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GHANA LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST Etat des lieux, tendances, opportunités et enjeux actuels AVEC SOUTIEN DE

GHANA L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST...de janvier 2005 à juillet 2015 ..... 11 Figure 3 : Répartition des investisseurs d’impact selon l’emplacement et

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GHANALE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUESTEtat des lieux, tendances, opportunités et enjeux actuels

AVEC SOUTIEN DE

Page 2: GHANA L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST...de janvier 2005 à juillet 2015 ..... 11 Figure 3 : Répartition des investisseurs d’impact selon l’emplacement et

ACRONYMES

ADEPME Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises

AIE Agence Internationale de l’Energie

AMSCO African Management Services Company

APC All Progressives Congress

APIX Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux

ASG Actifs sous gestion

ASS Afrique Sub-saharienne

AT Assistance Technique

BAD Banque Africaine de Développement

BCEAO Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest

BIO Société belge d’Investissement pour les pays en Développement

BMN Bureau de Mise à Niveau

BOAD Banque Ouest Africaine de Développement

BoP Base de la Pyramide

CACS Commercial Agriculture Credit Scheme

CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest

CNCAS Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

CR Capital risque

CTIC Conseil en Technologies de l’Information et de la Communication

DEG Société Allemande d’Investissement et de Développement

ESG Environnement, Social and Gouvernance

FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine

FinTech Financial Technology

FMI Fonds Monétaire International

FMO Société Financière Néerlandaise pour le Développement

FONGIP Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires

FONSIS Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques

GAIN Ghana Angel Investor Network

GIIN Global Impact Investing Network

GIMPA Ghana Institute of Management and Public Administration

GIPC Ghana Investment Promotion Center

GVEP Partenariat pour l’énergie du village planétaire

I&P Investisseurs et Partenaires

IDE Investissement Direct Etranger

IDH Indice de Développement Humain

IFD Institution Financière de Développement

IFU Fonds d’industrialisation pour les pays en développement

IMF Institutions de Microfinance

IPRES Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal

LAN Lagos Angel Network

MCF Medical Credit Fund

MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord

MEST Meltwater Entrepreneurial School of Technology

NFSP Programme national de sécurité alimentaire

OCI Organisation de la Conférence Islamique

OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

ONG Organisation Non-Gouvernementale

OPIC Société de promotion des investissements privés à l’étranger

PIB Produit Intérieur Brut

PME Petite et Moyenne Entreprise

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

PSE Plan Sénégal Émergent

R&D Recherche et Développement

RH Ressources Humaines

SFI Société Financière Internationale

SIG Système d’Information de Gestion

SMEDAN Agence pour le développement des petites et moyennes entreprises au Nigéria

TIC Technologies de l’Information et de la Communication

TRI Taux de Rentabilité Interne

UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

REMERCIEMENTSCe projet a été financé avec l’aide du gouvernement du Royaume-Uni, à travers la mise en œuvre du Programme d’Impact élaboré par le Département pour le Développement International. Le Programme d’Impact vise à impulser le marché de l’investissement d’impact en Afrique Subsaharienne et en Asie du Sud.

www.theimpactprogramme.org.uk

Ce rapport a été établi grâce à la collaboration de nombreuses personnes, tant en Afrique de l’Ouest qu’ailleurs. Nous souhaitons tout d’abord, remercier toutes les personnes interviewées lors de cette étude, qui ont offert de leurs temps, organisations et savoir-faire. Vos différents apports ont considérablement aidé éclairer un sujet complexe. Nous remercions également les membres de l’équipe du GIIN pour leurs précieux conseils, reçus tout le long du processus d’élaboration du présent rapport. Nous tenons enfin à remercier Jessica Johnson et Aida Ndiaye pour leurs brillantes participations à la recherche et à la collecte de données.

Équipe Consultative du GIIN Amit Bouri, [email protected] Balloch, [email protected] Mudaliar, [email protected] Schiff, [email protected] Gustafson, [email protected]

Équipe de Rédaction de Dalberg Naoko Koyama, [email protected] Nouwen, [email protected] Matthew MacDevette, [email protected] Shen, [email protected] Bazley, [email protected] Burke, [email protected]

JUIN 2016

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GHANA • 1

TABLE DES MATIÈRESOBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

1. PRESENTATION DU PAYS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Bref Contexte Historique et Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Structure et Performances Économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Climat des Investissements et Secteurs Moteurs des Investissements Directs Étrangers (IDE) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

2. OFFRE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT . . . . . . . . . . 10Estimation des Capitaux d’Impact Mobilisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Obstacles et Opportunités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Mesure et Suivi de l’Impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

3. DEMANDE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENT D’IMPACT . . . . . . 22Contexte de la Demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Types et Répartition des Acteurs de la Demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Difficultés Rencontrées par les Acteurs de la Demande pour l’Obtention d’Investissements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

4. ÉCOSYSTÈME DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Politiques et Règlements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Efforts de Soutien au Développement du Marché de l’Investissement d’Impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

GHANA

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2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST GHANA • 3

OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIEÀ PROPOS DU PRESENT RAPPORT

Ce rapport fournit des informations capitales sur le paysage de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest. Il comporte quatre chapitres. Le premier traite des différents constats et conclusions tirés des études menées, au niveau régional. Les trois autres présentent les résultats spécifiques du Nigéria, du Ghana et du Sénégal. Ces chapitres sont articulés autour de quatre sections :

1. « Aperçu » fournit un panorama du climat politique, économique et d’investissement de la région ou du pays.

2. « Offre » présente les enseignements relatifs au volume des capitaux d’investissement d’impact mobilisés et ventilés en fonction du secteur, des techniques utilisées et de l’ampleur des transactions. Les principaux obstacles et opportunités identifiés et soulignés par les investisseurs d’impact interrogés dans le cadre de cette étude y sont également décrits. Cette section expose par ailleurs, les différents indicateurs et méthodes en matière de mesure de l’impact et d’établissement de rapports.

3. « Demande » décrit les principales caractéristiques des bénéficiaires d’investissements d’impact tout en relevant leurs besoins et les obstacles perçus vis-à-vis de l’accès aux capitaux.

4. « Écosystème » décrit le cadre réglementaire de l’investissement d’impact et des principaux acteurs impliqués dans l’appui aux entreprises et aux investisseurs.

Outre les principaux pays que sont le Nigeria, le Ghana et le Sénégal, des informations sur quatre autres pays sont présentées dans le chapitre dédié à la région de l’Afrique de l’ouest (Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Togo et Bénin) sous forme de tableaux.

Le Marché de l’Investissement d’Impact en Afrique de l’Ouest est la troisième édition d’une étude de marchés régionaux publiée par le Global Impact Investing Network (GIIN). Cette étude vise à combler le manque de données disponibles sur l’investissement d’impact dans les économies émergentes. La première édition de ces rapports a traité de l’Asie du Sud, la deuxième, de l’Afrique de l’Est et la prochaine traitera de l’Afrique australe.

TABLE DES FIGURESFigure 1 : Contribution sectorielle au PIB du Ghana, de 2010 à 2014 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Figure 2 : Montant des investissements totaux d’impact identifiés au Ghana,

de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Figure 3 : Répartition des investisseurs d’impact selon l’emplacement et le type, juillet 2015 . . . 12Figure 4 : Répartition sectorielle des investissements directs des IFD,

de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Figure 5 : Répartition sectorielle des investissements directs des autres types d’investisseurs

que les IFD, de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15Figure 6 : Montant des investissements directs des IFD en fonction de la taille de la transaction,

de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16Figure 7 : Montant des investissements directs des autres types d’investisseurs que les IFD

en fonction de la taille de la transaction, de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16Figure 8 : Montant des investissements directs totaux des IFD en fonction de

l’instrument utilisé, de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Figure 9 : Montant des investissements directs totaux des autres types d’investisseurs

que les IFD en fonction de l’instrument utilisé, de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . 18Figure 10 : Les acteurs de l’écosystème ghanéen, juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

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4 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST GHANA • 5

Définitions

OFFRE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT

Le GIIN définit les investissements d’impact comme « ceux destinés aux entreprises ou aux organisations visant à créer un impact social et environnemental, tout en générant une rentabilité financière”.1 Les investisseurs d’impact présentent trois caractéristiques :

1. prévision d’une rentabilité financière positive sur la durée de vie de l’investissement ;

2. intention de créer un impact social et environnemental positif ;

3. engagement à mesurer et à suivre l’impact social et / ou environnemental.

