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SOMMAIRE A nos Lecteurs, J. Grave. M. Jaurès et le Sabotage, Un Saboteur. Faits dela semaine, S. V. 'Chasse et Prospérité économique, Max Clair. La C.G.T. et les Révolutionnaires, M. P. Un Bulgare, M. Pierrot. Réflexions, Bellum. A propos du Congrès Coopératif, M. P. Mouvement social. Communications, Convocations, Petite Correspon- dance, etc., etc. 0. GROUPE DES TEMPS NOUVEAUX Jeudi prochain 20 octobre, à 8 h. 1/2 du soir, salle Procope, rue de l'Ancienne-Co- médie, première conférence éducative: LE SYNDICALISME REVOLUTIONNAIRE par FRANCIS DELAISI. Entrée : 0fr. 25, pour couvrir les trais. NOTA. Cette conférence est la première que le Groupe des «Temps Nouveaux » va organiser. A nos Lecteurs Vu le manque de fonds, il nous sera encore impossible de paraître la semaine prochaine. Que nos camarades veuillent en prendre note, et avertir leur libraire que le prochain numéro paraîtra sans faute le 4 octobre. Comme c'est une situation qui ne peut durer, et que nous ne voulons pas claquer sans es- sayer d'en sortir, nous allons essayer un lance- ment du journal en le faisant déposer dans un certain nombre de localités il n'est pas en vente. Pour ce lancement que nous voulons com- mencer avec le numéro qui paraîtra le 25 octo- bre, nous recommencerons à donner des dessins pour lesquels Hermann-Paul, Paviot, X. Rous- sel nous ont promis leur concours. Nous n'avons pas encore eu l'occasion de de- mander aux camarades Luce, Raïeter, et quel- ques autres, mais leur bonne volonté est assez connue pour que nous soyons certains qu'ils ne nous feront pas défaut. Sans doute, il ne nous sera pas possible de donner un dessin toutes les semaines, mais nous pourrons en donner un, une ou deux fois par mois. Le camarade Delaisi nous ayant promis une série d'articles sur les droits douaniers, les tarifs protecteurs que sa compétence promet d'être instructifs et intéressants, nous lui de- mandons de bien vouloir nous les donner pour cette occasion. Le camarade E. Costa, lui, nous a promis une étude détaillée sur la révolution au Portugal, sur ce qu'elle a donné, et surtout n'a pas donné. Enfin, le camarade Naudin nous a promis une lithographie qui ne sera pas mise dans le com- merce, et réservée comme prime à ceux de nos lecteurs qui nous procureront soit un nouvel abonné d'un an, soit deux de six mois. Pour que ce lancement soit efficace, il aurait fallu faire un affichage, mais nos ressources ne nous le permettant pas, nous faisons appel à tous ceux qui s'intéressent à la diffusion des Temps Nouveaux, pour faire pression sur leurs libraires pour qu'ils en prennent le dépôt en s'adressant à la maison Hachette, pour qu'eux- mêmes c'est-à-dire ceux qui peuvent achè- tent des numéros et les distribuent autour d'eux, et surtout leurs amis à en acheter. Enfin, nous mettons à leur disposition autant d'invendus qu'ils voudront, en leur demandant seulement de prendre les frais d'envoi à leur charge. JEAN GRAVE. M. Jaurès et le Sabotage Dans une série d'articles que publie en ce moment YHumanité, M. Jaurès fait sa cour au syndicalisme, et son désir de plaire est tel qu'il présente les moins esthétiques ver- rues syndicales pour les plus jolis grains de beauté. Seulement, il exagère ; il exagère tellement qu'il ne s'aperçoit pas que sa sou- plesse de politicien malin et rusé lui fait écrire les pires choses. Est-ce sottise ou mauvaise foi ? Ces mots ne sont pas trop forts lorsqu'on lit les lignes suivantes dans son article : La Légende du Sabotage (Hu- manité du 13 septembre) : On a beaucoup parlé dans les contro- verses de fils télégraphiques qui furent en- levés le long des voies ferrées après la grève si arbitrairement et illégalement réprimée. On affectait d'y voir une menace, un acte de vengeance sournoise : c'était tout simple- ment l'opération d'une bande de voleurs qui profitaient savamment de la campagne de presse pour « travailler » à moins de ris- ques, avec le bénéfice d'une diversion. C'é- tait une spéculation sur les cuivres, et les fils furent retrouvés chez le recéleur. » Ainsi, le geste de tant de camarades ou- vriers qui, dégoûtés, écoeurés par la lâcheté et la veulerie politiciennes, ont risqué leur liberté, leur situation, le pain de leur femme et de leurs enfants pour une protestation énergique ; le geste de Gourmelon, qui a si cruellement, mais si héroïquement payé pour tous, ce geste aurait été celui d'une « bande de voleurs et de spéculateurs sur le cuivre » 1. M. Jaurès a-t-il bien réfléchi au moment d'écrire ça? On croirait lire une de ces misérables élucubrations de ces lamentables insulteurs aux gages des forbans financiers et politi- ciens, qui sont prêts à baver sur n'importe qui ou n'importe quoi pour une pièce de cent sous. Ceux-là ont une excuse : ils ont faim! Mais M. Jaurès, quelle excuse a-t-il ? Aux yeux de qui veut-il réhabiliter le syn- dicalisme pour s'abaisser à cette honteuse besogne ? M faudrait que les syndicalistes noient tombés bien bas pour accepter une pareille réhabilitation. UN SABOTEUR. Nous partageons l'opinion, exprimée dans l'article ci-dessus, sur le sabotage en temps de grève ou d'agitation révolutionnaire. Seulement le terme de sabotage est mal

GRAVE. Jaurès et Sabotage...M. Jaurès et le Sabotage Dans une série d'articles que publie en ce moment YHumanité, M. Jaurès fait sa cour au syndicalisme, et son désir de plaire

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Page 1: GRAVE. Jaurès et Sabotage...M. Jaurès et le Sabotage Dans une série d'articles que publie en ce moment YHumanité, M. Jaurès fait sa cour au syndicalisme, et son désir de plaire

SOMMAIREA nos Lecteurs, J. Grave.M. Jaurès et le Sabotage, Un Saboteur.Faits dela semaine, S. V.'Chasse et Prospérité économique, Max Clair.La C.G.T. et les Révolutionnaires, M. P.Un Bulgare, M. Pierrot.Réflexions, Bellum.A propos du Congrès Coopératif, M. P.Mouvement social.Communications, Convocations, Petite Correspon-

dance, etc., etc.0.

GROUPE DES TEMPS NOUVEAUX

Jeudi prochain 20 octobre, à 8 h. 1/2 dusoir, salle Procope, rue de l'Ancienne-Co-médie, première conférence éducative:LE SYNDICALISME REVOLUTIONNAIRE

par FRANCIS DELAISI.

Entrée: 0fr. 25, pour couvrir les trais.NOTA. Cette conférence est la première

que le Groupe des «Temps Nouveaux» vaorganiser.

A nos LecteursVu le manque de fonds, il nous sera encore

impossible de paraître la semaine prochaine.Que nos camarades veuillent en prendre note,et avertir leur libraire que le prochain numéroparaîtra sans faute le 4 octobre.

Comme c'est une situation qui ne peut durer,et que nous ne voulons pas claquer sans es-sayer d'en sortir, nous allons essayer un lance-ment du journal en le faisant déposer dans uncertain nombre de localités où il n'est pas envente.

Pour ce lancement que nous voulons com-mencer avec le numéro qui paraîtra le 25 octo-bre, nous recommencerons à donner des dessinspour lesquels Hermann-Paul, Paviot, X. Rous-sel nous ont promis leur concours.

Nous n'avons pas encore eu l'occasion de de-mander aux camarades Luce, Raïeter, et quel-

ques autres, mais leur bonne volonté est assezconnue pour que nous soyons certains qu'ils nenous feront pas défaut.

Sans doute, il ne nous sera pas possible de

donner un dessin toutes les semaines, maisnous pourrons en donner un, une ou deux foispar mois.

Le camarade Delaisi nous ayant promis unesérie d'articles sur les droits douaniers, lestarifs protecteurs que sa compétence prometd'être instructifs et intéressants, nous lui de-mandons de bien vouloir nous les donner pourcette occasion.

Le camarade E. Costa, lui, nous a promis uneétude détaillée sur la révolution au Portugal,surce qu'elle a donné, et surtout n'a pas donné.

Enfin, le camarade Naudin nous a promis unelithographie qui ne sera pas mise dans le com-merce, et réservée comme prime à ceux de noslecteurs qui nous procureront soit un nouvelabonné d'un an, soit deux de six mois.

Pour que ce lancement soit efficace, il auraitfallu faire un affichage, mais nos ressources nenous le permettant pas, nous faisons appel àtous ceux qui s'intéressent à la diffusion desTemps Nouveaux, pour faire pression sur leurslibraires pour qu'ils en prennent le dépôt ens'adressant à la maison Hachette, pour qu'eux-mêmes c'est-à-dire ceux qui peuvent achè-tent des numéros et les distribuent autourd'eux, et surtout leurs amis à en acheter.

Enfin, nous mettons à leur disposition autantd'invendus qu'ils voudront, en leur demandantseulement de prendre les frais d'envoi à leurcharge.

JEAN GRAVE.

