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La Gazette été 2011

du Square

LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163.

e-mail : libsquar@club-internet.fr, site : www.librairielesquare.frHoraires d’été de la librairie du 4 juillet au 27 août : ouverture du mardi au samedi, 10h-13h, 14h-19h.

Lire c’est voyager, voyager c’est lire !Victor Hugo

lectures pour l’été

Romans étrangers

Souviens toi de Hallows Farm, Angela Huth, Quai Voltaire, 21 €traduit de l’anglais par Lisa Rosenbaum

Nous sommes après la seconde guerre mondiale ; l’Angleterre en pleine reconstruction est encore etpour bien longtemps soumise aux traditions et à cette bienséance particulière qui réside dans le moin-dre détail de la vie quotidienne mais qui régit aussi en profondeur la vie de chacun. Elle imprime sa mar-que et son emprise sur Prue, jeune femme éprise de liberté mais dont les jours s’égrènent à la recherchede l’amour, ou tout au moins du partenaire idéal, quête essentielle pour toute femme en ces années là.Pourtant il est une expérience qui, elle, a marqué encore plus profondément la jeune femme. Prue a faitpartie de ces milliers de volontaires agricoles envoyées travailler à la campagne pendant la guerre. Etde ce séjour à la ferme de Hallows elle a gardé une profonde nostalgie. La découverte des travaux agri-coles où le corps s’épanouit, l’atmosphère et les paysages admirables de la campagne anglaise, une li-berté des corps et des sens, une véritable passion amoureuse pour un jeune fermier ont appris à Pruequ’autre chose existe. De déception amoureuse en amitiés véritables Prue construit chaotiquement sondestin mais l’on verra au fil de ses sentiments et de ses décisions que c’est ce moment de jeunesse fon-dateur qui finalement aura raison de tout. Angela Huth à travers la voix intérieure de Prue et ses désirsenfouis dresse le tableau d’une Angleterre prude et conventionnelle où commencent à émerger ce quifondera les bouleversements des années 70. Au-delà d’un roman psychologique, voire sentimental,Souviens-toi de Hallows farm est une analyse sociale pleine d’humour et de finesse, la cartographieintime d’une jeune héroïne totalement inscrite dans son époque. F.F.

La saga de Mèmed le Mince, Yachar Kemal, Gallimard, Quarto, 31€traduit du turc par Güzin Dino et Münnever Andaç

Si vous n’avez encore jamais lu Yachar Kemal le grand romancier turc, il vous faut absolument cet étévous plonger dans la réédition en collection quarto de La saga de Mèmed . Quatre volumes en forme d’épopée qui vous raconteront la Turquie mieux qu’aucun autre ouvrage. Vousy suivrez le jeune berger d’Anatolie Mèmed le mince, épris de justice et de liberté qui prend le maquisavec sa belle pour fuir l’agha tortionnaire du village. Devenu bandit pour survivre, Mèmed honni des ri-ches, aimé des pauvres, sorte de Mandrin national lutte pour la liberté dans une Turquie encoremoyenâgeuse. Vous le suivrez au fil des ses aventures, construisant un destin hors normes, devenantpeu à peu une légende dans une Turquie où l’oppression des puissants est omniprésente. Porte dra-peau de la liberté, Mèmed est flamboyant et c’est un véritable chant de révolte que nous fait entendreYachar Kemal. On découvrira au fil des personnages l’âme turque, sa grandeur et ses faiblesses et lechant de Mèmed vous accompagnera longtemps. Un grand roman, touffu, lyrique, foisonnant,magnifique qui enchanta mon adolescence et que comme moi vous ne pourrez oublier. F.F.

Litté

rature

Les aventures d’un idéaliste, Isaac Bashevis Singer, Stock, 19 €Traduit de l’anglais(Etats-Unis) par Marie-Pierre Bay

Que peut-on encore dire ou écrire sur Bashevis Singer sinon qu’il faut le lire en boucle ? Ces treizenouvelles inédites qui composent ce recueil magique sont pour certaines parues dans le journal yiddishForverts et pour d’autres ont été retrouvées dans les archives Singer. Précisons que ce n’est pas unfonds de tiroirs, au contraire, certaines sont même des chef-d’oeuvres. Si l’auteur de Sosha, Le magi-cien de Lublin ou La mort de Mathusalem ne vous est pas familier, alors plongez dans ces récits dontvous vous souviendrez longtemps. L.B.

