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Publications de l’Organisation islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture -ISESCO- 1438H / 2017 Guide de référence sur les techniques de préparation des émissions-débats à la radio Elaboré par : Dr Abdaldaim Omar Alhssan

Guide de référence sur les techniques de préparation … · écouté par tous: l’analphabète et l’instruit, le jeune et le vieux, la femme et l’homme. Dans la majorité

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Publications de l’Organisation islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture -ISESCO- 1438H / 2017

Guide de référence sur les techniques de préparation

des émissions-débats à la radio

Elaboré par :

Dr Abdaldaim Omar Alhssan

Dépôt légal : 2017M00251 ISBN : 978-9954-39-423-6

Photocomposition, montage et impression : ISESCO

Rabat - Royaume du Maroc

7Présentation.............................................................................................................................................

9Avant-propos .........................................................................................................................................

11Chapitre I : Les émissions - débats (nature et formes)

14Axe I : L’interview……...................................................................................................................

20Axe II : La causerie et le débat..........................................................................................….

29Chapitre II : Les émissions - débats (préparation et méthodes d’animation)

32Axe I : Les méthodes d’animation de l’interview........................................................

46Axe II : Les méthodes d’animation de la causerie et du débat................

55Chapitre III : Le présentateur des émissions-débats

57Axe I : Le profil et les caractéristiques du présentateur des émissions - débats..................................................................................................

66Axe II : Le présentateur et l’art d’animer les émissions-débats..............

85SOURCES ET REFERENCES .....................................................................….................

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SOMMAIRE

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PRESENTATION

Depuis son apparition au cours des années vingt du siècle passé, la radio a pu résister aux développements qu’ont connu les autres moyens d’information ; de telle sorte qu’elle est restée un moyen de communication de masse. Bien des experts dans le domaine de l’information et de la communication affirment que les progrès numériques que connaissent les autres médias ne réussiront pas à changer la forte relation historique entre la radio et l’auditeur. Il est même attendu que la radiodiffusion numérique renforcera cette relation au lieu de l’affaiblir.

La radio a acquis une très grande importance et occupé une place de choix parmi les moyens d’information, en particulier dans les pays en voie de développement. Cette importance s’explique par la prépondérance de la culture orale dans les sociétés sous-développées, d’une part, et par le taux élevé de l’analphabétisme, notamment dans les zones rurales, d’autre part.

En vue d’appuyer les efforts des Etats membres dans le domaine de la formation du personnel des médias ; partant de sa responsabilité dans le développement des ressources humaines des pays membres dans ses domaines de compétence, dont celui de l’information et de la communication ; visant à épauler les efforts des Etats membres dans le domaine de la formation des personnels de la radiodiffusion et le renforcement de leurs capacités techniques , et convaincue de la nécessité d’élaborer un document de référence qui définit les principales orientations à même de développer l’information radiophonique, d’une manière générale, et les émissions-débats, en particulier , l’Organisation Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture ISESCO a élaboré « un guide de référence sur les techniques de préparation des émissions-débats à la radio », partant d’un diagnostic précis des besoins des jeunes journalistes dans ce domaine au sein des pays membres, à travers l’évaluation des sessions de formation nationales et régionales sur la production audio-visuelle et multimédia, organisées par l’ISESCO depuis l’année 2006, dans ses centres régionaux de formation.

Ce guide pratique vise à rehausser le niveau technique et technologique des émissions-débats dans les radiodiffusions au sein des pays membres et à mettre à la disposition des journalistes des moyens scientifiques et techniques qui les aideront à présenter aux auditeurs des émissions-débats intéressantes.

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Ce guide comprend des informations relatives à la nature des émissions-débats et à leurs formes, en plus d’orientations techniques relatives à la préparation de ce genre de programmes, aux différents styles d’animation du débat radiophonique, ainsi qu’aux qualités requises pour le journaliste chargé d’animer les émissions-débats à la radio.

En procédant à la publication de ce guide de référence, l’Organisation Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture - ISESCO rend hommage à l’effort scientifique remarquable fourni par l’expert Dr Abdaldaim Omar Alhssan pour son élaboration, et souhaite qu’il profite aux journalistes en exercice ainsi qu’aux étudiants des instituts et facultés de l’information dans les pays membres, et qu’il enrichisse la bibliothèque de l’information dans le Monde islamique.

Qu’Allah couronne de succès nos entreprises et guide nos pas sur le droit chemin.

Dr Abdulaziz Othman AltwaijriDirecteur général de l’Organisation islamique

pour l’Education, les Sciences et la Culture

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AVANT-PROPOS

La radio est un moyen d’information qui joue, aux côtés des autres médias, un rôle si important dans la vie des gens, c’est pourquoi l’on a surnommé l’ère actuelle « époque de la révolution de l’information », d’autant plus que l’individu est devenu capable d’user de son droit naturel à recueillir les informations et les idées par tous les moyens, afin de connaître, de manière instantanée, ce qui se passe dans son propre milieu, ainsi que partout dans le monde. Ainsi, le globe est-il devenu « un village planétaire » grâce aux moyens d’information, dont notamment la radio. Cette dernière a, en effet, une influence intime sur la plupart des gens. Il s’agit d’une relation interpersonnelle qui ouvre tout un univers de communication tacite entre le présentateur et l’auditeur. Il s’agit là de l’aspect direct de la radio, qui constitue une caractéristique spécifique propre à la nature de ce moyen médiatique qui possède la faculté de mettre l’individu et la société dans une même pièce où résonnent les échos de celle-ci. En effet, l’homme ne peut plus se passer des moyens d’information, surtout de la radio. Dès son réveil, il subit les flux médiatiques qui se bousculent afin de trouver leur chemin vers son esprit et sa pensée ; et pour sa part, il cherche sans cesse, à travers ces moyens d’information, la réponse à son éternelle question : « quoi de neuf ? ».

Partant, la radio a acquis une grande importance et occupé une place remarquable parmi les autres moyens d’information, en particulier dans les pays en voie de développement. Cet intérêt particulier accordé à la radio dans ces pays trouve son explication dans l’absence de la presse écrite du fait que celle-ci se heurte à de nombreuses difficultés, dont principalement le taux élevé d’analphabétisme qui limite grandement son impact, en particulier, au sein des pays en voie de développement.

La radio est un moyen d’information qui s’adresse à l’oreille, et il n’a donc pas besoin que son auditeur soit lettré. Elle s’adresse à tous les auditeurs, qu’ils soient instruits ou analphabètes, car elle franchit la barrière de l’analphabétisme, tout comme elle transcende les limites du temps et de l’espace.

C’est grâce à ces caractéristiques et à ces qualités que la radio a mérité son surnom d’« université populaire ». En effet, le message radiophonique est écouté par tous : l’analphabète et l’instruit, le jeune et le vieux, la femme et l’homme. Dans la majorité des cas, ce message est cru et largement partagé, du fait de la grande capacité de la radio à convaincre, grâce à la nature et aux

caractéristiques propres à la parole écoutée, à savoir la clarté, la simplicité et la vitalité. Il s’agit d’une parole compréhensible et directe.

L’importance de la radio et sa prééminence sur les autres moyens d’information dans les pays en voie de développement ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont fonction de l’adéquation de cet outil avec la nature du public auquel elle s’adresse. Il s’agit d’un public bien plus large que celui des autres moyens d’information qui compte des millions de personnes d’origine, d’âge et d’appartenance sociale divers. Quant au choix des émissions-débats comme objet de cette étude, il est motivé par l’importance de ce genre de programmes, et du fait qu’il compte parmi les formes de productions radiophoniques les plus difficiles à réaliser, étant donné qu’il s’appuie sur le journaliste qui dirige le débat, lequel doit posséder un certain nombre de qualités dont notamment, une grande culture et une profonde connaissance du média et du public, ainsi qu’une bonne maîtrise des procédés scientifiques du débat radiophonique. Ce genre de programmes se base également sur la nature de l’invité qui participe au débat, ainsi que sur sa connaissance du sujet, sa disponibilité et sa subtilité au microphone.

Ainsi, le traitement de ce sujet aidera-t-il grandement à trouver des constantes et des bases scientifiques qui constituent les fondements de ce genre de productions radiophoniques. Aussi, permettra-t-il de lever la confusion et l’amalgame entre les différentes formes et les différents genres d’émissions-débats, sans pour autant connaître, les techniques, styles, formes et exigences de chacune de ces émissions.

De là on déduit l’intérêt que porte l’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture ( ISESCO) à ce sujet et sa volonté d’élaborer un guide pratique relatif aux techniques de préparation des émissions-débats qui sera mis à la disposition des jeunes journalistes dans le Monde islamique aux fins de rehausser le niveau professionnel et technique de ce genre de programmes dans les radiodiffusions des Etats membres et préparer les journalistes à présenter des programmes utiles pour les auditeurs.

Cette étude comporte trois chapitres:

•Chapitre I : les émissions-débats : nature et forme.

•Chapitre II : Les émissions-débats : préparation et méthodes d’animation.

•Chapitre III : Le présentateur des émissions-débats.

Nous espérons que cette étude saura répondre aux aspirations, désirs et attentes des radiodiffusions dans le Monde islamique, et satisfaire aux besoins des jeunes journalistes qui animent les émissions-débats.

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CHAPITRE I :LES EMISSIONS-DEBATS

(nature et formes)

Les émissions-débats constituent, dans leurs différentes formes et leurs différents types, l’épine dorsale d’un grand nombre de programmes audiovisuels et journalistiques. Le débat, en tant que forme de production radiophonique accapare une grande partie du temps de diffusion. Le succès de l’émission-débat est tributaire de sa bonne préparation et de sa bonne conduite par le journaliste.

Le débat, quelle qu’en soit la forme, est courant à la radio. Il met à la disposition du public des informations importantes relatives à l’actualité. Il expose également des idées et des points de vue qui convergent ou divergent et présente les personnalités les plus importantes ou les fait connaître. En outre, le débat, qui est un élément majeur de la production radiophonique, confère une vitalité aux programmes et capte l’attention des auditeurs. Il est donc primordial, pour ce genre de programmes, que celui qui le prépare ou le présente aie toujours à l’esprit qu’il se met à la place de l’auditeur et, par conséquent, il doit avoir une connaissance parfaite de la nature de son public et des attentes de celui-ci .Il doit aussi connaître les nouveautés en rapport avec l’objet du débat et celles qui méritent d’être présentées à l’auditeur.

Les émissions-débats ne désignent pas seulement « l’interview » ou l’entrevue radiophonique, mais également d’autres formes de programmes, tels que la causerie et le débat. Il existe souvent une confusion qui naît de l’utilisation du terme « débat », dans la mesure où certains pensent qu’il s’agit d’une entrevue ou d’une interview radiophoniques, sans en donner une définition précise indiquant sa nature ou son objet , et sans en préciser l’objectif. l’essentiel pour eux étant qu’il s’agit d’une rencontre radiophonique entre une personne qui pose des questions et une autre qui y répond.

Cette confusion est devenue si courante que le présentateur et l’auditeur ne font plus la différence entre l’interview, la causerie et le débat, et ne font plus la distinction entre l’interview qui vise à connaître une opinion, celle qui permet de recueillir des informations et celle qui traite des aspects personnels.

C’est pourquoi nous cherchons, à travers cette étude, à faire la distinction entre les différents types et formes des émissions-débats, en faisant ressortir les différences qui les caractérisent. Nous visons également à fixer et à définir les méthodes propres à la préparation de chaque type de ces programmes et à indiquer qui peut être chargé de ces programmes et quelles conditions doit-il satisfaire pour que ce type d’émissions remplisse son rôle spécifique.

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Axe I : L’INTERVIEW

L’interview est une forme de débat, qu’elle soit écrite, radiophonique ou télévisuelle. Le style de l’interview s’est imposé aux moyens de communication : il y a l’interview de la presse écrite, à la radio et à la télévision. Parfois, les interviews peuvent être très réussies et très appréciées du public, mais peuvent, être également insipides et constituer un point faible dans le journal, à la radio ou à la télévision.

La cause principale de cette fluctuation de résultats est due à l’absence du critère d’objectivité dans le traitement de ce genre de programmes. En effet, on aboutit, dans bien des cas, à un entretien bourré de platitudes et dépourvu d’éléments nouveaux, ou à une interview provocatrice où l’on accule l’hôte espérant que cela susciterait l’intérêt. Il n’est pas rare non plus que le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur soit incommodé par la manière avec laquelle l’interview est menée. .

L’interview est un art à la fois simple et complexe. Certes, toute personne qui exerce dans le domaine de l’information peut réaliser une interview, mais rares sont ceux qui sont capables de diriger l’interview avec le tact, le goût et la compréhension nécessaires. Dans l’interview, le journaliste joue le rôle d’intermédiaire en dressant les ponts entre le public et l’invité. Par conséquent, il ne doit pas centrer l’intérêt sur sa propre culture, sa personnalité ou sur sa présence. Ainsi, l’interview a-t-elle ses bases et ses règles ; elle a des formes et des formats qui la différencient des autres formes de débat, en particulier, et des autres formes de productions radiophoniques, en général. Les procédés de sa réalisation diffèrent d’un moyen d’information à l’autre : l’interview de presse n’est pas l’interview radiophonique ou télévisuelle, car chaque moyen médiatique a des caractéristiques et un public spécifiques.

I. L’interview de presse :

L’objectif de tout journaliste consiste à collecter des informations complètes, précises et neutres. Le journaliste qui réalise de bonnes interviews recherche toujours du nouveau : des informations approfondies, une idée ou un point de vue qui attirent l’attention et qui sont dignes d’être suivis, à condition qu’ils s’éloignent des sentiers battus.

L’interview écrite est considérée, à l’instar de la causerie, comme un genre d’échange d’informations, d’idées et d’expériences entre deux personnes. La différence qui la distingue de la causerie réside dans le fait qu’au cours de cette dernière la maîtrise de la discussion se déplace plusieurs fois d’une personne à l’autre tandis que, dans l’interview écrite, seul le journaliste reste maître du déroulement de la discussion, détermine l’orientation des questions,

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surveille tout ce qui est dit et s’emploie à créer une atmosphère cordiale qui incite à la détente et crée un sentiment de sécurité chez la source. En fait, le journaliste doit se demander tout au long de l’interview à: quelle sera ma prochaine question ? Qu’exprime la gestuelle de l’interlocuteur ? Que signifie l’intonation de sa voix ? En effet, celui qui mène l’interview de presse doit écouter son interlocuteuret, en même temps, être attentif àtout ce qui se passe et réagir en conséquence.

II. L’interview radiophonique :

L’interview radiophonique compte parmi les genres d’émissions-débats de la radio. On définit comme « interview » radiophonique le genre de programmes dans lequel le journaliste rencontre une personne avec laquelle il réalise un entretien autour de l’un des sujets qui intéressent les auditeurs. Il pose, à cet effet, des questions en relation avec ce sujet et reçoit les réponses y afférentes.

L’interview radiophonique ne diffère pas de l’interview de presse, en ce sens qu’elle vise à mettre à la disposition du public des informations importantes relatives à l’actualité. Il s’agit d’une narration fondée sur des questions et des réponses ; elle est souvent préenregistrée avant sa diffusion. Cependant, il y a des interviews que l’on diffuse en direct et que l’on qualifie d’interviews « vivantes ».

Certains estiment que l’interview n’est ni une finalité ni un genre de la conversation, bien qu’elle comporte certaines caractéristiques de celle-ci, à savoir :

- La fluidité ou la liberté du discours ;

- l’échange de points de vue ou le débat ;

- la conversation naturelle ;

- la spontanéité.

D’autres estiment que l’interview est différente à bien des égards de la conversation, dans la mesure où la personne qui mène l’interview (l’intervieweur) n’est pas, habituellement, une personne indépendante et ne jouit pas d’une liberté absolue.

En effet, l’intervieweur ne représente pas sa propre personne et ne s’exprime pas en son nom. Il représente plutôt le public dont il incarne la curiosité et le penchant pour tout savoir, et à qui il cherche à fournir les informations. C’est pourquoi l’interview qui se réduit à une simple conversation n’est pas une interview réussie et ne constitue, par conséquent, qu’une perte de temps. En effet, l’interview doit, fondamentalement, être maitrisée, dirigée, organisée et, préalablement, préparée. Ce sont là autant d’impératifs auxquels la conversation n’est habituellement pas soumise.

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Différences entre l’interview de presse et l’interview radiophonique :

L’interview radiophonique est, le plus souvent, diffusée en direct. Elle peut aussi être préenregistrée sur bande magnétique dans le studio ou réalisée sur le lieu de l’événement. Le présentateur est considéré comme faisant partie de l’interview d’une manière qui ne s’offre pas au journaliste de la presse écrite. Dans la plupart des cas, le public peut écouter les questions posées par le présentateur au cours de l’interview, au moment où le lecteur du journal ignore souvent les questions qui ont été à l’origine du texte qu’il a lu. Le rôle de l’interlocuteur dans une interview radiophonique diffère, lui aussi, de celui de l’interlocuteur dans l’interview écrite. En effet, si certaines personnes se prêtent facilement à l’expression en direct, d’autres, par contre, parlent plus aisément avec les journalistes de la presse écrite munis de leurs bloc-notes, et hésitent beaucoup à se prêter à une interview radiophonique, du fait qu’ils peuvent être émotifs et craignent d’avoir le trac face au microphone. Toutes les interviews peuvent être diffusées en direct en donnant la parole à la source, à savoir celui qui parle au microphone, et que tout le monde peut écouter ; c’est-à-dire qu’aucun invité ne peut être présenté en direct de manière impersonnelle. En outre, l’interview radiophonique place d’autres barrières entre l’intervieweur et l’interviewé. Ces barrières se composent, entre autres, de plusieurs instruments, tels le magnétophone, le microphone, et autres équipements. Tout cela influe sur la psychologie de l’invité et contribue à accentuer ses appréhensions par rapport à l’atmosphère de l’interview. Or, ces appareils et instruments sont indispensables à l’interview radiophonique, car l’homme de radio s’appuie, dans une très large mesure, sur les outils dont il se sert dans le cadre de son travail.

Parmi les contrastes remarquables entre l’interview de presse et l’interview radiophonique, il y a le fait que l’auditeur perçoit les sensations et les émotions de l’orateur dans leur réalité naturelle.

En effet, la radio présente une image instantanée des sentiments personnels de l’orateur. C’est ce que l’on appelle le reflet vivant des paroles et des agissements de l’orateur. Elle offre également la rapidité d’accès à la scène, alors que la presse écrite présente les impressions et expose ce que la source exprime. Du point de vue du contenu, la radio comprime la matière radiophonique en fonction du temps, tandis que la presse écrite développe davantage la narration journalistique. Bref, la radio présente l’information et c’est au journal de procéder à la clarification et l’explication. En effet, contrairement à l’auditeur, le lecteur peut revenir plusieurs fois à la narration écrite, tandis que la radio n’offre pas à l’auditeur le temps pour la réflexion ou àl’assimilation de la

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matière radiodiffusée, étant donné que les matières radiophoniques, en raison de leur soumission aux impératifs du temps, sont dynamiques et rapides par rapport au caractère statique des matières écrites.

Cependant, malgré ces différences, il y a de nombreuses caractéristiques communes entre le présentateur qui réalise une interview radiophonique et le journaliste qui effectue une interview écrite. Il s’agit de l’unicité de l’objectif et l’agencement des questions, ainsi que les qualités que doit posséder chacun d’entre eux, à savoir la culture, la perspicacité et le tact, qui sont, entre autres, autant de caractéristiques que doit posséder l’homme de l’information .

Les différents types d’interviews :

Il y a trois types d’interviews radiophoniques qui sont :

Premier type : l’interview d’information

L’objectif de ce type d’interviews est d’obtenir des éclaircissements et des informations particulières concernant un sujet important ou d’actualité, ou d’obtenir des informations sur une institution donnée.

Exemples : Une interview avec le chef de la protection civile concernant la manière la plus simple pour éteindre un incendie ou les moyens de s’en prémunir. L’objectif de l’interview est d’apporter à l’auditeur des informations pratiques qui lui sont utiles dans ce domaine, et qui sont d’une grande importance, car elles indiquent à l’auditeur les moyens de prévenir l’incendie et les conseils à suivre en cas de danger, en attendant l’arrivée des sapeurs-pompiers sur le lieu du sinistre. Cela contribue, incontestablement, à diminuer les risques d’incendie ou d’en limiter les dégâts.

Une interview avec le recteur d’une université concernant les facultés affiliées à cette université, ainsi que les conditions d’admission à chacune de ces établissements, permettra de mettre à la disposition des étudiants et de leurs tuteurs les informations, les conseils et les éclaircissements nécessaires qui leur seront utiles au moment où ils se présenteront au bureau d’inscription.

Bien que les sujets dont traite l’interview d’information soient tous de nature à faire l’objet d’une intervention directe, il est habituellement préférable de les traiter dans le cadre d’un débat ou d’une interview afin de leur conférer plus de vitalité et attirer ainsi plus d’auditeurs. Car l’interview et, d’une manière générale, le débat sont, de par leur nature, plus attrayants que l’intervention directe, étant donné qu’ils mettent en jeu plus d’une voix, en plus de leur spontanéité et le fait qu’ils soulèvent beaucoup de questions qui taraudent l’esprit de l’auditeur concernant le sujet soumis au débat au cours de l’interview.

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D’une manière générale, l’interview d’information permet à l’homme de radio de présenter à l’auditeur des informations et des faits qui se rapportent à un événement ou à un projet. Ce type d’interviews répond aux questions « pourquoi ? », « quand ? », « comment ? » et « quels sont les résultats? ».

