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3 Guide pour réussir son expérience interculturelle

Guide expérience interculturelle

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Guide pour les famille d'accueil portant sur l'expériece interculturelle

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iGuide pour réussir son expérience interculturelle

Table des matières

Préface de Roberto Ruffino .................................... ii

Les rôles à l’intérieur de la famille ..........................1

Partir votre expérience du bon pied ........................3

Les phases d’adaptation de l’élève ......................10

L’expérience de la famille d’accueil ......................16

La culture, c’est quoi au juste ? .............................18

La communication interculturelle efficace .............23

L’apprentissage interculturel .................................29

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ii Guide pour réussir son expérience interculturelle

Vivre avec d’autres n’est jamais chose facile, même avec des gens qui parlent notre langue et proviennent de notre milieu. Les membres d’une famille ou d’un groupe peuvent être différents par leur sexe, âge, personnalité, leurs attentes, leurs préférences. Aucune relation familiale ou d’amitié ne peut être tenue pour acquise pour toujours, à moins qu’elle ne soit construite, développée et entretenue avec soin et intelligence.

Les cultures ajoutent encore une autre dimension de différence, plus subtile.

Alors que les autres différences – principalement celles de sexe, d’âge ou de rôles familiaux – sautent aux yeux, les différences culturelles sont souvent cachées : elles appartiennent à ce que chez AFS, nous appelons la partie submergée de l’iceberg.

Elles sont cachées non seulement aux autres, mais aussi à nous-mêmes, en ce sens que la majorité d’entre nous ne sommes pas conscients de nos limites culturelles et avons tendance à identifier notre comportement comme étant « normal » et « universel ». Quiconque se comporte différemment est perçu comme étant « étrange » et est regardé avec un certain degré de méfiance.

AFS met les gens au défi dans ce domaine, en introduisant dans une famille un jeune qui est différent non seulement par des aspects visibles (par sa langue, son éducation, ses goûts, ses habitudes), mais aussi par des aspects invisibles : ses valeurs, sa vision du monde, ses relations.

Les personnes qu’AFS rassemble – une famille d’accueil et un élève étranger – apprennent à apprécier leurs personnalités individuelles différentes, ainsi que leurs bagages culturels distincts, lentement et presque par accident – souvent par essai et erreur.

Les frontières entre la nature et la culture sont souvent minces et il faut du temps et de la patience pour découvrir ce qui appartient à la nature d’une personne et qui le rend différent des autres, et ce qui démontre plutôt une tradition culturelle différente : pour comprendre un individu en tant que personne d’un côté et en tant que porteur d’une culture différente de l’autre.

Ce processus est encore plus complexe aujourd’hui, puisque les jeunes du monde entier tendent à s’habiller de la même façon, écouter la même musique, avoir des modes de vie semblables. Creuser sous la surface de ces similitudes superficielles est encore un autre défi. Toutefois, la récompense pour s’engager sur le chemin de la découverte des autres - qui ultimement mène à une découverte de soi plus profonde - est une joie qui en vaut très bien la peine.

Ce manuel offre plusieurs indices pratiques qui rendront le chemin plus plaisant pour tous et qui guideront et structureront l’apprentissage qui peut surgir d’une rencontre interculturelle. Je félicite AFS Interculture Canada pour cet effort et souhaite à tous les lecteurs un Bon Voyage !

Roberto RuffinoSecrétaire Général, AFS Intercultura ItaliaPhD hon. en éducation interculturelle, Université de PadoueFondateur EFIL – European Federation for Intercultural Learning

Préface

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1Guide pour réussir son expérience interculturelle

Quel est le rôle du participant ?AFS place ses participants en familles d’accueil puisque d’une part, la famille est le véhicule

privilégié de la culture et permet un apprentissage maximal de la langue, des coutumes et des valeurs d’un peuple ; et d’autre part, puisque la famille peut offrir son support et ses conseils à l’élève qui se retrouve soudainement sans ses repères habituels dans un nouvel environnement.

Mais quel rôle doit prendre l’élève dans sa famille d’accueil ? Étant donné que c’est souvent la première fois qu’ils vivent une telle expérience, les participants AFS ne savent pas quelle place ils doivent occuper et prennent donc un rôle qui leur est familier.

Voici des exemples de rôles que l’élève ne doit pas prendre : L’élève n’est pas un invité d’honneur – Même si les premiers jours, la famille d’accueil aura

tendance à préparer des repas spéciaux, à faire visiter les attraits touristiques et à traiter l’élève aux petits oignons, il n’est pas possible de maintenir ces comportements tout au long d’une année. Cela deviendrait lourd pour vous et serait perçu comme injuste par les autres enfants de la famille.

L’élève n’est pas un ami du quartier – Tout comme il peut être lassant pour la famille d’accueil de traiter l’élève comme un invité, il peut aussi être stressant pour l’élève de sentir qu’il doit toujours être le plus obéissant et poli des visiteurs pour ne pas offusquer ses hôtes. Quoique les jeunes en échange aient moins tendance à contredire leurs parents d’accueil que leurs parents naturels, ils ne peuvent être tenus à une bienséance parfaite tout au long de l’année.

L’élève n’est pas un client ayant payé une chambre d’hôtel – Certains élèves ont l’impression que les frais qu’ils ont déboursés pour participer à un échange international inclut simplement le logement et la nourriture, et puisqu’ils se voient comme des clients ayant payé pour ces services, ils ne croient pas nécessaire de participer activement à la vie familiale. Ce genre d’attitude va à l’encontre de la mission première d’AFS ; celle de favoriser les échanges entre les peuples, d’autant plus que la famille d’accueil étant bénévole, elle assume les coûts reliés à l’hébergement du jeune pendant toute une année.

L’élève n’est pas un employé – Il est normal qu’on demande au participant AFS de faire sa part des tâches ménagères et de s’occuper des enfants de temps à autre, au même titre que les autres membres de la famille. Cependant, il ne faut pas que l’élève sente qu’il doit travailler plus que les autres pour justifier sa présence.

Alors, l’élève est-il un membre de la famille ?

Oui, le jeune que vous accueillez devrait devenir un membre de la famille à part entière, c’est-à-dire partager avec vous les joies et les peines, respecter les règles et participer aux tâches quotidiennes. Comme vos propres enfants, l’élève apprendra avec vous, cherchera à vous parler de lui, de ses activités à l’école, de ses amis, mais aussi de son pays et de sa culture. AFS encourage les participants à exprimer à leur famille d’accueil leurs besoins, leurs souhaits, leurs peurs, leurs doutes et même leurs insatisfactions, sans toutefois oublier d’exprimer leur gratitude.

Les rôles à l’intérieur de la famille

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2 Guide pour réussir son expérience interculturelle

Quel est le rôle des parents d’accueil ?Tout comme il est difficile de définir exactement ce qu’est un élève étranger, le rôle de la famille

d’accueil comporte aussi des zones grises, mais sachez qu’elle se situe quelque part entre le rôle des parents, des grands-parents et d’un tuteur...

Tels de vrais parents, les parents d’accueil...

• ... logent et nourrissent le jeune.• ... veillent à sa sécurité et à son bien-être.• ... établissent un cadre de comportement clair

Donc, sans « ré-éduquer » le jeune pour qu’il devienne un parfait Tremblay ou Beauceron, expliquez-lui bien ce qui est attendu de lui pour qu’il puisse s’intégrer le plus harmonieusement possible à votre famille.

Tel un tuteur, les parents d’accueil...

• ... orientent le jeune pour qu’il puisse fonctionner au quotidien dans son nouvel environnement canadien.

• ... encouragent le jeune dans son apprentissage de la langue en lui parlant toujours en français et en lui enseignant du nouveau vocabulaire.

• ... servent d’interprètes culturels et expliquent du mieux qu’ils peuvent leurs valeurs, leurs croyances et d’autres éléments culturels pour amener le jeune à comprendre les différences qu’il constate avec sa propre culture.

L’élève accueilli n’a pas à modifier sa personnalité ou à rejeter ses valeurs et son identité ; il a plutôt à reconnaître et adopter les comportements appropriés à sa culture d’accueil lorsque nécessaire.

La relation entre un élève étranger et une famille d’accueil n’est pas une relation définie à

laquelle nous avons été préparés par nos expériences antérieures : il faut l’apprendre ! Cela

demande travail, humilité et souplesse, mais l’apprentissage n’en est que plus satisfaisant !

ATTENTION ! la famille d’accueil n’est pas chargée de :

Modeler la personnalité du jeune qu’ils accueillent - Ses parents naturels s’en sont char-

gés il y a bien longtemps et le reste de la vie se chargera de peaufiner sa personnalité.

S’assurer que le jeune devienne un adulte respectable - De toute façon, ce que l’on

considère être respectable au Canada n’est pas la même chose qu’en Asie ou en

Europe !

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3Guide pour réussir son expérience interculturelle

Les sujets à aborder dès son arrivée : Message aux parents naturels

Il est important que les élèves contactent leurs parents naturels aussitôt que possible pour les rassurer à l’effet qu’ils sont arrivés sains et saufs. Cela aide aussi à calmer les anxiétés de l’élève et s’avère une bonne occasion pour vous de vous présenter à eux.

Le décalage horaire et la santé

Les vols, les escales, le décalage horaire, le changement de climat, la nourriture et l’eau ont des effets réels sur l’état physique du jeune. Il est normal qu’il n’ait pas beaucoup d’énergie pendant les premiers jours et que ses habitudes de sommeil soient irrégulières.

• Encouragez-le à se reposer et à dormir autant qu’il en a besoin. • Informez-vous respectueusement s’il a des troubles digestifs, tels que diarrhée ou constipation.