Le jour des corneilles, Jean-François Beauchemin, (Québec), Les Allusifs, 15 €Face au juge le fils Courge raconte son éducation dans une cabane au milieu de la forêt avec la seulecompagnie de son père. On comprendra au cours du témoignage quel lourd secret éloigne le père dela compagnie de ses semblables et donne signification au titre. Le père est en proie à des hallucina-tions et des délires. Entre chasse et cueillette, il va faire mener à son fils des violences d’une grandecruauté. Par-delà la violence, le fils est engagé, pour sa part, dans une quête éperdue d’amour. Cemagnifique livre, à la langue incomparable est un roman d’humus et d’entrailles. L’emploi d’archaïsmes,la suppression des articles indéfinis, l’utilisation d’argot et de néologismes inventent une langue sanspareille qu’on n’a pourtant aucun mal à décrypter. On sort de cette lecture dérangeante et dérangéecourbaturé et secoué parfois jusqu’ au rire. C’est un chant brut, avec une langue réinventée et un thèmesi puissant, que l’on est en droit de parler de chef d’oeuvre. F.C.

rature

Touriste, Julien Blanc-Gras, Au Diable Vauvert, 17 €Après avoir travaillé pour dépenser son salaire en billet d'avion, Julien Blanc-Gras collabore désormaisaux rubriques « évasion » de plusieurs magazines et est donc payé pour voyager, ce qui lui convienttout à fait. Sur un ton léger et drôle il relate quelques anecdotes sur ses nombreux déplacements à tra-vers notre petite planète. Et des pays il en a parcouru un certain nombre car il ne conçoit sa vie qu'envoyageant:« je ne suis pas à ma place. Je ne suis jamais allé au Libéria. Je ne suis jamais allé au Kazakhstan.

Je ne suis jamais allé au Mozambique. Contenir son agitation? Avoir peur de mourir. Garder un calmeapparent. Prendre son mal en patience. Prendre feu. Prendre un avion ».Ne reste qu'à choisir le pays et pour cela il est tout à fait capable d'ouvrir un atlas au hasard et des' envoler pour le pays qui y apparaît.Il traverse ainsi les continents et la vie avec joie et humour, con-scient de son statut de privilégié, avec une maturité de baroudeur malgré son jeune âge, mêlée à uneexcitation toujours renouvelée. Il nous trimbale de la Colombie au Maroc, du Népal au Mozambique, del'Angleterre à Jérusalem.A lire cet été quelle que soit la destination de vos vacances.

A l’auberge de l’Orient, Alice Plane, Transboréal, 19,90 €Partie sur les routes d'Asie centrale à 22 ans avec pour seules compagnes son audace et sa curiosité,Alice Plane avait pour objectif de découvrir la cuisine, celle quotidienne, familiale et populaire. Son sta-tut de femme lui ouvrit naturellement la porte des fourneaux; elle apprit donc la cuisine mais aussi lescoutumes de ces familles, la place de la femme, et la difficulté du quotidien.

Romans français

Journal d’un parfumeur, Jean-Claude Ellena, S. Wespieser, 17 €Jean-Claude Ellena est créateur de parfum à la maison Hermes depuis de nombreuses années etquelques millions de personnes connaissent son travail pour l’avoir senti aux quatre coins du monde.Dans ce journal d’un parfumeur, suivi d’un abrégé d’odeurs, on découvre un homme artisan passionnédonc passionnant, un lecteur curieux de tout, qui ne se sépare jamais de l’oeuvre de Giono et lit aussiCollodi, Gogol…Il voyage dans le monde entier, évoque ses confrères créateurs parfumeurs avec beau-coup de respect mais surtout il capte et recrée des odeurs pour lesquelles il a des « sentiments d’ami-tié, de complicité ou de déception ». C’est un livre fabuleux que celui-là, érudit, simple et cent fois sur-prenant. L.B.