Les investissements d’impact sont réalisés dans un grand nombre de secteurs et à l’aide de divers instruments. Plusieurs types d’investisseurs sont actifs dans le secteur de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest, notamment les IFD2, les fondations, les entreprises familiales, les banques, les investisseurs institutionnels et les gestionnaires de fonds.

À PROPOS DES PORTEFEUILLES DES IFD

La définition utilisée dans cette étude de l’investissement d’impact repose sur l’intention des investisseurs de générer des retombées positives pour les bénéficiaires. Les auteurs savent cependant, que cette intention peut se traduire par différentes stratégies d’investissement. Du fait du caractère unique et de la taille des IFD, les auteurs de ce rapport analysent leurs activités indépendamment de celles des autres types d’investisseurs d’impact et font ainsi les analyses adaptées. (Ce rapport mettant l’accent sur le développement du secteur privé, les fonds accordés directement aux gouvernements ne sont pas pris en compte dans l’analyse.)

Une segmentation des portefeuilles des IFD en “investissements d’impact” et en “autres investissements” aurait pu être intéressante. Elle n’a malheureusement pas pu être adoptée pour cette étude. La perception du portefeuille d’investissement des IFD a beaucoup évolué. D’aucuns considèrent tous leurs investissements comme étant à fort impact, d’autres segmentent leurs activités en plusieurs catégories. Toutefois, la majorité de ces IFD ne communique pas publiquement sur le caractère à fort impact ou non de leurs investissements. Vu la diversité des opportunités de création d’impacts sociaux et / ou environnementaux, il a été jugé inapproprié pour cette étude de procéder à la segmentation des portefeuilles. En revanche, l’analyse en elle-même est structurée de manière à permettre aux différents lecteurs du rapport d’interpréter les données dans leur contexte.

Les investisseurs d’impact investissent à la fois directement dans des entreprises et des projets et, indirectement par le biais d’intermédiaires financiers (par exemple, les gestionnaires de fonds). En effet, une proportion inconnue des investissements

1 Le site web du Global Impact Investing Network, http://www.thegiin.org.2 Les IFD sont définies comme des institutions financières soutenues par le gouvernement, et qui

accordent un financement au secteur privé (et dans certains cas au secteur public) en vue de réaliser des investissements favorisant le développement.

indirects agit comme une source d’investissement direct et les données les concernant sont insuffisantes. Les intégrer pourrait résulter en un double emploi. Le rapport présent met l’accent sur les investissements directs. Cependant, ces investissements indirects sont traités de façon détaillée dans la section 2 du présent chapitre.

Seuls les capitaux mobilisés ont été pris en compte dans cette étude. Les fonds engagés mais non encore mobilisés ont été retirés de l’analyse. Toutes les références à « capitaux mobilisés » et « capitaux d’impact » renvoient à l’investissement d’impact, sauf indication contraire. Les données disponibles correspondent à la période 2005 à mi- 2015 ; toutes les références à « capitaux mobilisés à ce jour » renvoient à cette période.

DEMANDE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT

Les investisseurs d’impact touchent les grandes comme les petites entreprises. Les IFD ont tendance à favoriser les grandes entreprises en raison de leur capacité à mobiliser et utiliser des capitaux importants. Cette section traite de la demande de deux catégories d’entreprises : les entreprises sociales d’une part, et d’autre part, des PME3 qui représentent 90% du tissu économique de la région.

Dans le présent rapport, les entreprises sociales sont définies comme celles qui :

• expriment un objectif fondamental de créer un impact social ou environnemental positif, et

• cherchent à atteindre la viabilité et la pérennité financière.

La définition précise d’une PME varie selon les pays. De manière générale, sont dénommées PME, les entreprises qui comptent moins de 250 employés.4 Les dirigeants de PME interviewées pour les besoins de cette étude ne précisent ni le revenu, ni le nombre d’employés de leurs entreprises au cours des discussions. Il est nécessaire de souligner que de nombreuses entreprises sociales sont des PME.

Les entreprises sociales et les PME sont les potentiels bénéficiaires d’investissement d’impact en raison de leur rôle primordial dans la création d’emplois et la fourniture de biens et services aux populations mal desservies. Cependant, elles font face à d’importants obstacles pour accéder aux capitaux et pour générer de la croissance. L’expérience de ces entreprises révèle donc les principaux obstacles à l’accès aux capitaux d’impact ainsi qu’à leur mobilisation.

3 Les entreprises sociales en Afrique de l’Ouest sont presque exclusivement des PME.4 “Micro, Small, and Medium Enterprises around the World: How Many Are There, and What Affects

the Count?” International Finance Corporation (2010). Disponible sur : .

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6 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST GHANA • 7

ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME

Les acteurs de l’écosystème de l’investissement d’impact soutiennent activement les investisseurs ou les entreprises. Il s’agit notamment des types d’organisations suivantes :

• Incubateurs /accélérateurs 5

• Prestataires d’assistance technique (y compris les prestataires de services en conseil)

• Services de notation de crédits

• Réseaux et associations d’industries

• Institutions de recherche

• Concours de plans d’affaires

MéthodologieDes informations ont pu être collectées durant cette mission grâce à plus de 50 entretiens physiques et téléphoniques avec des investisseurs d’impact, des acteurs de l’écosystème, des entrepreneurs et des dirigeants d’entreprises en Afrique de l’Ouest. Les entretiens physiques ont eu lieu dans les principaux pays cibles que sont : le Nigéria, le Ghana et le Sénégal, tandis que les entretiens téléphoniques ont été réalisés avec des parties prenantes localisées en dehors de cette région ou actifs dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.6 La liste des personnes interrogées figure en annexe.

Afin de compléter les renseignements tirés des entretiens, une recherche documentaire a été menée sur les portefeuilles d’investissement d’impact et les dynamiques d’investissement en vigueur dans cette région. Cette recherche s’est faite à travers l’exploitation d’études universitaires, de bases de données ouvertes au public, d’anciens projets de Dalberg, de rapports des IFD et des investisseurs, de rapports gouvernementaux ainsi que de sites web et de supports publicitaires des entreprises. Les données présentées exposent généralement les transactions effectuées par 13 IFD et 27 autres investisseurs d’impact.

5 Les incubateurs permettent aux PME de s’installer et de se développer grâce à une combinaison de services d’appui aux entreprises (par exemple : le mentorat, le coaching et la formation en gestion comptable), au financement et à la mise à disposition d’un espace physique et / ou de machines. Les incubateurs soutiennent les PME en phase de démarrage et celles en phase de croissance.

6 Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, Bénin, Burkina Faso, Cap - Vert, Gambie, Guinée, Guinée‐Bissau, Mali, Niger et Togo.

1. PRESENTATION DU PAYSBref Contexte Historique et PolitiqueEn 1957, le Ghana est devenu le premier pays d’Afrique à obtenir son indépendance. Après une série de coups d’état, une nouvelle constitution rétablissant le multipartisme a été approuvée en 1992. Dès lors, du fait de cette stabilité politique et d’une croissance économique, le Ghana s’était révélé être une destination favorable aux investissements.

Malgré un niveau d’investissements étrangers soutenu et une croissance économique moyenne relativement élevée au cours de la dernière décennie, le pays est confronté à une forte instabilité de l’économie. La croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) réel ne cesse de reculer depuis 2012, passant de 14% en 2011 à 4% en 2014.7 Cette situation est en grande partie due à la forte dépréciation de la monnaie, la hausse de l’inflation, le niveau élevé de la dette publique et le ralentissement de la croissance dans les principaux secteurs. Son positionnement comme l’une des principales destinations africaines pour les investissements se trouve menacé.

Pour faire face à ces défis, l’État ghanéen a adopté une stratégie proactive en vue de redonner confiance aux investisseurs. En 2013, par exemple, le Centre de Promotion des Investissements du Ghana (Ghana Investment Promotion Centre (GIPC)) a été mis en place. Sa mission est de promouvoir les investissements étrangers à travers diverses fonctions incluant le conseil en investissement, le conseil stratégique par la formulation de recommandations ou de mesures incitatives favorables aux investissements. Ces efforts, conjugués à la stabilité politique et à l’ouverture économique pourraient aider le Ghana à relancer son économie.

