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Sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) Gestion des ressources en eau dans les situations exceptionnelles Gérer les pénuries locales d’eau en Suisse Rapport d’experts du 7 décembre 2015

Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

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Sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV)

Gestion des ressources en eau

dans les situations exceptionnelles

Gérer les pénuries locales d’eau en Suisse

Rapport d’experts du 7 décembre 2015

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Impressum

Donneur d’ordre

Office fédéral de l’environnement (OFEV)

Division Eaux

Papiermühlestrasse 172

CH-3003 Berne

L’OFEV est un office du Département fédéral de l’environnement, des

transports, de l’énergie et de la communication (DETEC).

Mandataire

Ernst Basler + Partner (EBP)

Zollikerstrasse 65

8702 Zollikon

Téléphone +41 44 395 11 11

[email protected]

www.ebp.ch

RWB Jura SA (RWB)

Route de Fontenais 77

2900 Porrentruy

Téléphone 032 465 81 81

[email protected]

www.rwbgroupe.ch

Auteurs

Christina Dübendorfer (EBP)

Risch Tratschin (EBP)

Daniel Urfer (RWB)

Samuel Zahner (OFEV)

Andreas Zysset (EBP)

Groupe d’accompagnement

H. Aschwanden (OFEV), A. Auckenthaler (ct. de Bâle-Campagne), M. Bar-

ben (OFEV), R. Battaglia (VSA), M. Baumann (ct. de Thurgovie), J. Béguin

(OFAG), M. Biner (SSIGE), M. Bonotto (ct. des Grisons), Ch. Bonzi (WWF),

A. Bukowiecki (Union des villes suisses et Association des communes

suisses), E. Clément-Arnold (ARE), F. Guhl (OFEV), A. Cropt (Union suisse

des paysans), M. D’Agostini (OFAE), G. Federer (OFEN), J. Fuhrer (Agros-

cope), S. Hoffmann (Eawag), B. Hunger (CGCM), B. Iten (OFEV), Ch. Joerin

(ct. de Fribourg), S. Lussi (OFEV), M. Matthes (ScienceIndustries), M. Pfaun-

dler (OFEV), P. Ruckstuhl (ct. de Zurich), M. Sinreich (OFEV), Ph. Staufer (ct.

de Soleure), Ch. Spirig (MétéoSuisse), T. Stucki (ct. de Berne), P. Studer

(OSAV), Ch. Wüthrich (ct. d’Uri)

Remarque

Le présent rapport a été établi sur mandat de l’Office fédéral de

l’environnement (OFEV). Le mandataire est seul responsable de son conte-

nu.

Imprimé le 18 mars 2016

Expertenbericht M3_Ausnahmesituationen_20160317_fr.docx

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I

Résumé

Comme l’ont montré les sécheresses de l’été 2003, du printemps 2011 et

tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée

comme le château d’eau de l’Europe, peut être touchée par des pénuries

d’eau localisées et passagères.

Pour soutenir les cantons dans la gestion de ce type de situations, l’Office

fédéral de l’environnement (OFEV) commande des rapports auprès

d’experts reconnus de la gestion des ressources en eau. Regroupant sug-

gestions méthodologiques et exemples de bonnes pratiques, ces rapports

ont pour but d’accompagner les instances cantonales dans la gestion pré-

ventive et à long terme des pénuries d’eau et des situations d’exception.

L’approche préconisée s’articule sur deux phases : tout d’abord, il s’agit

d’identifier les régions présentant des besoins spécifiques. Une fois celles-ci

identifiées, il convient d’élaborer une planification régionale à long terme,

destinée à prévenir les conflits et à garantir la pérennité des ressources. Les

bases correspondantes sont regroupées dans un deuxième rapport. Ces

divers instruments de planification préventive visent d’une part à réduire la

fréquence des pénuries et d’autre part à limiter leur degré de gravité.

Malgré cela, on ne pourra éviter que les cantons ne soient régulièrement

confrontés à des situations telles que les étés 2003 et 2015, dans lesquelles

ils seront amenés à peser les uns contre les autres les intérêts parfois con-

tradictoires de la protection de l’environnement et de l’utilisation des res-

sources en eau, ou à devoir choisir entre plusieurs utilisations. Le présent

rapport se veut une boîte à outils destinée à les aider à gérer ces situations

d’exception quand elles se présenteront.

Ce rapport commence par présenter les conditions-cadres juridiques défi-

nies au niveau fédéral ainsi que les instruments existants utilisés pour gérer

les ressources en eau dans des situations exceptionnelles. Il n’y a que dans

le secteur de l’approvisionnement en eau potable en temps de crise que le

droit fédéral définisse par voie d’ordonnance un cadre relativement étroit.

Dans les autres domaines, les cantons jouissent d’une grande liberté

d’action. Ils se sont d’ailleurs chacun dotés d’une réglementation propre,

définissant à différents degrés de détail une stratégie de gestion spécifique

pour les situations de pénurie d’eau. Ce rapport se veut dès lors une boîte

à outils, proposant aux cantons des stratégies, des mesures et des

exemples de bonnes pratiques avec lesquels compléter leurs instruments

existants en fonction de la situation concrète.

Le présent rapport énonce également un certain nombre de principes de-

vant régir la pesée des intérêts et la définition des priorités. Ces principes

constituent une base pour les situations somme toute assez fréquentes où

il faut choisir entre protection du milieu naturel et utilisation des ressources

Pénuries locales d’eau en Suisse

Rapports d’experts sur les

pénuries locales d’eau

Boîte à outils pour la gestion des

situations exceptionnelles

Conditions-cadres juridiques et

marge de manœuvre des

cantons

Principes devant régir la pesée

des intérêts et la définition des

priorités

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II

hydriques. Ils peuvent être différenciés davantage à l’échelon cantonal ou

régional, de façon à pouvoir prendre en compte des différences régionales.

Nous avons également inclus une collection de 22 mesures tirées de la pra-

tique, visant à atténuer les conséquences des situations exceptionnelles et

pouvant être prises soit à titre préventif, soit à court terme alors qu’une

situation exceptionnelle se présente déjà. Elle regroupe des bases décision-

nelles, des mesures visant à améliorer les procédures types, des mesures de

communication, des instruments réglementaires ainsi qu’une mesure

d’ordre économique sous la forme d’une assurance spécifique. Les mesures

à long terme, destinées à prévenir les pénuries d’eau, ne font en revanche

pas partie du présent rapport.

Enfin, sur la base de quatre exemples cantonaux, le rapport illustre diverses

manières possibles de combiner les mesures énumérées, en fonction de la

situation concrète. Après la situation initiale et les préparatifs ordonnés par

un canton, le rapport décrit l’organisation ainsi que les procédures mises en

place durant une situation exceptionnelle, avant d’énumérer les mesures en

matière de communication et d’information. Les exemples sont choisis de

manière à couvrir une large variété de solutions mises en œuvre, selon une

diversité d’axes thématiques et à des degrés de complexité variables.

Collection de mesures

Exemples cantonaux

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Table des matières

1 Introduction ..................................................................................... 1

1.1 Contexte et intégration .......................................................... 1

1.2 Objet et destinataires du présent rapport ................................ 3

1.3 Contenus essentiels ............................................................... 3

1.4 Bases légales .......................................................................... 4

2 Compréhension du système et délimitation des problèmes étudiés .... 7

2.1 Notions abordées ................................................................... 7

2.2 Compréhension du système et délimitation des problèmes ...... 8

2.3 Interfaces avec les instruments existants ............................... 10

2.4 Principaux axes d’intervention .............................................. 14

3 Pesée des intérêts et définition des priorités .................................... 17

3.1 Cadre juridique fédéral ......................................................... 17

3.2 Dispositions cantonales ........................................................ 18

3.3 Principes .............................................................................. 21

3.4 Critères pour la définition des priorités ................................. 23

4 Les mesures ................................................................................... 25

4.1 Une collection de mesures sous forme de boîte à outils ......... 25

4.2 Structure de la collection de mesures .................................... 25

4.3 Tableau récapitulatif des mesures ......................................... 26

5 Exemples cantonaux ...................................................................... 29

5.1 Exemple du canton de Soleure ............................................. 29

5.2 Exemple des cantons de Vaud et de Fribourg ........................ 32

5.3 Exemple du canton de Berne ................................................ 36

5.4 Exemple du canton de Bâle-Campagne ................................. 40

6 Perspectives ................................................................................... 47

7 Bibliographie ................................................................................. 49

7.1 Publications ......................................................................... 49

7.2 Bases légales ........................................................................ 53

Annexe, descriptifs des mesures

A1 Bases décisionnelles (connaissances) ............................................... 59

A2 Organisation (procédures types) ..................................................... 65

A3 Communication (information) ........................................................ 83

A4 Instruments réglementaires ............................................................ 89

A5 Instruments économiques .............................................................. 99

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1 Introduction

1.1 Contexte et intégration

Les vagues de chaleur et de sécheresse de l’été 2003, du printemps 2011

et, tout dernièrement, de l’été 2015 ont montré que même la Suisse, pour-

tant considérée comme le château d’eau de l’Europe, peut souffrir de pé-

nuries d’eau localisées. Pendant ces périodes de sécheresse, les ressources

en eau sont intensément sollicitées, que ce soit pour couvrir les besoins en

eau potable et en eau d’usage, à des fins d’irrigation des cultures, de pro-

duction d’énergie ou de refroidissement, ou encore pour les loisirs et le

bien-être. Les lacs, les cours d’eau et les nappes phréatiques voient leur

niveau diminuer, faute d’apports suffisants des glaciers et de la fonte des

neiges, alors que les températures de l’eau grimpent. Cette combinaison

de facteurs peut mettre les organismes aquatiques sous une pression con-

sidérable.

En plus du changement climatique, les changements d’affectation des sols,

motivés par exemple par l’urbanisation ou les besoins toujours croissants

en eau de l’agriculture, posent de véritables défis en matière de gestion de

cette ressource. Comme le montrent les dernières études scientifiques, la

diminution des précipitations estivales, couplée à la réduction du manteau

neigeux constitué en hiver, conduit toujours plus souvent à des pénuries

d’eau passagères [22]. Outre les périodes de grandes chaleurs ou de séche-

resse, des événements comme une pollution des cours d’eau ou des crues

peuvent eux aussi affecter nos ressources en eau et contribuer au pro-

blème.

Dans l’ensemble, la Suisse continuera néanmoins de jouir de réserves d’eau

suffisantes. Environ 80 % de notre eau potable provient de nappes phréa-

tiques ou de sources [20]. En théorie, nous avons à notre disposition envi-

ron 18 km3 d’eau par an en provenance de nappes phréatiques, mais n’en

utilisons qu’une petite partie [25]. Ces chiffres montrent que même à

l’avenir, la Suisse n’encourt pas de pénuries généralisées. Il importe cepen-

dant que nous nous préparions aux défis qui nous attendent par une plani-

fication à long terme, susceptible d’assurer la couverture durable de nos

besoins, tout en répondant aux impératifs de protection du milieu aqua-

tique. À cet égard, il faut aborder la notion de pénurie d’eau non pas seu-

lement en lien avec l’approvisionnement en eau potable, mais sur un plan

large et intersectoriel.

Le présent rapport se fonde sur les trois stratégies du Conseil fédéral ci-

après :

Adaptation aux changements climatiques en Suisse. Objectifs, défis et

champs d’action [17] et Plan d’action 2014–2019 [18] ;

Une pression qui s’aggrave

Les trois stratégies du Conseil

fédéral fondant le présent

rapport

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Rapport du Conseil fédéral « Gérer les pénuries locales d’eau en

Suisse » en réponse au postulat 10.3533 du conseiller national Hans-

jörg Walter [14] ;

Grundlagen für die Wasserversorgung 2025. Risiken, Herausforderun-

gen und Empfehlungen (en allemand uniquement) [19].

Dans toutes trois, la Confédération recommande aux cantons d’établir une

planification à long terme de leurs ressources en eau et de prendre toute

mesure utile pour se préparer aux futures situations exceptionnelles. La

figure 1 montre les relations entre ces différents éléments.

Le présent rapport a pour objet de fournir aux cantons des bases pratiques

pour la gestion des ressources en eau lors de situations exceptionnelles et

de les aider dans leurs préparatifs en vue de la gestion de ces situations.

Il s’inscrit dans une série comprenant deux autres rapports destinés à four-

nir les bases d’un équilibrage préventif et à long terme entre les besoins en

eau et les ressources disponibles dans une région donnée [21] [28]. Cette

planification à l’échelon régional vise à garantir les différentes utilisations

de l’eau même en période sèche, tout en tenant compte des impératifs

hydro-écologiques, et de réduire durablement la fréquence ainsi que le

degré de gravité des pénuries.

Le rapport très détaillé du Conseil fédéral établi en réponse au postulat du

conseiller national Hansjörg Walter [14] identifie les thématiques à aborder

dans le cadre d’un rapport d’experts sur la gestion des situations excep-

tionnelles et constitue de ce fait l’une des bases essentielles du présent

document. Dans son rapport, le Conseil fédéral charge le DETEC de définir

les principes et les procédures types devant guider la gestion des conflits

d’intérêts en cas de situation exceptionnelle ainsi que d’examiner la pra-

tique des cantons pour en tirer des exemples de bonne gestion. Il le charge

Figure 1 :

Synergie entre les diverses

approches visant à permettre de

gérer les pénuries d’eau (sur la

base de l’illustration du rapport

[14])

Gestion de l’eau lors de

situations exceptionnelles

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3

par ailleurs d’élaborer les principes devant permettre de fixer un ordre de

priorités entre les diverses utilisations.

1.2 Objet et destinataires du présent rapport

Le présent rapport se veut une boîte à outils destinée à fournir aux ins-

tances responsables les mesures et les stratégies pouvant les aider à gérer

les pénuries d’eau.

Ses destinataires sont les services cantonaux chargés de la protection des

eaux, de l’approvisionnement en eau, des diverses utilisations de l’eau, de

l’agriculture, de l’énergie, etc., ainsi que les services d’approvisionnement

en eau et les divers groupes de consommateurs.

1.3 Contenus essentiels

Le rapport établi en réponse au postulat Walter [14] ainsi que l’étude Was-

serversorgung 2025 [19] dressaient un bilan détaillé de la situation en

termes de gestion des pénuries d’eau (cf. 1.1). Au chapitre 2 du présent

rapport, nous nous efforçons de compléter ce bilan en recensant les ins-

truments existants, mais aussi les lacunes qui persistent en la matière lors-

qu’il s’agit d’une situation exceptionnelle. Nous fondant sur ces prémisses,

nous abordons les problématiques essentielles ci-dessous, en proposant les

outils susceptibles d’aider dans leur gestion :

Principes devant présider à la définition de priorités en matière de ges-

tion des pénuries d’eau : contraintes, principes et critères applicables

en cas de conflit d’intérêts entre utilisations ou besoins ; principes gé-

néraux et exemples concrets.

Mesures concrètes destinées à arbitrer les conflits d’intérêts entre impé-

ratifs de protection et utilisations de l’eau, de façon à prévenir les

dommages aux utilisateurs comme au milieu naturel. Vue d’ensemble

des mesures au chapitre 4 et description détaillée de celles-ci dans

l’annexe.

Formes concrètes d’organisation et approches destinées à maîtriser les

conflits, des préparatifs conseillés aux marches à suivre concrètes en si-

tuation exceptionnelle. Description des aspects organisationnels et des

activités d’information et de communication sur la base d’exemples

choisis.

Ayant pour vocation de fournir des informations ancrées dans la pratique

ainsi que des exemples de gestion réussie, le présent rapport renvoie no-

tamment aux documentations établies par divers cantons. La bibliographie

reprend ces ouvrages, avec une description précise, et indique les hyper-

liens correspondants. L’annexe fournit par ailleurs des liens vers les pages

Internet pour illustrer notamment les mesures décrites. Pour faciliter leur

Objectif

Destinataires

Chapitre 3

Chapitre 4, annexe

Chapitre 5

Renvoi aux documents existants,

état des hyperliens

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repérage, les hyperliens figurent en caractères bleus, soulignés. Ils reflètent

l’état au 31 août 2015.

1.4 Bases légales

Les ressources en eau sont en principe du ressort des cantons. Dans son

art. 76, la Constitution fédérale du 18 avril 1999 (Cst., RS 101) ménage tou-

tefois à la Confédération la compétence de déterminer certains principes

(conservation et mise en valeur des ressources en eau, utilisation de l’eau,

notamment pour la production d’énergie) et d’édicter certaines prescriptions

détaillées (protection des eaux, aménagement des cours d’eau, maintien de

débits résiduels appropriés, sécurité des barrages). Dans les limites de ses

compétences, la Confédération pourvoit à l’utilisation rationnelle des res-

sources en eau, à leur protection et à la lutte contre l’action dommageable

de l’eau.

Nous énumérons dans ce qui suit les bases légales définies au niveau fédéral,

déterminantes en matière de gestion des pénuries d’eau en situation excep-

tionnelle.

Conformément à l’art. 29 de la loi fédérale du 24 janvier 1991 sur la pro-

tection des eaux (LEaux, RS 814.20), toute personne opérant un prélève-

ment dans un cours d’eau en dehors des limites de l’usage commun doit

être titulaire d’une autorisation. Pour les prélèvements opérés dans des

cours d’eau présentant un débit constant, les cantons ont la possibilité

d’autoriser une réduction des débits résiduels (art. 32 LEaux). En cas de

nécessité, soit « lorsqu’il s’agit de procéder à des prélèvements d’eau tem-

poraires destinés notamment à assurer l’approvisionnement en eau po-

table, à lutter contre les incendies ou à assurer l’irrigation des terres agri-

coles » (art. 32, let. d, LEaux), ils peuvent fixer des débits résiduels plus bas

que ne l’exige l’art. 31 LEaux. L’énumération des usages justifiant un prélè-

vement en cas de nécessité n’est pas exhaustive, et la loi ne fixe pas de

priorités entre ces trois usages.

Pour sauvegarder les nappes d’eau souterraines, l’art. 43, al. 1, LEaux dis-

pose que l’on ne peut pas opérer durablement de prélèvement supérieur à

la quantité d’eau qui alimente ladite nappe. Des prélèvements plus impor-

tants sont temporairement admissibles, à condition qu’ils ne portent préju-

dice ni à la qualité des eaux souterraines ni à la végétation.

De plus, si les intérêts de la défense nationale l’exigent, ou en cas

d’urgence, le Conseil fédéral peut déroger à la présente loi par voie

d’ordonnance (art. 5 LEaux).

La loi fédérale du 22 décembre 1916 sur l’utilisation des forces hydrau-

liques (loi sur les forces hydrauliques, LFH ; RS 721.80) régit pour l’essentiel

l’utilisation des cours d’eau aux fins de production d’énergie. Aux termes

de l’art. 43 LFH, l’octroi d’une concession confère à son bénéficiaire le droit

Constitution fédérale (Cst.)

Loi sur la protection des eaux

(LEaux)

Loi sur les forces hydrauliques

(LFH)

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5

d’utiliser le cours d’eau (al. 1). Ce droit ne peut ensuite être retiré ou res-

treint que pour cause d’utilité publique et moyennant indemnité (al. 2).

L’art. 53, al. 1, LFH précise que le concessionnaire « est tenu de fournir aux

communes l’eau indispensable à leurs services publics », dans la mesure où

« elles ne peuvent s’en procurer ailleurs qu’à des frais excessifs ». Néan-

moins, « la dérivation d’eau ne doit pas entraver sérieusement

l’exploitation de l’usine ». Il n’est pas précisé ce qu’il faut entendre par eau

« indispensable ». On vérifiera dans tous les cas si les conditions énumérées

à l’art. 53 LFH sont respectées et si le concessionnaire peut être tenu de

fournir de l’eau en vertu de la loi.

L’ordonnance du 20 novembre 1991 sur la garantie de

l’approvisionnement en eau potable en temps de crise (OAEC, RS 531.32,

fondée sur l’art. 20 de la loi du 8 octobre 1982 sur l’approvisionnement du

pays, LAP ; RS 531) oblige les cantons, les communes et les autres déten-

teurs d’installations d’approvisionnement en eau à prendre toutes les me-

sures qui s’imposent pour assurer l’approvisionnement en eau potable en

situation de crise. Elle est concrétisée dans les commentaires relatifs à

l’ordonnance [9] ainsi que dans les instructions pour l’approvisionnement

en eau potable en temps de crise (AEC) de la Société Suisse de l’Industrie

du Gaz et de l’Eau (SSIGE) [24].

La loi fédérale du 29 avril 1998 sur l’agriculture (LAgr, RS 910.1) autorise

diverses mesures destinées à atténuer les conséquences économiques des

situations d’urgence (facilitation des importations de fourrages, mesures de

marché dans les secteurs des animaux de rente et de la viande, assouplis-

sement des restrictions imposées dans le domaine de la production de

fourrages et des paiements directs, etc.). Des mesures de ce type ont été

prises en 2003, avec l’ordonnance sur la sécheresse (ordonnance du

5 novembre 2003 instituant des mesures dans l’agriculture par suite de la

sécheresse en 2003, RO 2003 4045).

Venant compléter la législation fédérale pertinente, une variété de lois,

d’ordonnances, de stratégies, de plans de gestion de l’eau ou de lignes

directrices fournissent des indications concernant la gestion des situations

exceptionnelles de pénurie d’eau. Certains définissent un ordre de priorité

entre les diverses utilisations (en plaçant l’approvisionnement en eau po-

table avant tout autre usage ou en privilégiant un groupe d’usages par

rapport aux autres), alors que d’autres préservent des intérêts dignes d’être

protégés, par exemple par la définition de débits résiduels minimaux.

Ordonnance sur la garantie de

l’approvisionnement en eau

potable en temps de crise

(OAEC)

Loi sur l’agriculture, LAgr

Diversité des bases légales

cantonales

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7

2 Compréhension du système et déli-

mitation des problèmes étudiés

2.1 Notions abordées

Nous nous pencherons ci-après sur ce qui constitue exactement une situa-

tion exceptionnelle de pénurie d’eau, objet du présent rapport. Et nous

tâcherons de délimiter cette notion par rapport à celles, voisines, de temps

de crise (OAEC) et de cas de nécessité (LEaux).

Le rapport du Conseil fédéral en réponse au postulat Walter [14] envisage

les pénuries d’eau comme un phénomène qui relève de la gestion de l’eau

et qui consiste en un déséquilibre entre ressources disponibles (offre) et

besoins (utilisations, écosystèmes). En cas de pénurie, l’eau disponible ne

suffit pas, du moins temporairement, à couvrir la demande. En Suisse, les

pénuries d’eau sont généralement un phénomène limité dans le temps,

observable au niveau local.

La sécheresse est un phénomène hydrométéorologique qui conduit à une

diminution temporaire des disponibilités en eau, due par exemple à un

déficit pluviométrique ou à une évaporation accrue. La sécheresse est l’une

des causes importantes des pénuries d’eau, mais pas la seule (cf. figure 2).

La notion de temps de crise est définie dans l’OAEC dans le contexte de

l’approvisionnement en eau par les pouvoirs publics. Est réputée temps de

crise au sens de l’ordonnance toute situation où l’approvisionnement en

eau potable est sensiblement menacé, restreint ou rendu impossible, no-

tamment en cas de catastrophe naturelle, d’accident majeur, de sabotage

ou d’acte de guerre. Du point de vue de la protection de la population, un

temps de crise est une situation qui « ne peut être maîtrisée à l’aide des

procédures ordinaires, car elle dépasse les moyens personnels et matériels

des communautés concernées » [6].

La notion de nécessité est abordée à l’art. 32, let. d, LEaux. On se réfère

par là à la difficulté à assurer l’approvisionnement en eau potable, mais

aussi aux situations de « grande sécheresse », dans lesquelles le débit rési-

duel minimum peut être abaissé par les autorités, en particulier dans les

petits cours d’eau, pour des prélèvements temporaires. [23].

Une situation exceptionnelle peut conduire, mais ne le doit pas forcément,

à une situation de crise ou de nécessité. Dans le présent rapport, nous dé-

finissons la notion de « situation exceptionnelle de pénurie d’eau » de la

manière suivante :

« Les situations de pénurie sont des situations rares et difficilement prévi-

sibles de raréfaction des ressources en eau, liée à divers facteurs d’origine

naturelle ou anthropique.

Notion de pénurie d’eau

Notion de sécheresse

Notion de temps de crise

Notion de nécessité

Définition de la situation

exceptionnelle de pénurie d’eau

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Elles se traduisent par une insuffisance des ressources en eau, que ce soit

sur un plan quantitatif ou qualitatif, ou par des difficultés liées à la distribu-

tion, conduisant à des restrictions d’utilisation ou à des conflits entre di-

verses utilisations ou entre utilisations et impératifs écologiques ».

Sous l’influence de divers facteurs extérieurs, comme le changement clima-

tique et la pression exercée par les diverses utilisations, ces situations peu-

vent évoluer dans leurs caractéristiques. Si ces situations exceptionnelles

devaient se présenter plus fréquemment à l’avenir, et devenir par là même

plus prévisibles, elles perdront leur caractère exceptionnel et seront inté-

grées dans la planification.

