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GRESEA Echos N°74 ODD 2050 Objectifs du développement durable

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Page 1: GRESEA Echos N°74 ODD 2050 Objectifs du développement durable
Page 2: GRESEA Echos N°74 ODD 2050 Objectifs du développement durable

N°74

Gresea échos N°74Trimestriel: Avril-Mai-Juin 2013Couverture: Donald SturbelleDessins: Jean-Louis LejeuneRéalisé avec le soutien de

Editeur responsable:Erik Rydberg, c/o GRESEA

Comité de rédaction:Erik Rydberg, Bruno Bauraind, RafCusters, Brahim lahouel, Romain Gelin.Relecture: Maria Clara Da SilvaMise en page: Nathalie Van VerreAbonnement:8 euros/4 numéros3 euros/numéroCB: 068-2464659-13IBAN: BE08-0682-4646-5913BIC (swift): GKCCBEBB

GRESEA asblGroupe de Recherche pour unestratégie économique alternativeRue Royale 11, B-1000 BruxellesTél. + 32 (0)2 219 70 76Fax + 32 (0)2 219 64 86Email: [email protected]: www.gresea.be

SOMMAIRE

ODD 2050/Objectifs dudéveloppement durable

Politique-"ction d’Erik Rydberg

Edito/Heure d’été on saute quelques décennies

L'entreprise et...

Le temps de travail

Le travail des enfants

La valeur des richesses produites

Les ressources naturelles

Le travail coopératif

L'indépendance économique

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Heure d'été, on sautequelques décennies!

Une fois n'est pas coutume: un Gresea échos féerique.

Le monde tel qu'il sera en 2050? On n'en sait rien. Autant, alors,rêver.

Sous cet angle, soit dit en passant, on est en bonne compagnie.Vient de sortir des presses, exercice obligé parmi tant d'autres,un petit ouvrage réunissant une série d'experts (l'aréopage encompte neuf, dont sept des États-Unis, c'est tout dire) publiésous le titre "Vivement 2050! Programme pour une économiedurable et soutenable"). Sans surprise, informe la recension dansL'Humanité (31 mai 2013), il n'y a là-dedans que très peu derêves: "les auteurs tombent dans une panne sèche intellectuelledès qu'il s'agit d'avancer des solutions" au rayon "pistes" pour la-dite économie "durable et soutenable". Un coup dans l'eau.

Mais, donc, exercice obligé. Car on approche à grands pas del'an 2015, terme Mxé quinze ans auparavant par les Nations uniespour atteindre les huit fameux Objectifs du millénaire pour ledéveloppement, dont celui, conçu pour frapper les esprits, deréduire de moitié la pauvreté dans le monde entier. Le bilan estplus que mitigé. A mi-parcours déjà, notait Robert Wade en2007, "la chute du nombre de gens en situation d'extrême pau-vreté depuis le début des années 1980 est entièrement à mettreau compte du recul de la pauvreté en Chine. Enlevez la Chine etvous avez un chiffre en augmentation." (Financial Times, 1er mai2007). Pas très encourageant...

D'où, sans doute, l'idée de franchement faire reculer l'échéanceau moyen d'un nouveau chiffre rond, joliment éloigné: vive2050! Là, on va voir ce qu'on va voir et c'est sûr, d'ici à là, tout irabeaucoup mieux.

C'est aussi ce à quoi s'échinent avec les meilleures intentions dumonde divers appareils (administrations publiques, think-tanks,ONG) convoqués pour faire une réussite de la 68ème assembléegénérale des Nations unies, en septembre 2013: accoucherd'une "dynamique post-2015" où OMD se verront remplacés(succédés, prolongés) par des ODD. Passer d'un sigle à l'autre.

Tourner la page des Objectifs du millénaire pour le développe-ment pour ouvrir celle, encore toute blanche, des Objectifs dedéveloppement durable. Les plus hardis annoncent un change-ment de "paradigme" et une refonte de la "gouvernance mon-diale" censés aller de pair avec une adhésion sans faille d'une"communauté internationale" que soudain plus rien ne divise-rait. L'approche est assez bureaucratique. Le maître-mot est celuid'indicateur. Tout un bottin d'indicateurs pour accompagner leprocessus. On distribuera bons et mauvais points. Bonnechance.

2050, d'évidence, ce n'est pas sérieux. Avec un horizon aussiéloigné, on peut inventer n'importe quoi. La Commission euro-péenne, en octobre 2006, inventait le spectre d'une Europe depetits vieux qui, en trop grand nombre, allait "tarir la croissance"en 2050, faute de réforme drastique du régime des pensions.Voilà à quoi sert 2050. Faire peur. Ou à l'inverse, c'est l'optionchoisie ici, faire rêver. Un autre monde, une autre économie,c'est possible. Mais pour cela, il faut changer de lunettes.

Le poète T.S. Eliot en était bien conscient qui, en 1939, écrivaitceci: "Nous sommes conscients que l'organisation de la sociétésur le principe du proMt privé, et celui de la destruction de lasphère publique, nous conduisent tous deux vers une déforma-tion de l'humanité par un industrialisme incontrôlé ainsi qu'àl'épuisement des ressources naturelles, et qu'une bonne part denos progrès matériels représentent des progrès que les généra-tions suivantes vont devoir payer chèrement." (Selected prose,1975). Il est peut-être temps d'y penser. Viser l'utopie...

Erik Rydberg

Gresea Echos N°74

Edito 01

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02

Un travail duraRéduction mondiale du temps de temps de travail

Données reprises dehttp://www.robertholcman.net/public/documents/35heures/35h1.pdf pour les années 1830 et 2012 (valeurs indicatives,elles ne concernaient que la France) et calculs propres pour2050 (sur la base de 46 semaines de 20 heures travaillées paran, auxquelles s'ajoutent congés payés, jours fériés et pausesformatives). Le temps de travail annualisé est en ordonnée.

Chiffres pour la France, reproduits par Jean Gadrey le 24mai 2013 sur son blog ( http://www.alternatives-eco-nomiques.fr/blogs/gadrey/ ) via des données du Gro-ningen Growth Center development, reprises par l’Insee.

Durée annuelle moyenne par actif ...

