2
04 - Question Corps C’est sous le pseudonyme de Danny Boy que Gilles Girard fait son entrée dans le monde du showbiz. Mais sa rencontre avec Les Special Tones va changer sa vie. C’est en prenant le nom des Classels que le groupe se hisse au sommet des palmarès, avec des créations originales et un look qui l’est tout autant. Tout de blanc vêtu, cheveux teints en blanc, Gilles Girard reprend son patronyme pour chanter la vie à plus d’un million de fans. PA R Marie-Anne Alepin GILLES GIRARD «TON AMOUR A CHANGE MA VIE» PHOTO: COLLECTION PERSONNELLE Gilles, à cinq ans, avec son petit frère Serge, deux ans Monsieur Girard, parlez-nous de vos grands-parents. Je me souviens de mon grand-père Joseph Girard. On le surnommait Joe. Il vivait à Saint-Émile-de-Montcalm, aujourd’hui Entrelacs, dans le diocèse de Joliette. En plus de construire sa maison, il a bâti des camps qu’il ven- dait. Ça s’appelait les camps Girard Entrelacs. Après la vente de ceux-ci, il s’est installé à Rawdon. Il était aussi commis-voyageur et vendait toutes sortes de choses sur la route: des bijoux et des parfums. Je me souviens un peu de ma grand-mère, qui s’appelait Blanche. Qu’en est-il de votre père et de sa famille? Mon père était machiniste à la Canadian Allis-Chalmers. Il avait deux frères, Maurice, chauffeur de taxi, et Armand, commis-voyageur. Il avait deux sœurs, Cécile et Aline, ma mar- raine. Elle était mariée avec l’acteur Paul Guèvremont, le papa de la famille Plouffe. Vous êtes natif de quelle région? Je viens de Montréal, tout comme mon père. Jusqu’à l’âge de 14 ans, j’ai vécu sur la rue Saint-Denis, près de la rue Boucher, avant de déménager à Ahuntsic. «Mes oncles aimaient bien faire des farces. C’était avant tout des travaillants qui n’avaient pas peur de se lever le matin pour aller au boulot.» En 1964, au début des Classels PHOTO: COLLECTION PERSONNELLE 5 avril 7 JOURS 105

gilles Girard Ton Amour A Change Ma Vielequebecunehistoiredefamille.com/sites/default/files/7_jours... · la chanson Oh Danny Boy et elle avait commencé à m’appeler comme ça

  • Upload
    doananh

  • View
    218

  • Download
    2

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: gilles Girard Ton Amour A Change Ma Vielequebecunehistoiredefamille.com/sites/default/files/7_jours... · la chanson Oh Danny Boy et elle avait commencé à m’appeler comme ça

04 - QuestionCorps

C’est sous le pseudonyme de Danny Boy que Gilles Girard fait son entrée

dans le monde du showbiz. Mais sa rencontre avec Les Special Tones va changer sa vie. C’est en prenant

le nom des Classels que le groupe se hisse au sommet des palmarès, avec

des créations originales et un look qui l’est tout autant. Tout de blanc vêtu,

cheveux teints en blanc, Gilles Girard reprend son patronyme pour chanter la

vie à plus d’un million de fans.par Marie-anne alepin

Gilles Girard«Ton amour a

changE ma viE»

phot

o: Co

LLEC

tIoN p

ERSo

NNEL

LE

Gilles, à cinq ans, avec son petit frère

Serge, deux ans

Monsieur Girard, parlez-nous de vos grands-parents.Je me souviens de mon grand-père Joseph Girard. On le surnommait Joe. Il vivait à Saint-Émile-de-Montcalm, aujourd’hui Entrelacs, dans le diocèse de Joliette. En plus de construire sa maison, il a bâti des camps qu’il ven-dait. Ça s’appelait les camps Girard Entrelacs. Après la vente de ceux-ci, il s’est installé à Rawdon. Il était aussi commis-voyageur et vendait toutes sortes de choses sur la route: des bijoux et des parfums. Je me souviens un peu de ma grand-mère, qui s’appelait Blanche.Qu’en est-il de votre père et de sa famille?Mon père était machiniste à la Canadian Allis-Chalmers. Il avait deux frères, Maurice, chauffeur de taxi, et Armand, commis-voyageur. Il avait deux sœurs, Cécile et Aline, ma mar-raine. Elle était mariée avec l’acteur Paul Guèvremont, le papa de la famille Plouffe. Vous êtes natif de quelle région?Je viens de Montréal, tout comme mon père. Jusqu’à l’âge de 14 ans, j’ai vécu sur la rue Saint-Denis, près de la rue Boucher, avant de déménager à Ahuntsic.