Structure et Performances Économiques

INDICATEURS DU PIB

Les services constituent le secteur le plus important du Ghana (notamment, le transport, l’administration publique, la sécurité et les services financiers). Ils représentent 50% du PIB.8 Le secteur agricole représente 21% du PIB mais connait une baisse plus ou moins constante depuis 2010. Ce secteur emploie plus de 50% de la population active, notamment grâce aux petites exploitations agricoles (Figure 1).9

7 “African Economic Outlook : Ghana Report,” Banque Africaine de Développement (BAD)(2015). Disponible sur: http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2015/CN_data/CN_Long_EN/Ghana_GB_2015.pdf

8 Ibid.9 “GDP statistics,” Ghana Statistical Service (2015). Disponible sur : http://www.statsghana.gov.gh/

gdp.html “World Development Indicators,” Banque Mondiale (2015) disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators.

Page 7: GHANA L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST...de janvier 2005 à juillet 2015 ..... 11 Figure 3 : Répartition des investisseurs d’impact selon l’emplacement et

8 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST GHANA • 9

FIGURE 1 : CONTRIBUTION SECTORIELLE AU PIB DU GHANA, DE 2010 À 2014

32,2 39,6 41,9 48,6 50,6

2010 2011 2012 2013 2014

PIB en milliards de dollars

Agriculture

Industrie

Services 49% 48%47% 49% 50%

20% 26% 29% 29% 30%

31% 26% 24% 22% 21%

Source: Indicateurs du Développement Mondial, Banque mondiale (2015)

Le PIB du pays a connu une croissance annuelle moyenne de 7,4% entre 2006 et 2013.10 On note ainsi une baisse de la croissance économique, passant de 7,3% en 2013 à 4,2% en 2014, après avoir pourtant été en hausse sur une période de dix ans (14% en 2011).11 Les raisons de ce revirement de situation figurent, en plus des facteurs explicités plus haut, dans l’instabilité de l’approvisionnement en gaz au Nigeria (ayant entrainé des pénuries d’électricité au Ghana). Afin de pallier cette situation et de relancer l’économie, le gouvernement a signé en Avril 2015, une facilité de crédit accordée par le Fonds Monétaire International (FMI) pour un montant de 920 millions de dollars.12

En dépit de ces revers, les perspectives de croissance du Ghana s’annoncent positives pour les prochaines années. La croissance du PIB devrait connaître une reprise de 6% en 201613 et de 7,8% en 201714 grâce à des réformes du FMI, des améliorations dans la production pétrolière et gazière, des investissements du secteur privé et la construction d’infrastructures publiques.15 Ces objectifs de croissance dépendront néanmoins du respect des réformes du FMI et de la stabilité des prix des matières premières.

10 “Statistics,” African Economic Outlook (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/statistics.

11 “African Economic Outlook : Ghana Report,” BAD (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2015/CN_data/CN_Long_EN/Ghana_GB_2015.pdf.

12 “Request for a Three-Year Arrangement under the Extended Credit Facility.” Fond monétaire international (2015). Disponible sur : https://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2015/cr15103.pdf.

13 Ibid.14 “Ghana Profil Pays,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.worldbank.org/en/country/

ghana/overview.15 “African Economic Outlook : Ghana Report,” BAD (2015). Disponible sur : http://www.

africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2015/CN_data/CN_Long_EN/Ghana_GB_2015.pdf.

Climat des Investissements et Secteurs Moteurs des Investissements Directs Étrangers (IDE)

TENDANCES DE L’IDE

Le Ghana représente environ 20% de l’ensemble des flux d’Investissements Directs Etrangers (IDE) destinés à la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).16 Le pays a été une destination phare des IDE à une période où la performance de la région Ouest Africaine avait baissé. Alors que les entrées d’IDE dans la région ont diminué de 9% passant de 14 milliards de dollars en 2007 à 12,8 milliards de dollars en 2015, celles du Ghana ont enregistré une hausse, passant de 855 millions de dollars à 3,2 milliards de dollars sur la même période. En 2014, 310 parmi les 417 investissements à participation étrangère inscrits étaient entièrement sous contrôle étranger ; les 107 autres concernaient des collaborations avec des partenaires ghanéens.17

TAUX D’INFLATION ET TAUX DE CHANGE

Le Ghana traverse une période d’inflation exceptionnellement élevée (13,5% en 2013 et 17% en 2014) due en partie à l’ajustement des prix des produits pétroliers et des services publics, suite à la suppression des subventions par le gouvernement. Le cedi ghanéen a par conséquent fortement déprécié au cours des dernières années. Entre 2013 et 2015, cette dépréciation cumulée est estimée à 45,7% par rapport au dollar américain.18

En réponse à la forte inflation, les taux d’intérêt ont considérablement grimpé. Depuis Juillet 2015, le taux d’intérêt de référence de la Banque centrale au Ghana était de 22%, par rapport à 16% en 2013. Cela a donné lieu à une augmentation importante des coûts d’emprunts, avec des taux annuels de 30 à 50% tout à fait inhabituels pour les entreprises ou les particuliers. Alors que les taux d’intérêt élevés pourraient à terme, favoriser l’appréciation du cedi grâce à une augmentation des investissements étrangers (sachant par exemple, que les bons du Trésor du Ghana ont rapporté un rendement moyen de près de 27% en juillet 2015), les coûts intermédiaires deviennent élevés pour ceux qui ont besoin de capitaux.19

Face à l’instabilité économique, le Ghana a bénéficié en Avril 2015 d’un programme d’aide sur 3 ans en collaboration avec le FMI, dans le but de rétablir sa stabilité économique par le biais d’une discipline budgétaire restrictive passant par une accélération du processus de recouvrement d’impôts et un assainissement budgétaire. Bien qu’il soit trop tôt pour en évaluer les effets, le programme peut remettre le Ghana sur la voie de la renaissance économique.

16 “African Economic Outlook : Ghana Report,” BAD (2014). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2014/PDF/CN_Long_EN/Ghana_ENG.pdf.

17 “Ghana targets 20% FDI Increase in 2014,” Oxford Business Group (2014). Disponible sur : http://www.oxfordbusinessgroup.com/news/ghana-targets-20-fdi-increase-2014.

18 Laary, Dasmani. “Ghana Inflation at four years high,” The Africa Report (2014). Disponible sur : http://www.theafricareport.com/West-Africa/ghana-inflation-rate-at-a-four-year-high.html.

19 Siteweb de la Banque centrale du Ghana. Disponible sur : http://www.bog.gov.gh.

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10 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST GHANA • 11

FACILITÉ À FAIRE DES AFFAIRES

Placé 70ème sur 181 pays selon les indicateurs du rapport Doing Business 2014 de la Banque Mondiale, le Ghana sort du lot en Afrique de l’Ouest avec un classement nettement supérieur à la moyenne régionale (152ème place).20 Sous l’indice de la compétitivité mondiale du Global Competitiveness Index, il occupe le 111ème rang sur 144 pays. Cependant, il est beaucoup mieux classé que les autres pays d’Afrique de l’Ouest.21

La fourniture électrique constitue cependant un problème majeur qui affecte le climat des affaires et entrave considérablement la capacité des principaux secteurs du Ghana à fonctionner efficacement.22 Au début de l’année 2015, le Ghana avait produit 1 200 mégawatts alors que les installations du pays peuvent normalement doubler cette production (potentiel de 2 800 mégawatts.)23 Bien que l’État encourage activement les sources alternatives de production d’électricité, ces efforts ne seront pas visibles sur le court-terme.24

2. OFFRE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT

Estimation des Capitaux d’Impact MobilisésLe Ghana est la plus grande économie de la région Ouest-Africaine, après le Nigeria. Le pays aussi bénéficie de la deuxième plus grande part d’investissements d’impact. Il existe 33 investisseurs d’impact actifs au Ghana, dont huit IDF et 25 autres types d’investisseurs d’impact. Les données présentées dans ce chapitre incluent les investissements effectués par les huit IFD et 20 parmi les 25 autres types d’investisseurs d’impact. Le volume de transactions est estimé à 142 depuis 2005 pour 1,7 milliards de dollars d’investissements directs dans les entreprises et projets (Figure 2).

