Gestion Et Management

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Gestion vient du nom latin gestio : action de gérer, exécution, issu du verbe gerere :exécuter, accomplir ; au départ pour le compte d'autrui, d'où le gérant d'affaires qui est unmandataire.Cette référence à la notion d'exécution et l'expression "compte de gestion" montrent que la gestions'applique a priori à l'activité courante et à un horizon décisionnel relativement court. Cependant,le mot a pris un sens plus ambitieux en devenant carrément le synonyme des termesd'administration, de management, de gouvernement, de direction.

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Gestion et Management Quelles diffrences ?

Par Mohamed Moncef Kachouri - Formateur Conseil

Si un homme raisonne mal, cest quil na pas les donnes pour raisonner mieux (1), disait Diderot en 1771. Affirmation dune actualit brlante, malgr les deux sicles un tiers qui nous sparent de son auteur. Seul le vocabulaire a volu sous leffet des progrs des sciences: il est devenu plus riche et plus nuanc. Normal, quand on sait que le dictionnaire daujourdhui contient trois fois plus de mots que le dictionnaire du 18me sicle.Du temps de Diderot, les donnes signifiait les faits et les informations. Aujourdhui, elles ont une acception beaucoup plus large: avec lessor de linformatique et lextraordinaire dveloppement des moyens de communication, les informations se sont riges sous forme de Bases, de Mgabases (2) ou de Banquesde donnes. Consquence:Pour raisonner mieux, il ne suffit plus davoir une bonne connaissance des faits et des informations, encore faut-il que lon soit capable de les conserver, de les mettre jour, dy accder rapidement, de les interprter correctement et de les utiliser bon escient. Autrement dit, il nous faut une panoplie dautres outils permettant la bonne exploitation de ces considrables flux dinformations. Dans le domaine du management, le problme se complique encore car il faut y ajouter les pineux obstacles du langage; le management tant le produit dune culture trangre pour les 9/10me de lhumanit. Ce quil faut bien percevoir ici, cest que le langage nest pas un vhicule neutre de la pense. Celle-ci est particulirement influence par les mots, les concepts, les symboles, la structure des phrases auxquels sajoutent les valeurs, les postulats, les mthodes, le mode de pense sans oublier la vision que lon a de lExistence et les problmatiques qui sy rattachent en termes de proccupations et dactions. Un grand linguiste amricaina dclar ce sujet: Les observateurs ne voient pas la mme image de lunivers, si leurs antcdents linguistiques ne sont pas semblables. Dans le domaine du management, cela se traduit par une trs grande imprcisiondu langage : les Japonais nont pas, ce jour, de mot pour traduire lexpression prise de dcisions. Les Franais nont pas encore dquivalents valables pour traduire de langlais un grand nombre de nouveaux concepts tels que, par exemple, Marketing, Management, Leadership, Internet, Merchandising, etc. Pire encore, un grand nombre de concepts, rests inchangs dans la langue dorigine et pour lesquels on est arriv trouver des synonymes, ont totalement chang de signification linsu de la plupart de ceux qui les utilisent, dont en particulier le vocable Gestion. Mais on peut encore citer ple-mle les termes information, communication, participation, client, qualit, vrit, justice, publicit, etc. Et, la liste est loin dtre termine.On continue alors de dire directeur de la publicit l o il faut dire directeur de la communication. On dit aussi Gestion de la Force de vente alors quil est plus pertinent de dire Management de la Force de Vente. On dit galement chef des ventes alors quil est plus judicieux de dire manager de la force de vente. On continue de parler indiffremment du directeur commercial et du directeur marketing, de la gestion du personnel et du management des ressources humaines, de la publicit et des relations publiques, des tudes de march et des tudes marketing, de la recherche commerciale et des tudes sectorielles, etc.Du coup, les donnes qui se limitaient, du temps de Diderot, aux faits et aux informations,constituent aujourdhui une ralit bien plus complexe. Et si les gestionnaires du 18me Sicle navaient que trs peu dexcuses pour ne pas bien raisonner, les managers daujourdhui ont toutes les chances de se tromper quand ils arrivent, dj, comprendre et se faire bien comprendre.Ces difficults du langage sont lorigine de la mauvaise comprhension de la quasi-totalit des problmatiques des sciences humaines dont, en particulier, celles du management.La plus importante de ces problmatiques est probablement celle-ci: la plupart des entreprises sont la fois sur-commandes et sous-diriges (1). Cette problmatique reste peine perceptible bien quelle concerne toutes les formes dorganisations y compris les Etats-Nations. En parlant des chefs dEtat et de leur manire de diriger leur pays, Peter Drucker disait en substance: il ny a pas de pays sous-dvelopps, il ny a que des pays sous-dirigs. Et, la traduction est peine acceptable. Voici donc le texte intgral de sa dclaration: There are not underdevelopped countries, there are only undermanaged countries.On continue dobserver dans les entreprises performantes et moins performantes dexcellentes aptitudes grer les activits quotidiennes, et personne ne doutera jamais quil faut bien grer la routine de tous les jours. Il y a, cependant, une profonde diffrence entre grer et manager mme si ces deux activits sont tout aussi ncessaires pour la rentabilit des entreprises.Grer consiste commander, contrler, provoquer, accomplir, assumer des responsabilits. Manager (ou diriger) consiste exercer une influence, guider, orienter, mobiliser, fdrer. La distinction est fondamentale: les gestionnaires considrent leurs employs comme une source dnergie et sadressent avant tout leurs bras, les managers considrent les leurs comme une source dintelligence et sadressent avant tout leur imagination. Ceux qui grent, appels gestionnaires, savent ce quils doivent faireet concentrent leurs efforts sur le comment faire? ; ceux qui dirigent, appels managers ou, mieux encore, leaders, savent ce quil faut faire et orientent leurs efforts sur la question de savoirque faire faire?. On peut rsumer la diffrence en opposant les activits, les orientations et les objectifs de ces deux types de responsables dentreprises: * Les gestionnaires orientent leurs activits vers les tches, les managers orientent les leurs vers les rsultats. * Les gestionnaires se contentent de rsoudre les problmes, les managers svertuent dcouvrir les vrais problmes pour leur apporter, ensuite, des solutions originales. * Les gestionnaires se plaisent donner des ordres, les leaders se contentent de montrer la voie. * Les gestionnaires passent le plus clair de leur temps commander les autres, les managers ont, en revanche, pour devise: diriger les autres, se commander soi-mme.*Les activits des gestionnaires sont centres sur la matrise des travaux courants et visent avant tout lefficience, celles des managers sont centres sur la vision et visent lefficacit.