2.2 Compréhension du système et délimitation des

problèmes

La figure 2 ci-après devrait permettre de visualiser les rapports entre les

éléments constitutifs de situations exceptionnelles de pénurie d’eau, telles

que définies ci-dessus, et de les percevoir en tant que système.

Une diversité de facteurs peut mettre en danger les disponibilités en eau ou

les systèmes d’approvisionnement en eau. Il s’ensuit une pénurie d’eau,

susceptible d’entraîner des restrictions d’utilisation ou des conflits d’intérêts

entre divers utilisations et besoins.

Les facteurs déclenchants d’une situation de pénurie sont en principe des

événements d’origine naturelle ou anthropique, rares et difficilement prévi-

sibles ou non prévisibles.

Ces facteurs peuvent mettre en danger les ressources en eau sur un plan

quantitatif ou qualitatif, en rendant l’eau impropre à la consommation

Dynamique des situations

exceptionnelles

Figure 2 :

Compréhension et limites d’une

situation exceptionnelle de

pénurie d’eau

Facteurs déclenchants et dangers

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9

humaine ou en dégradant les infrastructures d’approvisionnement. Malgré

leur grande diversité, ils peuvent entraîner des situations très semblables.

Le côté droit de la figure montre que les situations exceptionnelles de pé-

nurie d’eau peuvent toucher les diverses utilisations faites de l’eau, mais

également les impératifs hydro-écologiques. Elles peuvent se traduire par

des restrictions imposées aux utilisations faites de l’eau, par des conflits

entre ces dernières ou encore entre celles-ci et les impératifs écologiques.

Elles sont la résultante d’une atteinte aux ressources en eau ou aux sys-

tèmes d’approvisionnement.

Pour délimiter les utilisations et les besoins à prendre en considération, les

auteurs se sont fondés sur le rapport d’experts « Bestimmung von Regio-

nen mit Handlungsbedarf bei Trockenheit » (détermination des régions

requérant une intervention en période de sécheresse) [21], qui opère une

distinction entre impératifs écologiques et utilisations, qu’il convient de

répartir entre utilisations consomptives (entraînant une diminution des

quantités d’eau disponibles) et non consomptives. Il est fréquent que les

utilisations consomptives et les impératifs écologiques entrent en concur-

rence directe, comme les prélèvements d’eau opérés à des fins d’irrigation

et la nécessité de préserver des débits résiduels minimaux. Lorsque des

utilisations non consomptives et des impératifs écologiques entrent en con-

currence, il s’agit le plus souvent de problèmes indirects de raréfaction for-

tement localisés (p. ex. dans le cas d’une détérioration de la qualité de

l’eau suite à une dérivation à des fins de refroidissement alors que les eaux

connaissent déjà des températures élevées, ou dans le cas de tronçons à

débit résiduels jouxtant des centrales hydroélectriques).

Ces situations de pénurie peuvent se présenter à diverses échelles tempo-

relles et spatiales. Selon le facteur déclenchant, l’ampleur de l’événement

considéré et les mesures préventives mises en œuvre, les restrictions ou les

conflits peuvent toucher un périmètre strictement délimité pour quelques

jours seulement, ou durer des semaines et concerner une région entière.

Sur la base de cette manière d’appréhender le système, on peut opérer les

délimitations suivantes :

À la différence des auteurs du rapport d’experts « Bestimmung von

Regionen mit Handlungsbedarf bei Trockenheit » [21], les auteurs du

présent rapport ne considèrent pas le déversement d’eaux usées épu-

rées comme une utilisation. Combiné à une situation d’étiage, il peut

toutefois mener à un rapport de dilution défavorable et à une dégrada-

tion de la qualité de l’eau. On classera donc plutôt les déversements

d’eaux usées parmi les facteurs déclenchants. De plus, il sera difficile

d’introduire à courte échéance des mesures d’épuration afin de com-

penser un rapport de dilution défavorable lors d’une pénurie d’eau.

C’est dans le cadre d’une planification à moyen ou à long terme que

l’on pourra s’employer à y remédier.

Situations exceptionnelles de

pénurie d’eau

Utilisations et besoins

Portée spatiale et temporelle

variable des restrictions

Délimitation des problèmes

étudiés

Page 16: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

10

Le présent rapport ne tient pas compte des risques touchant les instal-

lations privées ou spécifiques à une branche, comme les défaillances

techniques d’installations d’irrigation ou d’enneigement.

Pour des informations détaillées concernant les facteurs déclenchants

de pénuries d’eau ainsi que d’autres risques comme les incendies de fo-

rêt, liés aux pénuries d’eau mais que n’aborde pas le présent rapport,

on se référera à l’Analyse nationale des dangers représentés par les ca-

tastrophes et situations d’urgence en Suisse, qui contient elle aussi un

dossier sur les risques liés aux sécheresses [8].

2.3 Interfaces avec les instruments existants

Nous présentons brièvement ci-après différents instruments de réglementa-

tion et de planification pouvant se révéler utiles dans le cadre de la gestion

de situations exceptionnelles de pénurie d’eau, car ils

réglementent la gestion des situations de pénurie imminente et prescri-

vent les mesures visant à y remédier ;

contribuent à la maîtrise des situations exceptionnelles une fois qu’elles

sont survenues ;

réduisent en tant qu’instruments de planification les risques de pénurie.

Aux termes de l’OAEC, les cantons, les communes et les autres proprié-

taires d’installations d’approvisionnement en eau sont tenus de prendre les

mesures nécessaires pour assurer l’approvisionnement en eau potable en

temps de crise. Ces mesures comprennent des dispositifs de surveillance,

d’alerte et de piquet (recommandation M2, [19]).

L’OAEC se réfère à des situations (temps de crise) durant lesquelles

l’approvisionnement en eau potable « est sensiblement menacé, restreint

ou rendu impossible, notamment en cas de catastrophe naturelle,

d’accident majeur, de sabotage ou d’acte de guerre (art. 3). Les événe-

ments ci-après sont désignés en tant que possibles éléments déclencheurs

de situations de pénurie d’eau potable en temps de paix comme en temps

de guerre ([9] ; [24][23]) :

événements naturels : intempéries/inondations, tremblements de

terre/glissements de terrain, sécheresse ;

actes de guerre et sabotage : atteintes du fait d’armes conventionnelles

ou d’armes nucléaires ou chimiques ;

accidents majeurs : accidents d’exploitation ou de transport libérant

des substances de nature à polluer les eaux (y c. eaux usées), accidents

industriels, incendies de grande envergure, accidents nucléaires, bar-

rages endommagés, pannes d’électricité.

Selon l’OAEC, les cantons sont tenus de dresser un inventaire des installa-

tions d’approvisionnement, des nappes souterraines et des sources qui se

OAEC et aides à l’exécution

Page 17: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

11

prêtent à l’approvisionnement en eau potable en temps de crise. Cet atlas

de l’approvisionnement, mis en place par la plupart des cantons, donne

aux services d’approvisionnement une vue d’ensemble des captages, des

réservoirs, des réseaux de distribution, des puits de secours et des nappes

souterraines. Il est par ailleurs utile aux états-majors de catastrophe au ni-

veau des cantons, des districts et des communes, ainsi qu’aux unités de

l’armée, de la protection civile et de sapeurs pompiers appelés pour des

travaux de remise en état.

Une situation de crise, selon les dispositions de l’OAEC, est une situation

où l’approvisionnement en eau potable est sensiblement menacé, restreint

ou rendu impossible. Les mesures prévues par l’OAEC ont essentiellement

pour objet d’assurer la disponibilité d’une quantité minimum d’eau potable

en temps de crise, par exemple 4 litres par personne et par jour jusqu’au

5e jour. L’OAEC ne couvre en revanche pas les mesures destinées à gérer

les conflits d’intérêts entre utilisations et besoins suite à une période de

sécheresse par exemple.

Un plan général d’approvisionnement (PGA) est un plan directeur sur 20 à

30 ans, destiné aux services d’approvisionnement en eau. Dans certains

cantons, l’élaboration et la mise à jour régulière du PGA constituent une

obligation légale. D’une manière générale, un PGA s’articule sur trois

phases :

1. bilan de la situation d’approvisionnement en eau potable et délimita-

tion des problèmes à résoudre ;

2. concept de développement ;

3. plan de mesures et plan financier (à court, moyen et long terme).

La phase 1 consiste à établir un bilan hydrique en tenant compte du scéna-

rio worst case, soit d’une disponibilité minimale accompagnée d’une de-

mande maximale, aussi bien pour la situation actuelle (A) que pour un ho-

rizon temporel donné (p. ex. A+25 ans).

Un PGA comporte en règle générale un chapitre dédié à

l’approvisionnement en eau potable en temps de crise, tel que défini dans

l’OAEC (cf. ci-dessus), ainsi que des indications sur les entreprises

d’approvisionnement en eau potable sises à proximité et sur les possibilités

de prélever de l’eau en urgence.

Le PGA contient parfois aussi des directives concernant d’éventuelles res-

trictions d’utilisation pouvant être mises en œuvre par les entreprises

d’approvisionnement dans des cas de force majeure (pénurie d’eau po-

table). Ce type de restrictions touchent avant tout des utilisations aux-

quelles on peut renoncer en cas de force majeure (arrosage des pelouses,

lavage des voitures, etc.) et s’accompagnent généralement d’appels aux

économies diffusés au sein de la population générale.

Plan général

d’approvisionnement en eau

(PGA)

Page 18: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

12

Un plan régional d’approvisionnement en eau (PRA) vise en principe les

mêmes objectifs qu’un PGA, mais à une échelle géographique plus éten-

due, soit celle d’une région, d’un district ou d’un bassin versant par

exemple. Il consiste à établir un bilan à grande échelle des ressources en

eau potable (offre et demande), de manière à repérer d’éventuels goulets

d’étranglement (panne d’électricité à grande échelle ou panne

d’approvisionnement générale dans une vallée, p. ex.). Les résultats de la

planification régionale sont bien sûr intégrés dans les PGA. Toujours plus

d’études régionales de ce type sont effectuées depuis quelques années

[16].

La législation sur les denrées alimentaires (LDAl, RS 817.0 ; ODAlOUs,

RS 817.02 ; OHyg, RS 817.024.1 ; OSEC, RS 817.021.23 ; ordonnance du

DFI du 23 novembre 2005 sur l’eau potable, l’eau de source et l’eau miné-

rale, RS 817.022.102) définit exactement les exigences qualitatives posées

à l’eau potable. Les sociétés d’approvisionnement sont tenues d’effectuer

un autocontrôle afin d’assurer en tout temps la qualité de l’eau potable

fournie. Pour cela, elles effectuent une analyse des risques selon le principe

HACCP (hazard analysis and critical control points) et dressent un journal

de suivi de la qualité documentant en détail les contrôles effectués.

La législation sur la protection des eaux définit des exigences tant qualita-

tives que quantitatives concernant les ressources en eau. Dans le cadre du

présent rapport, nous nous intéressons en particulier aux dispositions ré-

glant les débits résiduels, déterminantes pour ce qui touche aux prélève-

ments opérés sur les eaux de surface, à celles relatives à la protection des

eaux souterraines, tant sur le plan de la planification que d’un point de vue

quantitatif, ainsi qu’aux dispositions réglementant les déversements dans

les eaux. Un autre aspect important concerne le principe de coordination,

ancré dans l’ordonnance 28 octobre 1998 sur la protection des eaux du

(art. 46, OEaux ; RS 814.201), selon lequel les cantons sont tenus de coor-

donner entre eux leurs prélèvements opérés aux fins d’approvisionnement

en eau potable, de façon à éviter tout prélèvement excessif.

La loi sur l’agriculture vise notamment à assurer un approvisionnement sûr

en denrées alimentaires et la conservation des ressources naturelles. Pour

ce faire, la Confédération rétribue les prestations d’intérêt public au moyen

de paiements directs et soutient les mesures destinées à une utilisation

durable des ressources naturelles ainsi que celles contribuant à

l’amélioration des structures. Ces mesures poursuivent pour l’essentiel

l’objectif de la souveraineté alimentaire. Trois instruments présentent une

importance particulière en termes de promotion d’une gestion respec-

tueuse des ressources en eau et d’une irrigation efficace et rationnelle : les

programmes de paiements directs, liés aux prestations écologiques requises

(PER), le programme de promotion d’une utilisation pérenne des ressources

ainsi que les contributions versées dans le cadre des améliorations structu-

relles. Ces mesures revêtent un caractère préventif et visent avant tout une

efficacité à long terme.

Plan régional

d’approvisionnement en eau

(PRA)

Législation sur les denrées

alimentaires

Législation sur la protection des

eaux et aides à l’exécution

Instruments de la LAgr

Page 19: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

13

L’ordonnance sur la protection contre les accidents majeurs (OPAM,

RS 814.012), édictée le 27 février 1991, suite à l’accident de Schweizer-

halle, a pour but de protéger la population et l’environnement des at-

teintes graves causées par un accident majeur (pollutions de cours d’eau, p.

ex.) pouvant survenir dans le cadre de l’exploitation d’installations [13]. Ces

installations peuvent être des entreprises, des voies de communication et

des installations de transport par conduite présentant des risques chi-

miques ou biologiques importants. L’OPAM engage les exploitants desdites

installations à prendre les mesures de sécurité qui s’imposent pour réduire

ces risques.

Un inventaire recensant les installations soumises à l’OPAM est utilisé pour

évaluer les risques liés à un accident qui pourraient affecter négativement

la qualité d’eaux souterraines ou de surface dans un bassin versant ou une

région. La prévention des accidents majeurs joue dès lors un rôle de pré-

vention à l’égard des pollutions pouvant affecter les ressources en eau.

La loi fédérale sur l’aménagement des cours d’eau (RS 721.100) inscrit

dans son art. 1, al. 1, la nécessité de protéger les personnes et les biens

matériels importants de l’action dommageable de l’eau, en particulier celle

qui est causée par les inondations, les érosions et les alluvionnements (pro-

tection contre les crues). Les cantons assurent la protection contre les crues

en priorité par des mesures d’entretien et de planification (mise en œuvre

des cartes des dangers). Si cela ne suffit pas, ils prennent des mesures

d’aménagement (art. 3, loi sur l’aménagement des cours d’eau). Les cartes

des dangers renseignent quant à la localisation et à l’intensité des crues

potentielles.

Les cantons possèdent en règle générale un état-major de direction, con-

voqué au besoin (situations d’urgence) par le gouvernement cantonal. La

direction de ces états-majors de crise est en général assurée par la police, la

protection civile ou les services du feu. Et l’organisation des mesures cor-

rectives introduites suite à des événements entrant dans le champ

d’application de l’OAEC (actes de guerre ou de sabotage, catastrophes

naturelles, etc.) est en règle générale assurée par les états-majors canto-

naux. Lors d’événements d’envergure nationale, on fait appel à l’état-major

national ABCN, chargé de coordonner les mesures en cas d’événement

impliquant une radioactivité élevée, ainsi qu’en cas de crise biologique ou

chimique ou de catastrophe naturelle (événement ABCN).

Un accident nucléaire peut entraîner la libération de substances radioac-

tives dans les eaux souterraines, les cours d’eau et les lacs. Le plan de pro-

tection d’urgence en cas d’accident dans une centrale nucléaire en Suisse

[7] définit des mesures d’urgence pour divers scénarios d’accidents nu-

cléaires, parmi lesquelles la limitation préventive précoce des captages

d’eau par les acteurs impliqués et des consignes à l’intention de la popula-

tion.

Ordonnance sur les accidents

majeurs (OPAM)

Protection contre les crues

Protection de la population

Plan d’urgence en cas d’accident

nucléaire

Page 20: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

14

2.4 Principaux axes d’intervention

La figure 3 place les instruments décrits plus haut dans leur contexte et

montre les lacunes de notre système d’approvisionnement en eau dans des

situations exceptionnelles et, par là même, les principaux axes

d’intervention préconisés dans le présent rapport.

Divers instruments préventifs et bases légales contribuent à réduire la fré-

quence des facteurs déclenchants ou à limiter leur ampleur. Si des événe-

ments de grande ampleur se produisent malgré tout, les organismes de

protection de la population entrent en jeu.

Les instruments de planification utilisés dans le cadre de

l’approvisionnement en eau tiennent compte des possibles atteintes

d’ordre qualitatif ou quantitatif aux ressources en eau, en veillant à une

certaine redondance dans les ressources et les structures.

Dans les cas où les mesures préventives et la planification ne suffisent pas à

éviter les atteintes aux structures d’approvisionnement, l’OAEC réglemente

la manière dont les organismes publics et les entreprises privées assumant

un mandat public doivent gérer les situations d’urgence.

Le présent rapport ne traite pas prioritairement de ces domaines, où il

existe déjà une variété d’instruments. Il renvoie néanmoins en divers en-

droits aux instruments existants et émet un certain nombre de recomman-

dations de mise en œuvre, dans le recueil de mesures comme dans les

exemples.

D’un point de vue intersectoriel, il subsiste certaines lacunes dans la gestion

des situations exceptionnelles de pénurie en eau. Comme le montre la fi-

gure 3 (encadrés rouges), le présent rapport se concentre sur la gestion des

restrictions imposées aux diverses utilisations et sur les conflits d’intérêts

Figure 3 :

Schéma systémique avec les

instruments existants (en bleu) et

les axes d’intervention préconisés

(encadrés en rouge)

Secteurs couverts par les

instruments existants

Axes d’intervention prioritaires

Page 21: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

15

entre utilisations et besoins qu’entraîne une réduction des disponibilités en

eau.

Sur la base de l’analyse esquissée aux chapitres 1 et 2, le rapport définit les

axes d’intervention prioritaires suivants :

principes régissant la définition des priorités entre les divers besoins et

usages en cas de situation exceptionnelle de pénurie ;

exemples concrets de gestion des conflits d’intérêts entre impératifs de

protection et utilisation des ressources, et de prévention des atteintes

touchant les utilisateurs et le milieu aquatique ;

formes d’organisation et mesures concrètes visant à gérer les conflits

d’intérêts, des préparatifs recommandés aux séquences d’action détail-

lées destinées à faire face aux situations exceptionnelles.

Page 22: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,
Page 23: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

17

3 Pesée des intérêts et définition des

priorités

L’objectif de ce chapitre est de faciliter la gestion des conflits d’intérêts

entre l’utilisation des ressources et les impératifs de protection pouvant se

présenter en cas de pénurie d’eau, en présentant les conditions-cadres, les

principes directeurs et les approches possibles.

Une approche fructueuse en cas de pénurie d’eau, en accord avec les prin-

cipes de la gestion intégrée par bassin versant, consiste à comparer entre

eux de manière transparente les différents intérêts en présence à l’échelle

d’un bassin versant ou d’une région. Il faut comprendre les principes énu-

mérés régissant la définition des priorités comme des outils d’aide et des

recommandations visant à faciliter un tel processus. Les auteurs n’émettent

en revanche pas de règles ou de principes applicables à l’échelle du pays.

3.1 Cadre juridique fédéral

En complément aux bases juridiques décrites au point 1.3, nous présentons

ci-après de manière plus détaillée la législation fédérale pouvant servir de

référence pour la définition de priorités en situation de pénurie d’eau.

L’art. 32, let. d, LEaux autorise les cantons à fixer en cas de nécessité des

débits résiduels inférieurs en vue de prélèvements d’eau temporaires, des-

tinés notamment à assurer l’approvisionnement en eau potable, à lutter

contre les incendies ou à assurer l’irrigation de terres agricoles.

La baisse des débits et l’augmentation des besoins pour l’irrigation des

cultures placent les cantons et les communes dans l’obligation de faire des

choix difficiles entre la protection des eaux et la production agricole. Les

deux solutions extrêmes – interdiction de tout prélèvement dans les cours

d’eau à des fins d’irrigation ou approbation de toutes les demandes se

référant à l’art. 32, let. d, LEaux – ne sont que rarement choisies dans la

pratique. La marge de manœuvre entre ces deux extrêmes est relativement

vaste, si bien que l’on parvient en général à trouver des solutions satisfai-

santes moyennant une pesée des intérêts à l’échelon local ou régional [12].

Durant l’été 2003, des prélèvements temporaires ont été autorisés dans

plusieurs cantons en conformité avec l’art. 32, let. d, LEaux, moyennant

abaissement des débits résiduels minimaux. Les expériences faites au cours

de l’été caniculaire de 2003 ne permettent guère de tirer de conclusions

quant à ce qui constitue une utilisation justifiée (signification de « notam-

ment »).

Un enseignement important qui ressort des exemples cantonaux est qu’il

vaut mieux envisager la possibilité d’autoriser des débits résiduels inférieurs

dès le début d’une période de sécheresse, soit dès le moment où il devient

Aide à la gestion des conflits

d’intérêts entre protection de

l’environnement et utilisations de

l’eau

Mise en œuvre de l’art. 32d

LEaux

Page 24: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

18

nécessaire d’imposer des restrictions ou de rejeter toute demande supplé-

mentaire. Un abaissement tardif est en général peu concluant étant donné

que l’agriculture a alors déjà pu être touchée et que l’écologie des cours

d’eau en souffrirait. Un autre enseignement est qu’il est important que les

cantons voisins se coordonnent pour l’abaissement des débits résiduels

minimaux.

En vertu de l’art. 53 LFH, les concessionnaires et les exploitants de centrales

hydrauliques sont tenus dans certaines circonstances de fournir de l’eau

aux communes (et donc pas aux particuliers). Ils peuvent alors prélever de

l’eau, pour autant qu’elle soit indispensable à leurs services publics. Il faut

entendre par là, par exemple, les prélèvements temporaires suite à une

pénurie d’eau ou aux fins de lutte contre les incendies. Dans le cas de pré-

lèvements durables, il convient de vérifier au préalable au cas par cas – tout

comme pour les prélèvements temporaires – si le prélèvement ne porte pas

atteinte aux droits acquis du concessionnaire et qu’il ne nécessite pas de

dédommager celui-ci. Concernant l’irrigation des surfaces agricoles, il con-

vient de distinguer entre l’intérêt particulier d’un agriculteur, soucieux

d’assurer sa subsistance, et l’intérêt public, qui exige que l’on assure la

quantité et la qualité de la production agricole. Si la clause de la nécessité

(l’eau « indispensable » à leurs services publics) exclut en principe tous les

événements prévisibles, il subsiste toutefois une certaine marge de ma-

nœuvre en la matière.

Le prélèvement n’est par ailleurs admissible que dans la mesure où la

commune ne pourrait se procurer l’eau ailleurs « qu’à des frais excessifs ».

La commune doit donc en principe être prête à admettre un certain sur-

coût.

Le prélèvement ne doit par ailleurs pas « entraver sérieusement »

l’exploitation de l’usine, ce qui signifie qu’il convient de préserver les droits

acquis du concessionnaire. Toute atteinte de ce type n’est admissible que

pour cause d’utilité publique, et doit, comme le précise l’art. 43, al. 2, LFH,

donner lieu à une indemnisation.

Ces exigences légales définies au niveau fédéral peuvent être précisées

davantage dans les législations cantonales, ou dans les concessions et les

autorisations de prélèvement. Les Grisons, par exemple, ont inscrit à

l’art. 18 de leur loi sur l’utilisation des forces hydrauliques du 12 mars 1995

(BWRG, 810.100) une clause de réserve pour les situations exceptionnelles

de pénurie d’eau, en précisant toutefois que les droits acquis devaient être

préservés.

3.2 Dispositions cantonales

Dans le chapitre qui suit, nous aborderons différentes manières d’établir les

priorités entre les ressources en eau au niveau des cantons, des communes

et des services des eaux. Étant donné que chaque canton répartit diffé-

Mise en œuvre de l’art. 53, al. 1,

LFH

Compétences des cantons, des

communes et des services des

eaux

Page 25: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

19

remment les responsabilités d’exécution entre communes et services des

eaux, nous avons préféré utiliser le terme générique de « dispositions can-

tonales ». Les deux exemples ci-après illustrent la variabilité pouvant exister

dans la répartition des compétences entre les cantons, les communes et les

services des eaux.

Dans le domaine de l’approvisionnement en eau potable, la plupart des

cantons confient via les lois cantonales la mise en œuvre directement

aux communes, en conservant un droit de regard. Les communes peu-

vent quant à elles confier la responsabilité de la fourniture d’eau po-

table à d’autres organismes publics ou privés, désignés ci-après par le

terme de services des eaux.

Pour l’utilisation des forces hydrauliques également, les cantons ont

défini divers cadres juridiques réglant la répartition des tâches et des

compétences.

Les cantons sont libres de définir l’ordre de priorités qui leur convient. Ils

disposent pour cela de divers instruments :

lois et ordonnances cantonales ;

stratégies et lignes directrices cantonales ;

directives relatives aux règlements d’approvisionnement en eau ;

formulation dans le cadre des autorisations environnementales et des

concessions.