M. Jaurès et le Sabotage

Dans une série d'articles que publie en cemoment YHumanité, M. Jaurès fait sa courau syndicalisme, et son désir de plaire esttel qu'il présente les moins esthétiques ver-rues syndicales pour les plus jolis grains debeauté. Seulement, il exagère; il exagèretellement qu'il ne s'aperçoit pas que sa sou-plesse de politicien malin et rusé lui faitécrire les pires choses. Est-ce sottise oumauvaise foi? Ces mots ne sont pas tropforts lorsqu'on lit les lignes suivantes dans

son article: La Légende du Sabotage (Hu-manité du 13 septembre) :

'« On a beaucoup parlé dans les contro-verses de fils télégraphiques qui furent en-levés le long des voies ferrées après la grèvesi arbitrairement et illégalement réprimée.On affectait d'y voir une menace, un actede vengeance sournoise: c'était tout simple-ment l'opération d'une bande de voleurs quiprofitaient savamment de la campagne depresse pour « travailler» à moins de ris-ques, avec le bénéfice d'une diversion. C'é-tait une spéculation sur les cuivres, et lesfils furent retrouvés chez le recéleur. »

Ainsi, le geste de tant de camarades ou-vriers qui, dégoûtés, écœurés par la lâchetéet la veulerie politiciennes, ont risqué leurliberté, leur situation, le pain de leur femmeet de leurs enfants pour une protestationénergique; le geste de Gourmelon, qui a sicruellement, mais si héroïquement payépour tous, ce geste aurait été celui d'une« bande de voleurs et de spéculateurs surle cuivre » 1.

M. Jaurès a-t-il bien réfléchi au momentd'écrire ça?

On croirait lire là une de ces misérablesélucubrations de ces lamentables insulteursaux gages des forbans financiers et politi-ciens, qui sont prêts à baver sur n'importequi ou n'importe quoi pour une pièce decent sous. Ceux-là ont une excuse: ils ontfaim! Mais M. Jaurès, quelle excuse a-t-il ?

Aux yeux de qui veut-il réhabiliter le syn-dicalisme pour s'abaisser à cette honteusebesogne? M faudrait que les syndicalistesnoient tombés bien bas pour accepter unepareille réhabilitation.

UN SABOTEUR.

Nous partageons l'opinion, exprimée dansl'article ci-dessus, sur le sabotage en temps degrève ou d'agitation révolutionnaire.

Seulement le terme de sabotage est mal

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choisi; il prête à confusion avec le mauvaistravail en période de production normale.

Nous pensons que pour compenser la fai-blesse ouvrière contre la force patronale etétatiste, les actes de violence et de destructionont leur utilité. Une révolution ne pourra passe faire sans cela. Il faut immobiliser l'adver-saire et le mettre en état d'infériorité. C'est cequi se passe en temps de guerre.

Quant à Jaurès qui compte sur « les justeslois », l'arbitrage, la force de la démocratie, etautres balivernes, il est logique qu'il n'admettepas la légitimité de la violence dans les grèves.Il est réformiste; nous sommes révolution-naires. Cependant cela ne l'excuse pas de trai-ter les révolutionnaires comme des voleurs.

(N. D. L. R.).

FAITS DE LA SEMAINE

Pantins malfaisants. Le nouveau prési-dent a trouvé bon d'aller rendre visite àl'ancien président dans sa propriété duLoupillon. Il en est bien libre.

Mais, en gare de Mézin, où il devait des-cendre, on a « procédé à l'installation d'unesalle de réception».

Tout le mondemange-t-il à sa faim, enFrance et en Provence, pour qu'on aménagedes salons qui serviront une heure?

** *

Voyage présidentiel. A propos du dé-placement de tant d'autos sur le PlateauCentral, à propos de tant de discours oùtant de «républicains» furent retrouvés,sait-on qu'à l'origine le président devrait tra-verser ces régions en simple touriste et qu'àToulouse seulement il redevenait un « offi-ciel»?Mais Poincaré n'eut pu, ainsi, pla-cer ses sonores syllabes et gagner honnête-ment l'argent avancé par le trust de Saint-Gobain. Il exigea des réceptions officiellessur tout le parcours, se contentant, quandles municipalités ne marchèrent pas, d'êtrereçu par des syndicats de commerçants. Ildemanda même que son honorable épousefigurât officiellement aussi dans le pro-gramme.

Le protocolese rebiffaet lafemme légi-time du premier magistrat de la Républi-quene pourra mettreencore sur ses cartes:Première au Magasin de coupe del'Elysée.

***Défense laique. - Huit moisà l'avance,

M. Baudin, ministre de la marine, autorise,par circulaire,les commandants des naviresde guerre voguant ú îétranger à tirer Le ca-non en l'honneurdu Vendredi Saintsi celaleur faitplaisir. La presse cléricale applau-dit à cette mesure, qui renoue avec Romeles relations rompues par la séparation deJ'Eglise et de l'Etat.

** *

Syndicalisme révolutionnaire. CharlesDelzant indique, dans la Bataille Syndica-liste du 18 septembre, le moyen efficace

*d'enrayer la contagion syphilitique chez lesverriers, à savoir: que chaqueouvrier souf-fle les bouteilles avec une canne qui leuivsoitpropre. Il en est ainsi dans les usines alle-mandes. Et Delzant conclut: « Comme pourl'hygiène, comme pour la question des en-fants, l'intervention LEGALE est ici néces.saire. »

Cette opinion d'un fonctionnaire syndicalva donner une fière idée de l'avenir syndicalà ses propres troupes.

S. V.

Chasse et Prospérité économique

La chasse est un plaisir de riches. Pourqui sait voir au fond des choses, plaisir deriches dit gaspillage du travail humain etentrave à la prospérité économique géné-rale. La chasse nous en fournira un exempleaujourd'hui. Elle témoignera de plus que laforme capitaliste de la société a aggravécer-tains méfaits du servage et de l'esclavage.

Les bas-reliefs antiques montrent des es-claves court vêtus lassant le gibier et le ra-battant vers le roi qui perce de ses flècheslions, gazelles et oiseaux. Alors, leschefsseuls chassaient et le déficit économique sebornait à la perte du travail des esclavespendant le temps donné à la chasse. L'an-tiquiténe prenaitque les bras.

Au moyenâge et jusque dans les tempsmodernes, seigneurs et gentilshommes nese contentaient pas de distraire du travailutile, fauconniers, valets de chiens et pi-queurs. Si le gibier les conduisait sur desterres ensemencées, ils les foulaient auxpieds de leurs chevaux et le « droit desuite » leur permettait desaccager, sans in-demnité, la récolte des paysans. Moyen-âgeet temps modernes employaient donc nonseulement des bras de domestiques pourleur plaisir, mais gâchaient encore le travaild'autresbras.

Il faut arriver à l'épanouissement actuelde la société capitaliste pour qu'à toutesces faces détournées d'un labeur utile et àce gaspillage du travail produit s'ajoute lareprise d'une partie considérable de terresarables.

Jadis, les friches étaient nombreuses, etla chasse ne s'ouvrait qu'après moissons etvendanges faites (1).

D'un côté, le progrès agricole qui permetde récolter du blé là où nos pères ne pou-vaient même pas cultiver le seigle, d'un au-tre côté, l'extension du bien-être ont rétrécipeu à peu les espaces en friches. L'huma-nité a eu à sa diposition *plus de fromentpoussé sur plus de terres et plus de viandenourrie sur de plus nombreux pâturages.

(1) L'ouverture de la chasseen arrière-saisonpersiste encore; elle n'a plus pour but la conser-vation des fruits de la terre, en rapport avec l'in-térêt général, mais la préservation des couvéessauvages par égard pour le plaisir cynégétfquedes riches.

Tous les hommes, cependant, ne mangentpas à leur faim. Il était donc logique et hu-main d'espérer que les derniers terrains va-gues seraient mis en culture et que le plus-déshérité satisferait bientôt ses besoins lesplus pressants et les plus légitimes.

C'était compter sans le régime capitalistepour qui tous ne sont rien et pour qui l'orest tout.

A l'heure actuelle, des milliers d'hectares-sont rendus à l'état sauvage pour constitueraux riches capitalistes des « réserves» à gi-bier. Si les consommateurs ,en général, soni-lésés parce retour à une situation ancienne,les propriétaires des terrains abandonnés ytrouvent, au contraire, un avantage pécu-niaire indéniable. En Sologne, à deux cents.kilomètres de Paris,dans la région de Saint-Viatre et de Salbris, les propriétaireslouaient leurs terres aux paysans à raisonde 13, 15 et 18 francs l'hectare suivant l'é-tenduedes fermes et la fertilité des terrains.Aujourd'hui, ils ont supprimé les fermiers,muré les métairies, vendu les bestiaux etdisséminé le matériel agricoleparce que des-gens, venus de la capitale, leur donnent20 francs par hectare pour y chasser plu-sieurs fois par an. (1). Je sais une propriétéde 700 hectares dont le droit de chasse estloué pour 14.000 francs à deux Français etune autre, également de 700 hectares, située-sur la commune de Pruniers, en Loir-et-Cher, qui fut louée à trois Grecs, l'année-dernière, pour la somme de 18.000 francs,soit plus de 25 francs l'hectare.

Ces monstruosités sont normales en so-ciétécapitaliste,- mais tout homme de bonsens se révoltera en voyant des champs-abandonnés aux lapins, perdreaux et fai-sans des millionnaires, alors que tant defamillgs rognent encore sur le pain quoti-dien.

