouzo !

RB : Hum... oui. Mais le lendemain, malgré mon mal de tête, je suis allé voir ton film...

JB : et moi j’ai vu le tien, on a échangé sur nos films respectifs, ensuite on s’est retrouvés dans un autre festival, le Colcoa à los Angeles, et on a continué à pas mal discuter ensemble. et puis voilà, c’en est resté là jusqu’au moment où tu m’as envoyé ton nouveau scénario.

RB : J’avais peur que tu refuses, que tu ne trouves pas le rôle suffisamment important.

JB : C’est vrai que c’est plus dur de venir travailler sur un film ponctuellement. Être là un jour par-ci, un jour par-là, se remettre à chaque fois pile dans son personnage, c’est moins évident que lorsqu’on est tous les jours sur le plateau et qu’on peut façonner son personnage sur la longueur. mais j’avais envie de travailler avec toi. Quelque soit le rôle. J’ai trouvé ton scénario très inté-ressant, tous les thèmes de la maternité y étaient abordés d’une manière honnête. en général on n’en parle pas, on montre la maternité comme un plaisir, comme une grande aventure, la grande aventure de la vie d’une femme. ou alors sinon c’est traité d’une manière carrément dramatique, si l’enfant n’est pas

désiré par exemple. mais là, tu donnes à voir un couple normal, qui a envie de ce bébé. Alors qu’est-ce qui se passe réellement quand une femme est enceinte, quand elle accouche, quand son bébé est là et que le couple doit changer pour devenir une famille ? les femmes en parlent entre elles bien sûr, les petits soucis, les problèmes qu’on peut avoir avec son compagnon pendant la grossesse ou une fois que l’enfant est né, mais on en parle rarement dans les films. Donc ça m’intéressait que tu racontes cette histoire. et surtout avec ce ton de comédie, de tendresse, sans pathos, à la fois léger mais très vrai.

ROCK’N ROLL FAMILY

RB : Est-ce que tu t’es reconnue en Claire, ton person-nage ? On en a pas mal parlé ensemble en amont, mais je ne t’ai jamais demandé ce qui t’avait précisément accroché chez elle ?

JB : J’aime bien sa franchise, elle a un côté un peu dur, rugueux, c’est une mère qui a élevé ses deux filles seule, donc qui a dû tenir tous les rôles ce qui n’est pas une mince tâche. elle est très protectrice, ce qui lui fait tenir des propos maladroits au-près de Barbara. leurs rapports sont assez conflictuels, ce n’est

que la suite logique du rapport totalement fusionnel qu’elle a entretenu avec ses filles et que tu laisses deviner à la fin de ton film. Je trouve qu’elle exprime bien les difficultés que peuvent rencontrer les mères de familles monoparentales. mais avant d’être une mère, Claire est une femme, et une femme plutôt rock’n roll. C’est ce côté-là, voilà, le côté « rock’n roll family » qui m’a plu. elle a fait partie de la contre culture, elle a vécu mai 68, avec toutes les aspirations et les idéaux de cette jeunesse-là, elle est allée en voyage au Népal, elle a dû faire quelques ex-périences avec la drogue, les pétards, etc. même ses rapports avec son mari sont plutôt rock’n roll parce qu’à un moment donné, elle lui jette quand même un fer à repasser à la tête !

RB : Oui mais franchement, lui offrir un fer à repasser à Noël c’est quand même un peu chercher les problèmes quand on a une femme qui a dû être à fond avec le MLF.

JB : oui c’est sûr ! D’ailleurs, c’est pas si facile que ça de lancer un fer à repasser au bon endroit, sans assommer personne.

RB : Oui, il n’y a pas eu de morts ce jour-là, il y a juste eu beaucoup de prises.

JB : C’est-à-dire qu’il fallait que le fer soit bien lancé et ce n’est pas évident parce que c’est un objet lourd et oblong, il faut tenir compte de la dynamique de la trajectoire... Un conseil aux lan-ceuses de fer : il faut bien viser ! C’est encore plus compliqué que de brûler son soutien-gorge.

LA NOUVELLE LIBERTÉ DES FEMMES : L’ÉqUILIBRE

RB : Tu y crois, toi, au fait que Claire ait brûlé son soutif en 68, ou c’est juste une légende urbaine ?

