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La Gazette été 2012 du Square LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163. e-mail : libsquar@club-internet.fr, site : www.librairielesquare.fr Horaires d’été de la librairie du 2 juillet au 1er septembre : ouverture du mardi au samedi, 10h-13h, 14h-19h. Cinésquare, notre espace dédié au cinéma et à l’image a ouvert ses portes dans les nouveaux locaux du Méliès, Caserne de Bonne. Venez nous retrouver du mercredi au dimanche de 14h à 21h. Lectures pour l’été

Gazette été 2012 - Librairie le Square

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Gazette été 2012 - Librairie le Square

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La Gazette été 2012

du Square

LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163.

e-mail : [email protected], site : www.librairielesquare.frHoraires d’été de la librairie du 2 juillet au 1er septembre : ouverture du mardi au samedi, 10h-13h, 14h-19h.

Cinésquare, notre espace dédié au cinéma et à l’image a ouvert sesportes dans les nouveaux locaux du Méliès, Caserne de Bonne.Venez nous retrouver du mercredi au dimanche de 14h à 21h.

Lectures pour l’été

Romans étrangers

Kornél Esti, Dezso Kosztolanyi, Cambourakis, 11 €

Traduit du hongrois par Sophie Képès

Voici enfin la traduction dans l’ordre original des 18 nouvelles écrites par l’immense romancier hongroiset qui forment l’univers de Kornél Esti - une partie avait été publiée sous le titre Le traducteur cleptomanechez Viviane Hamy. 18 nouvelles donc qui ensemble font un roman irrésistible dont le personnage fan-tasque, caustique, diablement humain nous promène entre réalité et imaginaire avec une tendresse évi-dente pour les faiblesses humaines mais aussi un appétit de liberté contagieux. Nous sommes dans lesannées 20 à Budapest ou dans quelques autres endroits du monde, voire même dans un lieu totalementimaginaire. Le quasi double de l’auteur avec humour et finesse pose un regard aigu sur ses contempo-rains. C’est à la fois drôle et triste. Le narrateur nous porte au centre des sensations et des émotionsdes personnages avec une sensibilité et une intelligence remarquables. Il sait dans une langue très clas-sique et d’une extraordinaire précision ménager souvent du mystère et nous dérouter totalement. Toutnous donne matière à philosopher sur l’âme humaine comme sur le monde comme il va. Une lectured’été formidable. Et pour ceux qui ne les ont pas encore lus, jetez- vous sur Ana la douce (absolumentremarquable de justesse et de cruauté sur la société bourgeoise de l’époque) ou Alouette(terrible !), lesdeux romans de Dezso Kosztolanyi édités chez Viviane Hamy. Vous découvrirez une oeuvre majeure etsans doute l’un des plus grands romanciers hongrois du XXième siècle.

F.F.

L’observatoire, Edward Carey, Phébus, Libretto, 11,80 €Traduit de l’anglais par Muriel Goldrajch

Paru voilà onze ans, l’Observatoire d’Edward Carey sort maintenant en version poche. Ce chef-d’oeu-vre absolu compte parmi les cinquante meilleurs livres lus par le libraire que je suis. Les anti-héros dece roman, à commencer par Francis le personnage principal, vous feront rire autant qu’ils déclenche-ront votre pitié. Il faut imaginer un homme exerçant le métier de statut vivante dans un musée, quiporte des gants blancs, qui est kleptomane, qui possède un caractère épouvantable, qui vit dans unancien observatoire et qui… A vous de lire la suite du chef-d’oeuvre en question.

L.B

Litté

rature

Pourquoi être heureux quand on peut être normal, Jeanette Winterson, L’Olivier, 21 €Traduit de l’anglais par Céline Leroy

Les oranges ne sont pas les seuls fruits, L’Olivier, 18 €Traduit de l’anglais par Kim Trân

