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Presses Universitaires du Mirail Rostro en la soledad by Héctor ROJAS HERAZO Review by: Jacques GILARD Caravelle (1988-), No. 85, Grandes plantations d'Amérique latine: Entre rêve et commerce (Décembre 2005), pp. 263-265 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40800357 . Accessed: 14/06/2014 16:46 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.73.250 on Sat, 14 Jun 2014 16:46:19 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Grandes plantations d'Amérique latine: Entre rêve et commerce || Rostro en la soledadby Héctor ROJAS HERAZO

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Presses Universitaires du Mirail

Rostro en la soledad by Héctor ROJAS HERAZOReview by: Jacques GILARDCaravelle (1988-), No. 85, Grandes plantations d'Amérique latine: Entre rêve et commerce(Décembre 2005), pp. 263-265Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40800357 .

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Comptes rendus 263

étaient juifs - que le lecteur trouve des informations concernant la législation et la politique générale mexicaines de l'immigration ; cette législation était extrêmement restrictive, la politique sélective et même « raciste » puisque son critère était la capacité supposée d'assimilation raciale et culturelle. Dans les faits, entre 1 934 et 1 942, le Mexique qui repoussa plusieurs bateaux transportant des Juifs et leur refusa le droit d'asile ne permit l'entrée que d'un très petit nombre d'entre eux, en comparaison avec ceux, beaucoup plus nombreux, accueillis par d'autres pays d'Amérique latine ou avec les réfugiés espagnols.

En conclusion, entre statistiques et expérience humaine, entre description et analyse, le lecteur dispose d'un ouvrage utile et souvent passionnant, qui complète et nuance le cas mieux connu des républicains espagnols.

Jacqueline COVO-MAURICE Université Charles-de-Gaulle-Lille 3

Héctor ROJAS HERAZO.- Rostro en la soledad.- Bogotá, Ediciones San Librario, 2004.- 60 p.

Bien que d'un tirage limité (200 exemplaires), cette première réédition d'un recueil poétique paru en 1952 est particulièrement bienvenue. Sous un format élégant (10x27 cm), dans une typographie raffinée et généralement soignée (nous ne relevons que de rares accentuations fautives) et avec des illustrations originales de la main de l'auteur, cette plaquette restitue un des livres de vers parmi les plus importants dans la poésie colombienne du XXe siècle, et des plus méconnus aussi, puisqu'il a fallu attendre plus d'un demi-siècle pour le voir réapparaître. Souvent mentionné (mais trop fréquemment sous un titre défiguré qui donne à penser que ceux qui le mentionnaient ne l'avaient pas lu et ne fonctionnaient que par ouï-dire ou de seconde main), Rostro en la soledad plaçait Héctor Rojas Herazo au premier rang des poètes colombiens de son temps ; avec la perspective des décennies écoulées depuis lors, on voit qu'il est à situer tout près de León de Greiff, Aurelio Arturo et Alvaro Mutis, loin devant d'autres lyriques plus souvent nommés, mieux reçus dans les allées du pouvoir intellectuel et dans les chapelles de Bogota, mais qui, comparés à ce carré majeur et en particulier à Rojas Herazo, ne sont que des poètes mineurs. Peut-être l'activité qu'il a développée aussi comme romancier {Respirando el verano et En noviembre llega el arzobispo dans les années 60, puis Celia se pudre en 1986) et comme chroniqueur inspiré {Señales y garabatos del habitante, 1976) a-t-elle nui à l'image du poète. Déjà, au moment même où voyait le jour le recueil qui nous occupe, cette image était brouillée par celle du journaliste costeño exubérant que voyaient ses collègues de la presse bogotane. Tous les témoignages sur Rojas Herazo concordent : son oeuvre « orale » avait quelque chose d'exceptionnel. Elle a donc pu faire oublier, plus d'une fois, son oeuvre écrite. Les quelques lignes que, le 6 juillet 1952, le journaliste Próspero Morales Pradilla consacrait dans El Tiempo de Bogotá à l'apparition du recueil, qu'il évitait d'ailleurs de commenter, en donnent une idée : « poeta corpulento, dueño de sonoro vocabulario », « el más nítido exponente del trópico », « su conversación, que es invasora », « descubre ángulos humanos aprisionados en un léxico febril », « el más tropical de los poetas colombianos ». On retrouvait les mêmes traits chez José Hurtado García, dans El Espectador du 29 juillet 1952 (« palabra embriagante », « eufórico poder descriptivo »), mais du moins l'auteur de l'article