Deuxième type : L’interview d’opinion

Ce genre d’interview vise à exposer les idées et les opinions de certaines personnes concernant une question ou un sujet précis. Il traite des questions qui comportent des points contradictoires. Ce type ne vise pas à collecter des informations mais cherche, plutôt, à savoir comment réfléchissent les gens concernant les questions posées et, partant de cela, il est axé sur la collecte des idées et des opinions sur un sujet ou une position qui soulèvent des contradictions pour les exposer à l’opinion publique. La personne dont on sollicite l’opinion peut être un savant, un artiste, un professeur d’université ou un simple passant.

Le plus souvent, ce type d’interviews cible l’homme de la rue, étant donné que les opinions des savants, des hommes de l’information et des célébrités concernant les questions soulevées par les événements sont connues à l’avance.

Ce type d’interview est considéré par les experts comme faisant partie des plus réussis, car il permet un certain rapprochement avec le grand public. Il vise également à connaître l’opinion des gens à travers les moyens d’information afin de former leur point de vue, le renforcer ou le changer. Cependant, cela ne veut pas dire qu’il faut négliger les leaders d’opinion dans le pays concerné, car les penseurs et les réformateurs ont leur poids dans la société. L’auditeur s’intéresse à leurs opinions sur les problèmes et les questions qui peuvent conduire à un changement des systèmes en vigueur ou des valeurs dominantes. Il y a , généralement, des questions concernant lesquelles la radio ne doit pas se limiter à recueillir l’opinion du simple citoyen ; elle doit, également , offrir l’occasion aux juristes, aux penseurs, aux réformateurs et aux hommes de religion de s’exprimer en toute clarté à partir de cette tribune publique sur ces questions .

Ainsi, l’objectif de ce type d’interviews consiste-t-il à recueillir l’opinion de l’invité sur l’une des questions qui intéressent l’opinion publique.

Troisième type : l’interview de personnalité

Ce type d’interview est réalisé, généralement, avec une personnalité de renommée dans son domaine ou sa spécialité. L’interview vise à établir une relation entre cette personnalité célèbre et le public. Il faut que cette personnalité qu’on présente à travers ce type d’interview radiophonique attire l’attention d’une manière ou d’une autre. Comme évoqué plus haut, il s’agit

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soit d’une personnalité déjà connue du public de manière incontestable dans les domaines politique, artistique ou sportif, soit d’une personne queconque, mais qui a attiré l’attention de l’opinion publique à l’occasion d’un événement donné : en remportant une victoire dans une grande compétition sportive, en prenant part à un crime qui a défrayé la chronique, ou en réalisant une action extraordinaire, etc.

Ajoutons à cela que cette personne, bien qu’elle soit méconnue et sans réalisation particulière peut intéresser le public grâce à des souvenirs d’une certaine originalité ou s’exprimer avec une finesse et une intelligence remarquables.

L’interview de personnalité s’emploie à expliciter les différentes facettes de la personnalité en question, à exposer les différents aspects de sa vie et de ses idées, et à dévoiler, le cas échéant, comment est-elle parvenue à un tel statut social.

Certains estiment qu’une personne peut être importante, non pas à cause de son statut social, sa richesse, sa notoriété ou son rôle politique, mais aussi pour d’autres raisons bien différentes qui lui donnent une importance au regard de la radiodiffusion.

Il s’agit, par exemple, d’un agriculteur dans l’une des régions du pays ayant réalisé une récolte qui lui a valu d’être honoré et de faire l’objet d’une mention spéciale de la part de l’Etat. C’est une personnalité quimérite d’être présentée puisqu’elle a acquis une importance grâce à la production et au travail accompli. Il est incontestable que l’auditeur voudra bien connaître l’histoire de cette grande réussite..

L’objectif principal visé à travers la discussion avec cette personne est de sonder les profondeurs de sa personnalité et de suivre les différents aspects de sa vie. Ce genre d’interviews est parmi les plus réussis et les plus attrayants.

Parmi les exemples d’interviews de personnalité à succès nous pouvons citer le programme que présente Nejwa Abou Naja dans la station de « Sawt Al Arab » (La Voix des Arabes), intitulé « Alwajh Al-Akhar » (l’autre face). Il représente le type d’interview de personnalité qui révèle tous les aspects de la personnalité de l’invité et dévoile les points saillants démontrant son originalité. Pour ce programme, la personne invitée est choisie avec beaucoup de soin et en réponse aux besoins et à la curiosité éventuelle de l’auditeur.

En définitive, les trois types d’interviews radiophoniques (interview d’information, interview d’opinion et interview de personnalité) peuvent parfois se recouper.On peut remarquer une certaine correspondance par exemple entre l’interview de personnalité et l’interview d’information. Cependant, il restera toujours un caractère dominant de la conversation qui la fait appartenir à l’un des trois types d’interviews que nous venons de citer.

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Axe II : LA CAUSERIE ET LE DEBAT

Les causeries et les débats sont des émissions où se retrouve un groupe de personnes spécialisées pour discuter d’un sujet donné et aborder tous ses aspects, que leurs opinions soient convergentes ou divergentes. Cette question de convergence et de divergence amène certains chercheurs à distinguer deux types d’émissions qu’ils appellent « causeries » et « débats ». D’après eux, la différence entre ces deux types d’émissions réside dans le fait que les programmes de « causeries » impliquent la présence de plus d’un invité pour discuter des différents aspects d’un sujet donné, sans aucune divergence entre leurs points de vue ; c’est-à-dire que chacun d’entre eux aborde, explique et clarifie l’un des aspects du sujet ; les uns complétant les autres.Quant aux programmes dont le sujet crée une controverse entre les invitéset dans lesquels chacun veut convaincre l’autre de la justesse de son point de vue, ils sont appelés : « débats ».

Il y a un dicton célèbre qui dit : « si vous voulez un débat réussi, réunissez ceux dont les opinions divergent autour d’un sujet et laissez-les se battre au micro et devant la caméra ».

Il a été prouvé que les programmes de causeries et de débats sont parmi les meilleurs genres radiophoniques et possèdent le plus grand effet dans le traitement des questions importantes au sujet desquelles les opinions et les points de vue sont divergents.. Ainsi, on peut dire que les programmes de débat aident l’auditeur à réfléchir. Cependant, pour attirer l’attention des auditeurs et les amener à suivre les débats, il faut que les sujets choisis s’articulent autour des questions qui préoccupent l’opinion publique et qui font, à ce moment-là, l’objet d’une controverse.

Partant de cela, il existe des projets de questions sociales qui sont l’objet de controverses et de divergences entre les individus et les groupes. De telles questions sont indiquées pour être des sujets pour les programmes de causeries et de débats. C’est pourquoi ce genre de programmes est considéré parmi les plus réussis, et bénéficie d’une grande attention de la part des auditeurs car chacun d’entre eux veut connaître l’opinion des dirigeants, des responsables et des leaders concernant les questions soumises à la discussion.

De ce fait, ce genre de programmes anime la vie sociale, développe la pensée, dévoile les vraies dimensions des problèmes posés, contribue à l’exercice et à l’approfondissement du concept de la participation populaire et ouvre la voie à la découverte du point de vue juste. Il met également les décideurs devant leurs responsabilités et, plus encore, il révèle au grand jour les rapports que les citoyens entriennent les uns vis-à-vis des autres. Par ailleurs, les programmes

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de causeries et de débats ont toujours un objectif pédagogique puisqu’ils visent à éveiller l’esprit de l’auditeur et non seulement à le distraire et lui permettre de prendre connaissance des différents points de vue par rapport à une question donnée qui préoccupe les masses. C’est pourquoi la causerie ou le débat peuvent ne pas aboutir à une solution unique ou à une conclusion finale, mais, plutôt, laisser le sujet ouvert devant les auditeurs afin qu’ils forment leurs propres opinions sur la base des vérités et des opinions exposées durant le débat.

D’habitude, les programmes de débat recourent à l’échange de points de vue et d’informations afin de parvenir à une solution pouvant résoudre le problème soumis au débat. L’importance du sujet débattu est à la mesure de la prise en compte par les opinions exprimées des préoccupations de certains citoyens, de certains groupes ou franges sociales ou de la société en général. C’est pourquoi les programmes de débat sont généralement marqués par le sérieux.

Il est très important que les joutes oratoires et les invectives exprimées par rapport à un point de vue ou à une opinion ne prennent pas le dessus dans les programmes de débat. Il faut, plutôt, veiller à organiser un débat constructif entre les différentes visions, car l’objectif fondamental consiste à éclairer l’auditeur sur la question posée dans sa globalité et non à l’influencer ou à l’orienter à adopter l’un des points de vue.

Il est donc clair que le but de ce type de programmes est de présenter à l’auditeur un débat ordonné, équilibré et, en même temps, attrayant concernant un sujet important de manière à dévoiler les véritables facettes du problème traité. Le débat qui n’arrive pas à capter l’attention de l’auditeur aboutit à des résultats contraires à ceux escomptés pour la simple raison que l’auditeur se refusera de le suivre. C’est pourquoi il faut que les participants au débat possèdent la culture et l’ouverture d’esprit requises.

Des études, portant sur les programmes de causeries et de débats, ont démontré que ce type d’émissions radiophoniques ne jouit pas l’agrément et l’appréciation d’un grand nombre d’auditeurs qui lui préfèrent les programmes de divertissement. Cependant, il a été également remarqué que les auditeurs qui s’y intéressent sont ceux qui aspirent à se rapprocher de l’élite. Il a été établi aussi que les débats radiophoniques sont plus réussis et ont davantage d’impact que les débats publiés dans les journaux. Les études ont, en outre, révélé qu’il n’est pas nécessaire que la causerie s’articule toujours autour de points de vue différents. Elle peut aussi traiter des sujets littéraires, scientifiques et artistiques.

La discussion de ces sujets exclue, généralement, les divergences de points de vue et le débat prend la forme d’une exposition de points de vue divers

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concernant un sujet à même de susciter l’intérêt de l’auditeur. De cette manière, la radio peut présenter une matière que l’auditeur n’aurait forcément pas suivie si elle avait été présentée sous forme d’une déclaration directe.

Dans les programmes de causeries et de débats, l’animateur pose habituellement une question à chaque participant à l’émission. Les réponses sont présentées de manière successive. Il peut s’agir d’un sujet politique ou social qui a besoin d’être éclairci ; alors l’homme de radio invite un certain nombre de personnes en relation avec ce sujet afin de le discuter avec eux en leur posant une ou plusieurs questions, afin de recueillir leurs points de vue et leurs prévisions concernant la solution qu’ils préconisent s’il s’agit d’un problème. Cependant, nous verrons que ce type de débat circulaire nécessite une préparation préalable afin d’éviter qu’il y ait une interférence entre les questions adressées aux personnes qui parlent.

La relation qui lie la causerie et le débat à l’information :

A première vue, il peut paraître qu’il n’existe aucune relation entre l’information et ce genre de programmes radiophoniques, qu’il s’agisse de la causerie ou du débat, ce qui est loin d’être le cas : car ce genre de programmes peut inviter des spécialistes, des personnalités importantes ou des responsables qui ont un rapport avec les événements en cours. Ceux-ci peuvent fournir des éclairages et des explications sur l’actualité et apporter, éventuellement, des informations nouvelles que le public découvre pour la première fois, et qui deviennent une matière d’information pour les autres médias, notamment la presse écrite.

Ainsi, les programmes de causeries et de débats ont-ils des relations solides avec le travail de l’information à la radio, non seulement en matière de l’explication et de l’éclairage apportés sur une question, mais aussi dans le domaine de la « fabrication » de l’information et sa collecte à la source. Dans les deux cas, ils remplissent leur fonction à travers la réalisation de trois objectifs, à savoir :

- Premier objectif : expliquer et clarifier l’information, ce qui aide à la formation d’une opinion publique et des points de vue y afférents.

- Deuxième objectif : présenter au public les informations et les faits d’une manière simplifiée, séduisante et spontanée.

- Troisième objectif : renforcer la confiance de l’auditeur et sa conviction, étant donné qu’il sent qu’il participe et qu’il puise les informations directement et sans intermédiaire à partir de leurs sources, surtout quand il s’agit de déclarations prononcées par des responsables au cours du débat.

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Ces objectifs démontrent que la causerie et le débat constituent des sources fondamentales, objectives et authentiques de l’information, conformément à la formule qui dit : « l’information est tout ce qui se passe », ou « l’information est tout ce que vous ne saviez pas hier ».

Les formats et les formes techniques des programmes de causeries et de débats :

Il y a plusieurs formes et formats techniques de programmes de causeries et de débats. Ces formes et formats diffèrent suivant de multiples considérations, dont le lieu de présence des invités et leur nombre, le degré de participation effective du public à la causerie, en plus du style de l’animation de la causerie.

La première forme : La table ronde

C’est une expression qui indique la réunion des participants à une causerie autour d’une table à l’intérieur du studio pour échanger leurs points de vue sur le thème soumis à la discussion, à travers des questions posées par l’animateur du débat.

La table ronde est considérée comme la première et la plus facile des formes traditionnelles de la causerie. Elle est, au fait, le prolongement de la rencontre journalistique au cours de laquelle le journaliste joue un rôle plus positif que celui de l’animateur du débat, dans la mesure où il expose et présente ses propres opinions sous forme de questions afin de garantir que l’invité s’implique davantage et pousse plus loin son analyse. Quant au débat, son animateur joue simplement le rôle de présentateur radiophonique, en s’abstenant de participer ou de s’impliquer dans la discussion. Il se limite à exprimer une idée, à réorienter la causerie ou à la tirer des situations délicates qui résultent des querelles entre les débatteurs. Généralement, le débat traite d’un sujet unique de manière approfondie.

La deuxième forme : Le débat

C’est la discussion bilatérale qui se déroule autour d’un sujet entre deux parties dont chacune porte une vision et un point de vue différents. Les deux parties peuvent se rencontrer face à face au studio, tout comme chacune d’entre elles peut être dans son bureau ou dans son pays. Il existe également une autre forme de débat où les questions sont adressées aux deux parties, sans que l’une connaisse l’autre ou sache sa réponse sur la même question qui lui est posée. En général, ces dernières formes où le débat se déroule en dehors du studio comme décrit plus haut, sont considérées parmi les plus prisées par le public.

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De par sa nature, le débat comporte des conflits et des confrontations aiguës des points de vue, étant donné qu’il met face à face, devant le même problème, deux parties dont l’une représente la partie positive et l’autre la partie négative. Les débatteurs usent de toutes leurs forces de persuasion et de toutes leurs aptitudes à exposer leurs points de vue aux fins d’appuyer leur vision du problème posé et réfuter celle de leur adversaire. Même s’il existe différentes formes d’organisation du débat, il est impératif que celui-ci réunisse deux parties dont les points de vue divergent sous toutes les formes ; chacune devant disposer d’un temps déterminé pour faire une première présentation de son point de vue, battre en brèche celui de son rival et, enfin, résumer son opinion finale. Certaines formes de débat utilisent la méthode de la confrontation verbale directe lors de l’examen et de la discussion, par chaque partie, des différents aspects de l’opinion de l’autre.

Parmi les exemples de débats, il y a également ceux présentés par les moyens d’information audiovisuels américains entre les candidats aux présidentielles, durant lesquels chacun expose son programme et son point de vue concernant les questions politiques et économiques, en essayant de convaincre l’autre et, à travers lui, de convaincre l’auditeur.

La troisième forme : Les débats publics

Ils désignent la forme de débats et de causeries auxquels assiste un public. Ce genre peut se tenir aussi bien à l’intérieur de l’un des studios adaptés à cet effet que dans une salle en dehors de la maison de la radio. Quant à la participation du public, elle peut se faire dans l’un des deux cadres suivants :

• Premier cadre : la présence du public peut être purement formelle, c’est-à-dire uniquement pour suivre le débat et les discussions sans aucune participation effective à travers des questions, des interrogations ou des commentaires. Il s’agit là d’une question importante parce qu’elle crée une atmosphère favorable et pousse les débatteurs à « briller », étant donné qu’ils se retrouvent face au public.

• Deuxième cadre : la participation effective du public à la discussion en posant des questions, en formulant des commentaires, en exprimant des opinions sur ce qui se dit ou en y ajoutant d’autres propos. L’idée de ce genre de programmes se résume dans l’invitation d’un responsable dans le studio. Le public se joint à l’animateur du débat, en pose des questions à l’invité ou émet des commentaires.

La quatrième forme : le débat de groupe

Le débat de groupe diffère des autres formes de débats en ce sens qu’elle tente de trouver une solution à un problème posé, en ayant recours à la réflexion et la recherche collective et objective. Les participants n’essayent pas d’imposer

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leurs opinions et ne contredisent pas les opinions des autres, mais s’échinent, plutôt, à examiner tous les points de vue et toutes les données exposés concernant le problème posé afin de prendre une décision commune et trouver la meilleure solution sur laquelles se conviennent tous les participants. Bien que l’animateur ne participe pas au débat, il veille à son orientation, à la préservation de son objectivité et à la participation effective de tousles participants, sans permettre que l’un d’entre eux monopolise la parole ou soit hors sujet.

Parmi les exemples d’émission de débat collectif, on cite : « studio 34 » , présenté par la section arabe de la B.B.C., qui reçoit plus d’une personnalité pour discuter d’un sujet ou d’un problème qui préoccupe l’opinion publique afin d’aboutir à des solutions, tout en laissant à chaque participant la liberté totale d’exposer ses idées concernant ces solutions, loin de toute influence exercée par le meneur de la discussiondont le rôle se limite à l’orientation du débat et la distribution équitable de la parole.

La cinquième forme : la discussion horizontale (symposium)

Ce genre englobe à la fois la causerie et le débat et consiste à inviter certaines personnalités qui possèdent des solutions réalistes, susceptibles d’être appliquées au sujet qui intéresse les masses. Un temps déterminé et égal est accordé à chaque intervenant pour répondre à la question posée, exposer ses idées et préciser ses opinions. Dans la plupart des cas, la première question posée est la même pour tous les participants à la discussion. Après le recueil des réponses à cette question, on passe à la question suivante. Le sujet posé doit nécessairement comporter, au moins, deux aspects distincts. Il est fréquent que trois personnes participent à ce genre de débats, dont deux experts qui traitent du sujet à partir de points de vue différents. le rôle du troisième invité est de poser des questions aux experts afin de permettre au public de mieux cerner le sujet. Il est permis de faire participer le public se trouvant à l’intérieur du studio, en les incitant à poser des questions aux experts et à réagir à leurs propos, et ce àla fin dela discussion. Au début de l’émission, l’animateur du débat se manifeste. Il présente le sujet et met en évidence son importance. Ensuite, il présente les participants à la discussion. Puis, il leur pose les questions d’une manière équilibrée et synthétise leurs interventions en toute impartialité . Enfin, il conclue la discussion par une synthèse rappelant l’essentiel.

Les cinq formes qui ont été exposées ci-dessus sont considérées comme des formes de programmes de débats reconnues, dont la plupart sont actuellement utilisées en tant que formats radiophoniques ; même si les styles de préparation et de mise en œuvre diffèrent, l’essence générale demeure la même. Cependant, ce ne sont pas là les seules formes reconnues : il existe une autre classification pour d’autres formes de causeries-débats, mais qui s’applique surtout aux radios locales (radios régionales). Cette classification comporte les formes suivantes :

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La première forme : la causerie directe

Dans cette forme, les seuls participants sont le public présent, l’animateur ne fait que diriger la causerie.

La deuxième forme : la causerie de l’invité unique

Elle reçoit un seul invité auquel on adresse les questions après qu’il a présenté lui-même le sujet et exposé son point de vue sur le thème proposé pour la discussion. Cependant, nous estimons qu’il est plus judicieux de classer ce type de discussion sous la rubrique de l’interview, car il s’agit d’un entretien radiophonique qui relève du domaine de « l’interview d’opinion », étant donné que son objectif est de connaître l’opinion ou le point de vue de l’invité sur le sujet soumis à la discussion.

Latroisièmeforme:lacauseriedel’équipefixe

Cette forme de causeries et de débats est basée sur l’existence d’une équipe fixe pour la discussion des questions posées. Celles-ci sont de caractère général et n’exigent pas de spécialisation. L’équipe de ce type de programmes se compose, habituellement, de penseurs, d’hommes de culture célèbres et de leaders d’opinion au sein de la société.

Ce genre de programmes est adapté aux collectivités locales. L’équipe se compose des leaders d’opinion célèbres locaux issus de la communauté autochtone, de leaders locaux et de dirigeants exécutifs connus des citoyens, ou de personnalités populaires. Il discute des problèmes brûlants qui se posent à la collectivité locale et leur trouve des solutions acceptables. Le choix de l’équipe doit être opéré avec soin et tenir compte, dans la mesure du possible, de la diversité des points de vue et sélectionner des personnalités convaincantes pour l’auditeur.

La quatrième forme : la causerie du « beau temps »

Elle désigne les causeries où la discussion s’articule autour de sujets qui ne soulèvent aucune controverse et où il n’y a pas d’opinions spécifiques à exprimer. A titre d’exemple, une causerie dont le thème est « le mois béni de Ramadan » : aucune divergence n’existe sur le principe du jeûne, mais il faut que participants comprennent un médecin qui en parle du point de vue médical, un prédicateur qui explique le pourquoi de son obligation et un exégète qui donne les règles de son observance et de sa rupture.

Ce type de discussion est classé dans le genre de la causerie radiophonique, telle qu’elle a été définie plus haut. Il représente effectivement « le beau temps », parce qu’il s’agit d’une causerie calme, que l’on tient, en général, uniquement pour donner des explications ou faire un éclairage sur un sujet précis. Ici,

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l’animateur de l’émission doit intervenir en temps utile, en particulier quand il remarque que les participants sont hors sujet ou que le « feu » de la discussion s’attise, et ce en remettant la causerie sur la bonne voie. C’est peut-être ce rôle qui a valu à l’animateur de la causerie d’être qualifié de « modérateur », c’est-à-dire celui qui détend l’atmosphère de la discussion entre les participants avec une neutralité absolue, afin de tempérer l’excès des intervenants et ramener le débat au climat équilibré, au « beau temps ».