Les exemples ci-dessous illustrent des réglementations cantonales conte-

nant une définition des priorités :

Thème Exemple / extrait représentatif

Concrétisation de l’art. 53

LFH – exemple du canton

des Grisons

Loi sur l’utilisation des forces hydrauliques du canton des Grisons (BWRG, art. 18)

Les communes ont le droit : […]

b) de prélever, sans indemnisation du concessionnaire, l’eau dont elles ont besoin

pour assurer l’approvisionnement en eau potable et, dans des situations exception-

nelles, pour lutter contre les incendies ainsi qu’à des fins d’irrigation. Ces prélève-

ments ne doivent pas entraver excessivement l’exploitation de la centrale hydrau-

lique, faute de quoi une indemnisation est due.

Priorité à

l’approvisionnement en eau

potable – exemple du can-

ton de Lucerne

Loi sur l’utilisation et l’approvisionnement en eau du canton de Lucerne, § 2 Principes

Dans le cadre de l’application de la présente loi, on respectera les principes ci-

dessous : […]

c. l’approvisionnement en eau potable a la priorité. Les autres utilisations sont admis-

sibles, dans la mesure où elles répondent à un intérêt public.

d. en situation de nécessité, l’approvisionnement en eau potable a priorité sur toute

autre utilisation.

Primauté de

l’approvisionnement en eau

potable – exemple du can-

ton de Fribourg

Loi sur les eaux du canton de Fribourg (LCEaux), art. 10 Ressources en eau et prélè-

vements d’eaux publiques:

La protection des ressources en eau et les prélèvements d’eaux publiques sont régis

par les principes suivants :

a) assurer une utilisation rationnelle et coordonnée des eaux publiques en accordant

la priorité à l’alimentation en eau potable.

Possibilités des cantons

Page 26: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

20

Prélèvements d’eau tenant

compte des impératifs

écologiques – exemple du

canton de Zurich

Loi sur la gestion des eaux du canton de Zurich, § 57

Les services du feu ainsi que la protection civile peuvent opérer des prélèvements dans les

eaux de surface tant publiques que privées, que ce soit dans le cadre d’interventions de

secours ou à des fins d’exercice, et ce sans dédommagement. Ils sont toutefois tenus de

laisser suffisamment d’eau pour assurer la survie des organismes végétaux ou animaux

présent sans les cours d’eau.

§ 74 En cas de pénurie aigue, la direction des travaux publics peut autoriser les communes

à opérer des prélèvements temporaires à des fins d’irrigation. Elle formule les exigences qui

s’imposent pour assurer la protection des organismes aquatiques.

Le droit cantonal désigne les détenteurs des droits d’utilisation. Ces der-

niers octroient – à l’exception de l’utilisation de la force hydraulique pour

les centrales frontalières, qui pose un certain nombre de questions – les

concessions et les autorisations relatives à l’utilisation de l’eau. L’autorité

cantonale compétente approuve les concessions octroyées par les com-

munes et les districts. L’octroi des concessions et des autorisations est réglé

dans la législation cantonale. En règle générale, tous les prélèvements ré-

guliers sortant des limites de l’usage commun, opérés dans des eaux super-

ficielles publiques, sont soumis à autorisation (art. 29 LEaux), que ce soit à

des fins d’approvisionnement en eau potable, d’exploitation de la force

hydraulique, d’irrigation des terres agricoles, d’enneigement artificiel ou

encore pour couvrir les besoins de l’industrie et de l’artisanat.

Les concessions et les autorisations de prélèvement peuvent prévoir des

restrictions en cas de disponibilité limitée des ressources en eau. Ces res-

trictions peuvent également être inscrites dans une loi cantonale, qui doit

s’aligner sur les dispositions du droit fédéral.

Nous reproduisons ci-après quelques exemples de formulation.

Thème Exemple / extrait représentatif

Réglementation dans la

législation cantonale –

exemple du canton de

Thurgovie

Possibilité de régler les droits d’utilisation au niveau de la législation cantonale, à l’exemple

de la loi sur l’utilisation des eaux du canton de Thurgovie, art. 12 Pénurie d’eau :

1 En cas de pénurie d’eau, le canton peut édicter les dispositions qui s’imposent. Il peut

restreindre les droits d’utilisation existants, sans qu’il y ait indemnisation.

2 Les moyens de droit contre ce type de dispositions n’ont pas d’effet suspensif. L’instance

d’appel peut toutefois accorder un effet suspensif sur demande, dans la mesure où les

intérêts privés sont clairement prépondérants.

Cette réglementation vaut pour tous les droits d’utilisation existants ; la question de

l’indemnisation est incluse. Formulation limitée aux cas de « pénurie d’eau ».

Restrictions d’utilisation inscrites

dans les concessions

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21

Réglementation dans la

législation cantonale –

exemple du canton de

Lucerne

Possibilité de régler les droits d’utilisation au niveau de la législation cantonale, à

l’exemple de la loi sur l’utilisation de l’eau et l’approvisionnement en eau du canton

de Lucerne, § 43 Pénurie d’eau et sécheresse exceptionnelle

1 En cas de pénurie d’eau et de sécheresse exceptionnelle, les instances cantonales et

communales compétentes prennent les mesures qui s’imposent.

2 Elles peuvent notamment

a. limiter les prélèvements,

b. déterminer le mode d’utilisation de l’eau prélevée,

c. réglementer le transport par conduite d’eau de source,

d. exiger la remise d’eau à des tiers moyennant dédommagement approprié.

Cette réglementation vaut pour tous les droits d’utilisation existants ; la question de

l’indemnisation est incluse. Formulation limitée aux cas de « pénurie d’eau et de

sécheresse ».

Réglementation dans la

législation cantonale –

exemple du canton d’Uri

Loi sur l’utilisation des eaux du canton d’Uri, art. 11 Principe

[…] En cas d’urgence déclarée, le Conseil d’État peut restreindre encore davantage,

pour une durée limitée, les droits d’utilisation existants.

Cette réglementation vaut pour tous les droits d’utilisation existants ; rien n’est dit

concernant une indemnisation.

Réglementation par le

biais d’une concession –

exemple du canton de

Thurgovie

Possibilité de régler les droits d’utilisation dans une concession, formulation type

utilisée dans le canton de Thurgovie :

La concession peut être révoquée dans son entier ou en partie, en tout temps, et sans

indemnisation ni remboursement. Il suffit pour cela que des intérêts supérieurs

l’exigent, notamment en période de sécheresse marquée,…

La formulation règle la question de l’indemnisation et laisse la place à différents fac-

teurs déclenchants.

Étant donnée la durée relativement longue de certaines concessions,

nombre de celles encore en vigueur ne répondent plus à la législation ac-

tuelle. Les concessions anciennes accompagnées d’une réglementation

lacunaire, notamment celles définissant des droits acquis ou d’anciens

droits d’eau, peuvent privilégier les utilisations au détriment des impératifs

de protection.

3.3 Principes

Nous énumérons ci-après les principes qui sont à l’origine d’un processus

compréhensible et transparent de pesée des intérêts dans une situation

exceptionnelle.

Dans le sens d’une optimisation économique, on cherche toujours dans un

premier temps à réduire la consommation d’eau dans tous les secteurs, en

tenant compte du principe de proportionnalité et de pertinence, et si pos-

sible sans occasionner de pertes majeures. Il s’agit par exemple de se limiter

à la couverture des besoins fondamentaux et, tout en tenant compte des

exigences qualitatives propres à certains usages, de rechercher des substi-

tuts aux sources existantes.

Pour réduire leur consommation autant que possible, les utilisateurs se

fondent sur l’état des connaissances et de la technique. Ils sont attentifs à

Marge de manœuvre en cas de

concession peu favorable

Limiter le gaspillage

État des connaissances et de la

technique

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22

la situation hydrologique et géographique du site considéré, ainsi qu’aux

ressources en eau à disposition, et appliquent des technologies efficientes,

respectueuses des ressources en eau.

La négociation et la définition préalables des critères et des règles appli-

cables améliorent l’acceptation et permettent aux différents intervenants

de planifier leurs activités de façon adéquate.

On ne peut guère appliquer le même ordre de priorités dans toutes les

situations, et il faudra toujours peser les intérêts au cas par cas. Dans les

cas limites, il s’agira d’évaluer la situation sur place, en tenant compte éga-

lement des intérêts en présence au niveau du bassin versant ou de la ré-

gion.

Les conditions peuvent évoluer au cours d’une seule et même situation de

pénurie. Les débits résiduels minimaux, en particulier, devront être rééva-

lués régulièrement au niveau local par des spécialistes. De même, les be-

soins des différents utilisateurs ne sont pas les mêmes partout et en tout

temps et évoluent tant au plan de la quantité que du degré d’urgence,

selon l’état de la production et des cultures agricoles.

L’obligation de coordination définie à l’art. 46 OEaux s’applique aussi à la

gestion des prélèvements dans les cours d’eau et à l’attribution de quotas

dans les situations exceptionnelles. Les utilisations prioritaires et les me-

sures seront également coordonnées entre les cantons et, au besoin, avec

la Confédération.

L’implication des intervenants et des personnes concernées est importante

aussi bien pour les différentes mesures que pour la recherche de solutions

dans les situations exceptionnelles et contribue de façon décisive à

l’acceptation des mesures. Il peut être utile de définir les interlocuteurs et

les processus à l’avance, mais ce n’est pas obligatoire, notamment pour les

petits cantons avec des intervenants bien connus. ► Point 5.1 Exemple du

canton de Soleure. À cet égard, on prêtera une attention particulière aux

points suivants :

implication des intermédiaires, soit des acteurs reconnus par les parties

concernées, comme une organisation faîtière ;

définition et communication précoces du cadre décisionnel, soit des

conditions-cadres et de la marge de manœuvre, pour éviter de susciter

des attentes erronées.

L’expérience montre que l’acceptation des restrictions d’utilisation est meil-

leure lorsque les restrictions touchent plusieurs types d’usage et qu’un seul

secteur ne supporte pas tous les frais. Lorsque la population est appelée à

économiser l’eau, on mettra en avant non pas l’aspect quantitatif, mais la

contribution symbolique de chaque individu à la gestion de la situation.

Définition préalable de règles du

jeu aussi claires que possible

Pesée des intérêts au niveau local

et régional

Évolution de la situation

Coordination entre les cantons

et avec la Confédération

L’implication améliore

l’acceptation

La solidarité améliore

l’acceptation des restrictions

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23

Lors d’une situation de pénurie, il est important de diffuser aussi rapide-

ment que possible des informations quant à l’évolution de la situation,

pour les agriculteurs, mais aussi pour les utilisateurs industriels et les autres

usagers. On veillera également à communiquer les incertitudes attachées à

ces informations pour éviter les planifications erronées. Étant donné le ca-

ractère incertain des prévisions, on s’efforcera lorsqu’une pénurie

s’annonce, d’envisager précocement des mesures peu incisives mais impor-

tantes sur le plan organisationnel.

3.4 Critères pour la définition des priorités

La définition des priorités pour la distribution de l’eau entre les besoins et

les utilisations doit respecter certains intérêts supérieurs, ainsi que bien

évidemment la législation. La pesée des intérêts doit se faire dans une

perspective de durabilité et viser une prise en compte équilibrée des inté-

rêts de la société, de l’environnement et de l’économie, en évitant de pré-

tériter exagérément un secteur par rapport aux autres.

Nous présentons ci-après les divers critères pouvant servir à déterminer

l’ampleur et l’urgence des besoins en eau pour les secteurs et les utilisa-

tions. Ces critères peuvent également entrer en ligne de compte dans la

pesée des intérêts.

Critères possibles ayant trait à l’écologie des eaux :

valeurs limites à respecter pour la survie des espèces (profondeurs

d’eau, teneur en oxygène, température de l’eau) ;

degré de protection dû aux diverses espèces présentes dans le cours

d’eau ;

acceptation sociale des atteintes à l’écologie des eaux (y c. de la biodi-

versité aquatique) ;

dommages irréversibles (dépérissement à grande échelle d’espèces

sensibles, répercussions à long terme).

Critères possibles ayant trait à l’agriculture :

abreuvage des animaux de rente conformément à l’OAEC ;

importance, notamment économique, des cultures ;

période et degré de maturation, sensibilité des cultures, préservation

des récoltes ainsi que de la qualité des produits (pommes de terre, p.

ex.) ;

efficience des techniques d’irrigation ;

exigences de qualité relatives à l’eau d’usage pour une hygiène adé-

quate ;

Information précoce lors d’une

situation exceptionnelle

Intérêts supérieurs

Écologie des eaux et biodiversité

Agriculture

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24

proximité aux cours d’eau et mode d’exploitation adapté aux condi-

tions locales ;

conséquences socio-économiques pour les exploitations.

Critères possibles ayant trait à l’approvisionnement public et privé en eau :

prééminence de l’approvisionnement public ancrée dans les lois canto-

nales ;

protection des nappes souterraines utilisées pour l’approvisionnement

en eau potable contre une éventuelle surexploitation ;

nécessité d’imposer des restrictions allant au-delà des mesures

d’économie librement consenties ;

exigences de qualité selon la législation sur les denrées alimentaires.

Critères possibles ayant trait à l’enneigement :

importance, notamment économique, pour une région donnée d’une

couverture neigeuse suffisante en temps voulu (dépendance de divers

secteurs à l’égard de l’exploitation des remontées mécaniques) ;

infrastructures d’enneigement efficientes et tenant compte des res-

sources en eau disponibles.

Critères possibles ayant trait à l’utilisation thermique des lacs et des cours

d’eau :

limites des dommages avec incidence sur la productivité ; potentiel de

réduction sans répercussions directes, p. ex. par le renoncement à la

climatisation ; mesures déjà prises pour réduire les apports thermiques ;

importance économique des produits ;

intérêt national au maintien du refroidissement des centrales nucléaires

(approvisionnement en électricité, dépendance à l’égard de l’étranger).

Critères possibles ayant trait à l’exploitation de la force hydraulique :

prélèvements sur le tronçon de la concession, en tenant compte des

droits acquis ;

limites des dommages avec incidence sur la productivité ;

exigences de qualité à l’égard de l’eau d’usage ;

conformité des débits résiduels à la législation en vigueur.

Approvisionnement en eau

Enneigement

Utilisation thermique

Force hydraulique

Page 31: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

25

4 Les mesures

4.1 Une collection de mesures sous forme de boîte

à outils

Dans ce chapitre, nous présentons une sélection de mesures visant à gérer

les conflits d’intérêts pouvant opposer utilisations de l’eau et impératifs

environnementaux lorsque l’eau se fait rare. La liste n’est pas exhaustive et

peut être complétée au besoin. Un autre rapport d’experts [28] commandi-

té par l’OFEV présente une série de mesures supplémentaires destinées à

équilibrer durablement l’offre et la demande. Toutes les approches esquis-

sées ci-après sont décrites en détail dans l’annexe, avec des exemples con-

crets lorsqu’il en existe.

La collection a pour ambition de montrer la variété de mesures à la disposi-

tion des services cantonaux et d’autres intervenants du domaine, qui sont

invités à l’utiliser comme une boîte à outils. Ils ne sont nullement tenus de

mettre en œuvre les mesures qui y sont décrites, notre objectif étant uni-

quement de les aider à mieux se préparer aux situations de pénurie, pour

mieux les maîtriser. Selon les conditions-cadres de chaque canton (instru-

ments existants, cadre législatif, formes d’organisation, espace naturel,

etc.), les mesures pertinentes pourront varier et, selon les besoins et la si-

tuation, on mettra en œuvre différentes variantes. Le chapitre 5 recense

divers exemples de solutions globales (combinaisons de mesures) appli-

quées par les cantons.

4.2 Structure de la collection de mesures

La collection de mesures s’articule selon les catégories ci-dessous :

A. mesures visant à fournir des bases décisionnelles (connaissances) né-

cessaires à la gestion des situations exceptionnelles ;

B. mesures organisationnelles visant à définir et à améliorer les procé-

dures types à appliquer en cas de situations exceptionnelles ;

C. mesures visant à assurer et à améliorer la communication et

l’information tant en interne qu’avec l’extérieur ;

D. instruments réglementaires destinés à la gestion des utilisations de

l’eau et à la mise en œuvre des restrictions ;

E. instruments économiques destinés à la gestion des situations excep-

tionnelles.

Les mesures techniques ayant trait aux infrastructures visent pour leur part

le plus souvent à équilibrer préventivement et à long terme les ressources

disponibles (offre) et la demande, et sont à ce titre abordées dans le rap-

Aperçu des mesures décrites à

l’annexe

Objet de la collection de mesures

Catégories de mesures

Page 32: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

26

port mentionné ci-dessus [28], lui aussi commandité par l’OFEV. Les me-

sures techniques destinées à faire face aux situations exceptionnelles ten-

dent en effet à être très détaillées et spécifiques au secteur concerné, rai-

son pour laquelle il n’était pas possible de les aborder dans le présent rap-

port.

En guise d’aide à l’orientation, nous signalons à côté de chaque mesure,

selon le schéma suivant, à quels besoins et usages elle est destinée, dans

quels délais elle peut être mise en œuvre, et à quel coût.

Utilisations et besoins

concernés Échéance Coût

EE écologie des eaux M un mois IS

investissements supplé-

mentaires nécessaires TH utilisation thermique A une année

FH force hydraulique PA plusieurs années RD

réalisable avec les res-

sources à disposition IR irrigation

NE enneigement

AE approvisionnement en

eau

Pour que les mesures soient efficaces en situation exceptionnelle, il con-

vient de les préparer ou de les initier à l’avance. Le coût de chaque mesure

dépend étroitement de la variante choisie pour sa mise en œuvre et des

bases existantes dans le canton concerné. Il n’est dès lors pas possible de

donner un estimatif des coûts.

4.3 Tableau récapitulatif des mesures

Le tableau 1 recense les mesures en les classant par catégories, avec

l’appellation de chacune et une brève description. Les secteurs concernés

sont signalés par un marquage en couleur, selon le schéma ci-dessus. Pour

une description détaillée des mesures, on se référera à l’annexe.

Page 33: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

27

N° Titre Bref descriptif

Be

so

in

s e

t u

tilisa

-

tio

ns co

nce

rn

és

Éch

éa

nce

Co

ût

Bases décisionnelles (connaissance)

1 Carte d’aptitude aux

prélèvements tempo-

raires

Répartition des eaux superficielles présentes sur le

territoire cantonal en différentes catégories sur la

base de leur aptitude aux prélèvements, selon des

critères ayant trait aux utilisations et à la protection

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

2 Système d’information

et de détection précoce

Mise en place d’un système d’information ou ex-

tension de systèmes d’information existants sur la

gestion des eaux en période de sécheresse, p. ex.

par la signalisation de débits d’étiage ou de tempé-

ratures critiques

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

Organisation (procédures types)

3 Centrale cantonale de

coordination

Attribution des tâches de préparation aux situations

de pénurie d’eau à une centrale cantonale de coor-

dination, à un service spécialisé ou à un ou une

responsable

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

4 Groupe de travail / état-

major spécialisé

Mise en place d’un groupe de travail cantonal

chargé de la gestion des pénuries d’eau et des

périodes de sécheresse

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

5 Manuel de gestion des

périodes de sécheresse

Élaboration d’un manuel au sens d’un plan

d’urgence et de communication décrivant les pro-

cédures types ainsi que les décisions et les mesures

nécessaires en période de sécheresse

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

6 Plan communal

d’approvisionnement en

temps de crise

Élaboration d’un plan communal

d’approvisionnement en temps de crise, confor-

mément aux dispositions de l’OAEC

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

7 Plan régional

d’approvisionnement en

temps de crise

Élaboration d’un plan régional

d’approvisionnement en temps de crise tenant

compte des scénarios régionaux de pénurie d’eau

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

8 Régime d’irrigation

coordonné

Coordination entre les intervenants agricoles des

quantités d’eau prélevées, des sites de prélèvement

et des heures d’irrigation en situation de pénurie

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

9 Pêches de sauvetage Préparation et exécution de pêches de sauvetage

dans les eaux menacées par un assèchement, par

de trop hautes températures ou par la pollution

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

10 Création de refuges

pour poissons

Dragages ponctuels dans les cours d’eau destinés à

ménager des possibilités de retrait pour les poissons

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

11 Gestion des pénuries de

fourrage

Application à l’échelon des exploitations agricoles,

du secteur d’activité, du canton ou de la Confédé-

ration (dernière instance) de mesures visant à pré-

venir les pénuries de fourrage dues à la sécheresse

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

Tableau 1 :

Récapitulatif des mesures

destinées à gérer les ressources

en eau dans les situations

exceptionnelles

Page 34: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

28

Communication (information)

12 Aide-mémoire sur les

pénuries d’eau

Fourniture d’informations, de bases légales ainsi que

d’instructions et de mesures de portée générale utiles

aux différents acteurs

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

13 Aide-mémoire sur

l’irrigation ad hoc

Élaboration d’un aide-mémoire sur l’irrigation ad hoc,

destiné à réduire la consommation d’eau, et sur

l’optimisation des disponibilités en eau pour les cul-

tures

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

14 Communiqués de

presse / bulletins de

sécheresse

Élaboration de bulletins et de communiqués destinés

à informer le grand public de l’évolution d’une situa-

tion d’urgence et de sa gestion

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

15 Circulaires aux autori-

tés compétentes

Courriers d’information aux instances cantonales et

communales ainsi qu’à d’autres institutions concer-

nées sur la gestion coordonnée des situations de

pénurie imminente

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

Instruments réglementaires

16 Inscription de restric-

tions dans les conces-

sions

Ajout aux nouvelles concessions ainsi qu’aux conces-

sions en cours de clauses restreignant les prélève-

ments lorsque les débits diminuent

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

17 Pratique en matière

d’autorisation des

prélèvements tempo-

raires

Définition et communication claire de la pratique en

matière d’autorisation des prélèvements temporaires

en période de pénurie

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

18 Plan de restrictions sur

les prélèvements

Promulgation temporaire d’interdictions et de restric-

tions touchant les prélèvements dans les eaux de

surface ou les aquifères en situation de pénurie

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

19 Mise en œuvre des

interdictions de prélè-

vement sur le terrain

Pesée des intérêts et mise en œuvre des interdictions

de prélèvement ainsi que des directives concernant

les autorisations et les concessions temporaires, con-

trôle sur place du respect des débits résiduels mini-

maux

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

20 Système des échelles

limnimétriques

Mise en œuvre des débits résiduels minimaux à l’aide

d’échelles limnimétriques permettant de visualiser

clairement les débits résiduels effectifs

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

21 Restrictions touchant

les services publics

d’approvisionnement

Élaboration d’un concept relatif aux restrictions

d’utilisation lors de situations exceptionnelles, avec

définition d’un ordre de priorités parmi les utilisations

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

Instruments économiques

22 Solutions d’assurance

pour les pertes de

récoltes liées à la

sécheresse

Conclusion d’une police d’assurance couvrant les

pertes de récoltes subies suite à une période de sé-

cheresse extrême et exceptionnelle

EE IR M IS

TH NE A RD

FH AE PA

Page 35: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

29

5 Exemples cantonaux

Sur la base de quatre exemples cantonaux, nous tâcherons ci-dessous

d’illustrer la pratique en matière de gestion des situations de pénurie.

Exemple 1, canton de Soleure : solutions trouvées par un canton de

taille petite à moyenne pour concilier irrigation des cultures et protec-

tion du milieu aquatique.

Exemple 2, cantons de Vaud et de Fribourg : coordination intercanto-

nale des prélèvements d’eau aux fins d’irrigation en situation de pénu-

rie.

Exemple 3, canton de Berne : TroSec – un processus prédéfini pour la

gestion des situations exceptionnelles de pénurie d’eau. Les solutions

mises en place par un grand canton.

Exemple 4, canton de Bâle-Campagne : coordination et communication

par l’état-major de crise cantonal, restrictions d’utilisation sur l’eau

fournie par les services publics d’approvisionnement.

Ces exemples illustrent les synergies et les interactions entre les diverses

mesures énumérées dans le tableau 1. Chaque exemple est subdivisé en

trois sous-sections – situation de départ, organisation et communication –

avec pour chacun les facteurs contribuant à la réussite des projets.

5.1 Exemple du canton de Soleure

Solutions trouvées par un canton de taille petite à moyenne pour concilier

irrigation des cultures et protection du milieu aquatique.

5.1.1 Situation de départ et préparatifs

Le service de l’environnement du canton de Soleure (Amt für Umwelt, AfU)

octroie le plus souvent des autorisations saisonnières pour l’irrigation des

cultures. Dans sa fiche pratique sur les prélèvements dans les eaux superfi-

cielles à des fins d’irrigation [1], il établit les catégories suivantes :

Il est toujours possible de pomper de l’eau dans l’Aar, étant donné que

les débits résiduels minimaux sont en permanence respectés.

Il est le plus souvent possible de pomper de l’eau dans la Dünnern,

l’Oesch, le Grüttbach, la Lüssel et le Mittelgäubach. Pendant les pé-

riodes très sèches, il est parfois nécessaire de limiter les volumes préle-

vés, en fonction du débit.

Dans les autres cours d’eau, il n’est habituellement pas possible de

pomper de l’eau en période de sécheresse, car les débits résiduels mi-

nimaux ne sont pas respectés. Une dérogation pourra toutefois être ac-

cordée au cas par cas, après examen de la situation.