Il y eut d’abord Les oranges ne sont pas les seuls fruits (qui vient d’être réédité par les éditions del’Olivier) . Le roman autobiographique de Jeanette Winterson rencontra immédiatement en Angleterre unsuccès fulgurant. Repris dans une série télévisée à la BBC, ce conte flamboyant, baroque qui met enscène une petite fille surdouée, adoptée par une mère démesurée dans sa folie comme dans ses enga-gements pentecôtistes a fait de Jeannette Winterson une sorte d’icône. Ses prises de position féminis-tes et ses essais sur le genre en font une figure marquante dans l’Angleterre d’aujourd’hui. Il y a main-tenant Pourquoi être heureux quand on peut être normal, titre qui reprend une phrase de Mrs Wintersonà sa fille et qui en dit long sur le prodigieux déni d’une mère, sur l’enfermement dans lequel elle vit etsur cette folie quelquefois fascinante qui l’habite. Car c’est bien de la même histoire qu’il s’agit mais noussommes cette fois dans l’autobiographie, le récit de la vie de cette enfant en quête d’un bonheur qui luiappartiendrait dans une Angleterre soumise aux traditions, une famille bancale, mère abusive, pèreabsent, avec le poids d’une histoire dont quelques pans essentiels se lèveront au fil du récit. Farouche,déterminée, provocante, la jeune fille est en marche vers la liberté et dans cette version de la vie deJeannette Winterson, plus ample que le roman précédent, nous passerons autant par son itinéraire intel-lectuel, son amour des mots et de la littérature que par la découverte de son homosexualité et nous ironsà l’origine jusqu’à la rencontre avec sa mère biologique. La force terrible qui se dégage du récit, le regardlucide posé par la narratrice sur sa vie, ses réflexions sur le monde et ce ton inimitable de JeanetteWinterson fait de férocité et de tendresse, de fantaisie et de rigueur, c’est tout cela qui fait de Pourquoiêtre heureux quand on peut être normal un livre magnifique. F.F.

Quand ma mère se fâchait contre moi, ce qui lui arrivait souvent, elle disait : “Le Diable nous adrigés vers le mauvais berceau.”

ratu

re

La terre est l’oreille de l’ours, Jil Silberstein, Noir sur Blanc, 24 €À l’origine de ce livre on trouve une nuit d’automne où, égaré en pleine forêt, au pays des Amérindiens,le narrateur ressent la frayeur de sa vie. Aujourd’hui proche de la soixantaine, Jil Silberstein décide derevenir sur son parcours, ses détours, et de recourir à l’école de la forêt afin d’affronter ses peurs etd’exalter ses joies. À la fois carnet et récit, ce journal est un livre mosaïque plein de considérations etd’informations sur Mère Nature. Écrit avec un rythme lent il consigne l’infinie leçon des choses et donneà approfondir notre rapport au monde. On pense évidemment à L’homme des bois des frères Reclusqui vient de paraître aux éditions Héros-limite par cette bienveillance dans le choix des mots et cetteinvitation constante à lire et à découvrir. On pense aussi à Edward Abbey pour son appel à considérerla nature comme un tout. Cet ouvrage est bien une célébration du vivant où, malgré le temps passé,prédomine encore l’émerveillement. Écrit avec un ton juste on y retrouve l’indien qui est en nous, onréapprend le chant des pistes, et au fond, on ne peut que penser à prendre soin et à remercier.

F.C.

L’Asie au coeur, Jean-Noël Robert, Les Belles Lettres, 25,50 €Jean-Noël Robert, latiniste, historien, a publié une quinzaine de livres sur l’Histoire des mentalités dansl’antiquité romaine. Il nous livre ici un récit personnel de ses voyages en Asie. Une première partie relateses expéditions auprès de “certains peuples oubliés” au mode de vie proche de celui pratiqué pendantla préhistoire européenne. Hommes chasseurs cueilleurs, nomades, pratiquant encore pour certainsquelques rites de cannibalisme, pour d’autres exerçant une médecine chamanique, il nous entraîneauprès des papous, des torajas, des hommes fleurs de Siberut. Une deuxième partie concerne les peu-ples opprimés de Chine notamment du Xinjiang, du Tibet, des ethnies muselées du Yunnan deBirmanie. L’accent est mis sur des rencontres avec des hommes très différents de nous et pourtant noscontemporains, qui tentent de survivre et de perpétuer leurs traditions dans un monde en pleine muta-tion. L’auteur pose indirectement la question du devenir de notre propre civilisation. C.M.

Romans français

Avenue des Géants, Marc Dugain, Gallimard, 21,50 €Même si les médias ont beaucoup parlé du livre de Dugain, Avenue des Géants mérite davantage delecteurs tant il reste un des meilleurs livres parus ces derniers mois. Le personnage de ce roman exis-te réellement, il se nomme Ed Kemper (ici renommé Al Kenner). Cet homme au physique atypiquemesurant 2 mètres 20 et possédant un QI supérieur à Einstein devient dans les années 60 un tueurrecherché par toutes les polices américaines. Ses premières victimes vont être ses grand-parents,assassinés le même jour que Kennedy et suivront plusieurs meurtres d’étudiantes. Le meurtrier necherchera ni le pardon ni à se cacher vraiment tout au long de ces années. Il sera arrêté et sa vie car-cérale pourrait servir de scénario à Hollywood. Sa personnalité déroute tout comme son intelligence.Dugain restitue méticuleusement le destin maléfique de Kemper tout en décrivant l’air d’une époque.Ce livre glaçant est magistral. L.B.