La cinquième forme : le débat chaud

Contrairement à la forme précédente, les points de vue divergent de manière fondamentale dans ce genre de causeries. Exemple : au sujet des « élections des conseils locaux», quel mode de scrutin faut-il adopter : proportionnel ou majoritaire ? Dans ce cas, deux parties se confrontent : elles défendent avec acharnement deux points de vue diamétralement opposés.

Cette forme est classée directement dans la catégorie du débat telle qu’elle a été définie plus haut .Dans cette forme, la discussion devient habituellement chaude et le débat s’enflamme. L’animateur doit tempérer la confrontation des idées. La présence d’un spécialiste est nécessaire dans ce genre de sujets. Généralement, on sait d’avance que ce spécialiste déclenchera un débat houleux.

La sixième forme : la causerie des idées novatrices

La radio joue, à travers ce type d’émissions, un rôle pédagogique et éducatif, surtout en discutant des idées nouvelles dans des domaines aussi variés que l’enseignement, la culture, l’agriculture, la santé et la vie sociale ainsi que des questions idéologiques. Les informations que recueillent tant les participants au débat que le public qui y assiste leur permet de répondre aux questions posées, et de discuter des informations et des idées étalées. Cela permet, en retour, de fixer ces informations et ces idées dans les esprits et de les transformer en action positive.

CHAPITRE IILES EMISSIONS-DEBATS

(Préparation et méthodes d’animation)

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D’une manière générale, le journaliste, qui se charge de la préparation et de l’exécution des interviews, des causeries et des débats, doit prendre en considération le fait que ces programmes, quel que soit le temps qui leur est imparti, représentent une exploitation du temps d’une ou de plusieurs personnes qui participent au programme, ainsi que celui du journaliste. Aussi, doit-il réfléchir mûrement avant de décider du choix de la personne la mieux placée pour cet entretien et s’assurer, ensuite, que la méthode qu’il a choisie est la meilleure pour obtenir le résultat désiré.

D’habitude, le journaliste pense toujours à ceux qu’il rencontre pour en faire ses invités. En effet, ceux qui constituent des sources d’informations ou d’opinion deviennent, pour le journaliste, une partie de l’information, et ce pour l’une des raisons suivantes :

1. Les fonctions particulières qu’ils occupent dans la hiérarchie administrative en font des interlocuteurs importants. Parmi ceux-ci : les responsables qui exercent dans les fonctions publiques, les Chefs d’Etats, les ministres, etc.

2. Ces personnages réalisent des choses importantes : les célébrités, les sportifs professionnels qui ont acquis une notoriété et que public aime et paye pour les voir à l’œuvre.

3. Ils ont été condamnés pour un grand crime. En effet, le criminel qui commet de nombreux meurtres et avoue ses forfaits, devient l’objet d’un intérêt particulier de la part de la presse et des moyens d’information, non pas pour ce qu’il est, mais pour l’atrocité des actes qu’il a commis

4. Ils connaissent une chose ou une personne importante. L’ami que l’on retrouve toujours en compagnie d’une star de cinéma ou d’un Chef d’Etat acquiert un certain éclat médiatique qu’il tire du rayonnement des célébrités avec lesquelles il a des liens d’amitié.

5. Ils ont été témoins d’un événement important. Le témoin d’un crime ou de certains événements publics de grande envergure peut devenir une source d’informations en tant que témoin oculaire pouvant fournir de plus amples détails sur ces événements.

6. Ils ont été eux-mêmes le sujet d’un événement important. La personne qui est sortie indemne d’un crash d’avion, par exemple, fait l’objet d’un certain intérêt médiatique ; car ce fait insolite attire l’attention de l’auditeur qui veut connaître la personne et savoir comment les choses se sont passées.

L’une des raisons évoquées plus haut, qui font de l’individu une partie de l’information, permettra à l’homme de radio d’identifier la personne avec

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laquelle il peut s’entretenir, même si, dans la plupart des cas, ces raisons peuvent se croiser dans un même événement. En effet, certaines personnes peuvent être des célébrités et être, en même temps, des témoins oculaires d’un évènement important. Dès que le journaliste s’assure qu’une personne donnée a une valeur médiatique, il devient nécessaire pour lui de se concentrer sur la raison de l’interview. Quelle que soit la personne avec laquelle il va s’entretenir, qu’elle soit une personne publique ou non, le journaliste doit avoir une vision claire de la raison et de l’objectif de l’entretien : s’agit-il de collecter des informations, de recueillir des déclarations, ou plutôt de rassembler des anecdotes concernant le sujet ?

Après avoir déterminé la raison et de l’objectif de l’entrevue, le journaliste de radio commence à rechercher la personne la mieux adaptée aux exigences de cet entretien et qui peut répondre de manière satisfaisante à ses questions ; à condition que cette personne soit facile à trouver, qu’elle soit digne de confiance en tant que source d’information fiable et qu’elle soit le détenteur direct de l’information demandée. Cependant, beaucoup de personnes ne se prêtent pas à l’interview. Certains refusent même de parler à la radio, sous prétexte du manque de temps, de peur du débat ou de l’interview, ou par ignorance et de crainte que leur ignorance ne soit mise à nu.

Cependant, le journaliste de radio compétent et subtil peut convaincre de telles personnes de l’importance de se prêter à l’interview et de s’exprimer à la radio. Il est important que la source ou la personne concernée soit, préalablement, rassurée que celui qui va l’interviewer est égalemnt digne de confiance.

Partant de cela, la définition du motif et de l’objectif de tout débat radiophonique et le choix de ceux qui doivent participer à la discussion du sujet en question, doivent être, nécessairement, suivis par la définition de la forme de la discussion : s’agira-t-il d’une interview, d’une causerie ou d’un débat ? Si c’est une interview, est-elle une interview d’information, une interview d’opinion ou une interview de personnalité ? C’est seulement ainsi que l’homme de radio peut réaliser la discussion suivant la technique propre à celle-ci et au style propre à chacune de ses formes.

Axe I : LES MÉTHODES D’ANIMATION DE L’INTERVIEW L’interview, avec ses trois types «d’information » , «d’opinion » et « de personnalité » , a des styles qui lui sont propres, tant pour sa préparation et sa réalisation que pour sa production d’une manière générale. Ces styles diffèrent d’un type à l’autre suivant les objectifs spécifiques à chaque type.

L’interview joue un rôle important dans les différentes formes de programmes radiophoniques. Plus l’interview est réussie, plus le succès du programme

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dont elle fait partie est éclatant. L’auditeur se lasse généralement de la routine et préfère la vitalité et la diversité.

Très souvent, l’interview apparait comme une chose très simple : « une personne qui pose des questions et une autre qui répond à ces mêmes questions ». Mais la réalité est tout autre.

L’interview, dans ses différentes formes et ses différents types, nécessite une préparation minutieuse qui commence par la recherche du sujet sur la base de la nature de l’interview prévue. Les chances de réussite de toute interview augmentent suivant le degré de maîtrise du sujet par le journaliste de radio.Certes, il n’est pas demandé que celui-ci soit un expert en la matière, mais il doit, tout de même avoir suffisamment d’informations sur le sujet qui lui permettront de poser ses questions de manière harmonieuse et logique et qui lui garantiront le respect à la fois de celui qui lui parle en tant qu’invité et de celui qui l’écoute en tant qu’auditeur.

Bien entendu, il n’est pas difficile d’obtenir des informations concernant un sujet donné. Les informations sont disponibles dans les livres, les documents, les quotidiens, les périodiques, les bibliothèques et les sites web. Elles sont également disponibles auprès des sources personnelles, c’est-à-dire les individus en relation avec le sujet en question.

Après l’étape de la recherche et de l’acquisition des informations et des idées relatives au sujet, le journaliste de radio établit une liste de questions supérieure numériquement aux questions qu’il envisage de poser au cours de l’interview. Si l’interview tourne autour d’un sujet donné, chaque question doiten dévoiler un aspect. Par ailleurs, il convient d’éviter de poser des questions blessantes concernant le sujet, car elles constituent une perte de temps et rebutent l’auditeur ; alors que toute bonne question amène l’invité à s’exprimer plus, à livrer l’information ou à exprimer son opinion. Il est également important, dans les interviews radiophoniques, d’avoir « une bonne écoute », car prêter une oreille attentive à l’interviewé et faire attention à ce qu’il dit aide beaucoup le journaliste de radio à diriger l’entretien et à introduire des questions secondaires appropriées, des demandes d’éclaircissement ou des commentaires utiles.

Généralement, parmi les meilleures questions figurent celles qui allument chez l’interlocuteur le désir d’y répondre d’une manière qui attire l’attention et apporte de plus amples informations. Ce qui requiert de la part du journaliste de radio de rechercher toujours pour sa question un angle qui ouvre l’appétit de l’invité, alerte et attire l’auditeur. Aussi, la meilleure manière pour obtenir une bonne réponse qui attire l’attention consiste-t-elle à poser une question qui ne peut être sujette à interprétations, et qui est suffisamment précise pour

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que l’interlocuteur devine la réponse recherchée par le journaliste. En effet, la question est la clé qui ouvre les portes pour obtenir les informations. Si les questions sont posées d’une manière qui n’est pas judicieuse, ou si elles sont sont trop complexes, il sera difficile d’obtenir les réponses escomptées. Il y a des règles essentielles pour la formulation des questions, qui peuvent différer selon les conditions qui entourent l’événement ou le sujet, mais elles se rencontrent toutes dans la relation qui lie une personne à une autre et dans la volonté du journaliste à maintenir l’échange et l’interaction avec son interlocuteur. Parmi les règles les plus importantes, nous pouvons citer:

- Première règle : être direct et axer la question sur les points qu’on veut savoir.

- Deuxième règle : préparer et formuler la question de manière correcte.

En effet, une question directe axée sur des points précis, en plus d’une formulation correcte, permettent d’éviter l’ambiguïté et favorisent la compréhension rapide de la question et l’obtention de la réponse demandée. A noter que ces règles sont communes à tous les types d’interviews.

Les principales formes des questions de l’interview :

Certaines choses, dont le journaliste ne se soucie guère ou auxquelles il prête peu d’attention peuvent avoir sur les interviews un impact plus ou moins grand, qui va de l’effet anodin jusqu’au succès ou l’échec fulgurants. Parmi ces choses qui, de prime abord peuvent paraitre banales et sans conséquences, il y a la forme de présentation des questions, ainsi que le cadre dans lequel elles doivent être insérées. il est très important que le journaliste de radio réfléchisse à la manière avec laquelle les questions sont présentées à la personnalité invitée, au style convenable pour les poser et au cadre technique qui s’y rattache et qui permet, en définitive, que les questions soient entre les mains de la source et à la portée de l’interlocuteur. Parmi les procédés les plus importants de présentation des questions de l’interview :

La première méthode : la méthode de la liste

C’est la méthode la plus usitée, notamment par les journalistes de radio qui craignent la dispersion de leurs idées et le fourvoiement de la conversation à tel point qu’il deviendra difficile de la maîtriser. Ce sont ceux qui veulent éviter que l’entretien ne tourne autour d’autres sujets au lieu de s’orienter directement vers l’objectif visé et que l’interlocuteur ne sorte du cadre qui lui est tracé et se lance dans des poins sans aucun lien avec le sujet principal de l’interview.

La méthode de la liste suppose que le journaliste de radio, à travers la préparation de l’entrevue - particulièrement au cours des phases de la recherche et de l’étude concernant le sujet d’une part, et le choix de l’interlocuteur et sa relation

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avec l’objet du débat d’autre part - établisse les questions conformément aux différents aspects du sujet, les formule de manière convenable et les classe dans une liste de questions. Cette méthode a ses spécificités, ses caractéristiques et ses aspects positifs. Elle se caractérise par le fait qu’elle est totalement adaptée quant à la prise en compte des différents aspects du sujet, à son approfondissement et à sa couverture de manière globale. Elle définit également les contours du sujet, le place dans son cadre approprié à travers les questions principales et secondaires, facilite le suivi de la question et permet de s’arrêter devant chacun de ses points ou chacune de ses formulations. En plus de cela, elle aide le journaliste de radio à n’oublier aucune question ou point importants, en même temps qu’elle le guide vers une connaissance globale de tout ce qui se passe et lui permet de maintenir la discussion sur le bon chemin.

La liste est un tableau de bord éclaireur pour le journaliste de radio, à travers lequel il classe les idées et les thèmes. Cependant, la liste n’est pas figée ; bien au contraire, elle peut être remaniée et même annulée, car l’interview radiophonique comporte un tiraillement, un aller-retour, une attaque et contre-attaque entre les deux parties, à savoir le journaliste de radio et son interlocuteur. D’autre part, la discussion peut s’étendre à d’autres sujets, ce qui peut amener le journaliste de radio à sortir un nouveau lot de questions qui ne figuraient pas sur la liste initiale. Ainsi, les points de vue, les idées et les positions tourneront-elles autour de nouvelles questions qui peuvent avoir plus d’intérêt pour l’auditeur .

Tout dépend de la compétence du journaliste de radio, de sa capacité à mener l’interview, de sa maîtrise de la discussion, de son degré d’expertise, de son expérience, de ses prédispositions et de sa connaissance du sujet et de la personnalité qu’il interroge. En effet, la liste n’est pas l’extrême limite. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on classe toujours l’interview sous la rubrique des « textes radiophoniques inachevés ».

La deuxième méthode : la méthode des « axes », des « points d’appui », ou des « repères »

Ce qui est recherché, à travers cette méthode, c’est de poser des axes ou des points d’appui sur lesquels reposent les points saillants à discuter au cours de l’interview. A partir de cela, le journaliste de radio commence à débattre de ces axes avec son interlocuteur. Cette méthode confère à l’interview vitalité et souplesse, et permet de réaliser une forme d’interview proche de « l’interview ouverte » ou de « l’interview au long cours », du fait qu’elle ne s’en tient pas aux questions dans leur forme initiale. Cette méthode se base sur l’entrevue directe entre le journaliste de radio et son interlocuteur, c’est-à-dire l’entretien de face à face. L’objectif ici étant de d’installer le dynamisme et chasser la routine.

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La troisième méthode : la méthode mixte ou « fonctionnelle »

Cette méthode est utilisée par un certain nombre parmi les célèbres réalisateurs d’interviews de presse et de radio. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer à titre d’exemple, l’indien « K. Karenjia » et l’américain « Mury Fisher », en plus de plusieurs autres journalistes de radio arabes et étrangers.

Cette méthode est d’une très grande souplesse. Elle est multifonctionnelle et convient à plusieurs types d’interview. Elle se base sur une liste mixte qui regroupe les questions importantes et fondamentales axées sur la qualité des réponses. Il peut s’agir de questions d’opinion, d’information ou d’explication. Le journaliste radio peut également mêler ces questions selon la nature de l’interview, à condition qu’elles soient formulées dans des expressions et des mots concis et clairs, qu’elles soient exprimées d’une manière acceptable, qu’elles revêtent une importance absolue et qu’elles soient graduées de la plus importante à la plus secondaire. Il en est de même pour les sujets et les observations, qui doivent être présentés sous forme de thèmes, de points ou de repères consignés dans très peu de mots qui servent uniquement comme aide-mémoire.

Il est clair que cette méthode allie les avantages et les points positifs des deux méthodes précédentes, en ce sens qu’elle permet le regroupement des questions les plus importantes, leur énumération en vue de la maîtrise souhaitée du cours de l’interview. Elle a également l’avantage de donner au journaliste de radio une marge de manœuvre non négligeable qui permet de mener une discussion ouverte avec ce qu’elle comporte comme débat d’idées et d’innovation.

La quatrième méthode : les questions non écrites, « la méthode de la liste mentale »

Cette méthode est utilisée par celui qui possède une grande confiance en lui-même, celui qui a une grande capacité de tenir les rênes de la discussion et l’orienter là où il veut, celui qui tient à la liberté de parole et de discussion et possède une bonne mémoire. Ces qualités s’acquièrent avec l’expérience, la bonne formation sur l’interview et la connaissance de l’horizon d’attente de l’auditeur.

Parmi les avantages les plus notables de cette méthode, figure le fait qu’elle garantit la formulation de questions fraîches, nouvelles et vivifiantes qui aboutissent à l’obtention de réponses analogues. Cette méthode est considérée comme la plus souple et la plus adaptée pour changer le style de la discussion, son type et même son thème, suivant les réactions, la réceptivité et le degré d’enthousiasme de l’interlocuteur. Bref, cette méthode est la meilleure voie pour réaliser une interview ouverte, vivanteet dynamique. Elle consiste à utiliser les questions « mentales » ou celles enfouies dans les esprits de ceux qui les portent et qui surgissent selon le besoin et suivant l’occasion.

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D’une manière générale, il n’existe pas de méthode unique et idéale pour diriger l’interview. Les méthodes diffèrent plutôt suivant les compétences des journalistes radio, les différents types d’interviews, les circonstances spatiotemporelles et la nature des personnes à interviewer. Ainsi, le journaliste de radio doit-il choisir, parmi les différentes méthodes nécessaires pour préparer les questions, celle qui correspond à sa personnalité et s’accorde avec le type de l’interview et la nature de chaque interlocuteur.

La structure de l’interview

Le corps de l’interview radiophonique, quel que soit son type, comporte les parties suivantes :

La première partie : les premières dispositions

Cette partie comporte la phase de la recherche qui consiste à recueillir tous les faits et toutes les informations possibles concernant le sujet posé pour le débat, ainsi que la discussion avec la personne que l’on veut interviewer concernant toutes les questions et tous les points prévus pour le débat, en vue de la préparer et lui donner un avant goût de la discussion, sans rentrer dans les détails, et éviter ainsi de faire perdre à l’interview sa spontanéité et sa chaleur. Dans le cas où, par manque de temps, l’homme de radio n’arrive pas à collecter des informations particulières relatives à l’entrevue, il peut, dans le cadre des premières dispositions, interroger son interlocuteur sur les aspects les plus importants qu’il faut mettre en exergue et sur lesquels il s’exprimera au cours de l’interview. Il est alors probable que le journaliste de radio trouve dans les propositions de son interlocuteur l’occasion pour agencer et formuler ses questions, et de se doter d’informations supplémentaires à même de l’aider à construire l’interview. D’autre part, le fait de demander à l’interlocuteur de déterminer les aspects les plus importants qu’il soulèvera permet à celui-ci de se préparer à répondre aux questions dans une atmosphère détendue et sereine, ce qui aide à rendre l’interaction entre le journaliste radio et son interlocuteur encore plus spontanée durant l’enregistrement. Ce procédé devient encore plus important dans les cas où l’interview se déroule avec une personne qui n’a pas d’expérience radiophonique et n’a jamais parlé au micro. Il est également nécessaire, dans le cadre des premières mesures, que le journaliste radio s’assure de la bonne marche de son magnétophone et de la fiabilité de ses bandes magnétiques.

La deuxième partie : le lancement de l’interview

Au lancement de l’interview, le journaliste de radio présente l’invité, sa profession ainsi que la relation la reliant au sujet avant de faire une brève présentation de l’objet de l’interview.

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La troisième partie : le corps de l’interview

Le corps de l’interview comporte « le débat et la discussion des différents aspects du sujet », et ce à travers des questions directes destinées à recueillir des informations ou des points de vues, ou à dévoiler les différents aspects de la personnalité de interviewé. Le journaliste de radio offre à son invité l’occasion de dire tout ce qu’il sait concernant le sujet au cours de l’interview. Il n’intervient pour l’interrompre que lorsque c’est nécessaire ou s’il est hors sujet. Il est tenu de s’abstenir de poser une panoplie de questions successives afin d’éviter de gêner l’invité. Pour maintenir le fil conducteur de la conversation et la fluidité de l’interview, chaque question doit découler de la réponse à la question précédente et être en liaison avec celle-ci, ce qui requiert – comme susmentionné - d’être concentré sur tout ce que dit l’interlocuteur et d’être à son écoute de manière attentive, afin d’être prêt à saisir toute idée nouvelle qui intervient au cours de l’interview. Toujours dans le corps de l’interview, le journaliste de radio doit poser des questions claires et directes qui entrainent des réponses tout aussi claires et directes, en tenant compte du temps imparti, afin que l’interview ne soit terminée avant l’obtention de toutes les informations relatives au sujet.

Laquatrièmepartie:lafindel’interview

A la fin de chaque interview, il est d’usage que le journaliste de radio rappelle le sujet de l’entrevue, en fasse une brève synthèse, présente l’invité qui a participé à l’émission et le remercie pour les informations et les points de vue qu’il a bien voulu accorder ainsi que sur les révélations qu’ils a faites concernant certains aspects de sa propre personnalité.

Ainsi, chaque interview radiophonique comporte-t-il, dans sa structure, les quatre parties que nous avons évoquées. Etant donné que notre étude concerne les méthodes de préparation et de réalisation de l’interview radiophonique, il convient d’aborder les méthodes de préparation des différents types de l’interview : l’interview d’information, l’interview d’opinion et l’interview de personnalité.

1. La préparation et la réalisation de l’interview d’information :

« L’interview d’information » est une discussion dont l’objectif premier est de fournir des informations et des données précises sur un sujet donné. C’est pourquoi ce type d’interview doit être suffisamment préparéaussi bien par le journaliste de radio que par le responsable invité à l’interview. La préparation consiste à rédiger le texte de l’interview, y compris les questions et les réponsesou au moins les questions. Pour sa part, le responsable note les informations, les données, les chiffres, les statistiques, ainsi que tous les éléments auxquels il

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devra se référer durant l’interview. Il y a des raisons qui rendent nécessaire le recours à cette méthode de préparation pour ce genre d’interview.