L’humeur vagabonde, Un singe en hiver, Antoine Blondin, La Table Ronde, 35 €Il y a vingt ans s’éteignait Antoine Blondin. Les bistrots et le journal l’Equipe, pour qui il signa les plus belles pagesconsacrées au Tour de France, sont définitivement endeuillés. Mais au-delà des ses chroniques sportives et avanttoute chose, Blondin fut un immense romancier, un styliste formidable. En rééditant L’humeur vagabonde et Unsinge en hiver, les Editions de la Table Ronde nous offrent un très beau cadeau. Le livre contient de nombreusesphotos, coupures de presses et autres documents non négligeables. Il est plus que temps de lire L’humeur vaga-bonde pour se rendre compte que ce livre est important, qu’il donne des ailes, qu’il pousse à la vie quand tant d’au-tres ont choisi le ravin. Sinon on peut toujours commencer par Un singe en hiver parce qu’il en dit long sur l’ami-tié, sa nécessité, sa valeur. Pas d’autre choix que de lire Blondin cet été, les mois et les années qui suivent en com-pagnon de route et en ami fidèle. L.B.

Le dépaysement, Jean-Christophe Bailly, Seuil, 23 €C’est comme si tout l’art de J.C. Bailly s’était condensé dans un texte : une interrogation poétique, esthétiquemultiple, un style unique toujours en suspens.Ce livre est né d’une expérience. L’auteur qui se croyait sans lien, ressent à l’étranger une soudaine familiarité àla vision de la Règle du Jeu . Autrement dit, les lieux auraient un contenu, ouvert, toujours mobile, qu’il s’agitd’explorer, de sonder. Le projet du livre est alors donné : « attraper à mains nues, sur les routes, quelque chosede la France d’aujourd’hui ou de ce qu’elle est en train de devenir ». Une déambulation qui se place sous lessignes de F.Ponge pour l’attention à décrire au plus près les choses et de W.Benjamin pour essayer de retrouverdans cette errance tout ce qui se sédimente dans le paysage. Frontières, fleuves, jardins, bâtis…le paysagecondense l’histoire, l’écrivain est alors là pour convoquer les récits, déployer leur imaginaire. Avec cette façon sisingulière qu’il a d’interroger les signes, de faire naître de sa minutie descriptive l’interrogation pour ensuite s’in-terdire le définitif, J.C Bailly nous emmène dans une balade aléatoire enchanteresse dont le fil reste l’acuité del’écriture et le temps qui s’écoule. N.T.

Litté

Voyage C.Meaudre

rayo

n essais

Carnets de l’interprète de guerre, Elena Rjevskaïa, C.Bourgois, 23 €1943, Moscou est menacée. Tout juste formée, poussée par une vive ardeur patriotique, la jeune Elena rejointcomme interprète l’armée rouge dans la terrible bataille de Rjev – le chaos. Sans interprète, une armée en guer-re est aveugle pour mener les combats ; c’est elle qui découvre les documents ennemis en premier, traduit lesparoles des civils, assiste aux interrogatoires des soldats ennemis…Dans un récit écrit avec la distance et laliberté d’aujourd’hui, mais se nourrissant de la violence des instants tels qu’elle les a consignés dans ses car-nets, E. Rjevskaïa raconte aux avant-postes deux ans de guerre de reconquête de Moscou à Berlin. Une guer-re qu’elle décrit au plus près, dans son quotidien absurde. Allemands, Russes, c’est la femme qui juge, pas levainqueur : elle éprouve de la compassion pour les prisonniers ennemis, dénonce les viols commis par lessoviétiques. Mais ce qui fascine, c’est l’obstination qu’elle a montrée toutes ces années pour pouvoir dire enfinla vérité. Elle assiste en effet à Berlin à la capitulation du Reich et prend part directement à l’identification ducorps d’Hitler. Une place unique qui la rend prisonnière d’une mystification de Staline : Hitler ne doit pas mou-rir, la guerre doit continuer…Un texte écrit au rythme de la guerre, un témoignage capital. N.T