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Héloïse et Abélard travaillent en 2050 dans lamême boîte, elle, à Paris, lui, à Durban. C’estune histoire d’amour très secrète et intense,

mais il y a aussi le boulot et, là, c’est très simple,il n’y a aucun mystère. Ils travaillent 5 heures

par jour et 4 jours par semaine…

Gresea Echos N°74

03OODDDD 114444

Un travail dura blement décent

Depuis toujours, l'homme a cherché àperdre le moins de temps possible dansses activités productives. Pourquoi passerun jour entier, seul, à fabriquer une poi-gnée d'aiguilles à coudre alors que, ens'organisant un peu, il est possible, à dix,d'en produire 48.000 dans le même lapsde temps? L'exemple, célèbre, estd'AAddaamm SSmmiitthh et date de 1776. C'est cequ'on appelle "les gains de productivité".En rationalisant le travail (division destâches, coopération des travailleurs et au-tomatisation là où c'est utile et souhaita-ble), on peut gagner du temps. La pro-duction va "coûter" moins. Moins detemps. Et le temps, comme veut l'adage,c'est de l'argent. L'inverse, en réalité, estplus près de la vérité: l'argent, c'estd'abord du temps, les choses ne prennentde la valeur (monétaire) qu'à partir dumoment où elles ont nécessité des ef-forts durant une certaine durée sociale-ment déterminée. Ce qu'avait déjà biencompris Smith. Produire mieux (plus vitequ'avant) permet plusieurs choses entrelesquelles il faut choisir. Si deux travail-leurs arrivent à produire deux fois plusqu'auparavant, ils peuvent, pour unmême salaire, passer tous les deux à mi-temps; mais là, c'est dans le cas de figured'une usine sans patron car lorsqu'il y a

un patron, celui-ci peut tout aussi biensupprimer un des deux travailleurs (quiira au chômage) en laissant le secondcontinuer à plein temps – en gagnant toutjuste un peu plus car le reste du gain deproductivité ira rétribuer les "proprié-taires" (actionnaires, investisseurs, etc.).Dans une tribune publiée le 19 février2013 dans le journal financier Les Échos,l'économiste RRoobbeerrtt SSkkiiddeellsskkyy a très bienexprimé cela: "Si les machines permet-tent de diviser par deux le nombre d'em-plois, pourquoi ne pas conserver le mêmenombre de travailleurs tout en divisantpar deux leur temps de travail ? Pourquoine pas tirer avantage de l'automatisationen réduisant la semaine de travail de 40à 30 heures, puis à 20 et à 10, sans di-minution de salaire ? Cela serait envisa-geable si les gains dus à l'automatisationne bénéficiaient pas essentiellement auxriches et aux puissants mais étaient ré-partis équitablement." En 2013, il y après de quarante ans de cela, il est vraique cela paraissait un peu utopique etSkidelsky, lui-même, disait que pour met-tre en œuvre cette solution de bon sens,il faudra passer d'abord par "une révolu-tion dans notre manière de penser la so-ciété".

TTrraavvaaiill àà tteemmppss rréédduuiitt

Héloïse (28 ans, diplômée en Alter-économie)

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Fiche techniqueLa société anonyme coopérative Rig-veda (chiffre d'affaires annuel: environ372 milliards d'euro-roubles) emploieun peu plus de deux millions de travail-leurs répartis sur les cinq continents. Ilarrive souvent qu'ils changent de poste,comme le font les diplomates. C'est for-matif. Cinq ans à Kinshasa permettentde mieux comprendre la topographie,tout en gradins, de Montmartre, et demieux moduler la conception des mar-chandises qui sortent des lignes de pro-duction. Tout le monde ne veut pas lamême chose. Et les besoins aussi diffè-rent au point d'en être parfois artificielset nuisibles: gros boulot pour le dépar-tement du marketing qui va devoir ex-pliquer la suppression de ces produc-tions. On voyage par mal chez Rigveda,on y change aussi souvent de métier:faire corps avec l'équipe de nettoyagedécrasse utilement l'esprit lorsque, lemois suivant, il faut s'atteler à la comp-tabilité ou à la rédaction de la "newslet-ter" à destination des médias.

En 2050

■ Il y a du travail pour tout lemonde

■ Personne ne travaille plus de 20heures par semaine

■ Chacun et chacune selon ses capa-cités

■ Personne n'est au chômage

■ La distinction entre travail et loisirest perçue comme assez arbitraire

■ Travailler est gai

■ Ne pas travailler, aussi

■ L'économie, cette "triste science"(Keynes), n'a plus guère de pro-blèmes à résoudre

■ Les économistes ont été recyclés

■ Les experts ont disparu par extinc-tion naturelle

■ Dans les usines, on travaille lente-ment

■ C'est presque du travail artisanal

■ Les postes de direction sont élec-tifs et à tout moment révocables

Le maître-mot au tournant du millé-naire était "inclusif". Le développementdevait être durable (soutenable en an-glais, ce qui est plus exact), cela on lesavait depuis le SSoommmmeett ddee RRiioo en1992, mais donc, aussi, inclusif, c'estvenu par après. Aujourd'hui, en 2050,on peut en sourire. Inclusif fait telle-ment charitable, pendeloque desdames d'antan qui soulageaient leurconscience par des bonnes oeuvres: àceux et celles qui n'ont pas pris part augâteau, en donner un peu. A l'époque,c'était le chômage qui était terrible-ment inclusif. Cela affolait un peu l'OOrr--ggaanniissaattiioonn iinntteerrnnaattiioonnaallee dduu ttrraavvaaiill.Dans son rapport sur l'emploi en 2012,elle notait que "Le monde est confrontéau défi pressant de créer 600 millionsd'emplois au cours des dix prochainesannées pour pouvoir générer une crois-sance durable et préserver la cohésionsociale." (L'Humanité 31 janvier 2012).Pour qualifier cette mise au rebut d'une

grande partie de la population, l'éco-nomiste KKeeyynneess parlait de gâchis. Celarevient en effet à appauvrir délibéré-ment une nation. Non seulement cen'est pas très inclusif mais c'est un non-sens économique. D'évidence, on peutréfléchir à cela autrement. Cela prendparfois des formes souterraines: en2013, la LLoonnddoonn SScchhooooll ooff EEccoonnoommiiccsspubliait une étude faisant apparaîtreque, en France, les entreprises demoins de 50 employés étaient enclinesà limiter leur croissance (FinancialTimes, 11 février 2013) et, donc, àchercher d'autres critères de dévelop-pement. Autre signe, plus fracassant: lelancement par une centaine d'écono-mistes en Allemagne, au mois de jan-vier de cette même année, d'une péti-tion appelant à réduire radicalement letemps de travail à 30 heures par se-maine pour tous (www.labournet.de 21janvier 2013). Entre-temps, chez Abra-sax comme ailleurs, c'est 20 heures.

LL''OODDDD dduu tteemmppss ppaarrttaaggééLire ...

On a enfin édité en français les "Notes cri-tiques d'économie politique" d'Ernesto CheGuevara (Éditions Mille et une nuits, mai2012, 500 pages). Pour toute une jeunesse,de corps voire d'esprit, il a été et restera unsymbole. Mais il ne fut pas que le guérilleroromantisé par voie d'affiches, il a été, aussi,ministre cubain de l'Industrie. Du genre sé-rieux et visionnaire, cela va de pair. On le voitainsi, ici, préconiser de l'audace dans l'orga-nisation du travail: "notre plus beau souhait",dit-il le 10 août 1963, "serait d'avoir deux mil-lions de gens privés de travail grâce à l'auto-matisation des industries et que, sur ces deuxmillions, il se trouve un million de savants,même si l'autre million ne fait rien, c'est àcela que nous devons aspirer." Idem le 20 jan-vier 1962: "Il nous faut penser à la producti-vité comme un moyen de retirer des ouvriersde la production. Pourquoi? Pas pour s'en dé-barrasser, mais pour qu'ils aillent dans desécoles, qu'ils fassent des formations et pourqu'ils puissent occuper des postes de direc-tion". Limpide.