20 “Doing Business : Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.doingbusiness.org/rankings.

21 Schwab, Klaus. «The Global Competitiveness Report 2014-2015.» Forum économique mondial (2014).

22 “CIA World Fact Book, Ghana Report,” CIA (2015). Disponible sur : https://www.cia.gov/library/PUBLICATIONS/the-world-factbook/geos/print_gh.html.

23 Laary, Dasmani. “Electricity: Ghana’s power crisis deepens,” The Africa Report (2015). Disponible sur : http://www.theafricareport.com/West-Africa/electricity-ghanas-power-crisis-deepens.html.

24 “Ghana receives resounding endorsement of investment plan to transform its renewable energy sector,” BAD (2015). Disponible sur : http://www.afdb.org/en/news-and-events/article/ghana-receives-resounding-endorsement-of-investment-plan-to-transform-its-renewable-energy-sector-14234/.

Les investisseurs d’impact au Ghana ont mobilisé environ 430 millions de dollars en investissements indirects à travers des fonds et intermédiaires. Afin d’éviter tout doublon, ce chapitre porte uniquement sur les investissements directs. En effet, les investissements indirects sont quelque fois utilisés comme source de financement direct. Les investissements indirects sont toutefois traités plus en détail dans le chapitre portant sur la vue d’ensemble de la région. Les investissements indirects sont presque exclusivement réalisés par les IFD et sont concentrés sur les banques commerciales, les gestionnaires de fonds d’impact et les fonds de capital-investissement. Cette tendance indique les efforts des IFD à soutenir l’industrie des investissements d’impact et à construire un marché de fonds propres et banques de commerce.

Comme dans le reste de la région, les IFD constituent la majorité des investissements d’impact directs au Ghana, représentant 1,6 milliards de dollars, soit 96% de l’ensemble des capitaux injectés à travers 58 transactions. Les autres types d’investisseurs d’impact, ont mobilisé quant à eux 75 millions de dollars de capitaux pour 84 transactions.

FIGURE 2 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS TOTAUX D’IMPACT IDENTIFIÉS AU GHANA, DE JANVIER 2005 À JUIL-LET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

IFD*27,913,6

Autres types d’investisseurs

d’impact que les IFD**

0,91,2

58

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

1 615422

7513

31

8111 Direct

Indirect

*n = 8 investisseurs **n = 20 investisseurs

Trois transactions non spécifiées (directes ou indirectes) des autres types d’investisseurs d’impact n’ont pas été prises en compte.Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD et des autres types d’investisseurs

Les 25 autres types d’investisseurs d’impact comptent 22 gestionnaires de fonds et trois fondations (Figure 3). Parmi les investisseurs d’impact identifiés au Ghana, huit y ont une présence physique (dont quatre IFD et quatre autres types d’investisseurs d’impact). L’un d’entre eux (JCS Investments) a été créé au Ghana. Les IFD investissent dans plusieurs projets et entreprises, essentiellement à travers des prêts. Les autres types d’investisseurs d’impact se concentrent sur les investissements en capital destinés aux PME en phase de démarrage et de croissance, la durée des transactions pouvant aller jusqu’à environ cinq à sept ans, avant leur désengagement. Les IFD et les autres types d’investisseurs anticipent des rendements de l’ordre de 18 à 25% (Taux de Rendement Interne, TRI) sur leurs investissements en capital, qui s’avèrent élevés par rapport à ceux de 13 à 17% du Nigeria. Cela s’explique probablement par les taux d’intérêt actuellement élevés au Ghana. Par ailleurs, les investissements sont aussi à faible risque (bons du Trésor). Les autres types d’investisseurs que les IFD dans le pays sont les gestionnaires de fonds et les fondations (Figure 3).

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FIGURE 3 : RÉPARTITION DES INVESTISSEURS D’IMPACT SELON L’EMPLACEMENT ET LE TYPE, JUILLET 2015

Types d’investisseurs d’impact

33 Impact Investisseurs

9Avec présence

permanente

24Sans présence permanente

9bureaux à AccraDFIs• BAD• DEG• SFI • IFUAutres types d’investisseurs• Acumen• AgDevCo* • Injaro Investments• JCS Investments• Lundin Foundation

Ville où sont installés les investisseurs d’impact

Avec présence permanente

Sans présence permanente Total

IFD 4 4 8Autres types d’investisseurs 5 20 25• Gestionnaires de fonds 22• Fondations 3

* AgDevCo a un bureau à Tamale aussi, dans le nord du Ghana.Source: Analyses de Dalberg

Au Ghana, comme au Nigeria, les investisseurs d’impact (gestionnaires de fonds par exemple) dépendent pour la majeure partie de capitaux étrangers pour financer leurs activités. Ces capitaux peuvent provenir d’IFD ou de personnes à valeur nette élevée issues de l’étranger. Les difficultés auxquelles font face les investisseurs d’impact pour obtenir des capitaux d’investisseurs locaux sont traitées plus en détail ci-après.

SECTEUR

Les IFD investissent massivement dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des technologies de l’information et de la communication (TIC) et dans d’importantes transactions évaluées à environ 50 à 60 millions de dollars, tandis que les autres types d’investisseurs favorisent les secteurs des services financiers, du logement et de l’agriculture à travers des transactions moins élevées, évaluées à 1 à 2 millions de dollars.

Les IFD investissent la majeure partie de leurs capitaux dans le secteur de l’énergie,25 les plus grandes transactions effectuées dans ce secteur étant évaluées à environ 600 millions de dollars, soit près de 40% de l’ensemble des capitaux mobilisés par les IFD (Figure 4). Selon une personne interrogée (après qu’une coupure de courant ait interrompu ses commentaires), le besoin de tels investissements en énergie se fait cruellement sentir au Ghana et les IFD concentrent leurs efforts sur la résolution des problèmes énergétiques du pays. Il est intéressant de noter que le secteur des infrastructures représente une part relativement faible des portefeuilles des IFD au Ghana. Ceci est dû au fait qu’au cours des dernières décennies, le Ghana a marqué un pas considérable vers le développement des infrastructures.26 Au cours de la dernière décennie ces infrastructures n’étaient donc pas prioritaires pour le Ghana.

Le secteur industriel mobilise après l’énergie la deuxième plus large part de capitaux ; suivi ensuite par les TIC, où les investissements se concentrent sur le renforcement des infrastructures de téléphonie mobile permettant de répondre à la croissance rapide du nombre d’utilisateurs de téléphones mobiles au Ghana.

Les secteurs de l’agriculture et de l’énergie occupent la première place en termes de nombre de transactions, représentant respectivement 21% (12 transactions) et 17% (10 transactions) de celles qui ont été conclues. L’accent mis sur le secteur de l’agriculture, qui représente également la quatrième part de capitaux mobilisés, est due à sa situation de créateur d’emplois. Les secteurs de l’industrie et des services financiers bénéficient également d’une part importante des transactions. Le secteur a bénéficié de trois importantes garanties de la part de la Société Financière Internationale (SFI). Les autres transactions (effectuées par le Fonds pour l’Industrialisation des Pays en Développement (IFU),27 la Société Financière Néerlandaise pour le Développement (FMO)28 et la Société Américaine de Promotion des Investissements privés à l’Etranger (OPIC)) sont toutes estimées à moins de 10 millions de dollars.

25 Comprend les projets impliquant la construction et le développement de centrales électriques, que certains analystes considèrent comme dépenses en infrastructures.

26 Nos données incluent les investissements à partir de 2005.27 Les acronymes désignent le nom danois : Investeringsfonden For Udviklingslande.28 Les acronymes désignent le nom néerlandais : Financierings-Maatschappij voor Ontwikkelingslanden.

