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MODÈLES THÉORIQUES THEORETICAL MODELS Dialogos z 12/2005 79 LA GRAMMAIRE DE TEXTE Corina CILIANU-LASCU 1 Principes fondamentaux ertains faits linguistiques comme les pronoms anaphoriques ou cataphoriques, les définitivants, l’emploi et la concordance des temps, l’emploi des hyperonymes ou des hyponymes déterminent la nécessité de constituer un autre niveau d’analyse, au delà de la phrase, la grammaire de texte [GT], différente de la grammaire de la phrase par: - son objet - ses règles de constitution spécifiques. Le texte (textus: «tissé, tressé», de texere, «tisser, tresser, assembler habilement », [9, p.13] est une succession de phrases, mais toute suite de phrases n’est pas nécessairement un texte: il s’agit d’un «ensemble organisé de phrases» [8, p.603] qui détermine une implication réciproque des phrases comme élément impliquant ou impliqué (phrase antérieure ou postérieure). Chaque phrase représente un thème pour la phrase suivante, et un commentaire pour la phrase précédente [4, p. 279]: thème thème thème Ph1 Ph2 Ph3 commentaire commentaire commentaire « Une des contraintes qu’on trouve fréquemment est l’identité référentielle: deux propositions peuvent être liées si elles contiennent un terme qui dénote le même référent (dans un monde possible). La contrainte la plus générale: deux propositions sont liées si les faits qu’elles dénotent sont liés. Deux faits sont liés si l’un est une condition de l’autre. Cette condition peut être très faible (compatibilité) ou très forte (implication) » [9, p.100]. Les rapports entre les phrases suivantes sont différents du point de vue de leur conditionnement réciproque: (1) Pour le pilote, cette nuit était sans rivage puisqu’elle ne conduisait ni vers un port (ils semblaient tous inaccessibles), ni vers l’aube (Saint-Exupéry). (relation d’implication) (2) Ce matin-là il y avait du verglas; j’ai eu peur de sortir en voiture. (relation de compatibilité) Le texte impose une série de conditions: - la nécessité d’un contexte situationnel: « Inséré dans ce contexte extralinguistique (…), l’énoncé n’est plus seulement une phrase isolée, mais un fragment d’un tout plus vaste, le complément d’un cum-texte qui hausse l’énoncé au rang d’un texte » [8, p.7]. - les rapports entre texte et discours: « On appellera texte la structure formelle, grammaticale d’un discours. On appellera base du texte la structure sémantique sous-jacente au texte » [9, p.100]. - l’application des règles de cohérence est obligatoire pour qu’il y ait bonne formation de la base du texte. Ces règles comportent deux niveaux: le niveau de la base du texte linéaire (base propositionnelle) et le niveau de la macro-structure (de la signification globale). Si le niveau micro- structurel implique la successivité des phrases en séquences, le niveau macro-structurel représente la structure de signification globale, les relations entre séquences constitutives du texte [3, p.13]. La séquence suppose un changement de perspective spatio-temporelle et thématique. - la structure du texte doit prendre en compte le concept de texture: « organisation formelle d’un texte qui assure sa continuité sémantique, son isotopie » [M.A.K. Halliday, H. Riquaia, 1976 in 4, p.280]: l’intéractivité d’éléments qui assurent au discours son homogénéité, ou bien, d’une manière plus large, la récurrence de catégories sémiques thématiques ou figuratives [A.J.Greimas, J. Courtès, 1979 in 4, p. 280]. Si l’on lit une phrase comme: (3) Monsieur le Directeur, C

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    LA GRAMMAIRE DE TEXTE

    Corina CILIANU-LASCU 1 Principes fondamentaux

    ertains faits linguistiques comme les pronoms anaphoriques ou cataphoriques, les dfinitivants, lemploi et la concordance des temps, lemploi des hyperonymes ou des

    hyponymes dterminent la ncessit de constituer un autre niveau danalyse, au del de la phrase, la grammaire de texte [GT], diffrente de la grammaire de la phrase par:

    - son objet - ses rgles de constitution spcifiques.

    Le texte (textus: tiss, tress, de texere, tisser, tresser, assembler habilement , [9, p.13] est une succession de phrases, mais toute suite de phrases nest pas ncessairement un texte: il sagit dun ensemble organis de phrases [8, p.603] qui dtermine une implication rciproque des phrases comme lment impliquant ou impliqu (phrase antrieure ou postrieure). Chaque phrase reprsente un thme pour la phrase suivante, et un commentaire pour la phrase prcdente [4, p. 279]:

    thme thme thme Ph1 Ph2 Ph3 commentaire commentaire commentaire Une des contraintes quon trouve frquemment est lidentit rfrentielle: deux propositions peuvent tre lies si elles contiennent un terme qui dnote le mme rfrent (dans un monde possible). La contrainte la plus gnrale: deux propositions sont lies si les faits quelles dnotent sont lis. Deux faits sont lis si lun est une condition de lautre. Cette condition peut tre trs faible (compatibilit) ou trs forte (implication) [9, p.100]. Les rapports entre les phrases suivantes sont diffrents du point de vue de leur conditionnement rciproque: (1) Pour le pilote, cette nuit tait sans rivage puisquelle ne conduisait ni vers un port (ils semblaient tous inaccessibles), ni vers laube (Saint-Exupry). (relation dimplication) (2) Ce matin-l il y avait du verglas; jai eu peur de sortir en voiture. (relation de compatibilit) Le texte impose une srie de conditions: - la ncessit dun contexte situationnel: Insr dans ce contexte extralinguistique (), lnonc nest plus seulement une phrase isole, mais un fragment dun tout plus vaste, le complment dun cum-texte qui hausse lnonc au rang dun texte [8, p.7]. - les rapports entre texte et discours: On appellera

    texte la structure formelle, grammaticale dun discours. On appellera base du texte la structure smantique sous-jacente au texte [9, p.100]. - lapplication des rgles de cohrence est obligatoire pour quil y ait bonne formation de la base du texte. Ces rgles comportent deux niveaux: le niveau de la base du texte linaire (base propositionnelle) et le niveau de la macro-structure (de la signification globale). Si le niveau micro-structurel implique la successivit des phrases en squences, le niveau macro-structurel reprsente la structure de signification globale, les relations entre squences constitutives du texte [3, p.13]. La squence suppose un changement de perspective spatio-temporelle et thmatique. - la structure du texte doit prendre en compte le concept de texture: organisation formelle dun texte qui assure sa continuit smantique, son isotopie [M.A.K. Halliday, H. Riquaia, 1976 in 4, p.280]: lintractivit dlments qui assurent au discours son homognit, ou bien, dune manire plus large, la rcurrence de catgories smiques thmatiques ou figuratives [A.J.Greimas, J. Courts, 1979 in 4, p. 280]. Si lon lit une phrase comme: (3) Monsieur le Directeur,