La première raison réside dans le fait que, de son coté, le journaliste radio doit préparer les questions vu qu’il n’est pas spécialisé dans le domaine abordé et qui requiert souvent une compétence particulière. C’est pourquoi, le journaliste radio est tenu de préparer préalablement les questions en vue d’éviter les erreurs techniques dans la manière de les formuler, ce qui peut arriver s’il se contente de les poser de manière improvisée et sans les avoir consignées par écrit. D’autre part, ce qui est recherché, en fin de compte, c’est d’obtenir un ensemble d’informations organisées et ordonnées d’une certaine manière, ce qui ne peut être atteint qu’à travers des questions qui sont elles-mêmes organisées et ordonnées.

La deuxième raison découle du fait que le responsable doit, de son coté, préparer les réponses à l’avance, car les sujets posés ne se prêtent pas à l’improvisation et exigent, dans la plupart des cas, des formulations scientifiques et des chiffres qui peuvent ne pas être présents à l’esprit, surtout face au microphone, en plus de la concentration que requiert ce genre d’interviews dans lesquelles on cherche à recueillir le maximum d’informations en peu de temps .

Il est primordial dans l’interview d’information d’attirer l’attention de l’invité sur la nécessité d’exposer le texte écrit dans un langage simplifié, afin qu’il soit intelligible et d’éviter de donner l’impression que son texte est préparé à l’avance.

Aussi, l’homme de radio doit-il écrire le texte dans un langage parlé, et non selon les normes de l’écrit afin que le responsable puisse avancer les informations de manière spontanée.

Pour que l’interview d’information soit réussie, il faut que le sujet convienne au public, qu’il soit inscrit dans le cadre de ses préoccupations et qu’il soulève des questions pertinentes. Il faut également que le journaliste radio qui dirige l’interview soit imprégné du sujet et possède des informations suffisantes avant de prendre contact avec l’invité à l’interview. Dans ce genre d’interviews, le journaliste radio n’a pas le droit d’émettre des opinions scientifiques ou d’aborder des questions spécialisées. Celles-ci sont l’apanage de l’invité qui est normalement spécialisé et habilité à parler du sujet en question.

2. La préparation et la réalisation de l’interview d’opinion

Comme susmentionné, l’interview d’opinion signifie le débat qui vise à exposer les opinions et les points de vue de certaines personnes concernant une question donnée ; tel que le point de vue du citoyen concernant la cherté de la vie, le caractère faramineux de la dot , ou le point de vue de la ménagère concernant le problème des prix et des solutions y afférentes.

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Dans ce genre d’interviews, le journaliste radio a affaire généralement à des personnes qui n’ont aucune expérience au microphone, ce qui peut les perturber, leur lier la langue et paralyser chez eux la faculté de réflexion et d’’improvisation. Il est alors du devoir du journaliste radio de faire traverser ce cap difficile à son interlocuteur, en s’abstenant de l’accabler avec une série d’injonctions l’incitant à ne pas avoir peur et à rester calme, car ces injonctions peuvent, au contraire, accentuer chez lui le trac . Le dépassement de ce moment critique se fait plutôt par la formulation de certaines questions personnelles au début de la discussion et avant l’enregistrement, ce qui contribue à créer un climat de confiance entre le journaliste de radio et son interlocuteur. Ensuite l’intervieweur doit indiquer brièvement les questions qu’il va aborder au cours de l’interview aux fins de connaître l’orientation générale de la pensée de son interlocuteur ainsi que ses points forts et ses points faibles pour en tenir compte lors de l’enregistrement, et éviter de surprendre l’interlocuteur par des questions auxquelles il n’était pas préparé à l’avance .

Il est nécessaire de rappeler que cela ne veut pas dire que le journaliste de radio doit faire un essai complet avec l’interlocuteur avant l’enregistrement car, s’il le fait, il n’obtiendra plus rien de lui étant donné que celui-ci aura épuisé ce qu’il a à dire et aura perdu son enthousiasme naturel dans l’expression de son point de vue. L’interview sera alors dépourvu de la chaleur nécessaire et aura perdu le sens de l’initiative qui capte l’attention de l’auditeur.

Dans l’interview d’opinion, le débat doit être improvisé sans l’aide d’aucun texte, tant de la part du journaliste de radio que de la part de l’interlocuteur. Ce qui n’empêche pas le journaliste radio d’organiser, dans son esprit, ses questions de manière à ce qu’elles aient un début, une suite et une fin. Après l’introduction avec une question à caractère personnel, l’entrée en matière doit être adroite, telle une question qui attire l’attention, éveille l’esprit et incite à suivre et à participer. La clôture doit être, elle aussi, attirante, avec une question dont la réponse constitue le point culminant de l’interview. Celui qui réalise ce genre d’interviews doit maîtriser parfaitement le sujet autour duquel il pose ses questions ; car toute défaillance ou perturbation dans la formulation des questions feraient sentir à l’auditeur que le journaliste radio ignore le sujet, et ce contrairement aux erreurs que peut commettre l’invité. En effet, pour l’auditeur, le journaliste est le représentant de la radio, lequel, à ses yeux, ne doit pas se tromper et connaitre tous les détails. C’est pourquoi le journaliste de radio doit descendre dans la rue pour connaître les points de vue des gens, plutôt que de rechercher uniquement des informations. En effet, ce type d’interviews est destiné à recueillir les points de vue afin de faire connaître à l’auditeur les opinions des autres concernant une question d’actualité importante.

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C’est pourquoi l’interview d’opinion requiert une préparation et un style particuliers, notamment dans la manière de poser les questions. En effet, la formulation des questions adressées à l’interlocuteur n’est pas chose aisée. Elle conditionne le bon déroulement ou non de l’interview. S’il arrive qu’une question fermée est posée (dont la réponse ne peut être que par « oui » ou par « non »), la discussion peut s’enliser et l’interview est condamnée à s’arrêter. L’emploi abusif de questions fermées condamnera le public à n’écouter que le journalistede radio et à n’entendre que les questions, ce qui est bien entendu contraire aux objectifs de l’interview et de l’émission. Ce qui est recherché c’est, plutôt, que les gens écoutent l’invité et prennent connaissance de ses idées et ses points de vue. D’autre part, les questions ne doivent pas être formulées de manière suggestive, c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas suggérer un point de vue à l’invité et orienter sa réponse de telle sorte qu’il soit contraint de faire un choix qui n’est pas le sien. Il faut offrir au porteur d’opinion l’opportunité d’exprimer son point de vue en toute franchise et sans aucune influence, afin de ne pas rater la finalité même de l’interview d’opinion. Le bon journaliste radio est celui qui ne ne monopolise pas la parole et n’impose son point de vue à personne. Il conserve plutôt sa neutralité et excelle dans son élocution et dans le choix des mots et expressions. Il écoute bien son interlocuteur et lui montre tout l’intérêt qu’il accorde àce qu’il dit et sa volonté de comprendre et de connaître son point de vue.

3. La préparation et l’exécution de l’interview de personnalité

L’interview de personnalité vise à présenter une personnalité qui a une certaine importance aux yeux du public et qui attire l’attention d’une manière ou d’une autre. En règle générale, celui qui prépare l’interview de personnalité doit savoir choisir la bonne personne. Une fois le choix est fait, il doit faire ressortir, dès le début de l’entretien, les raisons ayant motivé l’interview avec la personnalité choisie. Ensuite, il faut s’assurer que cette personne est bien celle qui convient pour s’exprimer au micro. Cela est déterminé sur la base de plusieurs éléments dont :

Le premier élément : la facilité d’accès à la personnalité, et la possibilité de convenir avec elle d’un rendez-vous approprié pour l’enregistrement.

Le deuxième élément : la capacité de cette personne d’exprimer son point de vue ou son opinion avec aisance et clarté, et sa maîtrise des informations relatives au sujet retenu pour l’interview.

Le troisième élément : la capacité de la personne de s’exprimer convenablement au microphone sans hésitation et sans crainte.

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Le quatrième élément : le fait que la personnalité soit appréciée du public et des auditeurs.

L’interview de personnalité est, de par sa nature, spontanée et sans texte écrit ; car l’objectif en est de connaître les personnalités choisies telles qu’elles sont, dans leur vraie nature. La lecture d’un texte écrit est donc de nature à voiler ce côté naturel et de peindre l’interview avec des couleurs artificielles qui la dépouillent de toute originalité et de tout attrait. Il est utile d’organiser, avant l’enregistrement, une rencontre préparatoire entre le journaliste de radio et la personnalité avec laquelle sera organisée l’interview, rencontre au cours de laquelle apparaîtront les différents aspects du sujet, notamment ceux qui révèlent l’originalité de la personnalité, ainsi que les aspects où celle-ci brille de manière particulière. Au cours de cette rencontre, seront également évoqués brièvement les sujets qui seront posés durant la discussion, sans que ceux-ci ne soient préparés de manière approfondie, afin qu’ils ne perdent pas de leur nouveauté après la rencontre.

Naturellement, dans ce genre d’interviews, le journaliste de radio garde en mémoire certaines questions, sinon, il note quelques mots en guise d’aide-mémoire. Ainsi, le suspense est assuré durant l’interview, ce qui permet de tenir en haleine l’auditeur. Par ailleurs, il est important que les questions de l’interview de personnalité fassent ressortir les différentes facettes de celle-ci ou, du moins, ses aspects les plus anecdotiques. Il faut également éviter d’aborder des sujets qui peuvent soulever des divergences entre le journaliste de radio et son interlocuteur car, dans ce genre d’interviews, l’auditeur préfère plutôt écouter la personnalité pour connaître certains aspects de sa vie, ses idées et sa manière de s’exprimer, plutôt que de révéler la vérité sur un sujet donné.

Dans l’interview de personnalité, la personnalité du journaliste de radio ne doit pas dominer celle de son interlocuteur, car l’auditeur veut connaître celle de l’invité et non celle du journaliste. La discussion doit être empreinte de spontanéité et s’éloigner des points qui soulèvent une discorde dans les points de vue, car l’objectif est de présenter les qualités personnelles agréables et attrayantes d’une personne appréciée. Ceci suppose que le journaliste de radio soit au fait du background de la personnalité en question et de son passé à travers certaines étapes de sa vie, ce qui n’est possible qu’en traçant les grandes lignes des questions et des points qui dévoilent les différents aspects de la personnalité autour de laquelle s’articule l’interview. Cette démarche aide beaucoup à formuler les questions et à définir les différents axes de l’interview de manière logique et ordonnée.

Ainsi, le journaliste radio, qui réalise l’interview de personnalité, doit-il toujours chercher à dévoiler la nature, le caractère et le type de la personnalité

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avec laquelle il fait l’interview ; ce dont peut résulter une narration plus longue, moins imposante et moins soumise aux contraintes du temps.

Ce genre d’interviews se base sur la personnalité de l’interlocuteur, sur son habileté, son tact et sa capacité de s’exprimer, ainsi que sur la diversité de ses penchants, son charisme et son aptitude à influencer l’auditeur.

Pour que l’interview de personnalité soit réussie, il est nécessaire d’être précis dans le choix de l’invité, loin de toute forme de complaisance avec qui que ce soit. C’est-à-dire que la personnalité choisie doit être d’une importance réelle pour les auditeurs et faire l’objet d’un intérêt particulier pour le public. La prestation du journaliste de radio qui dirige l’interview doit également correspondre au sujet de la discussion ; en plus du fait qu’il doit poser les questions qui s’adaptent à chaque cas en particulier, et éviter les questions susceptibles de vexer la personnalité invitée, ainsi que les questions superficielles ou banales qui ne mènent nulle part.

D’une manière générale, le journaliste radio qui réussit est celui qui pose les questions que les auditeurs souhaiteraient poser eux-mêmes à cette personnalité en particulier ; car son rôle est celui d’un intermédiaire qui ouvre un canal entre les auditeurs et les invités, ce qui lui impose de poser des questions dont il n’ignore pas lui-même préalablement les réponses, mais qui doivent être posées pour satisfaire la curiosité de l’auditeur. Les questions doivent être formulées de manière simple et claire afin qu’elles soient comprises de toutes les catégories du public.

La réalisation de l’interview radiophonique au studio

Avant la réalisation de toute interview radiophonique, il est nécessaire d’avoir une discussion préalable à l’enregistrement avec l’interlocuteur . L’invité peut avoir le trac ou éprouver de la crainte dans le studio et au microphone, ce qui impose de le calmer et le rassurer, et ce en menant avec lui une conversation empreinte de sympathie à même de le mettre en confiance. Au cours de cette conversation préalable, le journaliste de radio doit s’éloigner du sujet fondamental de l’interview afin d’éviter que l’invité ne donne trop d’informations ou dévoile ses points de vue, car dans, le cas contraire, il pourrait éluder tout cela, au cours de l’enregistrement, en usant de la formulation : « je vous l’avais déjà dit ».

Ainsi, la discussion et l’entretien préalables avec l’invité aident-ils à le préparer mentalement et psychologiquement à l’enregistrement, à déterminer avec lui les points fondamentaux du sujet de l’interview, à bien saisir le nom et le prénom de l’invité et à les prononcer de manière correcte.

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L’enregistrement à l’intérieur du studio

Après l’installation du ou des invités dans leurs places face au micro, et après l’installation du journaliste de radio qui dirige l’interview, celle-ci peut alors débuter par un simple lancement au cours duquel le journaliste expose le sujet et souligne son importance, présente l’invité et fait ressortir ses qualifications et son background. Ce lancement remplit trois fonctions principales :

La première fonction : susciter l’intérêt de l’auditeur au programme.

La deuxième fonction : présenter un flash d’informations sur l’invité avant le début de la discussion.

La troisième fonction : faire dissiper l’atmosphère de tension et d’inquiétude et mettre l’invité à l’aise.

La présentation des questions :

Après le lancement, et après avoir souhaité la bienvenue à l’invité, le journaliste radio commence à poser les questions tout en montrant tout l’intérêt qu’il porte à son invité et à ce qu’il dit. Pour ce faire, la formulation des questions doit être soumise aux exigences de clarté et de précision. De même, les questions simples doivent- être placées au début de l’interview afin que l’invité s’acclimate avec le sujet. Quant aux questions suivantes, elles doivent répondre à un enchaînement logique et ordonné. D’autre part, il convient de s’arrêter sur les expressions et les mots ambigus pour demander à l’invité de les expliciter et d’en éclaircir le sens. Il faut créer en même temps chez celui-ci le sentiment que ce qu’il dit est important pour l’aider à aller plus loin dans la discussion. Au cas où l’invité est hors sujet, il doit être interrompu de manière courtoise afin de le ramener au sujet à travers une autre question ou en lui rappelant ce qu’il avait dit auparavant. A la fin de l’interview, le journaliste de radio présente une synthèse finale en guise de clôture de la discussion.

Remarques générales relatives à l’interview radiophonique :

Il y a certaines remarques communes à tous les types d’interviews radiophoniques, dont principalement :

Première remarque : Dans toutes les interviews, quel qu’en soit le type, les questions, qu’elles soient préparées à l’avance ou improvisées, ne doivent pas être posées de manière successive et sans rapport avec les réponses obtenues. Si l’interlocuteur finit de répondre à une question donnée, le journaliste ne doit pas passer subitement à la question suivante, mais doit plutôt l’introduire par une liaison avec la réponse à la question précédente.

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La transition est nécessaire entre les questions, sinon on se croirait en situation d’examen scolaire et non d’un débat ou d’une discussion dans une interview de face à face. D’ailleurs, même dans des conversations quotidiennes anodines, les interlocuteurs ne passent pas soudainement d’un sujet à l’autre : chaque nouveau sujet émane, d’une manière ou d’une autre, de l’idée précédemment discutée.

Deuxième remarque : Le journaliste de radio doit s’éloigner, notamment dans l’interview improvisée, des expressions qu’il répète habituellement dans ses conversations normales, et qu’on appelle généralement les tics. S’il a l’habitude de répéter des mots tels que « eh bien ! – ça alors ! – bon dieu ! » etc., il doit faire attention à cette manie durant l’enregistrement de l’interview ou durant sa diffusion en direct, car il s’agit d’un défaut que l’auditeur ne pardonne pas.

Troisième remarque : Le journaliste de radio ne doit jamais tourner son invité en dérision, quel que soit le degré de la naïveté des propos de celui-ci, de leur inexactitude ou de leur exagération. L’invité du journaliste radio est l’invité de l’auditeur ; le tourner en dérision c’est tourner l’auditeur lui-même en dérision, car il peut se retrouver dans la même situation que l’invité, avec lequel il faut également éviter toute forme de familiarité.

Quatrième remarque : Lors de la réalisation de toute interview radiophonique, il faut éviter de compter sur « le montage » durant l’enregistrement de l’entretien. Le journaliste radio accompli retire totalement l’idée du montage de son esprit, et n’y recourt qu’en cas de nécessité absolue pour supprimer une expression inappropriée, par exemple. Sinon, il se peut que la négligence et l’insouciance entourent l’interview et que celle-ci perde son fil conducteur ou sa fluidité et devient ainsi dépourvue de réalisme.

Comment clôturer l’interview ?

A la fin de toute forme d’interview radiophonique, il faut présenter une synthèse du sujet discuté, rappelant essentiellement les idées et les informations qui y ont été développées. L’interview ne doit pas être clôturée de manière brusque qui fait sentir à l’auditeur une interruption dans le cours des idées et des informations. Il est également important de préparer l’interlocuteur à l’approche de la fin de l’interview. Cette fin sera marquée par les remerciements adressés à l’invité qui a honoré le programme de sa présenceet l’a enrichi de ses informations, ses idées et ses points de vue.

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Axe II : LES METHODES D’ANIMATION DE LA CAUSERIE ET DU DEBAT

La causerie embrasse différents aspects d’un sujet que les participants couvrent, chacun suivant sa spécialité et ses préoccupations, sans qu’il y ait une contradiction ou une divergence entre les opinions et les points de vue ; tandis que, dans le débat, il y a des divergences entre les idées et les points de vue, et chacun y cherche à convaincre l’autre de la justesse de son opinion ou de son point de vue.

Les causeries et les débats représentent un format radiophonique qui vise à échanger les opinions, à les diffuser aux auditeurs et à inciter ceux-ci à y réfléchir, qu’il s’agisse d’opinions importantes issues de débats sérieux, ou d’idées divertissantes fréquentes dans les causeries. En tant que programmes, ces deux formes offrent à l’auditeur l’occasion d’exprimer ses points de vue de manière instantanée ou directe ; tandis que les autres formes radiophoniques - le journal, le commentaire, le théâtre et autres –se contentent de transmettre à l’auditeur l’information ou l’opinion sans lui offrir l’occasion d’exprimer ses points de vue.

D’une manière générale, la causerie et le débat peuvent ne pas aboutir à une solution unique ou à une conclusion définitive, mais peuvent déboucher sur des solutions effectives ou tacites pour les questions ou les problèmes discutés.. Une ouverture peut être également retenue comme fin de la discussion afin d’impliquer davantage l’auditeur.

La réussite des programmes de causerie et de débat est conditionnée par plusieurs éléments, dont principalement : le sujet de la causerie et du débat, le présentateur du programme ou l’animateur du débat, les invités, le style et la manière d’aborder le sujet, la formulation des questions, le degré de maîtrise de l’art du débat par l’animateur, en plus de l’enchaînement des questions d’une part, et leur degré de couverture du sujet d’autre part et, enfin, les aspects relatifs aux invités et à leurs personnalités .

La bonne préparation de la causerie et du débat constitue l’un des principaux facteurs de leur réussite. Cela s’applique surtout au débat dont le sujet doit être nouveau, intéresser le plus grand nombre d’auditeurs et s’étendre de manière à inclure les divergences des opinions et des points de vue. Le choix du sujet conditionne celui de l’invité au débat. Après le choix du sujet du débat, il faut mener une recherche approfondie concernant ce sujet afin d’en délimiter les tenants et les aboutissants, et rassembler tout ce qui s’y rapporte tels que les faits, les informations, les références, les articles de presse, etc.

L’animateur du débat doit également posséder des informations concernant la divergence des points de vue sur le sujet retenu pour la discussion. Il doit

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aussi préparer les principaux axes qu’il va présenter au cours du débat et ce à travers la collecte des informations. Cela ne doit pas se faire sous forme d’un texte écrit, mais plutôt sous forme de simples remarques qui rappellent les principaux points du sujet. Partant, l’animateur de la causerie ou du débat doit, avant le commencement de l’enregistrement, donner aux participants une idée sur durée fixée pour la discussion ainsi que de la distribution des rôles. La préparation de ce genre de programmes nécessite que son plan soit distribué à l’avance aux participants afin qu’ils puissent se préparer, structurer leurs idées et leurs interventions conformément au plan et à la forme générale du programme, et afin qu’ils effectuent les recherches concernant les informations spécialisées et s’en servir au cours de la discussion.

Il n’est pas possible d’écrire des textes complets pour la causerie et le débat, étant donné qu’on n’a pas une connaissance suffisante et préalable des orientations des participants et des commentaires qu’ils vont émettre sur le sujet du débat, ni des points qui pourront surgir au cours de son déroulement. Cependant, ces difficultés ne doivent pas conduire à une préparation « baclée » ou insuffisante des programmes de causeries et de débats, car cela entraînera nécessairement des conséquences fâcheuses et poussera l’animateur du débat à poser aux participants des questions sans connaître l’orientation que va prendre la discussion et sans pouvoir la maîtriser. Aux fins d’éviter de telles conséquences et préserver la spontanéité, il est nécessaire de planifier à l’avance les orientations de la causerie ou du débat, d’en définir les grandes lignes, d’en concevoir la forme générale et de préciser les aspects du sujet qui seront soumis à la discussion. , il faut aussi préparer le lancement et la conclusion du débat, ainsi que les formules de transition qui serviront à relier les différentes parties de la discussion.