Situation de départ et pratiques

cantonales

Page 36: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

30

Pour évaluer les volumes d’eau pouvant être prélevés par chaque utilisateur

remettant un formulaire de demande, le service se fonde sur les expé-

riences passées. Les demandes portant sur de grands volumes et les nou-

velles demandes sont examinées avec une attention particulière. Outre

l’auteur de la demande, le service informe également le service de la

pêche, la commune où est effectué le prélèvement et, selon les cas, le

centre cantonal de conseil de fumure.

Lorsque le système d’irrigation prévu comporte un bassin d’accumulation,

l’exploitant agricole obtient en principe une autorisation pluriannuelle, ce

qui lui permet d’atteindre une meilleure efficience. L’approche permet

d’éviter des prélèvements importants dans les eaux superficielles sur une

courte période et permet à l’exploitant de mieux planifier ses travaux. Les

aménagements techniques sont effectués de telle manière que les prélè-

vements ne sont possibles que jusqu’à un (ou à partir d’un) certain débit.

Pour faire face aux pénuries d’eau, le canton de Soleure s’est doté des ins-

truments et des possibilités d’intervention suivants :

Détermination et contrôle régulier des débits résiduels minimaux de

cours d’eau critiques en vue de situations exceptionnelles. Le rapport

établi concernant la Dünnern est disponible sur demande auprès du

service cantonal de l’environnement (AfU).

Installation d’échelles limnimétriques sur des profils déterminés (p. ex. à

proximité d’un pont) sur certains cours d’eau, pour permettre de visua-

liser le débit résiduel admissible. ► Mesure n° 20 : Système des

échelles limnimétriques.

Fiche pratique sur les prélèvements d’eau [1] avec les bases légales per-

tinentes, un talon pour remettre une demande, des conseils pratiques

pour l’irrigation, des indications concernant les débits résiduels mini-

maux et les possibles restrictions. ► Mesures n° 17 : Pratique en ma-

tière d’autorisation des prélèvements temporaires et 12 : Aide-mémoire

sur les pénuries d’eau.

Documentation sur les années de sécheresse passées : rapport sur la

sécheresse de 2003 [2] (disponible sur demande auprès de l’AfU) et

rapport sur la sécheresse de 2011 [3].

5.1.2 Organisation interne et procédures types

En cas de sécheresse imminente, le service de l’environnement prend la

direction des opérations et fait appel à des représentants des milieux de la

pêche et de l’agriculture ainsi que de l’union des paysans.

Pour les cas de sécheresse prononcée, on faisait appel par le passé à la

task-force Sécheresse, chargée de prodiguer des conseils et de prendre des

décisions également en dehors des heures de bureau. Cette task-force n’a

pas été institutionnalisée : les processus prédéfinis et les critères immuables

ne se sont pas révélés judicieux dans le cas du canton de Soleure.

Préparatifs en vue de situations

exceptionnelles

De la task-force Sécheresse à des

procédures informelles

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31

Aujourd’hui, lorsque les débits critiques sont atteints ou que les gardes-

pêche signalent un problème, soit les parties engagent une discussion bila-

térale, soit l’on organise des réunions de coordination au sujet de la séche-

resse.

Durant l’été caniculaire de 2003, l’état-major de direction a pris les rênes

des opérations avec un groupe de travail spécialisé. Ce dernier a été dis-

sous par la suite, car, à la différence d’inondations par exemple, une séche-

resse s’installe le plus souvent de manière graduelle. Dans un petit canton

comme Soleure, on dispose ainsi de suffisamment de temps pour trouver

des solutions appropriées en concertation avec les acteurs concernés.

Si de larges parts de la population étaient touchées, la direction des opéra-

tions serait sans doute confiée à l’état-major cantonal de direction. Cela

permettrait de mieux maîtriser les flux d’information et de communication,

un facteur primordial lors d’une situation de grande ampleur.

Le nombre d’agriculteurs touchés n’est pas excessif, et il a jusqu’ici été

possible de les impliquer directement dans la gestion de la situation. En

2011, lorsque la sécheresse a atteint des niveaux critiques, le service de

l’environnement a invité les agriculteurs concernés, l’union des paysans et

le service de l’agriculture à une soirée d’échanges, consacrée à la recherche

de solutions. La discussion a notamment porté sur la fréquence d’arrosage

nécessaire pour les différentes surfaces cultivées et les divers types de cul-

tures, et sur la quantité d’eau qu’il est possible de prélever en un temps

donné pour respecter les débits résiduels minimaux. Les participants ont

opté pour un tableau Doodle dans lequel les agriculteurs pouvaient

s’inscrire en respectant les règles définies en commun et qui permettait à

chacun de voir quand il pouvait prélever de l’eau.

► Mesure n° 8 : Régime d’irrigation coordonné.

Les gardes-pêche jouent eux aussi un rôle important : affiliés à la police

cantonale, ils intensifient leur action sur le terrain durant les périodes de

sécheresse pour observer la situation et contrôler les prélèvements.

Étant donnée la grande richesse du canton de Soleure en eaux souter-

raines, ce n’est que lors de très longues périodes de sécheresse qu’il faut

s’attendre à des restrictions dans l’approvisionnement public en eau. Les

communes du canton sont encouragées à couvrir leurs besoins courants à

partir de deux nappes phréatiques indépendantes (approche dite du « deu-

xième pilier »). C’est pourquoi il est très rare que les usagers subissent des

restrictions, même en cas d’autres événements (p. ex. accidents). Et lors-

qu’une pénurie touche malgré tout les services publics

d’approvisionnement, les autorités se tournent vers un petit nombre de

gros utilisateurs industriels afin de trouver des solutions qui soient rapide-

ment efficaces. Ces grands utilisateurs sont connus du service de

l’environnement, car encore une fois la taille du canton permet aux autori-

tés de garder une bonne vue d’ensemble des utilisateurs présents sur son

territoire.

État-major spécial Sécheresse

Expériences concrètes du

printemps 2011

Procédure adoptée lors de

pénuries touchant les structures

publiques d’approvisionnement

en eau

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32

Du point de vue du service de l’environnement, il était très important

dans la situation décrite d’impliquer l’union des paysans et les agriculteurs

concernés dans la recherche de solutions, tant pour pouvoir profiter de leur

riche expérience qu’à des fins d’acceptation des mesures imposées.

En renonçant sciemment aux procédures institutionnalisées au profit

d’un contact direct avec les parties concernées, un canton de taille petite à

moyenne comme le canton de Soleure peut trouver des solutions pragma-

tiques et efficaces, qu’il serait difficile d’atteindre au moyen de procédures

prédéfinies.

5.1.3 Communication et information

Les canaux de communication ci-dessous sont complémentaires et utilisés

en fonction des besoins :

Communication directe avec les parties concernées, avec le concours

de spécialistes (p. ex. agriculteurs, union des paysans, inspecteurs de la

pêche).

Site Internet : brochures d’information, fiche sur l’octroi

d’autorisations, etc.

Communiqués de presse : concours du délégué aux médias du gouver-

nement cantonal.

Dans un canton de taille petite à moyenne comme le canton de Soleure,

il est possible de dialoguer directement avec les acteurs concernés. Lorsque

le territoire concerné est plus vaste, on optera pour des canaux à plus large

diffusion, comme les communiqués aux médias.

5.2 Exemple des cantons de Vaud et de Fribourg

Coordination intercantonale des prélèvements d’eau aux fins d’irrigation en

situation de pénurie.

5.2.1 Situation de départ et préparatifs

Les cantons de Vaud et de Fribourg coordonnent depuis un certain nombre

d’années déjà leurs prélèvements d’eau en période de sécheresse. Chaque

canton possède néanmoins sa propre structure organisationnelle et une

pratique qui lui est propre en matière d’autorisations.

Se fondant sur la directive cantonale en matière de gestion des prélève-

ments d’eau à des fins agricoles en période de sécheresse, le canton de

Fribourg a mis sur pied un groupe de travail permanent, qui se réunit à

intervalles régulier mais surtout en temps de crise. Il est constitué d’un re-

présentant de chacun des organismes suivants :

Service des ponts et chaussées (section Lacs et cours d’eau),

Service de l’agriculture,

Facteurs de réussite

Facteurs de réussite

Groupe de travail cantonal du

canton de Fribourg

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33

Grangeneuve, Institut agricole de l’État de Fribourg,

Service de l’environnement,

Service des forêts et de la faune (section Faune aquatique et pêche).

Suite aux sécheresses de 1962 et 1976, le canton de Vaud a mis sur pied

en 1977 la Commission cantonale de gestion des ressources en eau (GRE).

Il s’agit d’un organe important, chargé de rapprocher les acteurs concernés

pour assurer une répartition équitable des ressources en eau dans une si-

tuation de pénurie. La commission compte sept membres, délégués par les

organes cantonaux suivants :

Direction générale de l’environnement, domaine des eaux de surface,

des eaux souterraines et de l’hydrogéologie,

Service des améliorations foncières,

Service de la pêche,

Service de la consommation et des affaires vétérinaires, section Distri-

bution de l’eau,

Assurance bâtiments (subventions au réseau de conduites d’eau),

Service de l’agriculture.

Les membres de la commission se réunissent en principe une à deux fois

par an pour échanger des informations d’ordre général. En cas

d’événement exceptionnel, le ou la responsable du Département du terri-

toire et de l’environnement convoque une séance extraordinaire.

5.2.2 Organisation interne et procédures types

Les procédures utilisées dans le canton de Fribourg reposent sur un sys-

tème d’alerte à trois niveaux (cf. figure 4). En cas de niveau d’alerte mini-

mum (jaune), les autorités échangent des informations entre elles ainsi

qu’avec les cantons voisins concernant les situations potentiellement cri-

tiques. En cas de niveau d’alerte deux (orange), les autorités consultent les

agriculteurs et diffusent un avis de sécheresse. En cas de niveau d’alerte

maximum (rouge), elles interdisent tout pompage agricole.

Lorsqu’une interdiction générale de prélèvement est prononcée, toutes les

autorisations d’irrigation en cours sont levées. Les critères pouvant motiver

les autorités à prendre une telle décision sont l’atteinte prochaine des dé-

Commission cantonale de

gestion des ressources en eau

(GRE) du canton de Vaud

Procédure en cas de sécheresse

dans le canton de Fribourg

Figure 4 :

Degrés d’alerte en période de

sécheresse dans le canton de

Fribourg

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34

bits résiduels minimaux, une réduction sensible des réserves d’eau potable,

un déficit important de précipitations ou une faune piscicole en difficulté.

En 1998, de 2003 à 2006 ainsi qu’en 2009, le canton de Fribourg a pro-

noncé des interdictions de prélèvement dans les eaux superficielles, avec

possibilité de dérogation. Les expériences faites lors de ces périodes de

restrictions ont permis de déceler un potentiel d’amélioration et d’affiner

encore la procédure. Depuis 2010, le canton de Fribourg accorde des dé-

rogations aux fins d’irrigation sur la base des plans régionaux d’irrigation,

qui ne concernent que les cours d’eau « sensibles » que sont la Bibera (di-

visée en trois secteurs), la Broye, la Petite Glâne et l’Arbogne.

Le groupe de travail cantonal désigne les bénéficiaires de telles déroga-

tions, les volumes de prélèvement admissibles, le moment, la durée et le

nombre des pompages autorisés à un moment donné. ► Mesure n° 8 :

Régime d’irrigation coordonné. Les plans d’irrigation n’ont cours que du-

rant les interdictions générales de prélèvement.

Le canton de Vaud accorde aux communes et aux communautés

d’irrigation des autorisations à bien plaire pour les prélèvements mobiles

dans les eaux superficielle à des fins d’irrigation. Le canton peut révoquer

ces autorisations temporairement, en prononçant une interdiction générale

de pompage, ce que les autorisations mentionnent expressément. Lors-

qu’une interdiction généralisée est en vigueur, le canton publie sur son site

Internet un tableau (cf. figure 5) recensant les exceptions, soit les autorisa-

tions à bien plaire qui ont été maintenues.

Des interdictions de ce type ont été promulguées au moins une fois tous

les deux ans. En été 2003, par exemple, ces autorisations à bien plaire ont

été accordées avec davantage de retenue, mais les prélèvements de peu

d’importance opérés dans de grands cours d’eau (Rhône), dans des lacs ou,

à court terme, dans des cours d’eau peu de temps après un orage, ont

continué d’être autorisés. Dans certains cas, des débits résiduels de moins

de 50 l/s ont été autorisés ([12], p. 128, 134). Pour le contrôle et les con-

tacts avec les utilisateurs, le canton de Vaud, qui recouvre une large super-

ficie, nomme des chefs de secteur.

La coordination entre les deux cantons a déjà une longue tradition, avec

une priorité donnée au respect des différences et à la recherche d’intérêts

communs. Elle se fait sur la base d’échanges directs entre les responsables

de section des deux cantons, le canton de Fribourg lançant la procédure

dès le déclenchement du premier degré d’alerte sécheresse (en jaune, cf.

figure 4).

Pour les cours d’eau concernant les deux cantons, la coordination concerne

notamment :

la publication simultanée des interdictions de prélèvement (FR), resp.

des restrictions de prélèvement (VD) ou

Procédure en cas de sécheresse

dans le canton de Vaud

Coordination entre les cantons

de Vaud et de Fribourg

Page 41: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

35

les prélèvements opérés dans le cadre de dérogations dans le canton

de Fribourg, avec des restrictions par tronçon dans le canton de Vaud.

Le projet-modèle « Gestion intégrée des eaux dans le bassin versant de la

Broye et le Seeland » est parmi les projets promus dans le cadre du pro-

gramme de la Confédération pour un développement territorial durable

2014–2018. Il a pour but de mettre à l’ordre du jour et de renforcer la

coordination intercantonale (VD, FR et BE) et la communication à l’échelle

du bassin versant. Il est par exemple prévu d’examiner avec les agriculteurs

un mécanisme selon lequel les agriculteurs mettraient des terres cultivables

à disposition pour des revitalisations, en échange de contingents plus éle-

vés pour irriguer leurs cultures en période de sécheresse.

Des plans d’irrigation (canton de Fribourg) définissent des règles claires

et permettent de réduire la charge de travail pendant les situations excep-

tionnelles, puisqu’il n’est plus nécessaire d’effectuer des évaluations régu-

lières sur place.

Grâce aux organes spécialisés (GRE dans le canton de Vaud, groupe de

travail cantonal pour Fribourg), il est possible d’affiner en continu la gestion

des périodes de sécheresse, sur la base des expériences passées. Ces or-

ganes spécialisés permettent d’une part d’élaborer une stratégie à long

terme et d’autre part de réagir rapidement en cas de nécessité.

Le travail de la Direction générale de l’environnement du canton de

Vaud se répartit sur quatre secteurs, doté chacun d’un responsable

« proche du terrain » et accomplissant un important travail de médiation.

5.2.3 Communication et information

Lorsqu’une interdiction générale de pompage est prononcée dans le can-

ton de Vaud, le canton publie sur son site Internet un tableau recensant les

restrictions de pompage aux fins d’irrigation. L’exemple présenté ci-dessous

date de mai 2011. Pour les tronçons marqués d’un (1), les décisions sont

coordonnées avec le canton de Fribourg.

Cette suspension généralisée des autorisations de pompage est notifiée par

écrit aux utilisateurs et publiée dans la Feuille des avis officiels ainsi que par

communiqué de presse. Les dérogations sont généralement accordées pour

les cours d’eau ne présentant pas de problème particulier (Sarine, Broye,

Grand Canal, lacs de grande taille).

Le canton de Fribourg résilie toutes les autorisations après un certain temps

et le communique par écrit. Il met également en service un répondeur

automatique. Par le biais des plans d’irrigation, le canton obtient une vue

d’ensemble des particuliers et des communautés d’irrigation opérant des

prélèvements dans les cours d’eau.

Facteurs de réussite

Canton de Vaud : publication

des interdictions de pompage

Canton de Fribourg : publication

des interdictions de pompage

Page 42: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

36

Le système d’alerte graduel mis en place par le canton de Vaud (selon le

degré de gravité) a fait ses preuves. Les services d’approvisionnement en

eau peuvent adresser leurs demandes à une centrale, qui les transmet au

spécialiste compétent.

Il est important d’assurer la cohérence entre les messages communiqués

par courrier écrit, via les médias et via le répondeur automatique, afin de

lever toute ambiguïté (canton de Fribourg).

5.3 Exemple du canton de Berne

TroSec – un processus prédéfini pour la gestion des situations exception-

nelles de pénurie d’eau. Les solutions mises en place par un grand canton.

5.3.1 Situation de départ et préparatifs

Le canton de Berne exploite un système élaboré de gestion des périodes de

sécheresse, qui, comme le montre la figure 6, s’articule sur trois niveaux. La

planification et la stratégie, axées sur le long terme, forment la base du

système. Le deuxième niveau correspond à la mise en œuvre et à

l’information, qui visent le moyen terme. En présence d’une situation ex-

Figure 5 :

Tableau des autorisations de

pompage aux fins d’irrigation

dans le canton de Vaud

(août 2015)

Facteurs de réussite

Page 43: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

37

ceptionnelle de pénurie, le processus TroSec entre en jeu pour agir sur le

court terme. L’exemple ci-après permet de visualiser le processus.

Le système des échelles limnimétriques (► Mesure n° 20) est la clef de

voûte du processus TroSec, qui entre en jeu lors de périodes de sécheresse

prolongées. Il permet d’assurer de manière automatique le respect des

débits résiduels minimaux, sans que l’on doive prononcer d’interdictions

pour chaque cours d’eau. Les communes savent en tout temps combien

d’autorisations elles peuvent (encore) octroyer. Il permet à l’Office des eaux

et des déchets du canton de Berne (OED) et aux autres organes compé-

tents d’effectuer des contrôles et d’imposer le respect des débits résiduels

minimaux, et revêt une grande utilité lors de l’octroi ou du renouvellement

de concessions.

Pour effectuer des prélèvements dans les eaux souterraines et superficielles,

une concession d’eau d’usage est en principe nécessaire. Les communes

peuvent accorder des autorisations pour les prélèvements mobiles et limités

dans le temps dans des eaux superficielles, notamment s’ils sont destinés à

l’irrigation de cultures. Ce type d’usage, qui relève d’un « usage commun

accru », est réglé en détail dans l’ordonnance bernoise du 20 mars 1991

sur le prélèvement d’eau dans les eaux de surface (OPES). Celle-ci précise

notamment que le canton répartit les eaux de surface en trois catégories,

en fonction de leur débit (grands, moyens et petits cours d’eau). ► Mesure

n° 1 : Cartes d’aptitude aux prélèvements temporaires. L’objectif premier

est ici de garantir les débits résiduels minimaux selon la LEaux.

Le service spécialisé Eau d’usage (division Utilisation des eaux, OED) est

responsable de la mise en œuvre de toutes les procédures de concession

relatives à l’eau d’usage, avec diverses tâches ayant trait à la gestion à long

terme (gestion courante) et à la maîtrise des pénuries d’eau. ► Mesure

n° 3 : Centrale cantonale de coordination.

Figure 6 : la place du système

TroSec dans une gestion intégrée

des eaux

Situation de départ et pratiques

usuelles

Préparatifs en vue de situations

exceptionnelles

Page 44: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

38

C’est à la suite de l’été caniculaire de 2003 qu’a été élaboré le processus

TroSec, avec un manuel et divers documents ad hoc comme un ordre du

jour-modèle, des communiqués de presse (► Mesure n° 14), un aide-

mémoire sur l’irrigation ad hoc en période de sécheresse (► Mesure n° 13),

etc.

Le processus décrit les différentes étapes et les mesures visant à maîtriser

les situations de pénurie d’eau. On trouvera un aperçu du contenu du ma-

nuel TroSec dans la ► Mesure n° 5.

5.3.2 Organisation et procédures internes

Pour ce qui touche aux procédures, on distingue entre trois scénarios :

année normale : l’irrigation des cultures ne présente pas de problème

particulier, les débits sont en général supérieurs aux débits de dota-

tion ;

sécheresse normale : les débits sont à plusieurs reprises inférieurs aux

débits de dotation, des interdictions sont parfois prononcées dans les

cantons voisins ;

sécheresse extrême : les débits sont inférieurs aux débits de dotation

durant de longues périodes, les eaux atteignent des températures pro-

blématiques.

Les procédures applicables lors d’une année normale ne sont pas décrites

dans le présent rapport.

En cas de sécheresse normale, on opte pour les procédures et les mesures

suivantes :

des informations mises à jour chaque semaine sont mises en ligne con-

cernant les débits, l’évolution du temps et l’irrigation des cultures ;

relevé toutes les deux semaines des niveaux des lacs et des cours d’eau

en des points représentatifs, observations sur le terrain par l’autorité

compétente en matière de droit de la pêche ;

échange d’informations avec l’OFEV et les cantons voisins ;

préparation à la communication avec les services spécialisés et les mé-

dias (réserver les canaux/organes adéquats, préparer les communi-

qués) ;

première séance d’information du groupe de travail TroSec, organisa-

tion des remplacements au sein de la direction du système TroSec,

séance préparatoire avec les principaux intervenants.

En cas de sécheresse extrême, on opte pour les procédures et les mesures

suivantes :

1. augmentation de la fréquence des relevés, garantie d’heures de pré-

sence adéquates des membres de la direction de TroSec et de leurs

remplaçants ;

Procédures applicables en cas de

sécheresse normale

Procédures applicables en cas de

sécheresse extrême

Page 45: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

39

2. solliciter la possibilité d’interdire les prélèvements dans les lacs et les

cours d’eau publics pour l’année en cours, mise en route du groupe de

travail TroSec sous la supervision de sa direction, organisation d’une

première séance avec l’ordre du jour suivant :

bilan de la situation,

déclaration commune de la période de sécheresse/situation

d’urgence,

introduction de mesures concrètes, au besoin en concertation avec

les cantons voisins ;

3. informations aux communes et aux autres organes ;

4. mise en ligne du site Internet TroSec, en veillant à une visibilité maxi-

male et à une mise à jour en continu des informations ; tenue hebdo-

madaire d’une séance du groupe de travail TroSec, avec l’ordre du jour

suivant :

bilan de la situation,

allègement éventuel de certaines restrictions, p. ex. pour irriguer

des cultures prioritaires (exceptions en cas de nécessité, conformé-

ment à l’art. 32, let. d, LEaux),

imposition éventuelle de restrictions sur certaines cultures, certains

systèmes hydrographiques, certaines heures de la journée,

réduction des débits résiduels minimaux par indication des nou-

veaux débits minimum à respecter ;

5. mise en œuvre des décisions et information des groupes d’intérêts,

publication sur le site Internet du possible abaissement des débits rési-

duels et des niveaux minimum ;

6. envoi des décisions et des arrêtés aux communes et aux concession-

naires, information des divers groupes d’intérêts concernant ces déci-

sions et ces arrêtés ;

7. si le groupe de travail TroSec décide de déclarer la fin d’une période de

sécheresse, il convient d’informer les groupes d’intérêt du retour à la

normale, soit de la validité des débits de dotation selon la marque

rouge ; abrogation de toutes les dispositions provisoires.

Les services cantonaux suivants sont représentés au sein du groupe de tra-

vail TroSec :

OED : direction de l’office, directions des divisions et des sections con-

cernées, direction du processus TroSec, direction de la section Hydro-

métrie, service juridique ;

état-major de l’Office de l’agriculture et de la nature, autorité chargée

des questions liées au droit de la pêche (Inspection de la pêche) ;

autorité chargée de la communication du canton (ComBE).

En cas d’événement exceptionnel, les mesures peuvent se fonder sur le

débit de dotation, un critère largement accepté et facilement vérifiable sur

Le groupe de travail TroSec

Facteurs de réussite

Page 46: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

40

le terrain grâce aux échelles limnimétriques et aux stations de mesures

automatiques.

Une communication précoce est mise en place avec les instances canto-

nales concernées ainsi que d’autres groupes d’intérêts (représentants

d’associations des paysans et concessions collectives), notamment dans le

cadre d’une séance axée sur la prévention.

Les mesures, les documentations, les sites Internet ainsi que l’appui of-

fert par le secrétariat ont été dûment préparés et fonctionnent de manière

fiable.

5.3.3 Communication et information

Les expériences faites lors de la canicule de l’été 2003 ont montré que les

communiqués de presse sont particulièrement utiles lorsqu’ils concernent

des décisions concrètes (interdiction de prélever, abaissement des débits

résiduels minimaux, levée des interdictions). Les communiqués sont publiés

en étroite concertation entre les instances responsables et l’organe de

communication du canton.

Les bases de l’information sont :

un accès en temps réel aux données concernant les débits ;

une carte interactive ;

une banque de données d’adresses ;

un site Internet dédié aux périodes de sécheresse ;

un communiqué de presse-modèle ;

des aide-mémoire et des check-lists ciblés en fonction du destinataire

(communes et police, p. ex.).

La description de l’organisation et des procédures (point 5.3.2)

s’accompagne de suggestions concernant l’implication et l’information de

divers acteurs.