    C

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    Suite lincident qui a expos mon collaborateur, M. Dupont, notre chef des achats, celui-ci layant mis la porte pour insolence, je me permets de faire appel votre indulgence. on peut penser que: - il y a un vnement antrieur ( lincident ). - il y aura un nonc qui suivra. - il y a un rapport de subordination professionnelle entre lnonciateur et le destinataire de ces propos. Les noncs sont donc insrs dans un rseau de relations dont la pertinence donne leur sens. Cela se manifeste sur deux niveaux: - laxe linaire, o toute parole se ralise, - laxe smantique du signe linguistique: sa capacit de renvoyer des faits et des lments extralinguistiques (objets du monde rel, relations entre objets, entre rapports sociaux, psychologiques, etc.), axes qui sont interdpendants et qui renvoient, rtroactivement, du dj exprim ou, prospectivement, de lencore exprimer . La phrase (3) reprsente une phrase typique de transition, un signe linguistique complexe qui a comme fonction principale de passer dun thme discursif un autre (son insolence votre indulgence) et, en mme temps, dtablir, de nouveau, linteraction linguistique spcifique tout change communicatif: le destinataire doit ragir par rapport lincident et la demande dindulgence . Dans (3), il y a donc jonction entre ce qui sest pass antrieurement ( suite ... ), et ce qui va se dire (appel votre indulgence ) avec explication des faits passs dans (4) et (5): rtrospectivement ( leur diffrend et quoi quil en soit ) et ce qui pourra se passer ( dispos ), prospectivement: (4) Leur diffrend provenait dun dsaccord sur la dcision de lachat dun lot assez important de composants lectroniques; tel est le motif de lincident mais la raison est peut-tre lie une opposition de temprament. (5) Quoi quil en soit, conscient de ses torts, M.Dupont est dispos prsenter ses excuses au Chef des achats afin que lincident soit clos pour tous. Les phrases (3), (4) et (5) sont des fragments dun entrelacement relationnel; elles sont compltes du point de vue syntaxique, mais elles doivent tre insres dans un texte pour tre interprtes correctement. 1.1 Pour dfinir la linguistique textuelle, H.Rck [9] prend en considration une srie dlments spcifiques la GT dont nous ne prendrons en

    compte que quelques-uns (1.1.1. 1.1.7.). 1.1.1 Le rapport entre le texte et la situation Selon la forme dintroduction dun fait antrieur, la phrase (3) fait partie dune lettre. Si le mme fait tait prsent au destinataire dans dautres circonstances (en face face ou au tlphone), sa prsentation serait diffrente: (6) Vous tes au courant du dernier incident entre notre chef des achats et M.Dupont ? Eh bien, je sollicite votre indulgence ! (7) Je vous appelle au sujet de lincident entre notre chef des achats et M.Dupont pour solliciter votre indulgence. Dans cette acception, le texte est interprt comme composant linguistique dun acte de communication, fonctionnant au niveau communicatif [Schmidt in 9, p. 14]. et la signification textuelle est le produit dune srie de directives actancielles donnes sur la base dhypothses implicites (prsuppositions) dans une situation spatio-temporelle dtermine qui suppose la prise en compte des rles des participants, de leurs objectifs de communication, du code de la langue et du canal de transmission. Lnonc (8) est complet du point de vue syntaxique, mais son contenu dinformation demande les complments: toutefois (rfre quoi ?), au dballage (de quels articles ?), conformes mon ordre (quel en est le contenu ?). (8) Toutefois, en procdant au dballage, jai constat que les articles ntaient pas conformes mon ordre.

    1.1.2 Affinits smantiques Les rapports textuels reposent sur un rseau de relations smantiques et ne sont orients quen second lieu par des lments formels et fonctionnels. Lexemple (9) comporte une suite dnoncs perus comme tant interdpendants, et reprsente, donc, un texte; pourtant ce texte donne une impression de facticit: (9) Venu tardivement la peinture, Paul Gauguin fut influenc par limpressionnisme (1). Limpressionnisme est un courant artistique du XIX-me sicle (2). Marqu par les voyages, le peintre sintresse particulirement aux cultures primitives (3). Gauguin est all la Martinique (4). La peinture de Gauguin se caractrise par la simplicit et la force des formes et des couleurs de la Martinique (5). Il faut voir quels sont les lments qui donnent cette impression: la reprise du nom impressionnisme de

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    la phrase (2), larticle dfini les la place du possessif dans (3), la rptition du nom Gauguin au lieu du pronom il dans (4), la peinture de Gauguin, les couleurs de la Martinique, au lieu de sa peinture et les couleurs de ce pays (5). 1.1.3 Relations rfrentielles Aprs avoir abord laspect smantique de la textualit (cohrence textuelle reposant sur les relations prexistantes dans la ralit quelle reproduit), il faut discuter le problme des relations rfrentielles intratextuelles: les catgories rtrospectives : lanaphore, et les catgories prospectives : la cataphore (v. 5.3.1.). Temps et constitution textuelle Les temps dterminent aussi le droulement du texte de faon rcurrentielle: ce sont des lments fonctionnels dun systme intratextuel de signaux, par lequel le rcepteur est amen recevoir ce qui est signifi, selon une attitude dtermine. Lapproche de Weinrich [11] ce sujet reprsente une optique oprationnelle du point de vue didactique.

    Il sagit de: temps

    commentatifs temps narratifs

    pass compos plus-que-parfait pass simple prsent pass antrieur conditionnel futur imparfait

    La profondeur du texte narratif (arrire-plan / premier plan) est donne par lopposition de la paire temporelle imparfait / pass simple. La tentative dexpliquer les oppositions temporelles comme une paire des relations fonctionnelles lintrieur du systme textuel est plus riche de rsultats quune compartimentation des fonctions temporelles sur des bases smantiques. Dans cette perspective, les formes temporelles fonctionnent toujours dans des relations textuelles [8, p. 27].

    1.1.5 Base Thme Structure superficielle La ralisation de la base du texte (qui contient la reprsentation smantique de la structure textuelle effective et un programme de mise en texte ) dpend dun grand nombre de facteurs situationnels, pragmatiques et psychologiques.

    1.2 Fondements mthodologiques La GT de H. Weinrich se veut une solution nouvelle aux descriptions grammaticales textuelles et sert surtout aux enseignants et apprenants des langues trangres. Il sagit dune grammaire

    exhaustive, conue intgralement dans la perspective de la linguistique textuelle et de lanthropologie de la communication qui tablit dix principes mthodologiques de grammaire textuelle [9, p. 19-23]: 1.2.1 Texte Cette grammaire est conue uniquement partir de textes (oraux ou crits) authentiques, dont la rfrence est donne, car elle a comme objectif ultime de conduire manier la langue dans des textes.

    1.2.2 Dialogue Cette grammaire se fonde sur une linguistique du dialogue, changes entre un locuteur et un rcepteur (auditeur), donc deux interlocuteurs engags dans une interaction langagire qui fournit le modle de rfrence de cette grammaire.

    1.2.3 Anthropologie Le modle du dialogue se reprsente les interlocuteurs physiquement en situation de face--face, en prenant en compte le corps avec ses organes de communication et les acquisitions de lenfant.

    1.2.4 Instruction Le locuteur se sert de la langue pour interagir avec le rcepteur auquel il donne des instructions, des consignes pour lui faire savoir comment il attend de lui quil se comporte dans la situation donne: cest limpact pragmatique de linteraction langagire.

    1.2.5 Traits pertinents smantiques Tous les concepts syntaxiques sont construits laide de 30 traits smantiques lmentaires qui se prsentent par paire et en opposition binaire dans chaque paire. Chaque concept grammatical se dfinit comme la combinaison particulire dun nombre limit de traits pertinents smantiques: le fondement universel ou quasi-universel que le franais a en commun avec dautres langues. Les formes abrges des traits smantiques sont imprimes en capitales entre guillemets simples: [DEBUT], [FIN], [CONNU], [INCONNU]. 1.2.6 Description Cest une grammaire descriptive et non pas une grammaire normative: elle dcrit des instructions, mais ne donne pas elle-mme des instructions, en traitant de ce qui existe ou peut se produire dans la langue, non de ce quon souhaite y trouver.

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    1.2.7 Progression Lanalyse des faits grammaticaux en traits smantiques permet une organisation de la grammaire qui met en vidence les fonctions anthropologiques fondamentales de la langue sans que cette organisation recouvre ncessairement la progression dapprentissage didactiquement adquate chaque public-cible. On tablit des relations transversales systmatiques entre les diffrentes parties de la grammaire selon les prfrences.

    1.2.8 Synchronie Les descriptions de cette grammaire renvoient toutes la langue franaise contemporaine, sans mpriser la dimension historique de la langue.

    1.2.9 Langue trangre Cette grammaire est destine aux lecteurs pour qui le franais est une langue trangre. La langue crite et la langue orale reprsentent un code clairement divergent et le code oral / le code crit sont dcrits en tant que variantes.