Mais, il n’est pas nécessaire non plus d’exagérer dans la préparation, car cela peut rendre le programme ennuyeux. Cependant, la négligence entraîne l’impossibilité de traiter de manière convenable les différents éléments du sujet. Une planification et une préparation équilibrées de ce genre de programmes sont nécessaires, voire vitales pour éviter la répétition des informations et autres contenus des participants. Ceux-ci qui doivent exposer leurs points de vue de façon spontanée. Qu’ils divergent ou convergent, ces derniers sont destinés à orienter la discussion à des conclusions définitives. La contradiction entre les points de vue au cours du débat est de nature à accroître l’intérêt de l’auditeur et à l’inciter à l’écoute, surtout quand cette contradiction conduit à soulever les principaux points du débat. Par contre, la contradiction et le débat autour des questions secondaires conduisent à la lassitude de l’auditeur et à son manque d’intérêt pour le programme. Au cours du débat, il faut éviter l’hésitation dans l’expression des opinions, afin de conférer au programme la vitalité, la spontanéité et le rythme nécessaires à son bon déroulement. Avant

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d’interrompre un locuteur, il faut s’assurer qu’il a fini d’exposer son point de vue ou, au moins , qu’il a fini d’exprimer son idée.

Si l’on confie à l’un des débatteurs le rôle de traiter d’un sujet secondaire, cela ne veut pas dire qu’il a l’exclusivité d’en parler. Durant la discussion du sujet, le locuteur doit éviter de faire des pauses ou des silences, car cela influera négativement sur la vitalité et la spontanéité qui sont des éléments de grande importance pour les programmes de débat. Par contre, les pauses pleines se manifestent dans le rire et l’humour involontaires et dans l’absence de redondance. Par ailleurs, afin de préserver la spontanéité de la causerie et du débat, l’animateur doit avoir une parfaite connaissance des tendances des participants afin qu’il puisse leur poser, le cas échéant, des questions orientées pour connaître certains de leurs points de vues sur le sujet ou assurer leur participation effective à la discussion en interpellant les plus hésitants et en veillant à l’équité dans la distribution du temps en fonction des points qu’ils vont traiter. La préparation préalable de la causerie permet d’en respecter la nature et de discuter de tous les points d’une manière équilibrée, sauf si le programme fut conçu au départ pour faire prévaloir un point de vue donné. Dans ce cas, cela doit être convenu à l’avance pour définir la nature du programme : s’agit-il d’étaler des antagonismes pour assurer la vitalité du programme ? S’agit-il de les modérer ou plutôt de les passer complètement sous silence? Cela impose, naturellement, de formuler les questions d’une manière qui suscite la recherche et la réflexion et de façon à éviter les réponses par « oui » ou « non », ou encore par une formule lapidaire concernant des vérités avérées.

La planification des programmes de causerie et de débat :

Ce genre de programmes, qui fait partie des programmes de débats radiophoniques, a besoin de préparation et de planification pour en assurer la réussite. Cette planification repose sur les trois principaux fondements suivants :

1. Le choix du sujet autour duquel s’articule le débat.

2. Le choix des personnes qualifiées pour débattre du sujet.

3. Le choix de l’animateur de la causerie ou du débat.

Nous allons aborder, dans ce qui suit, ces trois fondements de manière détaillée :

1. Le choix du sujet :

L’élément auquel il faut accorder le plus grand soin dans le choix du sujet de la causerie se rapporte au degré d’importance qu’il revêt aux yeux du plus grand nombre d’auditeurs et dans l’intérêt qu’ils lui accordent. Plus cet intérêt est

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grand et plus largement il est partagé, plus les chances de réussite du programme seront grandes. Le sujet du débat ou de la causerie doit être en rapport, d’une manière ou d’une autre, avec le contexte temporel de la présentation du débat, ce qui ne veut pas dire que le sujet doit être nécessairement lié à l’actualité. Soumettre au débat des sujets dépassés, désuets ou dont on ne se rappelle plus, ne peut être valable que dans les seuls domaines de la recherche scientifique. Cela ne veut pas dire que l’objet des causeries doit porter uniquement sur des questions politiques. En effet, les questions économiques, sociales, scientifiques et humaines sont également des domaines importants pour ce genre de programmes, tant qu’ils bénéficient d’un grand intérêt du public.

Quant aux informations qui doivent nécessairement faire l’objet de causeries et de débats ce sont celles qui ont besoin d’être expliquées et commentées, qui se rapportent à des événements déterminants, ou qui ne bénéficient pas du soutien de l’opinion publique du fait de l’ambiguïté de leur effet ou de leur signification pour le public. C’est pourquoi il faut tenir compte, au moment du choix du sujet, de la possibilité de sa discussion à partir d’angles différents, et de l’éventualité de la divergence des points de vue y afférents. En d’autres termes, il faut que le sujet soit « discutable », et c’est justement cette prédisposition qui motive le choix d’un sujet au lieu d’un autre, si les deux sont d’importance égale.

2. Le choix des participants à la causerie ou au débat :

La causerie ou le débat exigent, du fait de leur forme, la participation d’au moins deux invités en plus de l’animateur. Ce nombre peut s’accroitre, dans certains cas, pour atteindre trois ou quatre personnes. Cependant, ce nombre ne doit être si élevé que s’il est possible d’accorder à tous les participants une durée suffisante pour exprimer leurs points de vue, et sans que le public ne soit gêné par la multiplicité et la diversité des opinions, surtout quand le nombre des invités n’est pas en adéquation avec la durée impartie à la discussion , empêchant ainsi les participants de défendre leurs points de vue, de mieux argumenter ou d’aborder le sujet à partir d’un angle particulier.

Quant au choix des participants à la causerie ou au débat, il est fondé sur des bases que le réalisateur de ce genre de programmes doit respecter, bien qu’elles ne fassent pas l’objet d’un consensus. En effet, certains estiment que le choix des participants doit se faire sur la base de la compétence et de la connaissance du sujet à débattre, sans tenir compte de leur célébrité ou de leur popularité chez le public, étant donné que l’on cherche avant tout à dévoiler la vérité. Les tenants de ce point de vue affirment que les participants doivent être choisis parmi les spécialistes du sujet ou de la question soumise au débat, étant donné que la compétence de ceux-ci et les connaissances et les informations qu’ils possèdent concernant le sujet à débattre leur permettent

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d’en parler et de révéler la vérité au grand jour, ce qui est à la fois l’objectif principal du programme et la revendication fondamentale du public.

Les tenants de l’autre point de vue font prévaloir la « célébrité » sur la « compétence ». Sur cette base, ils préconisent le choix des participants à la causerie ou au débat parmi les célébrités, même si leur connaissance du domaine est en deçà de celle des spécialistes.

Cependant, ce problème peut être dépassé, car la question du choix est fonction surtout des aspects relatifs au sujet, au timing de sa diffusion, à l’auditeur visé et à l’objectif poursuivi. Le choix des participants ne doit pas se faire sur la base de la seule compétence, ni au détriment de la capacité de convaincre et de défendre les opinions. Le choix des invités au débat ne doit pas également se faire sur la base de la célébrité et du charisme des participants au détriment de leur lien avec le sujet, sinon on aboutira à des résultats superficiels, qui nuisent à la fois au journaliste chargé du programme et à l’invité lui-même. Il existe aussi une position médiane selon laquelle il est possible de trouver parmi les spécialistes des personnes qui sont célèbres, ce qui permet de concilier les deux points de vue en choisissant des célébrités parmi les spécialistes de la question retenue pour le débat. Cependant, cela ne suffit pas, car la question est soumise à d’autres conditions liées aux capacités et aux prédispositions personnelles propres à chaque participant, dont :

- Son désir de prendre la parole au public et son comportement face aux instruments et aux équipements de l’information.

- Sa capacité de s’exprimer et d’expliquer ses opinions et ses points de vue, ce qui est une qualité sans rapport avec l’intelligence ou le génie dans le domaine de spécialité, qui relève des capacités propres à chaque personne.

3. Le choix de l’animateur de la causerie :

L’animateur de la causerie est la personne qui se charge d’introduire le sujet, présenter les participants à la discussion et d’organiser le débat de manière à traiter le sujet en couvrant tous ses aspects. Il est tenu, lors de la discussion, d’accorder aux participants des chances égales pour exprimer leurs points de vue. Il explique et explicite les expressions et les formules dont la compréhension est l’apanage des spécialistes. Il doit également représenter les auditeurs dans la formulation des questions. Celles-ci peuvent être déjà prévues ou découler des interventions des participants à la causerie.

La réussite de toute causerie ou débat est fonction de la personnalité de celui qui dirige la discussion. Il peut, par sa façon de la mener, et malgré un choix judicieux du sujet et des participants, la transformer en une conversation

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dépourvue de dynamisme ou encore anarchique où s’entremêlent les voix, où se perdent les contours du sujet et où le débat ne conduit qu’à la perte du temps de l’auditeur, à sa lassitude et à sa colère contre les organisateurs du programme. Il est très important que l’animateur du débat ne s’aligne pas à l’opinion de l’une des parties contre l’autre. Il doit plutôt rester neutre et courtois vis-à-vis des participants, sans toutefois manquer de fermeté qui lui permettra de diriger le débat conformément au plan qui lui a été tracé.

Il découle de ce qui précède que le choix de l’animateur de la causerie ou du débat ne doit pas être laissé au hasard. Il existe une polémique qui touche autant le choix de l’animateur de la causerie que le choix de ceux qui doivent y participer. Il y a ceux qui estiment que l’animateur de la causerie doit être choisi parmi les experts qualifiés pour parler du sujet choisi. Ils justifient cette opinion par le fait que les responsabilités qui lui sont dévolues nécessitent qu’il soit, au moins, imprégné du sujet au même titre que les autres participants, afin qu’il soit capable de suivre et de diriger le débat et, surtout, de convaincre les spécialistes qui participent à la causerie, notamment lorsqu’il s’agit de scientifiques notoires. Quant aux tenants de l’autre opinion, qui sont les journalistes de radio, ils récusent ce point de vue sauf dans les cas qui requièrent une spécialisation très poussée. Ils estiment que l’expert ou le spécialiste qui n’a pas de relation avec la radio ou avec les techniques radiophoniques ne sera pas neutre dans sa direction de la causerie ; et que sa spécialité le poussera à se ranger du côté d’une opinion contre une autre et à appuyer un orateur aux dépends d’un autre, car il est porteur d’une opinion quel que soit le sujet, et se verra obligé, du fait de sa formation et de sa nature humaine, d’intervenir pour soutenir, directement ou indirectement, un point de vue donné

Les adeptes de ce point de vue ajoutent que si l’animateur de la causerie est un expert dans le domaine, il ne tiendra pas compte de l’auditeur et, partant, ne répondra pas aux questions et aux interrogations qui le préoccupent ; qu’il n’expliquera pas les termes savants employés par les intervenants et que, par conséquent, le sujet ne profitera pas à l’auditeur moyen qui sera dans l’incapacité de le suivre. Ainsi, le débat finira-t-il par être un échange académique qui n’a aucun rapport avec le public.

Par conséquent, il est nécessaire que l’animateur de la causerie soit un « professionnel de la radio », spécialisé dans les techniques radiophoniques et possédant une bonne expérience dans ce domaine.

La réalisation des causeries et des débats :

Après la phase de la planification des causeries et des débats, et après avoir choisi le sujet, ceux qui vont en parler et l’animateur de la causerie, commence la phase de l’exécution du plan général. En effet, les causeries et

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les débats radiophoniques s’appuient sur une équipe complète qui se compose essentiellement de celui qui prépare ou écrit ce genre de programmes, des participants choisis pour le débat, de l’animateur de la causerie, en plus de certains agents techniques dont l’ingénieur du son et le réalisateur de l’émission, soit à travers l’enregistrement dans le studio ou la diffusion en direct.

Le premier pas dans le processus d’exécution commence par une réunion cordiale entre l’animateur de la causerie et les participants, au cours de laquelle le sujet fera l’objet d’une discussion préalable entre les participants qui se mettront d’accord sur les questions secondaires à écarter, ainsi que sur la structure du sujet de base. En général, l’animateur de la causerie se charge de l’agencement des axes du sujet et détermine la durée à consacrer à chaque axe. Au cours de cette réunion, qui sert de préparation de l’enregistrement ou de la diffusion en direct, chaque participant peut choisir un aspect dont il veut parler, ce qui permet à l’animateur de la causerie d’être bien renseigné sur la nature du sujet et ses différents aspects, ainsi que sur la position de chaque intervenant. Dans cette rencontre préparatoire, les participants et l’animateur de la causerie se mettent d’accord sur le « code », c’est-à-dire les signaux qui seront utilisés durant l’enregistrement ou la diffusion en direct. Ces signaux, qui leur permettront de se comprendre, sont utilisés, par exemple, pour recommander de parler plus vite ou plus lentement, d’élever la voix, de terminer l’intervention ou demander la parole.

Certains estiment que cette réunion préparatoire doit se transformer en une sorte de répétition au cours de laquelle l’animateur de la causerie s’adresse aux participants, essaye de connaître l’orientation avec laquelle chacun d’entre eux abordera le sujet, s’enquiert de leurs opinions et de leurs points de vue et évalue leur apport au sujet de la causerie ou du débat. Cependant, cette approche préparatoire ne doit pas être effectuée de manière approfondie afin de ne pas faire perdre à la causerie son attrait, et aux participants leur enthousiasme lorsque, au cours de l’émission, ils sentiront qu’ils ne font que ressasser des propos, ce qui aura pour conséquence de rendre la causerie fade et ennuyeuse.

La phase d’exécution commence par l’entrée au studio, conformément au plan arrêté au cours de la réunion préparatoire. Le réalisateur exécutif détermine les places où seront assis les participants, procède aux essais de voix au micro pour chaque participant et s’accorde avec les participants sur les signes conventionnels et la manière de les leur transmettre durant l’enregistrement ou la diffusion en direct. Le rôle de l’animateur de la causerie ou du débat commence par la phase d’exécution.

Naturellement, l’animateur de la causerie ou du débat doit s’assoir dans une place qui lui permet de voir le réalisateur à la régie afin de recevoir ses instructions, et de voir l’horloge du studio afin de diriger le débat dans les

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limites du temps imparti à chaque participant. Alors, l’animateur commence l’exécution par un lancement qui constitue l’accroche de la discussion et du débat. Dans cette étape, il expose brièvement le sujet, présente les invités et précise leurs qualités et qualifications professionnelles ainsi que leur relation avec sujet, si celui-ci ne rentre pas dans le cadre de leurs compétences. L’animateur de la causerie doit, au cours de l’émission, appeler les participants par leurs noms au moins durant la première partie de la causerie afin de fixer la relation entre le nom et la voix dans l’esprit de l’auditeur, faute de quoi les contours du débat seront perdus. Il doit également saisir toutes les occasions, dans la première partie du débat, pour rappeler le titre du sujet afin de s’assurer de l’écoute de l’auditeur qui n’a pas suivi l’émission depuis le début.

L’animateur de la causerie ou du débat doit garantir la participation de tous les orateurs d’une manière quasiment égale. Pour ce faire, il doit inviter les plus timides à parler en leur adressant directement des questions et intervenir de manière courtoise pour arrêter ceux qui ont tendance à monopoliser la parole, en transférant la parole à un autre participant. L’animateur de la causerie doit éviter que la discussion s’enlise dans des problèmes secondaires qui peuvent surgir et détourner les participants du sujet fondamental. Il doit toujours les ramener aux grandes lignes déjà fixées.

Naturellement, on peut, durant le débat, noter des faits, des statistiques ou des citations et s’en servir lorsque l’occasion se présente, sachant que le succès de la causerie ou du débat est fonction de la compréhension par chaque participant de son rôle. Chaque participant doit comprendre qu’il doit déployer tous ses efforts pour faire sentir aux auditeurs qu’ils sont présents avec lui. Il doit sentir lui-même leur présence, car c’est à eux qu’il s’adresse en même temps qu’il parle à ceux qui sont devant lui. C’est ainsi que la discussion devient cordiale et se transfère dans la chambre de l’auditeur. En effet, toute matière radiophonique n’a de valeur que si l’auditeur sent qu’il y est associé. La radio subit l’influence de son public à la mesure de l’effet qu’elle a sur son public par la diffusion des programmes et des objectifs qui s’y rapportent.

Il est important que l’animateur de la causerie ou du débat gère le temps de parole ainsi que la manière de passer d’un point à un autre et d’un locuteur à l’autre, afin que les participants aboutissent, au terme de la causerie ou du débat, à des points précis et des opinions définies, ainsi qu’à des points de vue qui appellent à plus d’échange dans d’autres causeries ou dans de nouvelles émissions. Bien entendu, les participants doivent également parvenir à des décisions et à des solutions pour certaines questions ou certains problèmes et s’accordent sur leur l’application.

Ainsi, il apparaît que l’animateur de la causerie est le timonier du bateau qu’il doit mener à bon port, en surpassant tout obstacle qui y fait face. Partant, il

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devient évident que l’animateur de la causerie ou du débat doit nécessairement être un journaliste de radio expérimenté qui maîtrise l’outil radiophonique, en connaît aussi bien les exigences et les techniques que le public dont il détermine les attentes et s’emploie à répondre aux questions qu’il se pose en les adressant aux participants au débat. Cela suppose qu’il soit suffisamment imprégné du sujet à débattre, qu’il connaisse les invités et les tendances de leur réflexion et de leurs points de vue. En effet, le journaliste de radio joue le rôle d’intermédiaire entre le public et la source. Aussi, doit-il avoir présent à l’esprit le cadre de référence du public cible à tous les plans : la langue, le niveau d’instruction, les préoccupations, les coutumes, les croyances, les besoins et les attentes. C’est pourquoi, le choix de tout sujet pour la causerie ou le débat doit prendre en considération le degré de l’intérêt que lui porte le public, en même temps que la capacité des invités à s’exprimer clairement autour du sujet et de manière à répondre aux attentes et aux spécificités du public concerné. En effet, l’échec de la transmission du message à un public spécifique et l’incapacité de produire, sur celui-ci, l’effet recherché est dû à deux facteurs :

Le premier réside dans le caractère flou ou vague du message, du fait de l’incapacité de le formuler de façon adéquate et de l’absence d’arguments logiques et convaincants.

Le deuxième réside dans l’ignorance des spécificités du public cible et de son cadre de référence.

Aussi, le journaliste de radio, qui dirige n’importe quel type de débat, doit-il connaître en profondeur l’identité psychosociale et l’appartenance socioculturelle du public cible. Dès lors, il est nécessaire que l’animateur de la causerie ou du débat soit un homme de radio, car celui-ci connaît mieux que quiconque le cadre de référence de l’auditeur et la nature de l’outil radiophonique, ainsi que le sujet soumis à la discussion. Il connaît également l’objectif visé à travers le débat et le profit que peut en tirer l’auditeur et la société, car les sujets sont généralement retenus pour la discussion en raison de l’intérêt que leur accordent les citoyens et vu qu’ils se rapportent à leur présent et leur avenir.

La causerie réussie est celle qui aboutit, en définitive, à la prise d’une décision donnée qui, à son tour, conduit à une action précise. D’ailleurs, le slogan de toute causerie réussie est : « écoutez, discutez et agissez en conséquence ».

CHAPITRE IIILE PRESENTATEUR DES

EMISSIONS-DEBATS

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Etant donné que l’objectif de la radio est de produire un effet sur l’auditeur et de l’amener à en suivre les programmes quels qu’en soient les formes, la sélection des personnes chargées de présenter ces programmes à l’auditeur est d’une importance capitale. En effet, les présentateurs des programmes doivent répondre à un certain nombre de critères dont les plus importants sont : l’assimilation de la nature de l’outil, ainsi que la bonne connaissance du public cible et de ses spécificités. Au moment de la présentation d’un programme, il ne suffit pas que le présentateur prenne soin de son aspect vestimentaire, il faut également qu’il prenne soin de la clarté de la langue et de l’impact de ses propos. Il ne suffit pas qu’il ait une voix forte et audible, il faut également qu’il respecte les règles suivantes :

· être conscient qu’il a quelque chose d’important à dire ;

· qu’on exige de lui de présenter ce qu’il a à dire dans un style convain-cant et sincère ; et

· qu’il doit parler de manière claire et simple afin qu’il soit compris de tous ceux qui l’écoutent.

Axe I : LE PROFIL ET LES CARACTERISTIQUES DU PRESENTATEUR DES EMISSIONS-DEBATS

Le présentateur des productions radiophoniques joue le rôle d’émetteur ; aussi lui est-il demandé d’influer sur l’auditeur. Or, il ne peut atteindre cet objectif s’il méconnaît la nature de l’outil dont il se sert et les particularités du public auquel il s’adresse. Il serait impossible, si tel est le cas, de capter l’attention de l’auditeur et de l’attacher à la production diffusée. C’est pourquoi, le présentateur doit posséder des qualités et des caractéristiques particulières lui permettant de jouer pleinement son rôle.

On peut définir le présentateur comme étant la personne dont la profession consiste à transmettre et à présenter les informations aux masses à travers la radio, et ce d’une manière qui répond à certains critères. Cette définition comporte les éléments suivants :

· C’est un travail qui se base sur la transmission et la présentation des informations moyennant la voix.

· La professionnalisation, à savoir que ce travail est la profession et la fonction qu’exerce la personne. Ainsi, le médecin qui présente un programme ne peut-il être qualifié de présentateur tant qu’il n’adopte pas cette profession, même s’il exerce les fonctions de diffusion et de présentation d’un programme radiophonique.

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· Que ce travail soit effectué à travers la radio.

· Que l’opération de la transmission des informations par la voix soit soumise à certains critères qui différencient le présentateur de l’ora-teur, ou entre l’acteur et le prédicateur.