«Mes oncles aimaient bien faire des farces. C’était avant tout des travaillants

qui n’avaient pas peur de se lever le matin pour aller au boulot.»

En 1964, au début des Classels

phot

o: Co

LLEC

tIoN p

ERSo

NNEL

LE

5 a v r i l   7 j o u r S  105

Page 2: gilles Girard Ton Amour A Change Ma Vielequebecunehistoiredefamille.com/sites/default/files/7_jours... · la chanson Oh Danny Boy et elle avait commencé à m’appeler comme ça

phot

oS: C

oLLE

CtIo

N pER

SoNN

ELLE

«Les Classels, à nos débuts, avec notre mascotte, Classel, sur ma Corvette.» De 1964 à 1971, le groupe vend plus d’un million d’albums, un véritable tour de force pour l’époque... et encore aujourd’hui!

phot

oS: C

oLLE

CtIo

N pER

SoNN

ELLE

Les parents de Gilles, Bibiane et Lucien, en bas de la photo, et à gauche, son grand-père joe

«Mon frère et moi avec notre mère, à son anniversaire»

Danny Boy, à 18 ans, en 1960

Comment sont les Girard de votre famille?Ils ont un excellent sens de l’humour. Mes oncles aimaient bien faire des farces. C’était avant tout des travail-lants qui n’avaient pas peur de se lever le matin pour aller au boulot. Mon père était machiniste et il travaillait dur, comme mes oncles. Aujourd’hui retraité, mon frère, Serge, était employé à la brasserie Labatt.Et du côté de votre mère? La famille de ma mère, Bibiane Tardif, vivait dans le bout de Waterloo ou de Mansonville. Ma mère est née à Saint-Odilon-de-Cranbourne. C’était une très grosse famille et, si je me souviens bien, elle avait 13 sœurs et 3 frères. Ils étaient comme la famille Dion: ils chantaient tous et jouaient

tous d’instruments ou dansaient de la claquette. Plus tard, une bonne partie de ma famille ainsi que mes grands-parents se sont installés à ville Saint-Pierre.Avez-vous prolongé votre lignée généalogique?Oui. J’ai un garçon de 22 ans, Samuel. Il aime chanter et danser pour le plai-sir, mais ce n’est pas sa profession. Votre fibre artistique vient-elle de votre famille maternelle?Oui. La famille de ma mère se

Pierre Girard, l’ancêtre de rémySon lieu de naissance nous est inconnu, mais il serait né vers 1641, en France. C’est le 11 août 1669 qu’il épouse, en Nouvelle-France, Suzanne Lavoie, veuve de Jean Tesson. Ils auront huit enfants. Ils vivent quelques années à la côte Saint-Michel, à Sillery, pour ensuite habiter à la Rivières-des-Roches, dans la seigneurie de Maure. Suzanne meurt en 1687, et Pierre se remarie le 26 avril 1688 avec Élisabeth Lequien. Cette dernière meurt en 1700. Nous ignorons l’année du décès de Pierre Girard, mais les archives nous prouvent qu’il était toujours vivant en 1714. Il ne faut pas le confondre avec Pierre Guibert, qui passe un contrat de mariage à la Rochelle, le 27 mars 1669, avec Suzanne Lavoie, future épouse de Pierre Girard. À ne pas confondre non plus avec un autre Pierre Girard engagé par les jésuites.

réunissait souvent et aimait faire la fête. Ma grand-mère, Edmire Turcotte, jouait du violon, et mon grand-père, Georges Tardif, de l’accordéon. Naturellement, chacun faisait son petit bout de chanson. Chaque année, à Noël, tous chan-taient, et moi j’écoutais. Aussi, un oncle me faisait écouter du Mario Lanza. C’est à 10 ans que j’ai com-mencé à chanter. Mon père m’emme-nait partout et aimait m’installer debout, sur une table, pour que je puisse me donner en spectacle. Dans le coin où je vivais, les gens me fai-saient chanter des petits bouts de chanson. Je me souviens que je chan-tais souvent Heureux comme un roi, de L’Herbier. J’ai fait mon premier disque à l’âge de 16 ans sous le pseudo-nyme de Danny Boy. Comment est arrivé ce nom?Une de mes tantes aimait beaucoup la chanson Oh Danny Boy et elle avait commencé à m’appeler comme ça. C’est devenu mon nom d’artiste. Quand je me suis joint au groupe Les Special Tones, je

« Une de mes tantes aimait beaucoup la chanson Oh Danny Boy, et elle avait commencé à m’appeler comme ça. C’est devenu mon nom d’artiste.»