Anquetil tout seul, Paul Fournel, Seuil, 16 €“J’avais 10 ans, j’étais petit, brun et rond, il était grand, blond et mince et je voulais être lui. Je voulais son vélo,son allure, sa nonchalance, son élégance. J’avais trouvé en même temps mon modèle et mon contraire. Les deuxchoses étaient irréductibles, c’est dire si j’avais un bout de chemin à faire”. Ce récit est un livre miroir : l’histoired’une passion fougueuse d’un enfant pris dans un corps maladroit et le récit d’une vie prisonnière du vélo. Avec latendresse bienveillante qu’on lui connaît Paul Fournel raconte le merveilleux de l’enfance mais aussi l’abîme de

solitude d’un homme-loup qui cherchait à se fuir. Tout simplement admirable. N.T.

La Montagne, Jean-Noël Pancrazi, Gallimard, 10 €En 1962, l’Algérie gagne son indépendance. Dans un village proche de Constantine, le narrateur nous raconte lesdégâts de cette guerre absurde qu'il a vécu enfant. Il décrit la disparition des habitants subitement arrachés à leursproches sans explication et sans retour. Les gens autour de lui se sont haïs et trahis alors qu'ils vivaient et tra-vaillaient ensemble depuis des années. Il a vu aussi la chute de son père, qui était responsable d'une minoterie,son père qui, jusqu'au bout, a cru qu'il pourrait rester dans ce nouveau pays indépendant où désormais "les piedsnoirs" sont tués ou chassés pour les plus chanceux. Mais surtout, il partage avec nous le poids de sa culpabilité,le regret d'avoir été trop prudent et de ne pas avoir subi le même sort que ses camarades. La culpabilité d'être toutsimplement un survivant. Le narrateur nous emporte dès les premières lignes dans sa terre natale grâce à une écri-ture sobre mais envoûtante et transmet avec justesse son infinie tristesse. La représentation de la montagne luirappel son destin miraculeux et le hantera jusqu'à la fin de sa vie. Il ne voit de libération qu’en la mort qu'il auraitdu partager avec ses amis. Ce roman court mais touchant restera longtemps dans votre mémoire.

C.L..

Litté

Voyage

Polar B.D

Romans policiers

Bandes dessinées

Red grass river, James Carlos Blake, Rivages, 23,50 €Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle Pailler.A lire absolument au soleil cet été le sixième roman de James Carlos Blake. Toujours aussi fou, Blakenous raconte l’histoire du Gang Ashley où les membres sont à la fois trafiquants d’alcool, bandits, bra-queurs de banque, spécialistes de l’évasion. Tout cela ressemble à un western classique perdu dansles grands espaces américains sauf que l’action se déroule au sud de la Floride dans les marécages.Tous les faits sont rigoureusement exacts, la famille Ashley a bel et bien existé. Cette saga est rocam-bolesque,tragi-comique et violente mais surtout incontournable. L.B.

Noyade en eau douce/Cible mouvante, Ross Macdonald, Gallmeister, 10 € le volume.Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Mailhos.Pour dix euros par livre, on pourra lire enfin l’intégralité des romans de Ross MacDonald, un des papesdu roman noir. Dans une traduction revue et corrigée, les aventures de Lew Archer en Californie sontdisponibles depuis quelques semaines. Celui que Paul Auster, James Crumley et Michael Connellyconsidèrent comme un des meilleurs écrivains américains est à portée de toutes les bourses.Cependant comme tout roman écrit dans les années quarante et cinquante, certains termes paraîtrontdésuets voir vieillots mais ne laissez pas le passé vous contrarier, Macdonald reste surprenant etimprévisible. L.B.