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FIGURE 4 : RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

*  « Autres » inclut une transaction dans le secteur du recyclage (0,84 millions de dollars) et une autre transaction dans le secteur de la santé (0,27 millions de dollars).Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Énergie 59,1Industrie 48,1

TIC 48,1Agriculture 13,2

Minéraux 37,8Services financiers 11,1

Commerce de détail 14,8Tourisme 13,2

Infrastructure 15,8Eau & assainissement 18,9

Éducation 1,6Construction/immobilier 5,1

Autres* 0,6

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

591385

193158

766744403219

651 n = 7 investisseurs

108

4

26

33

21

41

2

12

Les investissements provenant des autres types d’investisseurs se concentrent sur un nombre plus réduit de secteurs (voir figure 5). Les services financiers constituent l’essentiel de l’investissement, avec 29 millions de dollars mobilisés à ce jour, soit environ 40% de l’ensemble des capitaux mobilisés. Ces investissements sont généralement axés sur les institutions de microfinance (IMF) et, dans une moindre mesure, sur les banques rurales au service des particuliers et des PME. Les investisseurs reconnaissent un grand trou financement pour les individuels et les entreprises au Ghana, ainsi qu’une culture de responsabilité qui explique les taux bas de défauts de paiement. Le logement29 et l’agriculture sont d’importants secteurs d’intérêt. L’agro-industrie est une opportunité d’investissements prometteurs.

29 Les informations concernant les transactions relatives aux logements individuels sont limitées, bien que les offres de services de prêts au logement et de services juridiques relatifs aux droits fonciers soient des caractéristiques de ces transactions.

FIGURE 5 : RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Services financiers 1,8Logement 2,6

Agriculture 1,0Industrie 1,3Services 0,8

Indéterminé* 0,5

n = 19 investisseurs

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

2913

811

23

165

811

50

*Ces investissements sont réalisés au profit de PME dans les secteurs suivants : éducation, industrie, santé, services aux entreprises, commerce de gros et de détail, et agro-industrie. Cependant, la ventilation sectorielle n’a pas été possible.Trois transactions dans le secteur de l’énergie ont été exclues, leurs montants étant inconnus.Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs que les IFD

TAILLE DES TRANSACTIONS

Les IFD privilégient les grandes transactions évaluées à plus de 20 millions de dollars, tandis que les autres types d’investisseurs se concentrent sur les plus petites transactions se chiffrant à moins de 5 millions de dollars. Cela est justifié par l’ensemble de ressources considérablement élevées mobilisées par les IFD, ainsi que la mission qu’elles se sont assignées de relever les défis majeurs du développement national, par exemple, des investissements en grandes projets d’énergie.

Les IFD au Ghana investissent dans d’importantes transactions, de plus de 20 millions de dollars, comptant pour près de 90% de l’ensemble des capitaux mobilisés (voir figure 6). Ces transactions reflètent les investissements effectués au profit de grandes entreprises dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des TIC et, dans une moindre mesure, de l’agriculture en collaboration notamment avec la SFI, la Banque africaine de développement (BAD) et l’IFU. La majeure partie des capitaux est mobilisée à travers des transactions de plus de 50 millions de dollars, représentant 70% des capitaux mobilisés par les IFD.

Vingt et un transactions des IFD (36%) se chiffrent à moins de 5 millions de dollars.  Ces investissements réalisés par la BAD, l’IFU et la SFI, sont essentiellement destinés aux PME dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et de l’éducation.

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FIGURE 6 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES IFD EN FONCTION DE LA TAILLE DE LA TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

1299

1011

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

< 1m 0,61-5m 2,2

5-10m 6,910-20m 13,920-50m 30,5

> 50m 102,3

7

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 7 investisseurs

720

6297

3051 125

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

Par ailleurs, les transactions réalisées par les autres types d’investisseurs sont nettement plus petites, la majeure partie des capitaux mobilisés étant comprise entre 1 et 5 millions de dollars (Figure 7), et concentrées dans des IMF, des banques rurales et des entreprises agroalimentaires. Le plus grand nombre de transactions est toutefois évalué à moins d’un million de dollars (64 transactions, soit 76% de toutes les transactions réalisées), bien que la répartition sectorielle de ces transactions soit inconnue.

FIGURE 7 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD EN FONCTION DE LA TAILLE DE LA TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

< 1m 0,41-5m 1,9

5-10m 6,5

6128

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 19 investisseurs18

233

13

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs que les IFD

INSTRUMENTS D’INVESTISSEMENT UTILISÉS

Les IFD se concentrent presque exclusivement sur les prêts et les garanties de prêts, tandis que les autres types d’investisseurs équilibrent leurs portefeuilles entre les prêts et les fonds propres. L’utilisation de prêts par les autres types d’investisseurs que les IFD au Ghana, par rapport aux investisseurs similaires dans la région, soit probablement en raison de la perception parmi des entreprises que les affaires des fonds propres impliquent une perte de contrôle.

La quasi-totalité des investissements directs des IFD se présente sous forme de prêts, donc de dettes pour les bénéficiaires. Ils comptent pour environ 70% des capitaux mobilisés et 75% des transactions réalisées, et concernent les secteurs de l’énergie, des TIC et des infrastructures (Figure 8). La préférence des IFD pour ce mécanisme d’investissement est dû au fait qu’il présente moins de risque et ouvre des voies de sortie plus simples que s’il s’agissait de fonds propres ou de quasi-fonds propres. Bien que les données sur la durée des prêts soient limitées, la taille et la nature de nombreux projets des IFD (notamment la construction de centrales électriques et le développement d’infrastructures de téléphonie mobile) portent à croire qu’elle peut atteindre 10 à 15 ans dans la région.30 Les six garanties d’emprunt sont toutes fournies par la SFI ; elles concernent principalement des transactions comprises entre 40 et 150 millions de dollars dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie. Les transactions de fonds propres et de quasi-fonds propres sont nettement inférieures, et concernent essentiellement les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et des services financiers en collaboration avec la SFI et l’IFU.

FIGURE 8 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES IFD EN FONCTION DE L’INSTRUMENT UTILISÉ, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Dettes 26,7Fonds propres 0,8

Quasi-fonds propres 1,5Garanties 76,7

1 146 43

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 7 investisseurs

63

6

5

4460

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

30 “Project focus : Takoradi, Ghana,” PIDG (2015). Disponible sur : http://www.pidg.org/news/project-focus-takoradi-ghana; “Africa’s ICT Infrastructure: Building on the mobile revolution,” Banque Mondiale (2009). Disponible sur : http://siteresources.worldbank.org/INFORMATIONANDCOMMUNICATIONANDTECHNOLOGIES/Resources/AfricasICTInfrastructure_Building_on_MobileRevolution_2011.pdf.

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Les autres types d’investisseurs font une utilisation plus équilibrée des instruments nécessaires à leurs investissements directs. Si le prêt reste l’instrument prépondérant, représentant 56% de l’ensemble des capitaux mobilisés, les fonds propres constituent également une part significative des capitaux mobilisés (37%). Les quasi-fonds propres, quant à eux, ne représentent qu’une seule transaction de 3 millions de dollars (Figure 9).

La part des prêts dans les portefeuilles des autres types d’investisseurs ghanéens est similaire à celle du reste de la région (la moyenne régionale étant de 60% des capitaux mobilisés et 83% des transactions réalisées). Ce constat est surprenant compte tenu des taux d’intérêt élevés actuellement en vigueur au Ghana. Les entretiens avancent deux raisons possibles. Premièrement, de nombreux autres types d’investisseurs octroient des prêts à des taux inférieurs à ceux pratiqués sur le marché, bien que des données précises sur ces taux ne soient pas disponibles. Deuxièmement, les entreprises ne sont pas motivées par les investissements en fonds propres, en raison de la crainte des entrepreneurs de perdre le contrôle de leurs entreprises. Cette question est abordée plus en détail ci-après.

