8
1 GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DES GRANDES AIRES CONTINENTALES Dynamiques géographiques du continent américain L’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud Etude de cas : le bassin caraïbe : interface américaine, interface mondiale (p152 à 157 de votre manuel + sujets bac p. 196/197) C’est Un chapitre que l’on ne va pas traiter en un bloc mais en trois études / compositions successives à des échelles différentes : - Le bassin des Caraïbes : interface américaine, interface mondiale - Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales - Etats-Unis / Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales Cela va nous amener à croiser différentes échelles : échelle régionale, continentale et nationale dans une approche comparative Accroche : c’est l’espace de la découverte du Nouveau Monde , un espace de rêves et de craintes. Les premiers occupants étaient les indiens Caraïbes qui ont laissé leur nom à la région. Donc l’Histoire nous renseigne déjà sur la notion d’interface. Cette étude porte sur la notion d’interface, déjà abordée dans le chapitre sur la mondialisation. Rappels : l’ Interface est une zone de contact. Roger Brunet : « plan ou ligne de contact entre deux systèmes ou deux espaces distincts ; il s’y passe en général des phénomènes originaux : d’échanges entre les deux parties, de modification de l’une par l’autre, d’exploitation de la différence par les entreprises, des villes, des populations entières ». Les principales interfaces géographiques sont l’interface terre-mer (littoral), air/terre, montagne/plaine, ville/campagne, frontières et fronts. Dans le contexte de mondialisation les frontières entre Etats et les littoraux prennent une place particulière. Le bassin caraïbe est en position d’interface, entre le Nord et le Sud, mais aussi entre le monde anglo-saxon et le monde hispanique. - C’est un ensemble très diversifié, par les niveaux de développement économiques et humains. - C’est un bassin positionné entre le Monde et l’Antimonde - C’est une grande destination touristique - Miami est le pôle majeur de cet ensemble Le Cadre spatial du sujet : C’est un sous-ensemble latino-américain. composé de 34 « Etats », ou plus précisément 23 Etats indépendants (parties d’Etats pour certains : EU, Mex, Colombie, Venezuela) et 11 territoires sous tutelle. Cet un espace qui va de la Floride au Venezuela, et à l’est va jusqu’à l’arc des petites Antilles. Ce la représente 2,7M de km2 et 165M d’habitants en 2001. Cela représente 4000km d’est en ouest et 1200 km N/S. Deux espaces maritimes distincts le composent : le Golfe du Mexique à l’ouest et la mer des Antilles à l’est (aussi appelée mer des Caraïbes). Cependant, les limites du bassin sont en débat.

GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES …

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES …

1

GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DES GRANDES AIRES

CONTINENTALES

Dynamiques géographiques du continent américain

L’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud

Etude de cas : le bassin caraïbe : interface américaine, interface mondiale (p152 à

157 de votre manuel + sujets bac p. 196/197)

C’est Un chapitre que l’on ne va pas traiter en un bloc mais en trois études / compositions successives à des échelles différentes :

- Le bassin des Caraïbes : interface américaine, interface mondiale - Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales - Etats-Unis / Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales

Cela va nous amener à croiser différentes échelles : échelle régionale, continentale et nationale dans une approche comparative Accroche : c’est l’espace de la découverte du Nouveau Monde , un espace de rêves et de craintes. Les premiers occupants étaient les indiens Caraïbes qui ont laissé leur nom à la région. Donc l’Histoire nous renseigne déjà sur la notion d’interface. Cette étude porte sur la notion d’interface, déjà abordée dans le chapitre sur la mondialisation.

Rappels : l’ Interface est une zone de contact. Roger Brunet : « plan ou ligne de contact entre deux systèmes ou deux espaces distincts ; il s’y passe en général des phénomènes originaux : d’échanges entre les deux parties, de modification de l’une par l’autre, d’exploitation de la différence par les entreprises, des villes, des populations entières ». Les principales interfaces géographiques sont l’interface terre-mer (littoral), air/terre, montagne/plaine, ville/campagne, frontières et fronts. Dans le contexte de mondialisation les frontières entre Etats et les littoraux prennent une place particulière.

Le bassin caraïbe est en position d’interface, entre le Nord et le Sud, mais aussi entre le monde anglo-saxon et le monde hispanique.