Abélard (27 ans, CV saccadé, philo, jardinage, pa-léontologie)

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La mise au travail des enfants est unphénomène qu'on associe en général àla naissance de l'industrialisme, au dix-neuvième siècle, lorsque femmes etenfants avaient l'avantage, pour les"capitaines" d'industrie, de représenterune main d'œuvre fort bon marché, do-cile et pour ainsi dire inépuisable: lafertilité de la classe ouvrière était àl'époque légendaire. L'enfant a cepen-dant été ouvriériste bien avant cela. Ilaidait au champ, gardait les chèvres,s'occupait de pépé et mémé, allaitchercher de l'eau au puits, etc., etc. Là-dessus, l'école. Comme Alfred Sauvy l'afait observer, "Les enfants à la cam-pagne ne travaillaient que par intermit-tence, bien moins qu’aujourd’hui àl’école. Les études sont un apprentis-sage, sans lequel la productivité desadultes ne serait pas ce qu’elle est.L’homme moderne travaille à partir de6 ans et même avant." (Mythologie de

notre temps, Editions Payot, 1965). Leproblème n'est donc pas tant le travaildes enfants, en soi, que les conditionsdans lesquelles il s'exerce. Là, c'est vraipour les petits comme pour les adultes.Régler ce problème pour les "grands"élimine d'office celui des petiots. Lapremière Déclaration internationale surles droits des enfants, conclue à Ge-nève, en 1924, ne déclarait-elle pasque les enfants devaient "être mis enposition de gagner leur existence etprotégés de toute forme d'exploita-tion". Ce qui fait problème, c'est cela,l'exploitation. En 2050, on a arrêté avecça.

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De leurs amours clandestins, Héloïse et Abélardont eu deux enfants. En 2050, ils ont huit (Fran-kie) et douze (Johnny) ans. Frankie est donc la

petite sœur de Johnny. Le matin, ils vont àl'école, l'après-midi, ils sont à l'usine. Là, à la ré-cré, ils tapent souvent la balle avec l'équipe de

foot de l'atelier.

Petits et grands,durablement

LL''eennffaannccee ddee ll''aarrtt

Toto et Papy discutent outillage

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Fiche technique Issu de la fusion (1922) entre John Le-wis Partnership, Jean Valjean & Cie et leCERN, le groupe Rigveda est naturelle-ment une entreprise "enfants admis".En feuilletant dans les vieux albums, lessources d'inspiration ne manquent pas,comme la cité-usine de Sarrelouis (Sol-vay, mode paternaliste), le complexesocio-minier de la Gécamines (Congo,modèle étatique) voire, plus lointaine-ment, le proto-kolkhoze New Lanark(modèle utopique) de Robert Owen, au18e siècle. Y court tel un fil rouge,l'idée d'un décloisonnement de la viesociale. Il n'y a pas de séparation netteentre travail, école, musée, biblio-thèque, terrain de sport, etc. Les envi-ronnementalistes en vantaient le prin-cipe sous le nom de mixité. Les sallesde ciné de Rigveda sont réputées dansle monde entier.

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Bien sûr, c'est loin aujourd'hui. Loin, lesObjectifs du millénaire pour le déve-loppement, qui s'attachaient tant à lascolarisation (l'alphabétisation, l'éveilmental) des enfants du monde. Loin,également, les campagnes de l'OOrrggaannii--ssaattiioonn iinntteerrnnaattiioonnaallee dduu ttrraavvaaiill qui, àcoups de conventions (n°5 de 1919,âge minimum dans l'industrie, n°138de 1973, idem, dans tous les secteurs,n°182 de 1999, contre les pires formesdu travail des enfants) cherchait à faireplier le droit international vers plus degentillesse envers les enfants. Al'époque, au tournant du millénaire, ilest vrai, on comptait encore dans lemonde quelque 8 millions d'enfants as-treints à des travaux extrêmement pé-nibles - et 170 millions d'enfants de 5à 17 ans obligés de gagner leur vie (etcelle de leurs parents) par un travail

pour le moins inadapté à leur constitu-tion physique fragile (voir graphique ci-contre). Entre-temps, on le sait, on abrûlé les étapes. La CChhaarrttee aaffrriiccaaiinnee ddeessddrrooiittss eett dduu bbiieenn--êêttrree ddeess eennffaannttss(1991) y a contribué, en stipulant, enson article 31a, que les enfants ont desresponsabilités, y compris la charged'assister les parents et les aînés enpériode de besoin. En 2050, tous lesenfants travaillent, tantôt à l'école, tan-tôt à l'usine, tantôt encore en rêvassantsous un pommier, comme le faisaitNewton: cela donne des idées, produc-tives, pas tout de suite, mais dans ladurée.

LL''OODDDD iinntteerr--ggéénnéérraattiioonnnneell

En 2050

■ L'obligation scolaire n'est plus undevoir mais un droit pour tous

■ Elle va de 7 à 77 ans (l'école dela vie)

■ L'important est de savoir lire etécrire

■ Calculer, c'est facultatif (tout lemonde n'est pas doué)

■ Dans toutes les classes, il y a untableau noir

■ C'est écologique (réutilisable)

■ Toutes les écoles ont une biblio-thèque

■ En classe, on discute ce qu'on aappris à l'usine

■ A l'usine, on discute ce qu'on aappris à l'école

■ De temps à autre, on essaie defaire la synthèse

■ Le jeu d'échecs est au programme

■ Les cours à caractère idéologiqueont été supprimés (morale, etc.)

■ En obtenir une maîtrise correctedes enseignants s'est avéré impossi-ble

■ Le sport reste un élément pédago-gique important

LLiirree......Sur la question des enfants et du travail, onne peut que chaleureusement recommanderl'ouvrage collectif "Contre le travail des en-fants? Points de vue du Sud", publié en 2009dans la collection Alternatives Sud et coéditépar Cetri et les éditions Syllepse. Les contri-butions de Michael Bourdillon, Manfred Liebelet Aurélie Leroy méritent particulièrement ledétour.

Une des meilleurs ventes de Rigveda: la bagnole tout-terrain (miniaturisée, aéropropulsée).

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Extrait de Un avenir sans travail des enfants, rapport global du directeur général, Conférence internationale du travail, 90e session, 2002, Genève.Au sommet de la pyramide, les enfants (8 millions) contraints à des conditions de travail inhumaines. Viennent ensuite: les enfants astreints à untravail dangereux (170 millions) et ceux qui, par leur âge (5-14 ans), n'ont pas vraiment leur place dans les chaînes de production (67 millions).Et puis, les autres, qui bénéRcient d'un travail acceptable (107 millions). C'était en 2002.

