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CENTRE D’OPERATIONS D’URGENCE NATIONAL (COUN) MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE ET DE LA POPULATION (MSPP) Gestion de l’épidémie du choléra Rapport-Bilan Octobre décembre 2010 Port-au-Prince, décembre 2010 SYSTÈME NATIONAL DE GESTION DES RISQUES ET DES DESASTRES (SNGRD)

Gestion de l’épidémie du choléra

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Page 1: Gestion de l’épidémie du choléra

CENTRE D’OPERATIONS D’URGENCE NATIONAL (COUN)

MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE

ET DE LA POPULATION (MSPP)

Gestion de l’épidémie du choléra

Rapport-Bilan Octobre – décembre 2010

Port-au-Prince, décembre 2010

SYSTÈME NATIONAL DE GESTION

DES RISQUES ET DES DESASTRES (SNGRD)

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Photo de couverture : MSPP

Gestion de l’épidémie du choléra Rapport-Bilan, octobre – décembre 2010

Sous la direction de Dieufort Deslorges, Consultant

Centre d’opérations d’urgence national (COUN) Palais national, Port-au-Prince, Décembre 2010

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CENTRE D’OPERATIONS D’URGENCE NATIONAL (COUN)

MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE

ET DE LA POPULATION (MSPP)

Gestion de l’épidémie du choléra

Rapport-Bilan Octobre – décembre 2010

Port-au-Prince, décembre 2010

SYSTÈME NATIONAL DE GESTION

DES RISQUES ET DES DESASTRES (SNGRD)

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Gestion de l’épidémie du choléra

Rapport-Bilan

Octobre – décembre 2010

Sommaire

I. RÉSUMÉ

II. CONTEXTE GLOBAL

III. SITUATION AU 18 DÉCEMBRE 2010

IV. ACTIONS DE RÉPONSE

1. COORDINATION GÉNÉRALE

2. SERVICES DE SANTÉ

3. EAU ET ASSAINISSEMENT

4. COMMUNICATION ET INFORMATION DU PUBLIC

5. ÉDUCATION

6. LOGISTIQUE

7. SUIVI ET ÉVALUATION

V. AUTRES ACTIONS AU NIVEAU DES DÉPARTEMENTS

VI. APPUI DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

1. Coordination

2. Logistique

3. Coordination et gestion des camps

4. Nutrition

5. Protection de l’enfance

6. Communication, information et sensibilisation

7. Financement

VII. PERSPECTIVES

VIII. CONTRAINTES, BESOINS ET DÉFIS

IX. RECOMMANDATIONS

X. ANNEXES

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Gestion de l’épidémie du choléra

Rapport-Bilan

Octobre – décembre 2010

I. RESUME

L’épidémie du choléra a commencé en Haïti aux environs du 20 octobre 2010. Partie du

département du Centre et de l’Artibonite, elle a évolué peu à peu pour s’étendre à tous les

départements du pays dès la mi-novembre. Au 17 décembre de la même année, elle aura

causé 2 591 décès pour 63 711 hospitalisations. Suivant les prévisions, le choléra pourrait

affecter plus de 400 mille personnes en Haïti, à cause des conditions de grande vulnérabilité

de la population.

Face à l’ampleur prévisionnelle de l’épidémie, le chef de l’Etat haïtien a pris le leadership de

la coordination de la réponse à travers le Centre d’opérations d’urgence national (COUN) qui

siège en permanence à la capitale, Port-au-Prince. Les opérations de terrain sont menées par

les centres d’opérations d’urgence départementaux (COUD) conduits par les délégués et les

directeurs départementaux du ministère de la Santé publique et de la population (MSPP). Les

COUD sont relayés au niveau communautaires par les centres d’opérations d’urgence

communaux (COUC), les CASECS et les ASEC. L’ensemble de cette coordination est

appuyé par la société civile et par le Groupe d’appui de la communauté internationale

(GACI).

Au 17 décembre 2010, le Système national de gestion des risques et des désastres (SNGRD),

avec l’action principale des structures du MSPP, du MICT-DPC et de la DINEPA, a pris en

charge 121 518 patients à travers 138 centres de traitement de choléra (CTC), 354 unités de

traitement de choléra et postes de réhydratation de sérum oral (PRO). Les autorités ont

également conduit une large campagne de prévention par la sensibilisation, l’éducation et

l’information des populations des dix départements sanitaires et scolaires du pays. Le

SNGRD a aussi distribué des centaines de milliers de kits d’hygiène et mobilisé des

ressources importantes en termes humains (médecins, infirmières, agents de santé),

logistiques et financières afin d’assurer une réponse rapide et efficace au choléra.

Le COUN entend, dans les prochaines semaines, améliorer, renforcer et systématiser les

actions déjà entreprises dans la perspective de stopper la propagation de l’épidémie. Mais les

besoins, en termes humains, matériels, logistiques et financiers, sont énormes et les défis sont

nombreux. De manière durable, il faudra renforcer le système sanitaire, la promotion de

l’hygiène, les structures de prévention et de réponse du pays afin d’éviter la répétition d’un

scénario semblable au choléra.

II. CONTEXTE GLOBAL

La République d’Haïti a enregistré les premiers cas de choléra aux environs du 20 octobre

(entre le 14 et le 19) 2010 en bordure du fleuve Artibonite, précisément dans la localité de

Meille, commune de Mirebalais, département du Centre. La maladie s’est étendue ensuite aux

quartiers environnants, puis à la commune, puis à d’autres communes le long du fleuve

Artibonite pendant la même période.

Page 8: Gestion de l’épidémie du choléra

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D’après l’investigation menée par le département sanitaire du Centre, les premiers patients se

procuraient l’eau de boisson à partir d’un affluent du fleuve Artibonite qui traverse la localité

de Meille. L’eau du fleuve était donc perçue comme le facteur principal de la contamination,

vu que les premiers cas suspects de choléra (de Meille, de la prison de Mirebalais, de

Bocozelle (commune de Saint-Marc), de Grande Saline, de Dessalines, de L’Estère) avaient

comme dénominateur commun la consommation de l’eau d’un affluent, du fleuve lui-même

ou d’une canalisation en provenance du fleuve.

En effet, la maladie est due à l’ingestion d’une bactérie, le vibrion cholérique (Vibrio

cholerae 01, biotype El Tor). Ce vibrion sécrète notamment la toxine cholérique, principale

responsable des diarrhées et de l'importante déshydratation qui caractérise l'infection : les

pertes d'eau atteignent jusqu’à 15 litres par jour. La maladie, après une période d’incubation

allant de un à cinq jours, se manifeste sous forme de diarrhées profuses (de couleur laiteuse)

accompagnées de vomissements. La pathologie entraine la déshydratation complète du sujet

victime.