Ce sont des sujets que l’élève n’osera probablement pas aborder par lui-même.• Demandez-lui s’il doit prendre des médicaments.• Chez les filles, il est possible qu’elles aient besoin d’aide pour acheter des serviettes sanitaires

ou des tampons, mais qu’elles soient trop timides pour en parler. Ayez-en à portée de main et expliquez à votre jeune comment en disposer, les habitudes à cet effet étant différentes d’un pays à l’autre. Il se peut aussi qu’il y ait des délais du cycle menstruel. Rassurez-la ; cela est normal.

L’arrivée

Quand des invités sonnent à notre porte, on les accueille avec enthousiasme pour montrer

à quel point nous sommes contents qu’ils soient là. Cependant, pour les élèves accueillis, il est

possible que les premiers instants soient un peu inconfortables, puisqu’ils ne connaissent pas

encore nos façons de se saluer et sont fatigués du long trajet qu’ils ont dû faire pour arriver

chez nous.

Si votre élève ne réagit pas beaucoup à votre accueil chaleureux, ne lui en voulez pas ! Il est

probablement confus et fatigué. Acceptez-le, relaxez, et concentrez-vous sur les points

suivants :

• L’élève a probablement besoin de repos.

• Vous devrez fournir une courte orientation à son arrivée (voir les sujets à aborder plus

bas).

• Assurez-vous que l’élève sache que vous êtes disponibles pour l’aider et répondre à

ses questions.

• N’oubliez pas de rassurer votre élève en lui disant qu’il est normal de faire des

erreurs !

Commencez votre expérience d’accueil du bon pied

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4 Guide pour réussir son expérience interculturelle

Le silence et les conversations

Les Nord-Américains ont tendance à parler davantage lorsqu’ils sont avec des inconnus, parfois pour camoufler leur inconfort. Plus on connaît quelqu’un, plus nous sommes à l’aise avec les moments de silence. Alors, lorsque l’élève arrivera chez vous, il est probable que vous remplissiez les moments de silence qui vous rendent mal à l’aise en lui parlant constamment. Sachez que, dépendamment de sa culture d’origine, l’élève est peut-être habitué au contraire, à ce que des étrangers se parlent très peu au début. Soyez-en conscients pour ne pas tirer de conclusions hâtives et vous offenser du comportement taciturne du jeune.

L’espace personnel, l’intimité et la propriété privée

Soyez clairs avec votre élève de ce qui est entendu chez vous en termes d’intimité et de propriété privée, puisque ces concepts varient d’une culture à l’autre. Peut-être que chez lui, il est considéré normal d’entrer dans la chambre de ses frères ou sœurs sans avertir, ou d’utiliser un lecteur CD sans en demander la permission : vous risquez d’être offusqués, tandis que lui ne comprendra pas ce qu’il a fait de mal ! Vaut donc mieux en discuter dès le début.

Le tour de la maison

Lorsque vous ferez le tour de la maison, vous pourrez en profiter pour expliquer comment fonctionnent les appareils de la maison qui sont différents pour le jeune ( douches, toilettes, laveuse, etc. ) Cependant, sachez user de tact ! Pour ne pas insulter le jeune en lui expliquant des cho-ses qu’il sait déjà très bien, il est mieux de lui demander de vous décrire ce qui est différent chez lui lorsque vous entrerez, par exemple, dans la salle de bain. Vous saurez ainsi ce qui est nécessaire d’expliquer.

La chambre à coucher

Pour que l’élève se sente chez lui, il est suggéré de lui fournir une petite trousse de bienvenue sur sa table de chevet contenant des timbres et des enveloppes, un répertoire des numéros importants, une clé de maison, une petite carte ( type carte d’affaire ) ou sont indiqués l’adresse et les numéros de téléphone de la famille et peut-être même un petit message lui souhaitant une belle arrivée chez vous.

Décider des noms

Il est souvent difficile pour le participant accueilli de décider comment il doit s’adresser à ses parents d’accueil. Discutez-en avec lui en faisant bien attention de ne pas lui faire sentir que vous voulez qu’il se moule immédiatement à vos autres enfants. Il est bien possible qu’il ne se sente pas à l’aise de vous appeler « papa » et « maman ».

Les animaux de compagnie

Vous voyez peut-être Fido ou Minette comme des membres de la famille à part entière, mais il est possible que votre jeune ne soit pas habitué à ce genre de relation entre un animal et son

Certaines conversations peuvent sembler gênantes, mais elles vous sauveront de

situations qui pourraient être beaucoup plus embarrassantes plus tard !

Page 9: Guide expérience interculturelle

5Guide pour réussir son expérience interculturelle

Et rappelez-vous : ce n’est pas parce qu’on a discuté de quelque chose que c’est

compris ! Parfois, des comportements qui sont naturels dans notre culture, comme des réflexes,

génèreront des réactions inhabituelles de la part de l’élève. Soyez attentifs aux problèmes

de communications et parlez-en si vous sentez que le jeune est confus.

maître. Il se peut qu’il se sente inconfortable lorsqu’il voit que Fido a fait sa sieste sur le sofa ou que sa sœur d’accueil embrasse Minette et lui parle. Dans certaines cultures, les chiens sont considérés malpropres, tandis que d’autres les voient comme de la nourriture au même titre que les vaches ou les porcs. Expliquez au jeune votre façon de traiter les animaux de compagnie, mais ne soyez pas surpris s’il lui faut quelque temps pour s’habituer à ce genre de relation.

Quelques jours plus tard...

Les sujets à aborder après que l’élève se soit installé un peu :

L’hygiène personnelle

Dans certains pays chauds, il est normal de prendre deux ou trois douches par jour. D’autres élèves n’utilisent pas de déodorant, ou au contraire se parfument beaucoup plus que les jeunes Canadiens. Chaque culture définit ce qui est « propre » de manière distincte. De toute façon, il y a sûrement des odeurs « cachées » dans votre maison, c’est-à-dire qui passent inaperçues pour vous, mais qui seront dérangeantes pour l’élève. S’il a des habitudes d’hygiène qui pourraient nuire à son intégration, vous pouvez lui en faire part en faisant attention d’user de beaucoup de tact.

La fatigue linguistique

Même si le participant a étudié le français pendant plusieurs années à l’école, le fait de devoir communiquer dans cette langue en tout temps devient vite épuisant. Aidez-le en mettant de petites étiquettes sur les différents objets dont il se sert à la maison ; cela peut être une activité intéressante pour vos enfants. Aussi, ne corrigez pas systématiquement ses fautes durant les premières semaines : ne vous attardez qu’à celles qui pourraient lui causer des ennuis ou faire qu’on rit de lui. Quand vous n’êtes pas certains qu’il ait bien compris ( souvent les jeunes acquiescent au lieu d’avouer leur incompréhension ), demandez-lui de reformuler ce que vous avez dit. Enfin, l’élève en immersion a parfois besoin de prendre une pause de la langue d’accueil : il est possible et parfois souhaitable que le jeune puisse parler dans sa langue d’origine lorsqu’il rencontre un autre membre de sa culture ou parlant sa langue : ne l’en empêchez pas à tout prix !

L’heure du repas

Tous les goûts sont dans la nature ! N’oubliez pas qu’il faut des années aux enfants pour dévelop-per certains goûts alimentaires et qu’il est donc normal que le jeune ne semble pas tout aimer ce que vous lui préparez. Ne le prenez pas comme un manque d’éducation de sa part, mais ne préparez pas des repas spéciaux pour lui non plus, à moins qu’il ait certaines restrictions religieuses, lesquelles il faudra respecter. Aussi, lorsque vous passez les plats autour de la table, il est préférable de ne pas commencer par le jeune pour qu’il puisse voir quelle quantité de chaque mets les autres se servent et comment ils s’y prennent pour les manger. Ce qui semble évident pour nous ne l’est pas pour eux !

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6 Guide pour réussir son expérience interculturelle

Si une personne est habituée de manger du riz à tous les jours et qu’elle en mange moins subitement ici, elle pourrait continuer à avoir faim. Ne vous inquiétez pas, avec le temps son corps s’habituera et si cela n’est pas un inconvénient pour vous, le jeune pourrait aussi se faire du riz quelques fois durant la semaine.

La sécurité

En faisant attention à ne pas apeurer le jeune, discutez des règles de sécurité dans votre communauté, de l’importance de barrer les portes, des sorties d’urgence ou de l’emplacement de l’extincteur en cas de feu, des numéros de téléphone d’urgence, etc.

Le tour de la communauté

Durant les premières semaines, introduisez votre jeune aux endroits importants dans votre communauté : la banque, la pharmacie, le bureau de poste, le centre commercial, le dépanneur, l’école... Cependant, il n’est pas recommandé de tout faire en une journée ! Limitez-vous à un ou deux nouveaux lieux par jour.

N’oubliez pas de lui expliquer comment prendre l’autobus, le train ou le métro dans votre région : Devra-t-il payer comptant ou acheter des billets à l’avance ? Où doit-il attendre ? Comment peut-il obtenir l’horaire ?

Les questions d’argent

La monnaie canadienne sera tout à fait nouvelle pour le jeune : montrez-lui comment reconnaître les différentes pièces et billets et expliquez-lui leur valeur en faisant des comparaisons avec des choses qu’il achetait régulièrement dans son pays d’origine. Plusieurs étrangers sont aussi surpris des taxes qu’ils doivent payer et ne savent pas qu’il faut laisser un pourboire en plus, au restaurant. Ils penseront parfois que les commerçants profitent de leur ignorance ! Expliquez-leur ce qui est normal au Canada à cet égard.

L’intégration à l’école

Pour sa première journée à l’école, essayez de trouver un autre jeune de son âge fréquentant la même école qui pourra servir de guide et favoriser son intégration. Il est déjà très stressant pour un adolescent d’entrer dans une nouvelle école, imaginez lorsqu’il ne parle pas la langue, ne connaît pas la culture et ne comprend pas le système scolaire !