Le présentateur à la radio constitue le point focal qui relie la radio et le public. Il est le transmetteur, c’est-à-dire le communicateur et, en même temps, celui qui clarifie et explique en utilisant l’expression orale directement radiodiffusée, avec toute la magie et tout l’attrait reconnus à celle-ci.

Suite au développement spectaculaire que les moyens de communication ont connu, notamment en matière de diversité et de multiplicité des formes de programmes radiophoniques, , les termes qui qualifient le travail du présentateur se sont eux aussi diversifiés. Il y a le « speakeur » présentateur du journal, « le speakeur d’antenne » qui est le présentateur principal qui se charge de la liaison entre les différents éléments du programme et de leur introduction, tandis que d’autres présentent les détails de ces éléments. Il y a également le présentateur qui lit le commentaire, surtout le commentaire qui accompagne les programmes documentaires, et qui joue le rôle de narrateur et de commentateur. Il y a aussi le présentateur qui se charge des émissions-débats (les interviews, les causeries et les débats), en plus de celui qui présente la musique et les programmes musicaux et celui qui présente les programmes sportifs.

La spécificité du travail du présentateur suppose d’étudier les caractéristiques de celui-ci d’une manière générale, avant de mettre l’accent sur celles du journaliste qui présente les émissions-débats.

Il est évident que le présentateur radio doit nécessairement posséder un certain nombre de caractéristiques fondamentales. Ces caractéristiques fondamentales ou capacités personnelles spécifiques, sont considérées par les stations de radiodiffusion comme des règles, des fondements, ou des critères d’aptitude à exercer « le métier de la parole » et pouvoir s’adresser à un public invisible. C’est sur la base de ces caractéristiques que s’opère le choix entre des milliers de candidats qui rêvent d’exercer ce métier.

Certaines de ces caractéristiques ne peuvent être acquises, même si elles peuvent être entretenues et développées à travers la formation et la pratique. La capacité de s’exprimer de manière correcte est, naturellement, différente de la possession d’une belle voix. La capacité de s’exprimer correctement peut être acquise par l’enseignement et la formation si l’individu est capable de prononcer les syllabes de manière correcte; mais personne ne peut apprendre à changer sa voix.

Il y a également d’autres caractéristiques que l’on ne peut acquérir d’aucune façon, telles que l’intelligence, la perspicacité, le tact et la capacité

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d’improviser et de faire face au public ; qui sont autant de qualités personnelles fondamentales du présentateur.

Partant de cela, certaines qualités sont indispensables pour tout candidat au poste de présentateur, à savoir :

1. Le niveau d’instruction :

Le candidat doit avoir acquis un niveau raisonnable d’instruction, sachant que certaines stations de radiodiffusion exigent d’être titulaire, au moins, d’un diplôme universitaire, tandis que d’autres n’exigent pas un tel niveau et estiment qu’une large culture et une grande expérience de la vie valent mieux que le titre académique, se basant sur le fait qu’une bonne connaissance des différentes questions dans divers domaines est plus utile que l’enseignement spécialisé.

2. Le niveau culturel :

Cette caractéristique est naturellement différente de la précédente, car la culture est différente de l’enseignement. On désigne par niveau culturel du présentateur son expérience générale, sa connaissance de la vie et des gens, ainsi que sa parfaite conscience quant aux événements qui ont lieu autour de lui. En effet, la nature du travail du présentateur exige de lui d’avoir une culture encyclopédique qui embrasse des connaissances diverses dans tous les domaines. Cette culture en fait une personne d’une valeur réelle, digne de respect et de confiance de la part de l’auditeur. La personne dont la culture est limitée et qui ne possède pas une profondeur et une présence d’esprit réelle, ne peut avoir l’agrément de l’auditeur et ne peut s’attirer son respect et sa confiance. Généralement, l’auditeur accorde sa confiance uniquement à la personne qui connaît le fond du sujet dont elle parle, et non à un simple « imitateur » qui ressasse des mots à partir d’un texte écrit.

La culture doit avoir deux aspects :

- Le premier est la culture générale dans son acception la plus large.

- Le second est la culture spécialisée, c’est-à-dire la maîtrise ordonnée des sciences de l’information radiophonique et la connaissance des progrès et des nouveautés relatifs à l’outil et à la production radiopho-niques. Car en suivant l’évolution de son domaine de spécialisation, le présentateur modernisera son approche et sera plus créatif, ce qui lui garantira le succès. Bien entendu, le présentateur doit maîtriser parfaitement la langue de travail et porter, en même temps, un intérêt aux langues étrangères.

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3. La voix et la manière de s’exprimer :

Il va sans dire qu’une belle voix est l’un des atouts fondamentaux pour la personne qui exerce dans le domaine de la communication avec les masses à travers la parole. C’est pourquoi le présentateur doit avoir une belle voix qui lui permet de remplir sa fonction de manière satisfaisante. Il doit aussi être capable de s’exprimer de manière correcte.

On veut dire par belle voix, une voix forte, claire, agréable à entendre et exempte de tous les défauts liés à la « prononciation ». La bonne élocution est souvent tributaire de l’habileté du locuteur et sa capacité à produire une prononciation correcte. Celle-ci est reliée aussi au style du présentateur, la diversité des intonations qui traversent sa voix conformément à la nature du discours et du ton qui convient à ce qu’on dit. Cela se fait suivant les techniques de transmission des informations, que ce soit à partir d’un texte, en improvisant ou en se servant d’un aide-mémoire.

On peut ajouter à l’élément de la voix celui du style. En effet, le style d’échange avec l’auditeur fait partie du style du discours qui a été évoqué plus haut. C’est pourquoi, il doit nécessairement être en harmonie avec la matière à présenter, laquelle doit correspondre au niveau culturel du public et à la plage horaire de diffusion du programme en question. En effet, les conditions et les prédispositions d’un auditeur très tôt le matin ne peuvent être les mêmes que celles du soir ou tard dans la nuit.

4. L’intelligence et perspicacité :

On définit l’intelligence comme étant la capacité de faire face aux problèmeset aux situations nouvelles et imprévues, c’est-à-dire la perspicacité et la capacité d’agir de manière convenable.

C’est ainsi donc que le métier de présentateur exige des compétences, des capacités et des aptitudes intellectuelles particulières. Car un tel travail n’est pas épargné de surprises exigeant une réaction adéquate du présentateur. Il arrive souvent que celui-ci soit obligé de faire preuve d’esprit d’initiative, ce qui requiert de la perspicacité pour pouvoir transmettre un message urgent en peu de mots. Le présentateur peut être chargé à l’improviste, et sans préparation préalable, de faire une correspondance extérieure à partir d’un endroit donné, et se trouver alors dans l’obligation de s’exécuter. Il arrive souvent que le présentateur apprenne subitement que l’invité du programme avec lequel il devait faire une « interview » s’est désisté à la dernière minute, et dans ce cas, il lui revient d’agir seul, de prendre la bonne décision et de sauver la situation.

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5. L’esprit d’imagination :

L’imagination est une exigence fondamentale du travail du présentateur radiophonique, car elle s’inscrit dans le cadre de l’innovation. C’est aussi la voie vers la créativité. La personne qui ne possède pas l’esprit d’imagination ne peut être apte à l’exercice de ce métier, car elle sera incapable de s’exprimer de manière spontanée, d’improviser et de faire face au public, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du studio. En outre, l’imagination est nécessaire pour créer des programmes nouveaux et fournir une prestation qui a un impact sur le public. Elle est également nécessaire pour la diversification des textes et des matières des programmes que le présentateur planifie et écrit.

Le présentateur doit imaginer les auditeurs lorsqu’il se trouve seul au micro dans le studio. S’il ne le fait pas et s’il ne sent pas qu’il s’adresse effectivement à une personne donnée, son discours et sa prestation manqueront de saveur et de sens et n’intéresseront personne. Il en résulte que le présentateur perde l’intimité de sa relation avec l’auditeur, alors que celle-ci est fondamentale dans le travail radiophonique.

Ces caractéristiques indispensables marqueront le présentateur de leur empreinte. En effet, la grande expérience, l’étendue de la culture, l’appréciation du public, en plus de la fidélité et la concentration au travail, sont autant de facteurs qui jouent un grand rôle dans la réussite du présentateur. Un bon présentateur radio est également une personne positive, mais cela dépend de ce qu’il dit et de l’effet que son discours laisse sur l’auditeur au moment où il présente les matières et les programmes. En plus de ce qui précède, il existe un certain nombre de caractéristiques que le présentateur doit posséder :

· le talent ;

· l’expertise professionnelle ;

· la capacité de s’adapter au public quel que soit son niveau intellectuel et son identité sociale ;

· la capacité de toucher le vécu quotidien et les problèmes de la société à laquelle il appartient et d’interagir avec ses membres de façon à contribuer à l’instauration de la paix sociale ;

· être tolérant, patient et aimer son métier. Il doit croire en sa mission et avoir un principe et une foi qu’il défend. Et par dessus tout, il doit être objectif et soucieux de la précision et de l’exactitude.

Ainsi, il apparaît clairement que le bon présentateur est celui qui possède toutes ces qualités et toutes ces caractéristiques. C’est celui aussi qui comprend les sentiments de l’auditeur au cours de l’accomplissement de son travail, de sorte à s’y adapter lui-même et à y adapter ses méthodes d’expression.

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C’est également celui qui possède un bon style radiophonique, marqué par une intonation adaptée et mettant en valeur certains mots-clés ou expressions à travers l’accentuation du discours, permettant ainsi une communication sincère et directe avec l’auditeur, à un tel point qu’on obtient l’effet d’un dialogue de face à face .

Les devoirs du présentateur :

Les devoirs du présentateur varient selon la station de radiodiffusion ainsi que la méthode et les règles de travail qui y prévalent - que l’on dénomme « règlement intérieur » - et que le présentateur est tenu de respecter. Quant aux devoirs du présentateur, ils peuvent être résumés dans ce qui suit :

1. Les tâches qui lui sont dévolues:

· L’exécution du programme quotidien de la station de radiodiffusion en direct.

· La présentation des journaux et des programmes d’information, ainsi que la lecture des commentaires.

· La réalisation des reportages et des correspondances extérieures.

· La conduite des interviews, des causeries et des débats.

En matière de présentation des programmes, il est exigé du présentateur d’assurer une bonne préparation de la matière, de la soumettre à différents points de vue et de procéder, avant sa présentation, aux enquêtes et aux recherches qui s’y rapportent auprès des différentes sources. Cela est surtout valable pour les interviews, les causeries et les débats qui concernent des questions importantes que l’auditeur cherche à connaître et à en suivre l’évolution et qui doivent comporter, en conséquence, une matière riche, des informations exactes, des opinions, des points de vue et des analyses justes.

En ce qui concerne les émissions-débats, le présentateur doit, en présentant les sujets qui intéressent habituellement le public, avancer les arguments principaux dès le début afin de capter l’attention de l’auditeur et l’inciter à suivre le programme sans s’en lasser.

C’est pourquoi, parmi les devoirs essentiels du présentateur figure l’art de la présentation des programmes sous toutes leurs formes.

2. L’aspect de la responsabilité :

En plus des tâches qui rentrent dans le cadre du travail quotidien du présentateur, figure un autre aspect de ces devoirs, à savoir les responsabilités

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qui commandent l’exécution de son travail ; en ce sens que la responsabilité représente ici le cadre général au sein duquel s’exerce le travail. On peut dire que ces responsabilités se manifestent dans ce qui suit :

· La responsabilité du présentateur vis-à-vis de son public : elle lui im-pose d’être communicatif, c’est-à-dire qu’il doit « accomplir son de-voir et son rôle dans l’information et l’instruction des gens », comme il doit être objectif, sincère, fidèle et précis.

· La responsabilité du présentateur vis-à-vis de la station dans laquelle il travaille : il s’agit nécessairement d’une responsabilité vis-à-vis de la société dans la mesure où elle est indivisible et dont les aspects sont inséparables. Dans ce cas, le présentateur est tenu de traduire dans les faits les objectifs de la station qu’il représente et d’exprimer sa politique, en plus du fait qu’il doit respecter les règles déontolo-giques qui régissent généralement le travail radiophonique et sont compatibles avec la nature de la radio qui, en tant que média, rentre dans chaque foyer et s’adresse à tous les membres de la famille, qu’ils soient enfants, hommes ou femmes. D’ailleurs, la radio est un outil qui s’adresse à un public général qui représente les différents courants et opinions et comporte plusieurs niveaux culturels, politiques, écono-miques et sociaux . A cela s’ajoutent les considérations humaines qui se rapportent aux sentiments et aux sensibilités du public.

Partant de ce qui précède, on peut conclure que le présentateur n’est ni libre ni dégagé de toutes les restrictions, mais qu’il est plutôt tenu de prendre en compte les considérations évoquées plus haut, qui représentent des « codes d’honneur », une sorte de constitutions morales ou de règlements qui comportent habituellement un certain nombre de règles basiques que les présentateurs des programmes sont tenus de respecter. Parmi celles-ci, le fait de s’abstenir de présenter des matières qui se rapportent au crime et au sexe, ainsi que les matières qui peuvent provoquer la panique ou l’anarchie parmi les populations ; le fait de s’abstenir de divulguer les secrets des individus ou de les évoquer de quelque manière que ce soit ; la nécessité de s’en tenir à la neutralité dans le traitement des questions controversées, car la radio est un outil national destiné à tout le monde et, par conséquent, il ne doit pas prendre parti pour une idée dominante dans une société donnée au détriment d’une idée contraire que peu de gens défendent. Cela s’applique également à toutes les questions politiques et sociales.

Tels sont les principaux devoirs et les principales responsabilités du présentateur vis-à-vis des auditeurs, de la station de radiodiffusion et de la société. Ces devoirs et ces responsabilités se complètent les uns les autres, car l’objectif majeur du présentateur consiste à transmettre des informations,

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des idées, des sentiments et des émotions aux autres avec toute l’influence dont il dispose et toute l’efficacité dont il est capable. Si tel est le rôle du présentateur en tant que communicateur, son succès ou son échec dans cette mission est, en définitive, fonction de ses propres capacités, car la relation qui lie le présentateur à son public est une chose que l’on peut définir ou qualifier, mais que l’on ne peut apprendre ou enseigner. Ce « lien », ou cette liaison, est cette chose qui fait que l’auditeur place sa confiance dans tel présentateur au lieu de tel autre, et qu’il préfère tel programme dans telle station au même moment où un programme similaire est diffusé par une autre station. C’est justement cette « chose » qui crée le lien entre le présentateur et la masse des auditeurs, et que l’on ne peut nommer ou définir de manière précise. On peut seulement en dire qu’il s’agit de la relation ou du lien qui relie le présentateur à son public, et dont l’origine est incontestablement la confiance placée dans le présentateur.

Il devient alors clair que le présentateur ne peut accomplir une communication réussie ou efficace qu’à condition d’être dotée d’une personnalité exceptionnelle qui se manifeste à travers son style et dans la présentation de ses programmes, et qui représente la voie par laquelle il atteint un certain degré de réussite dans sa vie professionnelle, grâce au fait qu’il se distingue par une personnalité indépendante et unique et se refuse totalement à imiter le style de présentation des autres.

Le présentateur et l’art de convaincre :

Parmi les spécificités évoquées plus haut figure celle de la voix du présentateur et sa manière de s’exprimer . C’est cette caractéristique qui fait que le nom du présentateur est toujours lié à « l’art oratoire », qui consiste en une voix agréable, à une diction correcte avec une élocution claire, à la capacité de transmettre le sens avec fidélité et au talent de convaincre l’auditeur. Même si le présentateur représente l’élément principal qui s’occupe de tout dans le travail radiophonique, il existe des domaines de spécialisation dans la présentation : il y a le présentateur spécialisé dans la présentation des informations, le présentateur chargé des émissions-débats, etc. Ce qui oblige le présentateur à avoir une diction belle et diversifiée du fait de la diversité des matières qu’il est appelé à traiter et de la diversité des circonstances dans lesquelles il sera appelé à s’adresser à l’auditoire ; l’objectif fondamental du le présentateur est, en définitive, de convaincre l’auditeur de l’utilité et de l’importance du contenu qu’il lui présente.

Ainsi, la voie du présentateur vers la persuasion de l’auditeur réside-t-elle dans sa bonne diction, sa parfaite connaissance des potentialités de sa voix et de l’art oratoire. La bonne prestation signifie l’expression correcte

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qui constitue la phase ultime de la production radiophonique, et de laquelle dépend la finalité du travail, c’est-à-dire le degré de la conviction de l’auditeur par le contenu de la matière qui lui est présentée ; sachant que cette prestation diffère selon qu’il s’agit de la réalisation de l’interview ou de l’animation de la causerie. La prestation radiophonique consiste à donner vie à un texte écrit ou à un sujet autour duquel s’articule une discussion quel que soit le type de l’émission-débat.

L’art oratoire est, par ailleurs, relié à la capacité d’adaptation avec la diversité des programmes, c’est-à-dire l’adéquation avec toutes les formes de productions radiophoniques, qu’il s’agisse d’une déclaration en direct, d’une interview, d’une causerie ou d’un débat ; car chacun de ces programmes requiert un style qui lui est propre. Par exemple, les programmes de « causeries » et de « débats » demandent une connaissance des convenances, des bonnes manières et des techniques de questionnement. Il convient aussi, dans ce cas, de s’adresser à l’invité par son nom ou sa fonction, de l’inciter de manière habile à poursuivre l’intervention demandée et de savoir passer d’une personne à l’autre parmi les participants à la causerie ou au débat. Il est incontestable que chaque type de production radiophonique requiert de la part du présentateur la prestation qui correspond au mieux au sujet, c’est-à-dire que le présentateur ne doit pas rester attaché à un seul style dans tous les types de programmes. Il doit, plutôt, s’adapter à chaque matière et à chaque programme et accorder à chaque contenu le style qu’il exige. Une belle voix, limpide et agréable joue un rôle remarquable dans la transmission du message, ainsi que le déclenchement et le maintien de l’attention de l’auditeur. Le présentateur est capable, grâce à la force et la beauté de sa voix, , d’embellir la matière présentée et de la rendre plus attrayante. Il n’est donc pas surprenant qu’il devienne de un présentateur préféré d’un large public, grâce à sa voix, à l’excellence de sa prestation et à l’art oratoire lui permettant se frayer un chemin vers le cœur de l’auditeur.

Partant de ce qui précède, nous concluons que le journaliste qui présente les programmes dans leur diversité doit conserver sa voix naturelle, qu’il doit l’élever là où il le faut et l’adoucir dans les moments de détente de manière à éveiller les sentiments, à faire rentrer la gaieté dans les cœurs et la quiétude dans les esprits. Aussi, toute personne qui aspire au travail radiophonique, notamment à la direction des débats et des causeries, doit-t-elle nécessairement posséder toutes les qualités et toutes les caractéristiques afin qu’elle puisse accomplir son travail de la manière souhaitée et, de là, trouver son chemin vers la réussite.

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Axe II : LE PRESENTATEUR ET L’ART D’ANIMER LES EMISSIONS-DEBATS

En passant en revue toutes les formes d’émissions-débats, il apparait clairement que le présentateur en constitue l’élément central et le dénominateur commun, tel le timonier du bateau, étant donné que c’est lui qui pose les questions aux participants, leur présente les sujets et se charge de l’animation du débat et la distribution de la parole entre les invités avec neutralité et objectivité. Pour que le présentateur puisse jouer ce rôle avec succès, il doit posséder des caractéristiques et des qualités sur lesquelles il faut insister de manière particulière quand il s’agit de la personnalité du présentateur des émissions-débats, notamment en ce qui concerne son comportement vis-à-vis des éléments constitutifs de ce genre programmes. Ces éléments se composent essentiellement de :

• Un présentateur qui réalise l’interview ou anime la causerie ou le débat.

• Un ou plusieurs invités avec lesquels on réalise l’interview ou la causerie.

• Un sujet important.

• L’auditeur.

Plus que tous ceux qui présentent les autres genres de productions radiophoniques, le présentateur des émissions-débats, doit posséder des caractéristiques et des qualifications spécifiques. Il doit aussi établir une relation avec chacun des éléments des émissions-débats cités plus haut, étant donné que c’est lui qui les traite, qui subit leur impact et les influence à son tour, aussi bien de façon positiveque négative.

Il est nécessaire que le présentateur sache comment traiter l’invité avant et au cours de l’interview. Quant à la relation du présentateur avec le sujet, elle dépend du choix du sujet qu’il faut pour la personne qu’il faut. Tel est également le cas des questions et des axes qui conditionnent la réussite de l’objectif visé par le débat. Partant, il est demandé au présentateur de prendre en considération l’auditeur dans tous les cas, car il constitue en fin de compte l’élément visé à travers tout ce travail.

Aussi, ce thème sera-t-il axé sur le présentateur des émissions-débats et sur sa façon de traiter chacun des éléments de la discussion, qu’elle soit une interview, une causerie ou un débat. Mais, avant d’entrer dans les détails de la relation du présentateur avec chacun de ces éléments, il faut s’arrêter sur certaines caractéristiques que doit nécessairement posséder le présentateur des émissions-débats, et qui le différencient des présentateurs des autres formes de productions radiophoniques.