La transmission est surtout fécale-orale, l'homme infecté étant la principale source de

contamination. Les bacilles sont libérés en grande quantité dans l’environnement à travers les

selles diarrhéiques ou les vomissements de personnes infectées. La contamination d'un

individu se fait par ingestion d’eau ou de nourriture contaminée.

Au fur et à mesure de son évolution, l’épidémie a gagné les autres départements

géographiques d’Haïti : Nord-Ouest, 22 octobre ; Ouest et Port-au-Prince, 7 novembre ; Sud,

9 novembre ; Nord-Est, 13 novembre ; Nippes : 15 novembre ; Sud-Est, 17 novembre. Selon

les prévisions, le choléra pourrait affecter environ 400 000 personnes, dont 200 000 dans les

trois prochains mois. 10% des cas sont des enfants de moins de cinq ans, avec un taux de

mortalité plus élevé. Plus de 1,4 millions d’enfants sont vulnérables dans les bidonvilles de

Port-au-Prince (la capitale), les camps de déplacés, les zone rurales les plus isolées et dans

600 centres résidentiels (y inclus orphelinats, crèches ou centres résidentiels).

La population haïtienne est en situation de grande vulnérabilité face à cette épidémie :

l’insalubrité et les mauvaises conditions d’hygiène, le manque d’accès à l’eau potable, les

mauvaises pratiques de propreté et de consommation (manger sans se laver les mains au

préalable, par exemple), l’insuffisance et la dispersion des infrastructures sanitaires et

hospitalières, le bas niveau d’éducation de la majorité de la population, la perception de la

provenance de l’épidémie (du surnaturel, superstition au départ)… Le gouvernement et les

autorités sanitaires ont donc priorisé les actions de prévention et de réponse immédiate.

III. SITUATION AU 18 DECEMBRE 2010

Du 19 octobre au 18 décembre 2010, l’épidémie a occasionné 2 707 décès, 68 764

hospitalisations. 66 876 patients ont pu laisser les centres de traitement. Pendant cette

période, les autorités sanitaires ont examiné 128 251 patients. Les tableaux suivants rendent

compte de la situation actuelle.

Page 9: Gestion de l’épidémie du choléra

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Tableau 1. – Sommaire des cas au 18 décembre 2010

5 ans et + Tous âges

Cumulatif jusqu'à la date sélectionnée

Journalier Cumulatif jusqu'à la date sélectionnée

Journalier

Cas Vus 115987 1852 128251 2044 Cas Hospitalisés 63436 1329 68764 1453 Exéatés 61692 1298 66876 1422 Décès Institutionnels 1744 31 1888 31 Décès Communautaires 783 10 819 13 Décès Totaux 2527 41 2707 44 Létalité Hospitalière 2,7% 2,3% 2,7% 2,1% Létalité Globale 2,2% 2,2% 2,1% 2,2

Tableau 2.- 5 ans et +, cumulatif jusqu’au 18 décembre 2010

5 ans et +

Cumulatif jusqu'à la date sélectionnée (Journalier)

Département Cas Vus Cas hospitalisés

Exéatés Décès institutionnels

Décès communautaires

Décès totaux

Létalité hospitalière

Létalité Globale

Artibonite 42018 (280) 15356 (105) 14902 (104) 454 (1) 303 (0) 757 (1) 3,0% 1,8%

Centre 11255 (244) 4106 (103) 3977 (102) 129 (1) 117 (2) 246 (3) 3,1% 2,2%

Grande Anse‡ 2986 (259) 2094 (143) 1989 (142) 105 (1) 30 (0) 135 (1) 5,0% 4,5%

Nippes 277 (20) 272 (20) 260 (17) 12 (3) 32 (1) 44 (4) 4,4% 15,9%

Nord‡ 17862 (0) 17862 (422) 17406 (409) 456 (13) 39 (0) 495 (13) 2,6% 2,8%

Nord Ouest 11112 (37) 6339 (57) 6212 (57) 127 (0) 61 (0) 188 (0) 2,0% 1,7%

Nord Est 1733 (121) 1731 (121) 1701 (118) 30 (3) 74 (6) 104 (9) 1,7% 6,0%

Ouest* 8325 (117) 5830 (117) 5698 (116) 132 (1) 35 (0) 167 (1) 2,3% 2,0%

Port-au-Prince** 17237 (236) 7648 (145) 7436 (141) 212 (4) 8 (0) 220 (4) 2,8% 1,3%

Sud‡ 1557 (88) 1557 (88) 1502 (86) 55 (2) 22 (0) 77 (2) 3,5% 4,9%

Sud Est 680 (8) 641 (8) 609 (8) 32 (0) 62 (1) 94 (1) 5,0% 13,8

Tableau 3.- Tous âges, cumulatif jusqu’au 18 décembre 2010

Tous âges Cumulatif jusqu'à la date sélectionnée (Journalier)

Département Cas Vus Cas hospitalisés

Exéatés Décès Institutionnels

Décès Communautaires

Décès Totaux

Létalité Hospitalière

Létalité Globale

Artibonite 47906 (337) 18351 (125) 17845 (124) 506 (1) 307 (0) 813 (1) 2,8% 1,7%

Centre 11315 (268) 4172 (117) 4043 (116) 129 (1) 117 (2) 246 (3) 3,1% 2,2%

Grande Anse‡ 2986 (259) 2255 (166) 2141 (164) 114 (2) 35 (0) 149 (2) 5,1% 5,0%

Nippes 297 (21) 289 (21) 277 (18) 12 (3) 32 (1) 44 (4) 4,2% 14,8%

Nord‡ 18011 (0) 18011 (422) 17550 (409) 461 (13) 40 (0) 501 (13) 2,6% 2,8%

Nord Ouest 12615 (46) 7275 (64) 7122 (64) 153 (0) 63 (0) 216 (0) 2,1% 1,7%

Nord Est 1992 (153) 1990 (153) 1954 (149) 36 (4) 84 (9) 120 (13) 1,8% 6,0%

Ouest* 8671 (127) 5938 (127) 5805 (126) 133 (1) 35 (0) 168 (1) 2,2% 1,9%

Port-au-Prince** 20853 (266) 7942 (150) 7694 (146) 248 (4) 9 (0) 257 (4) 3,1% 1,2%

Sud‡ 1713 (94) 1713 (94) 1652 (92) 61 (2) 32 (0) 93 (2) 3,6% 5,4%

Sud Est 727 (8) 672 (8) 637 (8) 35 (0) 65 (1) 100 (1) 5,2% 13,8%

‡ Données incomplètes * Sans Port-au-Prince ** Port-au-Prince: Carrefour, Cité Soleil, Delmas, Kenscoff, Pétion Ville, Port-au-Prince, et Tabarre