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7Guide pour réussir son expérience interculturelle

Petit aide-mémoire à remplir avec l’élève

Dans la famille

• Comment dois-je vous appeler ? ( papa, prénoms,... ) _____________________________________________________________________________________

• Comment dois-je appeler les personnes qui viennent à la maison ? _____________________________________________________________________________________

• Dois-je tenir ma chambre en ordre ? ___________________________________________________

• Dois-je faire mon lit tous les matins ? __________________________________________________

• Ai-je le droit d’afficher des trucs sur les murs de ma chambre et de déplacer les meubles ? __________________________________________________________________________________

• Comment dois-je utiliser la douche ou le bain ? _________________________________________

• Y a-t-il une heure qui est préférable ? ______________

• Dois-je faire mon propre lavage ? ____________ Repassage ? ______________

• Quelle est la procédure ? _____________________________________________________________

• Est-ce que je peux manger

Ce qui me plaît ? ___________

Quand cela me plaît ? _________

• Dois-je demander la permission pour certaines choses ? _________________________________

• Quel type d’aide dois-je donner aux repas ( mettre la table, ramasser, laver,... ) ? _____________________________________________________________________________________

• Y a-t-il une ou des tâches qui me sont assignées à la maison ? _____________________________________________________________________________________

• Y a-t-il une heure où je dois être

À la maison ? ( la semaine ) __________

( la fin de semaine ) _________

Dans ma chambre ? ( la semaine ) ____________

( la fin de semaine ) __________

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8 Guide pour réussir son expérience interculturelle

• Que dois-je dire lorsque je réponds au téléphone ? _____________________________________________________________________________________

• Quelle information est-il prudent de donner au téléphone ? _____________________________________________________________________________________

• Quand dois-je barrer les portes de la maison ? _____________________________________________________________________________________

• Y a-t-il des appareils qui requièrent une sécurité particulière ? ( Poêle à bois, BBQ,... ) _____________________________________________________________________________________

• Où est le matériel d’urgence ( extincteurs, trousse de premier soin,... ) et comment dois-je

les utiliser ? _______________________________________________________________________

• Puis-je amener des amis pour manger ? ____________ Pour dormir ?__________

• Puis-je aller chez des amis pour manger ?____________ Pour dormir ?__________

• Ai-je le droit d’utiliser l’ordinateur de la maison ? ( incluant le courriel ) _______

• Combien de temps par jour/semaine ? ___________________

• Y a-t-il des moments de la semaine où la famille se rassemble et où je dois être présent ? _____________________________________________________________________________________

• Y a-t-il des moments de l’année où la famille se rassemble et où je dois être présent ? _____________________________________________________________________________________

• Y a-t-il des détails à propos de la famille que je devrais savoir ? _____________________________________________________________________________________

A l’extérieur de la famille

• Comment puis-je me déplacer dans la communauté ? ___________________________________

• Comment utiliser les téléphones publics ? ______________________________________________

• Comment utiliser les services postaux ? ________________________________________________

• Comment utiliser les services bancaires ? ______________________________________________

• Combien d’argent est-il préférable de garder sur moi ? ___________________________________

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9Guide pour réussir son expérience interculturelle

• Est-il approprié et sûr de porter des bijoux ou des vêtements dispendieux ? ________________

• Quelles pièces d’identité dois-je garder sur moi ? ( Garder sa carte AFS sur lui/elle en tout temps ) __________________________________________________________________________

• Y a-t-il des secteurs ( quartiers ) et des heures où il est préférable

De ne pas sortir seul ? __________________

D’éviter complètement ? ______________________

• Comment dois-je réagir si je suis abordé par un inconnu ? _____________________________________________________________________________________

• Que dois-je faire si je ne me sens pas en sécurité ? _____________________________________________________________________________________

• En général est-il approprié de monter en voiture avec des amis de l’école ? _____________________________________________________________________________________

• Que faire si je suis témoin de consommation de drogue, d’alcool ; de port d’arme ?

À l’école _____________________ ou dans la rue_____________________

• Que faire en cas d’urgence ?

Téléphone maison : __________________________________________

Tél. Travail de papa : _______________________

Tél. Travail de maman : _____________________

Cellulaire de papa : ____________________

Cellulaire de maman : ______________________

D’une personne ressource de la famille : __________________________

De la conseillère/conseiller : ____________________________________

De AFS Interculture Canada : 1-800-361-7248 • ( 514 ) 288-3282 ( Urgence 24 heures )

Service 911 ( Service d’incendie, policier et d’ambulance )

Page 14: Guide expérience interculturelle

10 Guide pour réussir son expérience interculturelle

Quelques conseils pratiques...

N’essayez pas de le changer – L’élève AFS devient un membre à part entière de la famille, il en adopte les principales coutumes.

Il ne faut pas pour autant essayer d’en faire un parfait petit Tremblay ou un parfait Beauceron ! On

n’accueille pas un élève pour le changer, mais plus l’année avance, plus il se laisse tout naturellement

influencer par sa famille d’accueil et son pays d’accueil.

Comme un membre de la famille - Cette adaptation de l’élève est plus facile s’il sent que sa famille d’accueil s’intéresse à lui, à sa

culture, à son pays natal et qu’elle fait preuve d’autant d’affection, d’attention et de compréhension

envers lui qu’envers les autres enfants du foyer. Comme pour vos propres enfants, vous pouvez lui

faire certaines recommandations : écrire chez lui, remercier telle personne, respecter tel engagement,

partager les tâches domestiques, etc.

Adaptez les règles - Il faut aussi être prêts à assouplir les règlements de la maison pour les adapter à la maturité de

votre élève. Les parents d’accueil doivent prendre les décisions en fonction de leur connaissance de la

situation et de la maturité de leur jeune. Celui-ci doit composer avec la capacité de ses parents

d’accueil à prendre tel risque mais pas tel autre. Si vous avez des enfants plus jeunes que lui, ne le traitez

pas exactement comme eux : les parents qui n’ont pas encore eu d’adolescent oublient parfois cela ! Il

faut aussi s’adapter à cette situation particulière : il est au Canada pour seulement un an. Alors que vos

propres enfants ont plusieurs années devant eux pour réaliser certains projets, lui n’en a qu’une !

La communication - Il est très important de garder la communication ouverte, de ne pas laisser traîner des malen-

tendus ou des frustrations, de prendre du temps avec son élève ( parler, écouter, expliquer, faire

des activités ).

Détectez les tensions familiales - Vous devez aussi demeurer attentifs aux besoins de vos propres enfants et à ce qu’eux-mêmes

vivent en accueillant. S’il y a des malentendus ou des tensions, donnez-leur l’occasion de vous en

parler, d’en discuter ouvertement.

Donnez de l’importance à l’école – Votre élève fréquente une école ; il vous appartient de l’aider à prendre ses engagements scolai-

res au sérieux : aller à l’école régulièrement, motiver ses absences, passer ses examens, etc. S’il y a

des difficultés, prenez le temps d’en discuter avec ses professeurs ou son conseiller pédagogique.

Goûts vestimentaires – L’élève a droit à ses goûts vestimentaires. Les parents n’ont pas à essayer de les changer, mais

leurs conseils peuvent être utiles pour affronter les rigueurs de l’hiver et pour mieux s’intégrer à sa

nouvelle communauté.

Page 15: Guide expérience interculturelle

11Guide pour réussir son expérience interculturelle

Mal du pays

Installation

Choc culturel

Les fêtes

Apprentissage culturel

Approfondissement des relations

Fatigue

Arrivée Les dernièressemaines

Réadaptation

À la suite d’observations faites à travers le temps, AFS a remarqué une constance dans les étapes d’adaptation de chaque élève participant à un programme AFS. Le cycle d’adaptation de l’élève AFS peut varier d’un individu à l’autre, mais il se dessine généralement comme suit :

Les étapes d’adaptation de l’élève AFS

Dans la section précédente, nous avons survolé les étapes qui suivent immédiatement

l’arrivée de l’élève dans son foyer d’accueil. Il est maintenant temps de se pencher sur le

parcours qui mènera idéalement à l’apprentissage interculturel.

L’ajustementÀ cette étape, il est question d’adapter les routines familiales au nouveau venu. Comme unité

familiale, vous avez eu des années pour vous ajuster l’un à l’autre et connaître vos préférences, vos habitudes. Le jeune étranger, quant à lui, s’introduit tout d’un coup avec son bagage d’expérien-ces, d’attentes et d’habitudes, et il est donc normal que l’excitation des premières semaines s’étant estompée, il y ait des irritants qui ressortent.

L’interruption des routines familiales

Il est possible qu’après les premières semaines de lune de miel, vous commenciez à vous sentir étrangers dans votre propre maison, et que vous ressentiez de l’appréhension ou de la frustration. Vos enfants réagiront peut-être aussi à toute l’attention que le jeune étranger reçoit et à leur manque d’intimité lorsqu’ils partagent une chambre pour la première fois. Dans certaines familles, ces situations ne sont pas très dérangeantes, tandis que d’autres ressentiront ces changements comme étant majeurs. Pour remédier aux sentiments d’irritation, commencez par prendre conscien-ce de vos routines familiales, qui finissent par échapper à notre perception tant elles sont devenues

Page 16: Guide expérience interculturelle

12 Guide pour réussir son expérience interculturelle

automatiques, et expliquez-les à l’élève. Ensuite, avec la participation de vos autres enfants, établissez une nouvelle routine qui remplit les besoins de chacun. Une fois que tous ont consenti, les frustrations devraient s’estomper peu à peu. Si vos enfants continuent à ressentir de l’appréhension par rapport au nouveau venu, expliquez-leur que leurs sentiments sont normaux, mais qu’ils sont probablement reliés au phénomène de changement et non à la personne comme telle.