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Les caractéristiques du présentateur des émissions-débats :

Il existe de nombreuses caractéristiques qui doivent marquer la personnalité du présentateur qui se charge de réaliser n’importe quelle forme d’émissions-débats. La curiosité est en tête de ces caractéristiques. Etre « curieux » et « fureteur », c’est ce que certains appellent « avoir les yeux en éveil » pour qualifier l’enthousiasme et le désir de connaître tout ce qu’on peut savoir sur le sujet ou l’événement, dans tous les lieux et chez toutes les personnes qui peuvent apporter un soutien à cet effet. Il y a également ceux qui estiment que « la patience » doit être la caractéristique principale du présentateur qui réalise l’interview ou dirige la causerie ou le débat. D’autre part, « l’engagement » doit être pris en compte parmi les qualités du présentateur qui s’occupe des émissions-débats . En effet, quand il réalise une interview ou dirige un débat, et quand il se trouve qu’une ou plusieurs personnes invitées ont un penchant naturel à manifester leur approbation concernant un sujet controversé ou d’une très haute importance, le présentateur ne doit pas acquiescer à ce qu’ils disent sans intervenir et leur demander de justifier leur position. Un tel cas ne pose pas de problème s’il s’agit d’un sujet qui est banal et connu et où, par conséquent, l’approbation ne nécessite pas de fournir une preuve ou d’avancer des arguments.

Il faut insister sur le fait que la responsabilité du présentateur professionnel lui impose, même s’il est d’accord avec son interlocuteur, de poser encore plus de questions pour soutirer des arguments ou des preuves qui poussent l’invité à justifer ses conclusions. L’approfondissement du sujet peut révéler qu’il cache des vérités gênantes, ou que la conclusion ne s’appuie point sur des preuves ou des arguments qui la soutiennent ou qui la corroborent. Dans ce cas, le présentateur doit expliquer au public qu’il s’agit simplement d’opinions qui ne peuvent être confirmées par des preuves ou des faits.

Il existe une autre considération qui se rapporte à la nécessité de préciser de manière exacte les définitions et d’éviter l’abstraction. Dans chaque langue il existe plusieurs mots qui portent le même sens et il arrive qu’on utilise des expressions générales et équivoques au lieu de recourir aux expressions précises et explicites. Aussi, le présentateur doit-il éloigner ses invités des expressions générales dont le sens n’est pas précis, et ce à chaque fois que c’est possible et avenant.

A partir de cela, on peut définir les qualifications et les caractéristiques du présentateur des émissions-débats comme suit :

1. La souplesse : qui veut dire la disponibilité du présentateur et sa capacité de réaliser toutes les formes d’émissions-débats, dans tous les domaines, avec toutes les personnes, dans toutes les situations ,

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à toutes les occasions et dans toutes les circonstances ; ainsi que sa capacité de passer d’un sujet à un autre dans l’interview, la causerie et le débat, si les conditions l’exigent.

2. La capacité d’écoute : en plus de la capacité d’assimiler ce que dit son interlocuteur, ce qui lui permet de formuler la question qu’il faut à chaque fois qu’il le faut. Naturellement, la bonne écoute aide sans conteste le présentateur à avancer des idées nouvelles, et peut lui permettre d’aller au-delà de la liste des questions qu’il a préparées à l’avance, ce qui l’aide à suivre les développements inattendus grâce à la bonne écoute.

La plupart du temps, le bon présentateur ne s’accroche pas à la liste des questions et peut, au moment où il pose les questions, les changer ou les intervertir selon l’évolution de la situation. Les questions peuvent différer d’une interview à l’autre, même si le sujet abordé est le même. Tout cela revient à la bonne écoute que le présentateur prête à son interlocuteur dont il aura déjà, généralement, analysé la personnalité, sa façon de s’exprimer, ses sentiments et ses réactions face aux questions.

3. La curiosité et « le désir de savoir » : ce qui veut dire qu’il faut mener une recherche et une investigation concernant la personnalité et les propos tenus par l’invité pour en dévoiler tout ce qui intéresse l’auditeur et lui permettre d’acquérir les informations concernant tous les sujets évoqués à partir de la source, à savoir l’expert. Cela veut dire également l’obtention d’un maximum de détails concernant le sujet, surtout les informations que l’auditeur peut obtenir à partir d’une autre source. L’interview ne doit pas être axée sur les informations connues et courantes. Cependant, le présentateur peut, grâce à sa curiosité et à son « désir de savoir », mettre l’accent sur les aspects nouveaux du sujet débattu ; ce qui peut certainement apporter à l’auditeur une quantité raisonnable d’informations qui comporte du nouveau, et lui permet, à l’issue de l’interview, d’acquérir de plus amples connaissances.

4. L’obstination et la persévérance : la découverte du sujet adéquat et de la personne qu’il faut pour l’interview, la causerie ou le débat, requiert de la part du présentateur beaucoup d’application, de patience et de recherches. Aussi, est-il demandé au présentateur de faire preuve de persévérance et d’obstination afin de pouvoir formuler, à partir de ses recherches sur le sujet, les questions qui lui sont utiles dans le programme afin de pouvoir identifier avec précision les points qu’il veut aborder et les sources avec lesquelles il veut réaliser le débat.

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5. La capacité de maîtriser ses nerfs : de par la nature de son travail, le présentateur, en tant que meneur de l’interview, de la causerie ou du débat, rencontre beaucoup de personnalités qui ont différentes préoccupations et qui ont des cultures et des caractères divers. Il se peut qu’il existe parmi ces invités des personnalités provocatrices ou « agressives ». Dans ce cas, le présentateur doit posséder la capacité de maîtriser ses nerfs et de ne pas réagir aux provocations, afin d’éviter que le programme ne se transforme en une confrontation. Il doit également savoir que l’auditeur sympathise généralement avec l’invité auquel il s’identifie. Par conséquent, l’auditeur considère toute offense vis-à-vis de celui-ci comme si elle est dirigée contre lui.

La capacité de maîtriser ses nerfs rentre dans le cadre de la souplesse. Le présentateur se doit, eu égard à la nature de son travail, d’être souple dans toutes les conditions et dans toutes les circonstances.

6. Etre hospitalier : Il va sans dire que le présentateur qui anime un débat représente la station dans laquelle il travaille et doit, par conséquent, jouer le rôle de « maître de céant ». C’est pourquoi, d’ailleurs, on appelle la personne qu’on va interviewer « l’invité ». Aussi, le présentateur doit-il traiter l’invité sur cette base, l’accueillir avec toute la chaleur qu’il mérite et lui faire sentir qu’il rend un grand service à la station et aux auditeurs.

Parmi les marques d’hospitalité, nous pouvons citer la spontanéité de l’accueil, le fait de prêter une oreille attentive à l’invité, le respect de ses opinions même si on ne les partage pas, l’intérêt réel accordé à ce qu’il dit et aux points de vues qu’il exprime.

Si l’invité ne bénéficie pas de la chaleur de l’accueil souhaitée et d’un bon traitement de la part du présentateur, il ne sera pas à l’aise dans la discussion et ne livrera pas les informations et les opinions qu’il possède ; car il aura, dès le début, pris une position par rapport au présentateur, au sujet et à l’interview elle-même. Cela ne veut pas dire que le présentateur doit être « effacé » ou absent. Il doit, au contraire, avoir une présence palpable et manifeste durant « l’interview », à travers des remarques intelligentes, des questions adéquates qu’il pose au moment approprié, les informations qu’il possède sur l’invité et le sujet, en plus de sa capacité à exploiter tout cela avec courtoisie et finesse.

En plus des qualifications et des caractéristiques évoquées plus haut, le présentateur d’une manière générale et le présentateur des émissions-débats en particulier, doit posséder une bonne diction, une voix acceptable, un parler correct, une expression juste et une vaste culture. Les causeries et les débats requièrent la vitalité, la présence, la spontanéité, le manque d’hésitation,

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le respect de l’invité et de l’auditeur ; sachant que la langue du débat peut osciller entre le niveau de langue soutenu, courant et familier selon l’invité au débat, comme si la discussion se passait entre une personne quelconque et un savant, un penseur ou un grand intellectuel.

Le présentateur expérimenté représente une grande valeur dans son domaine. Il arrive parfois que le présentateur soit aussi célèbre, plus cultivé et plus informé que la personnalité invitée dans une « interview de personnalité ». Cependant, son rôle lui dicte de se faire plus petit, ce qui lui impose de l’humilité devant son invité et de jouer le rôle de l’hôte courtois. Il est nécessaire que le présentateur des émissions-débats possède un langage correct, loin du pédantisme et de l’exagération, qu’il soit capable de prêter une oreille attentive à l’invité, qu’il s’abstienne de l’interrompre et lui accorde l’occasion de parler du sujet soumis au débat sans monopoliser la parole.

Le présentateur et l’invité au débat :

L’invité au débat est la personne avec laquelle le présentateur réalise une interview pour en tirer des informations essentielles ou des idées concernant le sujet du débat. C’est aussi la personne à qui le présentateur pose des questions, parmi d’autres invités, concernant un sujet qui comporte plusieurs aspects ou qui soulève des points de vue contradictoires. L’invité est la personne qui participe à une interview, à une causerie ou à un débat et que le présentateur soumet à des interrogations pour obtenir une information, une opinion ou un point de vue, ou pour dévoiler certains aspects de sa personnalité. Il existe certaines règles qui régissent le comportement du présentateur vis-à-vis de l’invité :

1. La connaissance de l’invité :

Elle suppose la connaissance de tout ce qui peut aider le présentateur à comprendre et à percer les mystères de la personnalité de l’invité à interviewer. Rentrent dans ce cadre le nom de l’invité, sa spécialité, sa relation avec le sujet à discuter, ses contributions par rapport au sujet, en plus de ses orientations et ses réalisations dans son domaine.

Sur cette base, le présentateur peut définir les tendances de la pensée de l’invité et sera à même de discuter avec lui à partir d’une connaissance parfaite de sa personnalité. Quant à la manière de collecter des informations concernant l’invité - surtout quand il s’agit d’une interview de personnalité - on peut revenir à ses écrits ou à ses œuvres (s’il en a), où à ce qui a été écrit sur lui et aux interviews écrites et radiophoniques qui ont été effectuées avec lui. On peut également consulter les références spécialisées dans le domaine, telles que les encyclopédies, les dictionnaires et les revues qui parlent des célébrités et rapportant diverses informations les concernant.

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C’est ainsi que la plupart des stations de radiodiffusion tiennent à avoir des bibliothèques spécialisées, qui comportent des informations importantes concernant les personnalités célèbres et les spécialistes dans divers domaines ; en plus du fait que certaines de ces bibliothèques ou « centres d’information » utilisent l’informatique dans certains pays et sont reliées à l’une des banques de données, ce qui facilite aux présentateurs et autres travailleurs de la station l’accès à toutes sortes d’informations dans les plus brefs délais. Il est incontestable qu’il s’agit là d’une question de la plus haute importance dont dépend le succès d’un grand nombre de programmes radiophoniques.

2. Aider l’invité à se débarrasser du trac :

Il s’agit là d’une question d’une importance capitale, surtout pour les personnes qui n’ont pas une expérience antérieure avec la radio et ses équipements. De telles personnes sont saisies par un certain état de nervosité et éprouvent le trac du fait qu’ils auront à parler, à la radio, au micro, pour s’adresser à une masse d’auditeurs. L’intensité de ce trac est multipliée par la perception des équipements à l’intérieur du studio et les préparatifs qui se font avant le commencement du débat, qu’il soit diffusé en direct ou en différé. Aussi, le présentateur doit-il s’employer à débarrasser l’invité de ce sentiment et à l’extirper de cette situation, ce qui dépend, en grande partie, de la délicatesse du présentateur et des informations qui sont en sa possession sur la personnalité de l’invité et sur son caractère. En effet, ces informations peuvent l’aider considérablement à trouver des sujets personnels desquels il peut s’entretenir avec l’invité. C’est ainsi qu’il peut lui poser des questions concernant ses enfants, lui parler du temps qu’il fait, de la hausse des prix ou de tout autre sujet d’ordre général. Le présentateur peut accompagner l’invité au studio, le présenter à ceux qui travaillent à la régie s’il trouve que cela est convenable, comme il peut lui parler de certains aspects du sujet qui sera soumis au débat.

Il en découle que cette chaleur est de nature à faire sentir à l’invité une cordialité qui l’incite à plus d’ouverture et à donner plus de lui-même. Cela est certes difficile à réaliser dans les interviews spontanées sur le lieu même de l’événement, dans la mesure où il ne serait pas possible, dans ces conditions, de faire sentir à l’interviewé toute la cordialité et toute la chaleur nécessaires qui le débarrasseront du trac. D’une manière générale, le présentateur n’a pas d’effort à fournir en ce qui concerne les personnes qui ont de l’expérience et qui ont eu l’occasion de prendre part à ce genre de programmes. Quant aux autres, ceux qui se présentent au studio de la radio pour la première fois, le présentateur doit les aider et leur expliquer, en quelques minutes, comment se déroulera le débat et ce qu’on attend d’eux. Il doit aussi leur faire traverser ces moments difficiles avec courtoisie et habileté.

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3. Bien écouter ce que dit l’invité :

Il est de la plus haute importance que le présentateur écoute attentivement tout ce que dit l’invité et qu’il réagisse à ses propos. L’attention du présentateur ne doit pas être feinte, car si cette attention n’est pas effective, cela veut dire qu’il n’a pas bien écouté ce que l’invité avait dit, ou qu’il n’est pas apte à faire une interview ou à diriger un débat.

Nous présentons ci-après un exemple des embarras dans lesquels peut tomber le présentateur du fait qu’il n’a pas prêté une oreille attentive à ce que dit l’invité et n’a pas assimilé ses propos :

- Le présentateur : depuis quand êtes-vous marié ?

- L’invité : depuis un mois.

- Le présentateur : combien d’enfants avez-vous eu ?

- L’invité : (en riant) avez-vous entendu ce que j’ai dit ? Je suis marié depuis un mois seulement !!

4. L’invité est l’origine et la base du programme :

Le présentateur doit toujours se rappeler que l’invité est la vedette, ce qui implique qu’il doit toujours le traiter comme étant l’origine et la base du débat, et que le public veut écouter ce qu’il a à dire et comprendre les différents aspects du sujet à travers ses propos. En plus de cela, c’est lui l’expert et, par conséquent, il doit toujours être traité en tant que tel. Même si le présentateur peut parfois se sentir également expert dans la question retenue comme sujet de débat. Aussi, est-il demandé au présentateur de garder ses opinions pour lui-même, de rester maître du débat et de continuer à maîtriser sa direction, surtout s’il fait face à des invités expérimentés ou à des politiciens qui sont capables de détourner la discussion et de l’exploiter à des fins personnelles.

Dans ce cas, le présentateur doit poser les questions de manière consécutive, de sorte à ne pas laisser à l’invité la moindre occasion de contourner le sujet, d’offenser – de quelque manière que ce soit – l’auditeur ou d’essayer de faire passer une propagande ou une publicité en faveur d’une marchandise ou d’un service dont il tire un bénéfice personnel.

L’interruption de l’invité :

Il n’y a pas d’inconvénient à ce que le présentateur interrompe l’invité dès que celui-ci commence à se répéter, à être trop long ou à être hors sujet. Cependant, il ne faut, en aucun cas, interrompre l’invité si ce n’est pas nécessaire, surtout

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quand il est en passe de révéler quelque chose d’important ou lorsqu’il s’achemine vers l’éclaircissement d’une question relative au sujet du débat. Interrompre l’invité uniquement pour que le présentateur fasse étalage de sa culture ou de sa connaissance du sujet est une grossière erreur.

A partir de ce qui précède, il semble clair que le bon comportement du présentateur vis-à-vis de l’invité est à la fois un devoir et une nécessité pour la réussite de toute émission-débat. Il est impératif qu’il lui témoigne de sa considération et de son respect, et qu’il lui offre l’occasion de dire tout ce qui est en relation avec le sujet. Cependant, cela ne doit pas être aux dépends des techniques et des méthodes de la direction du débat. A cet égard, le présentateur ne doit pas rentrer avec l’invité dans les détails du sujet avant le débat afin qu’il ne perde pas son enthousiasme, sa vivacité et sa spontanéité au cours du programme. En effet, il pourra alors avoir l’impression, au cours de l’enregistrement ou de la diffusion en direct, de se répéter, même s’il n’a eu qu’une simple discussion avec le présentateur avant l’enregistrement. Afin d’éviter ce sentiment nuisible au débat, le présentateur doit s’abstenir de parler avec l’invité des détails du sujet avant le début de l’enregistrement.

Il est de la plus haute importance que le présentateur ne révèle pas à l’invité les questions de façon détaillée avant le commencement du débat. Il doit se suffire d’en évoquer les grandes lignes, sachant que certains invités exigent qu’on leur présente préalablement les questions pour en prendre connaissance. Il est incontestable que la satisfaction d’une telle requête ne peut qu’être aux dépens de la réussite du débat. En effet, l’invité sera préparé aux réponses et les aura arrangées, ce qui fera perdre au débat sa spontanéité, sa chaleur et son attrait. Cependant, c’est l’inverse pour l’interview d’information dans laquelle, du fait de sa spécificité, il est souhaitable de préparer à l’avance les questions et les réponses, comme cela a été mentionné plus haut. Le présentateur doit refuser poliment de communiquer préalablement les questions à l’invité, sauf s’il s’agit d’une personnalité très importante et très utile, et sauf si le présentateur craint qu’il ne puisse pas obtenir une interview s’il refuse de lui communiquer les questions à l’avance. D’autre part, il est souhaitable que l’invité n’utilise pas des papiers à partir desquelles il lit ses réponses. En cas de nécessité, il doit se limiter à des notes concernant les chiffres et les statistiques difficiles à retenir mentalement s’il s’agit de l’interview d’information. C’est ce qu’on appelle l’improvisation par le moyen d’un aide-mémoire.

En évoquant la relation entre le présentateur et l’invité, il est nécessaire de présenter le background scientifique de celui-ci, à savoir ses études, ses diplômes, ses aptitudes, ses écrits et ses recherches, surtout quand il s’agit de l’interview de personnalité. Il faut aussi présenter sa profession, sa fonction ainsi que tous les éléments de son curriculum vitae, en faisant ressortir l’aspect

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humain de sa personnalité. Il est également important que le présentateur décline la spécialité de l’invité dès le début du débat, car le choix de l’invité est soumis à une considération fondamentale qui est sa connaissance et sa spécialisation dans le sujet soumis au débat. Aussi, l’auditeur a-t-il le droit de connaître, dès le lancement de l’émission, les raisons du choix de l’invité et les connaissances qu’il possède et qui le désignent pour parler d’un tel sujet, ainsi que sa relation avec celui-ci. Le nom et la spécialité de l’invité doivent être répétés à plusieurs reprises. Cela est nécessaire surtout pour l’auditeur qui n’a pas suivi le programme depuis le début et souhaite connaître le locuteur et sa relation avec le sujet de l’interview. Le présentateur doit donc mentionner, d’une manière intermittente et indirecte, le nom et la spécialité de l’invité. Parmi les fondements du débat que le présentateur doit toujours avoir à l’esprit, figure le fait qu’il doit tenir à obtenir une réponse, car il arrive parfois que certains invités essayent d’esquiver la question en fournissant une réponse quelconque pour l’escamoter. C’est pourquoi le présentateur doit continuer à assiéger l’invité jusqu’à obtenir la réponse qu’il faut. Il doit également éviter les commentaires qui n’ont aucun sens, tels que « oui, oui », « très bien », « excellent » , « euh », etc. Parfois, l’invité recourt à l’usage de mots « pompeux » ou pédants, alors il revient au présentateur de l’orienter vers l’explication et l’interprétation de ces mots, et ce afin d’attirer son attention, de manière indirecte, sur le fait que son style ne sied pas à la discussion et qu’il ne convient pas à l’auditeur.

Un autre point important que le présentateur doit prendre en considération et avoir présent à l’esprit dans les émissions-débats réside dans le fait qu’il ne doit pas être complaisant avec l’invité ou être faible devant lui. Il ne doit pas répéter des expressions telles que « l’auditeur attache une grande importance à vous connaître et à apprendre de vous », ou « nous avons abusé de votre temps précieux »…, surtout qu’il existe a des invités qui sont agressifs, provocateurs ou entêtés. D’habitude, à la fin du débat, le présentateur exprime, d’une manière chaleureuse et succincte, ses remerciements à l’invité, avant de passer à la clôture du programme.

Le présentateur et le sujet du débat :

Dans les émissions-débats à la radio, la discussion se déroule entre l’invité et le présentateur autour de l’un des sujets que celui-ci vise à en dévoiler les différents aspects et dimensions au profit de l’auditeur. Le sujet du débat peut être politique, social, économique, religieux, sportif ou autre, comme il peut viser à informer, orienter, cultiver, distraire ou à connaître les opinions et les points de vue des invités, ainsi que leurs idées et leurs orientations concernant le sujet sur lequel porte la discussion.

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Etant donné qu’il s’agit ici de la relation qui lie le présentateur au sujet, il faut mentionner que cette relation se base sur quatre points qui déterminent les responsabilités du présentateur et ses engagements vis-à-vis du sujet. Ces points sont :

Premier point : l’importance du sujet et le degré de l’intérêt qu’on lui accorde

Il est primordial d’insister sur l’importance du sujet du débat étant donné que plus le sujet est important et embrasse une question qui préoccupe le public ou lui apporte quelque chose de nouveau ou d’unique, plus s’accroit l’intérêt de l’auditeur. Cela est vrai surtout quand l’invité au débat compte parmi les célébrités et les spécialistes du domaine ou fait partie de ceux qui ont un rapport direct avec le sujet, ou sur lesquels il repose. Dans ce cas, l’invité devient lui-même le sujet de l’entrevue, comme dans l’interview de personnalité.

L’attention effective que l’on accorde au sujet, quel qu’en soient les objectifs et la nature, aide beaucoup à la réussite du débat et pousse le présentateur à montrer qu’il est convaincu du sujet, qu’il y est attaché et qu’il peut, par conséquent, le communiquer à l’auditeur de manière efficace et influente à travers les participants au débat.