FIGURE 9 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD, EN FONCTION DE L’INSTRUMENT UTILISÉ, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Dettes 0,6Fonds propres 3,1

Quasi-fonds propres 2,5Indéterminé 0,6

42 69

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 9 investisseurs

91

5

2833

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs

Obstacles et Opportunités

PRINCIPAUX OBSTACLES À LA MOBILISATION DES CAPITAUX

Compte tenu de l’instabilité économique, les investisseurs d’impact actifs au Ghana sont confrontés à des défis liés à la fois à l’obtention et à la mobilisation de capitaux ainsi qu’à l’environnement dans lequel ils opèrent. Les personnes interrogées ont identifié les enjeux suivants :

• Manque d’entreprises cibles répondant aux critères : Les investisseurs au Ghana peinent à trouver des entreprises qui répondent à leurs critères financiers et d’impact et qui soient également fortes pour absorber les investissements. D’importants défis en matière de capital humain et d’appui aux entreprises ont conduit à un manque de systèmes administratif et de gouvernance des entreprises. Par conséquent, de nombreux investisseurs offrent

leur assistance aux entreprises, en plus des investissements financiers effectués. Les IFD fournissent souvent une assistance technique sous forme de subventions officielles, tandis que les autres types d’investisseurs appuient les entreprises principalement par le biais d’assistance en nature et d’activités de mentorat. Les investisseurs semblent satisfaits de cette approche pratique et la considère comme un volet essentiel de l’écosystème de l’investissement au Ghana. Si une telle approche entraine une hausse du coûts des investissements, il est toutefois difficile de savoir si cela défavorise les investisseurs d’impact, sachant que les investisseurs commerciaux sont probablement confrontés aux mêmes défis et peuvent fournir les mêmes formes d’appui aux entreprises.

• Réticence des entreprises à offrir des capitaux propres : Les entreprises au Ghana sont caractérisées par une forte aversion aux investissements en fonds propres, même compte tenu des taux d’intérêts élevés. Ceci pourrait expliquer la part plus importante des prêts dans les portefeuilles des autres types d’investisseurs ghanéens que les IFD, par rapport à leurs homologues nigérians, bien que la préférence des IFD pour la dette, comme susmentionné, soit probablement due à son adéquation avec les profils et les capacités de risque des bénéficiaires.

Pour de nombreuses entreprises et dirigeants avoir recours aux fonds propres signifie céder la propriété de leurs entreprises à des investisseurs considérés comme potentiellement peu fiables, plutôt que de s’engager dans un partenariat fructueux. L’environnement des affaires au Ghana est en phase avec cet état d’esprit. Le moyen de financement par défaut des entreprises est le recours aux emprunts.

• Désengagements : Les investisseurs soulignent le manque d’options de désengagement en ce qui concerne les investissements en fonds propres. C’est une grande difficulté au Ghana, compte tenu des marchés financiers peu actifs et du manque d’acheteurs secondaires.31 Il est difficile de procéder à des désengagements au Ghana, néanmoins, de nombreux investisseurs d’impact ont réussi à le faire grâce aux rachats effectués par les propriétaires ou par le Conseil d’administration.

• Due diligence de qualité : Bien que n’étant pas une préoccupation majeure pour les IFD, vu leur forte capacité, les transactions des autres types d’investisseurs (capitaux moyens mobilisés par acteur évalués à moins de 5 millions de dollars) ne bénéficient pas d’importantes ressources pour réaliser des due diligence de qualité. Cela limite leur capacité à examiner convenablement les pipelines de transactions, lorsque ces transactions existent, et ainsi, identifier des opportunités d’investissements.

• Difficulté à mobiliser que les IFD des capitaux auprès des sources locales : Les autres types d’investisseurs d’impact ont souligné la mobilisation des fonds auprès des investisseurs locaux comme étant un défi majeur au Ghana (bien plus qu’au Nigeria). Au Nigeria, il existe une défiance générale à l’égard de la capacité des investisseurs d’impact à produire un important rendement financier. Au Ghana également. Compte tenu de l’instabilité économique, les investisseurs locaux se montrent très prudents par rapport à l’investissement d’impact.

31 Les marches secondaires permettent la négociation d’investissements existants dans une entreprise donnée.

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20 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST GHANA • 21

PRINCIPALES OPPORTUNITÉS PERÇUES

En raison sans doute du faible nombre d’investisseurs d’impact s’orientant vers le Ghana, les opportunités mises en exergue par les personnes interrogées sont à la fois axées sur les moyens d’accroître le nombre d’investissements d’impacts et sur les principaux secteurs porteurs d’intérêt. Les principales opportunités soulignées par les personnes sont énumérées ci-après :

• Mobiliser les africains à valeur nette élevée : Il existe de nombreux africains bien nantis actuellement ou potentiellement intéressés par la réalisation en Afrique de l’Ouest d’investissements à fort impact, mais qui ne sont pas familier du concept d’investissement d’impact. Les personnes interrogées ont indiqué qu’avec des efforts de sensibilisation et de coordination suffisamment ciblées, ces personnes pourraient mobiliser d’importantes ressources de financement supplémentaires pour les investissements d’impact.32

• Sensibilisation et renforcement des capacités des entreprises : Le manque de compétences en management, précédemment mentionné comme obstacle, constitue également une occasion d’apporter de la valeur ajoutée sous forme d’orientations stratégiques et de formations destinées aux entreprises nouvelles et en croissance. Grâce à un engagement accru des entreprises et des investisseurs, ces activités pourraient rassurer sur le volet rentabilité des investissements d’impact.

Il est encourageant de noter que les actions à mener dans ce sens, semblent déjà être en cours. La plupart des investisseurs fournissent un appui et des orientations aux entreprises en quête d’investissements. Une réunion d’hommes d’affaires influents a récemment eu lieu dans la région Nord du Ghana, soulevant la question des avantages associés à l’apport de fonds propres aux PME.33

• Microfinance : Il est certain que les taux d’intérêt sont actuellement élevés au Ghana, mais les taux de remboursement des prêts de microcrédits sont généralement très élevés et peuvent atteindre 98%, selon une personne interviewée. D’aucuns rendent les autorités responsables d’autres soulignent le fait que les microentreprises ont souvent recours à la microfinance en guise de fonds de roulement. Par exemple, les vendeurs ambulants qui, peinant à obtenir des financements, bénéficient d’un approvisionnement constant de leurs entreprises. Les taux de remboursement élevés, conjugués au grand besoin de financement de la part des particuliers et des entreprises, font de la microfinance une cible à fort impact et à faible risque pour les investissements. Il convient toutefois de noter, selon les informations découlant de nos différents entretiens, que la récente décision de la Bank of Ghana d’augmenter les exigences de fonds propres pour les institutions de microfinance traduit des doutes liés à la capacité

32 Le Ghana Venture Capital Trust a mis en place le Ghana Angel Investor Network (GAIN, Réseau d’investisseurs providentiels au Ghana) destiné aux investisseurs providentiels (mais n’est pas exclusivement destiné à ceux qui ont pour intention de créer un impact).

33 “Venture Fund holds roundtable for SMEs in Northern Region,” Ghana News Agency (2012). Disponible sur : http://www.ghananewsagency.org/economics/venture-fund-holds-roundtable-for-smes-in-northern-region-43837 ; Entretiens de Dalberg.

de gestion des dépôts de ces IMF.34 D’autres entrevues ont permis de souligner la nécessité d’utiliser différents produits de la microfinance tels que la micro-assurance qui couvre les particuliers ou les productions agricoles en vue d’une diversification future des prestataires de microcrédits.

• Énergie renouvelable : En raison de pannes d’énergie et du soutien actif des autorités à l’énergie renouvelable (le gouvernement s’est engagé à fournir 10% de la production d’électricité du pays grâce aux énergies renouvelables d’ici 2020)35, les investissements réalisés dans le secteur offrent des opportunités de marché viables et un besoin social urgent. Devant ce constat, un investisseur d’impact local mobilise actuellement 25 millions de dollars destinés exclusivement aux investissements dans les énergies renouvelables.

Mesure et Suivi de l’ImpactLes méthodes de mesure et de suivi de l’impact social et environnemental au Ghana sont très semblables à celles du reste de la région Ouest Africaine. Les IFD procèdent annuellement au suivi et aux reportages en fonction d’un ensemble d’indicateurs, différents suivant les IFD. Les efforts déployés par les autres types d’investisseurs sont spécifiques et destinés à aider les principaux bénéficiaires des investissements à rédiger de bons rapports. Les autres types d’investissement disposent d’assez de ressources pour mettre à disposition des entreprises les moyens de recherche et de collecte de données en vue d’une publication utile. Cela n’entrave pas leurs transactions.

Des efforts sont déployés en vue d’assurer une meilleure harmonisation des cadres de mesure d’impact. Il s’agit entre autres des travaux du Centre de l’investissement d’impact du Ghana Institute of Management and Public Administration [GIMPA], mis en place dans le but d’élaborer et de diffuser des cadres de mesure d’impact destinés aux investisseurs au Ghana. Ceux-ci doivent grâce à cette institution parvenir à un consensus sur un ensemble d’indicateurs de base ou sur les méthodes d’évaluation et de reportages.