    1.2.10 Intelligibilit Cette grammaire reprend les concepts de la terminologie systmatiquement compatibles avec une approche scientifique de la linguistique structurale et de la linguistique textuelle.

    1.3 Concepts linguistiques fondamentaux A partir de la dfinition du texte comme nonc linaire qui est compris entre deux interruptions plus ou moins marques et qui va des organes de la parole ou de lcriture de lmetteur aux organes de laudition ou de la vue du rcepteur , et du texte-en-situation qui est la donne premire de la linguistique textuelle, H. Weinrich [9, pp. 23-30] dfinit une srie de concepts linguistiques fondamentaux qui caractrisent sa grammaire: la linguistique dialogique, le code oral et crit de la langue, le texte et la textualit, le sens et les signes, la grammaire dinstructions, le contexte et la dtermination, la distinction des signes, les oppositions et les classes de signes, les morphmes et lexmes, la matire phonique. 2 Catgories linguistiques H.Weinrich [10] propose une analyse des aspects morphosyntaxiques et smantico-pragmatiques sous langle de la GT, dont nous nallons numrer que quelques catgories en nous arrtant surtout aux

    rles textuels. Cette analyse pourrait tre utilise efficacement en vue de llaboration dune grammaire pdagogique destine lenseignement du franais surtout pour lacquisition dune comptence pragma-linguistique. 2.1 Syntaxe de laccord: le genre et le nombre, la

    qualification Laccord (ou congruence) (de proximit ou distance) signifie la mise en cohrence des marques syntaxiques de plusieurs signes lintrieur dun texte. Lorsque deux signes diffrents dun texte ont la mme caractristique syntaxique, ils sont en accord (ou congruents): deux signes sont congruents en genre et en nombre. Laccord en genre contribue de faon essentielle la textualit [10, p.31]. Il est important de souligner que la syntaxe des autres parties du discours (larticle, ladjectif, ladverbe) est place dans la mme perspective du rle de chaque valeur smantico-syntaxique dans la GT. Cette GT se distingue des grammaires de la phrase par la spcificit de lapproche des chapitres sur: la syntaxe de la jonction (les prpositions, les conjonctions) pour lanalyse de la subordination, la syntaxe du dialogue (le contact, lassertion, les questions et les rponses, les opinions rapportes). 2.2 Syntaxe du verbe: temps et modes Les trois dimensions smantiques daprs lesquelles sorganise le systme temporel reposent sur les oppositions smantiques suivantes: perspective temporelle (rtrospective vs. prospective), registre temporel (commentaire vs. rcit), relief temporel (premier plan vs. arrire-plan) [10, p.121]. Les modes et les modalits sont abords selon leurs valeurs dans le commentaire, le rcit, etc. 2.3 Entre le nom et le verbe: les rles textuels Le rle textuel est le concept gnrique recouvrant les communicants (rles communicatifs) qui se dduisent de la situation de communication. et les actants (rles actanciels) qui, leur tour, se dduisent dune situation actancielle lmentaire conue sous langle communicatif, comme un agir-ensemble (ou co-actance). [10, p.58]:

    COMMUNICANTS (personnes grammaticales)

    LOCUTEUR AUDITEUR REFERENT (I-re personne) (II-e personne) (IIIe personne)

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    ACTANTS (rles actanciels)

    SUJET PARTENAIRE OBJET Ces rles se situent entre le domaine du verbe et celui du nom. Il y a neuf possibilits de combiner ces rles [9, p.59]. Les communicants et les actants sont toujours amalgams (syncrtisme des formes) dans les rles textuels:

    AUDITEUR LOCUTEUR REFERENT vous me le direz SUJET PARTENAIRE OBJET La position par rapport au verbe indique le rle du nom. (10) Le nectar plat aux abeilles. SUJET VERBE PARTENAIRE (position) (position + le morphme amalgamer

    avec larticle anaphorique en la forme aux) [9, p. 63]

    La position des noms aprs le verbe diffre selon une hirarchisation textuelle des actants nominaux, en particulier leur degr respectif de nouveaut (structure thme-rhme). La squence objet-partenaire est considre la position non marque pour ce qui est du dosage de linformation. Les fonctions du genre et du nombre sont amalgames aux noms dans les rles textuels. La cohrence smantique dun texte repose sur une certaine constance de ses lexmes, en particulier de ses noms, qui est assure de trois manires: - la rptition dun nom: (11) /ceux qui ont vu la guerre sont jamais contre

    la guerre/ - par variation du nom: (12) /aprs tant de guerres on connat bien le prix

    dun conflit sanglant entre deux nations/ - par pronominalisation dun nom: (13) /la guerre de Troie a dj eu lieu, elle ne se

    rptera pas/ [11, p.71]

    Sil y a ambigut, le pronom simple est remplac par un pronom dmonstratif:

    (14) La paix, pas moins que la guerre, exige des efforts; elle exige mme des sacrifices.

    (15) La guerre, dit-on, exige des sacrifices tandis que la paix nexige que des efforts; mais celle-ci nexige-t-elle pas aussi parfois des sacrifices?

    La renominalisation est une catgorie linguistique spcifique de la GT: Lorsquun nom est continu et reprsent dans le texte par un pronom ou par une chane de pronoms, il est important que la relation rfrentielle avec le nom ne soit pas rompue; sa signification doit rester en vigueur [11, p.73]. Ce procd admet des variations smantiques dans certaines limites pour autant quon soit assur didentifier la personne ou la chose en question, et structure le texte marquant son articulation en paragraphes et squences. Dans un texte, la mme personne peut tre nomme par des noms et des pronoms diffrents.

    2.4 Les rles actanciels et leurs valences Les communicants se dduisent dune situation de dialogue, alors que les actants rsultent dune situation dactance lmentaire: deux personnes (au moins) agissent ensemble en rapport avec un objet (le sujet, le partenaire, lobjet).

    VALENCES VERBALES VALENCES VALENCES-O VALENCE-S-P VALENCE-S-P-O (a) (b) (c) (d) (a) verbe monovalent (il neige, il meurt); (b) verbe bivalent (je laime); (c) verbe bivalent sujet-partenaire (il lui plat); (d) verbe trivalent (elle lui crit une lettre).

    3 La cohrence A lchelle du texte ainsi quau plan de la phrase, il existe des critres efficients de bonne formation instituant une norme minimale de composition textuelle [3, p.8]. Tous les membres d'une communaut linguistique disposent dun systme implicite de rgles intriorises reprsentant leur comptence textuelle. Cette comptence est modlise par une grammaire de texte qui, tout comme les grammaires de phrases, fournissent un systme exhaustif de rgles de bonne formation textuelle qui reprsente un cadre de systmatisation trs opratoire.

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    3.1 Les quatre rgles de cohrence

    Les 4 rgles de cohrence, qui soutiennent thoriquement les apprciations des professeurs, sont: - mta-rgle de rptition - mta-rgle de progression - mta-rgle de non-contradiction - mta-rgle de relation. Michel Charolles fait trois remarques sur ces rgles: a. Cohrence et linarit textuelle: cette grammaire de base qui rfrent en profondeur ces rgles intgre des relations dordre: le suivi est en fonction du prcdent. Ces relations abstraites nont pas de relation directe avec les mcanismes de lecture concrets (mouvements et vitesse de perception, mmorisation, etc.). b. Cohrence microstructurelle et cohrence macrostructurelle - Selon le plan squentiel, un niveau local ou microstructurel, on tablit les rapports de cohrence entre les phrases (successivement ordonnes) de chaque squence; - Selon le plan textuel, un niveau global ou macrostructurel, on tablit des relations entre les squences conscutives. c. Cohrence et cohsion: dans une grammaire de texte, sa reprsentation profonde est de nature logico-smantique. Il y a une chane de reprsentations smantiques des constituants phrastiques, squentiels et textuel. Les contraintes stipules par les rgles de cohrence portent sur des traits logico-smantiques, donc linguistiques. Il y a cependant des cas o la prise en compte des paramtres pragmatiques qui renvoient aux participants lacte de communication textuelle est obligatoire, ce qui dpasse le cadre du texte pour aborder le plan du discours (du texte en situation) et fait accrotre la puissance des rgles. Les lments du texte entretiennent des relations smantico-syntactico-pragmatiques. La relation existant entre les lments du texte sappelle cohrence (du latin cohaerere, tre interdpendant) qui est une condition ncessaire la ralisation du texte.