JB : Je crois que les soutiens-gorge ont surtout été brûlés dans les mouvements de libération américains. mais il est possible qu’il y ait eu ça aussi en France. en tout cas si Claire ne l’a pas fait, elle l’a pensé fortement, elle était entièrement d’accord avec ça, de brûler son soutif ! Bon, elle ne le ferait sans doute plus aujourd’hui, comme tous les soixante-huitards elle est rentrée dans le rang mais elle doit quand même se reconnaitre dans la mouvance de ces femmes qui travaillent toujours à la libération de la femme, comme le fait élisabeth Badinter par exemple, d’une manière très intelligente. Parce qu’on ne peut pas non plus dire que la libération de la femme

est finie, non, elle est loin d’être finie. sexisme, violences, iné-galités... il reste tellement de combats à mener.

RB : Le féminisme a aussi fait avancer les choses en ce qui concerne la maternité. Avant, les femmes se devaient de dire que le plus beau jour de leur vie était celui où elles avaient mis au monde leur enfant. Depuis, elles ont pu avouer que, tout de même, ça faisait un peu mal d’accou-cher, même sous péridurale. Les femmes des années 70 se sont battues pour leur indépendance, la possibilité de mener une carrière, le choix de donner la vie ou pas, elles se sont finalement libérées du carcan de la mère au foyer parfaite que se devait d’incarner la génération précédente. Pour les femmes d’aujourd’hui, l’héritage est riche mais contradictoire : il leur faut tenir la barre entre dévotion maternelle et lucidité décomplexée. Elles veulent travailler mais aussi être libres d’allaiter si elles en ont envie, être conquérantes sur le marché du travail, mais aussi réussir leur vie de couple et de famille. En fait, elles veulent trouver l’équilibre et je trouve ça noble.

JB : ton film est un peu féministe, alors ?

RB : Peut-être, oui...

BarbaraNicolas

Clairetonyedith

sage-femmeDaphné

KatiaCamille Rose

Dr. Jonathan malleGynécologue

m. truffard

Louise BOURGOINPio MARMAÏJosiane BALASKOThierry FRÉMONTGabrielle LAZUREFirmine RICHARDAnaïs CROZEDaphné BÜRKILannick GAUTRYGérard LUBIN Nicole VALBERGLouis-Do de LENCqUESAING

liste ARTISTIqUERémi BEZANÇON Vanessa PORTALRémi BEZANÇON Eliette ABECASSISUN HEUREUX EVENEMENT – Editions ALBIN MICHELIsabelle GRELLATEric ALTMAYERNicolas ALTMAYERMANDARIN CINEMAGAUMONTFRANCE 2 CINEMASCOPE PICTURESRTBFCANAL +TPS STARFRANCE TELEVISIONSLe Tax Shelter du Gouvernement fédéral BelgeLa REGION WALLONNEL’ANGOA-AGICOAAntoine MONOD (A.F.C)Sophie REINEMarc ENGELSOlivier WALCZAKEmmanuel CROSETSINCLAIRMaamar ECH-CHEIKHMarie-Laure LASSONPaul-Henri BELINIsabelle PERRIN THEVENETMaya SERRULA (A.R.D.A)Michaël BIERPascal ROUSSELPatricia COLOMBAT

Réalisateurscénario, adaptation et dialogues

D’après le roman de

Producteurs

Une Coproduction

Avec la participation de

et le soutien de

Directeur de la Photographiemonteuse

son

musiqueDécors

Costumes1er Assistant Réalisateur

scripteCasting

Directeur de Production Directrice de Post-production

liste TECHNIqUE

2012 ZARAFA Film d’animation coréalisé avec Jean-Christophe lie (Prima linea productions) 2011 UN HEUREUX ÉVÉNEMENT Avec louise Bourgoin, Pio marmaï et Josiane Balasko (mandarin Cinéma) 2008 LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE Avec Jacques Gamblin, Zabou Breitman, Déborah François, marc-André Grondin et Pio marmaï (mandarin Cinéma) 2005 MA VIE EN L’AIR Avec Vincent elbaz, marion Cotillard et Gilles lellouche (mandarin Films)

©2011 GAUMONT-MANDARIN CINÉMA / PHOTOS : NICOLAS SCHUL

FilmoGRAPHie RÉMI BEZANÇONRéalisateur / scénariste