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IV. ACTIONS DE REPONSE

1. COORDINATION GÉNÉRALE

i. Coordination nationale

La coordination générale des actions de réponse à l’épidémie de choléra est effectuée à

travers le Centre d’opérations d’urgence national (COUN), suivant les prescrits du Plan

national d’intervention (PNI). Etant donné l’ampleur de l’épidémie et les données

prévisionnelles, le COUN est commandé, au niveau stratégique, par le chef de l’Etat en

personne, assisté du Premier ministre et des personnalités suivantes :

le ministre de l’Intérieur et des collectivités territoriales ;

le ministre de la Santé publique et de la population ;

le ministre de la Planification et de la coopération externe ;

le ministre de l’Economie et des finances ;

le chef de cabinet du ministre de la Santé ;

Au niveau opérationnel, les actions sont conduites par la Direction technique du COUN

composée, spécifiquement pour la gestion du choléra, des hauts cadres suivants :

le directeur général du MSPP ;

le directeur général de la DINEPA ;

la directrice de la direction de la Protection civile (MICT) ;

le coordonnateur-adjoint du Secrétariat permanent de gestion des risques et des

désastres (SPGRD), également représentant du MAST au COUN ;

la directrice de la direction de la Promotion de la santé et protection de

l’environnement (DPSPE-MSPP) ;

le directeur de la direction d’Epidémiologie, de laboratoire et de recherche

(DELR-MSPP) ;

la directrice de Pharmacie, du médicament et de la médecine traditionnelle

(DPM/MT-MSPP) ;

L’unité d’appui à la décentralisation sanitaire (UADS-MSPP).

Ces derniers sont supportés par les coordonnateurs des projets d’appui au SNGRD.

Les opérations sont réparties dans différents aires :

Traitement des données : DELR, DINEPA, DPC, OPS/OMS, OCHA ;

Information du public : DPSPE, Comité thématique éducation et sensibilisation

du public (pool de communication) du SNGRD, MCC, presse ;

Assistance humanitaire internationale : OPS/OMS, OCHA, Coopération

cubaine, PNUD, BM, UNICEF, OIM, PAM ;

Services d’urgence : PNH/Pompiers, MSPP, CRH, DPC-MICT, ;

Infrastructures et services publics : DINEPA, MTPTC-CNE-SMCRS ;

Logistique et assistance à la population : MSPP, CRH, DINEPA, MPCE, MEF,

Santé : MSPP

Des cadres du MICT, du MPCE, du MAST, du MEF, du MDE et du MARNDR appuient les

différentes aires.

Page 11: Gestion de l’épidémie du choléra

11

Partiellement activé le 17 octobre 2010, le COUN est mobilisé en permanence (24/7) à partir

du 22 octobre 2010. Il assure quotidiennement la coordination et la planification générales

des opérations de réponse : mobilisation de ressources, prévention et prise en charge des

patients en communauté et à l’hôpital, communication et information du public, éducation de

la population, gestion de centres d’appel, distribution de produits d’hygiène, gestion des

cadavres, gestion des déchets et de l’environnement, gestion des ressources humaines,

financières et logistiques, suivi et évaluation…

Par rapport à la coordination entre le COUN et le Groupe d’appui de la communauté

internationale (GACI), les clusters suivants sont activés : Santé, Eau et assainissement

(WASH), Logistique, Education, Nutrition et CCCM. Les clusters sont coprésidés par l’Etat

haïtien, chaque ministère en ce qui le concerne. (encadré : Qu’est-ce qu’un cluster ?)

Au niveau décentralisé, les COU départementaux, sous le leadership des délégués et des

directeurs des directions sanitaires départementales, assurent la coordination et l’exécution

des opérations (avec l’appui d’ONG actives dans le département). Leurs actions,

communautaires et institutionnelles, comprennent : la recherche active des personnes

souffrant de diarrhée aiguë ; la mise en place et la gestion des centres de traitement de choléra

(CTC), des unités de traitement de choléra (UTC), des postes de réhydratation orale (PRO) ;

la sensibilisation de la population à travers les brigades d’intervention, les médias, les écoles,

les groupes organisés…

Au niveau communautaire, les opérations sont à la charge des COU communaux pour la

plupart, des mairies, des branches régionales de la CRH et des CASEC.

L’organisation des opérations se présente de la manière suivante :

Page 12: Gestion de l’épidémie du choléra

12

2. SANTÉ

Les interventions au niveau du secteur santé s’articulent autour de deux axes principaux : la

prévention et la prise en charge des personnes infectées par le Vibrio Cholérae O1.

i. Prévention et planification

Mobilisation des structures sanitaires du pays : directions centrales du ministère de la

Santé publique et de la population (MSPP), directions départementales, Laboratoire

national de santé publique (LNSP), hôpitaux, centres de santé… ;

Mobilisation des ressources humaines du MSPP (directeurs centraux,

épidémiologistes, médecins, infirmières, techniciens de laboratoire, personnel

d’appui…) ;

Elaboration du plan indiquant les axes stratégiques et actions à entreprendre par les

acteurs santé pour lutter contre l’épidémie de choléra ;

Formation de ressources humaines. Des centaines de médecins et s’infirmières

haïtiens ont reçu une formation spéciale sur le traitement du cholera. Des CASEC et

ASEC sont formés à la gestion du cholera. Formation de (42) quarante –deux groupes

organisés (églises et autres organisations) ;

Elaboration d’un guide de formation pour les réunions communautaires ;

Organisation de réunions de planification avec les partenaires en santé (bailleurs et

organisations internationales) sur l’appui à apporter au secteur ;

Rencontres intersectorielles de planification des interventions avec les maires, les

délégués, les directeurs sanitaires départementaux et les hauts cadres du secteur sous

la coordination directe du président de la République ;

Organisation des séances d’information quotidienne au niveau de toutes les

institutions sanitaires et de la plupart des médias haïtiens ;

Mise en place de (40) quarante postes communautaires pour démonstration lavage des

mains et préparation de sérum oral ;

Elaboration d’un cadre d’intervention pour le déploiement de ressources humaines

additionnelles (médecins, personnel médical) de la communauté internationale ;

Préparation du plan de réponse pour les 12 prochains mois ;

Prévention des cas de séparation des enfants d’avec leurs familles ;

Préparation d’une alerte sanitaire relative au produit Silverdine susceptible d’avoir des

effets préventif et curatif sur le cholera ;

ii. Prise en charge des malades infectés par le vibrio cholerae

Recherche active des personnes souffrant de déshydratation sévère ; transport des

malades et récupération des cadavres abandonnés à travers un réseau ambulancier ;

Mise en fonctionnement de 138 centres de traitement de choléra (CTC), de 354 unités

de traitement de choléra (UTC) et de postes de réhydratation de sérum oral (PRO)