Mapuche, Caryl Férey, Gallimard,Série Noire, 19,90 €Jana, une jeune indienne Mapuche, cherche de l’aide auprès de Ruben, détective privé, pour éluciderle meurtre de son ami assassiné dans la nuit noire et sordide de Buenos Aires. La misère, les prosti-tués transsexuels, la crasse et le mensonge, voilà le décor. Jana et Ruben, deux écorchés vifs par ladictature argentine, vont lutter contre les bourreaux de leurs parents. Férey signe un hard-boiled à l’a-méricaine, révélateur d’une vérité que tant de personnes ont, encore aujourd’hui, besoin de maintenirbien enfouie. Ruben et Jana sont deux âmes-soeurs qui hurlent et pleurent ce que le monde ne veutplus voir. Se battre contre des êtres capables de jeter des personnes vivantes d’un avion c’est littéra-lement combattre le pire de l’espèce humaine. A.G.

Egon Schiele vivre et mourir, Xavier Coste, Casterman, 18 €Parmi les nombreuses biographies en bandes dessinées qui paraissent en ce moment,certaines valent vraiment le détour. Egon Schiele vivre et mourir de Xavier Coste fait par-tie de celles-ci. Inutile de chercher des antécédents éditoriaux à ce tout jeune auteur fraî-chement sorti de son école d’art (23 ans seulement !) car c’est son premier album et pourtout dire un véritable coup de maître !Pour ce très bel hommage à Schiele, dont la vie fût aussi brève que tumultueuse, XavierCoste a su investir l’univers artistique du scandaleux peintre autrichien sans jamais tom-ber dans l’imitation et c’est bien là que réside toute la réussite de ce magnifique album.Un peintre à (re)découvrir et surtout un auteur à suivre de très près. L.P.

Le voyage extraodinaire T1, Filippi et Camboni, Vents d’Ouest,13,90 €Grande Bretagne, 1927. Après plusieurs années passées dans un pensionnat, les deuxcousins Noémie et Emilien retrouvent enfin le manoir familial. Mais quand on a desparents respectivement explorateurs et inventeurs, la vie de famille n’est pas vraiment detout repos. D’autant plus que le père d’Emilien a disparu dans des circonstances plutôtétranges. Les deux adolescents vont alors se lancer à la recherche de ce dernier et seretrouver au coeur d’aventures extraordinaires.Le duo Filippi (scénario), Camboni (dessin) est déjà à l’origine de la charmante série pourenfants Gargouilles et inaugure avec cet album une très belle nouvelle série d’aventuresqui n’est pas sans rappeler les romans de Jules Verne. A lire à partir de 10 ans. L.P.

rayo

n essais

Ma guerre d’Espagne, Sygmunt Stein, Seuil, 19 €Est-ce parce qu’il a été écrit en yiddish et qu’il contredisait la lecture stalinienne longtemps domi-nante de la Guerre d’Espagne que ce témoignage est resté méconnu jusqu’à aujourd’hui ? On n’i-gnore pas les précautions que l’on doit prendre quand on lit un récit écrit a posteriori – ici dans lesannées 50- mais on recommande ce témoignage pour plusieurs raisons. Il éclaire tout d’abord surune composante peu connue des Brigades internationales, l’engagement des juifs communistes.Stein, membre du parti communiste polonais en exil à Prague, militait pour la création du Birobidjan.Ecoeuré et inquiété par les procès de Moscou, il demande à rejoindre les Brigades afin de retrouverdans le combat un sens à son engagement. Mais il est nommé bien malgré lui commissaire politiqueà son arrivée en Espagne. C’est alors de l’intérieur, à Albacete, qu’il assiste impuissant à la main-mise des Staliniens. Ce livre est la description au quotidien d’une entreprise folle de sabotage. Maisc’est aussi et surtout le récit étonnamment romanesque d’un destin pris dans l’Histoire. N.T.

On a retrouvé l’Histoire de France, Jean-Paul Demoule, R. Laffont, 20,30 €Un titre racoleur, au goût douteux, une couverture désastreuse, tout concourait à ne pas ouvrir ce livre et pour-tant…cet essai est passionnant. L’ancien président de l’Institut national de recherches archéologiques préven-tives réussit en quelques pages et dans un exposé d’une grande clarté à nous dire ce que l’on sait aujourd’huide l’archéologie de l’espace français et par-là même : définir et défendre ce qu’est et doit être l’archéologie.Aucun musée dédié en France, des récriminations récurrentes des politiques contre le prix de fouilles obsta-cles à la modernisation économique…le désamour des Français pour l’archéologie est réel. Pourquoi ?L’archéologie se construit contre le roman national – ceux que nous nous sommes donnés pour ancêtres sontdes vaincus, que ce soient les Gaulois ou les Francs qui bien qu’envahisseurs ont du très vite abandonner leurculture. Nombre d’idées reçues tombent lors de ce rapide voyage depuis la préhistoire et J.P. Demoule dévoi-le la complexité des échanges, l’ancienneté des métissages. Mais surtout, il montre combien l’objet même del’archéologie a changé. Affranchie de l’Histoire de l’art, elle ne s’intéresse pas qu’à la sauvegarde des bellesantiquités, plus anthropologique, elle essaie de retrouver les anciennes façons de vivre et de faire. On comp-rend mieux alors la passion de l’auteur à défendre cet art de faire se révéler un passé qui nous dit combiendominations et inégalités se sont construites et n’ont rien de naturel. N.T.