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savait-il aussi parler du poète, « exiliado entre nosotros (...), confinado en la tierra, y dentro de ella insular », et approcher sa poésie, « trascendente, metafísica, quebrantada por todos los interrogantes esenciales ». Dans le contexte de l'époque, ce fut García Márquez (son compagnon de rédaction à El Universal de Cartagena pendant dix-huit mois, en 1948 et 49) qui sut parler le mieux de Rostro en la soledad, dans une note de presse que reprend en ouverture le présent volume. Les affinités thématiques (pour García Márquez, la maison de l'enfance comme paradis perdu) faisaient, en effet, que le jeune romancier fût un lecteur particulièrement pénétrant de ce quadragénaire qui faisait irruption dans la chasse bien gardée de la poésie colombienne, où personne ne l'attendait et où il ne fut reconnu qu'avec un certain retard (la place qui lui fut faite, non sans confusions et manipulations, dans les pages de la revue Mito à partir de 1956).

Si le personnage Rojas Herazo était tropical, sa poésie ne l'était pas du tout dans le sens épidermique de l'adjectif; elle peut être vue comme telle seulement sous l'angle de la vigueur du verbe, mais celui-ci est infiniment plus puissant et profond qu'exubérant. Une autre définition, qui pourrait venir à l'esprit, est celle de tellurisme (on y eut recours en 1952 pour parler de Rojas Herazo), mais là encore il convient de marquer une forte distance par rapport à ce que le mot a fini par signifier dans la littérature hispano-américaine. Même s'il lui arrive

d'évoquer la côte sur laquelle il est né, avec sa nature luxuriante et son robuste monde de pêcheurs, Rojas Herazo ne s'en tient jamais à la surface pittoresque ; de fait, il ne sy arrête pas et regarde toujours au-delà. Ce qu'il regrette, dans les

quelques cas où il évoque ce monde, c'est la plénitude perdue, l'innocence

perdue ; moins la naïveté de l'enfance et de la jeunesse que l'équilibre et la simplicité vitale d'un univers qui se contentait et où l'on se contentait d'exister, de façon primaire, par le corps et par les sensations, en plein accord avec le monde, en une sorte de familiarité tacite avec le niveau du divin. De la même façon, la solitude du monde urbain moderne, que Rojas Herazo touche dans

quelques autres poèmes, n'apparaît que par le biais de fulgurantes images qui n'ont rien de descriptif ; c'est de pulsions vitales qu'il s'agit, cassées et déshumanisées dans une société aliénée. Quand il y a une touche de révolte et

d'espoir, quand on est pour de rares fois au-delà de la constatation désolée, l'homme urbain est appelé à revenir vers la plénitude, vers son humanité, douloureuse à reconquérir, à assumer et à vivre mais qui, du moins, est.

C'est donc une poésie tellurique, mais sans facile habillage spatial ou culturel, que celle de Rojas Herazo. Son tellurisme est celui de la Bible, comme ses

interrogations sont issues et nourries des tourments engendrés par l'héritage judéo-chrétien. L'essentiel est de savoir s'il est possible de surmonter le châtiment du péché originel, pour une réconciliation avec la transcendance et avec le monde. De savoir comment Adam, venu dans un monde qui l'attendait « para la perfección y el regocijo », a pu devenir l'homme qui souffre - Adam, « ángel que se despierta hombre », « castigado de hombre ». Les rares moments de plénitude sont liés à l'enfance, toujours évoquée à l'imparfait, temps du

mythe ; l'enfance qui se fond avec un lointain passé dont l'humanité garderait le souvenir comme d'une expérience réellement vécue dans chaque existence individuelle (depuis l'œuvre de García Márquez, on comprend que celui-ci, en 1952, ait mis l'accent sur le poème « La casa entre los robles »).