Dernière manifestation des besoins san-guinaires forcés de l'homme des cavernes,la chasse a subi comme toutes choses -

l'influence capitaliste. De simple délasse-ment, d'exercice en plein air, d'occasion deréunir parents et amis, la chasse est deve-nue un sport riche et coûteux -donc enviédeceux qui raisonnent mal ou pas (2).Maintenant, il ne,s'agit plus de faire des-kilomètres pour secouer la poussière du bu-reau, de suivre un chien et de s'intéresserà sontravail instructif, mais d'annoncer des« tableaux» de plus en plus nombreux, deplus en plus fournis; il ne s'agit plus derapporter un peu de gibier qui garnira legarde-manger ou qu'on offrira' à des amis,mais de montrer à son tableau plus de « piè-

(1) Voyez Défenseurs de l'état social actuel parraisonnement faux. T. N. du 28 mai 1910.

(2) Ces pratiques expliqueraient les chiffresfournis par M. Méline au dixième Congrès inter-national d'agriculture (Bruxelles, 8juin 1913). Laproduction moyenne du blé par tête d'habitant se-rait tombée en Europe, depuis trente ans, dit126 kg. 420 à 117 kg. 500.

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cesM que le voisin. Les anciens chasseursconsommaient le produit de leur chasse ouen faisaient don.à leurs proches. Les héca-tombes actuelles sont tellement considéra-bles qu'il serait impossible aux chasseurs,et à tous leurs amis de les manger. Les ad-judicataires des chasses de quatre, six, huit,dix mille francs de loyer et plus vendentaux marchands de gibier la plus grandepartie de ce qu'ils tuent. Ils réencaissentainsi une partie de leur location -de chasse,et des dépenses considérables qu'ils fontpour élever des perdreaux et des faisansqu'ils lâcheront la veille de l'ouverture dansleurs « tirés».

Ils ne s'exercent plus àdresser deschiens,ils ne se plaisent plus à les voir travailler.La chasse au « rabat» a remplacé la chasseau chien d'arrêt. Des hommes gagés battentles fourrés et poussent le gibier vers leschasseurs dissimulés derrière des abris.Parfois, les rabatteurs reçoivent du plomb;c'est un risque de métier dont rien ne lesdéfend, mais contre lequel est garanti le lo-cataire de chasse au moyen d'une primed'assurance.

La chasse est devenue un passe-temps tel-lement capital qu'à cette époque de l'annéetous les journaux en parlent et que les pré-fets en annoncent l'ouverture aux privilé-giés par voie d'affiches officielles.

Remarquons, sans y insister aujourd'hui,que l'ouvrier des villes et des campagnesne chasse pas parce que ses salaires ne lelui permettent pas et que seuls se livrent à-ce sport brutal, métèques, parasites, oisifs,fonctionnaires, industriels, commerçants etmastroquets. Les petits regardent chasserbistrots et grands seigneurs et continuerontà le faire tant qu'ils ne se soucieront pasde la prospérité économique générale.

MAX CLAIR.

La C. G. T.et les Révolutionnaires

Un congrès syndical international doit setenir à Londres du 27 septembre au 2 octo-bre. C'est un congrès syndicaliste révolu-tionnaire. Y prennent part les organisationsrévolutionnaires de Hollande (secrétariat na-tional), d'Italie (union syndicale italienne),de l'Amérique du Nord (I. W. W.) et ceuxqu'on nomme en Angleterre les industria-lists. La C. G. T. française a refusé d'y par-ticiper. Quand je dis la C. G. T., c'est duComité confédéral que je parle.

La C. G. T. a préféré se faire représenterà la Conférence internationale des centralessyndicales qui vient de se tenir à Zurich.C'est la réunion des hauts fonctionnaires desgrandes organisations social-démocrates ouréformistes des deux mondes. Ces organisa-tions forment des masses compactes et nes'occupent que d'action corporative.

Pendant longtemps, la G. G. T. n'avaitpas voulu adhérer au Secrétariat interna-tional, organe central de ces organisationsréformistes. Le Comité confédéral a fini parse persuader que cette adhésion était néces-saire, sans doute par besoin de respectabi-lité. Les autres ont accueilli les Françaiscomme des parents pauvres et mal élevés.Ils ne se gênent pas pour les morigéner oules traiter avec mépris. Mais que ne suppor-terait-on pas pour acquérir la respectabilité?Sans doute on a l'espoir de lasser à la finl'insolence des social-démocrates en géné-ral et de Hueber (de Vienne) en particulier.

Pendant ce temps les révolutionnaires desautres pays, encouragés par l'exemple de laC. G. T. (ancienne manière), s'efforçaient dese libérer de la tyrannie réformiste ou social-démocrate qui les écrasait. Peu à peu la tac-tique française d'action directe faisait,desadeptes. Ceux-ci cherchaient à se grouperen dehors des cadavres vivants que sont lesorganisations réformistes. La renomméeacquise par la C. G. T. leur servait de pro-tection et d'espérance.

La C. G. T. leur tourne le dos. Elle neveut pas se compromettre avec de petitesgens, des gens qui se déclarent ses discipleset qu'elle a autrefois encouragés. Mainte-nant elle a d'autres ambitions. Nos secrétai-res fédéraux préfèrent frayer avec leurscollègues des organisations compactes.

Remarquez qu'ils auraient pu aller auxdeux réunions, puisqu'ils ont la prétentionde faire évoluer les organisations réformis-tes et qu'ils feignent d'ignorer que la centra-lisation d'un tel syndicalisme s'oppose àtoute évolution.

Ils pouvaient nouer des relations directesavec les révolutionnaires, puisque leur adhé-sion au Secrétariat national ne gêne pas leurautonomie.

Mais ils considèrent maintenant le révo-lutionnarisme comme une tactique péTimée,qui ne correspond plus à l'état du mouve-ment ouvrier dans les divers pays.

M. P.

UN BULGAREIl s'appelait Stokovitch. Je l'ai connu, il y

a dix-neuf ans, alors qu'il traînait la misèreà Paris. Gai d'ailleurs, il conservait ses espé-rances et une fougue sauvage malgré lesprivations et le mauvais destin.

Que de soirées j'ai passées avec lui. Avecquelle chaleur il racontait ses souvenirs;car s'il avait à peine vingt-cinq à vingt-huitans, il avait déjà eu une vie mouvementée etterrible.

Son père, un petit fonctionnaire, l'avaitfait élever au lycée français de Constantino-ple. Le français est la langue qui se parle àConstantinople autant que le turc; et c'estau lycée français que vont les fils de famille

ceux qui prétendent à une culture occiden-tale. -

Cette éducation n'avait guère civilisé Sto-kovich. A vrai dire, il avait la tète dure. Etquant aux sentiments, i.l avait gardé ceuxdes gens de sa montagne. Pour faire unecomparaison avec des types mieux connusde nous, on aurait pu lui trouver une res-semblance avec les anciens Corses, telsqu'on nous les a décrits. Encore ceux-ci eus-sent-ils paru moins farouches.

Son aspect physique s'accordait avec soncaractère. Il avait un front bas et têtu, sur-plombant des yeux petits et enfoncés avecun regard vif et dur. Sa tête et sa physiono-mie étaient celles d'un de ces soldats bul-gares ou turcs, que l'on a vus si souvent re-produits dans les photogravures récentes.Rien ne distingue, en effet, soit dans le typephysique, soit dans le caractère moral, lespopulations qui habitent la Thrace et laHaute Macédoine.

Tout jeune, Stokovitch s'était lancé corpset âme dans la politique, dans la politiquemilitante, avec le but de délivrer les frèresbulgares encore sous le joug turc et d'agran-dir la patrie. Pour comprendre son état d'es-prit, il faut se reporter à l'époque qui va de1830 à 1860, où les peuples de l'Europebouillonnaient dans le désir de l'indépen-dance nationale et où les mouvements révo-lutionnaires étaient surtout nationalistes.

Les Balkans n'ont suivi le mouvementqu'un peu plus tard; je ne parle pas de laGrèce. Les résultats de la guerre russo-tur-que- (1877-78) n'avaient fait qu'augmenter lafermentation et les espérances nationalistes.Il y a vingt-cinq ans, le patriostisme bulgareétait dans toute son acuité. La Roumélieorientale, dont Philippopoli est la capitale,venait seulement d'être réunie à la princi-pauté, encore était-ce, soi-disant, à titre pré-caire.

Donc Stokovitch était un patriote révolu-tionnaire et un révolutionnaire convaincu.Il donnait son activité à la propagande dansles montagnes au sud et au sud-ouest de laBulgarie, s'efforçant d'éveiller le sentimentnational chez les paysans de langue bulgareet faisant au besoin le coup de feu contreles gendarmes turcs.

« Mais ces paysans, lui disais-je, quiignorent leur nationalité et qui vivent asseztranquillement sous l'administration tur-que, qu'est-ce qu'ils gagneront à se rattacherà la patrie bulgare? »

Je jugeais le fait à mon point de vue desocialiste internationaliste. Stokovitch deve-nait furieux: « Ils seront bulgares. Ils doi-vent être bulgares ».

Pour lui il n'y avait pas de bonheur pareilau monde.

Naturellement cette propagande excitait ladéfiance des Turcs et attirait sur les mal-heureux paysans les soupçons, les perqui-sitions et les vexations des autorités. J'aidéjà dit que Stokovitch n'hésitait pas à tirer

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le cas échéant sur les gendarmes turcs. Ilavait bien sur la conscience le meurtre dequatre ou cinq gendarmes pour le moins.Quand je dis sur la conscience, c'est unefaçon de parler. Une suppression de gen-darmes n'est pas pour effaroucher des révo-lutionnaires, encore moins des anarchistes.Lui-même ne s'en vantait guère.