(listes en annexe). Un CTC a une capacité variant de 50 à 200 lits ; une UTC dispose

d’environ 20 lits ;

Page 13: Gestion de l’épidémie du choléra

13

Prise en charge gratuite de tous les patients infectés par la bactérie Vibrio Cholerae

(122,000 personnes environ). (Statistique en annexe) ;

Approvisionnement régulier des CTC et UTC en intrants pour la prise en charge des

patients ;

Renforcement du stock d’intrants au niveau des centres de distribution des intrants

(CDAI) pour la prise en charge des personnes infectées ;

Distribution de sérum oral et autres matériels en collaboration avec la DINEPA ;

Renforcement de la surveillance épidémiologique au niveau de 192 institutions

sanitaires avec notification quotidienne obligatoire (192 téléphones distribués aux

responsables par le niveau central, développement de base de données pour la gestion

des informations sur le choléra et suivi de la propagation de l’épidémie à l’échelle

nationale). 44 sorties de supervisions ; recrutement de ressources humaines (douze (12)

médecins formés à Cuba) affectées à la gestion du système de surveillance

épidémiologique et de l’alerte/réponse au niveau départemental) ; analyse de 492

spécimens provenant des dix départements ;

Alerte et réponse ponctuelle (La réponse ponctuelle adaptée est assurée grâce à la

brigade départementale composée de deux médecins et trois infirmières qui assistent

les agents communautaires dans la sensibilisation de la communauté à l’application

des règles d’hygiène individuelle et collective et l’utilisation des protocoles de gestion

des cadavres et des déchets. Elle consiste aussi dans le traitement des sources

d’approvisionnement en eau saine et la mise en place de postes de distribution de

sérum oral et d’approvisionnement en chlore) ;

Gestion de cadavres, gestion des déchets.

3. EAU ET ASSAINISSEMENT

Le gouvernement, à travers la DINEPA et ses partenaires, a distribué entre le 22 octobre et le

6 décembre 23 106 050 tablettes de chlore, 5 570 kg de HTH granulé, 2 909 878 barres de

savon et 4 780 sachets de sels de réhydratation. Cette distribution est organisée avec la

collaboration des mairies, ASECS, CASEC, institutions publiques, associations locales, ONG

et des opérateurs de réseaux présents sur l’ensemble du territoire national.

La DINEPA a aussi entrepris la chloration des points d’eau communautaires et la formation

d’agents de promotion d’hygiène dans les communautés. Elle a aussi contribué à la mise en

place de points de réhydratation orale à travers le pays.

Entre le 22 octobre et le 6 décembre 2010, 1 542 kg de HTH granulé ont été distribués dans

les départements de l’Artibonite et du Centre. Ces deux départements ont également reçu 9

934 300 pastilles de pastilles d’aquatab (chaque pastille permettant la potabilisation de 5

litres d’eau) et 2 288 076 barres de savon. Sur la même période, 2 801 kg de HTH granulé ont

été distribués dans le département de l’Ouest, ainsi que 9 231 350 pastilles d’aquatabs

permettant de potabiliser 5 litres d’eau chacune, 605 002 barres de savon et 4 780 kg de sel

hydraté.

Page 14: Gestion de l’épidémie du choléra

14

Au 6 décembre 2010, le département du Sud a reçu 381 kg HTH granulé, 727 800 pastilles de

chlore et 2 520 barres de savon. Le département du Sud Est a quant à lui reçu 252 kg de HTH

granulé, 619 000 pastilles de chlore et 12 600 barres de savon. 288 kg HTH granulé, 63 800

pastilles de chlore, 1 680 barres de savon ont été distribués dans le département des Nippes et

300 kg de HTH dans le département de la Grande Anse.

En termes de suivi et de coordination, une réunion hebdomadaire du cluster Eau et

assainissement est maintenue à travers le pays.

4. COMMUNICATION ET INFORMATION DU PUBLIC

Suite à la déclaration de cas de diarrhées aigues dans le bas Artibonite et le bas Plateau

Central et après confirmation par le LNSP, plusieurs activités d’information et de

sensibilisation du public ont été organisées, dont les suivantes :

Conférence de presse du MSPP le jeudi 23 octobre 2010 pour informer officiellement

de l’épidémie de choléra ;

Points de presse quotidiens sur l’évolution de l’épidémie, une vingtaine du 24 octobre

au 9 novembre 2010 ;

Réunions d’information, de sensibilisation et de mobilisation pour les collectivités et

les responsables locaux, avec la participation du Président de la République (dans

l’Artibonite d’abord (26 octobre), puis dans l’Ouest…

Rencontre d’information avec les parlementaires, sur demande du Sénat de la

République, le 26 octobre ;

Emission d’un bulletin quotidien, à partir du 27 novembre, pour informer la

population sur l’évolution de l’épidémie et les différents aspects de la maladie ;

Mise à jour quotidien d’au moins quatre sites Internet appartenant aux acteurs du

SNGRD et information du choléra et de son évolution ;

Mise en place d’un réseau de communication qui facilite la transmission de

l’information du niveau local au niveau central en passant par le niveau départemental.

Ce réseau inclut des connexions Internet au COUN, au MSPP et dans chaque

département sanitaire du pays, un système téléphonique (192 téléphones) relayant les

principales institutions sanitaires pour la collecte et l’échange des informations

statistiques. Les données collectées dans les sites de notification sont compilées par le

niveau départemental et l’information est transmise à la fin de la journée au bureau

central à la direction d’épidémiologie, de laboratoire et de recherches (DELR). Un

rapport est préparé tous les jours pour diffusion le lendemain. Il comporte une analyse

de la situation de l’épidémie au niveau national et au niveau départemental.

Mise en fonctionnement de dix centres d’appels téléphoniques *300 (un centre par

chef-lieu de département accessible à partir des compagnies Voila et Digicel) afin de

faciliter la communication et la diffusion des messages de prévention à l’intention de

la population. Ces centres servent également à alerter les autorités en cas d’attaque du

cholera et de la nécessité de transport de cadavres. Le centre d’appel du COUN

compte 39 lignes. Chaque centre départemental en compte quatre. Au 20 décembre

2010, le COUN a traité plus de 11 000 appels faisant référence aux malades et morts

enregistrés en communauté, à d’autres informations relatives à la localisation des

CTC, et aux conseils de prévention;

Page 15: Gestion de l’épidémie du choléra

15

Une campagne continue de sensibilisation constituée des éléments suivants :

un documentaire, un spot visuel, deux spots audio, des spots préparés à partir

14 messages élaborés par le pool de communication du SNGRD, une affiche

sur la prévention et une affiche sur le traitement (imprimée chacune en 30 000

exemplaires), un feuillet informatif, préventif et prise en charge tiré à plus de