La communication est centralisée et transite exclusivement par le res-

ponsable du processus TroSec (porte-parole), les communiqués officiels

sont discutés au préalable au sein du groupe de travail.

5.4 Exemple du canton de Bâle-Campagne

Organisation et communication en cas de restrictions frappant les services

publics d’approvisionnement en eau.

5.4.1 Situation de départ et préparatifs

Pour ce qui touche à l’approvisionnement en eau, le canton de Bâle-

Campagne compte deux parties distinctes :

Communiqués aux médias /

contact avec les médias

Facteurs de réussite

Approvisionnement en eau dans

le canton de Bâle-Campagne :

les zones géographiques

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41

une partie densément peuplée, à l’aval des bassins versants cantonaux,

dotée d’abondantes nappes phréatiques (provenant des vallées de

l’Ergolz et de la Birse, notamment, mais également de l’infiltration arti-

ficielle des eaux du Rhin) ; dans ces communes, c’est moins la problé-

matique de la sécheresse qui prédomine que celles des pollutions acci-

dentelles, notamment parce que les couloirs d’eaux souterraines lon-

geant les cours d’eau sont très étroits, et donc les temps d’écoulement

jusqu’aux captages plutôt courts.

une partie constituée de régions situées en amont, où vit environ 15 %

de la population du canton, caractérisée par des aquifères karstiques et

la petite taille des communes ; les périodes de sécheresse touchent

avant tout les petites communes, non reliées à un grand groupement

d’adduction d’eau, où, en cas de sécheresse, les aquifères karstiques

sont souvent les premiers épuisés.

Une planification régionale de l’approvisionnement en eau est effectuée

sous la direction du canton, sur la base d’une subdivision du territoire can-

tonal en dix régions. Les principaux scénarios de référence pour la planifica-

tion sont celui de la « sécheresse » (offre et demande au cours de

l’été 2003) ainsi que celui de la « pollution des eaux » (panne de toutes les

stations de pompage des eaux souterraines situées le long des cours d’eau,

comme lors des crues de la Birse en 2007). Les communes doivent mettre

en place un deuxième pilier indépendant pour l’approvisionnement en eau.

Des conduits de raccordement ont d’ores et déjà été installés à cet effet.

L’OAEC prévoit que les communes élaborent des plans

d’approvisionnement, de manière à pouvoir assurer leur approvisionne-

ment en eau potable en temps de crise. Le canton de Bâle-Campagne s’est

par ailleurs d’ores et déjà doté d’un plan régional d’approvisionnement en

temps de crise (région de Laufental-Thierstein, cantons de BL/SO, en réac-

tion aux inondations de 2007) régissant la coordination des acteurs et des

mesures régionales en cas d’événement majeur. ► Mesure n° 7 : Plan ré-

gional d’approvisionnement en temps de crise.

5.4.2 Organisation interne et procédures

Le système d’infrastructures civiles, piloté par un organe de direction com-

mun, réunit les forces de l’ordre, les services du feu, les services

d’ambulance, les services techniques et la protection civile. Lors

d’événements de petite envergure ou dans un premier temps, l’organe

responsable est l’état-major de conduite régional (EMCoR) et, en cas

d’événement d’envergure suprarégionale, l’état-major de crise cantonal

(EMCC). Dans le canton de Bâle-Campagne, l’EMCC entre relativement vite

en action en cas de pénurie d’eau. Les bases légales pertinentes sont la loi

cantonale sur la protection de la population et la protection civile ainsi que

l’ordonnance correspondante. L’EMCC présente une structure modulaire

au plan opérationnel, ce qui signifie que selon le type d’événement, on fait

Planification régionale de

l’approvisionnement en eau

Plans régionaux et communaux

d’approvisionnement en eau en

temps de crise

Organisation modulaire du

système d’infrastructures civiles

Page 48: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

42

intervenir les représentants des divers secteurs. En cas de problème lié aux

services d’approvisionnement en eau, le fontainier ou le responsable

d’exploitation a compétence pour faire appel à l’EMCoR, si possible après

consultation du Conseil communal.

L’EMCC remplit de nombreuses tâches : coordonner, informer, assurer la

communication, l’approvisionnement et les axes de secours, fournir des

prestations spécifiques et réunir les moyens nécessaires, prêter assistance

aux personnes touchées, aux services d’intervention et aux secouristes.

Des pénuries d’eau locales peuvent survenir dans le canton de Bâle-

Campagne suite à une période de sécheresse, mais aussi suite à une pollu-

tion accidentelle. Les périodes de sécheresse s’annoncent en général à

l’avance et sont donc partiellement prévisibles. Les pollutions accidentelles,

à l’inverse, surviennent de manière soudaine, entraînant brutalement une

diminution de la qualité de l’eau. Il est souvent nécessaire dans ces cas-là

de débrancher une partie du système d’approvisionnement en eau pour

éviter que la pollution ne se propage à l’ensemble du système. Cela peut

entraîner des pénuries d’eau temporaires. Selon le type d’événement, on

fera appel à une organisation différente.

Les périodes de sécheresse accroissent la vulnérabilité globale du système

d’approvisionnement : pendant une période de sécheresse, il suffit d’un

événement de peu d’importance – comme un défaut technique ou une

pollution accidentelle suite à un problème technique touchant l’évacuation

des eaux usées – pour déclencher une situation nécessitant une interven-

Figure 7 :

Comité restreint Sécheresse de

l’état-major de crise du canton

de Bâle-Campagne en 2011

Caractéristiques de différents

événements

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43

tion d’urgence. Autrement dit, une période de sécheresse accroît la proba-

bilité d’une situation de crise.

Les exemples suivants illustrent les divers types d’événements pouvant sur-

venir et les procédures appliquées par les autorités.

Sécheresses de 2003 et de 2011 : les périodes de sécheresse

s’aggravent étape par étape, les sources d’eau de certaines fermes

commencent par s’assécher, puis c’est le cas pour certaines communes

du Jura. Le rendement des sources et celui des stations de pompage

sont facilement prévisibles. Les précipitations passagères, même si elles

suffisent à réduire les risques d’incendie de forêt, ne parviennent pas

dans les eaux souterraines et ne suffisent pas à corriger la diminution

constante du rendement des sources.

Les communes comme les services d’approvisionnement prennent di-

rectement des mesures comme l’imposition de restrictions d’utilisation

et transmettent les informations pertinentes à l’état-major de crise can-

tonal. Le service cantonal en charge des utilisations de l’eau rassemble

les informations de manière proactive et interroge les communes par

courrier électronique sur les mesures qu’elles ont prises. Les informa-

tions sont consignées dans un journal.

Lors d’événements majeurs comme la sécheresse de l’année 2011,

l’état-major cantonal diffuse des bulletins réguliers recensant les me-

sures d’économie prises par les communes (cf. 5.4.3).

Pollution accidentelle de 2007 : plusieurs réservoirs de mazout ont dé-

bordé suite aux inondations, entraînant une pollution de la Birse. Dans

certaines communes, il a fallu mettre en place des guichets de distribu-

tion d’eau potable ou acheminer l’eau potable par camion-citerne.

Pollution accidentelle de 2015, Bubendorf : une panne de la station

d’épuration a entraîné une pollution des eaux, décimant les popula-

tions piscicoles et obligeant les autorités à débrancher plusieurs stations

de pompage d’eaux souterraines à titre préventif. Le service de garde

de la protection des eaux a été informé le premier et a alerté l’EMCoR

et l’EMCC. L’EMCC a ordonné l’arrêt des stations de pompage. L’office

de la protection de l’environnement et de l’énergie ainsi que le labora-

toire cantonal ont mené des analyses qui ont montré que les processus

biologiques de la station d’épuration étaient affectés par l’une des

substances déversées dans les eaux. Il a été possible de compenser le

déficit d’approvisionnement qui en a résulté par une mise en réseau ef-

ficace, des appels aux économies d’eau ainsi que par la mise en place

d’une conduite de secours pendant deux semaines.

En cas de pollution accidentelle, une procédure institutionnalisée permet

de réagir beaucoup plus vite.

Procédures applicables lors de

divers types d’événements

Facteurs de réussite et

expérience

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44

La structure modulaire de l’organisation et la répartition des compé-

tences entre les états-majors régional et cantonal (EMCoR et EMCC) ren-

dent possible une réaction adaptée à la situation.

5.4.3 Communication et information

La communication et l’information en cas d’événement accidentel font

partie de l’organisation et des procédures de l’EMCoR et de l’EMCC.

L’EMCoR se charge de l’information de la population par le biais des admi-

nistrations communales.

Lors de la sécheresse de 2011, le comité restreint Sécheresse a rédigé une

douzaine de communiqués de presse ainsi que, à un intervalle de une à

deux semaines, des rapports de situation à l’intention des autorités canto-

nales et communales et du centre agricole d’Ebenrain.

Ces rapports de situation donnent une vue d’ensemble des mesures prises

au niveau des communes et du canton (interdiction des feux de plein air, p.

ex.).

Dans le canton de Bâle-Campagne, les communes appliquent typiquement

une procédure échelonnée :

Figure 8 :

Rapport de situation du

20 juin 2011

Appels aux économies d’eau

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45

1. appel aux économies librement consenties,

2. extinction des fontaines communales,

3. interdictions (lavage des voitures, arrosage des pelouses, remplissage

des piscines, etc.).

L’expérience montre que l’arrêt des fontaines communales et les écono-

mies librement consenties permettent d’atteindre une réduction de 10 à

20 % environ de la consommation ; à cet égard, plus la commune est pe-

tite et plus la part des fontaines est importante.

Outre la pertinence des informations, les aspects à prendre en compte

pour une communication réussie sont la transparence, la cohérence (con-

ventions linguistiques communes) et le caractère proactif.

Dans la mesure du possible, il importe de prendre toutes les mesures

préparatoires utiles pour assurer une communication rapide et uniforme.

Les canaux de communication doivent être définis à l’avance.

Les communiqués de presse sont publiés par la direction en charge de la

situation. Les informations pertinentes doivent également être mises en

ligne sur le site de l’EMCC. Cette approche permet de communiquer de

manière simultanée, sans privilégier l’un ou l’autre média.

Le modèle de plan communal d’approvisionnement en temps de crise

contient une variété de fiches et d’imprimés destinés à unifier la communi-

cation à large échelle.

Facteurs de réussite liés à la

communication

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47

6 Perspectives

En adoptant le postulat 10.3533 de Hansjörg Walter, et par son rapport

intitulé « Gérer les pénuries locales d’eau en Suisse », le Conseil fédéral a

chargé le DETEC et le DFE de prendre les mesures rentrant dans leur do-

maine de compétences. En outre, dans la communication de Mme

Doris

Leuthard en date du 5 août 2013, le Conseil fédéral encourage les cantons

à mettre en œuvre les mesures proposées dans son rapport qui relèvent de

leurs compétences. Il est convaincu que la répartition des compétences

définie permet de tenir compte des principes de la proportionnalité, de la

subsidiarité, ainsi que du partage des compétences en vigueur entre la

Confédération, les cantons et des communes.

Le rapport du Conseil fédéral en réponse au postulat de Hansjörg Walter

met en lumière les actions à mener aussi bien dans les différents secteurs

de la gestion des eaux que sur un plan intersectoriel [14]. Les mesures pré-

conisées concernent autant la Confédération que les cantons.

Dans ce rapport, le Conseil fédéral recommande aux cantons de gérer les

pénuries d’eau selon une approche échelonnée. Il s’agit tout d’abord

d’identifier les régions à risque, puis d’élaborer pour chacune de ces ré-

gions un plan de gestion prospectif des ressources en eau. Pour aider les

cantons dans leur tâche, la Confédération leur propose diverses aides pra-

tiques, sous la forme de rapports d’experts consacrés à la gestion des eaux.

Le rapport « Identification des régions présentant des besoins spéciaux en

période de sécheresse » [21] est publié parallèlement au présent rapport,

alors que les « Bases pratiques d’une planification régionale des ressources

en eau » [28] sont encore en cours d’élaboration. Grâce à une planification

prospective de ce type, on souhaite ménager aux utilisateurs un accès aux

ressources en eau même en période de sécheresse, tout en respectant les

impératifs de la protection des eaux. Dans son rapport « Grundlagen für

die Wasserversorgung 2025 » [19] (en allemand uniquement), l’OFEV re-

commande lui aussi de planifier l’approvisionnement en eau à une échelle

régionale.

Quant au présent rapport, il a pour but de fournir aux cantons les outils

multisectoriels nécessaires à la maîtrise des situations exceptionnelles.

Dans le cadre de cette même approche multisectorielle, l’OFEV examine

actuellement en collaboration avec MétéoSuisse la pertinence d’une plate-

forme de prévision des périodes de sécheresse. Une plate-forme pilote a

déjà vu le jour sous la forme de l’outil www.drought.ch, élaboré dans le

cadre du PNR61.

Une étude est par ailleurs en cours, pilotée par l’Office fédéral pour

l’approvisionnement économique du pays (OFAE), concernant l’opportunité

d’une modification de l’OAEC.

Rôle de la Confédération et des

cantons en matière de gestion

des pénuries d’eau

Planification régionale à long

terme des ressources en eau

Mesures visant à maîtriser les

situations exceptionnelles

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48

Les bases pratiques susmentionnées, en cours d’élaboration, constitueront

la clef de voûte de la stratégie de gestion des pénuries d’eau. Les secteurs

de la gestion des eaux (énergie hydraulique, navigation, eau potable, eau

d’usage et eau d’extinction) et de l’agriculture seront invités à mettre en

œuvre les mesures relevant spécifiquement de leurs compétences.

Autres mesures visant à

améliorer la gestion des pénuries

d’eau

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49

7 Bibliographie

7.1 Publications

[1] Amt für Umwelt Kanton Solothurn (2004) :

Wasserentnahmen aus Oberflächengewässern für Bewässerungen,

Merkblatt.

http://www.so.ch/fileadmin/internet/bjd/bjd-

afu/pdf/wasser/313_lf_01.pdf

[2] Amt für Umwelt Kanton Solothurn (2004) :

Bericht zum Trockenjahr 2003 (disponible sur demande auprès du

service de l’environnement cantonal).

[3] Amt für Umwelt Kanton Solothurn (2012) :

Bericht zum Trockenjahr 2011. Immer weniger Wasser in solothurni-

schen Bächen?

http://www.so.ch/fileadmin/internet/bjd/bjd-afu/pdf/wasser/fb-12-

05.pdf

[4] Office des eaux et des déchets du canton de Berne (2011) :

Plan général d’alimentation en eau. Directive PGA 2011.

http://www.bve.be.ch/bve/fr/index/wasser/wasser/wasserversorgung/

pla-

nung_gwp.assetref/dam/documents/BVE/AWA/fr/SWW_VW/2011_G

WP_fr_Leitfaden.pdf

[5] AWEL Amt für Abfall, Wasser, Energie und Luft des Kantons Zürich

(2009) :

Restwassermenge im Furtbach, Hydrologische Untersuchungen unter

Berücksichtigung der Wasserentnahmen für Bewässerungszwecke.

http://www.awel.zh.ch/internet/baudirektion/awel/de/wasser/planung

en/mpw/_jcr_content/contentPar/downloadlist_3/downloaditems/132

4_1432288290306.spooler.download.1432286831812.pdf/Bericht_

Restwassermenge_Furtbach.pdf

[6] Office fédéral de la protection de la population (OFPP, 2003) :

KATARISK : Catastrophes et situations d’urgence en Suisse. Une

appréciation des risques du point de vue de la protection de la

population.

http://www.bevoelkerungsschutz.admin.ch/internet/bs/fr/home/them

en/gefaehrdungen-risiken/studien/katarisk.html

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50

[7] Office fédéral de la protection de la population (OFPP, 2015) :

Concept de protection d’urgence en cas d’accident dans une centrale

nucléaire en Suisse.

http://www.vtg.admin.ch/internet/vtg/fr/home/dokumentation/news/

newsdetail.57954.nsb.html

[8] Office fédéral de la protection de la population (OFPP) :

Analyse nationale des dangers représentés par les catastrophes et si-

tuations d’urgence en Suisse : rapport sur la gestion des risques, mé-

thodologie, liste des dangers, dossiers sur les dangers.

http://www.bevoelkerungsschutz.admin.ch/internet/bs/fr/home/them

en/gefaehrdungen-risiken/nat__gefaehrdungsanlayse.html

[9] Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP,

1995) :

Commentaires relatifs à l’ordonnance sur l’approvisionnement en eau

potable en temps de crise.

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/00260/index.ht

ml?lang=fr

[10] Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP,

1997) :

Débits résiduels dans les cours d’eau. Prélèvements d’eau destinés en

particulier à l’irrigation, série Informations concernant la protection

des eaux, n° 24.

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/00362/index.ht

ml?lang=fr

[11] Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP,

2000) :

Débits résiduels convenables – Comment peuvent-ils être détermi-

nés ?

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/00402/index.ht

ml?lang=fr

[12] Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP,

2004) :

Canicule de 2003 : conséquences pour les eaux (résumé du rapport

Auswirkungen des Hitzesommers 2003 auf die Gewässer –

Dokumentation).

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/00533/index.ht

ml?lang=fr

Page 57: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

51

[13] Office fédéral de l’environnement (OFEV, 2008) :

Manuel I de l’ordonnance sur les accidents majeurs (OPAM). Aide à

l’exécution pour les entreprises utilisant des substances, des prépara-

tions ou des déchets spéciaux.

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/00095/index.ht

ml?lang=fr

[14] Office fédéral de l’environnement (OFEV, 2012) :

Gérer les pénuries locales d’eau en Suisse. Rapport du Conseil fédéral

en réponse au postulat « Eau et agriculture. Les défis de demain »,

de Hansjörg Walter.

http://www.news.admin.ch/NSBSubscriber/message/attachments/285

98.pdf

[15] Office fédéral de l’environnement (OFEV, 2012) :

Gestion par bassin versant, guide pratique pour une gestion intégrée

des eaux en Suisse.

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/01652/index.ht

ml?lang=fr

[16] Office fédéral de l’environnement (OFEV, 2013) :

Coordination des activités de gestion des eaux. Coordination intra- et

intersectorielle, multi-niveaux et à l’échelle du bassin versant, aide à

l’exécution.

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/01716/index.ht

ml?lang=fr

[17] Office fédéral de l’environnement (OFEV, 2012) :

Adaptation aux changements climatiques en Suisse. Objectifs, défis

et champs d’action. Premier volet de la stratégie du Conseil fédéral

du 2 mars 2012.

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/01673/index.ht

ml?lang=fr

[18] Office fédéral de l’environnement (OFEV, 2014) :

Adaptation aux changements climatiques en Suisse. Plan d’action

2014–2019. Deuxième volet de la stratégie du Conseil fédéral du

9 avril 2014.

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/01762/index.ht

ml?lang=fr

[19] Office fédéral de l’environnement (OFEV, 2014) :

Grundlagen für die Wasserversorgung 2025. Risiken, Herausforde-

rungen und Empfehlungen (en allemand uniquement).

http://www.bafu.admin.ch/publikationen/publikation/01763/index.ht

ml?lang=de

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52

[20] Freiburghaus, M. (2012) :

Les résultats statistiques 2010 sur les distributeurs d’eau suisses,

Aqua & Gas n° 3/2012.

http://www.svgw.ch/fileadmin/resources/svgw/web/Aktuell-

Actualite/2012-03_FB_d_Freiburghaus.pdf

[21] Hunziker Betatech & Integralia (2016) :

Identifier les régions où des actions s’imposent en cas de sécheresse.

Gérer les pénuries locales d’eau en Suisse. Raport d’experts

[22] Comité de direction du PNR 61 (2015) :

Résultats et recommandations du Programme national de recherche

« Gestion durable de l’eau » PNR 61. Feuille d’information.

http://www.nfp61.ch/SiteCollectionDocuments/150604_nfp61_facts

heet_fr.pdf

[23] Conseil fédéral suisse (1987) :

Message concernant l’initiative populaire « pour la sauvegarde de

nos eaux » et la révision de la loi fédérale sur la protection des eaux

du 29 avril 1987, FF 1987 II 1081.

http://www.amtsdruckschriften.bar.admin.ch/viewOrigDoc.do?id=10

105170

[24] Société Suisse de l’Industrie du Gaz et de l’Eau (SSIGE, 2007) :

Instructions pour l’approvisionnement en eau potable en temps de

crise et sa planification (AEC).

http://www.svgw.ch/index.php?id=145&id=145&L=1

[25] Sinreich, M., Kozel, R., Lützenkirchen, V., Matousek, F., Jeannin, P.-

Y., Löw, S., Stauffer, F. (2012) :

Grundwasserressourcen der Schweiz. Abschätzung von Kennwerten,

Aqua & Gas n° 9/2012.

http://www.bafu.admin.ch/wasser/13465/13483/14974/index.html?l

ang=fr

[26] Umwelt und Energie, Kanton Luzern (2013) :

Wasserentnahmen aus Gewässern ohne feste Einbauten, Merkblatt.

https://uwe.lu.ch/-

/media/UWE/Dokumente/publikationen/Publikationen_04_T_bis_Z/W

asserentnahmen_Merkblatt.pdf?la=de-CH

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53

[27] Office de l’économie hydraulique et énergétique du canton de Berne

(2004) :

Prélèvements d’eau dans les cours d’eau. Maintien des débits rési-

duels.

http://www.bve.be.ch/bve/fr/index/wasser/wasser/wassernutzung/Tro

ckenheit.assetref/dam/documents/BVE/AWA/fr/Eau%20d-

usage/Brosch%C3%BCre%20Pr%C3%A9l%C3%A8vements%20d-

eau%20dans%20les%20cours%20d-eau_2004.pdf

[28] Vorgehen für eine Regionale Wasserressourcenplanung, rapport

d’experts établi sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement

(OFEV), en cours d’élaboration.

7.2 Bases légales

Lois et ordonnances fédérales

Cst., RS 101 Constitution fédérale de la Confédération suisse

du 18 avril 1999

LFSP, RS 923.0 Loi fédérale du 21 juin 1991 sur la pêche

LPPCi, RS 520.1 Loi fédérale du 4 octobre 2002 sur la protection

de la population et sur la protection civile

OPD, RS 910.13 Ordonnance du 23 octobre 2013 sur les paie-

ments directs versés dans l’agriculture (ordon-

nance sur les paiements directs)

OSEC, RS 817.021.23 Ordonnance du DFI du 26 juin 1995 sur les subs-

tances étrangères et les composants dans les

denrées alimentaires (ordonnance sur les subs-

tances étrangères et les composants)

LEaux, RS 814.20 Loi fédérale du 24 janvier 1991 sur la protection

des eaux

OEaux, RS 814.201 Ordonnance du 28 octobre 1998 sur la protec-

tion des eaux

OHyg, RS 817.024.1 Ordonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur

l’hygiène

LDAI, RS 817.0 Loi fédérale du 9 octobre 1992 sur les denrées

alimentaires et les objets usuels (loi sur les den-

rées alimentaires)

ODAIOUs, RS 817.02 Ordonnance du 23 novembre 2005 sur les den-

rées alimentaires et les objets usuels

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LAP, RS 531 Loi fédérale du 8 octobre 1982 sur

l’approvisionnement économique du pays (loi sur

l’approvisionnement du pays)

LAgr, RS 910.1 Loi fédérale du 29 avril 1998 sur l’agriculture

OMAS, RS 914.11 Ordonnance du 26 novembre 2003 sur les me-

sures d’accompagnement social dans l’agriculture

OPAM, RS 814.012 Ordonnance du 27 février 1991 sur la protection

contre les accidents majeurs (ordonnance sur les

accidents majeurs)

OBB, RS 916.341 Ordonnance du 26 novembre 2003 sur les mar-

chés du bétail de boucherie et de la viande (or-

donnance sur le bétail de boucherie)

OAEC, RS 531.32 Ordonnance du 20 novembre 1991 sur la garan-

tie de l’approvisionnement en eau potable en

temps de crise

LACE, RS 721.100 Loi fédérale du 21 juin 1991 sur l’aménagement

des cours d’eau

LFH, RS 721.80 Loi fédérale du 22 décembre 1916 sur l’utilisation

des forces hydrauliques (loi sur les forces hydrau-

liques)

RO 2003 4045 Ordonnance du 5 novembre 2003 instituant des

mesures dans l’agriculture par suite de la séche-

resse en 2003 (ordonnance sur la sécheresse)

RS 817.022.102 Ordonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur

l’eau potable, l’eau de source et l’eau minérale

RS 910.18 Ordonnance du 22 septembre 1997 sur

l’agriculture biologique et la désignation des pro-

duits et des denrées alimentaires biologiques (or-

donnance sur l’agriculture biologique)

Lois et ordonnances cantonales mentionnées dans le rapport

731 Gesetz über den Bevölkerungsschutz und den

Zivilschutz im Kanton Basel-Landschaft vom

17. Mai 1984

731.11 Verordnung zum Gesetz über den Bevölkerungs-

schutz und den Zivilschutz im Kanton Basel-

Landschaft vom 24. August 2004

40.4101 Gewässernutzungsgesetz (GNG) des Kantons Uri

vom 16. Februar 1992

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RSF 812.1 Loi du 18 décembre 2009 sur les eaux (LCEaux)

du canton de Fribourg

752.467 Ordonnance du 20 mars 1991 sur le prélèvement

d’eau dans les eaux de surface (OPES) du canton

de Berne

810.100 Wasserrechtsgesetz des Kantons Graubünden

(BWRG) vom 12. März 1995

RSL 770 Wassernutzungs- und Wasserversorgungsgesetz

(WNVG) des Kantons Luzern vom 20. Januar

2003

RB 721.8 Wassernutzungsgesetzes (WNG) des Kantons

Thurgau vom 25. August 1999

724.11 Wasserwirtschaftsgesetz (WWG) des Kantons

Zürich vom 2. Juni 1991

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Annexe, descriptifs des mesures

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59

A1 Bases décisionnelles (connaissances)

N° 1 : Carte d’aptitude aux prélèvements temporaires

Répartition des eaux superficielles présentes sur le territoire cantonal en

différentes catégories sur la base de leur aptitude aux prélèvements, selon

des critères ayant trait aux utilisations et à la protection.