Rayon essais

Démons me turlupinant, Patrick Declerck, Gallimard, 18,90 €Patrick Declerck est né en 1953. Après des études consacrées à la désocialisation, il crée les premières consulta-tions d’écoute auprès des sans domicile fixe de Paris. Psychanalyste, il fait lui-même l’expérience de la vie dans larue. De cette dernière, naît un essai qui fait référence, Les naufragés, paru dans la collection Terre Vivante, et unpamphlet, Le sang nouveau est arrivé en folio.Son dernier ouvrage est son histoire, celle de son analyse. Écrit avec des mots qui cognent, il raconte, comment àl’âge de cinq ans, il est devenu névrosé, puis trente ans plus tard analyste. Entre une mémé “ mygale castratrice “,un tonton “ bâti comme un frigo soviétique “ et un père “oedipien et intime ennemi “, on découvre comment se cons-truit l’auteur au milieu de cette famille qui ressemble à beaucoup d’autres, c'est-à-dire “normalement dingue”. En fait,sa grande affaire devient vite celle de la libération de l’homme et pour ceci il use du miroir. Exercice terrifiant pourqui s’y adresse avec honnêteté, mais aussi vertigineux et toujours plus ou moins désagréable. Le miroir où l’on iden-tifie ces “ épuisants morceaux d’étrangeté, et qui pourtant sont bien nous “. Roman d’une mémoire hantée,Démonsme turlupinant est aussi l’éloge de ceux qui reconnaissant leurs fantômes peuvent leur rire au nez, ceux qui ont lecourage de “ s’explorer eux-mêmes et de se grandir “. Declerck n’a de cesse de vouloir réconcilier le réel avec lui-même, avec nous tous, et son humanisme nous invite à penser que l’on se construit comme on peut et surtout“comme souterrainement on doit “. F.C.

Petite histoire des grands singes, Chris Herzfeld, Seuil, 20 €Philosophe des sciences, spécialiste de l’histoire de la primatologie et des relations entre humains et grands singes,Chris Herzfeld est également peintre, sculpteur et photographe. Dans cette enquête elle s’intéresse à la fascinanterelation entre les hommes et les grands singes que sont les chimpanzés, les bonobos, les orang-outans et lesgorilles. Leur capacité exceptionnelle d’imitation des comportements humains est vécue comme une menace parl’homme qui se sent fragilisé dans son humanité. Mais cette oscillation entre crainte et attirance traverse les sièclesdepuis l’Antiquité et ne saurait s’arrêter maintenant.Un premier chapitre ouvre sur l’étrangeté du même, l’homme sauvage et le simien; puis Chris Herzfeld aborde laplace du singe dans les collections muséales; un autre chapitre traite de la recherche expérimentale sur les singes.Les ressemblances physiques et comportementales entre les deux ainsi que l’intelligence des singes qui soulèvedes questions méthodologiques conceptuelles et éthiques, lui permettent d’établir une notion de devenir-humain quifait écho à celle de devenir-animal de Deleuze et Guattari.Et le titre d’un de ses livres écrit avec Pascal Picq Lesgrands singes, l’humanité au fond des yeux, en dit long sur le lien qui unit les deux communautés, les deux memb-res de la famille des hominoïdes. C.M.

Jeunesse

rayo

njeunesse

Au chat et à la souris, J.Vallery et R.Saillard, L’élan vert,11,20 € à partir de 3 ans

1,2,3,4 chats.5,6,7,8 souris qui la nuit tombée jouent à se cacher sous le plancher ou le tapis jusqu'à s'en-fuir à Haïti . Un album qui joue au chat et à la souris, dynamique et amusant, voilà ce que nous proposentavec succès les éditions de L'élan vert pour les tout-petits. Le style figuratif, l'audace des couleurs sombrescontrastent avec la cocasserie d'un texte rythmé avec justesse et l'ensemble séduira sans aucun doute lespetits lecteurs. Un album à lire et à regarder ensemble pour entretenir une complicité entre l'adulte et l'en-fant. V.S.