Deuxième point : Rassembler les informations nécessaires concernant le sujet

Plus le présentateur aura fait des recherches et consulté des références concernant le sujet, plus il pourra réussir son entretien avec le ou les invités, formuler les bonnes questions et expliquer les expressions spécialisées que l’invité utiliserait comme si c’était des expressions courantes. Cela permet également à l’invité de sentir qu’il est devant un présentateur qui comprend ce qu’on dit à propos du sujet, ce qui renforce incontestablement la confiance accordée au présentateur et amène l’invité à se lancer dans la discussion avec sincérité et intérêt.

Troisième point : L’identification des axes du débat

Si le débat est de ceux qui permettent d’aborder plus d’un sujet avec l’invité, même si c’est dans le cadre d’une même idée, il est préférable que le présentateur définisse ces sujets avec précision en se limitant à ce qui est essentiel et important en fonction du temps imparti au débat. Ainsi, garantira-t-il l’épuisement des aspects principaux du sujet et leur discussion de manière approfondie au lieu d’aborder plusieurs sujets de manière superficielle. Le débat doit se concentrer sur les grandes lignes du sujet, au lieu de porter sur plusieurs sujets qui manqueront forcément d’approfondissement. L’identification du sujet est cruciale : les recherches effectuées dans ce domaine ont démontré

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que le suivi par les auditeurs de tout sujet est, en grande partie, tributaire de la réussite dans le choix d’un sujet vivant et attrayant et la délimitation de ses grandes lignes avec précision. A la BBC, les sujets des débats et des causeries sont choisis sur la base des propositions des auditeurs, à partir de la suggestion de l’un des réalisateurs des émissions-débats, ou en invitant l’un des grands écrivains ou savants pour parler de leurs domaines de connaissance. Il y a des sujets dont l’importance n’a pas besoin d’être démontrée. Il suffit que le présentateur annonce que le débat s’articulera autour du médicament qui a été découvert récemment et servant d’antidote au cancer pour que beaucoup tendent l’oreille pour suivre le programme. Par contre, il y a d’autres sujets dont l’importance n’est pas aussi évidente. L’auditeur et le public en général, s’intéressent d’habitude à tout ce qui a un impact direct sur eux. C’est pourquoi leur intérêt pour le sujet augmente chaque fois que le présentateur met en évidence le lien direct du sujet avec le public ; c’est ce qu’il peut faire en demandant simplement et d’entrée de jeu à l’invité de parler des raisons qui justifient l’importance du sujet.L’importance du sujet est fonction de son contenu et du degré de l’évidence de son lien avec les problèmes des citoyens et avec leurs préoccupations, et non forcément du fait qu’il soit l’objet d’une polémique ou de divergence de points de vue. Si, par exemple, le sujet est relatif aux sciences naturelles, il peut être abordé sous forme d’un débat direct sans qu’il y ait de divergence de points de vue. En effet, que peut discuter le présentateur avec un médecin qui a réalisé une opération chirurgicale, ou avec un savant qui a fait une découverte donnée, à part lui poser des questions qui ont un caractère informatif ?Quant aux sciences humaines, les lettres et les arts, ce sont des domaines qui échappent naturellement au domaine de l’interview et relèvent plutôt de celui de la discussion, c’est-à-dire celui de la causerie et du débat, étant donné qu’ils font l’objet de points de vue contradictoires et reflètent des expériences qui comportent l’expérience individuelle ou collective, ce qui fait place au traitement du sujet à partir d’angles différents. La preuve en est que, parler d’une école philosophique donnée, requiert de la part de l’animateur du débat, d’exposer aussi les fondements des autres écoles et courants de pensées en vue d’éclairer l’auditeur sur la relation qui existe entre les différentes opinions philosophiques. Si, dans une interview de personnalité, le présentateur discute avec un artiste de ses tendances artistiques, il sera obligé de faire connaître les autres tendances qui diffèrent de celles que cet artiste représente.C’est ainsi que le présentateur joue un grand rôle dans les émissions-débats à travers son rapport au sujet, tant du point de vue de la compréhension que de l’assimilation. Plus la compréhension par le présentateur du sujet est grande, plus il sera capable de réussir dans la gestion du débat et dans son orientation pour atteindre les objectifs visés.

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La préparation et la formulation des questions par le présentateur :

La préparation et la formulation des questions pour l’interview, la causerie ou le débat, doit être un art en soi, ce qui exige de la part du présentateur de poser la question qu’il faut à la personne qu’il faut, de la manière qu’il faut et au moment qu’il faut. Il arrive parfois que la question soit excellente, et que la réponse soit d’une médiocrité absolue. Il se peut également qu’il y ait une belle histoire ou un fait important et intéressant, mais que la narration qu’on en fait soit mauvaise. Cela revient à la difficulté de formuler la question, car celle-ci peut être floue ou dépasser les contours du sujet. D’ailleurs on dit : « toute question ne mérite pas de réponse ».

C’est pourquoi la fonction des questions dans l’interview, ou dans toute autre forme de débat, consiste à pousser l’invité à exprimer ses connaissances, ses opinions et ses points de vue, ainsi que tout ce que le présentateur recherche et veut porter à la connaissance de son public. Il s’agit d’une tâche qui n’est pas aisée, car la chose la plus difficile dans l’art du débat c’est de trouver le moyen de recueillir la bonne réponse.

La partie la plus importante du débat c’est la question, car c’est la clé pour obtenir les informations. Si les questions sont posées de manière inadéquate, ou si elles sont trop compliquées, il sera difficile d’obtenir les réponses demandées.

Il semble clair, à partir de ce qui précède, que la préparation et la formulation de la question représente la base du succès du débat et le sésame pour obtenir les réponses souhaitées. C’est pourquoi il nous faut aborder les règles fondamentales que l’intervieweur doit observer en ce qui concerne la préparation et la formulation des questions. Ces règles sont :

1. Le présentateur doit tracer un plan de base pour les questions qu’il considère comme fondamentales à la lumière des connaissances qu’il possède sur l’invité et sur le sujet du débat ; et ce , bien entendu, avant la réalisation de l’interview.

2. Le présentateur doit connaître la question qu’il veut poser et l’idée qu’il recherche.

3. Il est important que les questions rentrent dans le cadre de la spécialité de l’invité et de son expérience.

4. Le présentateur doit éviter les questions longues dont les sens s’interfèrent, car elles rendent le sujet incompréhensible et brouillent l’esprit de l’invité qui ne pourra plus savoir ce que le présentateur cherche au juste et se trouve, par conséquent, dans l’obligation de

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lui renvoyer la question pour savoir ce qu’il veut dire. Or, dans l’ordre normal des choses, c’est à l’invité et non au présentateur de s’expliquer. Dans d’autres cas, l’invité peut parler d’un sujet différent de celui que le présentateur ciblait en posant sa question.

5. Le présentateur doit éviter les questions complexes qui comportent plus d’une interrogation concernant plus d’un sujet à la fois ; car, dans ce cas, il est fréquent que l’invité ne réponde qu’à une seule de ces interrogations et oublie les autres. Il lui est également difficile de se concentrer sur plus d’un sujet à la fois. Cela rend les choses encore plus compliquées pour l’auditeur, car cela disperse son esprit. Ce genre de questions est appelé « questions bivalentes », car elles prêtent à équivoque, ce qui entraîne beaucoup de difficultés.

6. Il n’est pas utile de poser les questions dont les réponses se ramènent à un « oui » ou à un « non ». Il n’est pas permis non plus que le présentateur pose une question à l’invité concernant une chose sur laquelle il a déjà répondu au cours de ses réponses à des questions précédentes. Ici se confirme l’utilité d’être à l’écoute de l’invité.

C’est ainsi que la préparation et la formulation des question constituent un élément important pour le présentateur et font, incontestablement, partie du débat. A travers la bonne écoute de l’invité durant le débat, le présentateur peut trouver dans les réponses de l’invité matière à formuler des questions nouvelles différentes de celles qu’il avait préalablement préparées.Exemple :

- Le présentateur : quand les résultats de l’université seront-ils affichés ?- L’invité : il est prévu qu’ils soient annoncés à la mi-novembre, mais si on

utilise l’informatique, ils pourront être affichés après une semaine seulement.- Le présentateur : Et pourquoi n’utilise-t-on pas l’informatique ?

La dernière question a été tirée de la réponse précédente de l’invité.1. Le présentateur qui dirige un débat, quelle qu’en soit la nature, ne doit

pas se limiter à poser la question et attendre la réponse. Il doit, plutôt, faire des commentaires sur toutes les réponses chaque fois que c’est opportun. Il doit mettre en exergue et souligner les points importants issus des réponses de l’invité, à condition de ne pas les répéter telles qu’elles. Ici apparait le degré d’interactivité du présentateur avec l’invité, sa réactivité et l’attention qu’il prête à ses propos, en tant que règles cardinales.

2. Parmi les règles fondamentales qu’il faut tenir en considération au moment de la préparation et de la formulation des questions, figure également la nécessité d’éviter les questions suggestives ou

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indicatives qui suggèrent une réponse à l’invité ou privilégient une opinion en particulier. En effet, ce qui est important pour l’auditeur c’est avant tout de connaître le point de vue de l’invité, sachant qu’il ne voit pas d’inconvénient à entendre le commentaire du présentateur s’il est pertinent. Il est également important que le présentateur ne s’empresse pas de poser des questions dès que l’invité s’arrête de parler, étant donné que, dans certains cas, le silence du présentateur veut dire qu’il attend plus de l’invité, ce qui incite celui-ci à fournir des informations encore plus détaillées.

3. La question ne doit pas comporter une réponse à cette même question. Par exemple :

- Le présentateur : Pourquoi vous étiez contre la convention ? N’avez-vous pas dit, dans la conférence de presse, que la convention ne répond pas à l’objectif souhaité, à savoir la rectification de l’orientation économique du pays ?

- L’invité : Oui.Ici, le présentateur n’a pas laissé à l’invité l’occasion d’expliquer pourquoi il était contre la convention, car la question est fermée et n’ouvre la voie qu’à une seule réponse : « oui » ; le présentateur n’a eu alors aucune information utile.Le présentateur doit constamment recourir à l’usage des questions ouvertes pour amener l’invité à fournir toujours plus d’informations. La question ouverte commence généralement par « comment » ou « pourquoi », ce qui permet à l’invité de réfléchir et à exposer une idée ou à exprimer un avis. Les questions ouvertes incitent toujours l’invité à apporter des réponses plus complètes, l’appellent à plus de collaboration et à une plus grande participation avec le présentateur et lui permettent de fournir plus facilement des informations.

Le présentateur et la réalisation du débat dans le studio :

Parmi les avantages des interviews et des causeries dans le studio, tant celles diffusées en direct que celles destinées à être diffusées en différé, figure la disponibilité du temps nécessaire pour leur préparation. Là, le présentateur est généralement mieux préparé et plus renseigné sur le sujet autour duquel il va poser des questions. On peut demander à l’invité de se présenter au rendez-vous bien avant l’heure de l’émission ; le présentateur aura alors terminé les recherches demandées et recueilli les informations relatives au sujet. Ainsi, les intervenants, en arrivant au studio, auront le temps de prévoir les questions qui pourraient leur être posées. Par conséquent, ils seront moins spontanés durant la discussion. A noter également que les célébrités se sont habituées

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aux débats à tel point que le présentateur est obligé de lutter pour leur arracher le micro afin de leur poser la question qui suit.C’est pourquoi il y a quelques pas qu’il faut suivre, à savoir :

1. La préparation du débat :

Quelle que soit la forme du débat, le présentateur doit se préparer à recevoir ses invités à la maison de la radio avant de les diriger vers le studio. Même si la préparation de l’accueil des invités apparait, de prime abord, comme une question banale, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle revêt une grande importance puisqu’elle aide à multiplier les chances de réussite du débat quelle que soit sa forme. Aussi, le présentateur doit-il, au moment de la préparation de l’interview, la causerie ou le débat, prendre en considération ce qui suit :

a- La préparation psychologique : Il est demandé ici au présentateur d’être hautement préparé psychologiquement, surtout quand il s’agit des interviews avec des dirigeants et/ou d’éminentes de personnalités politiques ou publiques. Il doit avoir entièrement confiance en lui-même et se sentir réellement capable de mener une telle rencontre. Il doit se convaincre qu’il est digne de la diriger et qu’il peut aisément la mener sans s’énerver ou se crisper. Il doit être confiant dans le fait que les questions qu’il a préparées d’une manière ou d’une autre dans couvrent tous les aspects principaux et secondaires du sujet.

b- La préparation formelle : L’apparence du présentateur, et son aspect vestimentaire, ainsi que l’adaptation de ces deux éléments aux conditions temporelles du débat, ne laissent pas indifférent un grand nombre d’invités aux émissions, surtout ceux qui occupent de hautes fonctions, à savoir les hommes politiques, les diplomates et les artistes. Naturellement, l’aspect général est révélateur de la personnalité du présentateur et doit refléter le respect que les gens vouent à la station de radiodiffusion à travers lui. Le contraire est également vrai si cette présentation apparait inconvenante ou non respectable. D’habitude, chaque personne doit recevoir ses invités dans une tenue correcte, ce qui constitue une forme de respect qui amène l’invité à respecter le présentateur, à avoir confiance en lui et à être en harmonie avec lui.

c- La préparation de l’invité : Elle veut dire la préparation de l’invité à l’intérieur du studio afin qu’il soit détendu au micro. Généralement, les personnes qui sont habituées à l’atmosphère du studio demandent moins de préparation que ceux qui y entrent pour la première fois.

d- L’entrevue préparatoire : Malgré le fait qu’on conseille souvent au présentateur de prendre au dépourvu les responsables publics, il n’en

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demeure pas moins vrai que les invités inexpérimentés ont besoin d’un certain degré de préparation avant de s’engager au débat. Il faut donc une entrevue préparatoire entre le présentateur et cette catégorie d’invités, au cours de laquelle le présentateur prépare le débat à l’intérieur du studio immédiatement avant le commencement de l’émission, et discute de manière générale avec les invités du sujet qui sera débattu, sans toutefois énoncer de questions précises. Le présentateur ne doit pas laisser l’invité raconter une anecdote avant le début de l’émission afin de ne pas tuer l’interview dans l’œuf.

2. La réalisation du débat :

Il y a plusieurs étapes par lesquelles passe l’exécution de toutes les formes de débats dans le studio. Ces étapes se présentent comme suit :

Première étape : Le lancement

Le lancement vise, tant dans l’interview que dans la causerie ou le débat radiophoniques, à informer l’auditeur sur le sujet de l’émission et sur son importance, à lui annoncer le ou les invités avec lesquels va se dérouler le débat ainsi que leurs spécialités et leurs expériences qui leur confèrent l’aptitude à parler du sujet, à évoquer les raisons du choix du sujet et sa relation avec les invités, en plus d’une présentation rapide des principaux aspects qui seront traités par ceux-ci. Il est recommandé d’indiquer le lieu où se déroule le débat si celui-ci est organisé en dehors du studio. Il n’y a pas de classement fixe pour les éléments que doit comporter le lancement. Cette question étant laissée à l’appréciation du présentateur. On ne peut pas dire qu’il y a « un moule » ou un « prototype » fixe ou prédéfini pour le lancement. Le présentateur peut, parfois, estimer que l’introduction doit être détaillée et comporter des points ou des séquences du sujet, ainsi que des informations relativement fouillées sur l’invité, tandis que, dans d’autres circonstances, il peut décider que cela n’est pas convenable, surtout quand l’invité est une personnalité qui n’a pas besoin d’être présentée, quand le sujet est général et global , ou quand l’invité est lui-même le sujet.Il se peut que le prototype le plus précis du lancement concis soit celui qui a été fait à l’interview réalisée par le célèbre présentateur américain Walter Cronkite, de la chaine américaine C.B.S, avec l’ancien Président des Etats Unis d’Amérique, Lyndon Johnson. Ce lancement n’avait pas dépassé les quelques mots simples suivants :« Cronkite : Le Président a parlé avec moi il y a un mois. Dans l’heure qui suit, nous présentons l’interview la plus récente qui a été faite avec le trente-sixième Président des Etats Unis d’Amérique ».

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Dans ce lancement, le présentateur n’a pas eu besoin de dire quoi que ce soit à propos de l’invité en dehors de son nom, car il s’agit, naturellement, d’une personnalité que tous ceux qui suivent l’interview connaissent. Il n’a pas, non plus, évoqué un sujet quelconque autour duquel se déroulera le débat, se limitant à préciser qu’il s’agit de la dernière interview avec le trente-sixième président des Etats Unis ; ce qui veut dire que tous les sujets qui peuvent être évoqués avec le Président et qui intéressent les citoyens font l’objet de l’interview. Cependant, un tel lancement ne peut naturellement pas être adopté comme règle générale. Il y a d’autres interviews qui ont été faites avec d’autres Présidents des Etats Unis et qui ont pris des formes différentes. Parmi celles-ci, nous pouvons citer l’interview qui a été faite par le célèbre présentateur américain Mike Wallace, de la chaine américaine C.B.S., avec l’ancien Président américain Richard Nixon, et dont le lancement a été comme suit : « Wallace : lorsque le président Richard Nixon a adressé son message à la nation, l’après-midi du mercredi passé, il a évoqué l’histoire de la petite fille de l’Etat de l’Ohio qui l’avait interrompu en implorant : « faites que nous revenions les uns aux autres. Au cours d’une discussion calme qui a eu lieu il y a quelques semaines seulement, Monsieur Nixon a parlé de ce « retour des uns aux autres » et a déclaré qu’il éprouve de la sympathie et de la compassion envers cette minorité de blancs et de noirs américains dont les droits ont été ignorés dans leur pays ».Le présentateur qui a réalisé l’interview a estimé qu’il fallait mentionner ici l’objet de l’interview, à savoir « l’unité de la société américaine et les moyens de la réaliser ». Quant aux informations relatives à l’invité, il n’était naturellement pas utile de les mentionner. Il est à noter que le présentateur, en évoquant le sujet de l’interview dans le lancement, a voulu que l’accroche soit attrayante et indirecte. C’est ainsi qu’il a introduit le sujet à travers un fait tiré d’un ancien discours du Président, ce qui est une particularité importante du lancement qui doit se caractériser à la fois par la clarté, la concision et la séduction, et doit convaincre l’auditeur ou le téléspectateur de l’importance de l’interview et l’inciter à la suivre.

Deuxième étape : Etre attentif à l’invité

Après le lancement de l’introduction et le commencement de la causerie ou du débat, le présentateur doit prêter toute son attention à l’invité, à ce qu’il dit et à ce qu’il va dire, car l’invité ne peut aller plus loin s’il constate qu’au moment où il répond au présentateur, celui-ci est occupé à consulter ses papiers. Il est donc demandé au présentateur de prêter toute son attention et d’être à l’écoute de l’invité, de telle sorte que ses yeux soient constamment fixées sur les siens. Il doit également être éveillé et attentif à ses réponses, tout en conservant un

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petit aide-mémoire dans lequel il note les points qu’il ne veut pas oublier et qui peuvent l’aider à élaborer la synthèse de l’interview ou de la causerie à la fin de l’émission.

Troisième étape : Commencer par les questions simples

Il est préférable que le présentateur commence le débat par des questions simples et préparatoires avant de poser les questions qui concernent le fond du sujet ; car cela aide l’invité à se détendre et à s’habituer à l’atmosphère du studio et du débat. Les questions doivent être courtes et soumises à un enchaînement logique. Le présentateur ne doit pas approuver toutes les réponses de l’invité. Il doit aussi éclaircir tout ce qui peut paraître, de prime abord, ambigu ou incompréhensible pour l’auditeur. Après avoir commencé par ce qui est simple, le présentateur conduit son invité vers le fond du débat.

Quatrième étape : Comment interrompre l’invité ?

Le danger qui guette tout débat diffusé en direct c’est l’invité bavard qui, quand il commence à parler, ne s’arrête plus, et que le présentateur n’arrive pas à interrompre. Il en résulte que l’interview devient longue et lassante et que les questions deviennent très limitées. Il est incontestable qu’il est permis d’interrompre franchement un tel invité afin de réorienter le débat et ouvrir la possibilité de fixer les axes de la discussion. Le présentateur peut adoucir son intervention en disant par exemple : « Nous avons entendu et compris vos opinions sur ce sujet, qui sont d’ailleurs très claires ; mais ce que nous voulons savoir c’est … ».Il est permis d’interrompre l’invité dans ce genre de situations. Cependant, l’interruption n’est pas permise dans les cas où l’invité suit le cours normal du débat ou lorsque le présentateur cherche tout simplement à s’affirmer ou faire étalage de sa personnalité.

Cinquième étape : La conclusion du débat :

D’habitude, la conclusion vient en guise de rappel à l’attention de l’auditeur, sous la forme de synthèse et de résultats du débat, ou d’une confirmation de ce qui était attendu de la discussion du sujet en question. Cela doit pouvoir tenir en deux ou trois phrases au maximum, étant donné que l’auditeur veut un résumé de ce qu’il a entendu. Ce résumé constitue le signal qui indique que le présentateur clôture le programme. S’il a encore des observations, que ce soit dans l’interview, la causerie ou le débat, il doit les résumer. S’il doit interrompre l’invité à cause de l’épuisement du temps imparti à l’émission, il doit le faire, au moins, avec courtoisie, puis remercier tous les invités du programme avant le lancement du générique.

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Nous arrivons à la conclusion que le présentateur du débat joue un rôle très important, non seulement dans la présentation du sujet et la gestion du débat, mais bien au-delà, puisqu’il puise, dans les propos des spécialistes, des valeurs sociales, morales et civilisationnelles générales ; et qu’il rappelle l’essentiel de ce qui a été dit par les invités, tout en l’enjolivant par des expressions et un style convaincant et influent, qui capte l’attention de l’auditeur et réalise l’objectif du débat quelle qu’en soit la forme et quel qu’en soit le sujet.

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