    Il y a deux possibilits distinctes de constitution de la cohrence:

    - intratextuelle (smantico-syntaxique); - extratextuelle (pragmatique).

    relation syntactico-smantique

    A B

    Situation

    A relation pragmatique B

    Situation

    A relation pragmatique

    Un texte nest pas donc une simple suite linaire de phrases, de mme quune phrase nest pas une simple suite de mots. Compos de parties ou de squences dont le sens se dfinit par rapport son sens global, le texte doit tre valu du point de vue de sa cohrence qui dpend de facteurs smantiques et syntaxiques, tout comme la phrase est value du point de vue de sa grammaticalit et de son acceptabilit: un texte cohrent est un texte bien form du point de vue des rgles dorganisation textuelle, ce qui lui confre son unit [8, p.603]. Si lon prend en considration lopposition entre le discours et le texte, on distingue la cohrence et la cohsion: lune comme proprit du discours, qui est mis en relation avec les conditions de lnonciation, lautre comme proprit du texte, ferm sur lui-mme. Lvaluation de la cohrence dpend des connaissances du monde et de la situation, partages ou non par lnonciateur et son destinataire, alors que celle de la cohsion est fonction de lorganisation smantique interne. Comme dans la pratique il est malais de rpartir dune manire trs stricte les rgles de cohrence porte externe et les rgles de cohsion porte interne, on emploie le terme de cohrence pour caractriser la bonne formation aussi bien du texte que du discours [7, p.603]. Lemploi dun pronom ou dun connecteur, par exemple, doit tre expliqu tant dans le discours que dans le texte. En fait, la rpartition rigoureuse entre les rgles de porte textuelle et les rgles de porte discursive est impossible: les grammaires de texte dcloisonnent les obstacles entre la smantique et la pragmatique, entre limmanent et le situationnel. Cest pour cela que la distinction entre la cohrence et la cohsion parat inutile.

    3.1.1 La mta-rgle de rptition (MR1): Pour quun texte soit (micro- et macrostructurellement)

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    cohrent, il faut quil comporte dans son dveloppement linaire des lments rcurrence stricte [3, p.14].

    3.1.1.1 Les pronominalisations rendent possible la rptition distance dun syntagme ou dune phrase entire. Les instruments les plus frquents de la cohrence linaire sont les diaphoriques qui sont dtermins par une expression de la mme unit transphrastique [O.Ducrot, 1972 in 4, p.281]: les formes rtrospectives (anaphoriques) et les formes prospectives (cataphoriques) [A. Cunita, 1982 in 4, p.101]. Cette relation est rendue par: des articles dfinis, des substituts personnels, des substituts verbaux (faire), adverbiaux ou macro-segments, etc. Dans le cas le plus frquent de lanaphore, le rappel se fait davant en arrire: (16) Un touriste franais avait gar hier sa voiture pour aller boire un caf dans un quartier dangereux de Belfast. ( ) Lorsquil est revenu, les forces de scurit, pensant que le vhicule tait peut-tre pig, lavait fait exploser. Au cas de la cataphore, les pronoms l, ils anticipent sur leurs rfrents je pressentais ce rsultat (17) ou tes parents (18): (17) Je dois vous l ( ) avouer: je pressentais ce rsultat. (18) Ils sont trs gentils, tes parents.

    3.1.1.2 Les dfinitivisations et les rfrentiations

    dictiques contextuelles Il y a des contraintes de proximit sur lemploi des dterminants dfinis; ainsi lorsque le nom rpt se trouve dans lentourage immdiat de celui qui le prcde, lemploi des dictiques contextuels est plus naturel: (19) ?Jean vient de connatre une jeune fille. La jeune fille est la nice de mon ami. (20) Jean vient de connatre une jeune fille. Cette jeune fille est la nice de mon ami.

    3.1.1.3 Les substitutions lexicales. Les dfinis et les dictiques contextuels saccompagnent de substitutions lexicales qui vitent les reprises et garantissent en mme temps le rappel: (21) Le but de ces journaux est daider le lecteur choisir ses missions de tlvision et de radio. Ces publications proposent aussi des jeux, des bandes dessines et parfois des romans-photos. Brancusi et le sculpteur dans (22) renvoient au mme rfrent: (22) Brancusi est n Trgu-Jiu. Le sculpteur y a

    cr la Colonne de linfini. Pour expliquer les mcanismes de litration, il faut faire intervenir la notion de co-rfrence, qui dsigne le fait que dans le mme texte plusieurs constituants, structurs diffremment du point de vue formantiel, peuvent renvoyer un mme et unique rfrent [4, p.282]. Si la diaphore met en relation un syntagme nominal valeur rfrentielle syntagme nominal plein ou pronom et un syntagme nominal nayant pas de valeur rfrentielle, la co-rfrence est une relation entre deux syntagmes nominaux valeur rfrentielle [J.Guron, 1979 in 4, p.282].

    3.1.1.4 Les recouvrements prsuppositionnels et les

    reprises dinfrence Les mcanismes de rptition sont plus ou moins perceptibles la surface textuelle, alors que pour les recouvrements prsuppositionnels, le rappel porte sur des contenus smantiques non manifests (quoique fondamentaux) qui doivent tre reconstruits pour quapparaissent explicitement les rcurrences. Par exemple: (23) Est-ce que Philippe a vendu sa voiture ? (24) Non, il a vendu sa bicyclette. (25) Non, on la lui a vole. (26) Non, il a maigri. Les S1 (23 + 24) et S2 (23+ 25) sont cohrentes, la diffrence de S3 (23 + 26): les unes (24, 25) rptent dans leur pos une des prsuppositions de la question ( Philippe a vendu quelque chose , Il est arriv quelque chose la voiture de Philippe ), lautre (26) nen reprend aucune.

    3.1.2 Mta-rgle de progression (MR II): Pour quun texte soit microstucturellemnt ou macrostructurellement cohrent, il faut que son dveloppement saccompagne dun apport smantique constamment renouvel. Lacte de communiquer suppose quelque chose dire et non pas rpter diffremment: (27) Les veuves ne reoivent que la moiti de la retraite de leur feu mari. Les femmes non maries peroivent une pension gale la moiti de celle que recevait leur mari dfunt. Elles nont que cinquante pour cent des indemnits que touchait leur mari quand il tait vivant. Du temps quils taient en retraite les pouses des retraits partageaient avec leur mari la totalit de leur pension. Il faut quil y ait un quilibre entre le taux dapport informatif et le taux de rptition. La production

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    dun texte cohrent suppose que soit ralis un prilleux quilibre entre continuit thmatique et progression smantique (ou rhmatique). Une telle performance exige donc que soient conjointement matrises les MRI et MR II [3, p.21]. Larticulation thme / rhme donne des parcours progressifs dans un rapport rgl et programm entre la nouveaut smantique donne la suite dlments dj connus. Pour quun texte dveloppant plusieurs sries thmatiques profondes soit macrostructurellement cohrent, il est ncessaire que ces sries constituent en surface des suites squentielles homognes [3, p.21].