Vous commencez à remarquer les imperfections

Avant que le jeune élève arrive, la famille d’accueil a souvent tendance à l’idéaliser, à croire qu’il sera un de ces surdoués, ou un jeune pouvant s’adapter rapidement à n’importe quoi, qui n’aura pas d’habitudes désagréables, ou que ce sera le grand frère ou la grande sœur que vos enfants ont toujours souhaité. Dans tous les cas, vous risquez d’être déçus lorsque vous réaliserez que c’est bel et bien un adolescent comme tous les autres avec ses propres qualités et défauts. Si vous vous sentez déçus du jeune qu’on vous a envoyé, rappelez-vous que vos attentes étaient peut-être irréalistes.

Établir des objectifs réalistes

Reconsidérez les objectifs que vous aviez en invitant un jeune dans votre famille. Si c’était pour solidifier votre couple, pour offrir une amie à votre fille la plus timide, pour avoir plus d’aide pour garder les enfants ou pour inculquer vos idées sur la démocratie ou l’athéisme, vous risquez de ne pas réussir votre expérience. Nous vous rappelons quels sont des objectifs réalistes :

• Partager votre mode de vie• Apprendre au sujet de votre culture et d’une culture étrangère• Développer une amitié avec une personne d’une autre culture• Exposez vos enfants à la diversité culturelle pour qu’ils deviennent plus compétents à l’ère de la

globalisation

La relation s’approfonditMaintenant que vous avez éclairci ce que vous voulez atteindre à travers cette expérience

d’accueil, il faut redoubler d’efforts pour rendre votre mode de vie compréhensible pour l’élève. Dans une famille, le mode de vie passe souvent par les règlements de la maison...

Les règles de la maison

Outre les règles que vous avez déjà expliquées à l’élève par rapport aux tâches quotidiennes, il y a toute une série d’attentes tacites qui vous échappent peut-être mais qui influencent votre perception du jeune. Parmi ces attentes « non dites » il y a : comment vous exprimez votre apprécia-tion, comment vous exprimez votre désaccord, qu’est-ce que ça veut dire d’être « à l’heure » pour vous, quand est-il approprié d’inviter des amis à la maison et où est-il acceptable de passer du temps avec eux ( le salon, la chambre ? ), la signification d’une porte de chambre verrouillée ( colère, repos, réflexion ), et finalement, l’hygiène et l’étiquette dans la salle de bain.

Expliquez-lui plutôt pourquoi vous avez établi ces règles et ce qu’elles vous apportent. Il est beaucoup plus facile de suivre des règles lorsqu’on comprend la logique qu’il y a derrière. Cela aidera aussi le jeune à identifier de nouveaux éléments de votre culture et de vos valeurs.

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13Guide pour réussir son expérience interculturelle

Ne minimisez pas l’importance de ces petits malentendus ! Ce sont des occasions en or pour en apprendre un peu plus sur la culture profonde.

Parler des vraies choses...

• Prenez le temps d’écouter ce que votre élève a à vous dire.• Dites-lui clairement que vous l’acceptez parmi vous et que sa présence est appréciée. On prend

souvent ces petites attentions pour acquises, mais elles font toute la différence pour un jeune qui est loin de ceux qui l’aiment.

• Expliquez à votre élève que vous voulez simplement qu’il explore de nouvelles choses et qu’il participe à la vie familiale sans toutefois renoncer à ses propres valeurs.

• Parlez du sentiment de redevance : Parfois les élèves se sentent coupables de savoir que leur famille d’accueil ne reçoit aucune compensation et il croient qu’ils doivent les « rembourser » en n’étant jamais de mauvaise humeur, en ne se plaignant pas et en mettant les intérêts des autres avant les leurs.

Le choc culturelUne des étapes les plus difficiles pour la plupart des participants AFS est celle du choc

culturel, où ils se rendent compte que leur pays d’accueil n’est pas tout rose et qu’il y a encore bien des choses qu’ils ne saisissent pas...

Cependant, c’est aussi une étape charnière : si elle est gérée par la famille d’accueil avec empathie et tolérance, elle sera très riche en apprentissages.

Mais d’abord, examinons les caractéristiques du choc culturel :

Les problèmes d’identité

Dans son pays d’origine, le jeune sait bien qui il est et quelle place il occupe dans sa communauté. Cependant, à l’étranger, il ne se sait plus exactement comment agir et ses agissements provoquent des réactions inattendues. Il ne rit pas au bon moment, est parfois trop extraverti, parfois pas assez. Bref, il ne se sent pas compétent comme adolescent : lui qui savait comment être un bon ami et un bon enfant dans son pays d’origine voit que ses efforts n’atteignent pas les résultats escomptés dans sa terre d’accueil.

Le comportement atypique

Les parents d’accueil ont parfois l’impression qu’on leur a substitué le jeune qui était si enthousiaste et charmant à son arrivée... En effet, le choc culturel est une expérience stressante et peut causer certains changements dans le comportement du jeune, qui aura tendance à réagir plus promptement, à émettre des jugements irrationnels, ou à se retirer dans sa chambre pour des pério-des prolongées.

La colère

Lorsqu’ils sont confus et frustrés, les élèves cherchent parfois la source du problème et ont ten-dance à la trouver tout près d’eux : la famille et le pays d’accueil ! Ce qui leur semblait si beau à leur arrivée prend une autre couleur et devient la cible de leur ressentiment.

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14 Guide pour réussir son expérience interculturelle

L’ennui

Ils ont laissé tout ce qu’ils connaissaient derrière eux ! N’oubliez jamais cela. Ils passent près d’une année sans câlins de leur famille et amis, sans personne qui les comprenne réellement.

Le rétablissement

Oui, si vous offrez une oreille empathique et suivez les conseils suivants, la situation se rétablira !

Conseils pour favoriser le rétablissement :

Discutez du choc culturel et de la façon dont l’élève se sent.

Encouragez les situations où l’élève peut faire des rencontres et socialiser avec des

jeunes de son âge.

Laissez-lui des moments de solitude ou de mauvaise humeur sans le juger lorsque vous

sentez qu’il en a besoin. Certaines journées sont plus propices que d’autres pour entamer

une discussion profonde.

Soyez prêts à entendre les jugements qui seront portés à votre égard, en sachant qu’ils

ne sont pas dirigés vers vous, mais sont plutôt des indices qu’il y a certaines différences

culturelles qui n’ont pas encore été comprises.

Ne donnez pas d’ultimatums, ce qui aura pour conséquence d’exacerber les sentiments

de frustration et de méfiance envers vous et ne mènera pas à la résolution du conflit.

Encouragez-le à prendre du repos et laissez-le dormir !

Le temps des fêtesLe temps des fêtes arrive souvent au moment où l’élève aura commencé à se remettre des effets

du choc culturel. Nous savons tous que cette période de l’année peut être particulièrement difficile pour les gens qui souffrent d’anxiété et l’élève accueilli ne fait pas exception. Il sentira probable-ment le manque de sa famille et de ses amis et il sera particulièrement conscient de son statut d’ « outsider » dans la famille d’accueil. Même ceux qui n’ont pas vécu un choc culturel important auront tendance à se sentir plus nostalgiques. Ceci étant dit, plusieurs jeunes s’amusent beaucoup en compagnie de leur famille d’accueil. Voici de petits conseils pour maximiser son expérience :

Planifier d’avance

Amenez le jeune à faire partie de vos festivités tout en l’aidant à faire le lien avec les célébrations de sa famille naturelle. Par exemple, vous pourriez l’aider à poster ses colis et ses cartes de souhaits à temps pour les fêtes, vous pourriez lui demander de vous faire un plat typique de sa région pour

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15Guide pour réussir son expérience interculturelle

une de vos réceptions, et finalement l’aider à trouver le moment propice pour appeler chez lui et donner ses vœux de bonne année.

Ne compliquez pas vos plans

Certaines familles mettent tant d’efforts à créer un temps des fêtes parfait pour l’élève qu’ils finissent par se mettre trop de pression. Célébrez comme vous l’avez toujours fait : l’élève est venu faire l’expérience de la culture canadienne telle qu’elle l’est aujourd’hui, pas telle qu’on voudrait qu’elle soit !

L’apprentissage interculturel ( voir la section à cet effet )

L’élève commencera à apprendre sur sa culture hôte dès son arrivée, mais la véritable prise de conscience culturelle est souvent reportée due au choc culturel qui est venu temporairement brouiller les cartes. C’est à cette étape que l’expérience d’accueil prend tout son sens et devient véritable-ment agréable. Une amitié profonde se tisse entre les membres de la famille et l’élève, permettant des échanges plus harmonieux et empathiques.

Cependant, il n’est pas assuré que tous les participants atteindront cette étape pendant leur séjour. Parfois, l’apprentissage réel ne se fera que quelques années plus tard lorsqu’une autre expérience déclenchera certaines réflexions et viendra jeter de la lumière sur ce qui avait été vécu. Mais peu importe ce qui arrive, sachez que vous aurez assurément joué un rôle important dans le développement du jeune, et qu’il aura sûrement contribué au vôtre !

Les dernières semainesUn sentiment de tristesse mêlé de craintes survient au moment où l’élève voit la fin de son année

approcher ( adaptation profonde et appréhension du retour ). Il appréhende le retour chez lui. À ce moment-là, l’élève réalise combien il a changé et il se rend compte à quel point il est attaché aux gens qui l’entourent ; il se sent coupable de ne pas avoir envie de rentrer chez lui.

Dès son retour dans sa famille naturelle, ou peu après, il subit un autre choc : celui de constater ce qu’il était à son départ et ce qu’il est devenu. Il se sent un peu seul car il est encore imprégné de son expérience AFS et les gens autour de lui ne manifestent pas tellement d’intérêt. À cette dernière étape, il se rend compte que son niveau de compréhension des deux cultures a évolué et il entre alors dans le processus de réadaptation à sa culture d’origine.

Vous craignez de ne pas vous rappeler de tous ces conseils ?

Ne paniquez pas ! Plutôt, profitez de chaque instant de cette expérience hors du

commun !