Un environnement de fonds propres plus mature permet d’aborder beaucoup plus facilement la question des indicateurs communs aux différents secteurs tant avec les investisseurs commerciaux qu’avec les investisseurs d’impact.

34 “MICROCAPITAL BRIEF : Bank of Ghana Doubles Minimum Capital Requirement for Microfinance Institutions (MFIs) to $610k As of 2018.” Siteweb de Microcapital, 31 juillet 2015. Disponible sur : http://www.microcapital.org/microcapital-brief-bank-of-ghana-doubles-minimum-capital-requirement-for-microfinance-institutions-mfis-to-610k-as-of-2018/.

35 “Ghana receives resounding endorsement of investment plan to transform its renewable energy sector,” AfDB (2015). Disponible sur : http://www.afdb.org/en/news-and-events/article/ghana-receives-resounding-endorsement-of-investment-plan-to-transform-its-renewable-energy-sector-14234/.

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3. DEMANDE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENT D’IMPACT

Contexte de la DemandeAvec près de 26 millions d’habitants, le Ghana est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique de l’Ouest. L’indice de Développement Humain (IDH) du pays est de 0,573. Il est supérieur à la moyenne en Afrique subsaharienne (0,502) et à la moyenne en Afrique de l’Ouest (0,446). Il s’est accru de 12% de plus que son niveau en 2005.36

Des progrès remarquables dans le secteur de l’éducation laissent présager le développement de solides compétences de base permettant de stimuler la croissance économique. Au cours des dix dernières années, le nombre moyen d’années de scolarité est passé de 8,7 à 11,5, traduisant une hausse des niveaux de scolarisation. En 2014, 14% de ceux qui ont quitté l’école secondaire, se sont inscrits dans des établissements d’enseignement supérieur pour les cinq années suivantes. Sur ce plan, le Ghana devance la Côte d’Ivoire (9%) et le Sénégal (8%).37

En dépit des progrès réalisés en matière d’éducation, plus de 25% de la population est encore analphabète. La moyenne mondiale est de 16%. En ce qui concerne l’accès aux services financiers, seulement 8% de la population ghanéenne a eu accès à des facilités de crédit en 2014 et moins de 20% de la population âgée de plus de 15 ans ne dispose d’une quelconque forme d’épargne. On estime par ailleurs que 35% de la population n’a toujours pas accès à l’électricité et ceux qui y ont accès, connaissent des pannes très fréquentes.38 

Types et Répartition des Acteurs de la DemandeLes investisseurs d’impact s’adressent à plusieurs entreprises, quelles que soient leurs tailles. Les IFD favorisent notamment les grandes entreprises en raison de leur capacité à absorber des transactions larges. Les entreprises sociales et les PME commerciales sont les potentiels bénéficiaires de capitaux d’impact en raison de leur rôle dans la création d’emploi et dans l’offre de biens et de services aux populations mal desservies. Cependant, contrairement aux grandes entreprises, elles sont font face à des difficultés d’accès au financement.

En général, le terme « entreprise sociale » sous-entend des retombées sociales ou environnementales, mais il n’existe pas encore de définition universellement reconnue, ce qui rend difficile la quantification du paysage de l’entreprise sociale. Une étude menée par l’Overseas Development Institute et le British Council a tenté de l’appliquer au Ghana

36 Human Development Reports,‐ Programme des Nations Unies pour le développement (2015). Disponible sur : http://hdr.undp.org/en/data.

37 “World Development Indicators,” Banque mondiale (2015). Disponible sur : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators Les données ne sont disponibles pour le Nigeria.

38 Ibid.

et a défini les entreprises sociales comme des « entreprises qui existent dans le but de répondre aux besoins sociaux et environnementaux, et s’attachent à réinvestir les bénéfices dans l’entreprise et / ou dans la communauté. »39 Suivant cette définition quelque peu restreinte, l’étude a identifié seulement 24 entreprises sociales au Ghana, principalement basées à Accra.40 Les organisations identifiées dans l’étude privilégient des secteurs potentiellement intéressants pour les investisseurs d’impact (tels que l’agriculture, l’éducation et les compétences, la santé et la technologie), mais seules 11 d’entre elles sont à but lucratif, réduisant le nombre d’entreprises en potentielle quête d’investissements et capables de générer un rendement financier important.41

Selon l’étude, seules trois des 24 entreprises sociales identifiées ont recours au mécanisme de prêt, le reste bénéficiant de subventions et de dons. Les fondations constituent la principale source de financement pour ces entreprises sociales, avec près d’un tiers (27%) des financements obtenus. Beaucoup sont également soutenues par des bailleurs libres et / ou par les membres de leur famille (21% des financements). D’autres sont soutenus par l’aide gouvernementale (16% des financements).42 

Cependant, même avec une définition plus large des entreprises sociales (entreprises ayant pour objectif de créer un impact social ou environnemental), il est probable que les entreprises sociales représentent pour les investissements d’impact au Ghana, une cible potentielle sous-exploitée pour le moment. Le marché semble prendre de l’ampleur, la plupart des entreprises sociales identifiées ayant été enregistrées au cours des deux dernières années.

Le nombre d’entreprises sociales étant actuellement trop faible, les PME constituent une grande partie des entreprises d’impact potentielles au Ghana en quête d’investissements. Elles sont nombreuses, représentent 90% de toutes les entreprises enregistrées,43constituent d’importants vecteurs de croissance et de création d’emplois (60% de la population active) et représentent entre 50%44 à plus de 70%45 du PIB du Ghana.

39 “Social enterprise landscape of Ghana,” Overseas Development Institute (2014). Disponible sur : http://www.britishcouncil.org/sites/britishcouncil.uk2/files/social_enterprise_landscape_in_ghana_report_final.pdf.

40 Ibid.41 Cette dépendance aux financements non remboursables peut rendre douteuse leur désignation à

titre d’‐entreprises sociales‐, mais il convient de noter que toutes les entreprises s’emploient à devenir financièrement viables.

42 “Social enterprise landscape of Ghana,” Overseas Development Institute (2014). Disponible sur : http://www.britishcouncil.org/sites/britishcouncil.uk2/files/social_enterprise_landscape_in_ghana_report_final.pdf.

43 “Venture Capital Trust Fund,” WEF (2015). Disponible sur : http://reports.weforum.org/social-innovation-2013/06-the-venture-capital-trust-fund-ghana/#view/fn-2.

44 “Ghana Banking Survey,” PWC (2013). Disponible sur : https://www.pwc.com/en_GH/gh/pdf/ghana-banking-survey-2013-pwc.pdf.

45 “Ghana government Services, Business Report,” Gouvernement du Ghana (2013). Disponible sur : http://www.eservices.gov.gh/Pages/Empowering-SMEs-in-Ghana-for-Global-Competitiveness.aspx.

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Difficultés Rencontrées par les Acteurs de la Demande pour l’Obtention d’InvestissementsCompte tenu de l’impact des entreprises sociales et des PME commerciales, il est important d’étudier les défis auxquels elles sont confrontées pour obtenir des financements destinés à assurer leur fonctionnement et leur croissance. Les personnes interrogées ont relevé les défis les plus urgents suivants :

• Sensibilisation aux options de financement au-delà des banques commerciales : La sensibilisation aux options de financement outre les banques commerciales, est très limitée, très peu d’entreprises étant au courant des options alternatives. Ces investisseurs d’impact actifs au Ghana, qu’il soit locaux ou étrangers, ne semblent pas attirer l’attention de la grande majorité des entreprises ghanéennes. De plus, les PME ghanéennes qui sont informées de la présence des investisseurs d’impact jugent leurs exigences en matière de due diligence trop onéreuses et considèrent les montants des transactions trop importantes pour leurs besoins.

• Exigences de garantie élevées : Les entreprises peinent à obtenir des financements auprès des banques commerciales. Les banques au Ghana ont tendance à octroyer des prêts surtout aux clients pouvant fournir un grand nombre de garanties sous forme d’actifs et d’épargne, ce dont de nombreuses PME et entreprises sociales ne disposent pas. Certaines banques proposent des financements par emprunt non garantis par des actifs, exigeant un solide dossier pour y avoir accès ; de plus il ne s’agit que de fonds modestes. Compte tenu de ces exigences de garantie, il est difficile pour les entreprises d’obtenir des financements.