- C’est un ensemble très diversifié, par les niveaux de développement économiques et humains. - C’est un bassin positionné entre le Monde et l’Antimonde - C’est une grande destination touristique - Miami est le pôle majeur de cet ensemble

Le Cadre spatial du sujet : C’est un sous-ensemble latino-américain. composé de 34 « Etats », ou plus

précisément 23 Etats indépendants (parties d’Etats pour certains : EU, Mex, Colombie, Venezuela) et 11 territoires sous tutelle. Cet un espace qui va de la Floride au Venezuela, et à l’est va jusqu’à l’arc des petites Antilles. Ce la représente 2,7M de km2 et 165M d’habitants en 2001. Cela représente 4000km d’est en ouest et 1200 km N/S. Deux espaces maritimes distincts le composent : le Golfe du Mexique à l’ouest et la mer des Antilles à l’est (aussi appelée mer des Caraïbes). Cependant, les limites du bassin sont en débat.

Page 2: GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES …

2

Problématique : en quoi le bassin caraïbe est-il une interface à la fois américaine et mondiale ?

- Qu’est ce que le bassin caraïbe ? Quelles en sont les limites ? Quels en sont les éléments d’unité de diversité, de fractures et de continuités ?

- Quelles relations entretient-il avec l’Amérique et le Monde ?

- Le bassin caraïbe est-il au Nord ? au Sud ? un entre-deux ?

Nb 1 . Cette étude permet aussi d’introduire les deux études suivantes: nous y aborderons certains thèmes et notions comme celle de puissance, d’intégration et de tensions régionales.

Nb 2. On dira ici bassin caraïbe. Dire bassin caribéen est un anglicisme (caribbean).

I. Limites et discontinuités du bassin caraïbe

Première impression : une apparente unité autour de l’horizon marin commun, mais cet ensemble cache pourtant une très grande hétérogénéité.

A. Un espace marqué par la diversité et les discontinuités (II pour le croquis distribué)

L’espace présente des niveaux de développement contrastés.

Page 3: GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES …

3

L’analyse démographique souligne des situations très contrastées aussi, tant par les effectifs que les taux de natalité ou de mortalité infantile : rapport de 1 à 14 pour la mortalité infantile.

Grande hétérogénéité aussi des revenus : le PIB annuel par Hab en parité de pouvoir d’achat oscille entre 1500 dollars et plus de 10000 dollars, même en excluant les EU et les territoires sous tutelle (EU : + de 34000 $/hab/an).

Si l’on doit élaborer une typologie à partir des niveaux de développement il est possible de dégager 5 groupes :

- Les Etats-Unis - Les territoires sous-tutelle et les Etats indépendants des petites Antilles (relativement développés) - Mexique, Grandes Antilles, Cuba, Pays andins : des niveaux de développement moyens - Les Etats d’Amérique centrale (avec une ou deux exception : le Costa Rica et le Panama) : des niveaux de

développement assez faibles - Haïti : niveau de développement humain particulièrement faible

De plus : On observe des contrastes de superficies et des contrastes physiques : la compacité des Etats de

vaste superficie tranche avec l’émiettement des archipels. On trouve des Espaces « naturels » :l a forêt sempervirente équatoriale des pays de l’isthme, et des brousses arbustives à épineux au Nord du Mexique. La morphologies vigoureuses des îles volcaniques s’oppose à la platitude des atolls coralliens.

Les cultures sont différentes : une Amérique anglo-saxonne, une hispanique, et signalons la présence des enclaves francophones et néerlandophones.

Il n’y a donc pas d’unité géographique du bassin Caraïbe : c’est un ensemble fragmenté, marqué par une multiplicité d’Etats et de territoires, et par une double discontinuité économique et culturelle.

Page 4: GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES …

4

B. Un espace marqué par des limites multiples

Cette sous-partie permet de s’interroger sur la question de l’identité caribéenne. Les limites du bassin résultent d’un jeu de relations séculaires et non d’un cadre physique, donc de l’Histoire plus de que la géographie!