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Durablement soutenable

http://www.cestlepied.be/?inc=page&pageid=7

http://www.cndp.fr/stat-apprendre/insee/devdurable/mesure/13empecolodef.htm

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Une des grandes révolutions dans laconduite des entreprises a eu lieu surle plan comptable. Dans les années"zéro" (an 2000 et suivants), la grosseaffaire portait le nom barbare de"normes IRFS": "faillite intellectuelle"pour l'observateur avisé qu'était PPaauullFFaabbrraa ("Le capitalisme sans capital",2010), ce système imposé par l'Europeà l'ensemble de ses entreprises cotéesvisait à faire apparaître leur "juste va-leur" (fair value, en anglais) commeétant celle fixée au jour le jour par lesmarchés boursiers, donc dans le trèscourt terme et ce pour le plus grand bé-néfice des "investisseurs" (nom alorsusuel pour désigner les spéculateurs)qui achetaient et revendaient des en-treprises comme d'autres des billets deloterie. C'était d'évidence prendre desvessies pour des lanternes. La valeurd'une entreprise, ce ne sont pas les ri-chesses marchandes dont elle va ten-ter d'assurer la production, mais lesbienfaits au long cours - les valeursd'usage social - que ladite productionva mettre à disposition de la société.

Le tournant dans cette manière de voirdoit beaucoup aux travaux de MathisWackernagel et William Rees sur l'em-preinte écologique (publiés sous cenom en 1999), dont l'économiste SamirAmin ("La loi de la valeur mondialisée",2011) a dit à juste titre qu'ils ont"amorcé une réflexion majeure pour lapensée sociale radicale tournée vers laconstruction de l'avenir". En proposantde mesurer la "bio-capacité" des na-tions (la capacité de produire et repro-duire les conditions de vie sur la pla-nète) en termes "d'hectare-global" parhabitant (en abrégé hag), preuve a étéfaite, soulignait Samir Amin, "que la va-leur d'usage social peut faire l'objet decalculs parfaitement rationnels", et d'yinsister: "il s'agit là d'un calcul (je disbien calcul et non pas discours) tenu entermes de la valeur d'usage des res-sources de la planète illustré par leurmesure en hectares-globaux (hag), pasen dollars." Chez Rigveda, on necompte plus en dollars. Depuis long-temps.

Dans le groupe Rigveda, on joue la transpa-rence. Les comptes sont accessibles à tous, à l'in-

térieur comme à l'extérieur de la société. Enplus, les valeurs sont exprimées en termes de

besoins collectifs. L'architecture comptable estdonc assez savante. Héloïse, qui a un attache-

ment particulier pour les données chiffrées, enest très fière.

Durablement soutenable

VVeessssiieess eett llaanntteerrnneess

Là, on voit Héloïse. Elle vient de produire unbeau graphique. On va l'afficher au mur.

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FFiicchhee tteecchhnniiqquuee

Rigveda fabrique des panneaux solaireset des applications innovantes dans toutce qui touche à l'énergie. Sa lampe deplafond alimentée par le seul effet d'unmécanisme à cliquet tirant profit del'énergie gravitationnelle est bienconnue: il suffit de remplir et d'y pen-dre un sac contenant quinze kilos decailloux pour obtenir une demi-heure delumière gratuite. Il est aussi, c'est bienconnu, un concepteur important dansl'aéronautique solaire (les premiers pasremontent à juin 2013 lorsque Solar Im-pulse a franchi tout l'espace aérienétats-unien en 5 jours, vitesse de croi-sière: 72 kilomètres à l'heure, ainsi querenseigne aux archives un vieux nu-méro du International Herald Tribunedaté du 3 mai 2013). La production estévidemment décentralisée au maximumde manière à être au plus près de laclientèle.

En 2050, les objectifs de développe-ment durable sont de l'histoire an-cienne. A l'époque, en 2012-2013, onpouvait déjà constater des frémisse-ments annonciateurs d'une autreconception de la croissance et des ri-chesses qui lui servaient de mesure. Ausommet onusien "Rio + 20" qui s'esttenu en juin 2012, ainsi, le Programmedes Nations unies pour l'environne-ment (PNUE) a présenté un nouvel in-dicateur censé exprimer, selon l'institu-tion, "le véritable niveau de richessed'une nation et sa capacité à soutenirdurablement sa croissance". Appelé In-dice de richesse inclusive (InclusiveWealth Index, en anglais), il tourne ledos tant au Produit intérieur brut, basésur le court-terme, qu'à l'indice de dé-veloppement humain calculé à partir del'espérance de vie, du niveau d'éduca-

tion et du niveau de vie. Le piquant del'exercice est qu'il faisait apparaîtreque, bien que révisées fortement à labaisse, les performances de croissancedes vingt pays étudiés sur la base decet indice plaçaient un pays du Sud entête du classement, la Chine devançanttant l'Allemagne que la France, tandisque d'autres pays dits "émergents" fi-guraient dans le peloton de tête (LesÉchos, 19 juin 2012). Les efforts du Suddans l'innovation (investir dans lestechniques du futur) n'y étaient paspour rien: d'une étude réalisée en 2013par Accenture pour le compte de Busi-nessEurope, il ressortait ainsi que laChine allait "atteindre, voire dépasserl'Europe en matière d'innovation vers2023" (Financial Times, 16 mai 2013).

LL''OODDDD dduu PPIIBB vveerrtt

En 2050

■ On calcule très peu en argent

■ C'est plutôt: cela m'a pris combiende temps?

■ A moi et à tous les autres

■ On échange aussi beaucoup sans riendemander en échange

■ En fait, on ne chiffre plus beaucoup

■ On fait juste attention

■ On répare

■ On réutilise

■ On dépose en rue: cela peut toujoursservir à quelqu'un

■ Et puis il y a tellement de chosesdont on peut se passer

■ Et d'autres qui sont nécessaires

■ Un toit pour dormir

■ Du pain pour se nourrir

■ Des livres car l'école c'est pour la vie

LireSur la refonte de la comptabilité en ac-cordant la primauté à la valeur d'usagede ce qu'on décide collectivement deproduire, on lira avec fruit le condensédes écrits de Samir Amin publié sous letitre "L'Implosion du capitalisme contem-porain. Automne du capitalisme, prin-temps des peuples?" aux Éditions Delga,2012. Pour qui veut se replonger dansl'ancienne discussion sur l'empreinteécologique, se reporter à Mathis Wacker-nagel et William Rees, "Notre empreinteécologique", 1996, traduction en françaisaux éditions écosociété, Montréal, 1999.

En 2050, les spéculateurs (titres boursiers, produits "dérivés",actifs pourris) ont disparu. On en a momiRé l'un ou l'autre pourles musées.

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Dans leurs échanges enflammés, par courriers oulors de congrès, Héloïse et Abélard parlent sou-vent de matières premières rares. On dirait un

langage codé: Titane, Coltan, Cadmium, etc. Descadeaux de la Nature, comme au bon vieux

temps du pillage de l'hémisphère sud? Ce n'estplus le cas. Le bon sens a pris le dessus et, ce

qu'on dérange dans sa chambre, comme disaitmaman, il faut après remettre en place.

