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Revue de chirurgie orthopédique © Masson, Paris, 2005 2005, 91, 487-491 SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT La rubrique « Sélection des analyses du centre de documentation de la SOFCOT » propose le résumé analytique des articles jugés particulièrement importants, regroupés par thèmes et répertoriés. L’ensemble des fiches d’analyse bibliographiques du Centre de Documentation de la SOFCOT est diffusé sous forme numérique et peut facilement être consulté sur le CD-ROM archivant le contenu de la RCO, dont il est prévu une mise à jour annuelle, ainsi que sur Internet (Site SOFCOT) avec mise à jour mensuelle. Les membres du Centre de Documentation sont : J. Alain, J. Bedouelle, N. Biga, D. Chauveaux, L. de Leobardy, T. Defives, J. Dunoyer, J. Fenollosa, F. Fiorenza, C. Glorion, M. Guillaumat, P. Henky, A. Languepin, D. Moulies, J.-P. Padovani, J.-M. Postel, L. Rillardon, G. Taussig, R.Vialle, P. Wicart. GÉNÉRALITÉS Expérimentalement, la croissance physaire reprend après désépiphysiodèse L’objectif de cette étude était d’étudier la cicatrisation de la pla- que de croissance après lésion expérimentale et interposition d’un matériel synthétique afin d’éviter la formation d’un pont d’épiphysiodèse. Une lésion centrale était créée dans la plaque de croissance du fémur distal de lapin âgé de 3 semaines. Trois groupes d’études avaient été individualisés. Le premier groupe était un groupe témoin sans interposition de matériel dans la lésion créée. Dans le deuxième groupe, un polymère de forme cylindrique était fixé à la métaphyse par des broches et dans le troisième groupe le polymère était fixé à l’épiphyse. Pour chaque groupe le pourcen- tage moyen de croissance a été analysé radiographiquement ainsi que l’aspect histologique deux mois après l’interposition du polymère au sein du défect. Les meilleurs résultats radiographiques et histologiques sur la croissance et la cicatrisation de la lésion ont été obtenus dans le troisième groupe. Ces résultats suggèrent qu’il est préférable de fixer tout matériel d’interposition pour éviter la formation de pont d’épiphysiodèse à l’épiphyse. La fixation à la métaphyse de ce matériel d’interpo- sition peut-être à l’origine d’une migration de délai variable pro- voquant une nouvelle épiphysiodèse et un raccourcissement du membre. Commentaire : ces constatations expérimentales ont été vali- dées par des interventions faites chez des enfants avec des reprises de croissance durables et des remodelages très intéres- sants. Growth plate behavior after desepiphysiodesis. experimental study in rabbits J.L. JOUVE, J.M. GUILLAUME, P. FRAYSSINET, F. LAUNAY, E. VIEHWEGER, M. PANUEL, G. BOLLINI J Pediat Orthop, 2003, 23, 774-779. MEMBRE SUPÉRIEUR Gravité impressionnante des avulsions scapulothoracique L’arrachement (?) scapulo-thoracique, initialement décrit en 1984 par Orek, associe lésions, déchirure et avulsion des élé- ments ligamentaires, musculaires, osseux. Les auteurs allemands de Hanovre rapportent une série de 25 patients (21 hommes et 4 femmes) traités sur une période de 24 ans, essentiellement après accident de la circulation (automobile : 9 et moto : 13). Trois patients sont décédés dans les suites immédiates, 6 ont dû être amputés au-dessus du coude. Les auteurs se sont surtout appliqués à comparer les résultats fonctionnels suivant le SF 36 et le score subjectif de l’épaule (pour les non amputés) entre la série des patients ayant présenté un arrachement complet du plexus brachial et les autres. Cette notion d’arrachement complet et de gravité de l’atteinte neurologique n’apparaissant pas dans la classification habituellement employée de Damschen. Quatre stades : lésion ostéo-musculaire seule, 2A : lésion ostéomuscu- laire avec atteinte vasculaire, 2B : lésion ostéomusculaire avec atteinte neurologique, 3 : lésion ostéomusculaire avec à la fois atteinte neurologique et vasculaire. L’importance du retentissement du traumatisme initial a été effectuée grâce à l’ISS score. L’importance du déplacement a été appréciée grâce à « l’index scapulaire » rapport de la distance des épineuses vertébrales au bord interne de l’omoplate entre le côté traumatisé et le côté sain. Vingt patients présentaient une fracture déplacée de la clavi- cule, 4 une luxation acromio-claviculaire, 1 une luxation sterno- claviculaire. Neuf patients, incluant quatre amputés secondai- res, présentaient une avulsion complète du plexus brachial et 10 présentaient un déficit neurologique incomplet. Seize patients présentaient une lésion vasculaire (artère axillaire ou vaisseaux sous-claviers). Deux patients présentant une avulsion complète du plexus bra- chial ont bénéficié d’une greffe sans aucune amélioration fonc- tionnelle de l’épaule. Sept patients présentant une lésion partielle ont pu être suivis (1 perdu de vue, 2 amputés). Six présentaient une lésion de la partie proximale du plexus. Si aucune récupéra- tion notable n’a été notée dans les atteintes dans les cas d’avul- sions, dans les autres atteintes, partielles, si une récupération sensitive a pu être observée, la motricité de l’épaule a été peu améliorée.