La garçonne et l’assassin, F.Virgili et D.Voldman, Payot, 16 €Comment ne pas rejoindre tout de suite le front ? Paul Grappe en ce début de l’année 1915 fait durersa blessure à l’index. A une lettre de son commandant lui ordonnant de rejoindre la troupe, il répondpar la provocation : la désertion. Il retrouve sa femme à Paris mais comment passer inaperçu dansune ville vidée de ses hommes ? Il choisit alors de se travestir et de s’installer en « garçonne » avecsa femme. Une dissimulation qui dure dix ans jusqu’à ce qu’une amnistie permette à Suzanne deredevenir Paul. Mais revenir de l’autre côté du miroir n’est pas chose simple…A objet singulier, démarche particulière, F.Virgili et D.Voldman écrivent d’abord un récit. A partir d’unminutieux travail de collecte de documents et de reconstitution, ils racontent une dérive pour suspen-dre ensuite l’histoire et réfléchir avec nous sur ce que ce fait divers a d’exemplaire : le trouble qu’in-duit le passage d’un sexe à l’autre, le brouillage des places entre hommes et femmes qu’a provo-qué cette guerre, un cataclysme qui traumatisa toutes les têtes. Au final, un livre d’histoire étonnantpar son sujet et sa littérarité, qui n’est pas sans rappeler le formidable roman Savoir-vivre d’HeddiKadour (aujourd’hui en Folio), lui-même inspiré d’une histoire vraie. N.T.

Rayon essais

Le grand désenclavement du monde, Jean-Michel Sallman, Payot, 30 €Le monde multipolaire qui s’est constitué sous nos yeux n’est pas une nouveauté. J.M. Sallmann nous raconte com-ment durant quatre siècles, de 1200 à 1600, les grands foyers de l’ancien monde entrent en contact. Comment l’i-solement de la civilisation chinoise, hindoue, musulmane et européenne se brise à cette époque produisant uneébullition militaire, économique et sociale. Tout a commencé dans les steppes mongoles lorsque les cavaliers deGengis Khan et ses descendants annexent en quelques décennies l’Eurasie. Conquête qui intensifie les réseauxd’échanges d’un bout à l’autre de l’Asie et qui sera aussi le vecteur de la peste. Les Han en profiteront pour accen-tuer leur hégémonie et s’étendre vers le sud. La Chine est alors déjà un marché de production et de consommationdes plus importants. Le monde musulman, lui, subit de plein fouet les invasions, l’équipée de Tamerlan et la pestenoire. Ottomans sunnites, chiites de Perse et Mongols d’Inde du nord n’ont alors d’autres choix que de se structu-rer et de se neutraliser. Pour leur part, les hindous enkystent les invasions sur le littoral et font preuve d’une grandecapacité d’adaptation en gardant le contrôle des réseaux commerciaux. L’Europe, elle, met fin au messianisme dela reconquête des lieux saints et esquisse des états structurés et des sociétés politiques. L’occident s’approprie etaméliore les techniques empruntées aux Chinois et musulmans et par un essor intellectuel et universitaire poussele monde à s’ouvrir sur le long terme. Avec cet ouvrage, nous voici au coeur des racines du monde global. Au vu del’ampleur du sujet traité, la gageure de J.M. Sallmann est de nous permettre de mieux comprendre notre présent etde nous inviter à une conception géopolitique opposée à l’histoire traditionnelle européo-centrée. F.C.

Pour ne pas disparaître, Wade Davis, Albin Michel, 22 €Les peuples dits indigènes sont menacés de disparition et avec eux des connaissances, des façons depenser, des arts et des traditions, une mémoire et des spiritualités;une telle perte si elle advenait, seraitune catastrophe pour l’humanité. En ce sens que toute culture a quelque chose à exprimer pour per-mettre à l’homme de ne pas condamner son avenir sur terre. De la Polynésie au Groenland, du Tibet àl’Afrique noire, Wade Davis nous livre le génie et l’apport des sagesses ancestrales. Il nous montre qu’ilexiste d’autres manières de penser et d’interroger le monde et la vie, qu’il existe une multitude de sys-tèmes de croyances et que ceux-ci ont des conséquences différentes sur l’empreinte écologique que laculture a sur le monde naturel. Par conséquent, il se préoccupe tout autant de voir notre patrimoine etnotre diversité culturelle se rétrécir. Dans la lignée des travaux de Jared Diamond, Wade Davis nous invi-te à ouvrir notre regard et à penser autrement sous peine de se priver de réponse. Pour ne pas dispa-raître est un essai lucide et prodigieux d’intelligence. F.C.