Page 20: Guide expérience interculturelle

16 Guide pour réussir son expérience interculturelle

Jusqu’à maintenant, nous avons surtout parlé des effets de l’échange étudiant sur le jeune... Mais qu’en est-il de la famille d’accueil ?

Quoique vous restiez dans votre communauté tout au long de l’expérience d’accueil, vous n’êtes pas à l’abri du choc culturel provoqué par le regard intrigué de l’étranger sur votre mode de vie. Vous traverserez fort probablement des périodes de remise en question au sujet de votre propre culture : nous appelons cette expérience le « rétro-choc ».

L’expérience de la famille d’accueil

Rétro-choc : Une condition qui varie en intensité, de légère à modérée, où une famille voit ses routines, son harmonie, ses perceptions et ses croyances temporairement dérangées.

Symptômes : Irritabilité, découragement et perte d’objectivité

Moment de déclenchement : Tôt dans l’expérience d’accueil, peut durer jusqu’à quelques mois, tout dépendant des efforts de chacun pour remédier à la situation.

Remède : Savoir que c’est un phénomène tout à fait normal et affronter la situation en étant le mieux informé et préparé possible.

Le palais des glaces

Les adolescents ont déjà tendance à nous renvoyer une image peu flatteuse de nous-mêmes. En effet, ils détectent vite les contradictions dans le discours de leurs parents et, pleins d’un idéalisme qui n’a pas encore été mis à l’épreuve par les ambiguïtés morales de la vie, ils font ressortir ce qu’ils considèrent être des comportements « hypocrites ». Par exemple, ils demanderont :

• Pourquoi dites-vous que les drogues sont pires que la cigarette ou l’alcool ? La nicotine et la caféine sont plus nocives et créent plus de dépendance que la marijuana !

• Pourquoi allez-vous vous entraîner au gymnase si vous prenez votre voiture pour aller au dépanneur ?

Déjà, les adolescents forcent naturellement leurs parents à se remettre en question. Alors, lorsqu’il est question d’un adolescent étranger, vous risquez non seulement de vous faire mettre à l’épreuve par rapport aux contradictions de votre mode de vie, mais aussi par rapport à vos contradictions culturelles. Ces dernières peuvent être particulièrement difficiles à entendre puisqu’elles touchent aux croyances et aux valeurs qu’on prend pour acquis depuis notre enfance.

La perte de l’innocence culturelle...

Lorsqu’on vient nous montrer que certaines des valeurs qu’on croyait fondamentales ou univer-selles ne sont probablement que des particularités culturelles, la pilule peut être difficile à avaler ! Le résultat est une prise de conscience sur le véritable sens de ce que l’on considère bien ou mal et de la relativité de ces concepts lorsqu’on traverse les frontières culturelles. Nos principes qui étaient

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17Guide pour réussir son expérience interculturelle

si solides nous semblent soudainement moins convaincants. Ceux qui étaient particulièrement rigides au départ peuvent même vivre de l’anxiété lorsque les piliers de leurs croyances se voient bousculés... Mais si on prend le temps de comprendre ce qui se passe et qu’on réussit à développer une certaine souplesse idéologique, les effets du rétro-choc seront positifs.

Les effets bénéfiques du rétro-choc auprès de la famille d’accueil :

• Une meilleure connaissance des réalités à l’échelle internationale ;• Une prise de conscience par rapport à ses propres schémas culturels qui conditionnent et

influencent la perception des événements et la façon qu’on a d’y réagir ;• Une sensibilité accrue à l’idée que tous les modes de vie peuvent être valides lorsqu’ils sont

placés dans leur contexte culturel ;• Une plus grande flexibilité et tolérance devant l’ambiguïté de certains enjeux interculturels.

Ce sont tous des pas vers une vision plus ethno-relativiste, ce qui présage à moyen ou à long terme, une plus grande compétence dans les relations interculturelles.

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18 Guide pour réussir son expérience interculturelle

C’est quoi la culture ?

Les définitions de la cultureEn français, il y a plusieurs définitions du mot « culture ».

Quand on dit, par exemple, qu’une personne est « cultivée » ou qu’elle est « inculte », on parle nor-malement de sa culture « générale », c’est-à-dire de ses connaissances historiques, géographiques, littéraires, philosophiques, politiques ou scientifiques. C’est la culture qui est visible, que l’on peut étudier à l’école, qui fait l’objet de cours universitaires.

Cependant, il y un tout autre sens au mot « culture » qui est beaucoup plus difficile à cerner, puisqu’il ne peut s’apprendre dans les livres ou sur les bancs d’école. C’est la culture « profonde », le système de normes, de croyances et de valeurs qui nous dictent comment il est approprié d’agir dans chaque situation.

La métaphore de l’iceberg, si souvent utilisée dans les formations AFS, illustre bien les différents sens du mot.

L’iceberg de la culture

Culture visible : Arts, littérature, langue, écrits philosophiques et scientifiques, institutions politiques et religieuses

Culture « profonde » : Le système de normes, de croyances et de valeurs qui nous dicte comment interpréter une situation et agir de façon appropriée.

Cette culture nous est souvent invisible, puisqu’elle est en grande partie inconsciente. Nous avons intégré ses règles et ses valeurs depuis notre naissance. Nos parents, nos amis et les autres personnes que nous avons côtoyées nous ont confirmé qu’il était bien de faire ceci et mal de faire cela. Quand nous voyons quelqu’un d’une autre culture agir d’une façon que nous estimons « mal », nous déduisons que cette personne, ou le peuple qu’elle représente est « amoral ». Par contre, il y a de fortes chances que les intentions de cette personne étaient bonnes, mais qu’elle suivait des règles culturelles différentes des nôtres.

Bref, une connaissance étendue des écrits philosophiques, religieux et politiques, de

l’art et de la science d’un peuple ne mène pas à la compétence interculturelle ! C’est

seulement en faisant un exercice d’introspection sur les éléments culturels qui motivent

notre propre comportement que l’on peut éventuellement comprendre les autres cultures et

communiquer efficacement avec elles.

Page 23: Guide expérience interculturelle

19Guide pour réussir son expérience interculturelle

Les généralisations et les stéréotypesIl arrive souvent que les gens nient l’existence des différences culturelles : ils ne souhaitent pas

« étiqueter » les autres, car ils veulent éviter les stéréotypes. Cependant, il faut savoir que le fait de considérer chacun comme un individu sans considérer son identité culturelle est... un trait culturel particulièrement occidental !

Pour en arriver à une idée plus juste, Il est important de distinguer les généralisations culturelles des stéréotypes :

• Les bonnes généralisations culturelles sont basées sur des recherches interculturelles méthodiques et elles décrivent les tendances prédominantes dans un groupe social quelconque. Il faut comprendre qu’elles représentent seulement la « moyenne » des comportements, et que les individus issus de cette culture peuvent couvrir toute la gamme des comportements, croyances et valeurs.

• On parle de stéréotype lorsqu’on utilise une généralisation culturelle pour décrire ou prédire comment un individu pensera ou agira, ou si l’on formule une généralisation culturelle à partir d’un contact limité avec une autre culture.

Alors, contrairement à ce qu’on puisse penser, l’usage de généralisations culturelles est utile lorsqu’il sert de point de référence pour mieux comprendre nos comportements ainsi que ceux de l’élève étranger.

La face cachée de la cultureCertains aspects des différences en termes de culture « profonde » ou « cachée » sont plus

menaçants que d’autres. Voici comment ils se situent sur un axe qui varie des aspects les plus faciles à aborder jusqu’aux aspects les plus épineux :

Confortable Inconfortable

L’usage de la langue

Le langage non-verbal

Le style de communication

Le style cognitif

Les valeurs

L’usage de la langue

On ne parle pas ici du fait que deux personnes doivent parler une langue commune pour s’entendre, cela semble être évident. L’usage de la langue se réfère plutôt à la façon dont on s’exprime et qu’on utilise une langue selon le contexte social. En effet, on peut maîtriser la

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20 Guide pour réussir son expérience interculturelle

grammaire et le vocabulaire d’une langue étrangère, mais on peut ne pas savoir comment saluer, prendre la parole, complimenter, critiquer, ou prendre part à tout autre rituel social de façon culturellement appropriée.

Par exemple, les salutations peuvent varier quant à leur longueur ( courte ou longue ), à leur contenu ( impersonnel ou personnel ) et à leur style ( sérieux ou blagueur ). Prenons les différen-ces qui existent entre la culture des hommes et des femmes nord-américains. Les hommes nord- américains saluent leurs amis en leur lançant de petites salutations courtes qui font ressortir des expériences impersonnelles communes, telles qu’un match sportif, et font souvent usage de taqui-neries. Les femmes, quant à elles, s’arrêtent pour discuter un peu plus longuement, en adressant des sujets plus personnels et en faisant parfois des compliments sur leur apparence.

De nombreux malentendus peuvent survenir entre un homme et une femme s’ils ne sont pas conscients de ces différences dans l’usage de la langue : une femme trouvera l’homme brusque, hostile, ou peut-être même déplacé par son usage de taquineries, tandis que l’homme peut penser que la femme essaie de le séduire en lui parlant de choses personnelles et en le complimentant, et répondra en faisant des avances.

Ces façons qu’on a d’utiliser la langue sont souvent inconscientes et risquent de nous induire en erreur lorsque l’on attribue des intentions aux autres.

Le langage non-verbal

Il existe aussi d’importantes différences culturelles dans la modulation de la voix ( hauteur et ton ), le langage corporel, les réactions faciales, la gesticulation, le mouvement des yeux, la distance avec l’interlocuteur et le toucher pendant la communication. Elles sont inconscientes et peuvent avoir un effet marqué sur le message reçu par l’interlocuteur.

Par exemple, il existe une différence entre Américains et Nord-Européens au niveau de la durée du contact visuel ( court ou long ) pendant une conversation, pour indiquer que l’on veut prendre la parole. Les Américains ont tendance à établir un contact visuel de moyenne durée en détournant le regard régulièrement, et de fixer plus longtemps pour prendre la parole, tandis que les Nord- Européens ont tendance à fixer leur interlocuteur plus longuement pendant qu’on leur parle et à dé-tourner le regard pour indiquer qu’ils veulent prendre la parole.