Gravité impressionnante des avulsions scapulothoracique

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Page 1: Gravité impressionnante des avulsions scapulothoracique

Revue de chirurgie orthopédique © Masson, Paris, 20052005, 91, 487-491

SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT

La rubrique « Sélection des analyses du centre de documentation de la SOFCOT » propose le résumé analytique des articles jugésparticulièrement importants, regroupés par thèmes et répertoriés. L’ensemble des fiches d’analyse bibliographiques du Centre deDocumentation de la SOFCOT est diffusé sous forme numérique et peut facilement être consulté sur le CD-ROM archivant le contenu de laRCO, dont il est prévu une mise à jour annuelle, ainsi que sur Internet (Site SOFCOT) avec mise à jour mensuelle. Les membres du Centrede Documentation sont : J. Alain, J. Bedouelle, N. Biga, D. Chauveaux, L. de Leobardy, T. Defives, J. Dunoyer, J. Fenollosa, F. Fiorenza,C. Glorion, M. Guillaumat, P. Henky, A. Languepin, D. Moulies, J.-P. Padovani, J.-M. Postel, L. Rillardon, G. Taussig, R. Vialle, P. Wicart.

GÉNÉRALITÉS

Expérimentalement, la croissance physaire reprend aprèsdésépiphysiodèse

L’objectif de cette étude était d’étudier la cicatrisation de la pla-que de croissance après lésion expérimentale et interpositiond’un matériel synthétique afin d’éviter la formation d’un pontd’épiphysiodèse.Une lésion centrale était créée dans la plaque de croissance dufémur distal de lapin âgé de 3 semaines. Trois groupes d’étudesavaient été individualisés. Le premier groupe était un groupetémoin sans interposition de matériel dans la lésion créée. Dansle deuxième groupe, un polymère de forme cylindrique était fixéà la métaphyse par des broches et dans le troisième groupe lepolymère était fixé à l’épiphyse. Pour chaque groupe le pourcen-tage moyen de croissance a été analysé radiographiquement ainsique l’aspect histologique deux mois après l’interposition dupolymère au sein du défect.Les meilleurs résultats radiographiques et histologiques sur lacroissance et la cicatrisation de la lésion ont été obtenus dans letroisième groupe.Ces résultats suggèrent qu’il est préférable de fixer tout matérield’interposition pour éviter la formation de pont d’épiphysiodèseà l’épiphyse. La fixation à la métaphyse de ce matériel d’interpo-sition peut-être à l’origine d’une migration de délai variable pro-voquant une nouvelle épiphysiodèse et un raccourcissement dumembre.Commentaire : ces constatations expérimentales ont été vali-dées par des interventions faites chez des enfants avec desreprises de croissance durables et des remodelages très intéres-sants.

Growth plate behavior after desepiphysiodesis. experimentalstudy in rabbits

J.L. JOUVE, J.M. GUILLAUME, P. FRAYSSINET, F. LAUNAY,E. VIEHWEGER, M. PANUEL, G. BOLLINIJ Pediat Orthop, 2003, 23, 774-779.