200 000 exemplaires ; un feuillet pour les patients à l’exéat ;

une émission ‘’Konbit kont kolera’’, d’une durée de sept heures de temps,

radio télédiffusée en temps réel sur quasiment toutes les stations du pays, le

dimanche 14 novembre 2010. Elle a permis de faire le point sur le choléra, de

renforcer l’information et la sensibilisation du public. Cette émission a été

ensuite utilisée par les médias durant toute la semaine qui a suivi ;

une émission de radio du même nom, d’une durée de 15 mn, initiée le 15

novembre 2010, diffusée tous les jours en multiplex et également sur le réseau

de l’ANMH et des radios communautaires ;

une deuxième émission télédiffusée « Konbit kont kolera » animée par les

délégués départementaux et les directeurs de Santé publique dans les

départements ;

des activités de sensibilisation de proximité réalisées à travers les

départements via les COUD. Elles comprennent des rencontres

communautaires, des conférences, la distribution de dépliants, du porte-à-porte,

la diffusion de messages par Sound Trucks qui défilent à travers les centres

urbains et les sections communales, la distribution de chlore en poudre et en

tablettes, de HTH. L’accent est mis sur la gravité de la maladie et des

opportunités de traitement ;

un journal en créole ‘’Chemin Lakay” distribué à des milliers

d’exemplaires dans les camps de déplacés ;

Une campagne continue de promotion de l’hygiène mise en place par SMS. Tous les

abonnés de Voila qui vivent en Haïti ont reçu par SMS des conseils pratiques sur la

façon de prévenir le choléra, les symptômes de la maladie et sur ce qu’il faut faire si

quelqu’un de la famille est infecté. 89 120 personnes ont appelé la ligne d’information

à la suite de la réception d’un message SMS.

Les activités de communication, de sensibilisation et d’information du public sont conduites

sous le leadership du Pool de communication du SNGRD. Ce pool est une émanation (activée

en temps de crise) du ‘’Comité thématique éducation et sensibilisation du public’’ (CTESP)

qui travaille, lui, en permanence à la sensibilisation et à l'éducation de la population en

matière de prévention et de préparation aux désastres.

5. EDUCATION

Le gouvernement, à travers le ministère de l’éducation et de ses partenaires, entreprend une

vaste campagne d’éducation et de sensibilisation à travers les écoles de la République d’Haïti.

L’action comporte plusieurs activités :

Spots audio adressés aux écoles, aux élèves et aux parents ;

Page 16: Gestion de l’épidémie du choléra

16

Support visuel sur la promotion de l’hygiène et l’attitude à tenir pendant la crise du

choléra ;

Distribution de kits d’hygiène (tablettes de purification d’eau, savon) dans les écoles ;

Combien ?

Formation pour les responsables, les inspecteurs, les professeurs et les maîtres

d’écoles sur la promotion de l’hygiène et la prévention du choléra ; Combien de

personnes, combien d’écoles ?

Suivi de la situation relative à la prévention du choléra ;

Etablissement de stations de lavage de mains dans les écoles ; Combien ?

Désinfection des écoles ;

Toutes les écoles du pays sont concernées par cette campagne.

6. LOGISTIQUE

Les activités d’appui logistique incluent :

la mobilisation d’environ 11 institutions ayant des capacités logistiques pour

supporter les opérations de réponse à l’épidémie :

la mobilisation d’environ 8 entrepôts, 76 ambulances/camions convertibles, des

hélicoptères, du soluté, des lits cholériques, de la nourriture, des sacs mortuaires, des

gants, de l’aquatab, du chlorox, etc. ;

l’évaluation de la capacité de stockage des structures sanitaires et des CDAI ;

l’estimation des besoins ;

la mise en fonctionnement d’un réseau ambulancier fonctionnant 24/24 supporté par

le numéro d’urgence : *300 ;

le dédouanement de l’aide (matériel médical, médicaments et véhicules) ainsi que

l’élaboration de procédures appropriées (traitement et délivrance de 25 autorisations

de dédouanement de produits pharmaceutiques et de 17 réquisitions de produits

pharmaceutiques reçus en don) ;

la réception, l’inventaire, la gestion et la distribution de l’aide par département ;

la construction de toilettes équipées de station de lavage de mains dans les camps ;

l’installation de systèmes de gestion de déchets dans les camps ;

le transport routier et aérien du matériel de réponse au choléra (nombre de tonnes

transportées) ;

l’élaboration de cartes et d’outils de cueillette d’information sur la gestion de

l’épidémie ;

la coordination de la logistique des intrants médicaux et l’élaboration d’un protocole

approprié ;

le support au pré-positionnement des dix stocks d’intrants médicaux d’urgence au

niveau des centres départementaux d’approvisionnement en intrants (CDAI) ainsi que

des institutions sanitaires et au renflouement de stocks des zones déjà affectées ;

Page 17: Gestion de l’épidémie du choléra

17

la préparation d’une trousse de premiers soins pour le COUN ;

la mise en réseaux informatique et téléphonique des pharmaciens du secteur public

(DPM, DD, POCHEP, CDAI …) ;

la mise en œuvre de mécanismes de coordination relative à la distribution des stocks

d’intrants aux institutions sanitaires ;

des rencontres de sensibilisation et de coordination avec les partenaires (Partage

d’informations : transmission de la disponibilité garantie en intrants, liste des

bénéficiaires réguliers, des moyens logistiques disponibles, des commandes en cours

et des communes ou départements desservis…) ;

la préparation de lots d’urgence et la distribution active aux zones affectées ;

7. SUIVI ET ÉVALUATION

Le COUN organise des séances de travail régulières avec les différentes aires ; le MSPP

entreprend la même action avec les directeurs départementaux afin d’évaluer les interventions

déjà réalisées, revoir la planification et l’efficacité de la réponse et identifier les besoins en

ressources humaines, logistiques et l’installation des centres de traitement de choléra.

V. ACTIONS AU NIVEAU DES DÉPARTEMENTS

Dès l’apparition des premiers cas de choléra, chaque COU départemental (sous le leadership

du délégué et du directeur départemental de la santé) s’est mobilisé en vue d’organiser la

réponse à l’épidémie. C’était le cas d’abord dans les départements de l’Artibonite et du

Centre, les premiers affectés. Les COU départementaux et communaux reprennent les

opérations instruites par le niveau central, formation de maires et de CASECS, sensibilisation

de la population, centre d’appel 24 sur 24, prépositionnement de matériels et fournitures (lits

et sérums). Les interventions peuvent être regroupées en deux catégories, tenant compte des

stratégies priorisées par le ministère de la Santé publique et de la population:

1. Prévention

Elaboration du plan d’interventions départemental (un plan par département) ;

Extension et renforcement des actions du niveau central (surveillance

épidémiologique ; séances d’information quotidienne ; information et sensibilisation

du public, formation de ressources humaines…) ;

Rencontres de coordination (2 rencontres hebdomadaires pour certains départements)

avec la participation des principaux partenaires en santé du département (bilan des

activités réalisées, problèmes rencontres, arbitrage en cas de risque de duplication et

perspectives) ;

Organisation d’ateliers d’information à l’endroit des vices-délégués, des maires, des

juges de paix pour planifier leur participation dans la lute contre l’épidémie, en

particulier à la gestion des cadavres ;

Distribution de kits de sensibilisation au niveau des écoles.