Au moment où les nations avaient à sefixer de nouveaux "objectifs de déve-loppement durable", en 2013, lemonde se portait au plus mal. Depuisdes années, déjà, des scientifiquesavaient mis en garde contre la surve-nance prochaine d'un pic pétrolier,c'est-à-dire le moment pivot où les ré-serves mondiales pétrolières allaientdécroître et, parallèlement, les prixs'envoler pour encore plus creuser lesinégalités entre la petite minorité quiaurait les moyens de faire le plein d'es-sence et tous les autres, "cloués ausol": pas de chance! Même chose avecles matières premières "rares", indis-pensables à toute la gamme des pro-duits de haute technologie: commeavec le pétrole, dont certains paysd'Afrique étaient devenus importateursnets après avoir tout pompé sans bé-

néfice pour les populations locales, cesmatières, localisées en majorité dansles pays du Sud, faisaient l'objet d'in-tenses stratégies d'accaparement dansles QG des transnationales de l'hémi-sphère nord. Il fallait à tout prix en as-surer l'approvisionnement et, donc, ladocilité des Etats concernés. O certes,en guise de feuille de vigne, on juraitses grands dieux que les revenus de cegentil pillage allaient - lutte contre lacorruption aidant - alimenter au Sud lescaisses des Etats fragiles et, par là, per-mettre de rendre moult services "so-ciaux" à la population, sauf celui d'uti-liser (voire, mieux, préserver) ces ma-tières pour leur propre développementfutur, bien sûr. Drôle d'époque...

NNaattuurree:: ddeessttrruuccttiioonn mmaassssiivvee

Durablementdurable…

Là, c'est le grand-père d'Abélard. Il bossait beaucoup. En pureperte. Tout le produit de son travail était capté par d'occultescircuits Rnanciers.

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Une des données centrales du dévelop-pement durable, enseignées par les ma-nuels scolaires au tournant du millénaire,consistait à insister sur une utilisationparcimonieuse des ressources, quellesqu'elles soient, matières premières nonrenouvelables, patrimoine tant culturel(les bibliothèques avec leurs livres, "ma-chines à décélérer" disait Régis Debray!)qu'architectural mais aussi, naturelle-ment, les êtres humains, qui doivent êtreprotégés d'une usure prématurée. Al'époque, paradoxalement, on assistait àun emballement de la machine écono-mique proche du paroxysme patholo-gique: toujours plus de voitures, toujoursplus de gadgets à obsolescence pro-grammée (temps de vie d'un GSM:moins d'un an), tous conçus pour ne paspouvoir être réparés, jetables aprèsusage. C'était plus sérieusement, commenotait Martin Wolf, jouer avec la vie de laTerre: à fermer les yeux sur le change-ment climatique provoqué par ce modèleéconomique insoutenable, "l'humanitése livre à une gigantesque et irréversibleexpérimentation climatique sur un habi-tat qui n'offre aucune formule de re-change (...) Il n'y aura nulle part où alleret aucun moyen de remettre d'aplomb le

système climatique de la planète." (Fi-nancial Times, 15 mai 2013). Bien sûr,des voix, déjà, s'en inquiétaient. Agauche, on commençait à parler d'éco-socialisme, et la jeunesse déboussoléeparlait de décroissance, d'antiproducti-visme, voire d'abstinence volontaire:tout mais pas ça! C'est cependant ducôté des vieilles théories de planificationéconomique qu'est venu le sursaut salu-taire. D'évidence, en effet, ce dont lemonde avait besoin, ce n'est pas moins,mais plus de croissance - envisagée au-trement, cela va de soi: une altercrois-sance, faire plus avec moins, en déve-loppant le potentiel d'épanouissementproductif de chacune et de chacun. C'estvenu de ce côté et grâce principalementaux syndicats des travailleurs et leurprise de contrôle des entreprises, éva-cuer tout le bois mort, le pouvoir parasi-taire de l'argent qui pourrissait tout. Uneentreprise existe pour répondre à desbesoins, elle n'a pas d'autre justification,et ces besoins, c'est la société qui doiten délibérer démocratiquement pour en-suite les déterminer et planifier - parci-monieusement - leur satisfaction au longterme.

LL''OODDDD dd''aalltteerrccrrooiissssaannccee

En 2050■ On ne fait plus que dans le renouve-lable (quasi)

■ Tout ce qui sert doit resservir

■ Ce qui ne sert à rien n'est plus pro-duit

■ L'objectif est de limiter sans cesse laproduction

■ En y mettant autant de temps qu'ilfaudra

■ La qualité plutôt que la quantité,donc

■ Chaque pays essaie au maximumd'être autosuffisant

■ Un système de gouvernance mon-diale y veille

■ Les journaux sont plein d'infos là-dessus

■ Telle usine par exemple qui a réussià réduire sa capacité

■ Tel musée qui a réussi à l'augmenter

■ Telle travailleuse qui a simplifié laconception d'une chaîne de vélo

LireOn se fera une assez bonne idée des défisauxquels se trouvait confronté le monde au-tour des "années zéro" en plongeant dansl'acte d'accusation pamphlétaire que YvesPaccalet a publié sous le titre peu équivoque"L'humanité disparaîtra, bon débarras!" (édi-tions Arthaud, 2013). Naturaliste, ancien com-pagnon de route du commandant Cousteau,Paccalet est un écologiste dont les carencesde culture générale théorique n'entachentguère la démonstration catastrophiste: le tourd'horizon est complet…

Fiche techniqueLa productivité, dans le groupe Rigveda,est assez fantastique. Tout produit quisort de ses lignes de fabrication estconçu pour durer – et pour être réparé,remis en service. Pour chacun d'eux, onpasse beaucoup de temps. On fignole,on démonte et on examine sous toutesles coutures, entre autres pour vérifierque le client puisse faire de même avecun simple tournevis. Beaucoup d'atten-tion, donc, aux modes d'emploi qui lesaccompagnent, tout un départementtravaille à cela, en faisant appel à desgraphistes, des poètes, des pensionnés,des insomniaques que l'inactivité dé-mange. Et puis, grâce à Internet, c'estle ballet incessant des suggestionsd'amélioration qui affluent au départe-ment technique, elles viennent de par-tout, des écoles, des ateliers d'écriture,des cellules de partis, des clubs de lec-ture publique, même parfois des cerclesd'ornithologie. Toute marchandise pro-duite par Rigveda a pris un temps foupour être fabriquée.

La pompe hydraulique portable de Rigveda est célèbre. Sa technologie avait été conçue au 17ème siècle.

Au tournant du mil-lénaire, on croyaitbeaucoup à la ba-gnole "hybride". Onla présentait commeécologique. Les ma-tériaux sophistiquésque sa productionnécessite ont, toutcomme avec lesagrocarburants, misen évidence les li-mites du projet. Auprix de quelles dé-vastations des sous-sols?