    3.1.3 Mta-rgle de non-contradiction (MR III): Pour quun texte soit microstuctructurellement et macrostructurellement cohrent, il faut que son dveloppement nintroduise aucun lment smantique contredisant un contenu pos ou prsuppos par une occurrence antrieure ou dductible de celle-ci par infrence [3, p. 22]. En logique, il est inadmissible quune mme proposition soit conjointement vraie et non-vraie ou fausse et non-fausse. On ne peut pas dire: (28) Cette chambre est rectangulaire. Cette chambre nest pas rectangulaire. Il y a plusieurs types de contradictions: a. Contradictions nonciatives Le cadre nonciatif dun lment phrastique et textuel fixe un systme de reprage temporel et un mode de fonctionnement discursif dtermin. Par exemple (29) rfre une priode (t1 antrieur au moment t0) de lacte de communication modalement transparente (sans indice formel signifiant limmixtion du sujet de lnonciation dans lnonc). (29) Malko entre sans frapper dans le bureau du

    chef de la CIA. Il portait un costume sombre et tenait la main une magnifique valise en crocodile.

    (30) Malko sassied et allume un havane. (31) Je ne me souviens plus si Malko avait emport

    avec lui un paquet de havanes. Les contradictions temporelles par opposition aux contradictions de modalit discursive ne rendent le texte incohrent que dune faon ponctuelle. b. Contradictions infrentielles et prsuppositionnelles. Il y a contradiction infrentielle quand, partir dune proposition, on peut en dduire une autre qui contredit un contenu smantique pos ou prsuppos dans une proposition environnante: (32) Ma tante est veuve. Son mari collectionne des

    machines coudre.

    (33) Pierre na pas de voiture. Il vend la sienne pour en acheter une neuve.

    Les infrences de veuve et vendre sont contredites par les phrases suivantes. Leffet dincohrence rsulte des incompatibilits smantiques profondes auxquelles il faut ajouter des considrations temporelles: il suffit de mettre les verbes au pass pour supprimer les contradictions. Les contradictions prsuppositionnelles ressemblent aux contradictions infrentielles, mais le contenu prsuppos est contredit par une proposition ultrieure. Dans (34) la seconde phrase pose que la femme de Jules est fidle alors que la premire prsuppose linverse: (34) Jules ignore que sa femme le trompe. Son

    pouse lui est tout fait fidle. Dans (35) il y a la fois contradiction prsuppositionnelle et infrentielle: (35) Si Marie mavait cout elle naurait pas dfinitivement repouss Paul qui voulait lpouser. Maintenant quelle est sa femme elle sen mord les doigts. La premire phrase de (35) est une conditionnelle irrelle (contre-factuelle), elle prsuppose que Marie a dfinitivement repouss les propositions de Paul donc quelle nest pas marie avec lui; mais elle sous-tend en plus que Marie aurait bien fait (naurait pas regrett) de devenir la femme de Paul. La seconde phrase contredit la prsupposition ( elle est sa femme ) et linfrence sous-entendue ( elle sen mord les doigts ). 3.1.4 Mta-rgle de relation (MR IV): Pour quune squence ou quun texte soient cohrents, il faut que les faits quils dnotent dans le monde reprsent soient relis [3, p.31]. Cest une rgle de nature fondamentalement pragmatique: pour quune squence soit cohrente, il est ncessaire que les actions, tats, ou vnements quelle dnote soient perus comme congruents dans le monde reconnu par celui qui lvalue. Dans un monde reprsent M, deux tats de choses p et q , sont congruents si et seulement si p est pertinent ( relevant ) pour q , ou mieux, si et seulement si p est une cause, condition, consquence pertinente pour q . Par exemple, soient les phrases p , q et r dans le monde M = monde ordinaire: (36) Marie est malade. ( p ) (37) Marie va bientt accoucher. ( q ) (38) Les chanteurs de charme dplaisent aux

    intellectuels. ( r ) p et q sont congruents, la squence 36 + 37 est

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    congruente alors que p et r sont incongrus, la squence 36 + 38 ne lest pas. Les relations de relevance sont explicites smantiquement par certains connecteurs, tout comme dautres connecteurs entranent lincongruit. Pour quune squence ou quun texte soient cohrents, il faut que les faits quils dnotent dans le monde reprsent soient directement relis [3, p. 32].

    4 La mise en texte 4.1 Les oprations de mise en texte Sophie Moirand [7] parle des fonctions de reprsentation et de communication du langage verbal. Il sagit doprations langagires qui interviennent dans la mise en texte et qui correspondent aux fonctions du langage. Si les fonctions sont les mmes quelle que soit la langue utilise, leurs traces dans les textes diffrent dune langue lautre car les systmes lexicaux et grammaticaux utiliss ne sont pas identiques non plus. Pour prsenter les faits, il y a des oprations de rfrence (ou dsignation) qui choisissent dans le stock du lexique disponible les notions aptes reprsenter la ralit perue raconter. On donne aussi des prcisions sur les personnes, les objets, le cadre et sur les relations entre les personnes ou entre les personnes et les objets: ce sont des oprations de caractrisation et des oprations de prdication qui dcrivent les objets et les gens et rendent compte des relations entre les acteurs et les objets. La syntaxe intervient dans toute communication verbale et son point de dpart est smantique , le monde auquel elle renvoie, avant de revtir la forme spcifique de la langue utilise. Il y a aussi les oprations dnonciation selon la forme de transmission, orale, en face face, par tlphone ou par crit, selon lendroit o lon raconte: donc le rsultat de la mise en texte est chaque fois diffrent. Trois oprations interviennent lors de la mise en texte et laissent des traces diffrentes: - les oprations de dsignation / rfrence et de caractrisation / prdication renvoyant aux acteurs et aux objets du monde tout comme leurs relations rciproques; - les oprations de communication / nonciation prsentant les relations entre celui qui parle, celui qui il parle et le lieu do il parle. Il y a des diffrences dadjectifs possessifs, pronoms dmonstratifs et relatifs, substantifs, etc.

    Le choix du lexique dpend des trois types doprations et il a une vise smantique (la rfrence au monde) et une vise communicative (lintention de communication). La mise en texte des faits divers suppose de trouver les mots qui disent ce qui sest pass, de qui et de quoi on parle, donc il faut retrouver les traces des oprations de rfrence et aussi celles des oprations de caractrisation ou de prdication qui apportent des informations complmentaires. Par exemple, la recette de cuisine que lon passe par tlphone, dans une conversation en face face, que lon entend la radio, etc. reprsente des actes potentiels, susceptibles dtre refaits, supposs avoir t faits par dautres, mi-chemin entre la ralit et la fiction. A part les caractristiques communicatives ( dire comment faire ), on emploie des lments dun univers de rfrence partag: des ingrdients , des ustensiles , des actions , des indications de quantit et de qualit . Pour mettre en texte cette recette de cuisine, il faut connatre les substantifs et les verbes qui correspondent aux catgories lexicales respectives: ingrdients (farine de froment, farine de bl noir, oeufs, sel), ustensiles (billig, pole), quantits (500 g de farine de bl noir), actions (mlanger, ajouter, dlayer, tendre, cuire). Puis il faudra savoir organiser ces lments pour en tablir la syntaxe adquate et ordonner les formes en vue dune reprsentation concise et comprhensible pour le lecteur par lemploi des dictiques, de lanaphore, etc. 4.2 Lanaphore - La corfrence et ses outils de

    description On distingue deux systmes de rfrence dans un texte quon lit ou quon coute : une rfrence externe qui renvoie lunivers dcrit par le texte et qui rfre aux objets du monde rel, et aussi une rfrence interne au texte, cest--dire la reprise, dans le droulement verbal, dun lment qui a dj t reprsent antrieurement. Il ne faut pas confondre la co-rfrence avec la synonymie ni avec les mots de la mme famille ou le classement dans une catgorie smantique. Les textes comprennent des rseaux co-rfrentiels [7, p.20). Les systmes qui ralisent la co-rfrence peuvent jouer un rle dictique lorsquils reprsentent des lments de la ralit environnante lors dun change en face face, par exemple, ou un rle anaphorique, lorsquils reprsentent un segment dj apparu dans le droulement textuel. Ce dernier rle permet didentifier dans un texte les traces explicites de co-rfrence.