L’objectif est de déterminer préalablement l’aptitude des cours d’eau aux

prélèvements d’eau temporaires, le plus souvent à des fins d’irrigation, afin

d’une part de préserver leur intégrité et d’autre part de simplifier le dépôt

des demandes et la procédure d’autorisation.

Les prélèvements ne répondant pas à un usage courant, comme le pom-

page ou les prélèvements à l’aide d’une citerne à pression, etc., nécessitent

une autorisation. Pour déterminer quelles eaux superficielles se prêtent aux

prélèvements, celles-ci sont réparties par catégories selon leur aptitude aux

prélèvements temporaires, puis répertoriées sur une carte. D’une façon

générale, ces cartes d’aptitude peuvent être établies soit pour les prélève-

ments d’eau à débit normal (en vue de l’octroi de concessions), soit pour

les situations de pénurie.

Les périodes de sécheresse traversées jusqu’ici ont montré que c’est le plus

souvent le long des cours d’eau de taille petite à moyenne que surviennent

les problèmes, raison pour laquelle on répartit généralement les cours

d’eau en trois catégories :

a) les grands cours d’eau avec un risque réduit lié aux prélèvements ;

b) les cours d’eau de taille moyenne, se prêtant dans une certaine mesure

aux prélèvements : les autorisations sont le plus souvent assorties de ré-

serves ou de restrictions en cas de pénurie d’eau ;

c) les petits cours d’eau, sur lesquels aucun prélèvement n’est en général

autorisé.

Les services cantonaux en charge de la protection des eaux, de l’utilisation

de l’eau, de la pêche et de l’agriculture, ainsi que dans certains cas l’union

des paysans devraient participer à l’élaboration de ces cartes.

Pour répartir les cours d’eau par catégories d’aptitudes, il convient

d’établir au préalable le débit résiduel minimum sur la base des ar-

ticles 29 à 35 LEaux, ou tout du moins d’évaluer le débit Q347.

Un accès aisé aux cartes via Internet renforce l’impact de la mesure.

Description

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite

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60

Dans les cas où la situation est claire, il est possible d’effectuer

l’indispensable pesée des intérêts entre écologie et agriculture avant

que ne s’installe la situation exceptionnelle. Les cartes d’aptitude mé-

nagent cependant une marge de manœuvre suffisante pour prendre

des décisions en fonction de la situation sur les cours d’eau de taille

moyenne.

Les cartes d’aptitude soutiennent les efforts de sensibilisation des utili-

sateurs à l’utilité des restrictions et des interdictions de prélèvement

pendant les situations exceptionnelles.

Elles promeuvent la transparence et la sécurité de planification.

Les critères prédéfinis permettent d’accélérer l’octroi des autorisations

pendant les situations de pénurie, ce dont profitent tant les agriculteurs

que les autorités, et évitent de devoir prononcer des interdictions géné-

ralisées.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Avantages / inconvénients

Classification

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Canton de Lucerne : Les cours d’eau sont répartis en trois catégories sur

la base de la carte d’aptitude ci-dessous, avec les conditions posées en vue

d’un prélèvement ; des informations supplémentaires ont été réunies dans

une fiche [26].

Canton de Berne : La répartition des eaux de surface dans le canton de

Berne est accessible via le géoportail du canton de Berne, cf. carte Prélè-

vements d’eau dans les cours d’eau superficiels1).

Pour plus d’informations, nous invitons à consulter le « Konzept zur Siche-

rung der Mindestrestwassermengen infolge von Gebrauchswasserent-

nahmen » (stratégie visant à garantir le respect des débits résiduels mini-

maux en aval des prélèvements d’eau d’usage) du canton de Berne [27]

ainsi que le ► point 5.3 : Exemple du canton de Berne.

1) http://www.map.apps.be.ch/pub/synserver?project=a42pub_trosec&userprofile=geo&language=fr

Exemples concrets

Figure 9 :

Carte d’aptitude du canton de

Lucerne, avec les trois catégories

de cours d’eau

Page 68: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

62

Figure 10 :

Extrait de la carte « Prélèvements

d’eau dans les cours d’eau

superficiels » et de la légende

correspondante

Page 69: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

63

N° 2 : Système d’information et de détection précoce

Mise en place d’un système d’information ou extension de systèmes

d’information existants sur la gestion des eaux en période de sécheresse,

par exemple par la signalisation de débits d’étiage ou de températures cri-

tiques.

Au niveau national, MétéoSuisse et l’OFEV diffusent une variété

d’informations concernant la gestion de l’eau durant les périodes de séche-

resse. Le programme de recherche national n° 61 a par ailleurs débouché

sur la mise en place de la plate-forme spécialisée drought.ch, dédiée à la

problématique.

Cette mesure vise à encourager les cantons à compléter les informations

disponibles au niveau national par des informations cantonales ou régio-

nales, à intégrer autant que possible dans des systèmes d’information exis-

tants.

Étant donnée la diversité des acteurs touchés par une période de séche-

resse, il est important de faire figurer sur les cartes les données provenant

des différents secteurs concernés, et, pour chacun de ces secteurs, une

aussi large variété d’indicateurs que possible.

Gestion des eaux : débits, niveaux, débits résiduels minimaux, tempé-

ratures d’eau, niveaux des nappes phréatiques, équivalent en eau du

manteau neigeux, restrictions sur l’approvisionnement en eau

Agriculture : déficit pluviométrique, humidité des sols, prévisions mé-

téorologiques

Risques d’incendie de forêt : stress hydrique, déficit pluviométrique,

précipitations prévues

En guise de complément ou pour pallier le manque de données, il peut être

utile de faire appel à des experts pour évaluer la situation générale. ► Me-

sure n° 14 : Communiqués de presse / bulletins de sécheresse.

Les services cantonaux compétents joignent leurs forces avec ceux des can-

tons voisins pour élargir leurs plates-formes destinées à gérer les périodes

de sécheresse.

Informations mises à jour en continu, accès en temps réel aux données

sur un site dédié

Prise en compte de divers indicateurs pour évaluer la gravité de la situa-

tion

Les acteurs concernés sont informés à l’avance et peuvent donc se pré-

parer à la période de sécheresse imminente. Les répercussions néga-

tives de la sécheresse peuvent ainsi être limitées.

Les prévisions à long terme restent difficiles.

Description

Responsabilités

Facteurs de réussite

Avantages / inconvénients

Page 70: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

64

L’élargissement des plates-formes actuelles d’informations et de détec-

tion précoce nécessitera très vraisemblablement des investissements

supplémentaires.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Berne : Plate-forme dédiée à la problématique de la séche-

resse2) avec les contenus ci-dessous

Liste des débits et des niveaux de lacs avec graphique de déroulement

7 jours

Liste des niveaux avec marquage du débit de dotation

Carte interactive des prélèvements opérés dans les eaux superficielles

(cf. figure 10)

Renvoi aux autres documentations disponibles

Canton de Fribourg : Système d’alerte multiniveaux pouvant déclencher

différentes procédures, sur la base des informations reçues concernant les

divers secteurs observés. ► Point 5.2 : Exemple du canton de Fribourg.

Réseaux de mesure de l’humidité des sols de différents cantons :

Réseau de mesures au sol du Nord-Ouest de la Suisse3)

Réseau de mesure de l’humidité des sols dans le canton de Zurich4)

Suivi de l’humidité des sols en Suisse centrale5), services de

l’environnement des cantons de Suisse centrale

Broye/Seeland prévisions concernant les réserves d’eau souter-

raine : Le projet-pilote Adaptation aux changements climatiques a no-

tamment consisté à élaborer un modèle visant à prévoir les réserves d’eau

souterraine et les volumes d’eau disponibles dans les lacs et les cours d’eau

de la région.

► www.proagricultura.ch

2) http://www.bve.be.ch/bve/fr/index/wasser/wasser/wassernutzung/Trockenheit.html

3) http://www.bodenmessnetz.ch/

4) http://www.aln.zh.ch/internet/baudirektion/aln/de/fabo/bodenzustand/messnetz_bodenfeuchte.html

5) http://www.bafu.admin.ch/klima/13877/14401/14914/14928/index.html?lang=fr

Classification

Exemples concrets

Page 71: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

65

A2 Organisation (procédures types)

N° 3 : Centrale cantonale de coordination

Attribution des tâches de préparation aux situations de pénurie d’eau à

une centrale cantonale de coordination, à un service spécialisé ou à un ou

une responsable.

L’objectif est de préparer la coordination des autorités impliquées et les

informations à communiquer avant que ne survienne une situation excep-

tionnelle. Pour ce faire, on commencera par clarifier les rôles et les respon-

sabilités des différents acteurs au sein de l’administration cantonale.

En particulier durant la phase initiale des périodes de sécheresse, la centrale

coordonne entre les secteurs et les services ainsi qu’à l’échelon intercanto-

nal, à l’échelle des bassins versants, les tâches en vue de l’analyse de la

situation initiale et informe des mesures préventives et préparatoires sup-

plémentaires destinées à gérer une pénurie imminente. ► Mesure n° 2 :

Système d’information et de détection précoce. La centrale de coordination

assure une prise en compte équilibrée des intérêts des usagers amont et

aval, malgré les variations constantes des quantités disponibles (offre).

La convocation des groupes de travail et des états-majors de crise lorsque

la pénurie survient doit elle aussi être coordonnée. ► Mesure n° 4 :

Groupe de travail / état-major spécialisé. Durant un événement, la centrale

doit également jouer le rôle d’interface de communication entre les

groupes de travail au sein de l’office et un éventuel état-major issu des

structures de protection de la population.

De plus, elle est chargée du travail de suivi et d’analyse des situations ex-

ceptionnelles, soit de la tenue d’entretiens avec les parties impliquées, de

l’analyse des expériences, de l’organisation d’ateliers destinés à ancrer les

acquis, etc.

Réunion des ressources financières nécessaires, avec les offres d’emploi et

les engagements correspondants. Les mandats à long terme sont préfé-

rables.

Le rôle de la centrale de coordination ou du responsable peut être défini

via l’élaboration de bases stratégiques et opérationnelles par les acteurs

impliqués. ► Mesure n° 5 : Manuel de gestion des périodes de sécheresse.

Le canton est responsable, éventuellement après concertation avec les

autres cantons d’un même bassin versant, de la création de centrales

communes de coordination.

Assurer la disponibilité d’instruments adéquats et de données à jour

concernant une sécheresse imminente, de façon à regrouper les infor-

mations et à être opérationnel.

Description

Préparatifs et prérequis

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite / pièges

Page 72: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

66

Garantir la mobilisation des ressources en personnel lorsque survient

une situation exceptionnelle.

S’assurer précocement de la collaboration des acteurs concernés, soit

avant que ne survienne un événement, avec des possibilités de partici-

pation adaptées à la situation.

Définir clairement les rôles des autorités.

Mettre l’accent sur les bassins versants.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Le canton de Berne dispose d’une centrale de coordination Sécheresse. Ses

tâches, les outils dont elle dispose et ses compétences sont décrits dans un

exemple. ► Point 5.3 : Exemple du canton de Berne.

Classification

Exemple concret

Page 73: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

67

N° 4 : Groupe de travail / état-major spécialisé

Mise en place d’un groupe de travail cantonal chargé de la gestion des

pénuries d’eau et des périodes de sécheresse.

L’objectif est, lors d’une situation d’urgence, de pouvoir réunir rapidement

au sein de l’autorité cantonale concernée un groupe de spécialistes compé-

tents et opérationnels. Différentes formes d’organisation sont possibles,

mais il faut que les secteurs d’activité pertinents soient représentés au sein

du groupe de travail et du processus et que les interfaces soient assurées

vers les groupes d’utilisateurs concernés.

Différents modèles sont envisageables :

comité restreint de l’état-major cantonal,

groupe de travail formel en dehors de l’état-major cantonal (avec base

légale ad hoc),

groupe de travail informel (sans base légale ad hoc).

Organisation sur un ou plusieurs niveaux (équipe principale et groupe de

travail élargi) ; indépendamment du modèle choisi, il faut qu’une personne

ou un comité ait la compétence de convoquer les réunions. ► Mesure

n° 3 : Centrale cantonale de coordination.

Les organes qui auront été nommés assumeront les tâches suivantes :

monitoring de la situation : évolution des disponibilités en eau ;

identification des situations critiques et des problèmes ;

prise de décisions factuellement et juridiquement fondée et coordon-

née (autorités, cantons voisins, acteurs économiques, etc.) ;

communication / information des groupes cibles ► mesures n° 15 :

Circulaires aux autorités compétentes et 14 : Communiqués de presse /

bulletins de sécheresse ;

diffusion des informations par le biais d’un système d’alerte échelonné

► mesure n° 2 : Système d’information et de détection précoce.

La collaboration entre les groupes de travail internes de l’office et l’état-

major à mesure qu’évolue la situation (quand l’état-major entre-t-il en

fonction ?) et les domaines de responsabilités de chacun doivent être clai-

rement définis à l’avance. Il convient d’impliquer les principaux décideurs

des secteurs pertinents et des divers niveaux de l’administration. ► Me-

sures n° 3 : Centrale cantonale de coordination et 5 : Manuel de gestion

des périodes de sécheresse.

Le canton définit la forme d’organisation la plus efficace et met à disposi-

tion les ressources nécessaires. Il convient également d’impliquer les ins-

tances concernées (service des eaux, de l’agriculture et de la protection de

la population) et les utilisateurs. Les mesures de communication visent

avant tout les autorités et la population.

Description

Préparatifs et prérequis

Responsabilités / acteurs

Page 74: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

68

Définition des procédures, des ressources, des rôles et du flux

d’information.

Avant la mise en place de nouvelles formes d’organisation, on vérifiera

quel rôle les états-majors cantonaux peuvent assumer, de manière à

éviter les doublons.

Coordination au sein d’un canton – répartition claire des rôles entre les

acteurs impliqués (services, sections, groupes de travail, etc.) avant que

ne survienne un événement – et vérification des procédures pour la

coordination intercantonale.

Mise sur pied d’un groupe de travail adapté aux réalités cantonales.

Risque de constitution d’organisations parallèles, par exemple pour la

protection de la population.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Thurgovie : En 2003, entrée en fonction du comité restreint

Sécheresse sous la direction du chef d’état-major. Le comité regroupait des

experts délégués par les offices de l’agriculture, de l’environnement, des

forêts, de la lutte contre le feu et par le service de l’information ainsi que

par l’Union des paysans thurgoviens. Vu l’évolution de la situation, ce co-

mité restreint a ensuite encore été complété par le médecin cantonal et le

chef du laboratoire cantonal.

Canton de Bâle-Campagne : État-major de crise cantonal (EMCC) struc-

turé de façon modulaire, en complément à l’état-major de conduite régio-

nal ; selon l’événement considéré et le type de menace, implication de di-

vers acteurs. ► Exemple point 5.4.

Canton de Berne : Le groupe de travail TroSec du canton de Berne est

décrit dans l’exemple. ► Exemple point 5.3.

Canton de Vaud : La Commission de gestion des ressources en eau (GRE)

prend des décisions communes quant aux restrictions de pompage, lorsque

nécessaire après audition des utilisateurs concernés. ► Exemple point 5.2.

Canton de Fribourg : Un groupe de travail institué par le droit cantonal

décide collectivement des restrictions sur les prélèvements d’eau, lorsque

nécessaire après audition des représentants des milieux agricoles, sur la

base des plans de prélèvement cantonaux. ► Exemple point 5.2.

Canton de Soleure : Task-Force Sécheresse et groupe de travail Séche-

resse. ► Exemple point 5.1.

Facteurs de réussite / pièges

Avantages / inconvénients

Classification

Exemples concrets

Page 75: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

69

N° 5 : Manuel de gestion des périodes de sécheresse

Élaboration d’un manuel au sens d’un plan d’urgence et de communication

décrivant les procédures types ainsi que les décisions et les mesures néces-

saires en période de sécheresse.

Pour chacun des principaux scénarios, le manuel définit les procédures, les

règlements de compétences et les canaux de communication les plus judi-

cieux ainsi que les outils disponibles.

La centrale cantonale de coordination, les groupes de travail cantonaux, le

comité restreint ou encore l’état-major de crise commande l’élaboration

d’un manuel ad hoc.

Documenter les expériences faites dans le cadre de la gestion des pé-

nuries permet d’optimiser en continu les capacités d’intervention.

La mise à jour en continu des adresses de contact et des procédures est

d’autant plus importante que les épisodes de sécheresse ne se répètent

pas tous les ans.

Les procédures, les règlements des compétences et les canaux de

communication à utiliser en période de sécheresse sont définis à

l’avance. Le manuel permet d’intervenir de manière plus rapide et plus

fiable.

Il n’est pas toujours judicieux d’institutionnaliser fortement les procé-

dures en cas de sécheresse, étant donné que des solutions participa-

tives peuvent apparaître en cours de route. ► Point 5.1 : Exemple du

canton de Soleure. À la différence de la plupart des catastrophes natu-

relles, une situation de sécheresse s’installe progressivement, en lais-

sant un certain temps de préparation.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Berne : Le manuel TroSec présente les contenus suivants :

- définition de procédures types pour différents scénarios ;

- décisions de l’année 2003 ;

- liste des lacs et des cours d’eau, des niveaux et des concessions,

avec les liens aux organes officiels compétents ;

- listes avec les adresses des organes spécialisés, des groupes de tra-

vail, des organes des cantons voisins et des communes ;

- modèles de communiqués de presse, ordres du jour de séances des

groupes de travail, aide-mémoire ;

- chronologie de l’année 2003.

Description

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite / pièges

Avantages / inconvénients

Classification

Exemple concret

Page 76: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

70

N° 6 : Plan communal d’approvisionnement en temps de crise

Élaboration d’un plan communal d’approvisionnement en temps de crise,

conformément aux dispositions de l’OAEC.

Les plans généraux d’approvisionnement en eau (PGA) ont pour objet de

planifier et d’assurer durablement l’approvisionnement en eau. Les PGA

sont revus périodiquement et constituent une obligation dans de nom-

breux cantons. Un PGA comporte en règle générale un chapitre consacré à

l’approvisionnement en eau potable en temps de crise, conformément à

l’OAEC. Dans certains cantons, ce volet est concrétisé dans un plan com-

munal distinct.

Si l’approvisionnement en eau potable en temps de crise est du ressort des

communes, ce sont les services d’approvisionnement qui en assurent la

mise en œuvre opérationnelle. Les cantons coordonnent et soutiennent la

mise en œuvre. Le financement de l’approvisionnement en eau potable en

temps de crise est généralement assuré par les communes, et non par le

biais de taxes.

Seule une minorité de cantons exigent l’élaboration d’un PGA. Pour les

structures d’approvisionnement de grande envergure, les PGA sont

élaborés sur une base de volontariat.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Berne : Directive Plan général d’alimentation en eau [4].

Canton de Zurich : Check-list relative aux contenus d’un plan communal

d’alimentation en eau en temps de crise, conformément à la directive con-

cernant l’approvisionnement en eau potable en temps de crise du canton

de Zurich (2013, confidentiel).

1. Organisation de l’approvisionnement en eau en temps normal et en

temps de crise

2. Installations existantes d’approvisionnement en eau en temps normal

3. Installations supplémentaires disponibles en temps de crise

4. Moyens et véhicules disponibles

5. Besoins et disponibilités en eau, bilan hydrique

6. Évaluation de la sécurité d’approvisionnement

7. Scénarios et conclusions

8. Mesures

9. Personnel, droit, finances

Description

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite / pièges

Classification

Exemples concrets

Page 77: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

71

N° 7 : Plan régional d’approvisionnement en temps de crise

Élaboration d’un plan régional d’approvisionnement en temps de crise te-

nant compte des scénarios régionaux de pénurie d’eau.

Un plan régional d’approvisionnement en eau en temps de crise poursuit

en principe les mêmes buts qu’un plan communal, mais se situe à une

échelle plus large et dessert un territoire plus vaste (région, district, bassin

versant, etc.). Il a notamment pour objet d’exploiter les synergies entre les

communes et de permettre aux communes d’unir leurs forces pour maîtri-

ser les événements de grande envergure.

La mesure a pour but soit d’élaborer des plans régionaux

d’approvisionnement, soit d’inclure dans les plans communaux

d’approvisionnement des scénarios de portée régionale ou suprarégionale

comme une sécheresse, des inondations à large échelle ou une panne tou-

chant une région entière (centrale hydraulique ou station de pompage des

eaux souterraines d’une vallée, p. ex.).

Afin d’assurer la coordination régionale ou suprarégionale de ce type de

scénarios, il est indiqué de se fonder sur des directives formulées à l’échelle

du canton. On en déduit les tâches incombant aux différents acteurs des

organes de conduite, constitués de représentants de la police, de la protec-

tion civile, des services du feu, des services techniques et des services

d’ambulance. Là où c’est nécessaire, on organise la coopération entre les

communes. L’organe de conduite cantonal est responsable de la coordina-

tion des opérations.

Il convient de s’assurer de l’existence des bases légales cantonales re-

quises pour étayer les plans régionaux d’approvisionnement en eau en

temps de crise. Dans le canton de Zurich, par exemple, les plans régio-

naux d’approvisionnement peuvent aujourd’hui être définis lors du re-

nouvellement des concessions accordées à des captages importants et

pourront l’être à l’avenir sur la base de la nouvelle loi sur les eaux.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Zurich : La directive relative à l’approvisionnement en eau en

temps de crise du canton de Zurich (2013, confidentiel) expose divers scé-

narios de portée régionale ou suprarégionale pouvant déboucher sur une

situation de crise et en déduit les besoins pour chaque région avec les me-

sures correspondantes.

Description

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite / pièges

Classification

Exemples concrets

Page 78: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

72

Les quatre scénarios suivants, jugés particulièrement pertinents du point de

vue de la planification suprarégionale, ont fait l’objet d’un examen appro-

fondi :

panne d’électricité régionale ou suprarégionale (d’une durée supérieure

à 6 heures) pouvant entraîner un arrêt de l’approvisionnement ordi-

naire en eau ;

pollution à large échelle du lac de Zurich ;

panne de plusieurs installations importantes d’approvisionnement et de

distribution d’eau potable ;

arrêt total de l’approvisionnement en eau dans certaines régions (suite

à un tremblement de terre de forte magnitude, p. ex.).

La directive présente par ailleurs les contenus suivants :

définition de mesures destinées à maîtriser les scénarios, devoir de col-

laborer des communes partageant une même infrastructure

d’approvisionnement et de distribution de l’eau ;

organe de conduite cantonal avec définition des rôles des différents

acteurs ;

check-list relative à l’élaboration du plan AEC communal.

Canton de Bâle-Campagne : Suite aux crues de la Birse en 2007, les

autorités ont mis en place le plan régional d’approvisionnement en eau en

temps de crise de Laufental-Thierstein, qui règle notamment la coordina-

tion entre les différents acteurs lors de crises majeures ainsi que les me-

sures à l’échelon régional, comme les raccordements temporaires. Le plan

régional, qui regroupe 22 communes, ne remplace pas les plans existants

des communes et des associations.

Figure 11 :

Territoire pris en compte dans le

plan régional

d’approvisionnement en temps

de crise de Laufental-Thierstein

Page 79: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

73

N° 8 : Régime d’irrigation coordonné

Coordination entre les intervenants agricoles des quantités d’eau prélevées,

des sites de prélèvement et des heures d’irrigation en situation de pénurie.

Afin d’assurer une répartition optimale des ressources en eau à leur dispo-

sition, les exploitants agricoles coordonnent leurs activités d’irrigation.

Cette coordination permet également de minimiser les restrictions, tout

comme les répercussions négatives sur l’écologie des eaux.

Il est recommandé, pour coordonner les régimes d’irrigation, de tenir

compte des aspects suivants :

seule une certaine quantité d’eau peut être prélevée à un moment

donné ;

prise en compte des besoins en eau des cultures, soit des prélèvements

quotidiens pour les légumes, plus rares pour les pommes de terre, p.

ex. ;

limitation des prélèvements et de l’irrigation à la période nocturne,

éventuellement au petit matin ;

implication et sensibilisation précoces des agriculteurs lors de

l’introduction de la mesure ;

instrument de communication et de planification simple et transparent

pour les heures d’irrigation des différents détenteurs d’autorisations.