Il courait le risque aussi d'attraper uncoup de fusil, et il avait reçu une balle augenou, ce qui l'avait tenu alité assez long-temps et le faisait boîter parfois encore.Dans les débuts de sa propagande, il avaitla ressource de se réfugier en territoire bul-gare, mais bientôt ce refuge lui manqua.

Il était mêlé aux luttes intérieures dupays. Violent adversaire de Stambouloff, mi-nistre féroce et véritable dictateur, et duprince Ferdinand, il n'avait de tendresseque pour l'ancien prince détrôné, Alexandrede Battenberg, le vainqueur de Slivnitza. Ilen parlait avec amour et vénération, luiattribuant des vertus démocratiques et uneaffection véritable pour son peuple. Iln'avait au contraire que dédain pour Ferdi-nand, qui, à ses yeux, était un roi de cour,non un guerrier. Il détestait mortellementStambouloft' qu'il avait essayé d'assassiner.

Condamné à mort par contumace après cebeau coup, notre Stokovitch, traqué en Tur-quie, dut se réfugier en Russie. Il avaitd'abord essayé de vivre en Serbie. Mais s'ilhaïssait les Turcs, il méprisait les gens desautres pays: Serbes, Grecs, Arménimls. Ildéclarait que les Serbes n'avaient pas desang dans les veines, puisqu'ils n'osaientpas se révolter dans la Vieille Serbie desavanies que les Turcs leur faisaient subir.Enfin le gouvernement serbe n'eût pas tolé-ré longtemps l'agent d'une nationalité ri-vale, dont les prétentions en Macédoine con-trariaient ses propres ambitions.

Voilà donc Stokovitch à Odessa. Il fut re-çu dans le comité révolutionnaire bulgareque protégeaient presque ouvertement lesautorités tzaristes. Une haute personnalitérusse était même à la tête de ce comité. Sto-kovitch s'aperçut bien vite que la protectionsoi-disant accordée aux Slaves des Balkanspar le Gouvernement de Pétersbourg n'étaitqu'un simple prétexte pour assurer le triom-phe des ambitions russes. Le comité devaitsubir la direction et la domination desagents du tzar. Stokovitch avait son francparler et un caractère indomptable. Il vou-lait l'indépendance de son pays et n'enten-dait pas que les efforts des patriotes abou-tissent à remplacer une vassalité par uneautre. On lui fit comprendre qu'il était de-venu indésirable. Il dut partir à temps pourn'être pas arrêté.

Où aller? Il retourna à sa propagande,dans les montagnes du Kara-Dagh. Quand ilétait fatigué, il allait se reposer à Constan-tinople. Coiffé du fez, parlant le turc et lefrançais, un peu l'arabe, il pouvait passerpour un fidèle sujet du sultan. A la vérité, le

jeu était dangereux. Stokovitch était sous lecoup d'un .mandat d'amener.

Il se moquait de la police, mais ce quidevait arriver arriva un beau jour. La policene l'aurait jamais arrêté. Il fut trahi par unefemme.

En prison il se trouva avec une banded'Arméniens, arrêtés également pour desmotifs politiques.

C'étaient tous les habitants mâles d'un vil-lage près de la mer Noire. Ils avaient reçula visite, un an auparavant, de deux de leurscompatriotes, agents du gouvernement rus-se, qui parcouraient le pays pour essayer defomenter la révolte contre la Turquie.

Les paysans paraissent convaincus; maison ne se révolte pas sans armes. Qu'à celane tienne: les révolutionnaires arméniensse chargent de leur en procurer.

Quelque temps après lenr départ, le vil-lage reçoit en contrebande un ballot de fu--sils et de munitions, expédié d'Odessa. Lepope persuade aux habitants que ce dépôtd'armes est dangereux et qu'il vaut mieuxs'en débarrasser. Tout le monde en tombed'accord. Le pope écoule les fusils au dehorset garde l'argent pour lui.

Ses ouailles réclament et le maire du vil-lage crie le plus fort. Le pope n'a même paspartagé avec lui. Tant et si bien que le mal-heureux prêtre, pour avoir la paix et la tran-quillité, dénonce ses compatriotes aux auto-rités turques.

La trahison du pope et les protestationsindignées des villageois découvrent tout lepot aux roses. Pour ne pas se tromper, lesTurcs arrêtent et le dénonciateur et les dé-noncés. On les condamne tous ensemble àla déportation, quelque part en Arabie ou enTripolitaine, je ne me souviens plus main-tenant.

Quand Stokovitch rencontra ces Armé-niens, ils passaient leur temps et se conso-laient en jouant aux cartes. Le pope trichaitet était en train de dépouiller ses camaradesd'infortune de leurs derniers maravédis.

Stokovitch s'échauffait en racontant cettehistoire. Il s'indignait, non pas tant contrel'impudence du pope que contre la résigna-tion des autres, qui, au lieu de se venger enplongeant un poignard dans la poitrine dutraître, se laissaient voler par lui. De mé-pris il crachait à terre ; et il disait que lessoldats turcs qui les gardaient, traitaientces Arméniens sans égards, les rudoyaientet les insultaient. « Avec moi, déclaraitStokovitch, il'n'en était pas de même. Ilsavaient une certaine estime pour ma per-sonne; ils sentaient que je n'aurais passupporté le moindre outrage. »

Malgré cette espèce de considération, lesort du Bulgare n'était pas à envier. Uncomitadji ne fut jamais en odeur de saintetéauprès des autorités turques. Il est vrai queles comitadji n'avaient pas encore acquis larenommée dont ils jouissent aujourd'hui.

J'ajoute qu'il ne faut pas toujours confondre-les patriotes bulgares avec les bandes d&-

brigands sans scrupules qui pillent les vil-lages de la Macédoine ou assouvissent desvengeances particulières. Il en est toujours*ainsi en période de troubles: des bandits-se parent d'une étiquette nationale ou reli-gieuse, ou bien se réclament d'un parti,pour mieux exercer leur industrie. Leurs-brigandages s'ajoutent, en temps de guerre,,à ceux des soldats réguliers. (1)

Stokovitch fut condamné à la détentionperpétuelle. Il devait subir sa peine à.Damas, la ville syrienne de l'Anti-Liban.Les Turcs sont débonnaires. On condamnerarement les gens à mort, mais on les faitdisparaître. Telle était du moins la règle-sous l'ancien régime. Stokovitch n'était pasdu tout rassuré. Embarqué pour la Syrie, ils'attendait à être précipité chaque nuit avec-une pierre au cou dans les flots de la merEgée. Il fut tout étonné de débarquer en-chaîné à Beyrouth, pour être acheminé sousescorte à son lieu de destination.

Il ne devait pas moisir longtemps dans laprison turque. Il eût tôt fait de préparer unplan d'évasion, en compagnie d'un Grec etd'un Italien, enfermés là, eux aussi, pourdes délits de droit commun, car les Turcsne font pas de différence en prison entre lescondamnés politiques et les condamnés-ordinaires.

Ils réussirent tous trois à arriver jusqu'aumur d'enceinte extrêmement élevé. Malgréla hauteur ils n'hésitèrent pas à sauter. L'unse blessaet fut repris. Les deux autres tirè-rent chacun de leur côté.

Stokovitch se jeta dans les montagnes duLiban. Il rechercha l'hospitalité des chré-tiens. Il fut amené ainsi à frapper à la porte-des couvents; il y fut bien accueilli.

(1) D'ailleurs, en ces pays, le brigandage atoujours existé, comme industrie indigène, de-puis l'antiquité la plus reculée,et n'a jamaisété considéré comme un métier déshonorant. Ils'exerçait contre les étrangers à la tribu ou àla peuplade, sans quoi (sans cette morale) iln'eut pas pu jouir d'une certaine considérationparmi les gens du pays et n'eût pas eu desécurité.

Naturellement, il se colore d'un prétextepatriotique dans les temps modernes, tandisqu'en réalité il n'a de raison que le gain.

D'autre part, on ne peut pas trop s'étonnerque les soldats d'un pays où régnent, commedisent les poètes, les mœurs sauvages et naïvesdes montagnards, se conduisent, en temps deguerre, avec une cruauté épouvantable. Ils sesentent les ennemis personnels de ceux qu'ilscombattent. Ils ne comprennent pas les fictionset les conventions, établies entreelles (pasenvers les indigènes despays exotiques) par lesnations dites civilisées. Pour eux, la guerre estdestruction et extermination. Ils ressemblent,aux guerriers juifs de Josué et.de David ou àceux d'Assurbanipal, roi d'Assyrie. Ils n'ontpas fait pis que les soldats européens dans lacampagne de Chine ou que les soldats du colonelMangin au Maroc.

Ces considérations nous éloignent de Stcko-vitch, lequel n'était pas un brigand de métier,et n'a jamais tiré un profit quelconque de gapropagande.