Cest dire donc que les managers ne se contentent pas de pousser plus loin ce que dautres ont dj fait, mais crent de nouvelles ides, de nouvelles politiques et de nouvelles mthodologies. Ils modifient le mtabolisme basal de leurs entreprises. Pour reprendre lexpression de Camus, les managers crent dangereusement et ne se contentent pas de matriser des activits fondamentales. Ils crent dangereusement en ce sens quils incitent lensemble du personnel, toutes catgories confondues, non pas travaillerdurement ou travailler seulement, mais apprendre en permanence pour apprendre et innover continuellement. Tel est le vritable travail dun manager, quil soit chef dentreprise, chef de service ou chef de section. Autrement dit, lentreprise performante daujourdhui est avant tout une entreprise formatrice et innovante.Cette volution ne sest pas faite sans raison. Elle est la consquence dune autre volution encore moins perceptible: le changement des sources du profit.Lorsque lenvironnement des entreprises tait stable, celles-ci tiraient lessentiel de leur profit de la productivit et de son corollaire: la bonne gestion de leurs ressources.Aujourdhui, lenvironnement ntant plus ce quil tait, la profitabilit des entreprises est devenue, pour lessentiel, tributaire de linnovation (et non pas seulement de la productivit), et de son corollaire: la qualit de leur management (et non pas seulement de la bonne gestion de leurs ressources).Ainsi, le concept de leadership que partagent et quincarnent les managers est directement li la manire dont ils interprtent leur rle. Ils se proccupent des objectifs fondamentaux et de lorientation de leurs entreprises. Leur perspective est oriente vers la vision et le jugement. Ils ne passent pas leur temps chercher comment il faut faire, mais savoirce quil faut fairefaire. Quand il leur arrive de dbattre de la question du comment faire?, cela sous-entend toujours comment faireplus rapidement, plus conomiquement, plus efficacement, etc. Au risque dtre banal, il faut souligner une vidence: Les problmes actuels ne seront pas rsolus sans des entreprises performantes, et les entreprises ne sauraient tre performantes sans un leadership efficace. Une entreprise qui manque de capitaux peut emprunter de largent, et une entreprise mal installe peut dmnager. Mais une entreprise qui manque de leadership na gure de chances de survivre. Elle stiolera sous le contrle demploys au mieux efficients, dans des domaines troits.Moralit: Nos entreprises ont besoin dtre diriges par des leaders et non par des gestionnaires. Car le leadership est la meilleure voie capable de combattre la somnolence naturelle des groupes formant le personnel des entreprises. Cest aussi la meilleure manire de permettre aux employs de sadapter lvolution des circonstances et den tirer le meilleur profit. Seul le leadership est enfin capable de confrer une communaut non seulement un projet fdrateur, donc une vision excitante de lavenir, mais aussi laptitude de traduire cette vision dans les faits. Sans cette traduction, fruit dun change fructueux entre le leader et ses sujets, il ny a pas de cur qui bat au sein de lentreprise.--------------------------------------------------------(1)Cit par H. Pointillart et D.Xardel, mgabases: Le marketing du toucher-juste, Ed. Village Mondial, Paris, 1996, p15.(2)Expression de Herv Pointillart & Dominique Xardel, Ed. Village Mondial, Paris, 1996.(1) Warren BENNIS & Burt NANUS, diriger, Nouveaux Horizons, 1985.

webmanagercenter.com | 17 Novembre 2006 05:57:00| Mots-cls : 9 commentaire(s)