Les utilisateurs de type agricole (agriculteurs, maraîchers, jardineries) se

coordonnent entre eux, et avec l’autorité cantonale délivrant les conces-

sions.

On s’efforce d’optimiser la distribution et l’utilisation des ressources

limitées en eau.

On évite les pointes de prélèvements.

Lorsque les acteurs concernés sont peu nombreux, la coordination est

plus simple et peut être assurée par les acteurs eux-mêmes, moyennant

définition de règles ad hoc.

Lorsque les acteurs concernés sont nombreux, la coordination est plus

complexe et requiert la mise en place d’instruments plus élaborés,

comme la fixation de volumes de prélèvement maximaux.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Soleure : Avec l’Union des paysans et les agriculteurs concer-

nés, le canton de Soleure a introduit un nouveau système en 2011 : seuls

deux agriculteurs pouvaient prélever de l’eau simultanément dans un

Description

Responsabilités / acteurs

Avantages / inconvénients

Classification

Exemples concrets

Page 80: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

74

même cours d’eau, et ce uniquement durant la nuit, jusqu’à 10h00 du

matin. Pour pouvoir satisfaire les besoins des uns et des autres, les déten-

teurs d’une autorisation de prélèvement se partageaient ces créneaux ho-

raires à l’aide de l’application Doodle. Le système a fait ses preuves : les

champs de légumes étaient arrosés quotidiennement, alors que, pour les

pommes de terre, deux jours d’arrosage intensif pouvaient être suivis de dix

jours sans eau. Étant donné que les tableaux Doodle étaient accessibles

également aux inspecteurs de la pêche, les heures d’irrigation étaient véri-

fiables en tout temps. Cette méthode novatrice a permis d’irriguer les cul-

tures de manière appropriée et flexible, avec une organisation réduite à sa

plus simple expression, tout en garantissant le respect des débits résiduels

minimaux [3].

Canton de Zurich : S’agissant de la portion zurichoise du Furtbach, les

niveaux mesurés à Würenlos servent de référence depuis les années 1990

pour la fixation des volumes d’eau pouvant être prélevés. Les concession-

naires doivent s’enquérir quotidiennement des niveaux d’eau par téléphone

ou via un site Internet et prévoir leurs prélèvements en conséquence.6) Les

règles applicables sont fonction du niveau mesuré, alors qu’un tournus

définit la ou les fenêtres d’irrigation hebdomadaires allouées aux diffé-

rentes cultures et surfaces [5].

Canton de Fribourg : En collaboration avec le Service des forêts et de la

faune et avec l’Institut agricole Grangeneuve, la Section lacs et cours d’eau

définit les ayants-droit, le nombre de pompages autorisés en même temps,

ainsi que l’heure, la durée et le volume admissible. Pendant les périodes de

sécheresse, des programmes d’irrigation sont définis par région pour les

cours d’eau sensibles. ► Exemple point 5.2.

6) http://www.awel.zh.ch/internet/baudirektion/awel/de/wasser/hochwasserschutz/hochwasserlage.html

Figure 12 :

Programme d’irrigation du

canton de Fribourg pour les

prélèvements dans la Bibera

destinés à l’irrigation de

différentes cultures, août 2010

(à titre d’exemple)

Page 81: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

75

N° 9 : Pêches de sauvetage

Préparation et exécution de pêches de sauvetage dans les eaux menacées

par un assèchement, par de trop hautes températures ou par la pollution.

L’objectif est de capturer des poissons pour les relâcher dans des tronçons

à plus haut débit, avec les préparatifs que cela comporte.

Pendant des périodes de sécheresse prolongées, il se peut que certains

tronçons de cours d’eau s’assèchent. Les plus menacés sont les petits cours

d’eau et ceux dont la nappe souterraine présente de fortes variations de

niveau. Pour la faune locale, et en particulier les effectifs piscicoles, les con-

séquences sont désastreuses : en quelques jours, voire en quelques heures,

les espèces aquatiques peuvent voir leur espace vital réduit à quelques

grandes flaques. Et même celles-ci ne leur offrent bien souvent qu’un bref

sursis : une prédation accrue ainsi que la hausse de la température de l’eau

et le manque d’oxygène qui s’ensuit induisent un stresse accru, et tôt ou

tard la mort.

Il faudrait dans l’idéal établir un plan d’urgence (responsabilités, procé-

dures, interlocuteurs, liste de personnes prêtes à aider, équipement) pour

chaque secteur de surveillance/bassin versant/cours d’eau. Les compétences

et les mesures de communication devraient y être clairement définies.

Toutes les personnes pouvant être appelées à l’aide devraient suivre un

cours de base de pêche électrique, ou tout au moins être bien informées

des risques potentiels.

La responsabilité des pêches de sauvetage incombe aux services cantonaux

de la pêche. Le plus souvent, les gardes-pêche régionaux peuvent effectuer

les pêches de sauvetage. Les sociétés de pêcheurs locales et les sociétés

d’exploitation peuvent elles aussi prêter main-forte.

Il est souhaitable d’aviser les personnes et les organismes susceptibles

d’être appelés à prêter main-forte lorsqu’une période de sécheresse

s’annonce. Il faut en effet qu’une pêche de sauvetage puisse être or-

ganisée en quelques heures, tout au plus en 24 heures.

Le matériel d’intervention (appareil de pêche électrique, gants en

caoutchouc, véhicule avec bacs de transport) doit pouvoir être réuni à

courte échéance, en quantités suffisantes.

Une équipe bien rodée est capable de réagir très rapidement et de sau-

ver la majeure partie des poissons.

Dans les cours d’eau dont la température a déjà considérablement

augmenté avant l’assèchement, les poissons sont soumis à un stress

important. Dans ces conditions, il se peut que certains des poissons pê-

chés ne survivent pas.

Description

Préparatifs et prérequis

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite

Avantages / inconvénients

Page 82: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

76

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Zurich : Les services de la pêche et de la chasse élaborent ac-

tuellement un plan de pêche de sauvetage en cas de sécheresse. Le projet

en est pour l’instant au stade d’ébauche.

Dans le canton de Zurich, la sécheresse touche principalement la Töss, dont

le cours supérieur peut s’assécher complètement par endroits. Selon

l’intensité de la sécheresse, ce peuvent être de courts tronçons isolés ou

des tronçons relativement longs, d’un seul tenant. Lorsque les débits sont

suffisants, la Töss offre aux espèces piscicoles indigènes un cadre de vie

idéal, notamment à la truite de rivière (salmo trutta) dans son cours supé-

rieur. En période sèche, toutefois, les poissons sont dévorés par les hérons

cendrés, les renards et d’autres prédateurs. Il est donc préférable de les

capturer avant que l’eau ait complètement disparu, pour les transférer dans

un cours d’eau leur offrant des conditions plus favorables.

La pêche de sauvetage représente un surcroît de travail considérable pour

les gardes-pêche. Le plan définit le moment où l’on décide d’intervenir, la

manière de procéder ainsi que les personnes et les organismes auxquelles

on peut faire appel. Les détenteurs de baux de pêche sont notamment

tenus d’assister les gardes-pêche lors d’événements extrêmes.

Classification

Exemple concret

Page 83: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

77

N° 10 : Création de refuges pour poissons

Dragages ponctuels dans les cours d’eau destinés à ménager des possibili-

tés de retrait pour les poissons.

Lors d’étés très chauds et lors de fortes chaleurs prolongées, il arrive que

les températures des cours d’eau du Plateau dépassent des valeurs critiques

pour certaines espèces de poissons préférant les eaux froides. L’eau chaude

renferme moins d’oxygène et ne constitue dès lors pas un habitat appro-

prié pour les salmonidés (truites, ombres, etc.). Dans des cours d’eau à

l’état naturel, ces espèces peuvent se déplacer et gagner des tronçons ou

des bras de rivières plus frais, mais les nombreux obstacles qui se posent à

leur migration les en empêchent, entraînant un stress important et parfois

la mort.

Les embouchures d’affluents plus frais peuvent offrir un refuge à ces pois-

sons. Pour qu’elles puissent en accueillir un aussi grand nombre que pos-

sible, il est possible de les agrandir à l’aide d’excavateurs. Et afin d’éviter

tout stress supplémentaire aux poissons qui y séjournent, il faut fermer la

zone correspondante aux baigneurs, aux chiens et aux loisirs aquatiques,

tâche qui pourra être confiée aux sociétés de pêche. Un panneau

d’information peut contribuer à sensibiliser les passants à la problématique.

Il convient d’élaborer un plan d’urgence visant à créer des possibilités de

retrait temporaire, si possible un par secteur de garde-pêche, par bassin

versant ou par cours d’eau. Les compétences, les interlocuteurs, les procé-

dures et les étapes de communication doivent y être clairement définis.

L’élaboration du plan d’urgence et sa mise en œuvre sont du ressort du

service cantonal de la pêche ou du garde-pêche. Le dragage devrait être

confié à un opérateur formé et expérimenté dans les travaux

d’aménagement hydraulique, qui devra en outre être formé en consé-

quence par le garde-pêche. On pourra également demander de l’aide aux

sociétés de pêche et aux sociétés d’exploitation locales.

Dès lors qu’un cours d’eau atteint une température critique (22 °C,

p. ex.) et que les prévisions météorologiques n’annoncent pas

d’amélioration, on instaure une surveillance étroite de la situation.

Tous les acteurs impliqués doivent être informés rapidement de la si-

tuation. La société qui effectuera le dragage doit être prévenue et

s’assurer de la disponibilité du personnel et des machines nécessaires.

L’objectif étant de pouvoir exécuter les mesures dans un délai de

48 heures maximum, l’office cantonal des ponts et chaussées doit oc-

troyer une autorisation à l’avance.

Moyennant une planification soigneuse, il doit être possible d’assurer une

mise en œuvre rapide et efficace. L’influence des mesures se limitera toute-

fois à un tronçon de cours d’eau.

Description

Préparatifs et prérequis

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite

Avantages / inconvénients

Page 84: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

78

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Schaffhouse : Suite à l’été caniculaire de 2003, l’office des

ponts et chaussées du canton de Schaffhouse a élaboré un plan d’urgence

en faveur de l’ombre commun, qui avait pour objet de créer des possibilités

de retrait dans de l’eau plus fraîche lorsque les températures dans le Rhin

dépassaient des valeurs supportables pour l’espèce. Un permis de cons-

truire a été délivré par avance pour la création de zones de retrait à

l’embouchure des affluents du fleuve. Ce plan d’urgence définissait par

ailleurs les critères devant être réunis pour déclencher les opérations de

dragage, les personnes à contacter et les procédures à suivre (remise du

mandat, exécution, réception des travaux, remise en état finale), les me-

sures de sécurité à mettre en place (barrages antipollution, p. ex.), ainsi que

la répartition des coûts.

Classification

Exemple concret

Page 85: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

79

N° 11 : Gestion des pénuries de fourrage

Application à l’échelon des exploitations agricoles, du secteur d’activité, du

canton ou de la Confédération (dernière instance) de mesures visant à pré-

venir les pénuries de fourrage dues à la sécheresse.

Des périodes prolongées de bas niveaux des nappes phréatiques entraînent

une diminution des récoltes, notamment fourragères, ce qui peut se révéler

problématique pour l’élevage.

Plusieurs possibilités s’offrent aux exploitants agricoles dans ce type de cas :

utiliser leurs stocks de fourrage, avancer la date de récolte ou encore ache-

ter du fourrage. En tout dernier recours, ils peuvent également réduire leur

cheptel.

Les organisations faîtières apportent leur soutien en aidant à la coordina-

tion et à la communication. Elles exploitent une plate-forme d’achat et de

vente de fourrages (► www.futterboerse.ch), proposant également des

fourrages Bio Suisse. Aux termes de l’art. 16a de l’ordonnance sur

l’agriculture biologique (ordonnance du 22 septembre 1997 sur

l’agriculture biologique et la désignation des produits et des denrées ali-

mentaires biologiques, RS 910.18), l’organe de certification peut autoriser

les exploitants qui en font la demande à utiliser pendant une période limi-

tée des fourrages non biologiques. Lorsque des régions entières sont tou-

chées par des pertes de production fourragère, l’Office fédéral de

l’agriculture (OFAG) est compétent. Lorsque des abattages d’urgence de-

viennent nécessaires, l’organisation faîtière Proviande peut, en s’appuyant

sur les art. 11 et 13 de l’ordonnance sur le bétail de boucherie (ordonnance

du 26 novembre 2003 sur les marchés du bétail de boucherie et de la

viande, RS 916.341), procéder à des dégagements ainsi qu’à des cam-

pagnes de stockage et de ventes à prix réduit, aux fins d’allégement du

marché – cette dernière mesure n’étant possible que si la Confédération

engage les moyens correspondants.

Le canton peut, sur la base de l’art. 106 de l’ordonnance sur les paiements

directs (ordonnance du 23 octobre 2013 sur les paiements directs versés

dans l’agriculture, OPD ; RS 910.13) aider les agriculteurs en renonçant à

réduire ou à refuser ses paiements directs lorsque certaines exigences ne

sont pas remplies pour cause de force majeure (sécheresse, p. ex.). Il peut

ainsi renoncer, sur demande et après examen détaillé, à réduire ses contri-

butions lors d’une récolte avant maturation complète, accepter d’avancer

la date de fauche, accorder des contributions SRPA malgré l’absence de

sorties régulières en plein air ou encore déroger à la charge usuelle en bé-

tail pour les contributions d’estivage. De plus, les cantons peuvent, sur la

base de l’art. 1 de l’ordonnance du 26 novembre 2003 sur les mesures

d’accompagnement social dans l’agriculture (OMAS, RS 914.11) accorder

aux exploitants d’entreprises paysannes des prêts au titre de l’aide aux ex-

ploitations, pour remédier à des difficultés financières dont ils ne sont pas

responsables.

Description

Exploitants agricoles

Branche

Canton

Page 86: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

80

Si les mesures prises ne suffisent pas à améliorer la situation, la Confédéra-

tion peut à son tour décider d’introduire des mesures, comme faciliter les

importations de fourrages en abrogeant les droits de douane applicables

dès lors que l’offre indigène ne suffit pas à couvrir la demande. Lorsque les

pertes de récoltes et les surcoûts liés à la sécheresse atteignent des propor-

tions excessives, la Confédération et les cantons peuvent accorder des prêts

sans intérêts au titre de l’aide à l’exploitation (tâche commune). Il faudrait

pour cela instituer une base légale ad hoc, comme ce fut le cas en 2003

avec l’ordonnance sur la sécheresse.

Pour pouvoir solliciter l’instance supérieure, il faut avoir épuisé les possibili-

tés liées à un échelon donné.

On peut attendre des exploitations agricoles qu’elles assument leur part de

responsabilités, en pratiquant la gestion des risques. Elles peuvent par

exemple limiter leur cheptel de façon à prévoir une marge en cas de réduc-

tion de la disponibilité des fourrages ou constituer leurs propres réserves.

Elles devraient par ailleurs disposer d’une réserve de liquidités ou avoir

souscrit une assurance. ► Mesure n° 22 : Solutions d’assurance pour les

pertes de récoltes liées à la sécheresse.

Les offices cantonaux de l’agriculture réglementent la procédure. Le plus

souvent, ils effectuent des contrôles ponctuels, en réaction à une de-

mande. Ils coordonnent au besoin leurs décisions avec celles des services

cantonaux et en informent l’OFAG.

Il est important que le canton communique précocement et de façon

transparente avec les agriculteurs, pour qu’ils sachent suffisamment à

l’avance quand ils peuvent compter sur une intervention de sa part et

quelles conditions ils doivent remplir.

Les décisions concernant les mesures doivent s’appuyer sur des bases

objectives, comme la plate-forme Sécheresse et les données fournies

par les exploitations concernant leurs cheptels, leurs rendements four-

ragers, leurs stocks de fourrages et leur situation financière.

Pour la communication et la coordination des mesures notamment, il

est utile d’instaurer une étroite collaboration avec les acteurs de la

branche (union cantonale des paysans).

Pour les événements de portée supracantonale, une concertation est

indiquée avec les cantons voisins ainsi qu’avec l’OFAG.

Le principe de l’intervention échelonnée (épuiser tout d’abord les pos-

sibilités disponibles au niveau des exploitations agricoles et de la

branche d’activité, avant de faire appel au canton et, enfin, à la Confé-

dération) permet d’intervenir de façon mesurée, en encourageant les

différents acteurs à assumer leur part de responsabilités.

Lorsque la sécheresse touche des régions étendues, l’examen au cas

par cas atteint rapidement ses limites.

Confédération

Préparatifs et prérequis

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite / pièges

Avantages / inconvénients

Page 87: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

81

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Classification

Page 88: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,
Page 89: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

83

A3 Communication (information)

N° 12 : Aide-mémoire sur les pénuries d’eau

Fourniture d’informations, de bases légales ainsi que d’instructions et de

mesures de portée générale utiles aux différents acteurs.

L’objectif est de mettre à disposition des acteurs impliqués (autorités, utili-

sateurs, médias) les bases légales pertinentes ainsi que les instructions et les

mesures applicables en période de sécheresse sous une forme adaptée à

leurs besoins spécifiques. Une possibilité serait de leur fournir des aide-

mémoire thématiques énumérant les dispositions légales pertinentes, avec

des conseils pratiques pour la gestion des situations exceptionnelles et un

rappel des compétences et des responsabilités des différents acteurs (utili-

sateurs, autorités de surveillance). ► Mesure n° 13 : Aide-mémoire sur

l’irrigation ad hoc.

Un tel aide-mémoire devrait également décrire la procédure ordinaire lors

de l’octroi de dérogations ou de la limitation d’autorisations de prélève-

ment existantes. ► Mesure n° 17 : Pratique en matière d’autorisation des

prélèvements temporaires.

Les mesures de communication doivent être planifiées au niveau des can-

tons, mais une coordination est nécessaire à l’échelon supracantonal, no-

tamment pour ce qui touche à la pratique en matière d’autorisation des

prélèvements temporaires et à la gestion des restrictions aux prélèvements

en cours.

Les autorités cantonales, éventuellement les associations professionnelles

telles que l’Union des paysans, élaborent les aide-mémoire et les font par-

venir aux groupes d’intérêts concernés.

En cas de sécheresse imminente, on pourra attirer l’attention des

groupes cibles concernés sur les sources d’information existantes par le

biais d’une plate-forme dédiée ou d’un communiqué de presse, afin de

les sensibiliser davantage encore à la problématique. ► Mesure n° 14 :

Communiqués de presse / bulletins de sécheresse.

L’information précoce des utilisateurs permet de prévenir les malenten-

dus et les surprises et leur permet de se montrer proactifs en prenant

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Description

Préparatifs et prérequis

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite / pièges

Classification

Page 90: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

84

N° 13 : Aide-mémoire sur l’irrigation ad hoc

Élaboration d’un aide-mémoire sur l’irrigation ad hoc, destiné à réduire la

consommation d’eau, et sur l’optimisation des disponibilités en eau pour

les cultures.

Une planification à long terme est indispensable pour mettre en place un

système d’irrigation adapté. Il est recommandé d’inclure dans cette planifi-

cation, outre les facteurs liés à l’exploitation (capitaux disponibles, main-

d’œuvre, machines, etc.), des paramètres liés à la nature des sols (capacité

de rétention d’eau, niveau des eaux souterraines, etc.), le type de cultures

ainsi que les conditions climatiques locales.

En période de sécheresse, les besoins en matière d’irrigation augmentent

fortement, et notamment ceux des exploitations agricoles qui ne disposent

pas d’un système d’irrigation professionnel. L’expérience faite au cours des

récentes périodes de sécheresse a montré que les systèmes d’irrigation ad

hoc permettent d’une part d’économiser l’eau et d’autre part d’améliorer

la disponibilité des ressources en eau pour les cultures. Un système

d’irrigation optimisé et coordonné permet souvent de résoudre les conflits

pouvant opposer les utilisateurs d’une même ressource en eau. ► Mesure

n° 8 : Régime d’irrigation coordonné.

Dans les situations exceptionnelles, il est judicieux d’établir un ordre de

priorités entre les cultures, en fonction de la variété végétale et de critères

de rentabilité. On pourra se fonder pour établir cet ordre de priorités sur la

capacité de rétention d’eau des sols, sur l’efficience des technologies utili-

sées ainsi que sur la sélection de variétés adaptées.

Une mesure envisageable au niveau des cantons consisterait à mettre à la

disposition des utilisateurs un aide-mémoire sur l’irrigation ad hoc. On

pourrait accompagner celui-ci d’informations concernant la mise en place

d’un système d’irrigation de qualité professionnelle ou les conditions à

remplir pour obtenir une autorisation de prélèvement. ► Mesure n° 17 :

Pratique en matière d’autorisation des prélèvements temporaires.

Un aide-mémoire sur l’irrigation ad hoc pourrait notamment contenir :

une liste des bases légales pertinentes ;

des conseils pour la planification d’un système d’irrigation ;

des indications concernant les quantités d’eau adéquates en fonction

des sols, du climat, des variétés végétales et du stade de végétation ;

des conseils concernant l’heure, la durée et la fréquence d’irrigation

idéales ;

les avantages et les inconvénients des différents systèmes d’irrigation ;

des conseils visant à faciliter le respect des débits résiduels minimaux.

Description

Contenu possible de l’aide-

mémoire

Page 91: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

85

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Soleure : Fiche pratique sur les prélèvements dans les eaux

superficielles à des fins d’irrigation [1].

Classification

Exemple concret

Page 92: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

86

N° 14 : Communiqués de presse / bulletins de sécheresse

Élaboration de bulletins et de communiqués destinés à informer le grand

public de l’évolution d’une situation d’urgence et de sa gestion.

L’expérience accumulée dans le cadre de la gestion des périodes de séche-

resse dans divers cantons montre combien il est utile d’informer le grand

public, d’une part concernant la situation générale (bulletin de sécheresse)

et d’autre part concernant les mesures concrètes (communiqués de presse).

Lors de périodes de sécheresse prolongées, les cantons devraient diffuser

avec une certaine régularité des informations concernant l’état des lacs et

des cours d’eau, les restrictions pouvant toucher les services publics

d’approvisionnement en eau, éventuellement aussi les risques d’incendie

de forêt et la situation des différents acteurs. Ces bulletins, qui fournissent

des informations plus détaillées que ceux de la Confédération, peuvent

prendre diverses formes, dont voici deux exemples :

► point 5.4 : Bulletin de sécheresse du canton de Bâle-Campagne,

► mesure n° 2 : Système d’information et de détection précoce.

Les communiqués de presse sont le canal idéal pour diffuser des informa-

tions concernant des mesures concrètes (interdictions, restrictions

d’utilisation, abaissement des débits résiduels minimaux, etc.). Ils permet-

tent d’informer le public des situations exceptionnelles et des mesures

prises pour les maîtriser ainsi que de faire connaître les réglementations en

vigueur.

La centrale cantonale de coordination, les groupes de travail cantonaux, les

états-majors de crise ou leur comité restreint prennent la direction de la

communication lors de situations exceptionnelles. ► Mesures n° 3 : Cen-

trale cantonale de coordination et 4 : Groupe de travail / état-major spécia-

lisé.

Communiqué de presse : Il est conseillé d’élaborer des projets de

communiqués pour les différents scénarios les plus probables ou de

constituer une collection de communiqués déjà diffusés, en guise de

modèles.

Bulletin de sécheresse : Sélectionner et préparer les informations en

fonction des différents groupes cibles prend du temps. Il est par ailleurs

essentiel de mettre à jour régulièrement ces informations et de prévoir

des liens vers des sources d’informations disponibles en ligne, mises à

jour en continu.

Collaboration étroite avec l’organe de communication compétent.

Description

Bulletin de sécheresse

Communiqués de presse

Organismes compétents

Facteurs de réussite et pièges

Page 93: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

87

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

► Chap. 5 : Exemples cantonaux, section consacrée aux mesures de com-

munication.

Classification

Exemples concrets

Page 94: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

88

N° 15 : Circulaires aux autorités compétentes

Courriers d’information aux instances cantonales et communales ainsi qu’à

d’autres institutions concernées sur la gestion coordonnée des situations de

pénurie imminente.

La mesure a pour but d’avertir les autorités concernées, les utilisateurs et

les autres acteurs institutionnels impliqués de l’imminence d’une situation

exceptionnelle, puis, une fois celle-ci installée, de les informer régulière-

ment de l’état de ladite situation et de son évolution possible. À cet égard,

on prendra soin également de communiquer les réglementations, les me-

sures et les responsabilités. Elle vise à éviter aux utilisateurs les malentendus

et les surprises et leur permet de se montrer proactifs en prenant des me-

sures préventives. Elle peut également servir de base pour la communica-

tion externe.