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Dans l'un d'eux il resta deux mois. Com-me il savait le français, l'abbé le pria dedonner des leçons à l'un des novices, sonfavori, ou si l'on préfère, son mignon. Jen'ai pas besoin d'insister sur le relâchementdes mœurs qui peut exister dans ces cou-vents. Stokovitch avait le vivre etle couvertet n'était pas là pour réformer la morale.Cela ne le regardait pas. Tous les soirs, ils'enfermait avec le jeune homme,qui appor-tait en cachette une bouteille de vin, et tousdeux passaient le temps de,la leçon à joueraux cartes et à plaisanter. Aussitôt qu'onentendait des pas dans le couloir, vite, àhaute,voix, on lisait la première phrase deTélémaque: « Calypso ne pouvait se conso-ler du départ d'Ulysse. »

Les meilleures choses ont une fin. Stoko-vitch n'entendait pas demeurer éternelle-ment dans un monastère du Liban. L'abbélui donna des lettres de recommandation,et le voilà parti. Grâce aux lettres, il puttraverser le Liban et la Judée sans encom-bre, bien reçu dans les couvents.

Il arriva à Gaza, vers la fin d'un étébrûlant. Après, c'était le désert qui séparela Palestine de l'Egypte. Il fit le chemin àpied, mendiant sa vie auprès des tribus deBédouins errantes qu'il rencontrait. Il racon-tait qu'il allait travailler au canal de Suez.On lui donnait un peu d'eau chaude etcroupie que les nomades transportent dansdes outres sur leurs chameaux et un peude riz ou des dattes. Il arriva exténué àAlexandrie ; il n'en pouvait plus.

Il trouva là de« commerçants bulgares quil'accueillirent avec empressement. Ils lefirent transporter à l'hôpital allemand où ilmit quatre mois à se remettre. Ils lui offri-rent ensuite de rester à Alexandrie. MaisStokovitch préférait aller à Paris; cela luiparaissait la terre de la liberté. Voir Pariset mourir. Il ne pensait pas si bien dire.

Ses compatriotes payèrent son voyage. Apeine arrivé, Stokovitch se présenta à ungroupe d'étudiants, des amis politiques, desgens de son pays sur lesquels il pensaitpouvoir compter. Il était pauvre et malvêtu; il fut reçu en mendiant. Stokovitchleur cracha au visage et se retira.

Je le rencontrai au printemps de 1894chez de pauvres gens de la colonie russe,qui l'avaient accueilli comme un des leurs,sans partager pourtant son idéal ni sesconvictions. Stokovitch déblatérait contreParis. Au lieu d'un pays révolutionnaire, ilavaittrouvé un pays trop civilisé ou l'obéis-sance au gendarme et aux autorités de toutesorte est le commencement de ta sagesse.Il n'avait de sympathie que pour les anar-chistesà cause de leur énergie. (Je n'étaispas alors anarchiste.)

Il attendait de pouvoir rentrer dans sonpays. Stambouloff était tombé du pouvoir.Mais l'amnistie se faisait attendre. Le pau-vre diable torfiba malade d'un coup de froid.

Comme il était épuisé, il eut une pneumoniedouble et mouruten quelques jours à l'hô-pital Broussais.

Le lendemain de sa mort, l'amnistie étaitproclamée.

M. PIERROT.

RÉFLEXIONS

Qui donc affirmait que la plupart desgouvernants sont des dégénérés?

Ce doit être un calomniateur.Chacun sait que les grands de la terre

ont des grâces d'Etat. Le destin, si avarepour le commun des mortels, semble pources élus épuiser ses largesses. Comme pourles élever à la hauteur du rôle providentieldont ils auront la charge, il leur prodigueses dons les plus larges. Naissance, puis-sance, fortune, bravoure, honneur, gloire,esprit, talent leur sont départis comme dedroit. Tout contribue à en faire des êtresexceptionnels, quintessenciés, supérieurs etvraiment dignes de gouverner les «espèces »

que nous sommes.Même, comme s'ils n'étaient pas assez

comblés de tous ces privilèges, ils daignentencore avoir de la beauté, de l'intelligenceet du génie.

Que va-t-il nous rester? grands dieux!Pour peu qu'ils continuent, ils ne nous lais-seront rien que la joie de contempler leurperfection.

Vous doutez? Je reconnais bien là l'inso-lent scepticisme d'une époque qui ne res-pecte rien.

Cependant, si exhorbitant que cela vousparaisse, il est avéré, si j'en crois l'admi-ration de la presse française, que Sa MajestéCatholique AlphonseXIII, roi de toutes lesEspagnes, déjà doué des innombrables qua-lités qui forment l'apanage naturel des mo-narques, - prétend à la beauté.

Pourquoi pas? C'est son droit.Rienn'empêche que la proportion singu-

lière des traits de son auguste visage necompose un ensemble gracieux et d'une li-gne. remarquable, si on le considère tradi-tionnellement,et par comparaisonavec letype ancestral dont il est, à n'en pas douter,une agréable reproduction atavique.

A la Cour, je veux dire à l'Elysée,toute la famille Poincaré, ne vous déplaise,s'accorde à le trouver très beau.Je vous laisseà penser de quel œil on le voit à l'Escurial.Il est le type de la beauté.

C'est peut-être de la beauté tout de même,un peu rudimentaire, si vous voulez, etquiretarde sur.notre temps, voilà tout. Son as-pect fossile nous étonne parce que nousne sommes plus habitués à l'esthétique del'âge tertiaire.

A part cela, ou plutôt à cause de cela, cegarçon est très bien. Il a tout à fait le physi-que de l'emploi.

Pour l'intellect, c'estde même : rien de

plus légitime à ce que le kronprinz d'Alle-magne veuille briller comme écrivain etcomme penseur. Il a de qui tenir dans sa.famille, sans compter les nombreux poètessavants et philosophes dont s'illustra st,race. Pourquoi n'aurait-il pas son rang da%3£cette phalange? Rien ne s'y oppose.

C'est pour cela, sans doute, qu'il écrivela préface si originale et surtout si origi-nelle de UAllemagne en armes, où je relèvecette phrase, d'un scientifisme transcen-dant : « De même que l'éclair provoquel'équilibre des tensions électriques de deuxcouches d'air chargées différemment, ainsil'épée sera et restera, jusqu'à la fin du nwn.-de, le facteur décisif. »

Je concède que le génie qui inspira cettephrase ne rappelle en rien celui de Kant,d'Hegel, de Goethe ou de Schiller. Pas mêmecelui de Frédéric le Grand. Il est très re-marquable, ce génie si prime-sautier dakronprinz. Le stigmate de pure barbarie quile caractérise lui assigne une catégorie men-tale d'origine très primitive, et c'est beau-tcoup plus loin qu'il faut rechercher sa filia-tion. Il remonteau moins au Grand Anee.tre, dont la boîte crânienne, retrouvée auNéanderthal, indique une cérébralité qui,pour être très antérieure, n'en est pas moingillustre. Il devrait penser comme ça.

C'est peut-être de l'intelligence tout demême, un peu rudimentaire, si vous voulez,et qui retarde sur notre temps, voilà tout.

Ce qui ne l'empêchera pas de régner etde courber soixante-dix milliohs d'hommesà son niveau.

En France, et, espérons-le, en Allemagne,cela semble suranné parce que nos concep-tions ont un peu évolué depuis l'âge néoli-thique.

A part cela, ou plutôt à cause de cela,Mgarçon est très bien. Il a tout à fait la men-talité de l'emploi.

BELLUM.

A propos du Congrès Coopératif

Le congrès des coopératives de consom-mation vient de se tenir à Reims. Un fait amarqué ce congrès,c'est l'orientation d-ascoopératives vers le système de la géranteresponsable.

On nous avait toujours dit que le prin-cipal mérite des coopératives était d'habi-tuer la masse à l'administration des choseset de la préparer ainsi aux libertés de lasociété future.

Voici que*l'on déboute lescoopéraientdu souci d'administrer leursaffaires. Iljraura bientôt -dans chaquecoopérative un gé-rant qui fera marcher les employés. Ceserra.1e. patron épicier devenu salarié. Les adhé-rents n'auront plus à s'occuper de rien quede surveiller le bilan.

Car il y aura du coulage. Pourquoi un gé-rant y serait-il de sa poche? Il s'arrangea

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pour compenser les risques, et, au besoin,à son profit.

A cela Daudé-Bancel répond dans le Bul-letin de la Fédération nationale qu'il y ala prison contre les gérants malhonnêtes.

Ces gérants devront avoir un cautionne-ment. Ne deviendra donc pas gérant quiveut. Il faudra un petit capital, et tel pourrahésiter entre s'établir épicier à son compteou prendre la gérance d'une coopérative.

Jusqu'à présent les coopératives avaientau moins une utilité. Elles servaient de re-fuge aux militants qui avaient perdu leurgagne-pain dans les luttes ouvrières contrele patronat.

Qu'à cela ne tienne, dit Daudé-Bancel.Les postulants n'ont qu'à constituer au seinde leurs syndicats respectifs, des caissesd'appui mutuel qui mettront à leur dispo-sition les sommes grâce auxquelles ils pour-ront trouver un emploi dans les coopéra-tives.

Daudé-Bancel se fait une singulière idéedes syndicats et de leur rôle.

La coopération prend un singulier cheminpour arriver à la société future; car les coo-pérateurs se vantent de construire pierre àpierre avec leurs associations la société librede demain.

M. P.41

Mouvement Social

Chefs d'Etat. On s'est souvent demandéde quelle utilité sont les chefs d'Etat. Quicon-que est doué d'une certaine compréhension his-torique verra combien, en France, notamment,la réponse est simple.

Les présidents de notre République ont pourmission, aux heures critiques, de faire les Gu-gusses de cirque, d'amuser et de faire désopilerJe public pour qu'il ne s'aperçoice pas desmauvais coups qui se trament contre lui.