LES GirArD En BrEf• Plus de 40 pionniers ont foulé la terre

de la Nouvelle-France, dont environ une douzaine sont les ancêtres des Girard d’Amérique. Pierre Girard est celui qui aurait eu le plus de descendants.

• Environ 27 000 personnes portent le nom Girard au Québec, ce qui les hisse au 18e rang du palmarès des noms de

famille. En France, c’est également un nom très répandu, puisqu’il se trouve au 20e rang des noms les plus fréquents.

• Du point de vue étymologique, Girard vient de la transformation d’un nom germanique Gerhard; «ger» signifie «lance» et «hard» représente les mots «fort» ou «dur». Il semble que ce soit un surnom de guerrier.

Quelques Girard qui ont marqué le Québec

• Né à Varennes, en 1822, Marc-Amable Girard deviendra pre-mier ministre du Manitoba en 1874.

• roger Girard était ingénieur responsable de la construction du métro de Montréal.

• Hugo Girard est sacré l’homme le plus fort du monde en 2002.

• Le réalisateur-scénariste françois Girard s’est fait connaître partout dans le monde grâce à son film Le violon rouge.

• rémy Girard est l’un des acteurs québécois chouchoutés par les réalisateurs et le public. Deux films de Denys Arcand, Le déclin de l’empire américain et Les inva-sions barbares, l’ont fait connaître sur la scène internationale.

portais toujours ce surnom. J’ai repris mon nom original lorsque nous avons fondé ensemble Les Classels. faites-vous un concert prochainement?J’ai fait deux prestations récemment à l’émission En direct de l’univers pour Denis Coderre et Paul Piché. J’ai parti-cipé aussi à On connaît la chanson. Mon prochain spectacle avec mes musiciens sera à l’Olympia de Montréal, le 2 avril. Ensuite, j’ai une petite tournée qui se poursuit. Avez-vous un souvenir à nous raconter?Quand j’étais petit, je vivais au deuxième étage sur la rue Saint-Denis. J’échappais souvent mes bébelles dans la cour en bas. Quand la voisine n’était pas là, je ne pou-vais pas récupérer mes jouets, donc mon père m’accrochait à un câble bien solide pour me descendre, afin que je puisse les

ramasser, puis il me remontait. (rires) Pour terminer, avez-vous une histoire de famille à nous raconter?Ça remonte à mes 14 ans, lorsque j’ai commencé à chanter dans les théâtres avec la Troupe du Grand Domino. Après son boulot, mon père venait me recon-duire tous les soirs, pour mes spectacles. Même si, parfois, c’était loin, il faisait toujours l’aller-retour pour moi. C’est ça qui m’encourageait à continuer. Il me suivait partout. Imaginez, le lendemain matin, il allait travailler. J’ai de très bons souvenirs...

Pour voir l'entrevue web de Rémi Girard: lequebecunehistoiredefamille.com/capsule/girard/videos

phot

o: LA

BoÎtE

À hI

StoI

RE

ma généalogiE «Je suis Rémyà Fernandà Méridéà Jean-Baptisteà Eusèbeà Jacobà Henrià Augustinà Pierre-Louisà Pierre, marinier et pêcheur sur la Loire, aux Sables d’Olonne, dans le Bas- Poitou. Il arrive en Nouvelle-France avant 1669, date de son mariage avec Suzanne Lavoie à Québec, le 11 août. S’installe à Saint-Augustin-de-Desmaures, où il exerce la profession de maître-barque. Mon fils, Renaud, est donc de la 11e génération.» — Rémy Girard

Gilles, en compagnie de sa femme, et son fils, Samuel, à l’âge de cinq ans, pour fêter ses 35 ans de carrière, en 1995

109926-FEDERATION-F5.indd 1 12-05-11 10:17 AM

106  7 j o u r S   5 a v r i l