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« « « guérir guérir guérir guérir » » » Mais Mais Mais Mais de la Peur de Mourir ? de la Peur de Mourir ? de la Peur de Mourir ? de la Peur de Mourir ? Éric Dudoit, Psychologue clinicien. Docteur en psychologie clinique et psychopathologie. Responsable de l’Unité de Psycho-oncologie. Service d’Oncologie Médicale, CHU, Timone Marseille.

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de la Peur de Mourir ?de la Peur de Mourir ?de la Peur de Mourir ?de la Peur de Mourir ?

Éric Dudoit, Psychologue clinicien.Docteur en psychologie clinique et psychopathologie. Responsable de l’Unité de Psycho-oncologie. Service d’Oncologie Médicale, CHU, Timone Marseille.

LA PEUR � f. Crainte, frayeur, émotion pénible produite

par l'idée ou la vue d'un danger.

� Avoir peur. Il eut grand-peur. Il eut une belle peur. Faire peur à quelqu'un. Je lui en ai fait la peur. Il lui fit peur des suites qu'aurait son action. Il n'en a eu que la peur. Quitte pour la peur. Il a eu plus de peur que de mal. La peur de la mort. Il a peur de tout. Il n'a peur de rien. C'est un homme qui ne connaît pas la peur. Les anciens avaient élevé des autels à la Peur. Source: Dictionnaire de l'Académie française, 8e édition.

COMMENT SE NOMME LA PEUR DE...COMMENT SE NOMME LA PEUR DE...COMMENT SE NOMME LA PEUR DE...COMMENT SE NOMME LA PEUR DE... ????

� Des chiens - la cynophobieDes chevaux - l'hippophobie

Des souris - la musophobieDes oiseaux - l'ornithophobie

Des chats - l'ailourophobieDes araignées - l'arachnophobie

Des microbes - la microbiophobieDes hauteurs - l'acrophobie

De l'avion - l'aérodromophobieDe l'eau - l'hydrophobie

Du feu - la pyrophobieDe l'obscurité - la kénophobie

Des éclairs - l'astrapéphobieespaces fermés - la claustrophobie

Du vide - la clinophobieDu sang - l'hématophobie

De la salelé - la rupophobie

Stimulii

� Il y a la première nature de l’origine de la peur:

� Les perceptions sensorielles…

La peur acquise� Il y a la deuxième nature de l’origine de la peur : la peur acquise.

� ce sont des représentations sensorielles d’odeurs, d’images... Qui vont être associé au danger, puis mémorisé, et quand il y a re-perception cet objet ou un objet analogue...c’est la peur qui revient.

Le problème, avec l’humain, c’est qu’il a une imagination débordante...

� Nous, humains, vivons assez peu dans le monde des perceptions, et énormément dans le monde des représentations.

� Ce qui nous fait peur, c’est donc l’idée que nous nous faisons des choses bien plus que la perception que nous en avons.

� Nos peurs sont pratiquement les productions de notre propre esprit.

La mort est le prototype de l’angoisse parfaite

� Typiquement humain…

� Dans l’angoisse, il n’y a pas d’image.

� L’angoisse, c’est le vide

� La mort étant le prototype de l’angoisse parfaite…le néant, le non-être…

Symboliser� Plus les enfants vieillissent plus ils

s’imaginent des peurs.

� Très tôt l’humain se représente des choses qu’il ne perçoit pas Donc, il commence à symboliser…

� La symbolisation vient donc étonnamment tôt, bien avant la parole.

� Les Objets qui font du bien….

Fonction de la peur, dans les sociétés traditionnelles, les rites de passage lui sont très souvent liés ?

� La fonction est surtout liée à la victoire sur la peur.

� Il y a par exemple des rites qui sont des rites d’intégrations…

� Ou de passages…

La peur étant “aussi” une sensation, peut-elle procurer du plaisir, donner du goût à la vie ?

� L’enfant qui joue avec son père à “je vais t’attraper” et hurle autant de plaisir que de peur. Beaucoup de jeux d’enfants sont des jeux avec la peur.

� Et ces jeux ont une fonction d’éveil, mais aussi une fonction d’érotisation et d’identité, ce qui explique les jeux dangereux des adolescents

� La peur a donc une fonction constructive dans l’identité. Elle est nécessaire !

� Peur et danger ne sont pas forcément la même chose !

La peur et l’angoisse un moteur dans le développement des civilisations ?

� Pour la technique, pour l’art et pour le mythe !

� La peur est donc, peut être, à l’origine de ces inventions techniques...

� L’angoisse, elle, est très certainement à l’origine de la création artistique.

� Les premières créations humaines que l’on connaît, ce sont les sépultures...et toute cette mise en scène avait sens.