Imaginez les malentendus qui peuvent survenir si l’on ne considère que cette petite différence au niveau du langage non-verbal. Un Américain, pour qui le fait de fixer longuement peut être un signe d’agressivité ou de désir, se sentira mal à l’aise devant l’Allemand qui le fixe tout au long d’une conversation, tandis que l’Allemand trouvera que son interlocuteur semble manquer d’intérêt. De plus, le droit de parole étant donné par des signes non-verbaux inverses, les échanges risquent d’être difficiles et chacun sera perçu comme étant impoli ou agressif.

Le style de communication

Selon la théorie du chercheur Edward T. Hall, il y a des cultures qui se fient beaucoup au con-texte lors d’échanges verbaux et d’autres qui s’y fient très peu. Les gens issus d’une culture qui est beaucoup basée sur le contexte ont l’habitude de lire entre les lignes pour trouver le vrai sens de ce

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21Guide pour réussir son expérience interculturelle

qui est dit, tandis que ceux provenant d’une culture qui n’accorde pas trop d’importance au contexte se fieront plutôt au sens littéral.

Règle générale, les cultures occidentales tendent à se fier peu au contexte lorsqu’on les compare aux cultures asiatiques. Par exemple, un Américain attendra qu’on lui demande quelque chose explicitement avant de le donner, ce qui amènera le Japonais ( qui a transmis son message subtilement dans un certain contexte, en pensant que sa demande serait claire ) à se demander pourquoi son interlocuteur américain est si borné ou insensible à ses besoins.

Le style cognitif

Il est question ici des différentes façons de catégoriser l’information que l’on capte par nos sens, c’est-à-dire notre perception, et les mécanismes par lesquels nous analysons cette information. Certaines études récentes vont même jusqu’à montrer que des gens de cultures différentes n’activent pas les mêmes régions de leur cerveau lorsqu’ils sont mis devant une même situation, ce qui nous amène à croire que la culture est si forte qu’elle a même des effets sur nos processus physiologiques et neurologiques.

En effet, le chercheur états-unien Richard Nisbett a présenté une image d’un poisson dans l’eau à des Asiatiques et à des Nord-Américains en leur demandant tout simplement de décrire ce qu’ils y voyaient : les Asiatiques avaient tendance à décrire le milieu de vie du poisson et la façon dont il se sentait, tandis que les Occidentaux s’attardaient presque exclusivement aux caractéristiques physiques du poisson sans mentionner son environnement. Ces résultats surprenants semblent confirmer qu’il y a de réelles différences dans la façon dont différents peuples « voient » le monde. Ils semblent aussi démontrer que d’autres théories seraient fondées, lesquelles affirmant que les Asiatiques seraient plus collectivistes et contextuels que les Nord-Américains, qui eux privilégient l’individualisme et la textualité.

Les valeurs culturelles

Enfin, le domaine de la culture qui pose le plus de problèmes est sans doute celui des valeurs puisqu’il concerne la façon dont un certain groupe de personnes définit ce qui est bien et ce qui est mal, touchant ainsi aux croyances les plus fondamentales que plusieurs considèrent des vérités absolues. On peut choisir différentes façons d’aborder les valeurs culturelles. Considérons le modèle de Geert Hofstede, qui a choisi de se pencher plus spécifiquement sur cinq dimensions des valeurs interculturelles pour ensuite comparer les cultures entre elles...

Les dimensions culturelles de Hofstede

Voici les questions fondamentales qui opposent les sociétés, selon Hofstede : l’identité,

le genre, la hiérarchie, la vérité et la vertu.

Les indices culturels définis par Hofstede sont considérés comme des continuums,

c’est-à-dire que la tendance générale dans une culture pour chaque critère peut se situer

n’importe où le long de l’échelle. Par exemple, on ne considère pas qu’un peuple soit

Page 26: Guide expérience interculturelle

22 Guide pour réussir son expérience interculturelle

Par exemple, nous voyons que les Chinois ont tendance à considérer qu’il est mieux

de mettre de la distance entre subordonnés et supérieurs, c’est-à-dire que la hiérarchie

doit être marquée, tandis qu’au Canada, on croit qu’il est mieux d’entretenir des liens plus

égaux avec les autres. On voit aussi que les Canadiens accordent beaucoup d’importance

à leur individualité, tandis que les Chinois croient qu’il est mieux de penser à la collectivité

avant de penser à soi. Enfin, il existe une dernière différence marquée en termes de vertu,

où les Chinois croient qu’il est mieux de penser aux effets à long-terme au détriment des

résultats à court-terme, tandis que les Canadiens privilégient nettement les effets immédiats

de leurs actions.

Pour plus d’informations à ce sujet et pour comparer les pays de votre choix entre eux, vous pouvez consulter le site web : www.geert-hofstede.com

individualiste ou collectiviste, mais qu’il se situe quelque part entre les deux et qu’il tende

plutôt vers l’un ou vers l’autre. N’oubliez pas : comme il est expliqué plus haut, les individus à

l’intérieur d’une même culture peuvent aussi s’écarter des tendances générales pour cha-

que critère...

À titre d’exemple, comparons ces cinq dimensions dans les cultures canadienne et

chinoise :

The 5D Model of professor Geert Hofstede

125

100

75

50

25

0

PDI : La hiérarchie, ou l’indice de la distance au pouvoir

IDV : L’identité, ou l’indice d’individualisme

MAS : Le genre, ou l’indice de masculinité

UAI : La vérité, ou l’indice d’évitement d’incertitude

LTO : La vertu, ou l’indice d’orientation à long-terme

Canada China

PDI IDV MAS UAI LTO

Les sous-culturesTout ce que nous avons abordé dans le chapitre précédent s’applique aussi à plus petite échelle.

Par exemple, les normes et valeurs qui régissent le comportement des jeunes sont très différentes de celles de leurs parents. Les « gens de la région » sont souvent choqués par les valeurs et le rythme de vie des « gens de la ville ». On parle de plus en plus de « culture d’entreprise » et chaque famille a

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23Guide pour réussir son expérience interculturelle

aussi sa propre culture, c’est-à-dire sa propre série de règlements tacites qui dictent à ses membres comment ils doivent se comporter.

Quand un participant AFS met les pieds dans sa famille d’accueil, c’est à une multitude de nou-velles cultures qu’il se bute. Par exemple, s’il a choisi de faire un séjour au Japon, il sera confronté à la culture asiatique, puis à la culture japonaise, à la culture de sa région et de sa ville d’accueil, à la culture écolière japonaise, à la culture de sa famille.

La Communication interculturelle efficace

La communication entre deux personnes de cultures différentes risque d’être ardue si on n’est pas conscient des différences qui nous séparent. La première étape vers la réussite est donc la réelle prise de conscience de nos empreintes culturelles et des idées préconçues qui influencent notre façon de percevoir, d’interpréter et d’évaluer ce que disent et font les autres.

Une fois que ce premier pas a été fait, voici quelques astuces qui pourront vous aider :

Soyez empathiques ! – Essayez de vous mettre dans la peau d’un adolescent étranger qui est loin de tout ce qu’il a connu depuis sa naissance et les agissements qui vous agacent ou vous frus-trent prendront une tout autre couleur.

Apprenez à changer votre perspective – Puisque les différences culturelles existent même au niveau de notre perception, il faut faire des efforts pour voir les faits du point de vue d’un étranger qui a assimilé des règles de conduite différentes dans sa culture d’origine.

Demandez à l’élève de vous mettre en contexte – Si vous n’arrivez pas à voir une situation du point de vue du jeune, demandez-lui tout simplement de vous l’expliquer ! « Je ne suis pas certain de comprendre ta perspective, est-ce que tu peux me l’expliquer davantage ? »

Soyez ouverts d’esprit – Vous pouvez toujours choisir d’approcher une nouvelle situation avec ouverture ou fermeture. L’ouverture est normalement la meilleure attitude à adopter pour éviter de rendre l’autre défensif et pour accélérer la résolution.

N’accumulez pas vos frustrations – Il arrive si souvent que des changements de famille sont le résultat de petits problèmes qui n’ont pas été discutés et résolus assez tôt et sont arrivés au point de non-retour.

Utilisez des questions ouvertes – Lorsqu’il s’agit de résoudre un problème de communication, mieux vaut ne pas utiliser des questions qui peuvent se répondre par oui ou par non pour éviter d’in-fluencer le cours de la discussion et favoriser l’ouverture du jeune.

Ne précipitez pas vos jugements – On a vite l’impression que les autres sont mal intentionnés lorsqu’ils font quelque chose qui est considéré inapproprié dans notre culture. Voir l’encadré qui suit...

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24 Guide pour réussir son expérience interculturelle

La technique des « Avertissements »C’est le Professeur états-unien Elijah Lovejoy qui a été le premier à suggérer que l’on détecte les

« codes rouges » lorsqu’on est confronté à une culture étrangère. Un code rouge est tout simplement une réaction à une autre culture, un jugement rigide sur l’autre. Au lieu de réprimer ces sentiments forts, Lovejoy suggère de les utiliser comme avertissements qu’il existe là des différences culturelles à découvrir.

Par exemple, vous accueillez une élève brésilienne et votre réaction, votre code rouge, est de penser « cette jeune est mal élevée ! ». Vous devez vous arrêter et vous demander pourquoi vous en êtes arrivé à cette conclusion :

La réaction initiale : « Elle est mal élevée ! »Qu’est-ce qu’elle a fait exactement ? - Elle ne respecte pas nos règlements !Quels règlements ? - Elle ne rentre jamais à l’heure !