2. Prise en charge des malades infectés par le vibrio cholerae

Approvisionnement régulier des CTC et UTC en intrants pour la prise en charge des

patients.

Page 18: Gestion de l’épidémie du choléra

18

VI. APPUI DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

1. Coordination

Le groupe d’appui de la communauté internationale (GACI) est toujours en support au

Système national de gestion des risques et des désastres (SNGRD), comme prévu dans le

Plan national de gestion des risques et des désastres (PNGRD). Les interventions du GACI,

en temps de crise, s’organisent, en coordination avec le COUN, à travers un système de 12

clusters et de 2 sous-clusters. Les clusters impliqués directement dans la réponse au cholera

sont les suivants :

le cluster Santé, coordonné par l’OPS/OMS ;

Eau, assainissement et hygiène (WASH) coordonné par l’UNICEF ;

Logistique, cordonné par le PAM ;

CCCM (gestion et coordination des camps), coordonné par l’OIM ;

les clusters Nutrition et Education et le sous-cluster Protection de l’enfance,

coordonnés par l’UNICEF.

La mobilisation et la coordination de l’aide humanitaire internationale est réalisée à travers le

Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (United Nations

Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA). Le GACI évolue sous le

leadership du le Programme des Nations Unies pour le développent (PNUD), lequel apporte

un appui technique et financier au SNGRD dans la gestion du choléra, particulièrement au

pool de communication du gouvernement dans la production de messages de prévention, la

mise en œuvre du plan de communication au niveau central comme au niveau local.

2. Logistique

Le cluster Logistique fait partie aussi d’un groupe thématique spécifique appelé « Logistique

et équipements» qui s’occupe de la gestion des informations liées au volume des

disponibilités logistiques afin d’améliorer la couverture nationale de la réponse. Ses actions

comprennent :

un appui au déploiement des équipements liés à la réponse ;

un service de mouvement aérien en permanence dans la gestion des cargos ;

un appui dans la facilitation des procédures douanières ;

le transport et le stockage des intrants, avec une flotte de 50 camions et de deux

hélicoptères UNHAS ;

Depuis le début de la réponse à la crise, 17 organisations ont déjà utilisé les services du

cluster logistique pour le transport de 430 tonnes métriques d’intrants médicaux et de WASH

leur distribution à travers Port au Prince et 23 autres destinations. UNHAS a assuré le

transport aérien de 176 tonnes métriques d’intrants médicaux et d’articles WASH pour 27

agences UN et ONG ainsi que le gouvernement haïtien vers 129 destinations différentes à

travers tout le pays. UNHAS a également transporté 551 passagers dans les zones affectées

Page 19: Gestion de l’épidémie du choléra

19

par le cholera : des équipes d’évaluation, des staffs médicaux et d’ingénieurs de différentes

institutions gouvernementales et d’ONG.

Un ensemble d’unités mobiles de stockage (MSU) ainsi que des tentes ont été mis à la

disposition des partenaires humanitaires afin d’augmenter la capacité de stockage nécessaire

à la réponse. A Port-au-Prince, 24 MSU sont disponibles pour les organisations.

3. Coordination et gestion des camps (CCCM)

Le cluster CCCM a entrepris dans 250 camps prioritaires les actions suivantes :

établissement de points de réhydratation oraux ;

renforcement de la promotion de l’hygiène et les campagnes de sensibilisation ;

le nettoyage des latrines ;

la distribution de savons et d’aquatabs ;

l’amélioration des conditions sécuritaires.

Ce cluster apporte également son support dans l’installation des PRO, UTC et CTC.

4. Nutrition

Le cluster Nutrition s’est focalisé sur la diminution de l’impact de l’épidémie sur les enfants

de moins de 5 ans, les femmes enceintes ou allaitantes, les patients souffrant de malnutrition

aiguë et les autres groupes vulnérables. L’appui le plus important de ce cluster a été sa

contribution dans la définition de la stratégie nationale de la réponse au cholera. Ce cluster

assure aussi la promotion de l’allaitement des nourrissons dont les mamans sont atteintes de

cholera.

5. Protection de l’enfance

Le sous cluster Protection de l’enfance appuie les efforts nationaux par :

la promotion des messages de prévention du cholera auprès de tous les enfants et

familles ;

la dissémination des directives officielles et informations de première prise en

charge ;

l’octroi de moyens matériels (savon, chlorox, chlore liquide, IEC, SRO).

la prévention des cas de séparation des enfants d’avec leurs parents atteints de

choléra ;

les plaidoyers pour l'accès aux services de santé (CTCs, UTC et CRO) des enfants

les plus vulnérables (y compris les enfants handicapés) et les plus difficiles à

atteindre ;

le renforcement du Centre d’appel d’urgence pour enfants en difficulté/ séparés à

travers un numéro d’urgence, le 2942-1000, qui permet l’identification rapide des

enfants à risque ayant besoin d’assistance.

Dans la lutte contre le choléra, les activités de prévention menées par le sous-cluster

Protection de l’enfance se concentrent à ces niveaux :

Page 20: Gestion de l’épidémie du choléra

20

a) Centres résidentiels (orphelinats, crèches et centres transitoires) au nombre de 700 à

travers le pays, avec plus de 42 000 enfants dont beaucoup ont un accès limité à

l’assainissement et à l’eau propre. La mise en œuvre de l'ensemble des interventions à

l’égard de centres résidentiels est mené en partenariat avec les membres du groupe de

travail d’enfants séparés (FTR) ;

b) Espace Amis de l’enfance et réseaux communautaires, à travers la formation de

formateurs/volontaires sur la prévention du choléra, la sensibilisation des familles et

la diffusion d’informations clés sur le comportement à avoir face à des cas présumés

de choléra.

65 partenaires (46 internationaux et 19 nationaux) participent régulièrement au sous cluster

de Protection de l’enfance. 45 d’entre eux ont rapporté des activités de lute contre le choléra

entre octobre et décembre.