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    Il y a deux systmes diffrents qui rvlent lanaphore: - un systme pronominal par des substitutions pronominales (pronoms personnels, relatifs, possessifs, dmonstratifs, adverbiaux): (39) le bain de mer va les dlivrer , derrire eux Rieux et Tarrou Les eaux lui parurent tides quand il remonta Rieux Rieux, qui sentait sous ses doigts le visage grl de rochers Rieux ... la direction de la jete. Avant dy arriver.... celles-ci taient protges par un rideau de fer qui a t arrach les cinq vitrines. ceux-ci avaient une premire fois perc le plafond les cambrioleurs - un systme lexical qui utilise diffrentes relations

    smantiques: la rptition du terme: Rieux et Tarrou; lquivalence smantique (parasynonymes de discours) avec en gnral une marque qui indique la relation: les deux compagnons (Rieux et Tarrou), son ami (Rieux); linclusion smantique (hyperonymes de la langue):

    lanimal cane lgumes courges

    Lanaphore permet de reprendre des segments verbaux ayant un statut et une longueur diffrents: - des substantifs ou des groupes nominaux; - des groupes verbaux repris sous une forme nominalise, ou des termes gnriques (ce fait, ce problme, ce phnomne, la maladie); - des phrases ou des paragraphes entiers. Il faut souligner le rle des articles dfinis, des adjectifs possessifs et dmonstratifs dans le processus de lanaphore. On distingue les segments qui se suivent les uns les autres et sont lis des contraintes dordre grammatical (articles, relatifs, possessifs) lintrieur des phrases, et des lments plus loigns qui sont en relation dordre smantique se soumettant larchitecture du texte ou des paragraphes. Il est important de voir quel est le rle des articles dfinis, des adjectifs dmonstratifs et possessifs: (40) Dans la rue il y a une petite fille. La petite fille

    joue la balle. (41) *Dans la rue il y a la petite fille. Une petite

    fille joue la balle. Les pronoms peuvent avoir un rle anaphorique

    (42) ou cataphorique (43):

    (42) Jai vu le film dont tu mas parl. Il ma beaucoup plu.

    (43) Je vous ai prsent les rsultats de notre analyse. Et jajouterai ceci: .....

    part lanaphore, il y a aussi le procd de la cataphore dans les commentaires crits ou dans les exposs oraux: (44) Il y aurait deux commentaires faire... (45) Jen arrive la conclusion. Les oprations de rfrence et de caractrisation sont introduites dans le dveloppement des commentaires, des argumentations, des critiques; elles permettent de reprsenter les faits et les dires de la ralit, mais aussi le point de vue, les opinions, etc. Il y a donc un lien troit entre la co-rfrence et les procds danaphore / cataphore, lune notion opratoire, les autres, notions descriptives dsignes globalement par la diaphore.

    5 Lapproche globale des textes

    5.1 Typologies des types textuels Dun point de vue didactique, lapproche globale des textes doit tre aborde en termes de typologie des types textuels, ce qui est insparable dune thorisation des schmas textuels [1, p. 39]. Il sagit des schmas globaux:

    - narratif - descriptif - argumentatif

    qui assurent la cohsion-cohrence du texte comme articul et hirarchis. Ce cadre thorique gnral envisage lorganisation globale des textes trois niveaux interdpendants: - la dimension pragmatique du texte (ou de la squence considr(e)) avec le MACRO-ACTE DE DISCOURS accompli par le texte (ou la squence). - le contenu global ou MACROSTRUCTURE SEMANTIQUE. - la dimension schmatique globale ou SUPERSTRUCTURE TEXTUELLE. Il y a trois grandes directions typologiques: La premire direction dpend des fonctions du langage de R. Jakobson. F. Vanoye [10] et R. Lundquist [6] orientent leurs recherches dans cette direction. La seconde direction est issue des thories de Benveniste sur lnonciation qui englobent les marques linguistiques de surface (temps de verbes, dictiques temporels, pronoms de conjugaison). Dans les travaux de Jenny Simonin-Grumbach et J.P.Bronckart, les situations dnonciation impliquent des formes spcifiques dorganisation

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    Dialogos 12/2005 89

    des noncs et les units morpho-syntaxiques nont de sens que dans ce cadre textuel. Alors que J. Simonin-Grumbach reprend les trois types dnonciation de Benveniste:

    - Discours - Histoire - Discours relat (direct, indirect, indirect libre)

    en y ajoutant les textes qui nont pas de traces des oprations de dterminations situationnelles: les textes thoriques et les textes potiques, J. P. Bronckart distingue:

    - le Discours en situation, - le Discours thorique - la Narration.

    La troisime direction est reprsente par E. Werlich qui distingue 5 types structuraux qui sont rapports aux processus cognitifs caractristiques dclenchs et dvelopps par des actes de locution en direction de lenvironnement et par des ractions des aspects spcifiques de lenvironnement : 1. Le type descriptif qui prsente des arrangements

    dans lespace. 2. Le type narratif concentr sur le droulement

    dans le temps. 3. Le type expositif associ lanalyse et la

    synthse de reprsentations conceptuelles. 4. Le type argumentatif centr sur une prise de

    position.

    5. Le type instructif qui incite laction. 5.2 Jean-Michel Adam [1] combine la classification des types textuels avec une conceptualisation des types de processus cognitifs dominants et oriente la rflexion dans le cadre dun modle infrentiel de la comprhension des noncs. Le reprage des indices de surface conduit la construction dune base de texte cohrente. La prsence de passs simples oriente linterprtation de lnonc narratif, dimparfaits de lnonc descriptif, les connecteurs spcifiques comme mais, puisque de lnonc argumentatif, les connecteurs comme car, parce que, de lnonc

    expositif, les impratifs ou les verbes daction linfinitif, de lnonc instructif. J.M.Adam [1] prend en considration 8 types textuels de base, lis, pour la plupart, aux grands types dactes de discours: asserter, convaincre, ordonner, prdire, questionner. Lassertion comme acte de discours par lequel on pose un tat de choses comme tant vrai dans un monde donn, semble la source des premiers trois types de textes: 5.2.1 Asserter des noncs de faire donne le TYPE TEXTUEL NARRATIF, o le faire sinscrit dans le droulement temporel et causal (chrono-logique). Ses actualisations sont: le reportage (sportif et journalistique), le fait divers, le roman et la nouvelle, les contes, le rcit historique, la parabole, les publicits narratives, le rcit politique, le cinma et la bande dessine, les histoires drles et le rcit oral en gnral, les dpositions de tmoins et les procs-verbaux daccidents. La dfinition minimale de la textualit pourrait reprsenter le rcit comme unit textuelle o lon assure le lien des propositions en macro-propositions qui constituent une squence faisant partie, elle-mme dun texte: suite de propositions lies progressant vers une fin [2, p. 45]. Dans la dfinition du rcit il y a plusieurs lments de base: un sujet quelconque (anim ou inanim, il nimporte) plac dans un temps t, puis t + n et ce quil advient linstant t + n des prdicats qui le caractrisaient linstant t [Bremond, 1973 pp. 99-100 in 2, p. 46]. Il y a trois lments obligatoires: sujet, temporalit, prdicats transforms, auxquels on ajoute la succession dvnements dintrt humain dans lunit dune mme action. [Bremond, 1966, p.62 in 2, p. 46 ]. Les six constituants runis par J.M.Adam [2, p. 59] mnent au schma suivant:

    Unit thmatique (B) (Sujet) Succession vnementielle (A): t [m 1] Procs (D) [m2-m3-m4] t + n [m5] Prdicats (C): (S) X, X... Transformation (S) Y, Y......