� D’où l’immense intérêt des E.M.I

« Traumatisme du non-être »� Des théologiens comme Paul Tillich et des

psychanalystes comme Sigmund Freud ontd é c r i t c e g e n r e d ’ a n x i é t é c o m m e l e« traumatisme du non-être ». C'est-à-dire qu’unêtre humain arrive à un moment où il se rendcompte qu’il existe la possibilité de cesserd’exister (mourir). Il développe par la suite uneanxiété envers la réalité et l’existence. D’aprèsTillich et Freud, la religion ( nous dirionsspiritualité) devient donc un mécanismeimportant pour faire face à ce type d’anxiété,puisque bien des religions définissent la mortcomme une continuation éternelle et divine dela vie sur terre, au lieu de la fin complète del ’ e x i s t e n c e .

un sens de la vie

� Selon Viktor Frankl, auteur du livre Man’s Search for Meaning,

� En face du danger mortel Il faut rechercher un sens de la vie pour combattre ce «traumatisme du non-être» à l’approche de la mort, lorsque la tentation d’y succomber (même par le suicide) est très forte.

La Mort du point de vue du Médecin ?

Du point de vue du Patient ?

Du point de vue du Psy !ARRRGH !!!!

En situation de Vouloir le bien pour autrui ?

� On voit très bien ce que c'est que faire le bien et pourquoi ça mène au pire.

� À chaque fois que vous voulez faire souffrir votre enfant, modérément, quand vous voulez lui faire une piqûre, vous dites : « Mais c'est pour ton bien ! ». Quand on dit :« C'est pour ton bien », c'est qu'on va faire un truc qui va faire mal, en général.

Est-ce assez important ?� « Qui suis-je ? D’où est-ce

que je viens ? Pourquoi suis-je né ici et maintenant ? Quelle sera ma vie ? Quelle sera ma fin ? ».

� « Qui suis-je ? Serais-je quelqu’un dans ma vie ? Ferais-je quelque chose de ma vie ? Ne serais-je rien ? Un, singulier et visible ou aucun, pluriel et anonyme ? ».

« Moi la vMoi la vMoi la vMoi la véritritritrité, je parle, je parle, je parle, je parle »… « je suis celui qui je suisje suis celui qui je suisje suis celui qui je suisje suis celui qui je suis »

� C’est avec cette phrase de Goethe, (empruntée à Lacan), que je dirai le ressort de l’expérience de la clinique, avec ces mots bien connus qu’il a prononcés avant de s’enfoncer, les yeux ouverts, dans le trou noir –Mehr Licht ! ( « Plus de lumière ! »).

Lacan, Le mythe individuel du névrosé, p.50, Seuil.

Pourquoi ?

Alors… Logos ou/et Dabar� Wittgenstein, Tractatus, Logico-

philosophicus, p.112, proposition 7 :

« Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence ».

� Mais ce silence peut être brisé par un autre type de discours, par Wittgenstein lui-même, qui n'a cessé en effet de parler... Et le Tractatus devient ainsi une sorte d'îlot fermé dans une mer de discours.

Le Travail du deuil de Soi : une initiation psychique…Le Travail du deuil de Soi : une initiation psychique…Le Travail du deuil de Soi : une initiation psychique…Le Travail du deuil de Soi : une initiation psychique…La Kénose !La Kénose !La Kénose !La Kénose !

� L’anthropologie a-substantielle des « Mystiques ».

.

� La parole est une parole en réponse, « La parole s’inscrit dans la fonction de reconnaissance.On parle pour un autre sujet. ».

Lacan,Symbole et fonction religieuse, p.97, Seuil.

L’expérience ?

� « Il ne faudrait pas beaucoup me pousser pour me faire dire que ce qui fait médiation dans l’expérience analytique réelle, c’est quelque chose de l’ordre de la parole et du symbole, et qui s’appelle dans un autre langage un acte de foi ». J. Lacan, Le mythe individuel du névrosé, p.49, Seuil.

Le savoir est toujours d'un côté, et le sujet de l'autre.

� Le rapport du sujet et du savoir estun rapport complexe.

� Une position épistémique particulière: la vérité parle toute seule, dit à unmoment Lacan. La vérité parle sanssujet.

� La vérité, ce n’est pas un contenu ; la

vérité, c'est un lieu.

« Je m’attendais alors à ce qu’il nous livre

le mystère du début de l’Évangile selon Saint Jean, qu’il nous dise

où était

le verbe et qu’il nous aide à comprendre comment il était

devenu chair. »

W.R. Bion, Séminaire italien.

« Autant que je puisse en juger, le seul but de l’existence humaine est d’allumer une lumière dans l’obscurité de l’être ».

C. G. JUNG.

Le Le Le Le désirdésirdésirdésir de l'Autrede l'Autrede l'Autrede l'Autre

� « Ce dont le sujet est dans l'angoisse affecté, c'est vous ai-je dit, par le désir de l'Autre. Il en est affecté d'une façon que nous devons dire immédiate, non dialectisable et c'est en ceci que l'angoisse est, dans l'affect du sujet, ce qui ne trompe pas ».

Apocalypse.Apocalypse.Apocalypse.Apocalypse.La révélation…La révélation…La révélation…La révélation…

� Nous sommes bien plus du côté d’une révélation que porte le sujet à lui-même : il est mortel, il est troué dans son être même.

� Cette histoire-là de trou, de néant, est au sein de la constitution humaine.