Ah ! Voilà le vrai problème ! Le concept « d’arriver à l’heure » n’est pas le même au Brésil et au Canada. Ici, l’heure exacte est importante, tandis qu’au Brésil, les heures sont approximatives, les gens arrivant souvent jusqu’à une heure après l’heure du rendez-vous : mais ils ne sont pas « en retard », puisqu’ils savent que l’heure était approximative ! La jeune brésilienne ne manquait pas de respect, car elle ne faisait pas exprès pour arriver en retard. En fait, elle ne croyait pas que l’heure d’arrivée était si rigide dans la culture canadienne !

Les préjugés constituent souvent des barrières empêchant une bonne communication. Ces préjugés résultent souvent du fait que nous nous servons de nos références culturelles pour juger du comportement des gens d’une autre culture. Si nous pouvons apprendre à considérer ces réactions subjectives comme des signaux d’alarme ou des avertissements, nous pouvons améliorer la communication et la compréhension entre les peuples. Analysons quelques exemples.

N’appliquez pas la « loi de l’insulte »...

Il y a une loi non écrite qui existe dans toutes les cultures qui va comme suit : pour insul-

ter quelqu’un, il suffit de briser une norme culturelle. Puisque tous les membres de la culture

en question ont assimilé ces normes, lorsqu’ils les brisent c’est une façon de manquer de

respect à l’autre.

Le hic, c’est que l’élève étranger ne connaît pas ces normes au début du séjour, et il y

en a plusieurs qui lui échapperont jusqu’à la fin. Il ne faut donc pas précipiter les jugements

et voir de mauvaises intentions où il n’y en a pas ! Lorsque vous détectez qu’il y a quelque

chose que votre jeune n’a pas compris, expliquez-lui tout simplement le sens de son com-

portement dans votre culture.

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25Guide pour réussir son expérience interculturelle

1. AVERTISSEMENTS « NÉGATIFS »Les avertissements qui se présentent à nous le plus souvent sont ceux qui provoquent

instinctivement une évaluation négative du comportement des gens appartenant à une culture.

1.1. « Ils sont impolis »

Aux États-Unis, il est courant qu’une personne sorte son paquet de cigarettes et s’en allume une sans en offrir. Un visiteur français aux États-Unis pourrait considérer cette attitude très impolie. Dans de nombreux pays, il est impensable qu’une personne s’allume une cigarette sans au préalable en offrir aux autres membres du groupe. “Fumer une cigarette sans en offrir” peut être interprété comme un acte délibéré d’impolitesse ou d’hostilité.

Certaines questions peuvent être considérées comme insolentes : un Marocain vivant en France peut être offusqué lorsque ses collègues de travail s’informent de la santé de sa femme. En France, ce genre de questions est une manière polie d’engager la conversation, mais un Marocain peut considérer ce sujet très personnel.

Un jour, une Éthiopienne en visite au Canada alla se baigner avec des amis. Elle a été bouleversée et vexée lorsque quelqu’un lui a demandé : « Quel est ton secret pour demeurer si mince ? » . Pour une Canadienne, une telle question est considérée comme un compliment, mais pour cette Éthiopienne, être grassouillette est très séduisant. Elle pensa donc que la personne voulait se moquer d’elle.

« Ils sont malpropres »

La plupart des cultures attachent beaucoup d’importance à la propreté. Cependant, chacune d’entre elles a sa propre définition de la propreté et de la malpropreté. Les Japonais peuvent pen-ser que les Nord-Américains sont malpropres parce qu’ils se baignent, se lavent et se rincent dans la même eau, bien qu’ils ne laveraient jamais leurs vêtements et leur vaisselle de cette façon ! Les Japonais, au contraire, utilisent une eau différente pour chaque étape du bain.

Bien que les Américains croient qu’il est très grossier de cracher et de se moucher dans la rue, les gens de cultures différentes peuvent considérer très malpropre de se moucher avec un petit bout de tissu ( mouchoir ) que l’on garde dans sa poche et qu’on réutilise au besoin.

« Ils sont stupides »

Les Japonais séjournant en France peuvent être surpris de constater que, dans de nombreux magasins, il faut attendre en ligne pour obtenir un quelconque produit, et encore une fois faire la queue pour le payer. Peu habitués à un tel système, ils peuvent tout de suite avoir cette réaction : « Ils sont stupides ! » . Une telle réaction met fin à toute réflexion. Cependant, si on y réfléchit, ce système peut simplement s’avérer être un moyen de sécurité. S’il n’y a que l’employeur qui encaisse l’argent, il n’y a aucun risque que des employés agissent malhonnêtement ou fassent des erreurs coûteuses.

Des Suédois qui séjournaient en France ont découvert, un soir où ils allaient au cinéma, qu’un placier était chargé de les conduire à leur siège et qu’il s’attendait à recevoir un pourboire en échange. Cette simple habitude a engendré chez les Suédois de fortes réactions émotionnelles :

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26 Guide pour réussir son expérience interculturelle

« Quelle idée stupide ! Je suis capable de trouver ma place ! » Les Français, bien entendu, accordent peu ou aucune importance à cette coutume. Le pourboire fait partie du coût du film. Le service offert peut sembler inutile mais c’est une tradition.

Autres exemples de remarques pouvant être interprétées comme étant des préjugés ou des avertissements négatifs

Il y a de nombreuses réactions qui devraient être considérées comme des signaux et inciter le visiteur à « penser aux différences qui existent entre les diverses cultures ». Chacun des avertisse-ments suivants pourrait constituer l’objet d’un chapitre complet.

« Je ne peux accepter que... »« Ils sont froids ! »« C’est incroyable ! »« Ils sont condescendants ! »« Ce sont des vrais enfants »« C’est dégoûtant ! »« Ça me rend furieuse ! »

« Ils sont offensants ! »« C’est ridicule ! »« Ils sont antipathiques ! »« Ils sont imprévisibles ! »« Ils ne sont pas aussi avancés que nous »« On ne peut leur faire confiance ! »« Pourquoi n’agissent-ils pas comme nous ? »

2. AVERTISSEMENTS « POSITIFS »La plupart des avertissements sont de nature négative et ne constituent pas des réactions

agréables. Cependant, certaines situations revêtent un aspect positif et plus agréable qu’elles ne le sont réellement. Il s’agit alors d’un préjugé favorable ou positif. Encore une fois, ceci est dû à une interprétation culturelle différente. Les avertissements positifs peuvent être très risqués, car le visiteur peut s’attendre à certaines choses qui, si elles ne se réalisent pas, peuvent le décevoir profondément.

2.1 « Ils sont tellement sympathiques »

Les gens qui visitent les États-Unis sont souvent agréablement surpris de l’accueil chaleureux qu’ils reçoivent pendant les premiers jours qui suivent leur arrivée. Les États-Uniens les accueillent avec de larges sourires, et ils sont invités à dîner ou à séjourner dans des familles. Tout dépendant de leur culture, les visiteurs interpréteront peut-être ces attitudes de la façon suivante : « Nous allons devenir de très bon amis, et nous nous verrons souvent ». Ils pourraient être amèrement déçus. Les mêmes familles qui semblaient vouloir accorder leur amitié semblent, après environ une semaine, se désintéresser de leurs visiteurs étrangers. Aux États-Unis, des liens d’amitié semblent faciles à créer et atteignent rapidement un degré d’intimité qui serait, par exemple, beaucoup plus long à attein-dre dans beaucoup de pays européens. Cependant, il semble aussi que ces amitiés soient moins durables aux États-Unis et que les valeurs qui s’y rattachent y soient plus faibles que dans d’autres pays.

« Arrêtez en passant et venez nous voir » est une expression états-unienne très souvent utilisée et ne comporte habituellement aucune sérieuse intention de réalisation. Elle ne devrait donc pas être prise au pied de la lettre. En fait, le visiteur qui prend au mot cette invitation et arrête en passant sans avertir, surprendra beaucoup ses hôtes états-uniens.

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2.2 « Nous allons devenir très bons amis »

Une femme hollandaise demeurant à Paris a connu une désagréable expérience suite à un malen-tendu sur le degré d’intimité d’une relation amicale. Elle aimait beaucoup parler avec un ami français et un soir, elle l’invite à dîner chez elle. Pour elle, son geste ne signifiait que : « Nous allons dîner ensemble » et rien de plus.

Son ami, quant à lui, avait interprété son geste comme étant une avance sexuelle. Il se rendit compte de son erreur pendant le dîner. Il se leva et dit : « Vous ne pensez tout de même pas que je vais traverser toute la ville seulement pour dîner, n’est-ce-pas ? » et il s’en alla en claquant la porte.

2.3 « Ils sont si généreux »

La générosité de vos hôtes peut vous enchanter, mais il se pourrait que selon les normes culturelles de votre pays d’accueil, vous contractiez une dette ou acceptiez une obligation à laquelle vous ne vous attendiez point.

Souvent les règles de civilité exigent que votre hôte vous offre différentes choses, mais ces mêmes règles exigent que vous les refusiez. Si vous admirez un bibelot dans la maison d’un Brésilien, il risque fort bien de vous l’offrir. Une réaction naïve comme : « Oh, comme vous êtes géné-reux ! » serait trop simple. Vous devriez penser rapidement à ce que vous allez dire. Une personne qui s’est trouvée dans cette situation a suggéré cette réponse : « Oh, merci de votre grande générosité ! C’est une très belle boîte à musique et je suis fort heureuse que vous m’en fassiez cadeau ; mais elle fait si bien partie du décor que j’aimerais la laisser ici. Je la considérerai comme la mienne et cette pensée me rendra heureuse ; mais je veux que ma boîte à musique demeure sur votre table. »

3. AVERTISSEMENTS « RÉCIPROQUES »

Un troisième genre d’avertissement est causé par les réactions inattendues des hôtes face au comportement du visiteur. Lorsque, face à un comportement naturel de ce dernier, des gens du pays d’accueil se fâchent, sont surpris ou éclatent de rire, il est possible que le visiteur concerné ait fait quelque chose d’inhabituel selon les règles de la culture d’accueil. Ces réactions de la part des hôtes peuvent être appelées « avertissements réciproques ».