• Coût élevé des emprunts : Le prêt constitue le mécanisme de financement le plus courant au Ghana (y compris pour les investisseurs d’impact). Toutefois, compte tenu des taux d’intérêt élevés, ces entreprises pouvant accéder aux prêts ont du mal à supporter le remboursement des dettes. Cette situation est souvent aggravée par des taux prohibitifs pour les entreprises avec des modèles d’affaires non éprouvés et de faibles niveaux initiaux de revenus.

• Insuffisance des capacités : Les entreprises ne disposent pas d’une bonne connaissance des mécanismes financiers, n’ont pas recours à des pratiques comptables cohérentes et assurent une gestion inefficace de leur personnel et activités. Par ailleurs, lorsqu’elles arrivent à trouver des investisseurs, elles ne disposent souvent pas de mécanismes efficaces pour leur présenter leur proposition de valeur. Plusieurs incubateurs d’entreprises essaient de travailler avec les entrepreneurs pour faire face à ces défis.

Dans ce contexte, de nombreuses PME ont recours aux prêteurs non institutionnels (informels) et aux réseaux personnels de famille et d’amis pour obtenir des financements. Cette solution s’avère pratique mais inadéquate, ces sources de financement étant imprévisibles et souvent insuffisantes pour répondre même aux besoins de fonds de roulement de base. Les investisseurs d’impact tentent de relever les défis des entreprises en apportant une assistance technique formelle et informelle, et en proposant une approche plus souple des garanties de paiement de la dette. Toutefois, il convient de redoubler d’efforts pour trouver les solutions

aux problèmes fondamentaux rencontrés dans l’accès des PME aux capitaux, tels que les systèmes administratifs et les capacités internes ; par exemple par le biais d’incubateurs d’entreprises.

4. ÉCOSYSTÈME DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT

Politiques et RèglementsLe Ghana a réussi à offrir un environnement stable et propice aux investissements, et obtient le classement le plus élevé de la région, selon le rapport Doing Business de la Banque Mondiale et la SFI.46 En 2004, le gouvernement du Ghana a créé le Venture Capital Trust Fund, un fonds de capital-risque visant à promouvoir le marché du capital-risque du pays. En outre, le Gouvernement ghanéen s’emploie à proposer des mesures incitatives à l’investissement, notamment les suivantes :

• Exemptions tarifaires sur l’importation de machines lourdes pour encourager une meilleure productivité des entreprises grâce à la mécanisation, notamment pour les entreprises manufacturières.

• Conventions de double imposition avec un certain nombre de pays pour éviter que les organisations multinationales et les citoyens étrangers ne paient pas d’impôts à la fois au Ghana et dans les pays où ils sont domiciliés.

• « Congés fiscaux » accordés à des secteurs spécifiques pour une période de cinq à 10 ans d’exonération fiscale en fonction de la taille, de l’ampleur et du lieu de l’investissement. Les secteurs susceptibles de bénéficier de ces incitations sont l’agriculture et le logement.

Les personnes interrogées n’ont pas signalé l’environnement réglementaire comme étant un obstacle majeur à l’investissement, mais elles ont mis en lumière un certain nombre d’enjeux liés au rôle du gouvernement dans la promotion des investissements :

• Manque de sensibilisation aux mesures incitatives : Malgré l’existence de mesures incitatives, il semble que les investisseurs nationaux et étrangers disposent de peu d’information sur les moyens d’y accéder.

• Restrictions aux investissements étrangers : Un minimum de 500 000 dollars doit être investi par les étrangers au Ghana ; mais dans le cas où ils exercent des activités commerciales, un minimum de 1 million de dollars sera investi (nécessitant le recrutement de 20 personnes minimum). De nombreux investisseurs considèrent cette mesure comme restrictive.

46 “Doing Business: Measuring Business Regulations,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.doingbusiness.org/rankings.

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• Insuffisance des mesures incitatives pour les investisseurs d’impact : Bien que des mesures incitatives visant à faire face aux problèmes fondamentaux de développement existent, les personnes interrogées estiment que beaucoup reste à faire pour résoudre les problèmes auxquels se heurtent spécifiquement les investisseurs d’impact. Par exemple, proposer des mesures incitatives fiscales aux investisseurs visant explicitement un rendement financier, mais également social et environnemental.

Efforts de Soutien au Développement du Marché de l’Investissement d’Impact

TYPES D’ACTEURS

L’écosystème de l’appui aux entreprises et aux investisseurs demeure encore faible au Ghana (Figure 10).

FIGURE 10 : LES ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME GHANÉEN, JUILLET 2015

INCUBATEURS PRESTATAIRES D’ASSISTANCE TECHNIQUE

RÉSEAUX ORGANISMES DE RECHERCHE

Meltwater Entrepreneurial

School of Technology

(MEST)

ServLed

Initiative Development Ghana (IDG)

Ghana Angel Investor Network

(GAIN)

The African Private Equity and

Venture Capital Association*

Ghana Investment Promotion Centre

(GIPC)

Ghana Institute of Management and

Public Administration

(GIMPA) Centre for Impact

Investment

* Présent également dans d’autres pays d’Afrique de l’OuestSource: Recherche documentaire, entretiens

Trois incubateurs ont été identifiés par l’équipe de recherche, deux étant axées sur les startups technologiques (Meltwater Entrepreneurial School of Technology—MEST—et ServLed) et le troisième sur l’appui aux PME (Initiative Development Ghana). Le Ghana Investment Promotion Center (Centre de promotion des investissements du  Ghana) propose des services de conseil en investissement, en qualité de prestataire d’assistance technique. Le Ghana Angel Investor Network (GAIN) quant à lui, commence à assurer la coordination entre le nombre restreint mais croissant d’investisseurs providentiels du pays.

Il est intéressant de constater que le Ghana dispose d’un centre de recherche spécifiquement dédié à l’investissement d’impact. Le Centre de l’investissement d’impact du GIMPA vise à fournir des informations relatives aux investisseurs d’impact dans le pays, ainsi qu’à sensibiliser et plaider en leur faveur. Il a également publié de nombreux rapports sur la situation du secteur.47 GIMPA a l’intention de pousser la coordination de la mesure de l’impact et du reportage, bien que ses efforts soit toujours naissant.

PRINCIPALES OPPORTUNITÉS ET CONTRAINTES

Compte tenu d’un écosystème d’appui aux entreprises et aux investisseurs peu diversifié, les entrevues ont permis de souligner la nécessité d’un plus grand nombre d’intrants sur le marché. Alors que les personnes interrogées ont pris soin de préciser que l’écosystème était encore très jeune et devrait donc évoluer au fil du temps, deux principaux obstacles à son développement ont été relevés :

• Manque de sensibilisation : Il y a un manque de sensibilisation sur la valeur d’un appui d’un large écosystème, notamment sur le rôle des incubateurs dans le renforcement des entreprises en termes d’investissement et de croissance. Il est difficile pour les incubateurs et les autres organisations d’appui de générer des revenus, les entreprises et les investisseurs étant réticents à payer pour des services qu’ils jugent inutiles.

• Liens insuffisants avec les investisseurs : Les personnes interrogées ont souligné l’insuffisance des forums facilitant les liens entre les acteurs de l’écosystème et les investisseurs. Les incubateurs ont souligné qu’il est essentiel de trouver des moyens d’impliquer les investisseurs afin de soutenir les entreprises dans leurs programmes, tandis que le GIPC a noté l’importance d’un engagement actif des investisseurs permettant de donner à l’État les moyens d’être plus favorable aux investisseurs.

Les acteurs de l’écosystème ont identifié des opportunités semblables à celles énoncées par les investisseurs, notamment l’investissement dans les énergies renouvelables et la mobilisation des africains les plus fortunés. Ils ont également mis l’accent sur la technologie comme étant un domaine clé pour les entreprises ghanéennes, à la fois en termes d’opportunité de marché et qu’en termes de réponse aux besoins dans des domaines tels que la santé et l’éducation.

47 Pour de plus amples informations, consulter le siteweb : http://gcii.gimpa.edu.gh.

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À PROPOS DU GLOBAL IMPACT INVESTING NETWORK

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