Voyez plutôt:Au lendemain de la guerre de 1870, alors que

le « sol sacré de la patrie gémissait sous labotte de l'ennemi» et que la réaction rêvait d'é-trangler le mouvement républicain et social quis'était affirmé dans la Commune, on fit appelau ridicule nabot Adolphe Thiers. Cette sil-houette scatomorphique, qui semblait toujourschercher le mur le long duquel se déposer,masquait les louches opérations dont, grâce à laguerre, le champ s'était ouvert pour les loups-cerviers de la finance. Et c'est ce pygmée gro-tesque qui prétendit avoir expulsé de Franceles reîtres et pandores prussiens.

Après lui, amusant la galerie pendant queontinuaient les intrigues royalistes, le vieuxRamollot Mac-Mahon semait aux quatre coinsde la France ces paroles lapidaires autantqu'historiques qui ont fait sa célébrité plusencore que la blessure à la fesse reçue à Sedan.

Une accalmie s'étant produite, le vieux chim-panzé Grévy chargea son gendre de divertir lepublic pendant qu'il donnait à tous l'exempleédifiant de la plus fructueuse économie.

Les dernières années calmes furent mises àprofit par Sadi-Carnot, pantin articulé, pour

favoriser la petite industrie des camelots parla multiplication de ses saluts automatiques.

Puis vinrent les heures troublées et, avec el-les apparurent les grands comiques. Casimir-Perier s'assaya dans le genre rogue et bouledo-gue, mais, manquant de vocation, on dut. leremercier.

Vint Félix Faure. Quel incomparable relief nedonna-t-il pas au rôle de M. Jourdain, du Bour-geois gentilhomme! On peut dire qu'il l'inventa.Inébranlablement attaché aux traditions duthéâtre classique, ne poussa-t-il pas le scrupulejusqu'à vouloir mourir dans la coulisse?

Papa Loubet, avec sa bonhomie et son pa-nama bon enfant, fut tout rigolo. Et Fallières!Bœuf hissé aux honneurs, il ne crut pas fairemoins que d'appeler en collaboration la pre-mière dame génisse de France.

Etant donné la période grave et menaçanteque nous traversions, la palme était reservée àPoincaré. Après le bœuf et la vache, la truie;après les baisers*dévotieux au drapeau, la truf-fe miraculeuse découverte hors saison par ungroin à propos perspicace et divinateur. Com-bien reposant fut pour nous, de nos soucis éco-nomiques, la vue du portrait, donné par la pres-se, de « la truie qui eut l'honneur (six) de cher-cher des truffes devant le président»!

0 Schiller! combien avais-tu raison de t'é-crier, dans ton Ode à la Joie: « Joie! fille del'Elysée ! »

** *

La Presse. Nous avons déjà parlé du casde Séné, qui, par une erreur de procédure, setrouva condamné à faire dix ans de prisonpour deux articles de journaux.

La Bataille Syndicaliste a ouvert une en-quête auprès de diverses personnalités pourconnaître leur opinion à ce sujet. Nombreusessont les protestations indignées; mais parmiles protestataires figurent beaucoup (de col-laborateurs aux grands journaux d'informa-tion qui, malheureusement, dirigent l'opinion.Or, à part qeulques journaux de parti, cettegrande presse d'information garde le silence.

Que tous ces journalistes indignés ne tradui-sent-ils leur indignation dans les grands jour-naux où ils collaborent? Le succès de la cam-pagne ne ferait plus de doute. Protester dans laBataille, c'est bien, mais ailleurs serait mieuxet plus efficace.

** *

La Grande Famille. - Une veuve Gabriel,92 ,rue de Flandre, mère de cinq enfants, dontles trois plus jeunes ont respectivement qua-torze, onze et huit ans, va être privée de sonsoutien par le départ au régiment de ses deuxaînés.

Cependant le préfet de l'Aisne a fait notifierà la veuve, par l'intermédiaire de la mairiedu 19e, qu'elle n'avait pas droit à l'allocationjournalière de 0 fr. 75 que l'on accorde auxmères privée., de leur soutien de famille.

Mme Gabriel, qui n'a jamais cessé de tra-vailler depuis l'âge de onze ans, est épuisée etce n'est pas la journée de lavoir qu'elle faitchaque jeudi qui peut assurer la subsistancede sa petite Camille. Elle est sans ressources etl'administration, en lui prenant ses grands fils,l'affame, elle et ses petits.

Mme Gabriel, dont toutes les mères compren-dront l'indignation, a refusé de signer le procès-verbal du îefus de secours.

Puisque c'est ainsi, a-t-elle dit, mes fils nepartiront pas. La frontière de Belgique n'est pasloin.

Si toutes les mères s'inspiraient d'un telexemple., « la paix régnerait sur la terre ».

** *

Police et Justice. Les faits ignobles imputésaux agents du Ve ne donnent pas à réfléchir auxjuges.

Une condamnation abominable vient d'êtreprononcée sur le témoignage reconnu taux desagents du XIe.

MM. Painot, Mone et Jotra viennent d'êtrecondamnés à trois mois, un mois et huit jours,pour avoir été maltraités, frappés brutalementpar des agents. Malgré des dépositions contrai-res ,ce fut le récit de l'agent Chanet qui fut seulpris en considération par le tribunal, bien qu'ilait été reconnu à l'audience que cet agent Cha-net fut autrefois poursuivi pour tentative demeurtre.

En outre, la « Ligue des Droits de l'Hom-me » signale au ministre de l'Intérieur les deuxfaits suivants:

Noizelle, était un pauvre ouvrier brossier,affligé d'une cataracte double.

Elevé à l'Ecole Braille, il y resta jusqu'à satrente-deuxième année ; fatigué de l'internat, il

en sortit il y a deux ans.Il rencontra une petite ouvrière; avec elle il

se mit en ménage; puis ils décidèrent de régu-lariser la situation; les bans étaient publiés àla mairie du XXe ; le mariage devait avoir lieule 12 avril.

Le 8 au soir, Noizelle allait à la rencontre de

sa fiancée, quand il se sentit empoigné par desbras vigoureux. Conduit à la Santé, traduit encorrectionnelle, il fut condamné définitivementen appel le 15 juillet 1913 à trois ans de prisonet cinq ans d'interdiction de "séjour pour vaga-bondage spécial.

Les agents des mœurs avaient affirmé, eneffet, sous la foi du serment, qu'ils l'avaientvu sur les grands boulevards, surveillant d'untrottoir à l'autre, lui aveugle, le racolage de sacompagne et recevant d'elle, sous un bec de gaz,l'argent de sa prostitution.

Autre fait :

Un chauffeur de taxi-auto, nommé Dussuel,chargeait, le 13 septembre, à 1 h. 20 de l'après-midi, à la limite des boulevards Bonne-Nouvelleet Saint-Denis, pour les conduire à la Caissed'Epargne de la rue Saint-Romain, trois indi-vidus, MM. Léon Michaud, demeurant 6, placeGambetta; Gaston Lemoine, habitant 3, rueMonte-Cristo; Georges Descamps, domicilié 76,

rue Mon.Durant le trajet, ceux-ci brisèrent une vitre

et se livrèrent à de telles excentricités que lechauffeur, inquiet à juste titre, requit un gar-dien de la paix, l'agent 263. Alors les troisvoyageurs tirèrent leurs cartes d'agents de lasûreté, et c'est le chauffeur qui fut emmené auposte de la rue d'Assas « pour scandale sur lavoie publique et ivresse manifeste ». Le secondde ces motifs était si évidemment inexact quele secrétaire du commissariat refusa net del'accueillir.

Relâché, Dussuel eut l'idée de faire constaterqu'il n'était pas ivre, par M. Joltrain, inspec-teur divisionnaire de la Circulation à la Préfec-ture de Police. Ce fonctionnaire s'y prêta debonne grâce.

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Mais si le second grief a mis à la charge deDussuel était écarté, Le premier était retenu. EtiOCDmme des témoinss'étaient présentés sponta-nément au commissariat pour affirmer que lesaseuls auteurs du scandale étaient les agents etnon le chauffeur, on refusa de les entendre etde prendre leurs noms. Ces témoins sont : MM.Maweux, 115, rue de Rrancion; Aubert, 80, ruede Sèvres; Mme Batliner, 9, rue Saint-Romain.

En présence du grand nombre de ces scan-dales policiers, la « Ligue des Droits de l'Hom-me »se propose d'organiser à Paris une sériede meetings pour renseigner l'opinionà ce¡sujet.

André GIRARD.

** *

Lorient. Une cinquantaine de magons deschantiers Dréan sont en grève. Motif: oet en-trepreneur a donné ses travaux intérieurs, en-duits, joints, etc., toutes choses que, parait-il, les maçons peuvent faire et qui leur permet-traient, étant donné qu'elles se font à l'abri,d'être employés même en cas de mauvais temps,

à faire à des Tyroliens, alors que pendant letemps nécessaire à l'accomplissement de cestravaux les maçons qui ont fait les travaux an-térieurs : élévation des murs, sont astreints àun chômage dû surtout au mauvais temps.

Ce motif est encore aggravé par le fait queles Tyroliens font indifféremment de 12 à 13 heu-res de travail par jour, enlevant ainsi aux ma-çons chômeurs quelques chances de se faire em-baucher.

Certes, je saisis bien le mobile auquel obéis-sent les maçons, mais je ne pense pas que lasolution à la situation à eux créée par lesTyroliens soit en le seulabandon par ceux-cides travaux du sieur Dréan.