6. Communication, information et sensibilisation

Le processus de communication, d’information et de sensibilisation est particulièrement

supporté par OCHA, le PNUD et l’OIM. Il regroupe les activités suivantes :

production de cartes (système d’information géographique (SIG) relatives à la gestion

du choléra, notamment sur les capacités de base des centres de traitement du choléra

(CTC) et des unités de traitement du choléra (UTC), à destination des institutions et

acteurs engagés dans le processus ;

plaidoyers, conduits par Communicating with Disaster Affected Communities-Haïti

(CDAC-Haïti), pour l’harmonisation des stratégies de communication de la

communauté internationale et de celles du gouvernement haïtien ;

participation à l’harmonisation des messages auprès des agences humanitaires et

ONG ;

évaluation de l’impact de la campagne de communication sur les connaissances des

bénéficiaires dans la prévention et les traitements ;

cartographie des contenus radiophoniques sur le choléra (Spots et programmes) en

collaboration avec les ONGs, agences humanitaires et instances gouvernementales

interagissant avec des radios. Cette cartographie va contribuer à la formation de

journalistes sur la connaissance du choléra et à la production d’émissions sur

l’épidémie.

Page 21: Gestion de l’épidémie du choléra

21

7. Financement

OCHA a lancé un appel consolidé à la communauté internationale au début de la crise du

choléra afin de financer la réponse des différents secteurs impliqués dans cette crise. Au 20

décembre, seulement 21% du montant sollicité a été souscrit par les partenaires suivants. Les

dons ou promesses sont répartis comme suit :

Bailleur/Secteur Institution beneficiaire Montant Destination et remarques

1 Banque Mondiale 50000000 Promesses

2 BID UNICEF 20000000 Eau et assainissement / Promesses

3 ERRF (OCHA) ACF 560000

516,000? Réponse à l’urgence liée à

l’épidémie de choléra dans les départements

de l’Artibonite, du Nord Ouest et de

l’Ouest"(activites WASH)/ Promesses

MERLIN 504,096

Response to the Cholera Outbreak in Port au

Prince" (PROs, 1 CTC et 6UTC a Croix des

bouquets)/ Promesses

4 Germany World Vision   170,000

5 Sweden Action Contre la Faim   1,489,647

IOM   2,979,294

Save the Children 84,433

6 France UNICEF 111,111

CRF 138,889

7 Espagne Gouvernement haitien 3,591,837 Etimation de ressources fournies en

nature8 USAID/ OFDA 37,202,618 Beneficiaires non precises

403,684

2,015,000

Total dollars 119,250,609

EUROS

9 ECHO Goal Cholera 863565

CARE Cholera 1500523

AMI 582277

MDM-BE 838000

MERLIN 1087570

COOPI 424704

Terre des hommes 318336

OXFAM-UK 1700000

ACF-FRA 758000

ACTED 778397

MDM-FRA 1300000

PAHO 1450000

CRF 1439056

CRA 703803.2

Concern Worldwide 668750

UNHAS 1000000

Total euros 15412981.2

Page 22: Gestion de l’épidémie du choléra

22

VII. PERSPECTIVES

Validation du plan de réponse pour les 12 prochains mois ;

Validation du cadre de procédures d’intervention pour les acteurs ;

Installation de 22 CTC et de 62 UTC additionnels (chacun 50-200 lits) ;

Installation de centres de réhydratation orale dans toutes les sections communales ;

Intensification des activités de sensibilisation au niveau de la communauté

(rencontre de sensibilisation dans les différents ministères et autres institutions ; appui

aux départements sanitaires dans le domaine de la communication…) ;

Formation de personnel (MSPP, ONG, Multinationales) pour les services aux

CTC (10 000 agents de santé au niveau des directions départementales dont dix agents

communautaires pour chaque section communale) ;

Mise en place d’un système de contrôle de la qualité des soins et du taux de

létalité par rapport aux institutions de santé. Ce système comportera, par département

géographique, une équipe stratégique formée de un (1) médecin, un (1) ingénieur sanitaire

et deux (2) infirmières ;

Développement de partenariats avec les hôpitaux et les structures concernées pour

l’assainissement, la protection des nappes phréatiques, la localisation des sites de

déversement, la gestion des détritus, des excrétas et des cadavres ;

Réalisation d’un mapping des interventions en mobilisation communautaire ;

Distribution d’une brochure (en stade de finalisation), d’un poster pour les CTC et

UTC/ accompagnateurs des malades, d’un feuillet informatif sur la prévention/ lavage des

mains, d’un feuillet pour les kits qu’on remettra au patient/ rappel sur les moyens

préventifs et d’un guide de formation pour les réunions communautaires.

VIII. CONTRAINTES, BESOINS ET DÉFIS

1. Contraintes

Coordination

Organisation des services à tous les niveaux (gestion de ressources humaines :

équipes non renouvelées, par exemple) ;

Retards dans la validation des protocoles (CRO…) ;

Difficulté dans la coordination de la gestion des intrants sur le territoire

(manque de coordination avec des partenaires internationaux) ;

Logistique, installations et communications

Sites non disponibles pour l’inhumation des cadavres (surtout dans le Sud, les

Nippes et la Grand’Anse ) ;

Manque de CTC ;

Manque d’espace de stockage et de matériel de travail ;

Insuffisance de porte-sérums et de lits choléra (spéciaux) ;

Page 23: Gestion de l’épidémie du choléra

23

Problèmes d’accès aux sections communales (enclavement et dispersion de

l’habitat) et de communication avec les départements entravant les capacités

de prise en charge ;

Manque de véhicules (ambulances) pour le transport des malades (dans les

départements, le Nord-Est et la Grand’Anse surtout) et pour campagne de

sensibilisation ;

Problèmes de base de données (logiciel, ressources humaines, installations)

pour la gestion de stocks ;

Faiblesse au niveau de la maintenance des tanks et des réservoirs. Ce qui

constitue un problème majeur lié à la potabilisation de l’eau dans les points de

distribution publics.

Ressources humaines

Manque de personnel au niveau des CTC ;

Manque de personnel spécialisé dans la protection de l’enfance, surtout dans

les zones reculées.

Autres

Absence de laboratoire de contrôle de qualité ;

Pas d’expertise pour analyser et valider les traitements traditionnels proposés

par les praticiens ;

Retard des malades pour arriver aux CTC ; (manque d’information, difficultés

d’accès, peur des parents…) ;

Lacunes en communication (certaines catégories de la population n’arrivent

pas à maitriser les consignes ni ne savent comment traiter la maladie. Et il

persiste un problème de perception sur l’origine et la transmission du choléra) ;

Stigmatisation des enfants ayant été affectés par le choléra ou dont les parents

ont été atteints de la maladie ;

Situation d’insécurité rendant difficile l’accès aux infrastructures sanitaires

spécialisées pour enfants (CTC, UTC and PRO) ; ce qui ne fait qu’augmenter

leur vulnérabilité en cas d’attaques ;

Vulnérabilité accrue des nourrissons par le fait que seulement 60% des bébés

âgés de moins de 2 mois contre 24% de ceux âgés de 4 – 5 mois reçoivent un

allaitement maternel exclusif, alors qu’il a été scientifiquement démontré que

le mixage du lait maternel rende les enfants beaucoup plus vulnérables au

cholera ;

manque d’ONG soutenant la nutrition dans certains départements, par rapport

aux besoins enregistrés.