Polar B.Dromans policiers

Bandes dessinées

Le silence pour preuve, Gianrico Carofiglio , Seuil, 20,50 €Traduit de l’italien par Nathalie BauerAprès Témoin involontaire, Les yeux fermés, Le passé est une terre étrangère et Les raisons du doute,Guido Guerrieri reprend du service en enquêtant sur la disparition d’une jeune étudiante à Bari sur l’in-sistance de ses parents désespérés. Guerrieri drôle et mélancolique traîne ses doutes et ses solutionspour nous, lecteurs attentifs et conquis par une Italie qui n’en fini pas de nous livrer des polars extraor-dinaires.

Sherlock Holmes et le mystère du Palio, Luca Martinelli , J.Losfeld, 21,50 €Traduit de l’italien par Lise CaillatSherlock Holmes en Italie, fait rarissime et pourtant vrai. Dans une des aventures du célèbre détecti-ve, alors que tout le monde le croit mort, l’enquêteur le plus connu du monde est en fait en Italie, enToscane plus précisément. Il n’est pas en repos, même mort officiellement, mais doit reconstituer unréseau d’agents secrets britanniques. Seulement un homicide non résolu à Sienne le pousse à exer-cer ses talents. Mais l’enquête est une addiction, la nature de Holmes prend le dessus sur les priori-tés anglaises. Très bel hommage italien au héro british que ce roman policier intelligent, élégant et fincomme son protagoniste.

Romans noirs, Jean Vautrin , R. Laffont, Bouquins, 30 €La collection Bouquins aux Editions Laffont a eu la très riche idée de rassembler les romans noirs deJean Vautrin en un volume. Cinéaste, photographe, scénariste, créateur avec Dan Franck de la sérieBoro reporter photographe, Vautrin est l’auteur de formidables polars : cinq sont ici réunis. Billy ZeKick, Bloody Mary, Canicule, L’homme qui assassinait sa vie et le terrible mais essentiel Roi des ordu-res. Ecriture directe et superbe bien souvent, les années ont bonifié les romans de Vautrin comme cer-taines ouvres de Simenon. Ne reculez pas devant les mille pages car l’éditeur a réussi à en faire unlivre léger (au sens propre) avec une typographie aérée très agréable à lire.

Lomax, Frantz Duchazeau, Dargaud, 19,95 €Juin 1933, John et Alan Lomax se lancent dans une campagne d’enregistrement de folksongs. Nous les suivons à travers leur périple dans le sud des Etats-Unis, étouffé de cha-leur et gangrené par le racisme. Le parcours des deux hommes (blancs il est importantde le préciser) sera jalonné de belles rencontres mais ils se heurteront aussi souvent àl’incompréhension et au mépris de leurs congénères. Duchazeau reprend la route du blues et rend hommage à ces deux personnages, le pèreet le fils, méconnus du grand public et qui ont pourtant oeuvré de façon considérable pourla conservation et la diffusion du patrimoine musical américain.

Les princesses aussi vont au petit coin, Christian Chabouté, Vents d’Ouest,17,99 €Voilà un album au titre énigmatique, qui comme l’indique sa couverture aurait tout aussibien pu s’intituler Folie douce ou Le secret de polichinelle.Dans ses précédents albums, Christophe Chabouté nous avait habitué à des univers plu-tôt sombres et désabusés, on l’imagine donc assez mal verser dans le conte de fées. Etc’est à juste titre car l’histoire débute comme un polar. Jorn, jeune homme dérangé, s’en-fuit de l’hôpital psychiatrique où il est interné et prend en otage un couple de quarante-naires qui voyage à travers la France. Le road-movie prend vite des allures de complotcar Jorn s’imagine espionné par des entités supérieures. Au fil des pages c’est un scé-nario machiavélique qui se met en place, l’intrigue s’épaissit et le lecteur se perd. L’auteurnous ballade et il y prend un malin plaisir, jusqu’à la chute aussi inattendue qu’évidente…Du début à la fin Chabouté maîtrise son art à la perfection, c’est un grand on le savait, ille confirme.