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Deux pyramides qui se passent de tout commentaire. Le secteur extractif, grâce aux politiques de concurrence libre et non faussée, comportait en 2007 quelque 4.100 compagnies minières, dont 149grandes – contrôlant à elles seules 83% de la production métallurgique.

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Soutenable ensemble

http://www.ecowalkthetalk.com/blog/2012/01/21/un-international-year-of-co-operatives-2012/

Sans doute, dans le mouvement coopératif, prend-t-on parfois ses désirs pour des réalités. A bien regarder ce schéma, un travailleur sur quatre, en Allemagne, netravaille pas chez ThyssenKrupp, ni chez Volkswagen, ni dans un programme de mini-jobs Hartz IV: il serait actif, et aurait un emploi, dans le secteur coopératif. Met-tons que c'est prospectif…

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Pour toute une série d'applications, le groupeRigveda fait appel à des "start-ups" de re-

cherche/développement. En 2050, elles sont en majorité constituées en

coopératives. Héloïse est déléguée syndicale auservice inter-entreprises et c'est donc logique-

ment un job pour elle.

Soutenable ensemble

En 2005, rappelait l'alter-économisteGeorge Monbiot, "les coopératives em-ploient mondialement plus de 100 mil-lions de travailleurs" (Guardian Weekly,22 avril 2005). C'était à l'occasion de ladébâcle en Grande-Bretagne du fabri-cant d'automobiles Rover (n°3 mondiallors de ses années glorieuses) et pourMonbiot comme une invite au com-mentaire assassin: "On a quelque peineà imaginer qu'une coopérative de tra-vailleurs puissent faire aussi désastreuxque les patrons de Rover." En effet. Lesplus grandes "catastrophes naturelles"dans le monde des entreprises étaientrarement le fait d'entreprises publiquesou de coopératives, mais bien de"champions" de la libre entreprise: En-ron, Fortis, CGER, Sabena, Pechiney, Ar-celorMittal, Glaverbel, Philips, la listeremplirait un bottin entier. Dans sa re-commendation n°193 qui invitait en2002 les gouvernements à promouvoirles coopératives, l'Organisation interna-tionale du travail (OIT) ne manquait pasde rappeler, pour sa part, que ce sec-

teur "représente globalement beau-coup plus d'emplois que toutes les mul-tinationales prises ensemble" (revueTravail, n°53, avril 2005). L'entrepriseautrement n'a rien d'impossible. Lameilleure preuve en est sans douteque, dans son tiré à part consacré à"L'audace dans le business" (Boldnessin Business, 21 mars 2013), le FinancialTimes y fait une belle place à la coo-pérative basque Mondagron: 94 usineshors des frontières, dont 13 en Chine.Son président, Txema Gisasola, situebien: "On nous demande parfois si no-tre structure coopérative ne nous dés-avantage pas. C'est tout le contraire.Les travailleurs de l'entreprise en sontles propriétaires: qui mieux qu'euxpourrait en défendre les intérêts? Ilsviennent au travail parce que c'est leurprojet." Le groupe Rigveda fonctionneexactement comme cela.

DDuurraabblleemmeenntt ccooooppéérraattiiff??

Ibrahim, le frère adoptif d'Abélard, a le don de transformertoute minorité en majorité. La force de la conviction. Produireensemble, ça change les mentalités.

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Le groupe Rigveda se présente d'or-dinaire comme une société anonymecoopérative de type parastatal F avecdes caractéristiques rétro-progres-sistes. C'est, du point juridique, unmixe. Historique, peut-on dire. Au fildu temps, le groupe a pris desformes nouvelles, conformes aux be-soins de la société, tout en préser-vant certains acquis du passé. La so-ciété anonyme, par exemple, dispo-sait d'une assemblée générale, oùchaque associé avait un droit de voteen fonction de sa capacité contribu-tive – un principe qu'il suffisait dedémocratiser un peu. L'idée coopéra-tive a quant à elle servi de phare.C'est sur cette base que le mouve-ment ouvrier s'était à l'origine orga-nisé: un laboratoire du futur. S'estajouté à cela la notion de service pu-blic car à quoi bon une entreprise sielle n'est pas au service de la collec-tivité toute entière. Mais c'est évolu-tif. Demain, en 2100, nul ne sait cequ'il en sera.

EEnn 22005500

■ On garde un bon souvenir de la révolu-tion de la sous-traitance■ Tout le monde, peu à peu, en était venuà travailler pour la même boîte■ Enfin, une poignée de très grosses boîtes■ La production, au plan mondial, était doncpresque totalement socialisée■ Tout était donc en place pour passer à uneauto-organisation■ Restait juste à recycler les éléments pa-rasites■ Les inutiles au sommet de la pyramide■ Cela s'est fait sans grands remous■ On en rit encore■ A l'atelier comme à l'école■ Dis papy, raconte encore une fois…

Peu après le tournant du millénaire, on aassisté à un foisonnement de théories etd'expériences tournant autour de la no-tion d'un salaire dit garanti, universel, in-conditionnel, voire vital. En mai 2013, n° 710, le Monde diplomatique y aconsacré tout un dossier. Il y avait desprojets en Afrique du Sud, au Brésil, auCanada, en Inde, en Namibie et mêmeen Suisse. L'idée de base, témoignantd'un "changement de paradigme" plutôtradical, consistait à découpler le revenudes gens du travail salarié. Selon ses pro-moteurs, cela n'avait rien d'utopique.Comme signalaient deux d'entre euxdans leur film "Le revenu de base"(2008), les cinéastes Daniel Häni et EnnoSchmidt, le revenu de la population alle-mande, à l'époque, ne provenait "direc-tement du travail qu'à hauteur de 41%"- le reste: allocations familiales, indem-nités de chômage, pensions, bourses,subsides de toutes sortes. Dit autrement,dans son évolution vers des systèmes deproduction de plus en plus socialisés, lecapitalisme, avec ses sociétés transna-tionales sans cesse plus globales, ouvrait

la porte à une socialisation de plus en enpoussée du système salarial, englobantune masse toujours plus grande de "col-laborateurs" rétribués externes (fonction-naires, artistes, chômeurs, étudiants,etc.). Donc, découplage. Cette évolution(des choses et des esprits) faisait natu-rellement écho à une des grandes re-vendications du mouvement ouvrier:l'abolition du salariat. Si un nombre tou-jours plus grand peut vivre sans en dé-pendre directement, pourquoi ne pas al-ler jusqu'au bout du raisonnement? Pour-quoi lier les travailleurs à un salaire alorsque d'autres revenus - 41% en Alle-magne - sont "découplés"? Pour franchirle pas, et en 2050 ce sera chose faitedepuis longtemps, il a fallu "découpler"à fond, c'est-à-dire découpler (socialiser)la propriété des systèmes productifs enles transférant à la société toute entière.Là, il devenait possible de penser sé-rieusement à la question. Produire quoi,comment, quand, par qui et pourquoi?Cela ne s'est pas fait en un jour.