Cet espace connaît un « gradient de caraïbéanité ». La caraïbéanité se définit par opposition à l’ailleurs, notamment au puissant voisin du Nord, les EU, et aux anciennes puissances coloniales. L’influence de l’UE continue de s’y exercer par l’intermédiaire des DROM et PTOM (Départements et régions d’outre mer ou Pays et territoires d’Outre mer), et par les politiques de coopération et de développement.

II. Le bassin caraïbe : un espace d’échanges intenses

Les flux sont le principal élément de structuration du bassin. Ces flux mettent à la fois en contact l’Amérique du Nord et du Sud mais aussi le bassin Caraïbe et le Monde.

A. Une zone parcourue par des flux multiples et d’ampleur variée

* Les flux méridiens N/S, l’emportent largement sur les flux transversaux intrarégionaux. Ces flux N/S sont diversifiés : exportations de produits manufacturés, investissements, aide internationale, tourisme balnéaire et de croisière. * Les flux Sud / Nord : Si l’archipel des Antilles génère peu de flux de marchandises vers le Nord (exceptés les produits agricoles vers l’Europe grâce à des tarifs préférentiels : banane) les littoraux latino-américains exportent des hydrocarbures et des denrées alimentaires (ex Venezuela, Mexique). Les Migrants : les migrants en provenance de l’Amérique du Sud et du bassin Caraïbe sont attirés par le richesse des EU : ils se dirigent d’abord vers le Mexique, les îles vierges américaines et Porto-Rico avant d’essayer d’atteindre les EU. * Les flux de l’Antimonde : : Les flux financiers licites et illicites témoignent du rôle mondial de cet espace. On y trouve un ensemble de points d’appui en marge de la légalité, comme les paradis fiscaux. Le bassin Caraïbe est à l’interface des zones de production (voir cour sur la mondialisation en début d’année : Pérou, Colombie, Bolivie) et de consommation de drogues (EU en premier lieu). C’est aussi un espace de transit et de blanchiment d’argent dans les paradis fiscaux, de transit de produits de contrebande venus d’Asie (+ de migrations de travailleurs, d’affaires et de loisirs pour les flux légaux). Le bassin Caraïbe se positionne donc entre Monde et Antimonde. Ces trafics se singularisent notamment par le fait qu’ils privilégient souvent le sens Sud/Nord, ce qui nuance le modèle centre-périphérie.

Exemple des drogues (cf carte) : rôle essentiel du bassin caraïbe dans l’approvisionnement des EU. Implication d’un grand nombre d’acteurs, institutionnels et privés. Collusion entre pouvoir et organisations criminelles. Des 23 pays identifiés comme lieux de transit ou de production de stupéfiants, 14 sont situés en Amérique latine et 9 font partie du bassin caraïbe. Production de coca et de cocaïne en Amérique andine, notamment en Colombie. Routes, relais et points d’appui dans le bassin caraïbe : passage par l’isthme (des cartels colombiens aux cartels mexicains), essor du passage par les Antilles considérés cependant comme plus sûrs (par Cuba, les Bahamas, Haïti, Porto-Rico, République dominicaine…).

B. Des aménagements et des activités économiques liées à ces flux

Les infrastructures de transport : l’exemple du canal de Panama. Près de 5% du trafic mondial passe par le canal de Panama. Lancée en 1880 sous la houlette de Ferdinand de Lesseps (cf Suez) la construction du canal fut reprise par les EU en 1904 et terminée en 1914. Ca canal de 77 km de long est resté sous administration américaine jusqu’en 1979, date à partir de laquelle il a été rétrocédé progressivement. Le traité de rétrocession prévoit une priorité pour les navires battant pavillon américain.

Le bassin Caraïbe est Une des grandes destinations touristiques tropicales des pays du Nord. Cet espace véhicule en effet un image paradisiaque. De nombreux aménagements balnéaires permettent l’accueil touristique. Exemple de Punta Cana, de Cancun