Si celui-ci est contraint de leur donner satis-faction, ils n'auront pas supprimé la difficulté,ils n'auront fait simplement que l'écarter mo-mentanément.

Chassés de chez Dréan, il faudra bien que lesTyroliens s'emploient ailleurs,car il ne faudrapas songer à les chasser complètement de Lo-rient, ce qui, entreparenthèse, ne serait unesolution tout au plus que pour les maçons deLorient; les patrons ont trop intérêt à les con-server sous la main pourqu'ils ne s'y oppo-sent pas de toute leur force.

Là, ils continueront à faire 12 ou 13 heurespar jour au détriment des chômeurs, puisqueleurs travaux sonten presque totalité lés mê-mes que ceux des maçons.

Du reste, les Tyroliens écartés, il viendraitd'autres ouvriers, de moins loin peut-être, pourles concurrencer. Ne voyons-nouspas la cor-poration des terrassiers d'ici même envahie pardes pauvres bougres venus des quatre coins dela Bretagne, travaillant à des conditions debeaucoup inférieures à celles imposées par lesyndicat?

Est-ce à dire qu'il n'y a rien à faire? Si. MaisH faut que les maçons renoncent à leur corpo-ratisme étroit etqu'ils comprennent enfin qu'aulieude combattre les pauvres bougres commeeux ils doivent s'entendre avec ceux-ci pourlutter contre l'ennemi commun : le patronat.

Il faut qu'ils sachent aussi que les causesle conflit subsisteront tant que durera l'exploi-tation capitaliste et que l'action corporative quileur est chère est insuffisante pour détruirecette exploitation.

BIBLIOGRAPHIE

MARCEL SEMBjfTFaites un roi, sinon faites la paix. Quelques

mots seulement sur ce volume qui a eula rarefortune d'être vanté par les amis de l'auteuret par ses adversaires. La thèse qu'il soutientnous intéresse médiocrement puisqu'elle se poseexclusivement sur le terrain politique, semblantignorer totalement qu'ily a au monde des inté-rêts économique qui, de plus en plus, dominentles conceptions et les désirs politiques des gou-vernants.

Comme de l'article de Raymond Poincaré,écrit avantqu'il fût président du Conseil et re-produit dans un des derniers suppléments litté-rairesdes Temps Nouveaux, nous retiendronsdu livre du députéSembat des aveux multiples,aveu de l'impuissance parlementaire qui res-sort à chaque page, aveu de Il

l'incapacité admi-nistrative de l'Etat républicain » auquel Sembat« ne se résigne pas» mais que ses fonctionsde député .lui ont fait toucher du doigt et qu'ildécrit en de nombreux endroits, aveu de latoute puissance des bureaux qui « font signertout ce qu'ils veulent » pendant les interrègnes.ministériels,aveu de la corruption générale quilui faitécrireque l'affaire de la N'Goko-Sanghaest « normale» sous le régime actuel, aveu del'influence de.« la Finance dont les opérationsse lient si étroitement dans l'Europe moderne,aux négociations diplomatiques », aveu de.l'union des financiers avecles conseillers muni-cipaux.

En une heure de franchise, ce député,quiaquinze ans depratique, écrit et prouve qu'aupoint de vue politique la République est un non-sens. Après nous, il soutient que les gouverne-ments ne veulent aucun contrôle. A propos dela Conférence de Berne, il dit : « Tous les gou-vernements voient toujours de très mauvais œil.le rapprochement direct des parlementaires. Ilssaventque le butestdefaire pression sur euxet de remuer les assemblées pour peser sur leschancelleries. Ils ont horreur de cela. Le quaid'Orsay nous l'a prouvé Jadis à notre premièrevisite à Londres. » Pourtant des députés, çàs'achète, mais une C. G. T., mais les membresd'un Congrès corporatif, mais toutes les Fédé-rations d'esprits libres? Il y en a trop et lesgouvernements redoutent encore plus leur « rap-prochement direct ». Sembat nous indique oùest notre salut et comment peut s'organisernotrerésistance.

Il remémore le beau caractère que la Répu-blique universelle avait dans l'esprit de nosaïeux de 89, de 48 et même de 1871, mais il enmontre la faillite et comment les hommes poli.tiques divisent les peuples au lieu de les unir.« Si, depuis vingt ans, nous n'avions pas,exprès, calmé et découragé les révolutionnairesd'Espagne, ce n'est pas le Portugal seul quiserait en République !. La politique belliqueusene s'imposerait plus à notre choix, car per-sonne ne serait tenté de chercher querelle à laFédération des Républiques occidentales! »

Sembat député, condamne la république bour-geoise ; socialiste, il assène un coup de mas-sue au socialisme révolutionnaire. Ayant écritquelque part que « l'instinct de guerre se lieintimement à l'idée de patrie », il affirme ail-leurs que « le socialiste, ennemi de la guerre,ne consent pas à faciliter, indirectement, la

guerre de conquête [de l'ennemi] ni à frayec,la route à l'invasion [par l'insurrection] et ilcite, dans un dialogue embrouillé, un liber-taire ( ) de ses amis qui semblait préférer P«Br<caré à Guillaume et vouloir défendre le premiercontre le second. Peu avant il avait conclu;« Par l'insurrection, on peut renverser son procpre gouvernement: on n'arrête plus, de no#jours, par ces procédés un envahisseur ». Sem*bat pense-t-il que la guerrede classes s'arrê-terait parce qu'il y aurait changement de pu»*priétaire ?

Ecrit dansune langue facile et boulevanSè»par un politicien admirateur de Ferry et deGambetta, le livre de Sembat est agréable*lire, mais n'apprend aux révolutionnaires rienqu'ils ne sachent depuis longtemps.

M. c.*

* *Nous avons reçu:Mensage del présidente de la Republica-

Congrès nacional de 1913. Quito, Equateur.

SOUSCRIPTIONS MENSUELLESpour le maintien du Journal

E., à Nancy, 1 fr. par mois; C. P., à Bobi,gny, 2 fr. ; M.,à Bourg-Argental, 0 fr.50.Total: 3 fr. 50 par mois.

Listes précédentes: 177 fr. 65.Total général:181 fr. 15.Reçu du 1-er au 21 septembre:F., rue D., à Paris, 4 fr. ; G., rue Sedaine.

1 fr. ; F., à Nancy, 1 fr. ; G.-P.-D., 1 fr. ; M., ÂBourg-Argental, 2 fr. ; B., rue C., à Paris, 5 ir,,,D., à Paris, 0 fr. 50; D., à Lyon, 2 fr. ; C. dela R., 0 fr. 50 ; S., à Liège, 2 fr. ; B., à Barêm:1 fr. ; C., à Asnières, 1 fr. ; T., à Puteaux, 2 fr.C., à Colombes, 3 fr. ; R. et L. F., rue V.Paris, 2 fr. ; C., à Châteauvieux, 1 fr. 50 ;

L, àColombes, 2 fr. ; C. C., à Paris, 1 fr. ; A. C.,ABrévannes, 1 fr. ; P., à Bobigny, 2 fr. ; T., lesEtappes,0 fr.50.

Adresser souscriptions à Ch. Benoît, 3, raiBérite, Paris (6e).

AIDONS-NOUSAsnières. Le Comité intersyndical d'Amë.

res, désireux detourner ses efforts vers l'édiwcation de l'enfance,demande un .camarade pro-fesseurpour le groupe des pupilles. Ecrire aucamarade Véchard, 11, rue Roger-Bendelé, Geaunevilliers, ou au siège, 11, rue du Tir, Asnièrea,Urgent.

On demande, pour Saint-Raphaél, un prdfeJcseur de 40 à 45 ans, connaissant anglais et dea-sin, pour enseignement à jeunes filles de Î5M17 ans.

Pour les conditions, s'adresser à Léon Pratimvost, Saint-Raphaël (VaT).-e-

COMMUNICATIONSLimoges. Fédération communiste anarchiste

du Centre. Aux camarades de l'Allier.Les libertaires de ce département qui voudraientconstituer des groupes ou adhérer individuelle-ment sont priés de se mettre en relation immé-diate avec le camarade Jean Bergerat, à Bouai*,par Huriel (Allier).

Le Pioupiou de VYonne prépare l'aparition de

Page 8: GRAVE. Jaurès et Sabotage...M. Jaurès et le Sabotage Dans une série d'articles que publie en ce moment YHumanité, M. Jaurès fait sa cour au syndicalisme, et son désir de plaire

son n° 18 et demande l'appui etle concours detous pour mener son œuvre à bonne fin.

Prière d'adresser lettres, souscriptions et arti-cles avant le 1er octobre, à l'administrateur duPioupiou, 52, rue Thénard, Sens (Yonne).–

CONVOCATIONS

Les convocations, pour dire insérées, doiventnous parvenir le mardi au plus tard.

Fédération communiste anarchiste révolu-tionnaire de langue française. - Foyer du XVIIe67, rue Pouchet. Samedi 27 septembre, à8 h. 1/2 du soir, réunion des camarades pour lapropagande ; causerie entre copains.

Jeudi 2 octobre, à 8 h. 1/2 du soir. Laconférence n'aura pas lieu, en raison du mee-ting du samedi 4 octobre. Réunion des camara-des pour prendre les décisions pour le mee-ting. Projets divers d'action révolutionnaire etde propagande. Causerie entre camarades.