LL''OODDDD dduu ssaallaaiirree ssoocciiaalliisséé

Il reste des banques en 2050? Oui et non. Le principe demeuremais il n'en reste plus qu'une. Elle est publique. Avec desagences partout.

LLiirree

Sur le sujet, on se reportera utilementaux ouvrages ayant trait à l'histoire dumouvement ouvrier. On les trouve danstoutes les bonnes bouquineries (préférerles publications antérieures à 1980, parexemple chez Maspero). On recommen-dera aussi la petite brochure de 68pages, due à Marcel Bartholomi, éditéeen 2013 par l'Institut de développementeuropéen de l'économie sociale(www.ideesasbl.be) sous le titre "Pourune alternative de gauche". Elle a valeurd'étincelle.

Fiche tecnique

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C'est fait pour durer…

Héloïse, quand elle a un rhume, se rend au ser-vice médical. C'est au rez-de-chaussée. C'est au

fond du couloir, juste à côté de l'école, elle peutpousser la porte et dire atchoum. L'autre porte,ce sont les archives qui font office également de

bibliothèque.Les enfants et les ouvriers adorent.

A Yalta et déjà un peu auparavant, lesvainqueurs de la Seconde Guerre mon-diale se sont partagés le monde,c'était, depuis le congrès de Vienne(1885) et le Traité de Versailles (1919),une habitude. On redessine les cartesd'états-majors: autant pour l'un, autantpour l'autre, donc à deux, car il n'yavait alors que deux grands blocs, deuxtypes de régime économique. Plus prèsde nous, lorsqu'il ne restait qu'un"bloc", cela a pris d'autres formes, plussubtiles, passant parfois sous le nom de"néocolonialisme". On ne s'empareplus d'un pays entier, on procède parenclaves. Avec, aux manettes cette fois,les sociétés transnationales. Une abon-dante statistique rendait compte decela. C'est l'explosion de ce qu'on ap-pelait alors les "investissements directsà l'étranger" (IDE), une manière deprendre possession d'entreprises dansd'autres pays, voire de les éliminer parcréation de filiales concurrentes. En1982, ainsi, ces IDE ne représentaientencore que 5,1% du PIB mondial. En2005, ils atteindront 27,4% et, en 2009,

34,5%, plus du tiers (Alternatives éco-nomiques, hors série n°93, 3ème tri-mestre 2012). Ce n'était pas sansconséquence sur la capacité des paysde mener une politique industrielleconforme à leurs voeux. En 1998, déjà,on notait un contrôle des transnatio-nales sur "environ 75% du commerceinternational en biens manufacturés,dont plus d'un tiers entre filiales, et sur75% de toute la recherche/développe-ment de la zone OCDE" (Ha-JoonChang, in Kozul-Wright, Richard & Ro-bert Rowthorn (ed.) "Transnational cor-porations & the global economy", Wi-der, 1998). Il en résultait, pour la Ré-gion wallonne, en 2010, qu'un emploiindustriel sur quatre dépendait d'unIDE, donc d'une production déterritoria-lisée dont le centre de commandementest à l'étranger - idem pour les deuxtiers des exportations wallonnes et prèsdes quatre cinquièmes de la re-cherche/développement (FinancialTimes, 16 novembre 2010). Difficile,dans ces conditions, d'opérer des choixéconomiques démocratiques.

YYaallttaa iinn mmeemmoorriiaamm

Là on voit à nouveau Ibrahim. Il vient de passer un dealavec Bob. Fourniture d'une usine clé-sur-porte en Floride(USA).

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"Policy space"? Cela fait assez vaisseauspatial. C'est le terme anglais (littérale-ment: latitude de choix politiques) ut-lisé dans les années zéro pour désignerla marge de manoeuvre dont disposaitun État pour opérer des choix de déve-loppement au regard des contraintesextérieures qui s'exerçaient sur lui, leplus souvent dictées par les plus puis-sants d'entre eux au travers d'agencesspécialisées à cet effet (Banque mon-diale et Fonds monétaire internationalfiguraient à l'époque parmi les plus re-doutables) ou par ce qu'on désignaitalors par les "marchés" (les grandesbanques, essentiellement). Lorsqu'ils'est agi d'imaginer les fameux objec-tifs du développement durable, en2013, les pays du Sud y ont très logi-quement donné la priorité: non sur lapoursuite de la "lutte contre la pau-vreté" comme souhaitaient le bloc despays occidentaux, mais sur le "droit audéveloppement" et, dans un mêmesouffle, sur ladite "policy space" (ThirdWorld Economics, TWN, n°542, 1er avril2013). C'est que les deux vont de pair:plus ténue est la marge de manoeuvrepolitique d'une nation, plus faible serason droit économique à se développer.Voilà qui supposait de pouvoir négocierà armes égales avec les puissants de ce

monde et, particulièrement, avec lessociétés transnationales qui opèrent, oùqu'elles soient, comme en territoireconquis. En 2006, le patron d'IBM, SamPalmisano s'en était bien rendu comptelorsque, qualifiant les transnationalesde "sociétés coloniales", il les abjurait"d'abandonner l'approche quasi colo-niale vis-à-vis de leurs opérations àl'étranger", par exemple "en construi-sant des usines en Europe et en Asietout en gardant l'ensemble de la re-cherche/développement aux États-Unis" (Financial Times, 12 juin 2006).Naturellement, ce n'était pas tant l'ar-rogance morale de l'attitude, en soi, quigênait Palmisano que ses retombéessociales risquant d'alimenter, ouvrez lesguillemets: les courants "antimondia-listes" et "l'élection de gouvernementshostiles aux intérêts du big business".C'est de l'histoire ancienne. La "policyspace" est désormais chose entendue.C'est venu par la force des choses:l'avènement d'un "monde multipo-laire" comme on disait alors, où chaquepays, chaque peuple décide des voieset moyens de son développement surla base de sa propre histoire. Le groupeRigveda, présent partout et partout dif-férent, en est un des fleurons.

LL''OODDDD ddee ""ppoolliiccyy ssppaaccee""

Fiche technique:

Présent dans le monde entier, le groupeRigveda dispose de cette force-là. Lescultures de tous les pays soutiennentson activité. On échange expériences etdevises, lettres et idéogrammes,pommes de pin et cailloux. Fruit d'uncompromis historique global, sa struc-ture de propriété est tellement savanteque plus personne ne s'y retrouve, nine s'en préoccupe. Là n'est pas l'impor-tant. L'important est que chacune etchacun puissent travailler et s'épanouirdans un faire ensemble. Chez Rigveda,c'est le plein emploi réalisé, on engagetous les jours.