Les mots autour du monde, MP Oddoux, Rue des enfants, 13,50 € à partir de 5 ans

Voilà un album qui emmène les enfants dans un voyage culturel mais surtout linguistique à travers une ving-taine de pays disséminés au coin des cinq continents, tels que le Maroc et son souk, le carnaval de Rio, lePérou des hauts plateaux, la banquise des Inuits. Chaque symbole est représenté à la fois dans une scèneen page centrale et individuellement sous forme de vignette accompagnée de son nom français, son nomdans la langue et l'écriture d'origine, sa prononciation et sa définition. En dépit d'un texte parfois un peu rapi-de pour présenter le pays et la scène qui l'illustre cet ouvrage est une invitation à la découverte de nom-breuses traditions quelquefois méconnues des enfants. Une maquette aérée ainsi qu'une iconographie auxcouleurs acidulées rendent ce livre attractif et divertissant. V.S.

Madame Pamplemousse et le café à remonter le temps, R. Kingfisher, Albin Micheljeunesse, 8,50 € à partir de 8 ans

Madame Pamplemousse possède à Paris une boutique nommée « Délices », c'est une petite boutique oùl'on peut trouver 700 fromages différents mais aussi des pattes de tarentules au vinaigre d'estragon et toutessortes d'aliments plus mystérieux les uns que les autres, elle vit là avec son chat borgne « Camembert ».Mais le gouvernement qui tente d'empêcher tout lieu plaisant à Paris d'exister, décide de démolir le délicieuxmagasin de madame Pamplemousse. C'est une toute jeune demoiselle prénommée Marguerite, excellentecuisinière et amie de Madeleine, qui, elle aussi recherchée par les agents du gouvernement, va vivre desaventures extraordinaires et empêcher l'avenir tragique prévu pour Paris et ses habitants.Dans la lignéedirecte de Roald Dahl et Quentin Blake un roman un peu désuet, mais truculent et rigolo, délicatement illus-tré à l'encre de chine,qui séduira les lecteurs en quête de magie, d'étrangeté et d'humour. V.S.

Nom de code Digit, A. Monaghian, La Martinière jeunesse, 13,90€ à partir de 12 ans

Digit est le surnom de Farah Higgins, jeune lycéenne qui tente de cacher à tout le monde qu'elle est un géniedes maths, mais un jour, alors qu'elle regarde une série à la télévision, Farah remarque des chiffres qui défi-lent en bas de l'écran. Le lendemain après avoir passé sa soirée et la matinée à chercher comment décodercette énigme numérique elle fait le lien avec une attaque terroriste à New York. Farah décide de prévenir leFBI. Un tout jeune et bel agent se trouve responsable de sa sécurité, et le couple entame alors une caval-cade pleine de surprises et rebondissements. Une intrigue mêlant calculs, enquête et humour, avec unehéroïne haute en couleur, voici un pari réussi par les éditions de La Martinière qui contenteront à coup sûrles jeunes adolescents en manque de lectures d'été !!! V.S.

Cabaret ingénue T1, J. Larkin, Bayard Jeunesse, 16,90 € à partir de 13 ans

Chicago, les années 20, ville du gang organisé mais surtout l'un des berceaux du jazz. On y croise le destinde trois jeunes filles issues de riches familles. Malgré les interdits et les dangers elles n'ont qu'une chose entête: sortir dans les cabarets et devenir de parfaites « garçonnes ». Gloria, pourtant promise à l'un des hom-mes les plus influents de la ville, se fait engager comme chanteuse pour impressionner un jeune musiciennoir qui ne la laisse pas indifférente... Autour d'elle gravitent Lorraine sa meilleure amie, qui essaie par toutles moyens d'attirer l'attention sur elle et Clara sa cousine, tout juste arrivée de New-York et cachant un lourdpassé. Dans ce roman à trois voix, amitié, trahison et amour sont au rendez-vous. Amatrice de musique etd'histoires d'amour, n'hésitez plus ce livre est fait pour vous ! C.L..

Le Squarelibrairie

2, place Dr Léon Martin. Grenoble. Tel 0476466163

La Gazette du Square, directrice de publication et rédactrice en chef : F.Folliot

Rédacteurs : L.Blondel, F.Calmettes, F.Folliot, A. Giraud, C.Lucas, C.Meaudre,

L.Paillet, V. Salamand, N. Trigeassou

Gazette réaliséeavec le soutiende la RégionRhône-Alpes