La centrale cantonale de coordination, les groupes de travail cantonaux, les

états-majors de crise ou leur comité restreint prennent la direction de la

communication lors de situations exceptionnelles. ► Mesures n° 3 : Cen-

trale cantonale de coordination et 4 : Groupe de travail / état-major spécia-

lisé.

L’important, lorsqu’une situation exceptionnelle semble imminente, est

de rappeler précocement aux acteurs impliqués les bases légales en vi-

gueur et leur mise en œuvre. En présence d’un groupe cible clairement

défini, on pourra renoncer à un communiqué de presse au profit d’une

circulaire.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Cantons de Vaud et de Fribourg : ► Point 5.2 : Coordination supracan-

tonale.

Canton de Berne : Dans un canton de la taille de Berne, il peut être utile

pour faire face aux situations exceptionnelles de déléguer une partie des

compétences aux communes. Pour mettre en œuvre les décisions prises par

le canton de manière coordonnée et cohérente, un courrier d’information

aux autorités communales et dés échanges réguliers avec les autres sec-

teurs d’activité peuvent se révéler déterminants. La correspondance avec

les communes nécessite un contact régulier avec les interlocuteurs au sein

de leur administration. ► Point 5.3 : Exemple du canton de Berne.

Description

Responsabilités / acteurs

Facteurs de succès, pièges

Classification

Exemples concrets

Page 95: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

89

A4 Instruments réglementaires

N° 16 : Inscription de restrictions dans les concessions

Ajout aux nouvelles concessions ainsi qu’aux concessions en cours de

clauses restreignant les prélèvements lorsque les débits diminuent.

En règle générale, tout prélèvement régulier, sortant des limites de l’usage

commun, opéré dans les eaux superficielles publiques, est soumis à autori-

sation (art. 29 LEaux), que ce soit à des fins d’exploitation de la force hy-

draulique, d’irrigation des terres agricoles, d’enneigement artificiel ou à des

fins industrielles ou artisanales.

Les concessions et les autorisations de prélèvement peuvent comporter des

restrictions applicables en période de disponibilité limitée des ressources en

eau. Des restrictions peuvent également être inscrites dans la législation

cantonale.

Les concessions sont des instruments centraux, utiles pour désamorcer les

conflits à l’approche d’une période de sécheresse. Les concessions mo-

dernes, accordées dans les régions concernées, doivent comporter des res-

trictions clairement formulées en vue des périodes de sécheresse et prendre

en compte les variations saisonnières de la disponibilité des ressources en

eau.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Devant la multiplication des épisodes de sécheresse estivale et de pénurie

d’eau, liée au réchauffement climatique, les cantons ont avantage à inscrire

expressément des restrictions dans les concessions lorsqu’ils renouvellent

celles-ci.

Le ► point 3.2 Dispositions cantonales relatives à la définition des priorités

décrit en détail les restrictions pouvant être inscrites dans les concessions et

présente plusieurs exemples où ces restrictions sont ancrées dans la législa-

tion cantonale.

Description

Classification

Exemples

Page 96: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

90

N° 17 : Pratique en matière d’autorisation des prélèvements tempo-

raires

Définition et communication claire de la pratique en matière d’autorisation

des prélèvements temporaires en période de pénurie.

Toute utilisation sortant du cadre d’un usage commun nécessite une auto-

risation. Les cantons opèrent fréquemment une distinction entre des auto-

risations ou concessions pluriannuelles et des autorisations accordées tem-

porairement, à titre saisonnier ou pour une période restreinte. Lors d’une

période de sécheresse, le nombre de demandes d’autorisation de prélève-

ment temporaire s’accroît en général fortement.

La mesure a pour but d’assurer que les autorisations de prélèvement tem-

poraire soient accordées de façon coordonnée, selon des principes claire-

ment définis, en tenant compte à la fois des impératifs de protection et des

besoins des utilisateurs, tout en communiquant précocement et de façon

transparente. Les expériences faites au cours des étés caniculaires de 2003

et 2011 dans différents cantons montrent qu’une telle procédure permet

d’éviter bien des conflits.

De façon coordonnée signifie ici que, conformément à l’art. 46 OEaux, des

principes uniformes sont appliqués dans tout le canton et que, au besoin,

ces principes sont coordonnés à l’échelon supracantonal, voire supranatio-

nal (cf. aussi aide à l’exécution Coordination des activités de gestion des

eaux [16]).

Divers types de principes cantonaux sont envisageables (► point 3.2 Dispo-

sitions cantonales relatives à la définition des priorités). L’essentiel est que

la pratique en matière d’autorisations repose sur des critères facilement

accessibles et compréhensibles. Toutes les parties intéressées doivent savoir

sur quels cours d’eau il faut s’attendre à des restrictions ou à des interdic-

tions de prélèvement (► Mesure n° 1 : Cartes d’aptitude aux prélèvements

temporaires). Il doit être possible d’imposer des restrictions aussi bien con-

cernant les débits que la profondeur ou encore les températures.

Il est également recommandé d’imposer des conditions concernant

l’irrigation, telles que des restrictions temporelles ou le respect de recom-

mandations concernant les quantités d’eau et la périodicité des arrosages.

► Mesure n° 8 : Régime d’irrigation coordonné.

Il est par ailleurs indiqué, pour prévenir les conflits, de définir à l’avance la

procédure cantonale relative à une possibilité d’abaissement temporaire

des débits résiduels minimaux conformément à l’art. 32, let. d, LEaux.

► Chap. 3 Principes régissant la définition des priorités.

On définira par avance les compétences décisionnelles de chaque échelon

de l’administration, l’organisation de la surveillance ainsi que le calendrier

de communication.

Description

Page 97: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

91

On veillera également à faire diminuer la demande d’autorisations tempo-

raires, en promouvant les autorisations pluriannuelles pour les installations

collectives dotées de capacités de stockage ainsi que les systèmes

d’irrigation améliorés puisant de préférence l’eau dans les lacs et les

nappes phréatiques.

Le canton est compétent pour définir la pratique en matière d’autorisations

et assure au besoin la coordination supracantonale. Il convient d’impliquer

dans la mesure du possible les communes dans l’octroi des autorisations et

la surveillance des prélèvements. Les acteurs concernés et les spécialistes du

domaine doivent être avisés à l’avance.

Pour accélérer l’octroi des autorisations lors des situations exception-

nelles et pour assurer la surveillance des prélèvements, il peut être indi-

qué, dans les cantons de grande taille, de déléguer certaines compé-

tences aux communes.

Il faut définir pour ce faire des critères unifiés, des valeurs seuils et

éventuellement des conditions (respect des débits résiduels minimaux

ou preuves relatives au site de prélèvement et au type d’installation) qui

rendent possible une mise en œuvre coordonnée.

Il faut qu’il reste possible de tenir compte des intérêts locaux lors de

situations exceptionnelles (p. ex. privilégier les lacs et les cours d’eau in-

téressants pour la pêche et estimer l’utilité effective de l’abaissement

des débits résiduels).

Il est important de prendre les décisions en temps voulu et de commu-

niquer ces décisions avant que les débits résiduels minimaux aient été

atteints.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement en

eau

plusieurs années

Canton de Soleure : Durant l’été 2003, les dérogations au sens de

l’art. 32, let. d, LEaux ont été accordées avec une certaine retenue. On a

ainsi autorisé pour les cours d’eau qui avaient atteint les débits résiduels

minimaux un prélèvement ininterrompu de 60 minutes au maximum, sous

surveillance du garde-pêche, à la suite de quoi une pause était obligatoire

pour éviter de soumettre les poissons à un stress excessif. Pour les cours

d’eau dont les débits résiduels sont inférieurs au minimum requis, on a

autorisé un prélèvement unique, sous surveillance du garde-pêche compé-

tent.

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite / pièges

Classification

Exemple concret

Page 98: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

92

Pour les cours d’eau traversant les frontières cantonales, comme la Lim-

pach, la procédure appliquée à l’été 2003 a toujours été discutée avec les

autorités du canton voisin [2].

Le canton a consigné dans une fiche pratique [1] les dispositions légales et

les critères qui fondent sa pratique en matière d’autorisations.

Page 99: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

93

N° 18 : Plan de restrictions sur les prélèvements

Promulgation temporaire d’interdictions et de restrictions touchant les pré-

lèvements dans les eaux de surface ou les aquifères en situation de pénu-

rie.

Le canton élabore au préalable un plan relatif aux restrictions touchant les

utilisations et aux interdictions de prélèvement, en pesant attentivement les

uns contre les autres les intérêts en présence. Les recommandations quant

aux principes régissant la définition des priorités sont exposées en détail au

► chap. 3.

On distingue d’une manière générale entre deux types de restrictions :

les restrictions valables automatiquement sur des concessions ou des

autorisations existantes, combinées à diverses mesures réglementaires

(► mesure n° 1 : Cartes d’aptitude aux prélèvements temporaires ou

► mesure n° 20 : Système des échelles limnimétriques), qui permettent

le plus souvent de renoncer à promulguer une interdiction ;

les interdictions et les restrictions prononcées de manière active pour

certains tronçons de cours d’eau et pouvant être assorties de déroga-

tions.

Les autorités chargées d’approuver les prélèvements dans les eaux superfi-

cielles et les eaux souterraines sont compétentes pour promulguer les res-

trictions et les interdictions. Elles assurent la coordination supracantonale,

le cas échéant.

Pour l’acceptation des restrictions d’utilisation, il est important qu’elles

s’appuient sur des critères clairs (p. ex. données de relevés ► mesure

n° 2 : Système d’information et de détection précoce) et qu’elles soient

communiquées de façon transparente.

En annonçant à l’avance les restrictions d’utilisation, on permet aux

acteurs concernés de se préparer à la situation et d’éviter autant que

possible les répercussions négatives.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Berne : Processus TroSec ► point 5.3.

Canton de Vaud : Le canton suspend les autorisations de prélèvement en

situation de sécheresse, en prononçant une interdiction générale de prélè-

vement assortie de dérogations. Un tableau synoptique indique les cours

d’eau dans lesquels les prélèvements restent possibles. ► Point 5.2.

Description

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite, pièges

Classification

Exemples concrets

Page 100: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

94

N° 19 : Mise en œuvre des interdictions de prélèvement sur le ter-

rain

Pesée des intérêts et mise en œuvre des interdictions de prélèvement ainsi

que des directives concernant les autorisations et les concessions tempo-

raires, contrôle sur place du respect des débits résiduels minimaux.

La mesure vise d’une part à trouver une solution pragmatique par des vi-

sites sur le terrain, en pesant les uns contre les autres les impératifs de pro-

tection et les intérêts des divers groupes d’utilisateurs. Cette approche est

celle suivie habituellement pour les cas limites, où l’on ne peut pas pronon-

cer d’interdiction généralisée. D’autre part, la présence sur place permet de

contrôler le respect des débits résiduels minimaux et de mettre en œuvre

les mesures qui auront été ordonnées. La surveillance qu’elle rend possible

permet par ailleurs d’autoriser des prélèvements de courte durée.

Les autorités chargées de délivrer les autorisations et les inspectorats de la

pêche s’efforcent d’engager des collaborateurs expérimentés et dotés

d’aptitudes sociales développées et connaissant bien les conditions régis-

sant la pêche et l’agriculture locales.

Étant donné les investissements en temps importants qu’implique une

présence sur place et la nécessité d’irriguer également le soir et durant

la nuit, il est indispensable de planifier et de recruter à l’avance du per-

sonnel adéquat.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Soleure : Les expériences faites en lien avec la canicule de l’été

2003 ont montré que la présence des autorités sur place, sur les sites de

prélèvement, est indispensable. D’une part, seule une surveillance quoti-

dienne sur le terrain peut permettre un arbitrage équilibré entre les intérêts

des agriculteurs et ceux de la protection des eaux. D’autre part, sans cette

présence sur place, il ne serait pas possible de contrôler le respect des me-

sures qui ont été ordonnées. La charge de travail relativement importante

liée à cette surveillance a pu être maîtrisée par deux gardes-pêche à la re-

traite, dont la grande expérience leur a permis de mettre en œuvre les dis-

positions légales de manière pragmatique et intuitive. Ne pouvant

s’appuyer sur des relevés et des mesures objectifs, ils ont souvent été ame-

nés à prendre des décisions et à agir sur la base de leur jugement subjectif

et sous une pression temporelle considérable. La question qu’ils se sont

posée systématiquement était de savoir combien d’eau il était encore pos-

sible de prélever sans que l’écosystème aquatique subisse des dommages

supplémentaires [2].

Description

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite, pièges

Classification

Exemple concret

Page 101: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

95

N° 20 : Système des échelles limnimétriques

Mise en œuvre des débits résiduels minimaux à l’aide d’échelles limnimé-

triques permettant de visualiser clairement les débits résiduels effectifs.

L’objectif est de permettre les prélèvements d’eau à des fins agricoles tout

en assurant la sauvegarde des intérêts des pêcheurs et celle du milieu

aquatique.

Dans les bassins versants où il faut évaluer différentes autorisations de pré-

lèvement et contrôler ces prélèvements, on définit des débits de dotation

ainsi que des procédés de mesure destinés à contrôler ces débits. ► Me-

sure n° 1 : Cartes d’aptitude aux prélèvements temporaires.

Les dispositifs de mesure utilisés varient en fonction de la situation et vont

de l’échelle limnimétrique comportant une marque rouge signalant le ni-

veau critique à la station automatique de mesure, en passant par

l’échancrure marquant le débit de dotation.

Les autorités se basent sur la quantité d’eau disponible au-dessus du débit

de dotation pour délivrer les autorisations. Avant d’opérer un prélèvement,

les agriculteurs contrôlent le débit effectif.

La mise en place du système relève en règle générale des compétences du

canton, alors que la mise en œuvre relève des agriculteurs et des com-

munes. Lorsque les niveaux atteignent des valeurs préoccupantes, le can-

ton émet des directives à l’intention des communes pour qu’elles

s’abstiennent de tout prélèvement.

Les agriculteurs savent en temps réel s’ils peuvent ou non prélever de

l’eau.

La bonne visibilité qu’offrent les échelles limnimétriques permet aux

utilisateurs de contrôler eux-mêmes leurs prélèvements ainsi que ceux

des autres.

Cet autocontrôle permet d’éviter les fermetures ponctuelles.

Le système est clair et facile à utiliser pour les agriculteurs comme pour

les autorités communales.

Les décisions de restriction ou de fermeture se fondent sur les débits de

dotation, qui jouissent d’une large reconnaissance.

Les mesures de débits sont indispensables pour étalonner les échelles

limnimétriques. En l’absence de stations de mesure des débits et des

niveaux ou s’il n’y en a qu’un trop petit nombre, la mesure ne peut être

mise en œuvre que sur le long terme. S’il y a des stations de mesure

avec des échelles limnimétriques, la mesure peut être mise en œuvre

facilement.

Description

Responsabilités / acteurs

Avantages / inconvénients

Page 102: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

96

La mise en place du système est coûteuse et nécessite une main-

d’œuvre considérable. Son entretien également représente une charge

de travail non négligeable.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Soleure : ► Point 5.1.

Canton de Berne : Le système d’échelles limnimétriques a été mis en

place aux endroits où les communes octroyaient régulièrement des autori-

sations à divers exploitants agricoles et où l’on ne disposait pas de stations

de mesure hydrométriques. Les échelles limnimétriques sont le plus souvent

disposées sur les frontières communales et sont pourvues d’une marque

rouge signalant le débit de dotation. Pour calculer celui-ci, on tient compte

de tous les affluents et effluents ainsi que tous les prélèvements connus sur

le tronçon considéré. Dès lors que le débit n’atteint pas la marque, tout

prélèvement est interdit sur ce tronçon. Il n’est ainsi plus nécessaire de

prendre des mesures actives pour fermer le cours d’eau aux prélèvements.

OFEFP, 1997 : Débits résiduels dans les cours d’eau. Prélèvements d’eau

destinés en particulier à l’irrigation. Série Informations concernant la pro-

tection des eaux, n° 24. L’environnement pratique [10].

OFEFP, 2000 : Débits résiduels convenables – comment peuvent-ils être

déterminés ? L’environnement pratique [11].

Office de l’économie hydraulique et énergétique du canton de Berne

2004 : Prélèvements d’eau dans les cours d’eau. Maintien des débits rési-

duels [27].

Classification

Exemples concrets

Figure 13 :

Divers procédés existent pour

contrôler le respect des débits de

dotation : échelles

limnimétriques, échancrures

marquant le débit de dotation,

Telelog.

Informations complémentaires

Page 103: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

97

N° 21 : Restrictions touchant les services publics

d’approvisionnement

Élaboration d’un concept relatif aux restrictions d’utilisation lors de situa-

tions exceptionnelles, avec définition d’un ordre de priorités parmi les utili-

sations.

En guise de préparatifs aux situations de pénurie, les cantons et les services

des eaux élaborent les bases nécessaires pour pouvoir imposer les restric-

tions et définir des priorités entre les différentes utilisations de l’eau. Il con-

vient tout d’abord d’introduire les bases réglementaires nécessaires dans

les législations cantonales et/ou au niveau des règlements

d’approvisionnement. Sur cette base, on détermine quelles utilisations (p.

ex. arrosage des jardins, lavage des voitures, remplissage des piscines) trai-

ter comme prioritaires et quelles autres restreindre en premier. Dans la

mesure du possible, on veillera à avertir les utilisateurs des restrictions qui

pourront les toucher.

Il n’existe pas de bases légales au niveau fédéral pouvant fonder les inter-

dictions touchant les différentes utilisations. Plusieurs cantons ont toutefois

doté leurs législations de clauses permettant aux services des eaux

d’imposer des restrictions ou des interdictions en période de pénurie (cf.

exemples concrets).

Une autre possibilité consisterait à prévoir une clause correspondante dans

le règlement d’approvisionnement en eau. Le modèle de règlement mis à

disposition par la SSIGE contient la possibilité de restreindre ou

d’interrompre l’approvisionnement en cas de pénurie (art. 38) mais ne pré-

voit pas explicitement la possibilité d’interdire une utilisation spécifique.

Concernant les livraisons d’eau à des fins spécifiques comme le raccorde-

ment à une piscine ou à des installations de refroidissement, de climatisa-

tion ou d’irrigation par aspersion, le modèle prévoit dans son art. 47 de

soumettre ces utilisations à autorisation, avec la possibilité d’imposer des

conditions.

Les utilisations souvent interdites sont l’arrosage des jardins, le remplissage

des piscines et le lavage des voitures. Si ces utilisations représentent en-

semble, selon les statistiques de la SSIGE, moins de 5 % de la consomma-

tion des ménages, les deux premières tendent à augmenter fortement lors

de pointes de chaleur et de sécheresse, si bien que les économies poten-

tielles correspondant à l’arrosage des jardins peuvent atteindre 5 à 10 %.

Deux tiers environ de l’eau utilisée par les ménages le sont pour des activi-

tés de lavage fortes consommatrices d’eau (chasse d’eau, bains/douches,

lave-linge). Les appels à un usage parcimonieux de l’eau, soit à préférer les

douches aux bains, à restreindre l’usage de la chasse d’eau, etc., présen-

tent eux aussi un certain potentiel en matière d’économie. Enfin, les me-

sures d’économies temporaires prises par certains grands utilisateurs dans

Description

Bases légales des restrictions

Quelles utilisations interdire ?

Page 104: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

98

les secteurs de l’industrie et de l’artisanat peuvent elles aussi réduire sensi-

blement la consommation d’eau potable.

Les services cantonaux compétents élaborent les bases nécessaires en col-

laboration avec les services des eaux.

Création des bases légales nécessaires pour les restrictions et la défini-

tion des priorités entre les utilisations de l’eau fournie par les services

publics d’approvisionnement.

Analyse du potentiel d’économies auprès des grands consommateurs.

Comme le montre l’exemple du canton de Bâle-Campagne

(► point 5.4), une procédure en deux étapes est recommandée pour

les restrictions imposées sur l’utilisation de l’eau du public :

1. extinction des fontaines et/ou appel aux économies librement con-

senties,

2. interdiction de certaines utilisations.

En temps de crise, la couverture des besoins physiologiques et hygié-

niques de la population jouit d’une priorité absolue, conformément aux

termes de l’OAEC.

D’autres facteurs de réussite et pièges à éviter en matière de gestion des

restrictions d’utilisation et de définition de priorités sont énumérés au

► point 3.3.

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Canton de Bâle-Campagne : ► Point 5.4.

Loi sur l’économie des eaux du canton de Zurich (art. 31) : En cas de

pénurie d’eau imminente, la direction des travaux publics peut ordonner les

mesures qui s’imposent concernant la distribution de l’eau issue des ser-

vices publics d’approvisionnement, y compris pour ce qui touche aux coûts.

Loi sur la gestion des eaux (LGEaux), canton du Jura (art. 82, al. 2) :

[Les communes] peuvent restreindre la fourniture d’eau lorsque la quantité

disponible ne suffit pas à satisfaire les besoins. Elles peuvent interdire tem-

porairement l’utilisation de l’eau pour des usages particuliers, notamment

pour l’arrosage et pour le remplissage de piscines.

Responsabilités / acteurs

Préparatifs et prérequis

Facteurs de réussite, pièges

Classification

Exemples

Page 105: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

99

A5 Instruments économiques

N° 22 : Solutions d’assurance pour les pertes de récoltes liées à la

sécheresse

Conclusion d’une police d’assurance couvrant les pertes de récoltes subies

suite à une période de sécheresse extrême et exceptionnelle.

Compte tenu de la hausse des températures moyennes et la prolongation

de la période de végétation, le changement climatique a en Suisse de

nombreuses répercussions positives sur le rendement de la production agri-

cole. Le changement climatique comporte toutefois également les risques

de pertes de récoltes plus fréquentes par suite de la multiplication des épi-

sodes de sécheresse. Diverses mesures sont prises pour que l’agriculture

s’adapte de manière optimale au changement climatique [18]. Il restera

malgré tout difficile de faire face aux périodes de sécheresse exception-

nelles.

Une assurance contre les pertes de récoltes dues à la sécheresse permet de

couvrir ce risque, en constante augmentation. Les exploitants agricoles

peuvent souscrire une couverture de ce type, moyennant une prime an-

nuelle modeste – probablement dérisoire par rapport aux effets globale-

ment positifs que le réchauffement aura sur le secteur agricole – et seront

indemnisés en cas de perte.

En collaboration avec les compagnies d’assurances, les services cantonaux

de l’agriculture et les groupements agricoles promeuvent une sensibilisa-

tion à la problématique des pertes de récoltes dues à la sécheresse et aux

possibilités de couverture de ce type de risques. Les agriculteurs peuvent

souscrire ces polices à titre individuel ou par le biais d’une association.

Des critères et des valeurs seuils clairement définis pour les dommages

occasionnés par la sécheresse.

Des coûts modestes pour l’évaluation des dommages.

Possibilité d’adapter les valeurs seuils à mesure que le réchauffement

s’accentue.

Les pertes de récoltes dues à la sécheresse peuvent être compensées

financièrement et, avec elles, les variations de revenus liées au chan-

gement climatique.

Les conséquences négatives du changement climatique sur l’agriculture

peuvent être en partie compensées par le biais des instruments du

marché et seront également contrebalancées par les effets positifs du

changement climatique.

Les exploitations agricoles supportent des frais au titre de leur couver-

ture d’assurance.

Description

Responsabilités / acteurs

Facteurs de réussite

Avantages / inconvénients

Page 106: Gestion des ressources en eau dans les situations ...€¦ · tout dernièrement de l’été 2015, même la Suisse, pourtant considérée comme le château d’eau de l’Europe,

100

Utilisations et besoins concernés Échéance Coût

écologie des

eaux irrigation

un mois

investissements

supplémentaires

utilisation

thermique enneigement

une année

ressources existantes

force

hydraulique

approvisionnement

en eau

plusieurs années

Assurance fourragère fondée sur un indice : Mis au point dans le cadre

du projet pilote « Adaptation aux changements climatiques », ce modèle

d’assurance fondée sur un indice7) a pour but de permettre aux agriculteurs

suisses de se prémunir contre les pertes de rendement fourrager liées à la

météo. Plus de 70 % de la surface agricole utile en Suisse sont exploités

comme herbages.

À la différence des produits d’assurance déjà proposés dans les autres sec-

teurs de la production végétale, ce nouvel instrument repose sur une ap-

proche indicielle. L’indice indique quand un assuré peut prétendre à une

indemnité, ce qui supprime les coûts d’estimation sur site. L’indice de sé-

cheresse se fonde notamment sur des données de précipitations mesurées

au sol et par radar, actualisées chaque jour et à haute résolution spatiale.

Il est prévu de mettre à l’avenir à la disposition de toutes les personnes

intéressées via une plate-forme Internet des informations détaillées concer-

nant les risques de sécheresse pour les herbages durant la phase de crois-

sance végétale. ► Société suisse d’assurance contre la grêle (pas encore en

fonction).8) Cette solution offre aux exploitations agricoles un instrument

peu coûteux et efficace pour la gestion de leurs risques.

7) http://www.bafu.admin.ch/klima/13877/14401/14914/14926/index.html?lang=fr

8) http://www.hagel.ch/fr/

Classification

Exemple concret