MEMBRE SUPÉRIEUR

Gravité impressionnante des avulsions scapulothoracique

L’arrachement (?) scapulo-thoracique, initialement décrit en1984 par Orek, associe lésions, déchirure et avulsion des élé-ments ligamentaires, musculaires, osseux. Les auteurs allemandsde Hanovre rapportent une série de 25 patients (21 hommes et4 femmes) traités sur une période de 24 ans, essentiellementaprès accident de la circulation (automobile : 9 et moto : 13).Trois patients sont décédés dans les suites immédiates, 6 ont dûêtre amputés au-dessus du coude. Les auteurs se sont surtoutappliqués à comparer les résultats fonctionnels suivant le SF 36et le score subjectif de l’épaule (pour les non amputés) entre lasérie des patients ayant présenté un arrachement complet duplexus brachial et les autres. Cette notion d’arrachement completet de gravité de l’atteinte neurologique n’apparaissant pas dansla classification habituellement employée de Damschen. Quatrestades : lésion ostéo-musculaire seule, 2A : lésion ostéomuscu-laire avec atteinte vasculaire, 2B : lésion ostéomusculaire avecatteinte neurologique, 3 : lésion ostéomusculaire avec à la foisatteinte neurologique et vasculaire.L’importance du retentissement du traumatisme initial a étéeffectuée grâce à l’ISS score. L’importance du déplacement a étéappréciée grâce à « l’index scapulaire » rapport de la distancedes épineuses vertébrales au bord interne de l’omoplate entre lecôté traumatisé et le côté sain.Vingt patients présentaient une fracture déplacée de la clavi-cule, 4 une luxation acromio-claviculaire, 1 une luxation sterno-claviculaire. Neuf patients, incluant quatre amputés secondai-res, présentaient une avulsion complète du plexus brachial et10 présentaient un déficit neurologique incomplet. Seize patientsprésentaient une lésion vasculaire (artère axillaire ou vaisseauxsous-claviers).Deux patients présentant une avulsion complète du plexus bra-chial ont bénéficié d’une greffe sans aucune amélioration fonc-tionnelle de l’épaule. Sept patients présentant une lésion partielleont pu être suivis (1 perdu de vue, 2 amputés). Six présentaientune lésion de la partie proximale du plexus. Si aucune récupéra-tion notable n’a été notée dans les atteintes dans les cas d’avul-sions, dans les autres atteintes, partielles, si une récupérationsensitive a pu être observée, la motricité de l’épaule a été peuaméliorée.

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488 SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT

Aucune différence n’a été observée en fonction de l’ISS score,de l’existence ou non d’une lésion vasculaire initiale, entre lesquatre stades de Damschen, par contre l’existence ou non d’unelésion complète du plexus brachial constitue un facteur incontes-table de mauvais pronostic.En conclusion, les auteurs proposent une classification reprenanten partie celle de Damschen, mais introduisant la notion d’arra-chement complet du plexus brachial.

Functional outcome following scapulothoracic dissociation

B.A. ZELLE, H-C. PAPE, T.G. GERICH, R. GARAPATI, B. CEYLAN,C. KRETTEKJ Bone Joint Surg (Am), 2004, 86, 2-8.

Une étude suédoise qui plaide en faveur du traitementconservateur des fractures de la tête radiale

Il s’agit d’une importante étude réalisée grâce au registre despathologies suédois. Parmi 3000 patients ayant présenté unefracture du coude entre 1969 et 1979, 100 patients présentantune fracture de la tête ou du col du radius de type II ou III (avecdéplacement et/ou comminutive) ont été revus au recul moyen de20 ans.Le traitement initial était une immobilisation par bandage ou plâ-tre dans la très grande majorité des cas. 19 patients ont eud’emblée une résection de la tête radiale.Au recul, 77 patients étaient complètement asymptomatiques.21 avaient des douleurs occasionnelles et deux avaient des dou-leurs quotidiennes. Des signes d’arthroses étaient présents dans¾ des cas du côté de la lésion alors qu’ils n’étaient présents quedans 16% des cas du côté controlatéral.Les patients ayant eu une résection de la tête radiale d’emblée neprésentaient pas un résultat fonctionnel statistiquement différentdes autres patients.Neuf patients douloureux ont eu une excision secondaire de latête radiale avec une bonne amélioration de leur symptômes.Commentaire : il s’agit d’une étude intéressante, car elle étudiele retentissement à long terme de ces fractures qui semble finale-ment assez favorable. Le registre des pathologies utilisé enSuède permet d’obtenir un échantillon important de cette lésiondont l’incidence est évaluée à 3 pour 10 000 individus. Lesauteurs insistent sur le traitement conservateur de cette lésion,même en cas de déplacement, tout en rappelant que la résectionde la tête radiale est toujours possible secondairement avec, dansleur expérience, de bons résultats.