    Causalit narrative (E) [Pn2 et Pn4]

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    Dialogos 12/2005 90

    Morale - Evaluation finale (F) (Pn)

    5.2.1.1 Succession dvnements: O il ny a pas succession, il ny a pas rcit [Bremond in 2, p. 46]. La succession minimale est obligatoire pour des vnements de t et de t + n. Mais la dimension temporelle doit tre emporte par une tension: le rcit est tendu vers sa fin (t + n), donc organis en fonction de la situation finale.

    5.2.1.2 Unit thmatique (au moins un acteur-sujet S): O il ny a pas implication dintrt humain, il ne peut y avoir de rcit [Bremond in 2, p.46].

    5.2.1.3 Des prdicats transforms: Quil soit dit ce quil advient linstant t + n des prdicats qui caractrisent (le sujet dtat S) linstant t [Bremond in 2, p.47]).

    5.2.1.4 Un procs: O il ny a pas intgration dans lunit dune mme action, il ny a pas rcit [Bremond in 2, p.48]. La notion daction une et qui forme un tout a un commencement, un milieu et une fin:

    Situation initiale Transformation Situation finale AVANT (agie ou subie) APRES commencement PROCES fin milieu

    5.2.1.5 La causalit narrative dune mise en intrigue: Le rcit explique et coordonne en mme temps quil retrace, il substitue lordre causal lenchanement chronologique [Sartre, 1947, p.147 in 2, p. 51]. 5.2.1.6 Une valuation finale (explicite ou implicite): Lunit de lensemble provient de laccord de toutes les parties en vue dune seule fin [2, p. 56]. Pour passer de la simple suite linaire et temporelle des moments au rcit proprement dit, il faut oprer une mise en intrigue dont rend compte le schma propos par J.M.Adam [2, p. 54), qui hirarchise les relations, autrement simplement chronologiques et linaires, entre les cinq moments (m) de tout procs lintrieur dune squence (ou dun texte entier). Une logique du monde reprsent se superpose la logique de la mise en intrigue. Pour quil y ait rcit, il faut passer du plan de la succession vnementielle celui de la configuration [2, p. 57]:

    Squence narrative Situation Complication (R)Actions Rsolution Situation Morale initiale Dclencheur 1 ou Dclencheur 2 finale (Orientation) Evaluation Pn1 Pn2 Pn3 Pn4 Pn5 Pn (m1) (m2) + (m3) + (m4) (m5) Le rcit se distingue par sa dimension chronologique et sa dimension configurationnelle qui assurent la succession vnementielle et la cohrence de ce type de texte:

    Dimension chronologique Dimension configurationnelle (ou sens en situation) (ou schma textuel) Macro-acte Macrostructure Superstructure narrative de Discours smantique (organise en macro- (interaction) (contenu global) propositions = Pn)

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    (I) (II) (III) Un texte comporte une seule ou un nombre n de squences soit identiques (toutes narratives dans les exemples ci-dessus), soit diffrentes (une squence dialogale insre dans un rcit). Le texte est une unit constitue de squences qui, son tour, est une unit constitue de macro-propositions, constitues, elles-mmes, de propositions: [Texte[Squence(s)narrative(s) [Macro-propositions narratives [proposition(s)]]]] Comme le texte est compos souvent de squences htrognes, la squence narrative comporte des propositions descriptives (par exemple une description dactions) ou des propositions valuatives, des ensembles dialogaux qui compliquent la structure compositionnelle. Les organisateurs temporels (puis, alors, soudain, etc.) se combinent parfois avec des connecteurs argumentatifs (mais, alors, donc, en consquence, etc.). Les formes de surface les plus frquentes dans un rcit sont: le pass simple ou le prsent des verbes, les anaphores pronominales comme forme de thmatisation, lalternance pass simple / imparfait. La narration se caractrise par lexclusion de certaines formes linguistiques [2, p.71]: emploi exclusif de limparfait, prsence exclusive de prdicats dtre ou dtat, emploi

    massif de dterminants valeur gnrique et du prsent de vrit gnrale (gnomique) qui peuvent se trouver dans la Morale mais pas dans tout le rcit. Dans la tradition rhtorique les diffrentes espces de narration sont: les narrations oratoire, historique, dramatique (ou potique), familire et allgorique. Il faut inclure linsertion du rcit dans des ensembles discursifs comme: une pice de thtre, un plaidoyer, un ouvrage historique et mme le rcit parodique, le rcit excentrique et le rcit arborescent.

    5.2.2 Asserter des noncs dtat donne le TYPE TEXTUEL DESCRIPTIF. Ce type est li un arrangement spatial des propositions. Si lnonc narratif prsente un droulement vnementiel, une issue plus ou moins prvisible selon un ordre logico-smantique (comme dans les schmas ci-dessus), en grande partie indpendant de la manifestation linguistique, donc aisment traductible dun code et dune langue lautre, lnonc descriptif est rgl surtout par ses structures smiotiques de surface et par ses structures lexicales. La superstructure narrative se prsenterait de la manire suivante:

    Thme-titre Situation Qualits Parties (externe) globales Espace Temps Formes Dimension etc. Partie A Partie B etc. (taille) Situation Parties

    autres objets ou personnages (secondaires, extrieurs, contigus, mtonymiques) susceptibles dentraner de nouveaux dveloppements

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    Dialogos 12/2005 92

    Situation Qualits Parties Qualits A la linarit dominante du type narratif rpond une tabularit dominante de la description qui se manifeste par: un inventaire, un guide touristique, un dictionnaire, une grille de mots croiss. Il faut y ajouter des facteurs de cohrence cohsion locale tant syntaxique (connecteurs qui organisent le texte

    en paquets de phrases-propositions, jeux de la corfrence et de lanaphore) que lexicale (relations entre termes superordonns et termes hyponymiques). Dans la description il y a toujours trois niveaux qui assurent la cohsion-cohrence textuelle globale:

    DESCRIPTION (organisation gnrale) Dimension configurationnelle Dimension schmatique Macro-acte Macrostructure Superstructure de Discours smantique descriptive (fonction (Thme-titre assurant (III)

    argumentative) lunit du stock lexical (I) driv)

    (II) 5.2.2.1 Types de descriptions La description a un caractre htrogne: une hypothse linguistique et textuelle doit absolument tenir compte de lhtrognit compositionnelle [2, p.78]. Le narratif est foncirement anthropomorphique: le rcit comprend toujours au moins un personnage-acteur, alors que le descriptif est caractris par sa tendance la dpersonnalisation. Parmi les types de description [Fontanier,1821, in 2, p.79] il y a: la TOPOGRAPHIE (les lieux), la CHRONOGRAPHIE (description de temps, de priodes, dges), la PROSOPOGRAPHIE (description du corps, de la figure, des qualits physiques), lETHOPEE (description des moeurs, des talents, des vertus, etc.), le PORTRAIT (description du moral et du physique dun tre anim, rel ou fictif), le PARALLELE (deux descriptions sous leurs rapports physiques ou moraux), le TABLEAU (descriptions vives et animes dactions, dvnements, etc.), lHYPOTYPOSE (quand lexposition est si vives, si nergique, quil en rsulte dans le style une

    image, un tableau).

    5.2.2.2 La description entre lnumration et la squence descriptive

    Lnumration est la procdure de base de la description o lordre des lments peut tre modifi. On peut parler dune description lmentaire (sommaire), mais suffisante (prcise). Il y a un schma prototypique de la squence descriptive qui est, en fait, un rpertoire des oprations de constructions des macro-propositions elles-mmes. Le protopype de la squence descriptive noffre pas dindication dordre, ne comporte aucune linarit intrinsque pour lui donner la possibilit de se trouver ou non en phase avec la linarit propre au langage articul, les plans de texte et leurs marques spcifiques ont une importance dcisive pour la lisibilit et pour linterprtation de toute description [2, p. 85].