La poésie de Rojas Herazo a une majesté et une ampleur de statuaire monumentale, mais une statuaire qui ne serait pas faite de marbre, mais de terre,

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de sève, de sang, de douleur et d'élans brisés. Outre le handicap que constituait la personnalité même de son auteur (provincial et tropical au milieu de la faune compassée qui constituait majoritairement le milieu intellectuel de Bogota), cette parole inspirée allait avoir du mal à trouver sa place dans la poésie colombienne des années 50. Bien que complètement dépassé dans l'après-guerre et inadapté à la sensibilité angoissée de l'époque, le maniérisme de Piedra y Cielo pesait encore lourd dans les habitudes, comme dans les colonnes des suppléments littéraires de la capitale. D'autre part, Rojas Herazo était porteur de désespoirs intemporels qui ne pouvaient s'insérer dans les interrogations politiques que suscitaient les horreurs de la guerre mondiale, les tensions de la guerre froide et les ravages de la violence colombienne : le poète n'était pas engagé à un niveau immédiat, celui où l'on pouvait le plus facilement l'attendre. Enfin, il était même indifférent à l'histoire (ce en quoi il différait radicalement de Mutis, alors qu'une même puissance de verbe les rapprochait par ailleurs et les séparait de la musicalité versatile d'un León de Greiff et de la fine veine lyrique d'un Aurelio Arturo) puisque sa perception du devenir de l'humanité s'arrêtait à l'expulsion du paradis, et c'était une autre raison pour qu'il fût difficilement perçu en son temps - ce qui semble aussi se confirmer avec cette parenthèse de cinq décennies que vient rompre seulement une réédition confidentielle. La bonne réception de l'existentialisme français, dans les secteurs les plus ouverts de l'intelligentsia bogotane, a néanmoins fourni un terrain relativement favorable, et c'est par là qu'à partir de 1956 Rojas Herazo a pu bénéficier d'une certaine reconnaissance. Aujourd'hui, comme dans les années 40 (nous pensons à une remarquable note écrite par Alfonso Fuenmayor dans El Heraldo de Barranquilla, le 1 3 décembre 1 947) et 50, le poète semble être revenu à son point de départ, restant surtout présent dans la mémoire et les analyses des intellectuels costeños, une tendance que cette réédition de Rostro en la soledad inversera, peut-être, ce qui serait plus que souhaitable.

Le texte que présente cette plaquette des éditions San Librario est établi à partir d'un exemplaire de 1952 annoté et augmenté par l'auteur (on peut voir en troisième de couverture le fac-similé d'un poème retouché). Ce fait indique combien il reste à faire autour de la production du poète Rojas Herazo, notamment avec de nécessaires éditions critiques de chacun de ses recueils - dont tous les autres attendent d'être repris à leur tour. Cette nouvelle sortie de Rostro en la soledad n'est donc qu'un tout premier pas. Alors que le prosateur Rojas est bien connu, surtout à travers ses romans, le poète mérite que beaucoup soit fait pour rappeler sa véritable importance, mais aussi, et d'abord, pour mettre ses recueils à la disposition des lecteurs et des spécialistes. Le panorama de la poésie colombienne du siècle dernier restera défectueux tant que Rojas Herazo n'aura pas été pleinement réinstallé à la place qui lui revient. L'histoire de cette poésie attend d'être nettoyée de bien des scories, et surtout de discours convenus, tenaces et somme toute efficaces, qui brouillent la connaissance et l'évaluation des processus de la pensée et de l'art colombiens dans cette période - la relecture de Rojas Herazo le rappelle clairement. Il convenait donc de signaler cette initiative qui rend à nouveau accessible un titre important et devrait stimuler la recherche et la réflexion.

Jacques GILARD Université de Toulouse-Le Mirail

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