Page 5: GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES …

5

Les aides au développement et les investissements sont favorisés par les zones franches et les paradis fiscaux. Le paradis fiscal prend appui sur un territoire national en proposant un régime fiscal avantageux et la zone franche est une zone commerciale ou industrielle strictement délimitée qui est dotée de « privilèges de franchise ». Ils caractérisent fortement le bassin Caraïbe, qui présente un terreau favorable à leur développement : positionnement, émiettement des Etats, législateurs indulgents. Ce sont des zones de non-droit de la mondialisation. Dès le XVIème siècle les littoraux servaient de « paradis », cad de refuges et d’abris naturels pour les flibustiers et trafiquants, puis ont évolué plus récemment en zones franches : productions textiles, informatiques, électroniques ont remplacé les esclaves, le cacao et les métaux précieux. Les bordures continentales ont été dédouanées en premier (Panama en 1948, Mexique en 1965) et les îles plus récemment (Barbade en 1991, Bahamas en 1970, Cuba en 1996). Les zones franches sont à proximité des ports et des aéroports, en position stratégique. Elles importent, stockent, groupent, exportent, produisent toutes sortes de marchandises.

Il y a des Zones franches commerciales : Exemple de la zone libre de Colon, deuxième au monde après Hong Kong, qui rivalise avec celle de Miami : 400 hectares, plus de 2500 entreprises, notamment panaméenne, nord-américaines, coréennes, japonaises (asiatiques de plus en plus auj). Autre exemple : depuis 1991 le port autonome de Pointe-à-Pitre a le statut de zone franche, ce qui luis permet d’essayer d’affirmer son rôle au sein du bassin.

Il y a aussi des Zones franches industrielles : l’exemple le plus abouti est celui des maquiladoras mexicaines. Autre exemple : la République dominicaine développe les zones franches depuis la fin des années 60 : il y en a aujourd’hui plus de 50.

Les Duty free : ils ponctuent les flux touristiques grâce aux détaxes proposées sur les spiritueux, les parfums, le tabac … et peuvent participer à l’animation des villes. Par exemple à Panama City les deux artères commerçantes principales, cœur marchand de la capitale, sont la via Espana et Central Avenue, détaxées.

Les services financiers offshore : exemple des îles Caïman : un des premiers centres mondiaux des sociétés de placement offshore. Y passent par an l’équivalent de deux fois le budget français. + de 35000 entreprises immatriculées dans ces îles, pour 20000 habitants !

III. Lac états-unien ou Méditerranée américaine ? Deux termes sont souvent utilisés pour évoquer le bassin caraïbe : lac et méditerranée. Lac = prolongement

naturel des EU. Méditerranée : mer entre le N et de S, « mer au milieu des terres ».

A. Un lac états-unien

Le bassin des Caraïbes est dominé par les EU, qui ont toujours considéré cette région comme le prolongement naturel de leur espace national. Cependant la configuration actuelle du bassin, articulé et structuré par les EU, est récente : elle ne remonte qu’au début du XXème siècle. Ce bassin a longtemps été traversé par des flux dirigés par les grandes puissances européennes (France, PB, RU)

Miami :est une plaque-tournante et le centre de commandement de cet espace. C’est la principale porte d’entrée des EU vers le bassin Caraïbe. La situation de Miami, au bout de la péninsule floridienne, présentent des avantages certains : C’est une sorte de pont naturel facilitant le commerce et les échanges. C’est aussi une porte d’entrée vers les EU : d’où le cosmopolitisme de Miami : importance des communautés cubaine, haïtienne, colombienne, vénézuélienne, nicaraguayenne (voir la série Dexter). Deux infrastructures forment les deux pôles majeurs : l’aéroport international de Miami et l’espace portuaire.

L’ Aéroport : c’est un carrefour majeur des Amériques, environ la moitié des passagers sont internationaux, il assure le fret en direction du bassin caraïbe (informatique, équipement). C’est un vun éritable hub, point de transit quasi obligatoire entre le bassin Caraïbe, l’Amérique et l’Europe. C’est un gigantesque entrepôt de 13KM2 autour de l’aéroport.

L’ Espace portuaire : soumis au va-et-vient des bateaux de croisière : c’est la première place mondiale pour la croisière.

Page 6: GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES …

6

A noter aussi : la puissance de la fonction financière à Miami : 120 institutions financières, des banques commerciales et des caisses de dépôt. (cependant paradis fiscaux comme les Bahamas et les îles Caïman à proximité) .