L. Blondel

L.Paillet

Jeunesse

rayo

n jeunesse

La plus petite histoire du monde, Sytou et Galou, Bilboquet,13 € à partir de 5 ans« C’est l’histoire d’une histoire. Une histoire toute petite. Une histoire si petite qu’à peine com-mencée, elle est déjà racontée. »… Ainsi commence ce récit où l’ « histoire » stylisée en un petitpersonnage souriant avec une tête entourée de mots, part parcourir le monde afin de devenir uneaventure, un roman fleuve ou bien un conte des mille et une nuits…mais si le fait d’être la pluspetite histoire du monde était tout simplement magique ! Un texte poétique et une illustration naïvepour les amateurs de merveilleux.

L’herbier du petit poucet, L. Audouin et Y.Fourié, Petite Plume de carotte, 19 €De 5 à 105 ansVoici un herbier très bien conçu qui fait découvrir au lecteur les spécificités des arbres de nos forêts. La repro-duction photographique de la branche est encadrée de petites anecdotes, dessins et formules toutes plusoriginales les unes que les autres. Chaque double page comprend un emplacement pour son propre collage.Et l’ouvrage se termine par un récit du « petit poucet » fidèle à Charles Perrault. Les petits dessins de LaurentAudoin qui parsèment l’ouvrage lui donnent un air loufoque bienvenu en ces temps de vacances.

L’affaire des hamsters, K. Davies, Castor Poche, 7€ à partir de 8 ansTom et Anna ont décidé d’harceler leur mère afin d’apprivoiser un hamster. Malgré un plan d’ac-tion offensif afin de faire céder celle-ci, ils échouent. Et c’est suite au décès de leur grand-mère,qu’ils obtiennent deux hamsters. Les deux rongeurs grâce à leur proximité dans la cage donnentalors naissance à 8 bébés. Mais le lendemain ceux-ci sont assassinés. Ne croyant guère auxexplications des adultes, les deux enfants décident de mener une enquête auprès des voisins duquartier afin de retrouver l’assassin. Voici un petit roman au rythme intense qui nous mène dansune enquête drôle et mouvementée et qui s’adresse aux amateurs de rongeurs.

Enigmes défis et casse-tête, R. Pince,Gallimard jeunesse, 7,90€ à partir de 11ansLes éditions Gallimard jeunesse éditent pour cet été un petit ouvrage très bien conçu afin de met-tre nos méninges à rude épreuve. Cinq thèmes principaux nous entraînent tout à tour dans lemonde des enquêtes policières, des intrigues historiques, des mystères de la nature, des exploitssportifs jusqu’aux astuces de bricolage. Calculs mathématiques, jeux d’observation et raisonne-ments logiques sont proposés aux jeunes lecteurs afin comme le propose la collection, qu’« ils nes’ennuient plus jamais » !!!

Le roman de Sofia, H. Mankell, Flammarion, Tribal, 13€ à partir de 13 ansSofia est une jeune Mozambicaine de 12 ans qui après avoir vu disparaître tragiquement sonpère, perd ses jambes sur une mine et voit décéder sa soeur. Commence une vie de combat où le courage sans faille de la jeune fille lui permettra de deve-nir une adulte responsable et épanouie.Henning Mankell construit en trois parties un roman subtil et attachant où se dessinent peu à peules contours de la personnalité hors du commun de la jeune héroïne, sa vie de famille, les épreu-ves de la vie. Le récit est construit sur l’alternance entre les scènes dramatiques ou émouvantesque le narrateur nous conte et les longs passages du journal intime de Sofia, empreints de rêve-rie. Beaucoup d’émotion dans cette saga qui aborde, à travers la simple évocation du quotidien,des thèmes aussi forts que la mort, le deuil, la construction d’identité. Un livre passionnant pourbons lecteurs.

V. Salamand

Le Squarelibrairie2, place Dr Léon Martin. Grenoble. Tel 0476466163

La Gazette du Square, directrice de publication et rédactrice en chef : F.FolliotRédacteurs : L.Blondel, F.Calmettes, F.Folliot, C.Meaudre, L.Paillet, V. Salamand, N. Trigeassou

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