Fédération anarchiste communiste révolu-tionnaire de langue française. « Foyer duXVIIe » et «Amis du Réveiln. Grand mee-ting : et Pour l'Amnistie pour les soldats»,« Pour la Suppression des conseils de guerre »,Orateurs inscrits: Ch. Dooghe, de la Crava-che, de Reims; P. Martin, du Libertaire; De-laisi, de la Bataille Syndicaliste; Thuilier, du« Comité de Défense sociale »; Bidameni, dela Fédération des cheminots.

Ce meeting aura lieu le samedi 4 octobre, à8 h. 1/2 du soir, à la Maison des Syndiqués,67, rue Pouchet (Pqris XVIIe). - Nord-Sud:Brochant et Marcadet-Balagny.

Entrée pour couvrir les frais: 0 fr. 30.Les dames sont spécialement invitées.N. B. Vu l'importance à donner à ce mee-

ting, les groupements sont priés de ne rienorganiser pour ce jour-là.

Fédération communiste anarchiste révolu-tionnaire de langue française. Groupe des

Amis du « Réveil ».GRAND MEETING

Pour l'Amnistie pour les soldats;Pour la Suppression des Conseils de guerre.Orateurs inscrits : Ch. Dooghe, de la Crava-

che, de Reims; P. Martin, du Libertaire; C. A.Laisant; Thuilier, du Comité de Défense So-ciale; Thony, du Club Communiste Anarchiste.

Ce meeting aura lieu le mercredi 1er octobre,à 8 h. 1/2 d usoir, à la Maison Commune, 49,rue de Bretagne (Paris 3e) (métro-Temple).

Entrée, pour couvrir les frais: 0 fr. 30.Les dames sont spécialement invitées.N.-B. Vu l'importance à donner à ce Mee-

ting, les groupements sont priés de ne rienorganiser pour ce jour-là.

F. C. A. R. Groupe du 18e. Le groupe du18e vient de prendre la décision de constituerune bibliothèque.

La bibliothèque sera à la disposition de tousles travailleurs habitant le 18e, moyennant unversement de 1 fr. remboursable au derniervolume rendu et une légère redevance de 0 fr. 10par mois pour l'entretien des volumes.

La bibliothèque étant la propriété de tous,nous sommes certains que les livres seront te-nus avec le plus grand soin. Il est fixé un dé-lai de quinze jours pour la lecture de chaqueouvrage.

Le bibliothécaire se tiendra à la dispositiondes lecteurs de 9 à 11 heures du soir, tous lesmardis, au siège, 25, rue de Clignancourt.

Adresser à cette adresse: fonds, volumes etpublications, à Marcel Butet.

Soirées artistiques de la « Chanson du Peu-ple ». - Samedi 27 septembre 1913, à 8 h. 1/2du soir, salle des Sociétés Savantes, 8, rueDanton, grande représentation populaire, avecle concours de la « Compagnie Française duThéâtre Shakespeare».

Wertlwr, drame en cinq actes, d'après Gœ-the, adaptation française de M. Pierre Decour-celle.

Pendant les entr'actes, Mme Suzy Perri, dugrand Opéra de Nice, chantera les principauxairs de Werther, l'opéra-comique de Massenet.

Prix ordinaire des places: 1 et 2 fr.Ligue des Droits de l'Homme. Depuis

quinze ans, la Ligue des Droits de l'Hommesignale au jour le jour les brutalités, les arres-tations arbitraires dont se rendent coupablesagents des mœurs et agents en bourgeois.

Au mois de janvier de cette année, commele ministre de l'intérieur et le préfet de policeopposaient à ses requêtes une conspiration desilence, le Comité central de la Ligue des Droitsdel'Homme avait décidé d'en appeler à l'opi-nion publique par une campagne d'affiches etde meetings.

Quelques jour après, M. Lépine donnait sa dé-mission.

M. Hennion, son successeur, ayant annoncétout d'abord des intentions de réforme, le Co-mité central crut bon de lui faire confiance etajourna son projet.

Des scandales récents, auxquels la presse,unanime, a donné une publicité retentissante,viennent de remettre à l'ordre du jour la ques-tion de la police. Et le nouveau préfet ne semontre guère pressé d'en tirer les conclusionsgénérales qui s'imposent.

Il est donc nécessaire que le peuple parisiensoit informé des faits précis, nombreux, quela Ligue des Droits de l'Homme a notés dansun dossier devenu écrasant et que, par desmanifestations imposantes, elle encourage lavolonté un peu timide de M. Hennion.

La Ligue des Droits de l'Homme donnera sonpremier meeting à Paris, dans la premièrequinzaine d'octobre.Exposition de dessin, peinture et sculptureorganisée par la ghilde « Les Forgerons»(foyer d'action d'art). La ghilde « Les For-gerons», poursuivant son œuvre d'éducation,organise en son local (17, rue Edouard-Manet)une exposition de dessin, peinture et sculpturequi aura lieu les 26 et 27 septembre, de 2 à 5

heures, et le dimanche 28, de 10 heures à midiet de 2 à 5 heures.

L'entrée en sera libre et gratuite.Parmi les exposants: Aristide Délannoy, Ani-

cet Leroy, Gaston Raiëter, Raphaël Diligent,José de Creeft, Vincent, Godeaux, Dupré,Deshays, Raymond, Hennion, etc.

L'exposition sera terminée par une auditionmusicale donnée par M. Chouanet, des concertsColonne (dimanche 28, de 4 à 5 heures).

Cordiale invitation est faite à tous les amis dela ghilde.

F. C. A. Groupe du XVIIIe. Mardi 30 sep-tembre, salle de l'Espérance, 25, rue de Cli-gnancourt, à 9 heures, causerie sur « la Franc-

Maçonnerie et l'Anarchie », par les camaradesMantzert et Bussy. Entrée gratuite.

Roanne. - Groupe d'Etude et d'EducationSociales. - Réunion, le samedi 4 octobre, à8 h. 1/2 du soir, salle de la Solidarité, rue Cler-mont. Les lecteurs des Temps Nouveaux, duLibertaire et du Réveil A. O. sont spécialementinvités à assister à cette réunion d'une grandeimportance pour les idées libertaires.

Groupe des « Temps Nouveaux ». Lorient.Réunion le jeudi 2 octobre, à 8 h. 1/4 du

soir, café du Marché (salle de derrière), placeSaint-Louis.

Invitation cordiale à tous les anarchistes com-munistes révolutionnaires.

Lorient. Lundi 29 septembre, à 8 heures dusoir, salle des Fêtes, grande fête pour les en-fants de « La Ruche ». Causerie par SébastienFaure sur « l'Ecole et l'Enfant ».

Prix des places: 0 fr. 50 pour les hommes,0 fr. 30 pour les femmes et les enfants.

Liège. Groupe anarchiste. Samedi 4 oc-tobre, à 8 heures du soir, grand concert-confé-rence organisé au profit de l'Action anarchiste.

Programme: Mais quelqu'un troubla la fête,pièce sociale. - Deuxième partie: conférence:« La Philosophie anarchiste ». Troisième par-tie : Intermède. Quatrième partie: La pre-mière salve, pièce antimilitariste en un acte,de Rouquès.

Londres. Groupe d'Etudes Sociales, 9, Ma-nette Street. Samedi 27 courant, causerie parun camarade, et dimanche 28, concert de fa-mille, Tea Party.

+Petite Correspondance

Sébastien Faure.- Convocation arrivée trop tard.N. D. La coquille a peu d'importance.M. P., à Oyonnax. J'envoie le 2e numéro. Votre

abonnement se termine fin novembre.C. F., à Sallaing. Bon, on attendra.J., à Saigon. Merci pour lettres et timbres.P. G., à Roubaix. Le prix du port, un colisde

2 fr. environ. Le prix de la collection doitaccompagner la commande. Oui, il en restetrès peu. Oui, je puis vous envoyer la brochure« l'Ordre ».

Andreu, Espagne. Faire attention que lesbons de poste ne doivent pas être timbrés de laposte, depuis plus de deux mois, sans cela, pourle toucher, nous sommes forcés de payer unetaxe à la poste, ce qu'il a fallu faire pour celuique vous avez envoyé, qui était daté de juin.

M., à Guise. G., à Saint-Avertin. E., ruede la V. S., à Amiens. A., à Barcelone.K., par L. de Liège. feaint-Etienne, par B.G., à Limoges. G. T., à Baudres. V. H., àMarquette.

G., à Bezons. Entendu. Ça va bien.Reçu pour le journal:T., rue d'A., 3 fr. •– R.,par T., 1 fr. L'H., à

Auray,excéd. d'abon., 0 fr. 50. A. O., à Hussein.Spring Valley, après une fête entre Français

et Belges, 30 fr. J. M., à Fairjax, 7 fr. Unpaysan ardéchois, 0 fr. 50. G., à Lorient, 1 fr.

Gu, à Lorient, 0 fr. 50. A., par A., 0 fr. 50.Roux, par P., 5 fr. Bénéfices d'achats en com-mur, 2fr. J. G., à Bessèges, exc. d'ab., 1 fr.

F., rue des F., à Nancy. Votre lettre ne conte-nait pas le mandat annoncé?

B., à Thiaut. Ces ouvrages ne sont pas parus.Je répare l'oubli.

J. G., à Bessèges. Je porte 6 fr. à l'abon. ducamarade M. ?:!'",.i<:<::.,,--;',..4_.-r

Le Gérant:J. GRAVE.

Imp. OBATliLAlI, 20, rue d'Enghlen, Part,