Page 24: Gestion de l’épidémie du choléra

24

2. Besoins

Ressources additionnelles :

i. matérielles : ambulances (54), 15 camions pour transport d’intrants, 21 pick

up, 5 chaloupes ; 1 camion pour déchets; 3 100 lits; 3 camions frigorifiés pour

intrants médicaux et produits pharmaceutiques ;

ii. financières : fonds pour la supervision, la mobilisation communautaire, mise

en place de CTC, d’UTC et de CRO (environ 1 000) ; fonds de roulement au

niveau des départements ;

iii. humaines : 744 médecins, 2 232 infirmières, 372 personnel pour désinfection,

2 232 personnel de soutien ;

iv. logistiques : identification d’espaces pour 22 CTC additionnels, 15 000 points

de réhydratation orale, entrepôts (7) et 7 lieux de décharge pour les

départements, transport ; un CDAI (centre départemental d’approvisionnement

en intrants) pour l’Ouest et pour La Gonave ; espace de stockage pour le

département de l’Ouest ; un entrepôt stratégique ; réhabilitation et

agrandissement des CDAI existants ;

Autres

Sécurité dans toutes les communes et les points stratégiques du département de la

Grand’Anse ;

Nécessité d’établir un système d’évaluation des distributions d’intrants à Port-au-

Prince ainsi que dans les villes de provinces, afin d’assurer l’accessibilité à tous,

spécialement aux plus vulnérables.

3. Défis

A court terme

Faire en sorte que chaque ménage dispose de tablettes d’aquatabs et de sérum oral ;

Diminuer la peur des personnes atteintes de choléra ;

Adresser la réticence ou la résistance de la population à l’inhumation des

personnes mortes du choléra et à l’installation de CTC ;

Aboutir à un changement de comportement des populations et des perceptions

relatives à l’hygiène.

A moyen terme

Améliorer les conditions d’hygiène de la population ;

Education de la population à l’hygiène ;

Contrôle de l’importation des produits pharmaceutiques ;

Contrôle des intrants médicaux ou pharmaceutiques transportés dans les sacs de

voyage ;

Faire respecter les normes d’importation du MSPP par tous les acteurs ;

Page 25: Gestion de l’épidémie du choléra

25

Implémenter un laboratoire national de contrôle de qualité ;

Arriver à une expertise en médecine traditionnelle ;

Vigilance sanitaire ;

Arriver à un système unique de gestion des intrants.

4. Leçons apprises

Le leadership de la hiérarchie du gouvernement permet une meilleure coordination

de la réponse et de meilleurs résultats ;

L’expérience de travail multisectoriel facilite l’harmonisation des actions et

l’efficacité de la réponse ;

L’absence d’installations et de matériel propres aux structures nationales peut

retarder ou entraver la réponse ;

Le renforcement du système sanitaire et la promotion de l’hygiène devraient être

priorité nationale, du fait que dans les endroits où les services de santé sont disponibles et

le personnel formé, la situation par rapport au choléra se stabilise beaucoup plus

rapidement.

5. Forces et faiblesses

Forces

Motivation et implications des acteurs (gouvernement, société civile, groupe

d’appui de la communauté internationale) ;

Implication des décideurs politiques au plus haut niveau ;

Appui international positif ;

Disponibilité des intrants ;

Bonne coordination intersectorielle ;

Espace de travail disponible pour le COUN ;

Apport soutenu des médias ;

Support du CONATEL ;

Mise en commun des associations de médias et de journalistes, ce qui a

renforcé les campagnes de sensibilisation du public ;

Participation des compagnies de téléphonie mobile en vue de faciliter une

meilleure communication avec le public via le numéro *300 .

Dans la plupart des départements, la communauté réagit bien. Les moindres

symptômes décelés sont communiqués aux institutions sanitaires et les parents

des patients suivent les consignes, en les conduisant au centre le plus proche ;

Les églises, toutes dénominations confondues, participent également, et de

manière active, aux actions de sensibilisation et de distribution de kits

d’hygiène.

Page 26: Gestion de l’épidémie du choléra

26

Faiblesses

Irrégularité dans le réapprovisionnement en matériel et fournitures ;

Problème de circulation de l’information ;

*300 indisponible dans certains départements ;

Rapport hebdomadaire consolidé non élaboré ;

Manque de suivi des activités sur le terrain ;

Problème de communication au niveau communautaire ;

IX. RECOMMANDATIONS

Elaborer un plan de supervision intégrée de la qualité des soins (évaluation des

CTC, gestion des intrants) ;

Intensifier la formation de ressources humaines et augmenter le personnel

impliqué dans la gestion du choléra ;

Rendre disponibles plus de ressources ;

Valider le cadre de procédures d’intervention pour une meilleure coordination de

la prise en charge ;

Combler les lacunes en eau et assainissement et en gestion des déchets/détritus ;

Assurer une plus large distribution d’eau et d’aquatabs dans les milieux urbains ;

Intensifier les mesures de protection des points d’eau et de traitement de l’eau des

rivières ;

Agrandir le parc d’ambulances avec le concours des partenaires ;

Intensifier la sensibilisation dans toutes les zones (les plus reculées surtout). Une

sensibilisation qui doit se faire à 2 niveaux, premièrement faire en sorte que les gens

acceptent la maladie pour ce qu’elle est non pas comme ils la perçoivent (poud kolera),

ensuite les faire appréhender les moyens de prévention et les comportements à adopter

face à une personne infectée ou décédée de la maladie ;

Renforcer la participation des collectivités locales, en particulier les CASEC ;

Continuer la mobilisation sociale, les activités communautaires et l’éducation de

la population ;

Evaluer les campagnes d’information et de sensibilisation ;

Prioriser les interventions dans les régions les plus frappées telles que la

Grand’Anse, le Centre, le Sud’Est et l’Artibonite.

Page 27: Gestion de l’épidémie du choléra

27

X. ANNEXES

1. Bilan de l’épidémie au 18 décembre 2010

2. Bilan des actions du secteur Santé

3. Liste des CTC, UTC et PRO mis en place

4. Cartographie des actions entreprises et de la présence de partenaires

5. Réponse du secteur Eau

6. Appui du GACI

Page 28: Gestion de l’épidémie du choléra

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Centre d’opérations d’urgence national (COUN) Palais national, Port-au-Prince, Décembre 2010