� De telle sorte que la marque du « cancéreux » est, ce que toute sa vie il a voulu oublier, en allant de fantasme en fantasme, de désir en désir : le fait qu’il soit mortel.

L’expérience de la Mort…L’expérience de la Mort…L’expérience de la Mort…L’expérience de la Mort…

« Le sujet a toujours ainsi une relation anticipée à sa propre réalisation, qui le rejette lui-même sur le plan d’une profonde insuffisance, et témoigne chez lui d’une fêlure, d’un déchirement originel, d’une déréliction pour reprendre le terme Heideggerien. C’est en quoi, dans toutes ses relations imaginaires, c’est une expérience de la mort qui se manifeste. Expérience sans doute constitutive de toutes les manifestations de la condition humaine, mais qui apparaît tout spécialement dans le vécu du névrosé. »

Lacan, Le mythe individuel du névrosé, p.46, Seuil.

Cette angoisse est le chemin Cette angoisse est le chemin Cette angoisse est le chemin Cette angoisse est le chemin structurant.structurant.structurant.structurant.

� A nous de comprendre que cette angoisse est le chemin structurant, que cette angoisse est nécessaire, qu’elle témoignage d’une vérité fondamentale, qu’elle n’est pas à rejeter ou à balayer d’un simple revers et qu’elle n’est pas un symptôme de plus à traiter.

� Lorsque la souffrance est, elle réveille bien ce désir du grand Autre, elle témoigne bien, ce coup-ci dans notre corps, de manque et cela, sans qu’il soit possible d’en imaginer la fin ; elle appelle l’Autre de toutes ses forces en nous.

Le trou de l’être…Le trou de l’être…Le trou de l’être…Le trou de l’être…

� La faille (étymologiquement le « manque »), ou le défaut (le défaut est le fait que quelque chose manque) qui fait l’humain, rend bien cette idée que nous venons de voir thématisée comme « question de la déficience humaine ».

� L’image de la faille entraîne une autre conséquence : l’humain est divisé par la faille, fissure ou cassure.

« Occupe-toi de ton âme ».� Ca fonctionne comme un ordre

du dedans, comme si à l’intérieur d’un tel sujet, Socrate lui-même envoyait un signal, un : « Occupe-toi de ton âme », « Occupe-toi de ton âme et occupe-toi de cet objet que tu poursuis, ce n’est que ton image ».

La voix (voie) de cet AutreLa voix (voie) de cet AutreLa voix (voie) de cet AutreLa voix (voie) de cet Autre

� Ce faisant, il se mettra en quête de la voix de cet Autre, se demandant si l’Autre est le lieu où ça parle. C’est ça, me semble-t-il, qui va l’animer et c’est en ce sens qu’il est essentiel que les thérapeutes puissent s’occuper de cette question. Les patients sont pétris de ce fait.

Où trouver la voix du grand Autre ?Où trouver la voix du grand Autre ?Où trouver la voix du grand Autre ?Où trouver la voix du grand Autre ?

� On peut la chercher dans les livres, dans les philosophies, là où certains disent qu’elle se trouve quand Dieu a parlé aux hommes au travers des textes religieux, mais là encore, ça achoppe. Ça achoppe car cela ne suffit pas, Ça ne parle pas !

� Méditer….

Le Le Le Le sumbolonsumbolonsumbolonsumbolon, entre êtres qui parlent, , entre êtres qui parlent, , entre êtres qui parlent, , entre êtres qui parlent, est la parole même.est la parole même.est la parole même.est la parole même.

� Le symbole est toujours symbole d’une absence.

� Le symbole surgit du pari, car celui-ci consiste à se formuler un problème sous forme d’alternative (est-ce que cela va être ça ou pas ?) et donc à admettre la possibilité de la perte.

� Le désir est à prendre à la lettre. C’est à partir de cette écoute inédite d’un patient, que ce dernier est délivré de la croyance au destin, et cela lui donne la possibilité de changer lui-même le cours de son existence.

Mais l’Autre ne saurait être confondu avec le Mais l’Autre ne saurait être confondu avec le Mais l’Autre ne saurait être confondu avec le Mais l’Autre ne saurait être confondu avec le sujet qui parle au lieu de l’Autre.sujet qui parle au lieu de l’Autre.sujet qui parle au lieu de l’Autre.sujet qui parle au lieu de l’Autre.

� Dans la religion, le grand Autre a un nom, et ses noms sont divers selon les religions. Parfois, il a même parlé, et a révélé sa parole.

� Mais en clinique, l’Autre ne parle pas. Il est mis en place par la structure du langage, et si l’on peut comprendre que les hommes ont eu besoin de donner à cela une consistance imaginaire, la nature imaginaire de la consistance n’en apparaît que mieux.

Merci…

Wittgenstein, Tractatus, logico-philosophicus, p.112, proposition 6.522 :

« Il y a assurément de l’indicible. Il se montre, c’est le Mystique ».

En toute occasion, ça rate… et ça rêve…

Et si l’amour c’est donner ce qu’on a pas à quelqu’ un qui n’en veut pas…