Uncomplicated mason type-II and III fractures of the radial headand neck in adults: a long-term follow-up study

P. HERBERTSSON, P.O. JOSEFSSON, R. HASSERIUS, C. KARLSSON,J. BESJAKOV, M. KARLSSONJ Bone Joint Surg (Am), 2004, 86, 569-574.

MEMBRE INFÉRIEUR

Quelle tolérance espérer pour les séquelles de l’ostéochondritede hanche à cinquante ans de recul ?

En 1987, l’auteur avait rapporté avec Rebouillat une série de57 patients (60 hanches) séquelles d’ostéochondrite primitiveavec un recul d’au moins 30 ans. L’âge moyen était de 42 ans etle recul moyen de 34 ans.

L’auteur a pu retrouver 48 de ces patients (51 hanches) à un âgemoyen de 57 ans (47-64) avec un recul moyen de 50,2 ans (44 à 58).Huit patients ont été revus cliniquement et radiologiquement,29 ont répondu à un questionnaire détaillé et envoyé une radio-graphie, 9 ont répondu au questionnaire mais ont refusé la radio-graphie, 2 sont décédés mais des précisions sur leur hanche ontété obtenues de la famille ou du médecin traitant. Tous cespatients avaient été traités initialement par une longue période dedécharge allongée avec ou sans traction, sans jamais d’immobili-sation plâtrée et une durée d’hospitalisation moyenne de 21 mois(3 à 45). Tous les critères cliniques classiques ont été enregistrés,le score utilisé est celui de PMA. Les radiographies ont été clas-sées en 4 groupes selon Mose : tête normale 4 cas, sphériqueaplatie (1 à 2 mm) 23 cas , irrégulière (2 à 4 mm) 7 cas, très irré-gulière (> 4 mm) 17 cas. Enfin, ont été mesurés le quotient radialRQ, l’angle CE, la distance articulation-trochanter ATD, lessignes de coxarthrose.Les résultats sont des comparaisons entre les constatations faitesà 34 ans de recul et à 50 ans de recul (tableau I). Sur la sérietotale, 2 patients sont décédés et 12 patients ont subi une PTH àun âge moyen de 53,8 ans. Vingt et un restent indolores, 8 modé-rément douloureux et 9 sévèrement. Deux utilisent une canne et11 marchent avec boiterie. Selon le score PMA, 23 excellents,8 très bons, 1 bon, 4 moyens et 2 mauvais. Les résultats de cha-que groupe classé selon Mose sont détaillés. La forme de la têteen fin de maturation apparaît comme déterminante sur la fonc-tion finale.Dans la discussion, l’auteur souligne la difficulté de ces révi-sions à long terme, en particulier pour retrouver les patients. Ilconsidère que malgré le nombre restreint de cas, cette étude con-firme que le pronostic à long terme reste raisonnable et conformeaux quelques publications du même type, qui sont citées en réfé-rence. L’âge de début de la maladie est un facteur important dupronostic lointain, car il est assez superposable à la déformationde la tête fémorale qui en définitive constitue l’élément pronosti-que principal, plus que le RQ, le CE ou l’ATD.Les signes radiologiques de coxarthrose débutante sont souventassez difficiles à repérer sur ces têtes fémorales plus ou moinsdéformées. L’arthrose commence souvent à la partie interne eton sait qu’elle est relativement mieux tolérée. Enfin et surtout, laparticularité de cette affection réside dans une relative adaptationdu cotyle à la déformation céphalique permettant la préservationd’une certaine congruence. En revanche, toutes les hanchesincongruentes sont vouées à l’arthrose entre 40 et 50 ans.

The long-term outcome of primary osteochondritis of the hip(legg-Calve-Perthes)

F. LECUIREJ Bone Joint Surg (Br), 2002, 84, 636-640.

Le fixateur monoplan permet de combiner au fémurredressement angulaire extemporané et allongement progressif

Les auteurs exposent leur expérience de la correction angulaireextemporanée suivie d’allongement des membres inférieurs avecun fixateur externe monolatéral de 1987 à 1996.Cette série concerne 41 enfants et 57 corrections réalisées avantl’âge de 19 ans (âge opératoire moyen : 12 ans). Les indicationsincluaient un nombre important d’affections (maladies osseusesconstitutionnelles, malformations….). La correction angulairemoyenne était de 23q. L’allongement moyen était 6,4 cm. Dansdeux tiers des cas, la correction était réalisée uniquement dans