3.1 « Ils sont fâchés »

Le directeur d’un programme d’études pour étrangers en Angleterre demande régulièrement à ses élèves : « Est-ce que quelqu’un s’est fâché contre vous cette semaine ? » Les élèves relatent quelquefois des situations où ils ont provoqué la colère de quelqu’un et en font une analyse culturelle pour essayer de comprendre pourquoi ce qu’ils ont fait est inapproprié en Angleterre. Discuter de ces incidents permet souvent de mieux comprendre la culture d’origine et celle d’accueil.

Une Française qui travaille en Californie a raconté l’incident suivant. Elle conduisait sur une auto-route à plusieurs voies lorsqu’elle aperçut, derrière elle, une voiture de police dont les lumières étaient en marche. Elle se demanda ce qui se passait, mais continua à avancer. En France, les policiers se mettent toujours à la hauteur du conducteur s’ils veulent qu’il arrête. Puisque la police

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restait derrière, elle n’en faisait rien, elle ne s’est pas arrêtée. Ce n’est que lorsque la police a mis en marche la sirène qu’elle se gara sur le côté. Elle fut très surprise que le policier se fâche contre elle. Plus tard, lorsqu’elle repensa à l’incident, elle se rendit compte que son comportement, très normal selon les règles françaises, n’était pas approprié en Californie.

3.2 « Ils sont surpris »

Un homme vivant en France s’ouvrit un compte dans une banque française et tout bonnement demanda au directeur ce qu’il devrait faire s’il émettait un chèque sans provision. Le banquier, très surpris, le regarda, marqua un temps d’arrêt, s’éclaircit la voix et sur un ton sévère dit : « J’espère sincèrement que cela ne se produira pas. » Quelques temps plus tard, le visiteur apprit que faire un chèque sans provision est un acte beaucoup plus sérieux en France qu’aux États-Unis et est considéré comme une infraction. L’avertissement « Ils sont surpris » était un indice qui aurait dû avertir que la situation méritait une analyse.

4. QUE FAIRE APRÈS AVOIR PERÇU UN AVERTISSEMENT

L’idée de base des « avertissements » est que vous pouvez utiliser vos propres réactions et celles des autres personnes comme signaux d’alarme et en analyser la signification culturelle. Vous pouvez réfléchir aux différences culturelles et aux messages contraires que transmettent des actes similaires accomplis à la maison ou parmi des gens d’autres cultures. Parfois, il est possible de reconnaître seul ces différences. Il est cependant préférable de parler avec des gens de la culture d’accueil qui ont déjà vécu à l’étranger et ont rencontré les mêmes problèmes.

Discuter avec d’autres étrangers peut aussi vous aider. En comparant le point de vue de gens appartenant à trois ou quatre cultures différentes, vous vous rendrez compte qu’il existe plusieurs manières différentes d’aborder une même situation.

Un procédé qui peut vous permettre de comprendre votre culture d’origine et celle de votre pays d’accueil est de trouver des similitudes entre elles dès que vous apercevez des avertissements. Par exemple, de nombreux Canadiens en voyage au Mexique sont quelques fois contrariés d’avoir à soudoyer - à donner une « mordida » - à certaines personnes de façon à ce qu’ils reçoivent un service acceptable. Les Canadiens risquent de croire en leur supériorité morale et de condamner les méthodes de leurs hôtes. Dans un tel cas, les Canadiens devraient réfléchir aux diverses méthodes qui existent dans leur pays pour assurer qu’ils obtiennent bien ce qu’ils veulent. Au Canada, il est rare de soudoyer quelqu’un, mais de nombreux Canadiens n’ont aucun scrupule à appeler un ami qui travaille dans une entreprise dans laquelle ils désirent se procurer quelque chose, ou à se servir d’une « relation » pour obtenir un emploi, ou encore à s’assurer les services d’un ami pour acheter un appareil à bon prix. De telles méthodes pour obtenir certains privilèges sont monnaie courante partout au Canada et aux États-Unis et peuvent avoir la même raison d’être que la « mordida » dans d’autres pays. Le Canadien qui a cherché des similitudes entre les deux pays peut progresser dans sa compréhension des différences culturelles.

Si vous ne considérez pas ces différences et interprétez le comportement d’une autre per-sonne selon les règles de votre propre culture, vous commettez des erreurs tôt ou tard. Dans une certaine mesure, ces erreurs sont inévitables. Lorsqu’une personne arrive dans un pays, elle ne peut en connaître toutes les caractéristiques culturelles, et ce, même si elle s’est très bien renseignée sur son

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Déni Défense Minimisation Acceptation Adaptation Intégration

Ethnocentrisme Ethnorelativisme

pays d’accueil. Il est prudent de considérer ses propres réactions subjectives comme des signaux d’alarme, ou « avertissements », afin d’éviter les mauvaises communications et les malentendus entre les personnes accueillies et les hôtes.

L’apprentissage interculturel

L’apprentissage interculturel est un processus qui peut durer toute une vie et il faut donc être indulgent envers soit même et les autres lorsqu’on rencontre des embûches. Voici brièvement comment le Dr. Milton Bennett, chercheur spécialisé en questions interculturelles, décrit ce proces-sus qu’il a appelé le « Developmental Model of Intercultural Sensibility » ( DMIS ).

Ethnocentrisme

L’utilisation de ses propres règles, normes et standards culturels, souvent inconsciemment, comme base pour juger les autres.

Ethnorelativisme

La capacité de se sentir à l’aise lorsque confronté à des normes ou des valeurs différentes et la capacité d’adapter son comportement et ses jugements à une variété de contextes interperson-nels.

Les étapes qui mènent à la compétence intercultu-relle :

Le déni – À cette étape, on perçoit mal les différences culturelles et on a tendance à recourir à des stéréotypes pour décrire les autres, pas pour les dénigrer, mais parce qu’on n’en sait pas plus sur eux. Puisque ceux qui sont à cette étape ont tendance à simplifier les attributs des gens issus d’autres cultures, ils ont l’impression que ceux-ci sont moins complexes et moins évolués qu’eux-mêmes. Par conséquent, lorsqu’ils sont confrontés à des différences culturelles, ils ont tendance à voir l’autre comme moins « humain » et dans certains cas utiliseront leur pouvoir pour les exploiter.

La défense – Ceux qui se retrouvent à ce niveau ont une meilleure compréhension du phénomène de différences culturelles, mais ils les perçoivent généralement de façon négative. Ils s’attribuent les stéréotypes positifs de leur culture et attribuent les stéréotypes négatifs aux autres cultures,

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puisqu’ils considèrent que leur société est plus développée ou élevée que les autres. Lorsque confrontés à la diversité culturelle, le sentiment de devoir se défendre face à la menace des enva-hisseurs prédomine et suscite des comportements ou des paroles agressives, quoique le risque d’exploitation ou même de génocide est diminué par rapport à l’étape précédente puisqu’on considère au moins l’autre comme un humain à part entière.

Dans certains cas, on retrouve la situation inverse, où l’on glorifie les autres cultures tout en dénigrant la nôtre, et quoique cela puisse sembler moins problématique, c’est un signe que l’on n’a pas encore atteint l’étape suivante.

La minimisation – Cette étape se réfère à la tendance à minimiser les différences culturelles pour en arriver à la conclusion qu’en réalité, en dessous de nos habitudes vestimentaires et alimen-taires, nous sommes tous pareils puisque nous sommes tous humains. Quoique cette attitude soit plus conciliante et ouverte que les précédentes, il en résulte que certaines particularités culturelles sont considérées comme des valeurs universelles et qu’il devient facile d’arriver à des conclusions erronées sur les intentions des autres que l’on juge sur des bases qui ne sont pas partagées. Par exemple, les États-Uniens peuvent penser que tous les êtres humains souhaitent être libres, s’exprimer ouvertement sur leurs sentiments et vivre dans un régime démocratique et compétitif, tandis que ces valeurs sont typiques de leur culture.

Le personnel d’AFS mis sous la loupe !

Lorsque le Dr. Bennett a étudié les attitudes des membres du personnel AFS, il a

découvert que même dans un milieu interculturel, la majorité des répondants se retrouvait

encore à l’étape de minimisation dans le développement de leur sensibilité culturelle... Il y

a encore du travail à faire !

L’acceptation - Les gens qui sont arrivés à cette étape prennent plaisir à explorer les différences culturelles et sont conscient d’être eux-mêmes des êtres conditionnés par leur culture. Ils sont assez tolérants devant l’ambigüité et devant le fait qu’il n’y ait pas de « bonne » réponse puisque toutes les cultures sont « viables ». Cependant, cette constatation de relativité peut être paralysante. Pourquoi agir si toutes les façons de faire sont acceptables ? Ils sont passés outre l’ethnocentrisme, mais n’ont pas encore développé les outils pour gérer les conflits interculturels.

L‘adaptation- Ici, par un regard empathique et la capacité de voir le monde à travers les lunettes d’une autre culture, on arrive à adapter son comportement à différents contextes culturels. On se sent à l’aise dans sa propre culture et dans les cultures étrangères qu’on a appris à connaître, mais on n’a pas nécessairement les outils pour transférer ces habilités à d’autres cultures qu’on connaît moins, ou à des groupes que l’on ne considère pas comme étant des cultures. Par exemple, des gens peuvent être parfaitement compétents dans plusieurs cultures, mais entretenir des préjugés négatifs à l’égard des gais ou lesbiennes.

L’intégration – Cette étape ressemble à celle d’acceptation, mais elle en diffère par la capacité de prendre action dans des situations de conflits interculturels, où l’éthique ou la bonté des actions n’est pas donnée par des principes absolus, mais par des êtres humains qui acceptent la responsa-bilité des réalités qu’ils créent.

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