    5.2.2.3 Le prototype de la description: ses quatre

    procdures (macro-oprations)

    Objets secondaires intrieurs (synecdoques)

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    Dialogos 12/2005 93

    a. Procdure dancrage: ancrage, affectation, reformulation

    Par lancrage rfrentiel, la description prsente par un nom commun ou propre (pivot nominal que J.M.Adam appelle le THEME-TITRE [2, p. 85-89]: - au dbut, de qui/quoi il va tre question (ANCRAGE), - en fin de squence, de qui/quoi il vient dtre question (AFFECTATION), - combinant ces deux procdures, elle reprend et modifie le thme-titre initial (REFORMULATION). Le thme-titre est en fait un facteur dordre car il cre une cohsion smantique rfrentielle. Pourtant, il faut distinguer: - la rfrence virtuelle de lancrage (attente dune classe plus ou moins disponible dans la mmoire du lecteur/auditeur); - la rfrence actuelle (la classe construite) produite au terme de la squence. Les formes linguistiques de la reformulation partent de la simple mise en apposition lutilisation dun certain type de verbes: (39) N1 sappelle / se nomme N2 (nom propre) (39) N1 bref / donc / enfin (cest) N2 (40) N1 en un mot/ autrement dit/pour tout

    dire/autant dire/en dautres termes, cest--dire N2.

    b. Procdure daspectualisation Lopration daspectualisation [2, p.89-91] est dhabitude admise comme base de la description. Il sagit de la mise en vidence dun tout et de son dcoupage en parties laide dun rseau abstrait qui sert mettre les lments en relation. Si lopration dancrage est responsable de la mise en vidence dun tout, alors lopration daspectualisation est responsable du dcoupage en parties. On ajoute ce dcoupage en partie les qualits ou proprits du tout (couleur, dimension-taille, forme, nombre, etc.), et aussi par une nouvelle opration (sous-thmatisation), les proprits des parties prises en compte.

    c. Procdure de mise en relation Cette procdure descriptive correspond ce que lon a dsign comme opration dassimilation qui peut tre soit comparative, soit mtaphorique. Dans lexemple: Un visage rose, un peu mou, le nez rond, et un front immense. Quelque chose dune vierge flamande qui aurait oubli sa coiffe [2, p.92], il y a une mise en relation comparative laquelle la proposition relative ajoute une proprit.

    d. Procdure denchssement par sous-thmatisation

    Cette procdure est la source de lexpansion descriptive [2, pp.93-95]. Cest ainsi que lon passe des macro-propositions descriptives (Pd) de rang 1 aux propositions descriptives (pd) de rang 2, 3, 4, etc. Une partie slectionne par aspectualisation peut tre choisie comme base dune nouvelle squence, prise comme nouveau thme-titre et, son tour, considre sous diffrents aspects: proprits ventuelles et sous-parties. Par une nouvelle thmatisation, une sous-partie peut tre envisage dans ses proprits et parties et cela, thoriquement, de faon infinie. Cette opration sapplique surtout pour laspectualisation, aux parties et, pour la mise en relation, la mise en situation mtonymique (objets contigus) [2, p. 93]. 5.2.3 Asserter comporte un acte de type

    Expliquer (des concepts) ou faire comprendre quelque chose quelquun.

    Le type expositif de Werlich devient un TYPE TEXTUEL EXPLICATIF. Les textes de ce type sont: le discours didactique, le discours scientifique, le discours politique (variante justificative de lexplication). Lacte de discours Convaincre (persuader, faire croire) implique le TYPE TEXTUEL ARGUMENTATIF. Un exemple serait donn dans larticle de J.M.Adam [1]:

    Thse antrieure Les hommes aiment les femmes qui ont les mains douces. Vous le savez.

    PREMISSE Mais vous savez aussi que vous faites la vaisselle.

    ARGUMENTS Alors ne renoncez pas pour autant votre charme.

    (MAIS) Utilisez Mir Rose. Votre vaisselle sera propre et brillante. Et vos mains, grce lextrait de ptale de rose contenu dans Mir Rose, seront plus douces et plus belles.

    (ALORS) CONCLUSION NOUVELLE THESE

    Elles ne pourront vous dire que merci. Votre mari aussi.

    La place des diffrentes macro-propositions superstructurelles varie dun sous-genre argumentatif lautre (v. Perelman et Olbrechts-Tytecca dans Trait de largumentation). 5.2.5 Lacte directif ORDONNER qui incite faire faire, permet de redfinir le type instructif de

  • MODLES THORIQUES THEORETICAL MODELS

    Dialogos 12/2005 94

    Werlich comme, plus largement, un TYPE TEXTUEL INJONCTIF ralis dans: la recette de cuisine, la notice de montage, les consignes en gnral. Mme si la recette et la notice de montage prsentent les faits chronologiquement du cru ou pars cuit et ordonn, elles sont domines par le fait dinduire des actes. 5.2.6 Un TYPE TEXTUEL PREDICTIF qui dveloppe lacte de discours prdire (quelque chose va / doit se produire) et qui sactualise dans la prophtie, le bulletin mtorologique et lhoroscope. 5.2.7 Un TYPE TEXTUEL CONVERSATIONNEL dcrit par tous les travaux rcents sur la conversation et qui ont quelques proprits structurales supplmentaires. On y inclut: lacte rotatif (Questionner), les satisfactifs (excuses, remerciements), les commissifs (promesses, annonces, menaces), les rtractifs et vocatifs. Les manifestations les plus courantes de ce type textuel sont linterview et le dialogue (romanesque ou thtral). 5.2.8 Un TYPE TEXTUEL RHETORIQUE le pome qui englobe: le pome, la prose potique, la

    chanson, la prire, le slogan, le proverbe, le dicton, la maxime, le graffiti, et les titres en gnral. Le postulat dune corrlation entre le plan de lexpression et celui du contenu (Greimas) concerne aussi bien le vers que le slogan ou le proverbe. Il y a des rapports trs troits entre les diffrents paralllismes (syntaxiques, mtriques, phoniques ou graphiques). Une tabularit et un bouclage du texte (facteur de limpression dautotlicit) remplacent le temps linaire par un temps cyclique. Le texte rhtorique dilate la contenance de la mmoire court terme. 5.3 Conclusions. Il nexiste pas de discours rel qui nactualise plusieurs types textuels. Ce qui est important cest de reprer les diffrentes zones textuelles (squences narratives, descriptives, etc.) et dtablir la dominante, dans le mlange narratif, argumentatif, rhtorique. Il faut voir dans cette htrognit textuelle un aspect du pluri-codage de tout discours [F.Franois, in 1, p.43]. Si lon veut chercher une typologie des textes, il ne faut pas pour autant rduire la complexit propre tout discours.

    RFRENCES 1. ADAM, J.M., 1985 Quels types de textes?, in Le Franais dans le monde, no.192, p. 39-44. 2. ADAM, J.M., 1992 Les Textes: Types et prototypes, Nathan 3. CHAROLLES, M., 1978 Introduction aux problmes de la cohrence des textes approche thorique

    et tude des pratiques pdagogiques, in Langue franaise, no. 38, p.7-41 4. CRISTEA, T., 1984 Linguistique et techniques denseignement, Universitatea din Bucureti 5. KINTSCH, W., VAN DIJK, T.A., 1975 Comment on se rappelle et on rsume des histoires, in

    Langages, no.40, p. 98-116 6. LUNDQUIST, L., 1980 La cohrence textuelle: syntaxe, smantique, pragmatique, Nyt Nordisk

    Forlag Arnold Busck 7. MOIRAND, S., 1990 Enseigner communiquer en langue trangre, Hachette, Coll.F. 8. RIEGEL, M., PELLAT, J.-Ch., RIOUL, R., 1994 Grammaire mthodique du franais, Presses

    Universitaires de France 9. RCK, H., 1980 Linguistique textuelle et enseignement du franais, Hatier Crdif

    10. VANOYE, F., 1983 Fonctions du langage et pdagogie de la communication in Pratiques, no. 40, dcembre, p. 37-50

    11. WEINRICH, H., 1989 Grammaire textuelle du franais, Didier / Hatier, Paris