En 2050■ Plus aucun pays n'en domine un au-tre

■ Le monde n'est plus un village

■ Il est fait de peuples et de pays

■ La même entreprise est différentepartout

■ Pour la comptabilité, c'est un casse-tête

■ Mais elle aime cela (tout ce qui estcompliqué)

■ Les Nations unies fonctionnent

■ FMI, Banque mondiale et OCDE ontdisparu

■ On ne dit plus consensus de Wash-ington, mais de Durban

■ Mais il y a aussi le consensus de Ca-racas

■ Et celui de Beijing, de Leningrad etde Madras

■ Plus il y a de consensus, mieux c'est

LireLire: "L'ouverture aux échanges internatio-naux", écrit l'alter-économiste françaisJacques Généreux, "est une excellente chose,dans la seule mesure où elle se fait dans l'in-térêt commun des peuples concernés". Celase trouve, page 99, dans son livre "La GrandeRégression", republié (2011) en poche pascher dans la collection "Points Essais" des édi-tions du Seuil. Sans suivre l'auteur en tout, ona là un bon condensé de tout ce qui affligeaitle monde au tournant du millénaire. Vieuxtout cela, d'accord, mais on n'a pas encoretrouvé autre chose que le passé sur quoi bâ-tir.

Abélard et Ibrahim discutent d'un nouveau jouet hy-bride. Il ne sert strictement à rien. Mais les enfants ado-rent.

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La vague IDE. Ce qu'on ravissait avant par les armes, on les achète. C'est en même temps l'image de la socialisation internationale de l'économie.

La vague fait Sèche

PPrréévviissiioonnss

FFlluuxx eennttrraannttss ddeess iinnvveessttiisssseemmeennttss ddiirreeccttss ééttrraannggeerrss

Amérique latine et CaraïbesAsieMoyen Orient et Afrique du NordEurope Centrale et de l’EstCommonwealthAfrique subsaharienne

Source: CNUCED

Total des investissements directs étrangers entrants et sortants, 1970-1998

Total sortantsTotal entrants

Source: FMI

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LLeess mmoonnddeess dduu ttrraavvaaiill,, TTrraavvaaiill eett aaccttiioonn ccooll--lleeccttiivvee eenn tteemmppss ddee ccrriissee,, nnuumméérroo 1122,, nnoouu--vveellllee sséérriiee,, NNoovveemmbbrree 22001122,, 115555 ppaaggeess,, 1155€€..

Si, comme le signale le projet éditorial de larevue « Les mondes du travail », dans notremonde en crise, la centralité du travail resteincontestable, celle de l’emploi est par contrefortement contestée en Europe. Quel est l’im-pact de la crise et des « réformes » qui l’ac-compagnent sur les relations collectives detravail tant au niveau des secteurs d’activitéque des systèmes nationaux de concertationsociale ? Des salariés de l’aéronautique au «miracle allemand », en passant par les diffé-rentes politiques nationales de réformes dumarché du travail, voici le paysage auquel cenuméro tente d’apporter une grille de lecture.A sa lecture, un premier constat s’impose.L’Europe, en tant qu’espace social et politiquedifférencié, ne peut s’offrir un remède com-mun à la crise actuelle. Par contre, s’il y a bienun élément qui traverse les différentes contri-butions de ce numéro, c’est celui de la tem-poralité. Si la crise bancaire a bien éclaté à lami-2007 aux États-Unis, nos systèmes de re-lations collectives sont précarisés depuis plu-sieurs décennies sous les coups de butoir de« réformes» successives. (B.B.)

IIaannnniiss GGrraaccooss,, GGrrèèvveess eett ccoonnfflliiccttuuaalliittéé ssoocciiaalleeeenn 22001122 ((TToommeess 11 eett 22)),, BBrruuxxeelllleess,, CCrriisspp,, CCoouurr--rriieerr hheebbddoommaaddaaiirree nn°°22117722--22117733,, 22001133,,1122,,4400€€..

Le Gracos, pour Groupe d’analyse des conflitssociaux, rassemble chaque année des cher-cheurs spécialistes du syndicalisme et de laconflictualité sociale pour faire le point surl’année sociale écoulée en Belgique. Grève in-terprofessionnelle, conflits d’entreprise et,cette année, action européenne, cette étudeen deux tomes publiée au Crisp passe en re-vue l’état des relations socio-professionnellesdans un contexte marqué par la crise bancaireet économique. Le premier trimestre 2012,comme l’année 2011, a vu le nombre de joursde grèves augmenté par rapport aux der-nières années. Un chiffre qui reste cependantbien en deça des jours de grèves comptabili-sés à l’époque du plan global de Dehaene en1993 ou du pacte des générations du gou-vernement Verhofstadt. Si, sur le cours terme,l’augmentation peut s’expliquer par les ré-formes dans le secteur public et les nom-breuses restructurations dans les entreprisesprivées. Sur une plus longue période, l’éro-sion du recours à la grève peut autant poserla question de la force de mobilisation des or-ganisations syndicales belges ou, a contrario,de la capacité de nos institutions à désamor-cer les conflits sociaux… (B.B.)

LLeess ppaarraaddiiss ffiissccaauuxx:: eennqquuêêttee ssuurr lleess rraavvaaggeessddee llaa ffiinnaannccee nnééoolliibbéérraallee// NNiicchhoollaass SShhaaxxssoonn;;EEdd.. AAnnddrréé VVeerrssaaiilllleess,, 22001133;; 444455 pp.. ((1199..9900 €€--ddiissppoonniibbllee aauupprrèèss dduu GGRRIIPP wwwwww..ggrriipp..bbee))

Qui dit paradis fiscal, s'imagine un havre depaix, une île idyllique bordée de palmiers aumilieu de l'océan… Rien de tout cela! Selonla définition de l'auteur, un paradis fiscal estun "lieu qui propose d'attirer les activités éco-nomiques en offrant à des particuliers ou àdes entités un cadre politiquement stable per-mettant de contourner les règles, les lois etles réglementations édictées dans d'autrespays". Leur but est dès lors d'attirer des capi-taux étrangers. On est bien loin du systèmede Bretton-Woods, né après la seconde guerremondiale, qui portait au pinacle une financebien régulée et transparente. Selon une étuderéalisée en 2012 par le réseau Tax Justice Net-work, "les actifs financiers de particuliers dis-simulés dans les paradis fiscaux atteindraient17.000 milliards d'euros", chiffre vraisembla-blement sous-évalué (on parlerait plutôt de26.000 milliards)…

L'ouvrage composé de 13 chapitres, va dé-voiler "les mécanismes, les abus et la corrup-tion qui se trouvent au cœur du système desparadis fiscaux et la façon dont ceux-ci com-promettent gravement nos démocraties"…Les paradis fiscaux, ce ne sont pas les îlesexotiques mais la Grande-Bretagne, les Etats-Unis. Les principaux bénéficiaires ne sont pasdes trafiquants de drogue, des terroristesmais des multinationales et les banques.

L'endettement des pays pauvres, la liquida-tion de l'Etat-Providence dans les pays richeset la crise financière sont intimement liés ausystème off-shore. Un livre à lire pour com-prendre les raisons cachées de la crise mon-diale. (M.F.)

AA lliirree