Il faut ajouter le Poids des compagnies américaines dans l’agriculture de plantation : exemple de la Dole Food Compagny. Dole est l’exemple type de la firme géante de l’agrobusiness américain. Dole Food Compagny est une firme multinationale présente dans 90 pays du monde, qui compte 64000 salariés. Elle a la maîtrise complète du cycle agroindustriel, de la production à la distribution en passant par le transport et le conditionnement. C’est le premier producteur mondial de fruits tropicaux, de légumes frais et de fleurs coupées. Elle possède des terres dans l’ensemble du monde : Amérique latine, Europe, Asie, Océanie, Afrique.

Les plages des Caraïbes sont devenues le lieu de détente des populations étasuniennes. Le bassin apparaît en effet comme une grande aire récréative pour la population du Nord : la clientèle provient à 80% de l’Amérique du Nord, dont 75% des EU et 5% du Canada. La capitale mondiale de la croisière est Miami. Sur une vingtaine de compagnies qui se partagent le bassin, quatre dominent très largement et 3 d’entre elles ont leur siège social à Miami. Les navires de ces compagnies utilisent très bien l’Antimonde : pavillons de complaisance (libérien, bahaméen, panaméen), fraude fiscale.

Cependant on observe des évolutions dans la domination américaine : American Airlines domine encore largement la desserte du bassin mais l’offre s’est néanmoins diversifiée : 40 compagnies étrangères et 16 autres compagnies américaines viennent concurrencer American Airlines.

B. Une intégration régionale ou continentale ? Sans renoncer définitivement aux opérations militaires et aux pressions diplomatiques, les EU ont multiplié

depuis les années 80 et 90 les interventions économiques dans cet espace. En 1990 le président Bush a tenté de diffuser le néolibéralisme dans cet espace, en étant l’initiateur de l’Enterprise for Americas initiative. Quelle est donc la marge de manœuvre des organisations régionales face aux EU ?

Les difficultés de l’intégration régionale : création en 1973 de la CARICOM (Communauté et marché commun des Caraïbes). C’est une zone de libre-échange qui élabore des politiques communes dans les domaines du commerce, de l’éducation et de la recherche, de la santé et des relations extérieures. Les positions divergentes au sein de cet ensemble ont entraîné la création en 1994 de la AEC (Organisation des Etats de la Caraïbe). L’AEC répond à l’ALENA signée la même année et au Mercosur. Elle regroupent 25 Etats membres à part entière et 12 membres associés. Tous ces pays s’engagent dans la voie du développement durable. En dehors de Porto-Rico, l’AEC fédère l’ensemble des Antilles, l’Amérique centrale, la Colombie, le Venezuela et le Mexique. (La Colombie et le Venezuela appartiennent aussi au pacte andin / Communauté andine depuis 96). Elle prône la réduction des droits de douane, des zones de libre commerce, l’harmonisation des tarifs extérieurs, l’amélioration des communications. La ZLEA : est une organisation qui veut organiser une intégration continentale sous l’autorité des EU . Elle est le produit de la volonté des EU de concurrencer l’Europe et contrecarrer les ambitions européennes sur le marché latino-américain en créant une grande zone de libre échange allant de l’Alaska à la Terre de feu. Cette zone réunirait plus de 800M de consommateurs, et près de la moitié du PIB mondial. Cependant, seuls les EU, le Chili et le Canada sont vraiment engagés dans les négociations. Les pays les plus faibles, le Brésil ou encore le Venezuela sont réticents. Ce projet pourrait selon eux leur faire perdre de la souveraineté et augmenter les inégalités internes. L’électionde gouvernements de gauche en Amérique du Sud depuis les années 1990 à mis un frein à ses projets (Lula, Chavez, M Bachelet, Morales …).

Face à la ZLEA, le poids de l’AEC est dérisoire et cette association ne peut semble-t-il que suivre un mouvement qui la dépasse. Cependant, malgré sa faiblesse, cette association régionale reste un espace de discussion et de solidarité régionale.

Conclusion : Le bassin Caraïbe est un entre-deux, un gradient

Même si la population s’identifie davantage au Sud, on peut voir ce bassin comme un entre-deux. Il faut remarquer des disparités, des flux et des inégalités d’intégration à l’intérieur même du bassin. Le bassin caraïbe est un entre-deux maritime, fortement polarisé par les EU et largement intégré à la mondialisation.

Page 7: GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES …

7

L’ESSENTIEL SUR LE BASSIN CARAIBE

Page 8: GEOGRAPHIE THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES …

8